POUR DES DELEGATIONS, L'ASSEMBLEE GENERALE SUR LES ENFANTS DEVRA ACCORDER LA PRIORITE AU SIDA, A LA PAUVRETE ET AUX ENFANTS PRIS DANS LES CONFLITS ARMES
Communiqué de presse DH/288 |
Comité préparatoire de la session
extraordinaire de l'Assemblée générale
consacrée aux enfants
Deuxième session de fond
6e séance - après-midi
POUR DES DELEGATIONS, L'ASSEMBLEE GENERALE SUR LES ENFANTS DEVRA ACCORDER LA PRIORITE AU SIDA, A LA PAUVRETE ET AUX ENFANTS PRIS DANS LES CONFLITS ARMES
Poursuivant le débat commencé ce matin, les participants du Comité préparatoire de la session extraordinaire consacrée aux enfants, qui aura lieu en septembre 2001, ont examiné le projet de texte préparé par le Bureau et intitulé «Un monde fait pour l'enfant". Les orateurs ont, pour la plupart, rendu hommage au travail important qui a été accompli par le Bureau du Comité pour élaborer ce document qui, une fois terminé, sera transmis à la session extraordinaire pour adoption. Chacun a souligné les points qu'il considère comme prioritaires. De nombreux intervenants ont relevé l'importance des questions touchant à la santé, notamment la propagation du VIH/sida, à l'éducation, ainsi que celles concernant les violences diverses faites aux enfants, la discrimination et celles des enfants touchés par les conflits et la pauvreté, source de nombreux maux.
Le représentant de la Fédération de Russie s'est dit satisfait que l'on tienne compte des intérêts des pays en transition qui ont des besoins spécifiques. Pour le représentant de la Colombie, qui parlait au nom du Groupe de Rio, et de l'Egypte, la démarche à l'égard de la protection des enfants doit être fondée sur les termes de la Convention relative aux droits de l'enfant. A ce sujet, la représentante du Guatemala a souhaité qu'on renforce les ressources du Comité des droits de l'enfant pour permettre la pleine mise en œuvre de la Convention.
Des délégations ont demandé que des précisions soient ajoutées au texte proposé, pour n'oublier aucun des problèmes qui affectent les conditions de vie des enfants. La représentante de l'Inde a souhaité que soient détaillés des objectifs précis, comme l'élimination des carences en iode et de l'anémie. Pour la délégation de la Thaïlande, la santé mentale devrait recevoir plus d'attention, du fait des nombreux enfants qui subissent actuellement les conséquences de divers traumatismes. La délégation thaïlandaise a aussi regretté que les enfants négligés ou abandonnés n'aient pas fait l'objet d'une plus grande attention.
M. Olara Otunnu, Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a proposé au Comité que la session extraordinaire soit l'occasion de lancer une vaste campagne d'information et de sensibilisation de l'opinion internationale quant aux effets dévastateurs des conflits sur les enfants vivant dans des zones de guerre. Il a regretté que la communauté internationale n'ait pas été capable de mieux répondre aux besoins d'assistance de ces enfants et a souhaité que plus de ressources soient consacrées à la résolution des problèmes qu'ils rencontrent.
Prenant la parole au nom de l'Union européenne et des pays associés, le représentant de la Suède a mis l'accent sur les points jugés essentiels par ces derniers. A ce propos, il a estimé que les fonctions de la famille n'avaient pas été évaluées à leur juste valeur. Il a donc proposé que le document parle beaucoup plus du rôle du père et de la nécessité de soutenir les familles. Abondant dans le même sens, l'observateur du Saint-Siège a réaffirmé la place incontournable de la famille et a rappelé la notion du droit à la vie. Le Saint-Siège pense aussi que le document final doit inclure des déclarations fermes sur les questions du développement durable, de la réduction de la dette et de l'éradication de la pauvreté.
Les délégations des pays suivants ont également pris la parole: Guatemala, Iran, Soudan, Venezuela, Islande, Equateur, Norvège, République de Corée, Turquie, Chine, Israël et Bolivie. Les représentants du Bureau du Haut Commissariat aux droits de l'homme et de l'Organisation mondiale de la santé se sont aussi exprimés. Le Comité a ensuite entendu les représentants des ONG ECPAT international, Plan international et Fondation Arigatou.
Le Comité reprendra ses travaux demain, jeudi 1er février, à 10 heures.
