LA CHINE À LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : PRIORITÉ À L'ADOPTION D'UN INSTRUMENT INTERNATIONAL POUR INTERDIRE L'ARMEMENT DANS L'ESPACE
Communiqué de presse DR/G/506 |
LA CHINE À LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : PRIORITÉ À L'ADOPTION D'UN INSTRUMENT INTERNATIONAL POUR INTERDIRE L'ARMEMENT DANS L'ESPACE
La Conférence entend le compte rendu des consultations concernant
le réexamen de son ordre du jour et l'élargissement de sa composition
Genève, le 30 août -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, une déclaration de la Chine, qui a déclaré que la Conférence doit prendre d'urgence des mesures déterminées pour interdire l'armement dans l'espace extra-atmosphérique. À cette fin, un instrument juridique international devrait être adopté aussi tôt que possible et la Chine demande que la Conférence entame des négociations multilatérales sur cette question et établisse un comité spécial pour mener ces négociations.
La Chine appuie également la proposition de créer un comité spécial sur le désarmement. Elle appelle à une reprise des travaux de fond de la Conférence, en particulier sur la question du désarmement nucléaire et du commencement des négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires.
La Chine estime que la remise en cause de questions telles que le processus de réduction des armes nucléaires, la négociation d'un protocole se rapportant à la Convention sur les armes biologiques, l'application du Traité sur les missiles antimissiles (ABM) ne manquent pas d'avoir un impact négatif sur la sécurité internationale du XXIe siècle et de menacer les intérêts de tous les États.
La Conférence a d'autre part entendu les comptes rendus des Coordonnateurs spéciaux sur les questions du réexamen de l'ordre du jour de la Conférence et de l'élargissement de sa composition, sur les résultats de leurs consultations. La Conférence, qui avait décidé de nommer le 14 juin dernier, trois coordonnateurs spéciaux sur les questions de procédure, avait été saisie, mardi 28 août, du compte rendu du Coordonnateur spécial sur l'amélioration et l'efficacité de son fonctionnement. Tous trois ont indiqué qu'ils n'étaient pas en mesure de faire état d'un consensus sur ces questions ni de faire des propositions concrètes. Ils ont néanmoins recommandé que les consultations se poursuivent dès le début de la session de 2002 de la Conférence.
Le représentant de l'Italie a félicité les coordonnateurs spéciaux pour leurs efforts.
La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement aura lieu mardi 4 septembre à 10 heures. Elle sera immédiatement suivie d'une séance officieuse consacrée à l'examen du projet de rapport annuel de la Conférence du désarmement, qui clôt ses travaux de 2001 le 14 septembre.
Déclarations
M. HU XIAODI (Chine) a déclaré que la Chine a déjà souligné, devant la Conférence et ailleurs, que les efforts internationaux de limitation des armements et de désarmement sont arrivés à une croisée des chemins importante. La communauté internationale constate en effet que des questions de première importance, notamment le processus de réduction des armes nucléaires, la mise en œuvre du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et la négociation d'un protocole se rapportant à la Convention sur les armes biologiques, font l'objet d'une remise en question injustifiée. En outre, il est envisagé de déployer des armes et des systèmes d'armement dans l'espace. Alors que l'an dernier, le Traité sur les missiles antimissiles (ABM) était considéré par la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité et ses cinq membres permanents, comme la pierre angulaire de la stabilité stratégique mondiale, certains prônent cette année l'abrogation du Traité. Tous ces éléments ne manquent pas d'avoir un impact négatif sur la sécurité internationale du XXIe siècle et de menacer les intérêts de tous les États.
M. Hu a ajouté qu'une approche unilatérale ne mènera nulle part car elle ne favorise pas la paix mondiale et le développement et ne permet pas de régler les problèmes auxquels la communauté internationale est confrontée. Chaque État a le droit de prendre des mesures pour défendre ses propres intérêts en matière de sécurité, mais aucun ne devrait le faire aux dépens de la sécurité d'autres États.
Le représentant chinois a souligné que certaines mesures sont de première importance en matière de limitation des armements et de désarmement, à savoir, préserver la stabilité stratégique mondiale, assurer le maintien des régimes des traités en vigueur dans le domaine de la limitation des armements et de désarmement, renoncer à déployer des armes ou des systèmes d'armement dans l'espace extra-atmosphérique, promouvoir l'interdiction complète et la destruction totale des armes de destruction massive et prévenir leur prolifération et celle de leurs vecteurs. M. Hu a souligné que le Traité ABM est la pierre angulaire de la stabilité stratégique et la base sur laquelle peut être menée la réduction des armes stratégiques offensives. C'est pourquoi la communauté internationale doit engager les parties concernées à respecter l'intégrité et l'efficacité de ce traité et, sur la base du respect du Traité ABM, poursuivre la réduction des armes stratégiques offensives.
M. Hu a ajouté que la sécurité et la stabilité régionales contribueront à la réalisation de la paix mondiale et du développement. Il a annoncé que, le 16 juin dernier, la Fédération de Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan et la Chine ont décidé la création de l'«Organisation de coopération de Shanghai», dont le point de départ est la coopération en matière de sécurité mais qui vise la promotion de la coopération dans tous les domaines.
