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DR/D/951

CONFERENCE DE DURBAN CONTRE LE RACISME : LE BUREAU DE LA CONFERENCE ET SA COMMISSION PRINCIPALE SE REUNIRONT CET APRES-MIDI

07/09/2001
Communiqué de presse
DR/D/951


CONFERENCE DE DURBAN CONTRE LE RACISME : LE BUREAU DE LA CONFERENCE

ET SA COMMISSION PRINCIPALE SE REUNIRONT CET APRES-MIDI


Durban, le 7 septembre -- La Conférence mondiale contre le racisme, qui a poursuivi son débat général jusqu’à ce matin en suivant notamment la déclaration de plusieurs ONG, a décidé de réunir cet après-midi son Bureau et sa Commission principale qui jusqu’ici ne s’étaient pas réunis conjointement.  La Conférence est censée terminer ses travaux aujourd’hui, 7 septembre.


«Le racisme et la discrimination procèdent d’une profonde crise d’identité au niveau individuel et collectif, de sorte que la guérison contre ce mal passe inévitablement par la redécouverte du moi profond de chaque individu et par sa ré-identification basée sur l’unité de la famille humaine».  C’est ce qu’a dit, ce matin, le représentant de Brahma Kumaris World Spiritual University, une organisation non gouvernementale devant la Conférence mondiale contre le racisme qui a achevé son débat général alors qu’elle entamait ce qui doit être, selon son calendrier initial, sa dernière journée de travail.  À l’issue de cette journée, devraient être adoptés une déclaration finale et un programme d’action visant à lutter contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.


La Conférence a entendu auprès d’une trentaine d’organisations non gouvernementales au cours de sa plénière, qui ont souligné, à l’attention de la Conférence, toutes les manifestations de discrimination dont sont victimes, à travers le monde, les populations autochtones, les membres des minorités, les Roms, les femmes, les travailleurs migrants et les victimes du VIH-sida. Il a été souligné, que si vingt-cinq des trente millions de personnes infectées se trouvent en Afrique, rares sont les Africains qui ont accès aux traitements les plus efficaces contre ce fléau.  En ce qui concerne les Roms, la représentante du Roma Center for Public Policies «Aven amentza» a déploré que le monde reste aujourd’hui muet face à la «petite épuration ethnique» dont sont victimes les Roms dans nombre de pays européens et a préconisé la création d’un forum permanent des Roms qui serait chargé de surveiller leur situation à travers le monde. Des intervenants ont insisté sur les discriminations qui se produisent dans le monde du travail, notamment du point de vue du salaire et de l’accès à l’emploi, alors que d’autres insistaient sur les conséquences du racisme environnemental qui frappe particulièrement les populations autochtones.


Elle a entendu le représentant de Marangopoulos Foundation for Human Rights qui a regretté que le sort des femmes afghanes sous le régime des Taliban n’ait pas été abordé durant la Conférence.  Une représentante du Caucus des femmes africaines et descendantes d’Africains a fait observer qu’en vertu de pratiques


traditionnelles encore en vigueur dans certains pays, les femmes pygmées «sont enterrées vivantes».  Les pratiques de stérilisation involontaire dont sont victimes nombre de femmes des populations autochtones, des femmes handicapées et

de femmes pauvres à travers le monde ont été stigmatisées par la représentante d’une ONU sur les femmes, la population et l’environnement.  Elle a dénoncé la distribution aux femmes de couleur, aux Etats-Unis, par le biais de l’Institut de la population et de la sécurité, d’un médicament –la Quinacrine– qui constitue en fait un procédé de stérilisation.


