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PMA/135

UNE RESPONSABILITE RENFORCEE DES DONATEURS ET DES PMA ENTRAINERA LE CLIMAT DE RECIPROCITE PROPRE A AMELIORER L’EFFICACITE DE L’AIDE EXTERIEURE

21/05/2001
Communiqué de presse
PMA/135


Troisième Conférence des Nations Unies

sur les pays les moins avancés


UNE RESPONSABILITE RENFORCEE DES DONATEURS ET DES PMA ENTRAINERA LE CLIMAT DE RECIPROCITE PROPRE A AMELIORER L’EFFICACITE DE L’AIDE EXTERIEURE


Bruxelles, 20 mai -- La responsabilité tant des pays les moins avancés (PMA) que de la communauté des donateurs en matière d’aide extérieure a été au cœur du dialogue que la Troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA – PMA III - a tenu sur le thème du financement de la croissance et du développement.  Coprésidé par le Ministre de la coopération au développement des Pays-Bas, Mme Eveline Herfkens, et par le Ministre de l’économie et des finances du Rwanda, M. Donald Kaberuka, le débat a permis aux participants de poser les conditions de l’efficacité de l’aide, à savoir la maîtrise par les PMA de leur processus de développement; la bonne gouvernance nationale et internationale; et l’adéquation aux besoins et la prévisibilité des flux financiers.


Dans ce contexte, les questions des mesures que doivent prendre les PMA; du respect des engagements pris par les donateurs; et de la mise en place d’un cadre d’obligations communes ont été posées.  S’agissant de la maîtrise par les PMA de leur processus de développement, de nombreux participants ont critiqué la manière dont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) « imposent » leurs priorités dans les « Documents stratégiques de lutte contre la pauvreté ».  Le manque de maîtrise a également été imputé aux lacunes des PMA eux-mêmes dans la définition des objectifs.  « Trop souvent, les dirigeants africains ne savent tout simplement pas vers quelle direction, ils doivent mener leur pays », a ainsi déclaré, le représentant de la Sierra Leone avant que le Ministre belge de la coopération, qui a dénoncé l’attitude de « néocolonisés », de certains PMA attendant des donateurs qu’ils identifient et proposent des solutions à leurs maux. 


Cette attitude a été imputée à l’absence de bonne gouvernance, entendue par les participants au débat comme un processus de prise de décisions et de gestion fondé sur les principes de la consultation de tous – gouvernements, société civile et ONG-, de la priorité à l’amélioration de la situation socioéconomique réel, et de la transparence budgétaire.  La nécessité de transparence a également été invoquée en ce qui concerne la politique d’aide des donateurs : transparence dans le choix des pays bénéficiaires, dans les décisions concernant les enveloppes budgétaires, et dans les conditions liées aux versements des fonds. 


Le manque d’harmonisation des procédures entre les différents ministères s’occupant du développement pour diminuer les coûts des transactions de l’aide, a également été évoquée comme mesures permettant de relever l’efficacité de l’aide extérieure.  Les mots d’ordre en la matière ont été coordination et cohérence entre les politiques d’aide et l’adoption de moyens de leur mise en œuvre.  La Ministre néerlandaise de la coopération au développement a ainsi cité l’exemple de l’Initiative PTTE en faveur des pays pauvres très endettés que les concepteurs eux-mêmes tardent à financer.   


La création d’un partenariat nouveau – « Cadre d’obligations mutuelles » - au sein duquel les politiques des donateurs et des bénéficiaires s’inscriraient dans un cercle vertueux a été recommandé.  Dans ce contexte, la question de la confiance a été soulevée notamment par le Ministre rwandais de l’économie et des finances qui a expliqué les termes de l’accord de coopération entre le Rwanda et le Royaume-Uni aux termes duquel un organe indépendant est chargé d’évaluer les actions entreprises conformément aux engagements initiaux.


La Conférence PMA III doit se terminer cet après-midi avec l’adoption d’un programme d’action pour la décennie 2001-210.



