ECOSOC : CONCLUSION DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU SUR LE RÔLE DE l'ONU TITRE DANS L'APPUI AUX EFFORTS DES PAYS AFRICAINS POUR PARVENIR AU DÉVELOPPEMENT DURABLE
Communiqué de presse ECOSOC/G/5971 |
ECOSOC : CONCLUSION DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU SUR LE RÔLE DE l'ONU TITRE DANS L'APPUI AUX EFFORTS DES PAYS AFRICAINS POUR PARVENIR AU DÉVELOPPEMENT DURABLE
Le Conseil économique et social adopte une déclaration ministérielle
Genève, 18 juillet -- Le Conseil économique et social a conclu, cet après-midi, son débat de haut niveau sur le rôle du système des Nations Unies en ce qui concerne l'appui aux efforts des pays africains pour parvenir au développement durable. Il a dans ce cadre adopté une déclaration ministérielle issue du débat de haut niveau, présentée par le Président du Conseil sur la base de consultations informelles.
Les participants demandent aux organismes des Nations Unies et à la communauté internationale d'appuyer la nouvelle Initiative africaine récemment adoptée par l'Organisation de l'unité africaine (OUA) lors de son trente-septième sommet tenu à Lusaka. Ils soulignent que, pour que les organismes des Nations Unies apportent un appui efficace aux efforts déployés par l'Afrique afin de parvenir au développement durable, il est indispensable de mener des actions dans les domaines de la paix et du développement; du développement du capital humain; de l'environnement et du développement; de l'agriculture et de la sécurité alimentaire; de la diversification de la base économique des pays africains; de la mobilisation des ressources en faveur du développement; de l'harmonisation et de la coordination de l'assistance pour le développement en Afrique; des partenariats pour le développement; des préparatifs en vue de l'évaluation finale du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 (prévue pour septembre 2002).
Les participants demandent notamment que les Nations Unies encouragent les règles commerciales de nature à promouvoir la sécurité alimentaire, notamment à travers l'accès équitable des produits agricoles aux marchés. Ils demandent par ailleurs qu'un appui soit apporté à la mise en valeur des entreprises du secteur des produits manufacturés, des services et autres secteurs, en particulier les PME, de manière à accroître la valeur de la production et des échanges, notamment la transformation des matières premières de la région, en développant sur la base de ces ressources un secteur industriel à plus forte valeur ajoutée.
Le Conseil a en outre entendu les derniers orateurs dans le cadre du débat de haut niveau. Il s'agit du Vice-Ministre bulgare des affaires étrangères et du Directeur de la coopération et du développement du Ministère luxembourgeois des affaires étrangères, ainsi que de la Sous-Secrétaire générale et Conseillère spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, Mme Angela King. Les représentants de l'Algérie, de la Namibie, de Madagascar, de la Pologne, de Suriname, de l'Australie et du Kenya ont également pris la parole, ainsi que les représentants de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, du Fonds des Nations Unies pour la population, du Programme alimentaire mondial et du Centre des Nations Unies pour les établissements humains.
Trois organisations non gouvernementales sont intervenues cet après-midi : Organisation internationale pour le progrès industriel, spirituel et culturel; Centro de Ricerca e Documentazione Febbraio 74; et Confédération internationale des syndicats libres.
Demain matin, à 9h30, le Conseil tiendra une réunion-débat sur le thème «Charte du service public en Afrique». À 11 heures, le Conseil entamera son débat général sur l'application et le suivi intégrés et coordonnés des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l'égide de l'ONU.
Déclaration ministérielle sur le débat de haut niveau
Dans leur Déclaration ministérielle issue du débat de haut niveau sur le rôle du système des Nations Unies en ce qui concerne l'appui aux efforts des pays africains pour parvenir au développement durable (E/2001/L.20), les participants au débat de haut niveau rappellent qu'ils soutiendront la consolidation de la démocratie en Afrique et qu'ils aideront les Africains dans la lutte qu'ils mènent pour instaurer une paix durable, éliminer la pauvreté et parvenir au développement durable, afin d'intégrer aussi le continent africain dans l'économie mondiale. Ils décident par conséquent d'appuyer pleinement les structures politiques et institutionnelles des démocraties naissantes en Afrique; d'encourager et de soutenir les mécanismes régionaux et sous-régionaux de prévention des conflits et de promotion de la stabilité politique, et d'assurer un financement régulier aux opérations de maintien de la paix menées sur le continent. Ils décident en outre de prendre des mesures spéciales pour relever les défis que sont l'élimination de la pauvreté et la réalisation du développement durable en Afrique, y compris l'annulation de la dette, l'amélioration de l'accès aux marchés, l'accroissement de l'aide publique au développement et des flux d'investissements étrangers directs, ainsi que des transferts de technologie. Les participants au débat de haut niveau décident également d'aider l'Afrique à se doter des capacités voulues pour freiner la propagation du VIH/sida et d'autres maladies infectieuses.