Débat
MME CRISTIAN MUNDUATE, Ministre auprès du Secrétariat à la Présidence sur le bien-être social du Guatemala, a réaffirmé les engagements signés par les pays ibéro-américains à Panama et ceux pris à Kingston (Jamaïque) lors de la cinquième Réunion ministérielle sur les enfants et la politique sociale. Dans l'intérêt supérieur de l'enfant, les autorités gouvernementales et les ONG du Guatemala ont abouti à des propositions sur le projet de texte final, adopté par consensus. Les grands progrès ont été réalisés grâce aux engagements pris lors du Sommet de 1990, a-t-elle remarqué. S'agissant des droits de protection de l'enfance, Mme Munduate a précisé que son Gouvernement met en œuvre des programmes qui reconnaissent les enfants et adolescents en tant que sujets de droit. Par ailleurs, elle a souhaité qu'on renforce les ressources du Comité des droits de l'enfant pour permettre la pleine mise en œuvre de la Convention. Elle a aussi abordé les problèmes liés aux conflits armés et au phénomène des enfants de la rue, souhaitant dans les deux cas qu'on encourage la réinsertion des enfants dans leurs familles. Enfin, elle a estimé que la participation du secteur privé et des ONG permettra de renforcer les résultats et facilitera la réalisation des objectifs par rapport aux objectifs.
M. ANDRES FRANCO, Colombie, a déclaré, au nom du Groupe de Rio, que les pays de ce groupe feraient au Bureau des propositions écrites visant à améliorer le contenu du document qui sera soumis pour adoption à la session extraordinaire consacrée aux enfants. Les pays du Groupe de Rio rappellent que le document doit se fonder sur de solides bases juridiques qui doivent être celles de la Convention sur les droits de l'enfant. Il faudrait d'autre part que le document reprenne les conclusions de la future Conférence internationale contre le racisme et la discrimination. Des propositions spécifiques devraient aussi viser à résoudre les problèmes auxquels font face les enfants victimes de violences dans les conflits et ceux victimes d'exploitation. Le document doit comporter des propositions concrètes en vue de trouver des solutions pratiques aux difficultés de l'enfance.
M. THOMAS HAMMARBERG, Représentant personnel du Premier Ministre de la Suède, au nom de l'Union européenne et des pays associés, a remercié le Bureau et de son secrétariat du travail accompli pour nourrir ce débat, dans l'élaboration du projet de texte final. Il s'est dit heureux et qu'on ait mis l'accent sur les points essentiels. Cependant, a-t-il souhaité, le document devra donner des priorités sans chercher à tout englober. Nous devrions tendre vers un texte qui servirait réellement d'outil. Il a souligné ensuite l'importance du rôle du père dans la famille et a noté que les enfants souffrent de la pauvreté, de façon directe et indirecte. A ce sujet, le qui doit faire figurer celle-ci dans l'ordre du jour international. Le document final devra donc être lié aux conclusions des conférences mondiales. Les enfants doivent être respectés et leur participation doit être renforcée, les adultes devant aussi être informés sur les droits de l'enfant selon lui, a ajouté le représentant.
La pandémie VIH/sida et l'eau insalubre, entre autres, sont encore autant de maux à combattre, a-t-il poursuivi. A son avis, des mesures de mise en œuvre réelles et durables devraient être expliquées dans le texte, comme un partage international du fardeau des responsabilités. Il a précisé que le système de suivi doit aussi être efficace. De plus, il a estimé qu'il faut aussi savoir à qui s'adresseront les recommandations du texte final, ce qui mérite d'être précisé. Il a réaffirmé qu'il ne faut pas multiplier les objectifs si l'on veut que le document soit un outil efficace. Soulignant la nécessité d'éliminer les situations dans lesquelles les enfants effectuent du travail dangereux, il a rappelé les dispositions des Conventions de l'OIT applicables aux enfants.
M. HADI NEJAD HOSSEINIAN, République islamique d'Iran, a déclaré que les Etats Membres devraient avoir la possibilité de traduire en actions les recommandations qui seront adoptées par la session extraordinaire sur les enfants. Le document de la session doit veiller à dégager des lignes opérationnelles. L'Iran pense que le texte provisoire peut servir de base à des discussions menant à un document final consensuel. Dans le texte actuel nous relevons qu'il y a des manquements en ce qui concerne le besoin de développer des indicateurs fiables de mise en œuvre des droits des enfants, de créer un environnement international stable, d'éliminer les mesures unilatérales de coercition qui sont des menaces au bien-être des peuples et des enfants. La mondialisation, si elle peut être un facteur de progrès, est surtout en ce moment une source de conséquences négatives pour la vie des enfants de la majorité des Etats. La discrimination raciale, les inégalités, les vues xénophobes et discriminatoires qui existent de façon camouflée dans les politiques officielles de nombreux pays du monde, sont des menaces permanentes pour les enfants. L'Iran soutient que les abus contre les enfants et les violences dont ils sont l'objet de la part de forces étrangères, comme c'est le cas en Palestine, doivent être dénoncées. Le document de la session extraordinaire doit exprimer ces soucis.