Le financement de la croissance et du développement


Déclarations liminaires


Ouvrant la session thématique interactive sur le financement de la croissance et du développement, Mme EVELYNE HERFKENS, Ministre de la coopération au développement des Pays-Bas, a déclaré que  les débats de cette table ronde devaient aller au-delà des accusations et des reproches que les pays ou groupes de pays peuvent porter les uns contre les autres.  Le débat se divisera en trois parties que l’on peut résumer en trois questions: que doivent faire les PMA pour sortir de leur situation actuelle de pauvreté?  Quelles sont les responsabilités et les engagements que doivent assumer les donateurs? Et enfin,  peut-on trouver un consensus sur un cadre et un système d’obligations communes et « contractuelles » entre PMA et pays donateurs qui serait défini dans un esprit de « responsabilité partagée » en matière de financements et d’économie sur le plan international?


Prenant la parole à son tour, M. DONALD KABERUKA, Ministre de l’économie et des finances du Rwanda, a estimé que pour les PMA, un consensus s’est déjà dégagé sur ce que sont des bonnes politiques.  Tous les pays sont prêts à pratiquer une bonne gouvernance et à la mettre en œuvre.  C’est une exigence des peuples de tous les pays.  Mais la mise en œuvre des principes de cette gouvernance se heurte à des insuffisances multiples.  De nombreux pays voudraient par exemple améliorer le fonctionnement de leur police ou de leur système judiciaire.  Mais ils se heurtent à un manque de moyens humains et financiers.  Il ne suffit pas d’accuser les PMA de manquer de sens de la responsabilité, comme on l’entend chaque année au cours de réunions financières à Washington.  En prenant pour exemple la lutte contre la pauvreté, on constate que les pays répondent aux cadres politiques qui leur sont proposés, mais n’ont en général pas les moyens de mettre en œuvre les recommandations qui les accompagnent.  Les conditionnalités devraient disparaître.  La bonne gouvernance n’est pas une invention des institutions internationales, a estimé le Ministre.  C’est une exigence locale.  Il faudrait donc que l’on cesse de faire la morale sur ce plan aux PMA et que l’on lie à ce concept tout programme de soutien économique.  Nous savons d’autre part que ce n’est pas l’aide extérieure qui permettra aux PMA de sortir de la pauvreté.  Nous ne sommes pas venus demander la charité.  Nous sommes venus demander que l’on nous donne les moyens de participer à des échanges et à un commerce international plus juste.  Nous sommes prêts à créer des conditions encourageantes aussi bien pour les investissements étrangers et pour une meilleure mobilisation de l’épargne intérieure de nos pays.


Actions des PMA


Lançant la première série d’observations, la représentante de la Sierra Leone a estimé que le problème en Afrique est que les dirigeants africains ne savent pas très bien eux-mêmes « vers où mener leur pays ».  Avant de convaincre la communauté internationale de venir nous aider, nous, pays, africains devons être convaincus de nos politiques qui doivent être définies avec la participation de nos citoyens, a insisté la représentante.  Commentant, en conséquence, la manière dont sont élaborés les «documents stratégiques sur la réduction de la pauvreté» de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), elle a


dénoncé la propension de ce type d’institutions à imposer des priorités aux pays et bien souvent en nombre limité.  Or « tout est prioritaire chez nous », a dit la représentante en jugeant nécessaire que ces documents reflètent fidèlement les attentes des populations.  


Intervenant à son tour, le représentant d’Haïti, a indiqué que les PMA font face aux trois défis principaux que sont la mondialisation, la démocratisation et l’élimination de la pauvreté.  Or, a-t-il estimé, il se trouve que les PMA sont très mal préparés à relever ces défis tant au niveau des structures politiques qu’au niveau des traditions sociales.  La démocratisation, a-t-il expliqué, exacerbe la demande sociale qui, quand elle est en augmentation, complique, à son tour, la tâche de discipline budgétaire dont la faiblesse conduit à l’inflation et à l’aggravation de l’équilibre macroéconomique et, par conséquent, à l’inexécution des programmes d’ajustement structurel. 