Outre celles déjà citées, les ONG suivantes sont intervenues : Confédération mondiale du travail; Service Paix et Justice en Amérique latine; Women’s National Commission; The 1990 Trust; American Psychological Association; Africville Genealogy Society; Physicians for Human Rights; Association of Islamic Women Researchers; Al-Haq, Law in the Service of Man; World Federation of Democratic Youth; Women Association Follower of Ahlul Bait; Pax Romana; African Canadian Coalition Against Racism; Women’s Health in Women’s Hands; Nucleo de Estudos Negros; The Chinese People’s Association for Friendship with Foreign Countries (au nom également de All-China Women’s Federation); UN Association in China; International Possibilities Unlimited; Centro de Estudios e Defenso do Negro do Para Amador; Union of Palestinian NGO in Israel; Universal Day of Hope Trust; Union de Negros pela Igualdade; Pan-African Movement; Youth Against Racism.


CONFÉRENCE MONDIALE CONTRE LE RACISME, LA DISCRIMINATION RACIALE, LA XÉNOPHOBIE ET L’INTOLÉRANCE QUI Y EST ASSOCIÉE


Déclarations


Le représentant de la Confédération mondiale du travail a souligné que toutes les formes de discrimination fondée sur quelque critère que ce soit sont contraires à la nature humaine.  C’est pourquoi il convient de les combattre là où elles existent, en particulier dans le monde du travail du point de vue de l’accès à l’emploi et de l’égalité des salaires.  Les travailleurs migrants et les populations autochtones sont à cet égard particulièrement vulnérables à la discrimination dans le monde du travail.  Au Brésil, le salaire des femmes noires est inférieur de moitié à celui des autres femmes.  Il convient également de dénoncer la discrimination dont souffrent également dans le monde du travail les Palestiniens en Israël.  


Les représentantes de l’organisation African and African Descent Women’s Caucus ont expliqué qu’elles venaient d’une multitude de pays d’Afrique et d’Amérique et que leur but est d’établir un programme commun pour les femmes de la diaspora.  Elles ont souhaité attirer l’attention sur les aspects spécifiques du racisme colonial et de l’esclavage sur les femmes qui ont été victimes notamment de violence sexuelle.  Elles ont précisé que le racisme anti-noir affecte davantage les femmes que les hommes, expliquant que les femmes de la diaspora africaine ont subi des humiliations fondées sur la race.  Elles se sont inquiétées des dérives sexistes qui font que les femmes de descendance africaine sont davantage affectées par le virus du VIH/sida.  Elles ont transmis un message provenant d’une femme pygmée vivant dans les forêts du Congo afin que leur droits soient reconnus, les femmes pygmées au Congo étant victimes d’exclusion sociale, voire même enterrées vivantes selon les rites traditionnels. 


Le représentant de Service Paix et Justice en Amérique latine a indiqué que son ONG travaille actuellement dans une dizaine de pays latino-américains, en coopération avec tous les secteurs de la société civile.  Cette ONG lutte pour éliminer les causes structurelles de la violence qui sont les mêmes que celles que l’on trouve à la base du racisme.  La mondialisation divise l’humanité entre, d’une part, producteurs efficaces et consommateurs opulents et, de l’autre, les autres individus.  Il serait nécessaire de mieux contrôler les investissements étrangers réalisés dans nos pays et de veiller à y assurer le respect des droits des travailleurs.  Sous prétexte de lutte contre le trafic des stupéfiants, le plan Colombie a pour principal effet de militariser notre continent et constitue une nouvelle forme de colonialisme.  Il faudrait annuler la dette des pays en développement qui est illégale et amorale.


La représentante de l’organisation Women’s National Commission

(Royaume-Uni) a évoqué les conséquences de la pandémie du VIH/sida sur les discriminations dont sont victimes les femmes, notamment les veuves du sida qui souffrent d’une double discrimination.  Elles sont victimes du déni d’accès à la santé et d’obstacles juridiques qui puissent leur permettre de se défendre.  Elles ne peuvent plus se marier et leur seul moyen de survie est la prostitution ou la traite.  Ces pratiques aggravent les conditions de vie des ces femmes et la coutume les accusent d’être responsables de la propagation de la maladie.  En outre, elles n’ont pas droit à la propriété dans de nombreux pays et cela aggrave leurs conditions de vie et leurs souffrances.  Elle a demandé au programme Onusida de prendre en compte la cause des femmes veuves du VIH/sida dans une démarche d’intégration dans la société. 