MME MOUSHIRA KHATTAB, Secrétaire générale du Conseil national pour l'enfance et la maternité de l'Egypte, a rappelé que le Sommet mondial pour les enfants a contribué à réaliser des progrès au cours de la dernière décennie, comme cela figure dans les rapports de l'UNICEF. Le moment est venu de tirer des enseignements, a-t-elle poursuivi. En établissant les raisons pour lesquelles on n'a pas pu honorer certaines promesses, on pourra mieux définir les actions à mener à l'avenir. Elle a demandé qu'une plus grande attention soit accordée aux enfants marginalisés, à ceux qui participent aux conflits armés et aux fillettes. Avec la mondialisation, la pauvreté augmentera et les enfants s'en ressentiront, a-t-elle averti. Il faut aussi garder à l'esprit que la démarche à l'égard de la protection des enfants doit être fondée sur les droits de ceux-ci. Enfin, elle a considéré que la famille devait être renforcée.
M. MUBARAK H. RAHMTALLA, Soudan, a déclaré que son pays est déçu que les objectifs de la plupart des grandes conférences des années 90 n'aient pas pu être atteints. Il faudrait que la communauté internationale s'attèle à trouver les raisons de ces échecs, notamment en ce qui concerne le bien-être des enfants. La mondialisation, qui s'accompagne de mécanismes inéquitables, participe à l'appauvrissement des pays en développement. Il est nécessaire de poursuivre la réflexion sur la réforme du cadre financier international et de trouver rapidement des solutions à la situation des pays du Sud et notamment d'Afrique, de plus en
plus frappés par les maladies et la pauvreté. Concernant le document de la session extraordinaire, le Soudan estime qu'il doit être réaliste et pragmatique, et qu'il doit dénoncer les mesures oppressives qui imposent des restrictions au développement socioéconomique de nombreux pays du monde. Il est important aussi d'éviter d'y inclure des sujets de controverse qui sont loin de faire l'unanimité sur la scène internationale. Il y va de l'intérêt de tous les enfants du monde.
M. NIKOLAI TCHOULKOV, Fédération de Russie, a rappelé les différents objectifs à long terme visés par le projet de document. Il s'est dit satisfait que l'on y tienne compte des intérêts des pays en transition qui ont des besoins spécifiques. Dans l'ensemble cependant, à son avis, la première version demande à être retravaillée pour être mieux structurée. Il a estimé par exemple que les fonctions de la famille n'ont pas été évaluées à leur juste valeur. Ainsi, le document devrait notamment parler de la nécessité de soutenir les familles. Selon lui, il faut aussi préciser qu'il est nécessaire de lutter contre la toxicomanie des enfants. Il a espéré que la conférence régionale de Berlin apportera une contribution utile aux préparatifs de la session extraordinaire et que celle-ci aboutira à des recommandations pragmatiques. La stratégie actuellement prévue au document doit faire l'objet d'un examen attentif et, de l'avis du représentant, il faut préciser des méthodes véritablement ciblées sur l'enfance. En conclusion, il a appuyé l'avis unanime selon lequel le document doit être précis et orienté vers des objectifs concrets.
M. LENIN ROMERO, Vice-Président du Conseil national des droits de l'enfant et de l'adolescent du Venezuela, a associé sa délégation à la déclaration du Groupe de Rio faite par la Colombie. Il faut réaffirmer la responsabilité des Etats envers la mise en œuvre et la protection des droits de l'enfant, en vue d'établir une démocratie sociale qui garantisse la participation des populations et des familles à l'action sociale en faveur de l'enfance. Les droits de l'homme doivent être perçus sous l'angle du développement humain. Nous proposons que les paragraphes sur la pauvreté contenus dans le document mettent l'accent sur l'élimination des inégalités économiques. Le Venezuela estime que les droits de l'homme sont indivisibles et que les droits politiques, économiques et sociaux devraient aller de pair. Nous demandons donc que le document soit revu en ce sens.
MME GRETA GUNNARSDOTTIR, Islande, s'est associée à la déclaration faite par la délégation de la Suède au nom de l'Union européenne. Elle a fait observer qu'il est temps, dès lors que la Convention relative aux droits de l'enfant connaît une ratification quasi-universelle, de se concentrer sur la mise en œuvre de celle-ci. Elle a estimé qu'il conviendra que les conclusions de la session extraordinaire prennent en compte aussi bien l'égalité entre les sexes que la promotion des jeunes filles et reflètent la pertinence des droits reproductifs et du planning familial dans la lutte contre la pauvreté et l'épidémie de VIH/sida. Les actions à prendre devront également avoir pour objectif d'éliminer toutes les formes de violence à l'encontre des enfants - notamment les violences domestiques et sexuelles, même dans les cas où les enfants ne sont pas les cibles premières ou encore la brutalité, qui n'est pas seulement parentale mais a aussi lieu au sein des écoles et des institutions officielles. A cet égard, la délégation islandaise a suggéré que dans les conclusions de la session extraordinaire en faveur des
enfants mention soit faite des châtiments corporels comme d'une forme particulière de violence à l'égard des enfants. Elle a également suggéré d'y renforcer les dispositions relatives à l'alcool et à l'usage de stupéfiants afin de refléter le fait que les enfants consomment rarement des stupéfiants sans avoir précédemment consommé de l'alcool, de même que l'importance de l'action préventive à la consommation de drogues et d'alcool des adolescents et de l'accès aux traitements et à la réhabilitation.