Cela est d’autant plus vrai dans les pays où il n’existe pas de consensus national sur ce vers quoi le pays doit tendre.  Or ce consensus ne peut être autre chose que la réduction de la pauvreté.  Ayant dit cela, le représentant a préconisé un dialogue national sur la dimension de la pauvreté qui, quels que soient les clivages, devrait mettre tout le monde d’accord.  Si ce consensus sur la lutte contre la pauvreté se fait, la bonne gouvernance viendra d’elle-même, a affirmé le représentant. 


Le représentant du Burkina Faso, a  dit qu’il fallait laisser aux PMA eux-mêmes le soin de définir leur vision du développement.  C’est le débat qui a lieu à l’intérieur des pays qui peut leur permettre d’identifier les besoins et de définir les solutions dont leurs peuples ont besoin.  La bonne gouvernance commence par l’information, dont la circulation permet aux populations de connaître les problèmes de leur pays.  La bonne gouvernance n’est pas d’autre part  le seul apanage de l’Occident, qui connaît sa part de scandales liés à la corruption.  Nous sommes d’accord avec ce qui a été dit sur la mobilisation des ressources intérieures de financement.  Nous savons que l’épargne intérieure est indispensable à toute œuvre de développement dont elle doit, en réalité, être la base.


Le représentant du Burundi a dit que les pays en conflit devaient être considérés sous un angle différent de celui sous lequel on perçoit les autres PMA.  Les conflits qui perdurent entraînent la destruction des biens et des équipements, et empêchent la création d’une épargne intérieure.  Les pays en conflit auraient besoin de plus de soutien en vue de favoriser la réconciliation intérieure et créer un cadre politique plus stable.  Il est injuste de poser des exigences de bonne gouvernance aux pays qui sortent de conflit.  Le refus de les aider, entraîne encore plus de pauvreté, qui elle-même entraîne la reprise du conflit.  Après celui du Burundi, le représentant de la Guinée équatoriale a estimé qu’il fallait explorer des solutions novatrices pour l’avenir.  Les problèmes des PMA ne sont pas nouveaux.  Ils sont connus de tous.  Ces pays ont besoin de consensus, aussi bien au niveau national que régional ou mondial.  C’est le consensus au niveau national qui permet de présenter à la communauté internationale des stratégies basées sur les véritables besoins des populations.  Au niveau régional, le consensus peut permettre à un groupe de pays de créer un cadre d’échanges et de développement qui soit profitable aux PMA et permette même de régler certaines questions liées à des conflits sous-régionaux.


Le représentant du Bangladesh a dit que la réussite de tout partenariat suppose que tous ses partenaires en maîtrisent les tenants et les aboutissants.   Cette maîtrise doit être conjointe.  Si l’une des parties n’est pas pleinement impliquée, ou si ses points de vue sont négligés, on va vers l’échec.  La bonne gouvernance est une affaire interne, fruit d’un contrat social au sein de chaque nation, et ses règles sont généralement contenues dans la loi fondamentale de chaque pays.  La difficulté que rencontre sur ce point les PMA et les autres pays en développement, vient de la diversité de leurs composantes humaines et sociales.  Nos pays ont même quand ils font des efforts de bonne gouvernance, des structures fragiles, de par la manière dont ils sont devenus des Etats après la colonisation.  Mêmes démocratiques, les PMA restent soumis à des courants d’idées internes qui rendent leur existence en tant qu’Etat fragile.  Ils peinent à devenir des nations. Il ne faudrait donc pas les écraser de conditionnalités totalement irréalistes.  


Actions des donateurs


Lançant la deuxième partie du débat, le Ministre de la coopération au développement des Pays-Bas a fait la critique des politiques des donateurs en ces termes « Nous avons trop souvent imposé à nos contreparties des politiques.  Nous avons trop souvent versé dans la microgestion.  Nous avons été incohérents dans nos engagements et imprévisibles dans nos aides.  Cette aide, nous l’avons liée de telle manière qu’elle a pu donner lieu à la corruption.  Nous avons imposé trop de conditionnalités aux bénéficiaires et appelé à la rigueur nos ministres des finances.  Notre coopération, nous l’avons trop envisagée comme une gestion d’enclaves qui nous a permis de recruter par des salaires élevés les meilleurs fonctionnaires des PMA sans songer que nous leur enlevions là des ressources fondamentales pour leur développement.  Nous avons appuyé nos produits à l’exportation sans ouvrir nos marchés. »