Le représentant de The 1990 Trust s’est identifié comme immigré pakistanais arrivé au Royaume-Uni dans les années 1960.  Il a affirmé que depuis dix ans, le racisme sous toutes ses formes n’a cessé de se développer dans ce pays.  Il a affirmé y avoir été victime de nombreuses attaques racistes contre sa personne, y compris de tirs à balle réelle, actes qui sont à ce jour restés impunis.  Il a indiqué que pour se protéger, sa femme et lui ont été contraints de transformer le commerce qu’ils tiennent à Lancaster (Royaume-Uni) en véritable forteresse.  Il est tant que les Etats-Unis, le Royaume-Uni et d’autres pays s’excusent auprès des Noirs pour l’esclavage et les autres violations de droits de l'homme auxquels ces pays se sont livrés.


Le représentant de l’American Psychological Association a expliqué que son organisation est engagée en faveur de l’élimination de la torture psychologique.  Il a expliqué en outre que le racisme vise à maintenir des avantages et des privilèges sociaux et matériels en faveur du groupe dominant.  Ce phénomène a des conséquences désastreuses sur la santé mentale des populations qui en sont victimes.  Il a lancé un appel aux Nations Unies et aux organisations non gouvernementales afin qu’elles s’engagent dans la promotion de programmes qui contribueraient à éliminer les obstacles psychologiques à l’égalité raciale. 


Le représentant de Brahma Kumaris World Spiritual University a observé que le racisme et la discrimination procèdent d’une profonde crise d’identité au niveau individuel et collectif.  La guérison contre ce mal passe donc inévitablement par la redécouverte du moi profond de chaque individu et par une ré-identification basée sur l’unité de la famille humaine.  Comprendre le caractère sacré de chaque personne ouvre la porte à la perception de l’unicité fondamentale de la famille humaine.  Il n’y a qu’une seule race : la famille humaine.

La représentante de l’organisation Africville Genealogy Society (Canada) a exigé des réparations pour l’esclavage et le colonialisme et souhaité que les résidents d’Africville soient reconnus dans le programme d’action pour les discriminations dont elles ont été victimes au Canada.  Elle a expliqué que cette communauté avait été déplacée de force dans les années 1960 pour le développement d’Halifax après avoir été frappée par l’esclavage au 19ème siècle.  Elle a déclaré que les populations d’Africville sont aujourd’hui victimes de déni de justice, de chômage, de discrimination dans l’accès à la santé et dans l’accès à l’éducation. 


La représentante de Physicians for Human Rights a observé que le racisme affecte le statut et la condition sociale des individus, ce qui n’est pas sans conséquence sur leur durée de vie.  Les Afro-Américains aux Etats-Unis, les Roms, les Dalits en Asie du Sud connaissent un taux de morbidité plus élevé que la moyenne.  Vingt-cinq des trente millions de victimes du sida se trouvent en Afrique.  Or, rares sont les Africains qui ont accès aux traitements les plus efficaces contre ce fléau.  En outre, les femmes membres de minorités sont particulièrement victimes de discrimination.


Le représentant de l’organisation Marangopoulos Foundation for Human Rights a fait observer que les pays d’Europe font face aujourd’hui à une nouvelle montée du racisme et de la xénophobie.  Celle-ci frappe les travailleurs migrants attirés par la mondialisation et qui sont toutefois victimes de discrimination et d’exclusion.  Il a proposé la création d’un fonds d’assistance aux migrants par les Etats qui les accueillent, fonds qui pourra servir également aux réfugiés et demandeurs d’asile.  La Grèce, Pays de transit et d’accueil de migrants est, aussi le lieu de transit de femmes victimes de traite à destinations des pays occidentaux.  Il a condamné le sort fait aux femmes afghanes sous les Taliban qui constitue une nouvelle forme de discrimination.  Il a émis l’espoir que le racisme institutionnel sera éliminé mais que les efforts seront mobilisés à cette fin, comme le monde s’est mobilisé pour se défaire de l’apartheid. 