MME VELASCO, Equateur, a associé sa délégation à la déclaration de la Colombie faite au nom du Groupe de Rio. Il est indispensable de clairement établir le lien entre les politiques économiques et les politiques sociales, a dit la représentante. La question de la dette doit être résolue si l'on veut donner une chance à la mise en œuvre des recommandations qui seront adoptées par la session sur les enfants. La violence contre les enfants et les adolescents est devenue un sujet d'immense préoccupation dans la plupart des pays du monde. Le développement de pandémies nouvelles comme celle du VIH/sida et l'exploitation croissante des enfants dans un monde en pleine mondialisation économique rendent difficiles les efforts individuels des nations dont les moyens sont réduits. Les discriminations et la xénophobie dans un monde où l'économie est mondialisée sans que les migrations humaines soient autorisées sont une cause d'instabilité croissante qui met en péril le bien-être de l'enfance. L'Equateur est confiant que le respect de l'esprit et des termes de la Convention relative aux droits de l'enfant dans le document de la session peut donner à la communauté internationale les moyens de la promotion efficace du bien-être des enfants.
MME METTE RAVN, Norvège, a estimé que les conclusions de la session extraordinaire en faveur des enfants devront mobiliser la communauté internationale et servir d'instrument efficace pour améliorer la vie des enfants par le biais notamment de la promotion de la Convention relative aux droits de l'enfant et la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Il est particulièrement important d'examiner les domaines où les objectifs fixés en 1990 n'ont pas été atteints, ainsi que les nouveaux défis que constituent la pauvreté et les disparités croissantes, la prolifération des conflits et l'épidémie de VIH/sida. La communauté internationale doit prendre la responsabilité collective de définir des domaines clés prioritaires et des objectifs concrets limités afin d'assurer leur réalisation effective. Concernant les stratégies à élaborer, l'accent doit être mis sur le développement de plans d'action nationaux et sur leur mise en œuvre. La représentante de la Norvège a par ailleurs estimé que le document final doit refléter le défi de la réalisation des droits des enfants dans le contexte de la pauvreté et des disparités, et, par conséquent, souligner la nécessité d'une distribution plus équitable des ressources aux plans mondial et national, de l'allègement de la dette des pays pauvres endettés, de l'augmentation des transferts financiers à destination des pays pauvres et de la mise en application de l'initiative 20/20.
Mme Ravn a, par ailleurs, affirmé que la réduction des taux de mortalité infantile et maternelle doit rester l'objectif principal, en particulier en Afrique subsaharienne et que cela passe notamment par la promotion de la vaccination des enfants, l'assainissement des eaux, une nutrition adéquate. Elle a également souligné l'importance de la prévention de la transmission du virus du sida de la mère à l'enfant et de sa dissémination parmi les adolescents. Concernant l'éducation accessible et gratuite, en particulier pour les filles, elle a suggéré que mention soit faite dans les conclusions de la responsabilité d'ensemble des gouvernements pris à titre individuel d'en assurer la réalisation. Il est important de souligner qu'une éducation de qualité est l'instrument le plus efficace pour lutter contre le travail des enfants, a-t-elle ajouté. Une attention particulière doit, en outre, être accordée aux groupes d'enfants vulnérables - notamment ceux touchés par des handicaps physiques ou mentaux, des conflits armés ou encore l'exploitation sexuelle ou à des fins économiques - de même qu'à la lutte contre la discrimination à l'égard des filles. Il est également important d'assurer la participation des enfants, en particulier des filles et des groupes minoritaires, aux processus de prise de décisions. Par ailleurs, la délégation de la Norvège estime que plutôt que de créer de nouveaux mécanismes de contrôle de l'avancement des plans d'actions et de la réalisation des objectifs, il serait bon de s'appuyer sur les mécanismes existants au sein du système des Nations Unies, tel que le Comité des droits de l'enfant, ainsi que sur les mécanismes nationaux de contrôle. Enfin, la Norvège accorde une importance significative à la participation des ONG et de la jeunesse au processus préparatoire à la session extraordinaire de même qu'aux contributions des différentes institutions du système des Nations Unies, y compris celles de Bretton Woods.