Les participants au débat de haut niveau demandent à l'Assemblée générale d'améliorer le processus de suivi et d'évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre des engagements vis-à-vis de l'Afrique dans la Déclaration du Millénaire ainsi que lors des grandes conférences et sommets des Nations Unies; ils prient en outre le Conseil de jouer pleinement son rôle dans ce processus. Les participants demandent par ailleurs aux organismes des Nations Unies et à la communauté internationale d'appuyer la nouvelle Initiative africaine récemment adoptée par l'Organisation de l'unité africaine (OUA) lors de son trente-septième sommet tenu à Lusaka et invite à cet égard le Secrétaire général à prendre les mesures requises pour que les organismes des Nations Unies réagissent de manière efficace et concertée à l'Initiative. Les participants prennent acte de l'appel lancé par les chefs d'État africains en vue de l'organisation d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale pour étudier les meilleurs moyens de soutenir l'Initiative.
Pour que les organismes des Nations Unies apportent un appui efficace aux efforts déployés par l'Afrique afin de parvenir au développement durable,
il est indispensable de mener des actions dans les domaines de la paix et du développement; du développement du capital humain; de l'environnement et du développement; de l'agriculture et de la sécurité alimentaire; de la diversification de la base économique des pays africains; de la mobilisation des
ressources en faveur du développement; de l'harmonisation et de la coordination de l'assistance pour le développement en Afrique; des partenariats pour le développement; des préparatifs en vue de l'évaluation finale du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 (prévue pour septembre 2002).
Ainsi, les participants se disent-ils convaincus que la croissance économique propice à l'élimination de la pauvreté et au développement devrait être au cœur des stratégies de prévention des conflits. Ils demandent aux Nations Unies de combiner la consolidation de la paix, l'aide d'urgence et les mesures de soutien au développement à plus long terme pour répondre de manière globale et cohérente aux besoins de développement dans certaines situations spéciales, en accordant une attention particulière à la réintégration sociale des personnes déplacées, des réfugiés qui retournent dans leur pays d'origine et des anciens combattants, ainsi qu'à la destruction des armes, au contrôle des armes légères, à la réconciliation entre les communautés au renforcement des institutions démocratiques et à la protection de l'environnement. Les participants demandent en outre aux Nations Unies d'étudier la possibilité de créer un mécanisme de coordination sous-régional de l'ONU pour aider les organismes des Nations Unies à fixer des politiques et des stratégies intégrées, assurer l'harmonisation des activités entreprises et appuyer les initiatives et les efforts nationaux et sous-régionaux de consolidation de la paix.
Les participants au débat de haut niveau constatent avec une vive préoccupation que les efforts de l'Afrique pour contrer la faiblesse de son capital humain sont grandement entravés par l'aggravation des problèmes de santé publique auxquels le continent doit faire face - notamment le VIH/sida, le paludisme, la tuberculose et d'autres maladies infectieuses. Les participants insistent sur le besoin de contributions généreuses à la lutte contre le VIH/sida et d'autres maladies transmissibles, y compris par l'intermédiaire d'un fonds mondial pour la promotion de la santé et la lutte contre le VIH/sida. Se disant convaincus qu'il faudrait adopter des mesures nouvelles et novatrices pour permettre aux pays africains d'atteindre les objectifs de développement internationaux dans le domaine de l'éducation et développer parallèlement les compétences requises par la nouvelle économie mondiale fondée sur le savoir, les participants encouragent notamment la mise en œuvre du cadre d'action de Dakar sur l'éducation pour tous ainsi que la reproduction, dans les pays africains à faible taux de scolarisation, des programmes de l'ONU couronnés de succès visant à garantir la scolarisation et le maintien à l'école des enfants.