Au sein de la Conférence du désarmement, la priorité la plus urgente est l'adoption de mesures déterminées pour interdire l'armement dans l'espace extra-atmosphérique, a déclaré M. Hu. À cette fin, un instrument juridique international devrait être adopté aussi tôt que possible. La délégation chinoise demande que la Conférence du désarmement entame des négociations multilatérales sur cette question et établisse un comité spécial pour mener ces négociations. En outre, la Chine appuie la proposition de la Fédération de Russie figurant au document CD/1644 (daté du 30 mai 2001 et visant la création d'un Comité spécial sur le désarmement et d'un comité spécial chargé de négocier un régime pour la prévention de la course aux armements dans l'espace). La Chine appelle à une reprise des travaux de fond de la Conférence, en particulier sur la question du désarmement nucléaire et du commencement des négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires, en tenant compte des préoccupations de tous de façon globale et équilibrée. La Chine appuie en outre les efforts menés par les trois coordonnateurs spéciaux sur les questions de procédure.
M. GÜNTHER SEIBERT (Allemagne), Coordonnateur spécial sur le réexamen de l'ordre du jour de la Conférence, a estimé que les coordonnateurs spéciaux peuvent aider la Conférence à surmonter la situation d'impasse dans laquelle elle se trouve. Le représentant a précisé qu'en raison du peu de temps dont il a disposé depuis de début de son mandat, il n'est pas en mesure de faire état de résultats tangibles de ses consultations et n'a pas constaté de consensus sur des aspects spécifiques de la question. Il a néanmoins souligné que la décision de reprendre les consultations sur les questions de réforme constituait un progrès important.
M. Seibert a estimé que l'ordre de jour de la Conférence a beaucoup perdu de son importance politique. Les décisions de fond sur les sujets à inscrire à l'ordre du jour sont sans cesse repoussées. Le Coordonnateur spécial a estimé que la Conférence devrait recourir aux coordonnateurs spéciaux à chaque fois qu'elle ne trouve pas de consensus sur les points à l'ordre du jour. Il estime également que les sessions plénières doivent être utilisées de manière plus structurée.
Concernant les questions inscrites à l'ordre du jour, M. Seibert a décelé un consensus général pour conserver les points 1 (Cessation de la course aux armements nucléaires et désarmement nucléaire), 3 (Prévention d'une course aux armements dans l'espace), 4 (Arrangements internationaux efficaces pour garantir les États non dotés d'armes nucléaires) et 7 (Transparence dans le domaine des armements). À ce stade, toute modification des autres points inscrits à l'ordre du jour nécessite des consultations plus poussées.
Le Coordonnateur spécial a souligné la volonté de toutes les délégations d'intégrer de nouvelles questions à l'ordre du jour en fonction de l'évolution de l'environnement international. Il n'est toutefois pas en mesure de faire des propositions concrètes à la Conférence car aucun consensus clair sur les aspects spécifiques de l'ordre du jour n'a encore été trouvé. M. Seibert a recommandé à la Conférence de poursuivre ses consultations sur la révision de l'ordre du jour et de nommer un coordinateur spécial sur la question pour la session de 2002.
M. PETER KOLAROV (Bulgarie), intervenant au nom du Coordonnateur spécial sur l'élargissement de la composition de la Conférence, l'Ambassadeur Petko Draganov de Bulgarie, a indiqué que les résultats des premières consultations indiquent un appui largement majoritaire à un élargissement de la composition de la Conférence. Plus des deux tiers des délégations qui se sont exprimées appuient soit l'universalité, soit l'élargissement aux 22 États candidats, cette mesure étant généralement perçue comme une première étape vers l'universalité. La plupart des délégations estiment en effet que le maintien d'une composition limitée de la Conférence serait une erreur et ne ferait qu'aggraver la crise de légitimité de la Conférence. Certaines délégations ont néanmoins émis des doutes quant à la portée réelle de l'élargissement de la Conférence arguant que le dernier élargissement, en 1999, n'avait pas permis à la Conférence de sortir de l'impasse.
Pour conclure, M. Kolarov a rappelé que le règlement intérieur prévoit l'examen de l'élargissement de la Conférence à intervalles réguliers. Il a également constaté qu'une grande majorité des États membres sont en faveur de l'élargissement de la Conférence mais qu'aucun consensus n'a été trouvé en la matière. Il estime que des efforts soutenus et des négociations devront être poursuivis pour arriver à un accord. Le Coordonnateur spécial indique qu'en raison du peu de temps dont il disposait, il n'a pas été en mesure de s'acquitter pleinement de ses responsabilités et que le présent rapport doit être considéré comme un rapport intérimaire. Il recommande fortement que la Conférence poursuive ses efforts dans ce domaine en nommant, dès le début de sa session de 2002, un coordonnateur spécial sur l'élargissement de sa composition.
M. MARIO MAIOLINI (Italie) a déclaré que les comptes rendus des trois Coordonnateurs spéciaux donnent matière à réflexion, et il a salué la proposition tendant à ce que les consultations se poursuivent sur ces questions. Il a exprimé aux Coordonnateurs spéciaux ses félicitations pour leurs efforts et a indiqué que sa délégation fera de son mieux pour approfondir l'examen des propositions et des explications fournies aujourd'hui.
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