M. KIM YOUNG-MOK, République de Corée, a jugé préférable de donner une structure plus simple au document final se concentrant sur la révision et l'évaluation de la mise en œuvre de la Déclaration et du Plan d'action mondiaux de 1990; les nouveaux défis et possibilités; les actions et stratégies futures; et les mesures de contrôle. Ensuite, nous devons nous fixer des objectifs réalistes pour la prochaine décennie, par région et par domaine. Le représentant a ensuite rappelé que les fillettes restent un groupe marginalisé et soumis à toutes sortes de pressions dans de nombreuses régions du monde. La délégation de la République de Corée espère que le document final sera sensible aux questions de parité et d'intégration des femmes. Le représentant a souhaité que la session extraordinaire soit l'occasion, pour tous les participants, de redoubler d'efforts pour éliminer toutes les formes de discrimination à l'égard des filles au sein de la famille, de l'école et de la société. Le représentant s'est félicité de l'accent placé sur l'élimination de toutes les formes de violence à l'égard des enfants. Il a noté la récente explosion de violence contre les enfants et entre enfants. Il a donc suggéré que le document final contienne des actions et des stratégies visant à prévenir efficacement ces phénomènes.
M. OLARA OTUNNU, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés, a déclaré que la session extraordinaire consacrée aux enfants était une occasion unique pour agir en faveur des enfants. Après ceux victimes du VIH/sida, les enfants en situation de conflits sont ceux pour lesquels la communauté internationale doit déployer le plus d'efforts. Le moment est venu, après le travail de terrain accompli par
Mme Graça Machel et d'autres personnalités et volontaires, de lancer des actions efficaces pour venir en aide aux enfants vivant dans des zones de conflits. Ces actions peuvent faire la différence. C'est dans cet esprit que nous proposons un programme d'action au nom des enfants touchés par les guerres. Nous devons mettre en place un système de suivi et de surveillance des parties en conflit pour observer de quelle manière elles traitent les enfants. Ces mesures pourraient aider par exemple à réduire le nombre d'enfants-soldats sur le terrain.
Il est dommage que la communauté internationale se distingue en ce moment plus par ses discours que par des actions concrètes, a dit M. Olara Otunnu. Les ressources sont rares, et les capacités locales dont on a tant besoin font défaut, la communauté internationale ne répondant pas de manière adéquate aux besoins criants qui existent en termes de ressources et de formation. Il est indispensable que nous nous lancions dans une campagne d'information et de sensibilisation en faveur des enfants touchés par des conflits, et la session extraordinaire pourrait nous offrir le cadre idéal au lancement de cette initiative.
M. UMIT PAMIR, Turquie, a rappelé le sort d'un enfant mutilé par la guerre en Afrique et d'une autre victime d'un assassinat raciste en Europe du Nord, rapportés par le «New York Times» dans deux articles du 29 janvier 2001. Ces exemples tragiques démontrent qu'aucun pays au monde n'est "exempté" des terribles défis qui se posent encore aux droits des enfants. En ce qui concerne le projet de document final, le représentant a suggéré qu'il souligne l'importance de l'alimentation, notamment de la sécurité alimentaire et de la qualité de l'alimentation. Le représentant a également mis l'accent sur le rôle des familles d'accueil, des familles d'adoption ainsi que des institutions juvéniles. Il a été d'avis que les mesures concernant les enfants handicapés devraient viser leur intégration parmi les autres enfants. Bien que le projet de document final souligne l'importance de faire diminuer la mortalité des moins de cinq ans, nous estimons qu'une référence aux taux de mortalité périnatale et néonatale s'impose, car ces taux restent élevés dans les pays en développement.
Les enfants de tous les pays, mais plus particulièrement des pays en développement, sont particulièrement exposés aux dangers environnementaux tels que la pollution aquatique et atmosphérique, l'empoisonnement au plomb et l'utilisation d'additifs alimentaires dangereux, a poursuivi le représentant. Il sera nécessaire d'élaborer des programmes et de fixer des objectifs régionaux si nous voulons protéger nos enfants de la pollution de l'environnement. Le sort des enfants des rues est aussi une question préoccupante et appelle des mesures de prévention de la part des gouvernements, en plus des mesures de réhabilitation. Pour parvenir à créer un monde fait pour les enfants, il est nécessaire d'établir des partenariats, non seulement entre les organisations gouvernementales et non gouvernementales mais aussi avec le secteur privé. Les partenariats avec le secteur privé, en particulier, méritent un examen approfondi. Il faudrait développer des principes éthiques qui guideraient les partenariats entre le secteur privé et les gouvernements. Le représentant a également noté que, bien que l'initiative 20/20 reste valide, la tendance est au déclin depuis les années 80 en matière d'assistance au développement. Il a souligné qu'il faut inverser cette tendance, faute de quoi elle frappera les enfants du monde en développement.