Reconnaissant l'interdépendance fondamentale qui existe entre l'agriculture, l'accroissement de la production vivrière, l'accès aux produits alimentaires, la diversification agricole et le développement rural, d'une part, et le renforcement de la sécurité alimentaire d'autre part, les participants demandent notamment que les pays africains renforcent l'action menée pour lutter contre la dégradation des sols, la sécheresse et la désertification et bénéficient d'une assistance accrue à cet effet. Ils demandent en outre que les Nations Unies encouragent les règles commerciales de nature à promouvoir la sécurité alimentaire, notamment à travers l'accès équitable des produits agricoles aux marchés. Les participants demandent
par ailleurs qu'un appui soit apporté à la mise en valeur des entreprises du secteur des produits manufacturés, des services et autres secteurs, en particulier les PME, de manière à accroître la valeur de la production et des échanges, notamment la transformation des matières premières de la région, en développant sur la base de ces ressources un secteur industriel à plus forte valeur ajoutée.
Aux fins de la mobilisation des ressources en faveur du développement, les participants au débat de haut niveau demandent notamment aux organismes des Nations Unies de renforcer la capacité des pays africains à surveiller et gérer leur dette et d'aider les gouvernements africains qui le demandent à développer le secteur formel de l'économie de manière à intensifier la croissance économique et à élargir l'assiette de l'impôt. Les participants demandent en outre que les pays développés redoublent d'efforts pour atteindre dès que possible l'objectif consistant à affecter à l'aide publique au développement 0,7% de leur PNB. Ils demandent également que l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés soit étendue pleinement, rapidement et effectivement, aux pays africains qui remplissent les conditions requises. Les participants demandent en outre le renforcement des partenariats entre le secteur public et le secteur privé aux fins du développement des pays africains et demandent que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire soient renforcées.
Aperçu des déclarations au titre du débat de haut niveau
M. IBRAHIM OSMAN (Fédération internationale des sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge) a souligné que les sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge peuvent servir de pont pour amener les sociétés civiles locales et les gouvernements à travailler de concert, ce qui ne peut que contribuer à élargir la coopération nationale sur les questions de développement. Il a mis l'accent sur deux questions qui s'avèrent essentielles pour les sociétés membres de sa Fédération en Afrique: le VIH/sida et la gestion des catastrophes. S'agissant du VIH/sida, il a notamment indiqué que ce fléau lance un défi sans précédent au développement du continent africain. Pour y faire face, la Fédération a notamment mis en place l'Initiative ARCHI (African Red Cross and Red Crescent Initiative) qui vise à répondre aux problèmes de santé prioritaires du continent. En ce qui concerne la gestion des catastrophes, M. Osman a notamment précisé que la Fédération s'efforce, avec les sociétés nationales africaines et en coopération avec plusieurs gouvernements africains, d'œuvrer au renforcement des programmes de préparation aux catastrophes car elle est persuadée que la réponse aux catastrophes et la préparation aux catastrophes doivent être appréhendées en même temps dans une perspective de développement.
M. MOHAMED-SALAH DEMBRI (Algérie), a rappelé l'ambitieuse initiative du Sommet de l'Organisation de l'unité africaine de partenariat pour le redressement de l'Afrique. Il a souligné que l'ouverture de nouveaux horizons au développement des pays africains passera par l'intégration régionale et continentale, la consolidation du processus démocratique et le renforcement de la bonne gouvernance. À ce sujet, le programme de redressement de l'initiative commune africaine prescrit des engagements fermes de la part des gouvernements africains quant à l'impératif d'édifier les bases nécessaires pour un développement durable. Le programme incorpore une stratégie de valorisation des ressources humaines, dans le volet de la santé, l'éducation et la formation pour permettre de relever le défi de la productivité et de la rentabilité.
Le représentant de l'Algérie a rappelé que l'économie africaine achevait sa phase de stabilisation, ce qui nécessite la mise en place d'une nouvelle doctrine de l'ajustement structurelle en vue d'assurer les équilibres économiques, financiers et sociaux. Par ailleurs, le déficit en infrastructures doit être comblé pour permettre une arrivée de flux d'investissements nationaux et internationaux. M. Dembri a également souligné qu'un partenariat international pour le développement d'un type nouveau s'imposait pour soutenir les efforts de l'Afrique en vue d'une croissance soutenue qui lui permette de progresser vers la réduction de la pauvreté. L'Algérie a l'intime conviction que les Nations Unies apporteront leur soutien à l'entreprise de redressement de l'Afrique.