La représentante de l’Association of Islamic Women Researchers a rappelé que la présente Conférence mondiale contre le racisme a pour mandat essentiel d’identifier des principes et des codes de conduite susceptibles de transformer le monde en une planète de paix et de dignité.  Elle a dénoncé l’apparition et la prévalence d’une école de pensée incompatible avec la dignité humaine : l’école de pensée occidentale.  Il s’agit d’une école de pensée qui néglige totalement le principe de dignité humaine.  Les violations des droits des Palestiniens montrent l’inefficacité des lois et règlements établis sans considération pour l’homme.  La représentante a déploré l’affront que subissent quotidiennement les femmes en raison des stéréotypes des médias et des producteurs de films.


Le représentant de l’organisation Al-Haq, Law in the Service of Man a expliqué que la structure de l’organisation été créée en 1999 à Ramallah, en Palestine, pour assister le peuple dans ses souffrances.  Il a ajouté que cette Conférence avait pour objectif de traiter des injustices du passé et de condamner les dérives racistes du présent.  Il a rappelé les discriminations dont sont victimes les populations palestiniennes, accusant l’occupation israélienne d’affecter lourdement les conditions de vie dans les territoires.  Il a ajouté que plus de 650 Palestiniens ont été tués depuis septembre et 18 000 ont été blessés.  Il a expliqué qu’en tant qu’Américain résidant en Palestine, il avait pu se déplacer pour venir à Durban alors que le blocus appliqué par Israël avait privé son collègue palestinien de ce voyage.  Il a affirmé que cette Conférence devait être le lieu pour débattre de la question de Palestine, regrettant les objections de Mme Robinson par rapport au rapport du Forum des ONG.  Il a estimé que pour que Durban fasse la différence, il fallait prendre des mesures de nature à lutter effectivement contre les discriminations et en premier lieu, mettre fin aux souffrances du peuple palestinien. 


La représentante du Committee on Women, Population and the Environment s’est dit préoccupé par le manque d’analyse des problèmes sexospécifiques dont pâtit le projet de programme d’action, notamment du point de vue de la santé génésique.  Ainsi, les discriminations dont sont victimes les femmes n’ont-elles pas été abordées de manière adéquate dans ce projet.  La représentante a attiré l’attention de la Conférence sur les pratiques de stérilisation involontaire dont sont victimes nombre de femmes des populations autochtones, de femmes handicapées et de femmes pauvres à travers le monde.  Aux Etats-Unis, l’Institut de la population et de la sécurité distribue aux femmes de couleur, sous prétexte d’administrer un médicament de prévention du paludisme, de la quinacrine qui constitue en fait un procédé de stérilisation dont on sait désormais que l’agent est cancérigène.


Le représentant du World Federation of Democratic Youth a expliqué que cette organisation regroupe les jeunes du monde entier qui se sont récemment rencontrés à Alger pour réfléchir notamment aux enjeux de la Conférence de Durban.  Il a rappelé que l’Afrique avait été victime de l’esclavage et de la traite et que ces maux devaient donner lieu à des excuses et à des dédommagements.  Il a également évoqué les conditions de vie des Sindhi du Pakistan qui doivent être reconnus par les institutions juridiques de ce pays. 


La représentante de Roma Center for Public Policies «Aven amentza» a dénoncé les stéréotypes négatifs dont font l’objet les Roms, souvent décrits comme des voleurs et des criminels.  Elle a rappelé que pendant de nombreuses années, les Roms étaient réduits à l’état d’esclaves en Roumanie.  Aujourd’hui encore, dans nombre de pays, les Roms ne sont pas acceptés comme des citoyens à part entière.  Selon certaines études réalisées en Europe, une personne sur cinq serait antisémite et les deux tiers des Européens seraient hostiles aux Roms.  La représentante a dénoncé les pratiques d’expulsion forcée dont sont victimes les Roms en Hongrie, en Slovaquie, en Italie, en France, en Espagne, au

Royaume-Uni, en Pologne et en Turquie.  Huit ans après les faits, le monde

reste muet face à l’épuration ethnique dont ont été victimes les Roms dans

l’ex-Yougoslavie.  Le monde reste aujourd’hui muet face à la «petite épuration ethnique» dont sont victimes les Roms en Grèce, en Espagne, en Fédération de Russie, en Italie et dans d’autres pays.  Il faudrait créer un Forum permanent des Roms qui serait chargé de surveiller la situation des Roms à travers le monde.  Il faut que soit reconnu le droit à l’autodétermination culturelle des Roms.


