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ECOSOC/G/5966

LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL TIENT UN FORUM AFRICAIN POUR LA PROMOTION DES INVESTISSEMENTS

17/07/2001
Communiqué de presse
ECOSOC/G/5966


LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL TIENT UN FORUM AFRICAIN

POUR LA PROMOTION DES INVESTISSEMENTS


Genève, 16 juillet -- Le Conseil économique et social a tenu, cet après-midi, un forum pour la promotion des investissements en Afrique, présidé par

M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.  Le forum s'inscrit dans le cadre du débat de haut niveau du Conseil consacré au rôle du système des Nations Unies en ce qui concerne l'appui aux efforts des pays africains pour parvenir au développement durable.


Outre la plénière, trois tables rondes étaient organisées dans le cadre du forum africain.  Les présidents des trois tables rondes ont présenté, en fin de séance, un résumé de chacun des débats de ces tables rondes qui portaient, respectivement, sur le cadre de l'investissement dans les pays africains; le financement des investissements; ainsi que les besoins en matière d'infrastructure (des communiqués de presse séparés rendent compte des tables rondes).


Dans le cadre de cette séance plénière, le Conseil a entendu les déclarations du Premier Ministre de la Namibie, M. H.  Geingob; le Ministre nigérian de la coopération et de l'intégration en Afrique, M. Bimbola Ogunkelu;

le Président de la Banque africaine de développement, M. Omar Kabbaj; le Directeur général de l'Organisation pour le développement industriel, M. Carlos Magarinos; et M. K.Y. Amoako, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique.


Le Premier ministre namibien a notamment rappelé qu'au Sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) les dirigeants de l'Afrique ont reconnu la nécessité pour le continent de prendre des mesures concrètes afin d'éviter la marginalisation.  Les dirigeants africains ont en outre reconnu que la relance du continent relève avant tout de la responsabilité des gouvernements africains eux-mêmes.


Le Ministre nigérian de la coopération et de l'intégration en Afrique a déclaré que les pays africains étaient conscients de l'importance de la création d'un climat de confiance pour inciter les investissements et réalisent que, pour ce faire, il est nécessaire de promouvoir les actions de développement telles que les techniques de l'information, le développement des ressources humaines, l'agriculture, l'accès des produits des pays en développement aux marchés des pays développés.


Le Président de la Banque africaine de développement a déclaré que pour espérer atteindre les objectifs de développement à l'horizon 2015, notamment en matière de lutte contre la pauvreté, le taux de croissance économique, dont la moyenne avoisine actuellement les 3,5% l'an, devra atteindre 6 à 8%.  À cet égard, il a souligné que l'Afrique offre aujourd'hui d'énormes possibilités d'investissement.  À titre d'exemple, le développement des infrastructures nécessite, à lui seul, quelque 250 milliards de dollars pour les dix années à venir.


Le Directeur général de l'ONUDI a rappelé que la croissance élevée pouvait stimuler l'investissement et que des efforts devaient être mis en œuvre pour mobiliser l'épargne et améliorer l'efficacité de l'investissement.


Des observations finales ont été faites par M. Rubens Ricupero, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement;

M. Kwesi Nduom, Ministre du plan et de la coopération régionale du Ghana et

Mme Maria Livanos Cattaui, Secrétaire générale de la Chambre internationale de commerce.


Demain matin, à 10 heures, le Conseil poursuivra son débat de haut niveau consacré au rôle du système des Nations Unies en ce qui concerne l'appui aux efforts des pays africains pour parvenir au développement durable en entendant notamment des ministres de plusieurs pays.


Déclarations dans le cadre du Forum africain pour la promotion des investissements


M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU, Président du Conseil économique et social, a déclaré que l'Afrique n'est pas un continent qui laisse indifférent.  L'objectif du présent forum est de contribuer à l'ancrage d'un développement durable en Afrique qui ferait du continent un nouveau pôle dynamique et attractif de l'économie mondiale.  Ce genre de rencontre ne pourra prendre fin que lorsque l'Afrique sera parvenue à un développement durable.  D'où l'importance d'assurer un suivi de ce que le Conseil entreprend aujourd'hui, dans ce Forum africain pour la promotion des investissements.


M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que l'objectif du forum d'aujourd'hui était d'introduire des éléments nouveaux dans le débat sur le développement de l'Afrique.  Il est apparu clairement que pour que le développement soit dynamisé, il faut augmenter les investissements privés.  Un contexte approprié doit donc être mis en place avec des infrastructures adéquates et un climat de confiance et de sécurité qui puisse favoriser les investissements.  M. Desai a exprimé l'espoir que, lors des forums de discussions de cet après midi, des suggestions et de nouvelles idées concernant le développement de l'Afrique soient abordées.


M. H. GEINGOB, Premier Ministre de la Namibie, a rappelé qu'au Sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) qui s'est récemment tenu à Lusaka, les dirigeants de l'Afrique ont reconnu la nécessité pour le continent de prendre des mesures concrètes afin d'éviter la marginalisation.  Les dirigeants africains ont en outre reconnu que la relance du continent africain relève avant tout de la responsabilité des gouvernements africains eux-mêmes.  Les Africains doivent avant tout reconnaître leurs insuffisances et leurs fautes - même s'ils ne sont pas les seuls à avoir commis des fautes.  C'est le secteur privé qui crée la richesse et c'est ensuite aux gouvernements qu'il incombe de redistribuer cette richesse, a rappelé le Premier Ministre.