Mme SAARA KUUGONGELWA, Directrice générale de la Commission nationale de planification de la Namibie, a insisté sur la nécessité d'aider les pays africains à formuler et mettre en œuvre des stratégies d'éradication de la pauvreté. Il est également important d'aider ces pays à mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre de ces stratégies. Les Nations Unies, en ce qui les concerne, devraient continuer à aider les pays africains à identifier et exploiter les atouts qui, dans leurs économies, sont susceptibles de contribuer à l'éradication de la pauvreté. À cet égard, il convient de relever que, pour un certain nombre de pays, y compris la Namibie, l'inadéquation des capacités constitue un obstacle majeur à l'éradication de la pauvreté.
Le fléau du VIH/sida constitue une autre menace pesant sur les opportunités d'éradication de la pauvreté. Mme Kuugongelwa a par ailleurs mis l'accent sur l'importance d'assurer un accès sans restriction des produits africains aux marchés internationaux. À cet égard, elle a dénoncé les subventions agricoles accordées par les nations développées à leurs agriculteurs en soulignant que ces subventions empêchent les produits africains d'être concurrentiels face à ces produits hautement subventionnés. Elle a également souligné que la paix et la sécurité constituent des conditions préalables au développement.
M. MAXIME ZAFERA (Madagascar), a déclaré qu'en ce nouveau millénaire, le monde avait changé mais la situation de l'Afrique ne s'était pas beaucoup améliorée. Les difficultés que connaît l'Afrique sont en grande partie dues à la persistance des conflits, les ravages causés par le VIH/sida, la baisse de l'aide publique, le fardeau de l'endettement extérieur, la baisse des investissements étrangers, notamment. La résolution de ces problèmes incombe aux pays africains eux-mêmes. À cet égard, M. Zafera a rappelé que l'Afrique avait pris des initiatives dont les dernières avaient été décidées au Sommet de Lusaka.
Pour sa part, Madagascar a élaboré, en coopération avec différentes institutions centralisées et décentralisées, de la société civile, des organisations non gouvernementales, du Programme des Nations Unies pour le développement et d'autres participants, une stratégie de réduction de la pauvreté. M. Zafera a par ailleurs salué les efforts des Nations Unies pour soutenir le développement de l'Afrique en général et les efforts à Madagascar en particulier. Madagascar souhaiterait, tout de même, voir un renforcement de l'intervention des Nations Unies en Afrique dans un cadre d'action où l'Afrique aurait la maîtrise et la direction et qui reposerait sur la rationalisation et la coordination des initiatives existantes. La responsabilité première du développement de l'Afrique incombe aux Africains eux-mêmes, certes, mais la communauté internationale doit les soutenir dans leurs efforts.
M. KRZYSZTOF JAKUBOWSKI (Pologne) a souligné que la mobilisation de la volonté politique est essentielle pour parvenir à une paix et à un développement durables en Afrique. À cet égard, il convient de se féliciter des initiatives prises par les dirigeants africains lors du récent Sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), à Lusaka. Ce Sommet devrait avoir une influence primordiale sur la future structure économique et sociale de l'Afrique. L'un des plus grands défis qui se pose au Conseil consiste à renforcer les instruments dont il dispose pour soutenir l'Afrique dans sa lutte contre la pauvreté. M. Jakubowski s'est dit convaincu que les résultats de la Troisième Conférence sur les pays les moins avancés, qui s'est tenue à Bruxelles au mois de mai dernier, témoignent de la prise de conscience accrue des difficultés économiques et sociales auxquelles de nombreux pays africains sont confrontés. La coopération pour le développement fait partie intégrante de la politique étrangère de la Pologne, a-t-il par ailleurs assuré. Il s'est dit convaincu que c'est notamment par un meilleur accès aux nouvelles technologies de l'information et de la communication que l'Afrique émergera sur la scène mondiale.