MME SAISUREE CHUTIKUL, Thaïlande, après avoir félicité le Bureau du Comité pour son excellent travail, a apporté divers commentaires tels que l'avis selon lequel la santé mentale devrait recevoir plus d'attention, du fait des nombreux enfants qui souffrent actuellement des conséquences de traumatismes dûs à la crise économique, des problèmes familiaux, la guerre, les catastrophes, la violence et toute forme d'exploitation. Elle a estimé que des conseils aux parents et aux enfants devraient être proposés dans ce domaine, ainsi que dans celui de la prévention du VIH/sida. La représente a ensuite souligné l'importance de
poursuivre en justice les criminels qui exploitent les enfants, non seulement dans le domaine du crime organisé, mais aussi pour tous les crimes dont les enfants sont victimes. En ce qui concerne les problèmes liés à la drogue, selon elle, l'accent devrait être mis sur la prévention. Elle a ensuite qu'il n'y ait qu'une simple mention sur les enfants négligés ou abandonnés et a donc suggéré que cette lacune soit rectifiée.
En Thaïlande, a expliqué Mme Chutikul, la nouvelle Constitution de 1997 et le nouvel Acte sur l'éducation nationale de 1999 contiennent les droits des enfants et disposent que ceux-ci doivent être au centre du processus d'enseignement. Elle a ensuite passé en revue les différentes dispositions qui ont pour but de protéger les enfants. Elle a notamment cité le Plan national pour l'éradication de l'exploitation sexuelle commerciale des enfants, qui est appliqué tant par le gouvernement que par les ONG. Enfin, la représentante a rappelé la nécessité de voir les enfants impliqués dans la définition du cadre de leur protection et de définir des stratégies d'action.
M. WANG XINGGEN, Chine, a dit que la plupart des pays du monde avaient fait des efforts notables au cours des décennies écoulées pour améliorer la vie de leurs populations et enfants. Mais de récentes évolutions dans le contexte international ont causé un recul regrettable à la qualité de vie des enfants. Pour assurer un développement durable, il convient de traiter des questions fondamentales qui se posent. La pauvreté croissante est un frein au développement des services sociaux dont les pays ont besoin pour promouvoir le bien-être des enfants. Le développement économique équitable des nations peut seul permettre des progrès dans les différents pays. Des actions au coup par coup initiées à chacune des crises qui se répètent sur la scène internationale ne résoudront rien. Le rôle des gouvernements et des familles doit clairement être reconnu. La Chine estime que le document qui a été proposé ne parle pas assez de la situation et des préoccupations des pays en développement. Nous pensons que des mécanismes spécifiques de soutien aux pays en développement pour les aider à mettre en œuvre les mesures qui s'imposent pour améliorer le sort des enfants doivent y être énoncés.
MME VEENA RAO, Secrétaire adjointe du Département pour le développement des femmes et des enfants de l'Inde, a félicité le Bureau du Comité et son Secrétariat de fond pour l'élaboration du document examiné aujourd'hui, rappelant en même temps le chemin qu'il reste à parcourir pour l'amélioration du sort des enfants dans le monde. Elle a déclaré apprécier la promesse de rompre le cercle vicieux de la pauvreté en une seule génération, en commençant par les enfants. Elle a insisté sur les efforts à faire dans le domaine de la santé, notamment pour juguler le problème de l'anémie. La destination finale du document sera les capitales, a-t-elle remarqué, mais il devrait aussi arriver jusqu'à la base où se déroule l'action. Par ailleurs, selon elle, la continuité des objectifs par rapport à la dernière décennie doit subsister. Elle voudrait voir détailler des objectifs précis, comme l'élimination de la carence en iode. Concernant les enfants vivant dans des circonstances exceptionnelles, elle a notamment relevé que les statistiques sont accablantes pour les enfants victimes des conflits. A son avis, il faut donc interdire complètement la violence contre les enfants plutôt que d'en prévoir seulement la réduction de moitié. Quant au phénomène des enfants des rues, il doit être traité avec plus de sérieux, et nous devons accorder une priorité à la réinsertion et nous attaquer aux racines du problème. Mme Rao a conclu en proposant un contrat social pour atteindre les objectifs fixés pour les enfants.