Aujourd’hui a poursuivi le Ministre, il est temps que chaque donateur permette la maîtrise des programmes par les PMA eux-mêmes.  Elle a appelé chaque pays à plus de transparence et de prévisibilité quant aux choix des pays, des décisions sur les enveloppes budgétaires et des conditions liées aux versements des fonds.  Insistant sur la prévisibilité, elle a souhaité des engagements à plus long terme.  Le Ministre a également appelé à l’harmonisation des procédures entre les différents ministères s’occupant du développement pour diminuer les coûts des transactions de l’aide.  Il est injuste, a-t-elle dit, qu’un pays impose ainsi un fardeau administratif à des institutions faibles.  Venant à l’assistance technique, elle a souligné qu’un quart de l’APD est dépensé sur cette assistance technique qui ne consiste finalement qu’à exporter des techniques occidentales au lieu de faire fond sur les capacités locales.  


S’adressant à la communauté des donateurs, le Ministre l’a appelée à travailler ensemble pour veiller à ce que les besoins de tous les secteurs soient couverts.  Sur la question des conflits, elle a appelé la communauté des donateurs à faire preuve de plus de souplesse et à reverser immédiatement les dividendes de la paix, c’est-à-dire à financer les efforts de désarmement, de démobilisation et de réinsertion.  Quant à la cohérence, qu’en est-il, a-t-elle demandé, des subsides à l’agriculture et des manquements dans le financement de l’Initiative PPTE.


Commentant ces propos, le représentant de la Banque mondiale a indiqué que la Banque et les institutions internationales ne mettent plus seulement l’accent sur les seules questions économiques mais davantage sur les questions sociales.  Elles s’efforcent aussi de promouvoir la transparence et d’ouvrir les portes à plus d’acteurs du secteur privé et de la société civile.  Il s’agit surtout de planifier les choses à plus long terme et ceci demande des efforts et des ressources à long terme.  Quant aux « documents stratégiques », s’ils sont élaborés par la Banque mondiale, ils sont néanmoins le fruit d’un véritable effort de mettre en exergue les spécificités de chaque pays.  


Pour sa part, la représentante de la Suède s’est félicitée que le programme d’action que doit adopter la Conférence prône un partenariat solide fondé sur des  engagements mutuels entre les PMA et les partenaires de développement. L’avantage de ce nouveau programme est qu’il met en avant la nécessité de cohérence entre les engagements et les actions ainsi que sur l’importance pour les PMA de maîtriser les programmes de développement.  Il ne faut pas oublier, a poursuivi la représentante, que le développement n’est pas un processus technocratique mais politique. Il faut développer des modèles et voir comment les adapter et encourager donateurs et bénéficiaires à travailler dans la même direction. 


Le représentant de la Belgique a déclaré que les donateurs devraient rapidement s’efforcer de respecter l’engagement de verser 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement (APD).  Les critères de qualité qui ont été évoqué par certains intervenants devraient aussi s’appliquer à la bonne gouvernance de la part des donateurs.  Si les donateurs disent aux PMA et aux autres pays en développement de bien gérer leurs affaires publiques, et que cela crée des débats, c’est parce que cette exigence apparaît unilatérale.  On a l’impression que les  pays donateurs ne se soucient pas eux-mêmes de  cette bonne gouvernance.  De plus, le point de vue des PMA n’a jusqu’ici pas été correctement pris en compte.  Cela doit changer.  Certaines voix se sont élevées dans les pays nantis pour dire qu’il était temps de mettre fin à l’APD.  Nous devons leur dire qu’il faudrait au contraire la renforcer et leur expliquer pourquoi.  Les donateurs ont pratiqué pendant longtemps le principe de l’aide liée, obligeant les pays en développement à acheter leurs produits avec l’aide qui leur était octroyée et qui de ce fait ne devenait pas productive à l‘intérieur du pays récepteur.  D’autre part, le Nord a toujours exigé du Sud qu’il ouvre ses marchés, sans cependant que la réciproque soit vraie.  Nous ne respectons donc pas nous-mêmes la bonne gouvernance que nous exigeons des autres.  Quant à la démocratie, tout en acceptant qu’elle prenne des formes diverses selon les lieux et les cultures, nous ne devons jamais accepter que ses règles fondamentales soient refusées ou remises en cause dans les pays en développement.  Mais d’un autre coté, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sont-elle des institutions démocratiques ?  La démocratie devrait être une exigence non seulement nationale, mais aussi internationale.