M. LOEMBAN-TOBING KLEIN (Suriname), a déclaré que le monde ne disposait pas de beaucoup de temps pour résoudre les conflits de notre monde tels que le VIH/SIDA. À cet égard, le Suriname soutient activement tous les efforts menés en faveur de l'Afrique. Le Suriname estime qu'un des éléments les plus importants pour promouvoir le développement durable, est de rendre les techniques de l'information et de la communication accessible aux pays africains. Les technologies de l'information et de la communication permettront en effet à ces pays de participer à la mondialisation de manière active. Le Suriname se félicite du travail des Nations Unies dans ce domaine. Le représentant surinamais a ajouté qu'il fallait tenir compte de l'interdépendance entre développement humain, construction de la paix, réduction de la pauvreté, croissance économique et prévention des conflits pour résoudre les problèmes et permettre la croissance de l'Afrique. L'éducation doit également être une priorité pour l'Afrique et de nombreux programmes ont d'ailleurs été mis en place par les Nations Unies dans ce domaine. M. Loemban-Tobing Klein a rappelé l'importance de la mise en œuvre des engagements pris lors des différentes conférences pour améliorer la situation des peuples et le bien-être de l'humanité.
M. LES LUCK (Australie) a souligné que son pays n'est pas l'un des principaux donateurs en Afrique même si elle contribue significativement à la réalisation des aspirations de développement sur ce continent. Il faut reconnaître la complexité particulière des défis auxquels est confrontée l'Afrique en matière de développement économique et social. Aussi, un partenariat renouvelé entre l'Afrique et la communauté internationale s'avère indispensable. Il convient de s'assurer que les priorités et stratégies identifiées par le système des Nations Unies sont conformes aux situations particulières de chacun des pays et reflètent la diversité des défis qui se posent à la région. L'Australie est favorable à ce que la coordination interinstitutions soit transférée au niveau régional. L'Australie est également favorable à la promotion d'un accès libre et ouvert aux marchés internationaux, par le biais de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). L'agriculture étant un secteur particulièrement important pour l'Afrique, il est regrettable que les pays industrialisés continuent de dépenser en subventions agricoles plus de 20 fois la somme qu'ils consacrent à l'aide publique au
développement fournie aux pays de l'Afrique subsaharienne. Un allégement de la dette bien ciblé reste d'une importance capitale pour les pays pauvres lourdement endettés en Afrique. Aussi, l'Australie continue-t-elle de soutenir l'Initiative du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale en faveur des pays pauvres lourdement endettés, tout en soulignant l'importance qu'il y a à lier l'allégement de la dette à la réduction de la pauvreté.
M. MICHAEL A.O. OYUGI (Kenya), a déclaré que les pays africains sont restés sous développés en dépit des nombreuses initiatives qui ont été mises en place. La position de l'Afrique dans l'économie mondiale continue de se dégrader. M. Oyugi a rappelé l'urgence de mobiliser les ressources nécessaires pour permettre à l'Afrique d'avoir accès au progrès. Bien qu'un grand nombre de pays africains ont des régimes économiques libéraux, ils dépendent en grande partie de l'exportation d'un petit nombre de produits de base. Par ailleurs, le problème de l'endettement doit être résolu car il a un effet dévastateur sur l'attribution de budget à des services telles que la santé et l'éducation. Le Kenya est reconnaissant des efforts de la communauté internationale concernant la réduction de la dette mais estime qu'il faut faire beaucoup plus.
Le Kenya défend l'idéal d'une économie libérale avec un accès aux marchés étrangers des produits agricoles africains. L'agriculture est, en effet, l'épine dorsale des économies africaines et il faut rétablir un équilibre commercial avec les pays de l'OCDE qui mènent une politique de soutient à leur agriculture nationale au travers de subventions. M. Oyugi a rappelé qu'en Afrique la pauvreté était le défi le plus important et que les engagements pris lors du Sommet du Millénaire devaient être poursuivis. En ce qui concerne le VIH/sida, des efforts supplémentaires doivent être déployés pour faire face à sa propagation en Afrique. D'autre part, le Kenya accorde une haute priorité à la paix, à la sécurité et à la lutte contre la prolifération des armes de petit calibre en Afrique, qui sont des conditions nécessaires au développement durable du continent.