M. BIMBOLA OGUNKELU, Ministre nigérian de la coopération et de l'intégration en Afrique, a rappelé que l'Union africaine était le point de départ de la coopération et de l'intégration pour la construction de la nouvelle Afrique. 

M. Ogunkelu a déclaré que ce qui était nouveau aujourd'hui, c'était le consensus sur la mise en place d'initiatives sous-régionales et régionales, un consensus qui a été trouvé entre les leaders de l'Afrique ayant pour objectif d'attirer les investissements étrangers.  M. Ogunkelu a jugé essentiel de faire participer la population.  Il faut également œuvrer à une réduction des conflits.  M. Ogunkelu a déclaré que les pays africains sont conscients de l'importance de la création d'un climat de confiance pour inciter les investissements et réalisent que, pour ce faire, il est nécessaire de promouvoir les actions de développement telles que les techniques de l'information, le développement des ressources humaines, l'agriculture, l'accès des produits des pays en développement aux marchés des pays développés, notamment.


M. OMAR KABBAJ, Président de la Banque africaine de développement, a souligné que les besoins d'investissements en Afrique sont aussi variés qu'énormes.  Il a précisé que les pays du continent doivent investir s'ils veulent améliorer leur capacité de production, leur capital humain, leurs services sociaux et leur infrastructure de base.  Pour espérer atteindre les objectifs de développement à l'horizon 2015 - qui prévoient notamment la réduction de moitié du nombre de personnes vivant dans la pauvreté - le taux de croissance économique, dont la moyenne avoisine actuellement les 3,5% l'an, devra atteindre 6 à 8%.  Cela implique nécessairement un accroissement sensible des taux d'investissement, a précisé M. Kabbaj.  Les pouvoirs publics devront donc s'atteler à promouvoir la mobilisation des ressources intérieures et l'investissement ainsi qu'à attirer davantage de capitaux privés extérieurs.  Afin d'accroître l'investissement et d'accélérer la croissance, les pays africains devraient redoubler d'efforts pour maintenir un environnement macroéconomique stable et crédible - condition essentielle pour gagner la confiance des investisseurs, nationaux comme étrangers.


La poursuite de l'amélioration des structures de gestion des affaires publiques s'impose, en particulier celles qui concernent le système juridique et le cadre réglementaire, en vue d'instaurer les conditions propices à l'essor du secteur privé.  Les réformes du secteur privé devront en outre être approfondies afin de mieux mobiliser l'épargne intérieure.  Il faudra également moderniser les institutions de l'État et investir dans le capital humain.  D'autre part,


l'aide publique au développement, qui a baissé au cours de la décennie écoulée, devrait être augmentée pour atteindre au moins l'objectif de 0,7% du PNB fixé par les Nations Unies.  Enfin, les barrières tarifaires et non tarifaires, en particulier celles qui visent les biens pour lesquels les pays africains ont un avantage comparatif, devraient être abaissées afin de faciliter un accès plus large aux marchés internationaux.


L'Afrique offre aujourd'hui d'énormes possibilités d'investissement.  À titre d'exemple, le développement des infrastructures nécessite, à lui seul, quelque 250 milliards de dollars pour les dix années à venir.  Le rendement, parmi les plus élevés du monde des investissements étrangers en Afrique est un des aspects dont on ne parle pas souvent.  En tant que première banque régionale de développement du continent, le Groupe de la Banque africaine de développement reste un des principaux pourvoyeurs de ressources d'investissement pour les pays membres régionaux.


M. CARLOS MAGARINOS, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel, a souligné qu'un aspect important du mandat de l'ONUDI concerne le transfert des technologies de l'information.  Il a souligné que les progrès techniques entraînaient la croissance de l'investissement mais que tous les investissements n'avaient pas les mêmes effets.  Dans les années 60, on a pu constater que la croissance était en grande partie due aux changements techniques.  M. Magarinos a rappelé que la croissance élevée pouvait stimuler l'investissement et que des efforts devaient être mis en œuvre pour mobiliser l'épargne et améliorer l'efficacité de l'investissement


M. K.Y AMOAKO, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique, a affirmé que le secteur privé joue déjà un rôle important pour favoriser la croissance et l'investissement en Afrique.  Comme cela a récemment été reconnu, le défi pour l'Afrique consiste à approfondir et reprendre les meilleures pratiques existantes en matière de partenariats public-privé, telles qu'elles commencent à exister dans plusieurs pays.  L'Afrique sera une destination attrayante pour les investissements étrangers lorsque les citoyens investiront dans leur propre pays.  Il faut encourager l'intégration régionale en Afrique car elle favorisera l'investissement.  La compétitivité des marchés des capitaux doit être mise en place pour que les réformes de fond soient favorables aux investissements.  La responsabilisation économique des femmes est un facteur clef de la promotion de la femme en Afrique.