Intervenant après celui de la Belgique, le représentant de la Suisse a dit que la conférence sur le financement du développement  qui se tiendra au Mexique aborderait de manière approfondie certaines des questions financières discutées aujourd’hui.  Nous soutenons l’APD en faveur des PMA, et nous sommes pour une approche intégrée de la mobilisation et de l’usage des financements extérieurs, a-t-il poursuivi.  Le volet des transferts technologiques et de la maintenance des installations et projets de développement a été trop longtemps négligé.  Il faudrait veiller à l’améliorer dans le cadre d’une meilleure gouvernance de l’aide et de sa gestion.  Quant au commerce, nous devons le considérer comme la voie normale de financement du développement.  La Suisse est d’avis que l’ouverture des marchés aux produits des PMA devrait rapidement devenir une réalité.  L’épargne intérieure est quant à elle nécessaire, et il serait faux de dire que parce qu’ils sont pauvres, les PMA n’ont pas les moyens de cette épargne.  L’expérience a montré que des pays ayant peu de ressources peuvent mobiliser suffisamment de financements internes pour lancer des systèmes de micro-crédits. La Suisse espère que le partenariat dont l’esprit se manifeste aujourd’hui se développera tout au long de la mise en œuvre du programme d’action qui sera adopté par la Conférence.


Le représentant du Cambodge a dit que si les pays donateurs qui ne l’ont pas encore fait arrivaient à verser 0,7% de leur PNB aux pays pauvres sous forme d’APD, la situation des PMA s’améliorerait.  Les PMA n’ont pas les moyens de lancer certaines réformes de gouvernance, a-t-il fait remarquer.  L’organisation d’élections, la décentralisation administrative et territoriale, la réforme des forces armées, dont il faut réduire les effectifs, sont des initiatives qui coûtent cher.   Les PMA qui se sont lancés dans ces réformes n’ont pas reçu le soutien dont ils avaient besoin.  Les donateurs devraient respecter leurs engagements, a dit le représentant.  La coprésidente du débat a rétorqué à l’orateur que le succès d’une politique nationale ne devait pas tenir à la conditionnalité de son financement par un pays donateur.  Les réformes doivent être l’expression d’une volonté nationale, a-t-elle estimé.


Le représentant de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a dit que l’examen  et l’évaluation des prestations des donateurs étaient possibles.  L’ONU, la Banque mondiale peuvent s’en occuper.  Quant à l’OCDE, elle a décidé de créer un indice de la qualité des prestations des donateurs.   La création  de fonds communs en faveur des PMA est possible pour créer plus de transparence dans la manière dont sont répartis les crédits d’aide au développement entre pays, des critiques ayant relevé qu’une partie des fonds censés aller vers les PMA se dirigeaient souvent finalement vers des pays à revenu intermédiaire.  Les fonds communs pourraient être mis en place de manière spécialisée et par secteur, comme par exemple un fonds pour les infrastructures.


Le représentant d’une coalition d’ONG africaines a relevé que la méthode qui consiste à identifier les insuffisances ou les faits négatifs des PMA et à essayer de leur apporter des réponses avait des limites.  Pourquoi ne pas adopter une méthode plutôt basée sur l’établissement de la confiance, a-t-il demandé?  Il s’agirait de rétablir la confiance entre opinions publiques et peuples du Nord et du Sud, et de la confiance entre les gouvernements.  Les ONG sont heureuses de pouvoir enfin participer aux débats et aux réflexions sur l’avenir de leur pays.  Il serait temps de faire un bilan transparent des plans d’action des conférences précédentes pour identifier les raisons des nombreux échecs qu’ils ont connus.