M. JEAN FEYDER, Directeur de la coopération et du développement au Ministère des affaires étrangères du Luxembourg, a déclaré que le continent africain est ravagé par trop de guerres, trop de conflits ethniques et inter-étatiques. Les dépenses militaires représentent un multiple du montant total de l'aide publique au développement, a-t-il relevé : que de progrès ne pourrions-nous pas réaliser en utilisant ces crédits à des fins sociales. Sans paix, sans stabilité, l'Afrique ne connaîtra pas le développement, a insisté le représentant luxembourgeois. Il a souligné que le deuxième grand défi que l'Afrique se doit de relever est celui de la lutte contre la pauvreté. Il a encouragé les Africains à «assumer eux-mêmes la direction dans la conception de leur développement et dans la mise au point de stratégies de réduction de la pauvreté». La stratégie globale que constitue la nouvelle Initiative africaine, adoptée lors du Sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) tenu à Lusaka la semaine dernière, doit se prolonger au niveau de chaque pays par une seule stratégie nationale aussi simple et concrète que possible, a estimé M. Feyder. Il a souligné qu'en ce qui le concerne, le Luxembourg a atteint en 2000 l'objectif consistant à consacrer 0,7% de son PNB à l'aide publique au développement. M. Feyder a souligné que la majeure partie des projets et programmes de coopération de son pays sont réalisés par des entreprises africaines locales, de sorte qu'un soutien non négligeable est ainsi réservé au développement de l'économie africaine. Plus de 60% du budget de coopération du Luxembourg sont consacrés aux secteurs sociaux, a par ailleurs souligné M. Feyder.
M. Feyder a souligné qu'entre 60% et 80% des populations africaines travaillent dans l'agriculture et que les revenus de ces populations ne cessent de se dégrader parce que les prix de leurs produits continuent de chuter depuis des décennies. Ces prix sont tributaires des cours du marché mondial où les agricultures du Sud sont mises en concurrence avec celles du Nord. Pour faire face à cette situation, il n'y a sûrement pas de panacée. «Il est sans doute nécessaire d'améliorer l'accès des produits agricoles aux marchés des pays industrialisés, de diversifier les productions, d'augmenter les productivités, d'investir dans les infrastructures, les communications, l'information, la recherche, la formation professionnelle», a déclaré M. Feyder.
M. VASSILIY TAKEV, Vice-Ministre des affaires étrangères de Bulgarie, a déclaré que son pays coopérait depuis longtemps avec l'Afrique. Depuis le début des années soixante, la Bulgarie a entrepris des centaines de projets agricoles et industriels en Afrique impliquant des milliers d'experts bulgares. La Bulgarie a récemment recentré ses activités dans des domaines de coopération et d'assistance en fonction des nouvelles priorités de l'Afrique et son intérêt est aujourd'hui porté vers l'agriculture, la santé et l'éducation.
La Bulgarie souhaite également développer ses relations avec l'Afrique dans un contexte multilatéral. Sa participation active dans les structures européennes et sa candidature à l'Union européenne augmentent ses moyens d'assistance multilatérale à l'Afrique. La Bulgarie est consciente de la nécessité de la paix et de la sécurité pour parvenir au développement durable et, à cet égard, elle a envoyé des soldats dans les missions de maintien de la paix en Afrique. La Bulgarie est devenue un facteur de stabilité en Europe de l'Est et souhaite avoir de nouvelles responsabilités dans la promotion de la paix, la démocratie et le développement à une échelle mondiale.
Mme ANGELA KING, Sous-Secrétaire générale et Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, a souligné que le continent africain est confronté à la pauvreté endémique, à la persistance des conflits armés, au VIH/sida, à la dégradation de l'environnement, à des taux inacceptables de mortalité maternelle, à une insécurité alimentaire croissante et à une marginalisation du point de vue de l'accès aux technologies de l'information. Or les femmes peuvent contribuer à relever tous ces défis. L'Afrique ne fait pas exception en ce qui concerne la tendance à la féminisation de la pauvreté, a poursuivi Mme King. Aussi, des programmes et politiques sexospécifiques s'avèrent-ils indispensables pour éradiquer la pauvreté. Il convient notamment d'élargir l'accès des femmes aux micro-crédits, à la propriété et à la terre. En ce qui concerne le VIH/sida, non seulement les femmes sont plus susceptibles d'attraper le virus mais en plus elles n'ont pas le pouvoir de négocier des pratiques sexuelles sûres avec leurs partenaires, a souligné
Mme King.