La représentante de la Women Association Follower of Ahlul Bait a expliqué que du point de vue de l’Islam, le racisme est vigoureusement condamné.  Elle a ajouté qu’aucune des races n’a jamais été fondée sur la domination comme le font les Juifs au nom de la religion.  Elle a ajouté que des groupes de Juifs racistes ont humilié des milliers de Palestiniens et que cela a généré le racisme dans le monde arabe qui met en danger les Juifs.  Elle a demandé si les 2,5 milliards de Musulmans pourront rester indifférent à cette oppression avant d’appeler Chrétiens, Juifs et Musulmans et les peuples du monde de lutter contre cette forme de discrimination raciale. 


Le représentant de Pax Romana a dit vouloir aborder deux questions qui risquent d’être éludées dans la déclaration finale que cette Conférence devrait adopter à savoir celle de l’autodétermination et de la discrimination fondée sur un système de caste.  Le droit à l’autodétermination est violé dans de nombreuses régions du monde.  Il faut faire en sorte que le droit à l’autodétermination soit considéré comme une solution aux conflits dans le monde.  Les États Membres doivent éliminer du projet de déclaration, en son état actuel, les paragraphes 26 et 27 qui sont racistes et violent les droits fondamentaux des populations autochtones.  S’agissant des questions de castes, il convient de rappeler que la Commission des droits de l'homme de l’Inde a elle-même considéré cette Conférence comme constituant une occasion remarquable et a préconisé d’y aborder avec maturité la question des castes.  Il faut absolument que chacun appuie aux fins d’adoption le paragraphe 73 du projet de déclaration qui traite de la discrimination fondée sur le travail et l’ascendance.


La représentante de l’African Canadian Coalition Against Racism (ACCAR-Canada) a rappelé que les Africains et les descendants d’Africains du Canada partagent en commun l’histoire de l’esclavage et de la traite.  Elle a ajouté que l’exploitation des peuples africains a alimenté le capitalisme depuis le colonialisme jusqu’à la mondialisation.  Elle a regretté que les Etats refusent de reconnaître leur participation dans la traite des esclaves comme le fait le Canada.  Elle a précisé que les mécanismes des droits de l’homme du Canada ont été complices du maintien de la condition d’opprimés des peuples africains.  Elle a déclaré que le Canada ne s’est pas acquitté de ses obligations en matière de droits de l’homme par la reconnaissance de l’esclavage.  Elle a regretté la complicité entre le Canada et l’Union européenne pour ne pas reconnaître la nature de crime contre l’humanité de la traite et de l’esclavage qui ouvrirait droit à des réparations. 


La représentante de Women’s Health in Women’s Hands a indiqué que son ONG, basée au Canada, entend promouvoir la prise en main par les femmes de leur propre santé en mettant particulièrement l’accent sur la communauté des femmes noires.  Toutes les formes de discrimination et d’oppression ont des incidences néfastes indéniables sur la santé des femmes, a-t-elle fait observer avant d’ajouter que l’accès à des soins médicaux de qualité sont hors de portée de nombreuses femmes noires.  Dans certaines régions du Canada, les taux de transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant sont extrêmement élevés au sein de la communauté des femmes noires.