Résumés des tables rondes


Résumant les débats de la table ronde sur le cadre de l'investissement dans les pays africains, le Président de cette table ronde, M. CARLOS MAGARINOS, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a souligné que la plupart des intervenants ont reconnu la tendance à l'amélioration du climat des investissements en Afrique.  Le potentiel d'investissement est important dans les pays africains, notamment dans les secteurs des ressources naturelles et des services, a-t-il été souligné.  L'évolution des flux d'investissements étrangers directs montre cependant que la situation varie entre les pays.  Un grand nombre de pays africains subissent les effets négatifs d'une image de marque défavorable, a-t-il été relevé. 


Parmi les obstacles aux investissements en Afrique, ont été identifiés ceux qui ont trait au développement lui-même (problèmes d'infrastructures, de sida, d'éducation, par exemple); ceux qui procèdent de facteurs externes (accès limité aux marchés, fardeau de la dette, baisse de l'aide publique au développement); ceux qui procèdent des pratiques locales.


Résumant les débats de la table ronde sur le financement des investissements, le Président de cette table ronde, M. JEAN-LOUIS EKRA, Vice-Président de la Banque africaine d'import-export, a indiqué que les débats se sont concentrés sur les moyens qui permettraient d'assurer le financement à long terme, d'une part, et le financement du secteur privé, de l'autre.  Certains ont avancé l'idée d'utiliser des fonds de pension.  D'autres ont insisté sur le rôle que peuvent jouer les banques de développement ainsi que des fonds spéciaux.  Il a également été suggéré d'utiliser les associations de femmes pour financer les investissements.


Résumant les débats de la table ronde sur les besoins en matière d'infrastructure, M. K.Y AMOAKO, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique, a déclaré que le groupe avait conclu que les infrastructures étaient la clé du développement et permettaient d'accroître la compétitivité. 

M. Amoako a rappelé qu'aujourd'hui le secteur privé jouait un rôle de plus en plus important dans le développement des infrastructures et que ce rôle devait être renforcé et encouragé.  M. Amoako a également rappelé l'importance de l'établissement d'un environnement favorable au développement des infrastructures avec un cadre juridique et réglementaire.  Il est vital de trouver les moyens non seulement de développer l'infrastructure mais également de l'entretenir, a souligné M. Amoako.  À cet égard, une approche régionale est encouragée.  En ce qui concerne plus particulièrement les techniques d'information et de communication, il est possible pour les États qui en ont les moyens de sauter certaines étapes du développement pour atteindre un niveau plus avancé.  M. Amoako a conclu qu'il ne fallait pas oublier d'apprendre les leçons du passé.


Observations finales


M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a relevé que la plupart des discussions portant sur le développement de l'Afrique se concentrent généralement sur le faible niveau des investissements réalisés sur le continent.  Mais il faut reconnaître que jamais des efforts concertés n'ont été déployés pour corriger cette situation et que ce n'est que maintenant que l'on commence à prendre des mesures pour remédier à cette lacune.  Les entreprises privées ne s'intéressent généralement pas aux pays les moins avancés (PMA), a souligné le Secrétaire général de la CNUCED.  C'est pourquoi la CNUCED a publié il y a quelques années un guide sur les investissements dans les PMA.  La CNUCED aide en outre les PMA à négocier des accords bilatéraux sur les investissements.  M. Ricupero a mis l'accent sur le fait que l'essentiel du commerce des biens manufacturés est concentré entre les mains d'une poignée de sociétés transnationales.


M. KWESI NDUOM, Ministre du plan et de la coopération régionale du Ghana, a déclaré qu'il fallait que les Documents stratégiques pour la réduction de la pauvreté tiennent compte du développement du secteur privé et encouragent l'accumulation du capital des petites et moyennes entreprises.  M. Nduom a estimé que les mesures de réduction de la dette a travers les initiatives en faveur des pays les plus endettés (HIPC) devraient être appliquées de telle sorte qu'elles n'entravent pas le développement du secteur privé des pays africains.  Les donateurs devraient assister les initiatives d'investissements directes au travers d'intermédiaires locaux et les priorités des institutions internationales devraient se réorienter vers des projets locaux.  Les entreprises locales devraient être aidées et encouragées car aucun pays n'a encore réussi à mener à bien des opérations de développement à long terme sans la participation des petites et moyennes entreprises.  M. Nduom a également recommandé la mise en place de politiques de lutte contre la corruption.


Mme MARIA LIVANOS CATTAUI, Secrétaire générale de la Chambre internationale de commerce, a déclaré que l'on critique souvent les bureaucraties alors qu'une bonne bureaucratie est un élément attrayant pour les investissements.  Elle a jugé décourageant de voir que des pays ont relevé le défi qui consiste à susciter la confiance et que cela n'est pourtant pas toujours reconnu.  La Chambre internationale de commerce a collaboré avec la CNUCED à l'élaboration de manuels d'investissements, a-t-elle précisé.  Un guide des investissements a ainsi été réalisé pour différents pays africains.


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