M. KUNIO WAKI, Directeur exécutif adjoint du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a déclaré que l'initiative des pays africains lors du Sommet de Lusaka de prendre leur destin en main a montré que l'Afrique était prête à se développer avec l'aide de la communauté internationale. Le FNUAP apprécie l'attention accrue portée à la résolution des conflits et au développement des ressources humaines et des infrastructures. Le Fonds reconnaît le lien entre l'éradication de la pauvreté et le développement durable et souhaite coopérer avec les pays africains dans ces domaines. En 1999, le VIH/sida est apparu comme un problème à résoudre de manière urgente et le Fonds a renforcé ses programmes de santé en Afrique. À cet égard, le Fonds a fait porter ses efforts sur la prévention de la propagation du virus et le renforcement des capacités des différents pays. En ce qui concerne les réfugiés et les personnes déplacées le Fonds collabore avec les gouvernements et les organisations non gouvernementales pour assurer des services minimums.
Le FNUAP soutient les interventions visant à créer un environnement socioculturel et un environnement politique favorable à l'égalité entre les individus et le renforcement du rôle de la femme dans les sociétés africaines. Le Fonds tente d'utiliser tous les moyens pour obtenir des ressources financières pour soutenir l'Afrique.
M. NAMANGA NGONGI, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), a fait observer que le développement économique et social a stagné ou ralenti dans la plupart des pays africains. Il a souligné que les guerres civiles et l'instabilité chronique ont sapé les efforts consentis par nombre de pays de la région pour promouvoir leur développement. Il est temps pour la communauté internationale de se concentrer sur les entraves majeures au développement du continent que constituent les conflits, le VIH/sida, l'analphabétisme et l'insécurité alimentaire. Il faut s'efforcer de satisfaire les besoins alimentaires des populations les plus vulnérables, a insisté M. Ngongi. L'Afrique a souffert d'un déclin catastrophique de sa production alimentaire qui s'est soldé par une explosion des taux de malnutrition, a-t-il souligné. Il a par ailleurs précisé que le PAM s'efforce aussi de favoriser le maintien des enfants à l'école.
M. ALIOUNE BADIANE, Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat), a déclaré que l'objectif du développement durable exigeait la mise en place d'un partenariat entre les Nations Unies, l'Afrique et la communauté internationale. À cet égard, les engagements de dirigeants africains lors du Sommet de Lusaka ont suscité de grands espoirs. M. Badiane a déclaré que dans un monde mondialisé, les villes constituaient des moteurs de croissance, malheureusement ce n'est pas le cas des villes africaines et ce en raison d'une mauvaise planification au niveau urbain et une pénurie de capitaux. L'Afrique connaît un processus d'urbanisation sauvage, massif et inquiétant entraînant des pressions sur les infrastructures et les services sociaux. Avec l'urbanisation, la pauvreté passe des zones rurales aux zones urbaines et la gravité de ce problème n'est pas véritablement pris en considération.
M. Badiane a rappelé que la pauvreté demeurait l'obstacle le plus important au développement durable. La plupart des pays ont formulé des politiques de lutte contre la pauvreté mais leur mise en oeuvre est incomplète. La lutte contre la pauvreté est importante et habitat a mis en place des programmes de réhabilitation des taudis et de restructuration des centres urbains.
M. FIUMIO KITSUKI (Organisation internationale pour le progrès industriel, spirituel et culturel) a attiré l'attention du Conseil sur un certain nombre de recommandations émanant des consultations menées par son organisation auprès d'organisations non gouvernementales (ONG) asiatiques. Parmi ces recommandations, figurent celles visant à : assurer une meilleure coordination des activités des Nations Unies en Afrique; mettre en place un système de fourniture locale de produits alimentaires d'urgence afin de promouvoir l'autosuffisance alimentaire des communautés rurales; modifier le système de financement des Nations Unies afin de dégager davantage de ressources au profit des ONG oeuvrant en Afrique; soutenir les organisations écologistes sur le terrain afin de contribuer à accroître la prise de conscience et la capacité des populations en matière de protection de leur environnement écologique; renforcer la capacité des pays donateurs à répondre efficacement aux demandes d'aide d'urgence émanant des pays africains; agir de toute urgence contre le VIH/sida; plaider en faveur de l'annulation de la dette des pays africains.