M. YEHUDA LANCRY, Israël, a déclaré que la manière dont une société traite ses enfants est le miroir de ses propres valeurs. Nous appuyons les efforts de la communauté internationale visant à mettre en place des normes universelles sur l'enfance. Après son adhésion à la Convention sur les droits de l'enfant, le Parlement israélien a adopté une loi fondamentale sur la dignité humaine et la liberté. Face aux abus et aux anachronismes liés à des pratiques traditionnelles dont les enfants continuent d'être victimes dans trop de sociétés du monde, dont celle d'Israël, et qui se manifestent par les violences physiques qu'ils subissent, nous espérons que la session extraordinaire proposera des solutions visant la promotion de la dignité des enfants et des adolescents. L'Etat d'Israël participera pleinement à la session extraordinaire consacrée aux enfants, a dit le représentant qui a lancé un appel à toutes les ONG pour qu'elles luttent davantage pour la promotion des droits de l'enfance.
MME JARMILA MORAVEK, Vice-Ministre chargée des questions de sexospécificité, des enfants, de la jeunesse et des affaires familiales de la Bolivie, a évoqué les problèmes essentiels que connaissent les enfants de son pays, puis a précisé les actions qui y sont menées. Un processus de consultation nationale avec la société civile est mis en place en Bolivie et permet de cerner des idées et des actions pour lutter contre la pauvreté, a-t-elle expliqué. Un programme alimentaire a été créé pour les jeunes des zones rurales et périurbaines auxquels des soins médicaux gratuits et de qualité sont donnés. Quant à l'éducation, elle a précisé qu'elle est évaluée par un programme spécial. La représentante a indiqué que la Bolivie a fermement l'intention d'honorer la Convention relative aux droits de l'enfant, comme le témoigne, par exemple, le code des adolescents, garçons et filles qu'elle a promulgué. S'agissant du document examiné par le Comité, elle a estimé que les gouvernements et les ONG doivent affirmer leur détermination à mettre tout en œuvre pour améliorer les conditions de vie des enfants et s'est associée aux mesures à mettre en œuvre.
Mgr RENATO MARTINO, Saint-Siège, a dit que le Saint-Siège comptait prendre part à toutes les discussions de fond qui mèneront à la session extraordinaire de l'Assemblée consacrée aux enfants. Le Saint-Siège tient à réaffirmer la notion du droit à la vie et la place incontournable du rôle de la famille. La famille a la responsabilité première de l'éducation et de la protection des enfants de l'enfance à l'adolescence, comme le mentionne la Convention sur les droits de l'enfant, a rappelé Mgr Martino. L'enfant devrait donc recevoir toute la protection dont il a besoin de façon à pouvoir assumer ses futures responsabilités au sein de la communauté. Le Saint-Siège pense que le document final doit inclure des déclarations fermes sur les questions du développement durable, de la réduction de la dette et de l'éradication de la pauvreté. Ces questions, qui affectent la qualité de l'existence de plus d'un milliard d'enfants à travers le monde, et notamment leur santé, leur nutrition, leur logement, et la paix, la sécurité, l'éducation et la stabilité sociale, doivent être résolues. Le Pape Jean-Paul II a déclaré, comme le font les Nations Unies, que les jeunes doivent devenir les artisans d'une nouvelle humanité où hommes et femmes, frères et sœurs, sont membres de la même famille et peuvent vivre dans la paix.
M. PAULO DAVID, Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, a déclaré qu'il est clair que l'engagement de la communauté internationale de placer l'enfant au premier plan doit être renouvelé et que l'adoption d'un nouvel ordre du jour pour les enfants favorisera le progrès vers la réalisation des droits humains de chaque enfant, fille ou garçon. Il faut veiller à ce que le projet de Document final ne donne pas l'impression de faire double emploi avec les processus concernant les enfants qui existent déjà. La cause des enfants se verra partout renforcée si la session extraordinaire et son aboutissement s'appuient sur des liens clairs avec les obligations légales internationales, sur des mécanismes de contrôle, sur une participation et une capacité accrues, et sur le devoir de prévenir et d'éviter la discrimination. La session extraordinaire doit mettre en lumière le défi auquel doit faire face la communauté internationale et qui est la reconnaissance du nouveau rôle accordé aux enfants. Ainsi, l'article 12 de la Convention donne aux enfants le droit d'exprimer librement leurs opinions et de les voir prises en compte. Le représentant a ajouté qu'accorder un rôle central au principe de non-discrimination contenu à l'article 2 de la Convention permettrait également d'éviter toute marginalisation des droits de certains enfants et d'attirer l'attention sur les nombreuses autres formes de discrimination fondées sur le sexe. Accorder une attention accrue aux problèmes de discrimination garantirait également que la session extraordinaire se concentre clairement sur le racisme, la discrimination raciale et l'intolérance qui y est associée qui frappent de nombreux enfants, en particulier dans les groupes minoritaires. Le document final devrait prévoir des objectifs clairs en matière de réduction des disparités, par exemple concernant les enfants des groupes autochtones.