La représentante de l’organisation Nucleo des Estodos Negros (Brésil) a estimé que les quatre siècles de traite et d’esclavage et les 24 millions de victimes de ces pratiques constituent une abomination de l’histoire.  Elle a estimé qu’on ne pouvait clore cette troisième Conférence sans qualifier ces pratiques de crimes contre l’humanité et qu’il fallait consentir des réparations.  Elle a ajouté que les pays qui ont pratiqué ces politiques sont les mêmes qui, aujourd’hui, après avoir bâti leurs richesses sur l’exploitation, refusent d’en reconnaître la nature raciste et criminelle.  Elle a dénoncé l’inégalité économique qui frappe les populations des pays en développement.  Les Noirs ont une espérance de vie inférieure aux Blancs, a-t-elle fait observer avant de dire que le marché de l’emploi est également discriminatoire.  Elle a demandé aux pays présents de condamner les idéologies racistes. 


La représentante de la Chinese People’s Association for Friendship with Foreign Countries et de la All-China Women’s Federation a rappelé que le néo-colonialisme et le colonialisme du passé se trouvent à l’origine de nombreux maux dont souffre aujourd’hui l’humanité qui est confrontée  notamment au racisme.  Les pays responsables de ces pratiques devraient accorder une assistance technique et financière aux pays en développement qui en ont été victimes.  La traite des femmes et des fillettes constitue une nouvelle forme d’esclavage, a souligné de surcroît la représentante.  Elle a déploré que le Gouvernement japonais n’ait toujours pas fait face au problème des femmes de réconfort.  À cet égard, il faudrait que le gouvernement japonais révise les manuels scolaires qui éludent et travestissent la réalité historique.  Il convient d’instaurer un nouvel ordre international plus équitable permettant de lutter efficacement contre les fléaux du racisme et de la discrimination raciale.  Aborder la question du Tibet dans une déclaration finale, comme l’ont par exemple fait les ONG, est une attitude qui ne contribue qu’à créer un climat hostile, ce qui va à l’encontre des objectifs de la Conférence.


Le représentant de l’UN Association of China a regretté que des modèles discriminatoires soient toujours en cours dans le monde entier, système illustré par l’arrogance des Etats-Unis.  Il a reproché au Gouvernement américain d’avoir quitté la Conférence avant de faire observer que le racisme est inhérent à la société américaine, les Chinois étant victimes du racisme aux Etats-Unis mais aussi en europe.  Il a estimé que les pays africains ont droit à des réparations car les séquelles de l’esclavage sont la cause des souffrances des populations d’Afrique aujourd’hui.  Il a demandé également que soit mis fin aux violences dont sont victimes les Palestiniens au Moyen-Orient.  Il a rappelé que les organisations non gouvernementales avaient fait un rêve de tolérance il y a dix jours mais regretté que le document final des organisations non gouvernementales n’aient pas été aussi consensuel avant de dénoncer la discrimination dont ont été victimes les organisations chinoises au cours de la Conférence.


La représentante de International Possibilities Unlimited a rappelé que le racisme écologique constitue indéniablement une violation des droits de l'homme.  En Équateur, par exemple, les taux de cancer, les interruptions spontanées de grossesse et les affections respiratoires ont augmenté de façon vertigineuse au sein des populations autochtones.  Des situations similaires existent en maints endroits de la planète.  Il faut absolument que les gouvernements et les sociétés transnationales soient tenus pour responsables de la pollution environnementale qu’ils tolèrent ou provoquent.  Les victimes de cette pollution doivent pouvoir disposer de voies de recours efficaces.  Il convient de rappeler que la Déclaration de Rio énonçait le principe de «pollueur/payeur».


La représentante du Centro de Estudios e Defenso do Negro do Para Amador a expliqué que son organisation représente la population noire de l’Etat de l’Amazone au Brésil et que la population de cet Etat représente 44% au moins de la population totale.  Les droits de cette population ne sont pas pleinement reconnus.  Elle a déclaré que sa population représente 44% au moins de la population totale mais qu’elle n’est pas démocratiquement reconnue.  Elle a ajouté que la pseudo-démocratie ne reconnaît pas vraiment l’égalité de tous et pour tous.  Elle a ajouté que les Noirs du Brésil, dans l’Etat d’Amazone, sont laissés de côté dans la gestion des affaires publiques.  Elle a dénoncé le racisme qui existe et se manifeste de plus en plus fortement dans la société brésilienne.  Elle a


souhaité que des décisions soient adoptées pour mettre fin à ces injustices, condamnant notamment le système de quotas et demandant l’abolition du racisme structurel développé par les autorités publiques.  Elle a exigé des réparations et des actions positives.