M. ALFONSO ALFONSI, Centro de Ricerca e Documentazione Febbraio 74 (CERFE), a déclaré que les activités de CERFE étaient principalement axées sur les ressources humaines. À cet égard, le représentant a rappelé la nécessité de prendre en considération l'engagement de l'éradication de la pauvreté pour parvenir au développement durable. Les gouvernements africains doivent participer activement à l'élimination de ce fléau et les pays industrialisés doivent s'engager à leurs côtés. M. Alfonsi a rappelé qu'il fallait éviter de considérer la pauvreté comme un phénomène homogène. Il y a différentes catégories de pauvres et cela doit être pris en compte lors de l'élaboration de programmes d'assistance. M. Alfonsi a déclaré qu'il fallait impliquer les pauvres dans les politiques de lutte contre la pauvreté, de même que la classe ouvrière et les classes moyennes qui peuvent se trouver à la limite de la pauvreté. Le CERFE estime que des politiques urgentes d'éradication et des stratégies de prévention de la pauvreté doivent être mises en place. M. Alfonsi a rappelé qu'il faut également prendre des mesures pour éviter la fuite des cerveaux. À cet égard, la communauté internationale doit s'engager à contribuer au développement humain en vue de promouvoir le développement durable.
M. DAN CUNNIAH (Confédération internationale des syndicats libres, CISL) a lancé un appel à la communauté internationale afin qu'elle réaffirme son engagement en faveur de l'éradication de la pauvreté et de la promotion du plein emploi productif et de l'intégration sociale, en créant un environnement propice au développement social de l'Afrique. Il a souligné que selon une étude récente, si l'on exclut l'Afrique du Sud, le revenu par habitant s'établit en Afrique à 315 dollars par an. Le revenu total du continent est à peine supérieur à celui de la Belgique. En Afrique subsaharienne, plus de 50% de la population vit avec moins d'un dollar par jour. Le revenu moyen par habitant est même inférieur à ce qu'il était dans les années 1960. De plus l'Afrique possède la distribution des revenus la plus inéquitable de toutes les régions du monde. La moitié des enfants africains en âge d'être scolarisés ne vont pas à l'école. En dépit des efforts majeurs qui ont été consentis pour éradiquer le paludisme, cette maladie est de nouveau en hausse sur le continent. Partout ailleurs, le sida décline, mais en Afrique, il prend les proportions d'une véritable pandémie et les deux tiers des 36 millions de malades du sida que compte le monde se concentrent en Afrique subsaharienne. De plus, deux importantes sources de financement - les investissements directs étrangers et l'aide publique au développement - diminuent et tendent à favoriser les pays possédant des industries minières et pétrolières lucratives (pour ce qui est des investissements) ou les pays ayant adopté des politiques économiques et sociales saines (pour l'aide publique). En outre, la féminisation croissante de la pauvreté constitue une tendance alarmante. Pour leur part, les syndicats ne peuvent contribuer efficacement à l'éradication de la pauvreté si l'atmosphère dans lequel ils opèrent ne facilite pas l'exercice de leur droit d'association et de négociation collective.
Déclaration de clôture du débat de haut niveau par le Président
M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU, Président du Conseil économique et social, a clôturé le segment de haut niveau en déclarant qu'il était impératif de préserver et de renforcer une dynamique de la coopération internationale afin de renouer avec l'expansion et le développement. Le Président du Conseil a rappelé que le désordre économique auquel font face les pays en développement a des répercussions directes négatives sur un grand nombre de pays industrialisés menacés de récession et dicte à la communauté internationale une conduite responsable fondée sur la solidarité.
Le Conseil est déterminé à redoubler d'efforts afin que soient maintenus les objectifs fixés par la Déclaration du millénaire pour le monde et en particulier pour l'Afrique. À cet égard, le Conseil s'est félicité des engagements pris par les Africains de mobiliser énergies et moyens pour lutter contre la pandémie du VIH/sida et l'ensemble des facteurs aggravants de la pauvreté, notamment les conflits armés. Le Président du Conseil a rappelé que l'ensemble de ces programmes nécessitaient les appuis et aides de la communauté internationale qui doivent tirer les leçons du passé et instaurer une nouvelle forme de coopération et d'aide au développement.
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