Le représentant a également déclaré qu'une structure plus claire centrée sur les droits humains de l'enfant permettrait de s'assurer que deux sujets à peine mentionnés dans le projet de document recevront l'attention que la session extraordinaire doit absolument leur accorder. Le premier de ces sujets est l'éducation dans le domaine des droits de l'homme. Le second est celui de la justice pour les délinquants juvéniles, car les enfants soupçonnés ou accusés d'avoir enfreint la loi possèdent eux aussi des droits qui doivent être respectés et sont détaillés dans de nombreux instruments internationaux. Et pourtant aucun Etat ne trouve facile de se plier entièrement aux dispositions des articles 37 et 40 ainsi qu'aux dispositions y relatives de la Convention.
M. TROEDSSON, Organisation Mondiale de la santé (OMS), a proposé de hiérarchiser les actions en faveur de la santé des enfants en prenant en considération les critères d’équité, de justice, d’efficacité et de coût. Soulignant que la santé est une condition nécessaire du développement, il a déploré que certains pans des ambitions affichées en 1990 n’aient pas été réalisés; il a notamment fait observer avec regret que la mise en œuvre de certains programmes de santé est discriminatoire et qu’une petite fille sur deux vit dans un pays où l’inégalité entre les sexes se traduit par des taux de mortalité supérieurs pour les filles. Par ailleurs, il a affirmé que la mortalité infantile frappe essentiellement les enfants dans leurs premières semaines et qu’elle peut être évitée avec un minimum de soins et de prévention. M. Troedsson a mis en garde contre les effets de la pandémie de sida sur les enfants, déclarant qu'environ la moitié des personnes nouvellement infectées ont moins de 25 ans. La santé est une priorité à tous les âges, a-t-il ajouté: la petite enfance est une période cruciale où les enfants sont vulnérables physiquement et où un environnement déficient peut avoir des conséquences néfastes sur leur développement futur.
L’adolescence est quant à elle également une période charnière caractérisée par le risque de relations sexuelles non désirées et non protégées, d’infection par le VIH et autres maladies sexuellement transmissibles, de grossesses non désirées, d’avortements réalisés dans de mauvaises conditions et de consommation de drogues. Afin que les objectifs relatifs à la santé des enfants avancent,
M. Troedsson a proposé l’assistance de l’Organisation mondiale de la santé dans les domaines suivants: identification des priorités et des secteurs prioritaires, évaluation critiques des programmes mis en œuvre, formation et renforcement des institutions de la santé dans tous les pays, et constitution de partenariats avec les organisations internationales, les pays et les institutions concernées afin d’établir des objectifs de performance mesurables.
La représentante de l'ONG ECPAT International, a déclaré que son organisation luttait contre la prostitution des enfants et des adolescents qui profitent à des proxénètes internationaux dont la clientèle se recrute de plus en plus à travers l'Internet. Le tourisme sexuel a pris ces dernières années une ampleur jamais vue, et les nouvelles technologies de la communication, la facilité des voyages par avion et la pauvreté générée par les mécanismes de la mondialisation dans les pays en développement ont fait des populations et des enfants de ces pays des proies du commerce sexuel international. Les habitudes néfastes de certaines cultures et déviations de pays nantis trouvent désormais des facilités de satisfaction que l'on ne connaissait pas autrefois. Le document de la session doit clairement dénoncer ces problèmes.
Le représentant de Plan international, ONG qui agit dans 57 pays, a expliqué les progrès accomplis par rapport aux engagements pris lors de la première session de fond du Comité préparatoire, comme les consultations entreprises au niveau régional. Cela permet d'encourager le dialogue entre les gouvernements, les ONG et la société civile, a-t-il remarqué. S'agissant du projet de document, il a souhaité des engagements tels que donner à tous les enfants un nom et une nationalité dès la naissance. Il a conclu en appelant à des efforts collectifs pour que les engagements se concrétisent.
Le représentant de la Fondation Arigatou a dit que son organisation s'exprimait au nom de divers mouvements confessionnels. Nous tenons à dénoncer la montée de la pauvreté qui n'est pas seulement un phénomène matériel, mais a aussi des implications spirituelles. La pauvreté peut émousser la conscience des individus et porter atteinte à leur dignité spirituelle et mentale. Les dépravations matérielles enferment des populations entières et leurs enfants dans un cercle vicieux dont ils sont prisonniers. La trop grande pauvreté conduit les gens à se refermer sur eux-mêmes et à perdre le sens des valeurs communautaires. Les conséquences de cette pauvreté spirituelle touchent cependant même les riches. Il n'y a qu'à observer les taux de suicide et le silencieux désespoir existentiel qui existent au sein de sociétés pourtant matériellement opulentes, mais où les esprits, solitaires, sont privés de toute véritable richesse. Il faut redonner aux enfants la joie de vivre qui devrait être la leur.
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