Le représentant de l’Union of Palestinian NGO in Israel a dit être citoyen d’un État, Israël, qui continue de refuser d’accorder aux Arabes d’origine palestinienne la reconnaissance de leurs droits complets.  Plus de 500 de nos villages ont été démolis et nos infrastructures nationales ont été détruites,

a-t-il dénoncé.  En dépit de notre citoyenneté officielle, nos libertés civiles, liberté de parole et d’association incluses, sont violées, a-t-il stigmatisé.  Il a dénoncé la discrimination systématique et généralisée exercée contre les citoyens palestiniens d’Israël.  Plus de la moitié des chômeurs en Israël sont des Palestiniens, a-t-il notamment souligné.  Israël devrait accepter d’appliquer le droit au retour de tous les réfugiés et de toutes les personnes déplacées.  Israël devrait également se retirer de tous les territoires palestiniens occupés.


Le représentant de l’Universal Day of Hope Trust a précisé que son organisation a été fondée en 1990.  Il a ajouté que son organisation avait envoyé en 1991 un projet de résolution contre le racisme et la discrimination à plus de 160 Etats.  Ce projet de résolution rappelait les souffrances infligées par l’esclavage, la traite et le colonialisme qui sont des formes de suprématie et de racisme sans équivalent dans l’histoire.  Il a souhaité que cette Conférence soit réellement l’occasion de panser les plaies du passé et demandé des réparations pour les victimes de l’esclavage. 


La représentante de l’Union des Noirs pour l’égalité a affirmé que le climat de tension perceptible durant la Conférence de Durban atteste de la mauvaise conscience des pays responsables du colonialisme et de l’esclavage.  Les Noirs, qui représentent 45% de la population brésilienne, sont particulièrement victimes de racisme dans ce pays.  Ce racisme se dissimule depuis plusieurs années derrière une pseudo-propagande selon laquelle le Brésil serait le berceau de la démocratie raciale en Amérique, ce qui est loin d’être le cas.  Un système international de compensation doit être mis en place au titre des réparations pour la traite des esclaves.


Le représentant du Pan-African Movement a expliqué qu’il venait de la Barbade et que ceux qui ne comprennent pas l’importance de la lutte contre le racisme et pour la tolérance n’ont rien à faire dans cette Conférence.  Il a exigé que le siège des Nations Unies fasse l’objet d’une rotation tous les 25 ans afin de sanctionner le pays hôte qui prend cette institution pour son ministère des affaires étrangères.  Il a proposé un forum qui associe les jeunes et les organisations non gouvernementales au processus de décision des Nations Unies.  Il a ajouté que les Nations Unies sont basées à New York, une ville où le «stock market» ne se soucie pas vraiment des conditions de vie des damnés de la terre.  Il a souhaité une action universelle globale qui bâtisse l’unité dans la diversité.  Il a regretté que le Haut Commissariat aux réfugiés n’ait prévu, en 1999, que 10 centimes par jour et par réfugiés, ce qui peut être qualifié de discrimination et de racisme. 


Le représentant de Youth Against Racism a rappelé que les jeunes sont passionnés et idéalistes.  Les jeunes voient les problèmes tels qu’ils sont ainsi que les changements qui s’imposent, a-t-il souligné.  Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que nos frères et nos sœurs sont exploités, a-t-il assuré en dénonçant après avoir dénoncé les effets pervers de la mondialisation.  Chaque fois que cela est nécessaire, nous remplirons les rues, nous ferons face aux gaz lacrymogènes, aux balles en plastique et aux coups des policiers anti-émeutes, a poursuivi le représentant.  Nous ferons face à tous cela au nom d’un monde meilleur, a-t-il conclu, en soulignant qu’il serait bien entendu préférable d’instaurer un tel monde en évitant toute violence.


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