Reprenant la parole la représentante de la Sierra Leone a jugé nécessaire que des critères de performance soient imposés aux ONG étant donné qu’aujourd’hui, elles sont souvent le canal de l’aide extérieure. Les ONG néerlandaises sont très conscientes de ce problème, a affirmé le Ministre de la coopération au développement des Pays-Bas en invitant un représentant d’ONG à commenter ces propos.  Ainsi, ce représentant a convenu que les ONG du côté des donateurs comme des bénéficiaires doivent tenir compte des nouvelles réalités.  Il a demandé une claire distinction entre ONG donatrices et ONG exécutrices, en appelant au renforcement du dialogue. 


Quand ils se rencontrent, les donateurs doivent s’intéresser à la nouvelle culture qui se met en place dans les pays en développement où les fonctionnaires qualifiés fuient le pays, attirés par les offres d’emploi d’organismes comme le PNUD pourtant censé œuvrer au développement des pays, a argué le représentant de la République-Unie de Tanzanie.  S’attardant sur les problèmes de gouvernance de l’aide par les donateurs, le représentant de l’OCDE a ainsi lié les questions de prévisibilité et de stabilité à la nécessité d’assurer une masse critique de l’aide à un pays donné.  Il est bon de demander aux gouvernements donateurs de mieux gérer l’aide qu’ils apportent mais il faut aussi leur demander d’assurer un certain niveau de flux de l’aide.  Ceci aussi participe de la bonne gouvernance de


l’aide, a-t-il insisté avant de commenter la question de la cohérence.  Il a, par exemple, jugé que s’il est bon de prendre des mesures pour faciliter l’accès aux marchés, l’exercice serait futile s’il n’est pas accompagné par des efforts visant à renforcer les capacités d’exporter des PMA.  


Comment faire pour que l’aide permette d’aider le secteur public et comment faire en sorte que le financement aille aux secteurs les plus importants de développement ? a demandé la représentante de la Suède.  Le Ministre de la coopération au développement des Pays-Bas a, elle, souhaité des commentaires sur la nouvelle philosophie consistant à impliquer davantage le secteur privé dans la mise en place des infrastructures.  Que pensent les PMA des prestations du système des Nations Unies ? Y-a-t-il cohérence en la matière ? a demandé, de son côté, le représentant de l’Autriche.  Il s’agit, en effet, d’une question  qui m’a toujours laissée un peu pantoise, a dit le Ministre de la coopération au développement des Pays-Bas en convenant que pour le moment les « pays donateurs gênent » le système d’assistance multilatérale par un manque de cohérence dans leurs propos.  « Nous réclamons à Washington le paiement de nos brevets et nos patentes alors qu’à New York nous défendons la facilitation de l’accès aux médicaments «.  La coordination est une donnée essentielle, a dit le représentant de la Banque mondiale.  Avec le vent du changement, il revient aux donateurs de poursuivre dans ce sens.


Nouveaux partenariats au 21ème siècle


La Ministre de la coopération au développement des Pays-Bas et coprésidente du débat interactif a introduit le thème des nouveaux partenariats.  Prenant la parole, le Ministre de l’économie et des finances du Rwanda a dit que quand on voit les chiffres, il est clair qu’il faut une augmentation de 4,5% du PIB dans les pays en développement pour arriver à réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015.  Mais on ne sait toujours comment ces pays pourront atteindre les taux de croissance nécessaires.  Les PMA ne peuvent en réalité compter que sur la seule croissance domestique pour atteindre les objectifs visés.  Ils ont aussi besoin de promouvoir la petite industrialisation, mais n’en ont pas les moyens.  En prenant pour exemple la Chine, on se rend compte que c’est l’investissement étranger direct (IED) qui est la condition sine qua non de la lutte contre la pauvreté et  du développement durable. 


Les PMA ont clairement fait savoir qu’ils étaient prêts à assumer leurs responsabilités et à préparer des cadres propices à l’IED.  La Commission économique pour l’Afrique (CEA) a préparé une étude pour soutenir cet objectif.  La bonne gouvernance et la démocratie ont été mises au centre de toutes stratégies de développement à adopter.  L’étude de la CEA a aussi montré qu’en plus des programmes de lutte contre la pauvreté, il fallait des engagements à long terme.  L’APD doit, dans ce cadre, être inscrite dans les budgets nationaux.  Les PMA ont aussi clairement dit qu’ils étaient prêts, par souci de transparence, à soumettre leurs études de projets et leurs budgets nationaux à l’examen de leurs pairs.  Le Rwanda est ainsi prêt à soumettre son budget à l’examen du gouvernement d’un autre PMA.  Nous avons aussi estimé que l’examen des projets financés par la Banque mondiale ne devait pas être fait par cette institution elle-même, mais par une tierce partie, pour plus d’objectivité.  Ces idées sont contenues dans le document « Compact for Africa » de la CEA.  Les Présidents Thabo Mbeki d’Afrique du Sud, Abdoulaye Wade du Sénégal et Olesegun Obasanjo du Nigéria, ont fait connaître leurs idées dans le cadre de la conduite de cette étude.  Les pays affectés par les conflits ou en sortant, doivent être encouragés, a dit le représentant.  Il faut leur donner les moyens de profiter des dividendes de la paix. 


Le représentant d’Haïti a dit que l’étude de développement et de lutte contre la pauvreté menée en Afrique sous l’égide de la CEA était digne d’intérêt.  Le représentant du Cambodge a abondé dans le même sens, et a proposé un partage des expériences de pays de différentes régions du monde.  La coprésidente du débat a regretté la stagnation des volumes d’aide, et a souhaité qu’un accord soit trouvé sur les montants d’aide qui seraient réellement nécessaires pour une coopération au développement efficace.  Les pays donateurs font eux-mêmes les estimations sur cette question.  S’il y a une opinion publique favorable à la lutte contre la pauvreté, l’aide aux pays pauvres devrait cependant recevoir plus de soutien à travers un plaidoyer réaliste pouvant recevoir l’accord des parlements et de la plus grande partie de la population des pays donateurs qui sont les contribuables.  Les critères de bonne politique et de bonne gouvernance restent encore à définir.  Nous devrions mettre en place des critères et des normes pour créer des cadres comparatifs.  La notation ou encore l’exercice comparatif, pourraient permettre l’élimination des conditionnalités.  Le critère de maîtrise des politiques et d’engagement dans la lutte contre la pauvreté, pourrait être le premier choisi.  Ensuite il y aurait celui de la transparence.  Nous aimerions connaître la répartition des budgets des pays bénéficiaires d’aide,  de telle façon que les fonds qu’un donateur offre pour le développement durable ne soient pas détournés vers les lignes budgétaires du ministère de la défense par exemple.  Enfin, le respect d’un cadre macroéconomique viable, basé sur des normes universellement reconnues et mis en œuvre de manière vérifiable, serait la troisième règle du jeu.


Commentant ces propos, un représentant d’ONG est revenu sur la question de l’« examen par les pairs » pour dire que cette proposition conduit à se demander ce qu’ont fait jusqu’ici la Banque mondiale et le FMI.   D’ailleurs, a-t-il dit, comment peut-on expliquer que « le bon élève du FMI et de la Banque mondiale » qu’était le Ghana demande aujourd’hui son inscription dans la liste des PMA.  A ce propos, le représentant de la Banque mondiale a souligné l’importance qu’il y a à assurer plus de cohésion et plus de bonne gouvernance, plus d’ouverture, plus de débat et plus d’esprit de partenariat.


Expliquant les principes des programmes bilatéraux de son pays, le représentant de la Suisse a indiqué que le processus consiste à se mettre d’accord sur des objectifs communs et si le volume est déterminé par des choix budgétaires, il existe néanmoins un objectif stratégie qui est celui de l’augmentation de l’APD et du développement du commerce.  Le Ministre belge de la coopération au développement a convenu que le grand enjeu est bien celui de la mise en place d’un partenariat réel.  La maîtrise des programmes de développement par les PMA, a-t-il dit, a, dans la pratique, beaucoup moins de portée. Il a ainsi regretté que certains PMA aient encore une attitude de « colonisés » attendant des donateurs l’identification et la guérison de leurs maux.  « Que les PMA cessent d’agir comme s’ils ne sont pas au fait de leurs propres priorités ».


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