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CS/2231

LE CONSEIL DE SECURITE ETUDIE L’EVOLUTION DE LA SITUATION EN AFRIQUE DE L’OUEST DEPUIS LA PUBLICATION DU RAPPORT DE LA MISSION INTERINSTITUTION

18/12/2001
Communiqué de presse
CS/2231


Conseil de sécurité

4439ème séance - matin


LE CONSEIL DE SECURITE ETUDIE L’EVOLUTION DE LA SITUATION EN AFRIQUE DE L’OUEST DEPUIS LA PUBLICATION DU RAPPORT DE LA MISSION INTERINSTITUTION


En Sierra Leone, les perspectives en matière de paix et de sécurité n’ont jamais été meilleures, a déclaré ce matin le représentant de ce pays, lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à l’examen de l’évolution de la situation en Afrique de l’Ouest, huit mois après la publication du rapport de la mission interinstitutions des Nations Unies qui s’était rendue dans onze pays de la sous-région du 6 au 27 mars 2001.  Le Président du Conseil de sécurité, M. Moctar Ouane (Mali), a rappelé que ce rapport proposait une série de solutions aux besoins et problèmes prioritaires de l’Afrique de l’Ouest et a estimé que le moment était venu de passer aux actes.


Le chef de file de la mission, M. Ibrahima Fall, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a présenté un bilan des progrès accomplis depuis la publication du rapport, le 2 mai dernier, et l’examen de ce rapport, le 14 mai, par le Conseil de sécurité*.  Au nombre des avancées, il a cité l’évolution du processus de paix en Sierra Leone mais aussi la tenue d’un Forum de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire, la décision du Gouvernement de Guinée de surseoir aux élections législatives en raison des tensions nées du référendum controversé du mois dernier et de la prolongation du mandat présidentiel, l’envoi d’une mission de la Banque mondiale et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en Guinée-Bissau, la tenue d’élections démocratiques au Ghana et en Gambie et l’amélioration de la situation humanitaire à la suite des progrès réalisés en Sierra Leone.  Il n’en a pas moins relevé les risques d’instabilité qui subsistent. 


Les représentants de la Guinée et de la Sierra Leone, membres de l'Union du fleuve Mano, ont pour leur part souscrit à l’approche globale et intégrée recommandée par la Mission interinstitutions, une approche qui accorde la priorité à la coopération entre les Nations Unies et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Dans ce contexte, l’ouverture prochaine du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest a été perçue comme un moyen de renforcer les capacités de l’Organisation en matière de surveillance, d’alerte rapide et de prévention des conflits dans la sous-région.  Ils ont appelé à la mise en place d’un plan d’urgence pour venir massivement en aide aux pays dévastés par la guerre et à ceux qui en ont subi les conséquences.  Nous ne pouvons parler de paix et de sécurité en Afrique de l’Ouest sans une réduction radicale du niveau de pauvreté, a déclaré à ce sujet le représentant de la Sierra Leone tandis que le représentant du Nigéria demandait aux institutions financières de mettre en œuvre des programmes d’allègement - voire même d’annulation - de la dette, une aide des pays développés en vue de rapatrier les avoirs détournés par des dirigeants africains corrompus.


(à suivre – 1a)

Cette expérience sur le terrain sera un test pour les Nations Unies dans la mise au point de moyens adéquats de prévention des conflits, a estimé le représentant du Maroc qui, à l’instar d’autres délégations, avait indiqué que le processus suivi pourrait constituer, en cas de succès, un modèle pour d’autres opérations.


Le Président a indiqué qu’une déclaration présidentielle reflétant les différentes questions abordées sera publiée ultérieurement.


Outre les délégations déjà citées, sont intervenus au cours du débat les représentants des pays suivants : Royaume-Uni, Chine, Norvège, Fédération de Russie, Bangladesh, Maurice, Jamaïque, Tunisie, Colombie, Irlande, Etats-Unis, France, Singapour, Ukraine, Egypte, et Belgique (au nom de l’Union européenne et des pays associés).


*CS/2140


LETTRE DATEE DU 30 AVRIL 2001, ADRESSEE PAR LE SECRETAIRE GENERAL AU PRESIDENT DU CONSEIL DE SECURITE (S/2001/434)


Déclaration liminaire


M. MOCTAR OUANE (Mali), Président du Conseil de sécurité, a rappelé que c’est la deuxième fois que le Conseil de sécurité examine le rapport de la Mission interinstitutions des Nations Unies en Afrique de l’Ouest dit «rapport Fall».  Cet exercice coïncide avec les assises de la CEDEAO en réunion à Dakar et dont la XXVème Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement se tiendra les 20 et 21 décembre.  Ce qui confère une signification particulière à cette réunion.  L’examen de ce jour témoigne de l’engagement du Conseil de sécurité à rechercher, à travers un exercice de réflexion collective ouvert à tous et basé sur les conclusions opérationnelles du rapport, des solutions durables aux besoins et problèmes prioritaires de l’Afrique de l’Ouest.  Le rapport établit un diagnostic lucide et courageux et formule des recommandations pratiques et pertinentes qui sont à nos yeux réalisables.  Près de huit mois après la publication de ce rapport, le moment est venu de passer aux actes.  Le débat offre la possibilité de donner un écho positif aux recommandations de la Mission interinstitutions qui sont fondées sur le besoin d’une approche globale et intégrée de l’Afrique de l’Ouest.  Ceci constituerait un message d’encouragement aux dirigeants de la CEDEAO en réunion à Dakar et un message d’espoir aux peuples de l’Afrique de l’Ouest. La déclaration présidentielle qui pourrait être adoptée à l’issue de cet examen y contribuera utilement.


Déclarations


M. IBRAHIMA FALL, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a rappelé que le rapport de la Mission interinstitutions en Afrique de l’Ouest, publié le 2 mai 2001, mettait l’accent sur la fragilité de la situation dans la région de l’Union du fleuve Mano, appelait à adopter une approche globale et intégrée pour régler les nombreux conflits qui affectent la région et recommandait la création d’un Bureau des Nations Unies en Afrique de l’Ouest.  Il a indiqué que, depuis la publication de ce rapport, l’Equipe de travail interinstitutions, qui n’a pu être transformée en équipe intégrée faute des fonds nécessaires pour cela, a commencé à mettre en œuvre les recommandations formulées dans le rapport.


Le Sous-Secrétaire général a souligné des améliorations dont les progrès du processus de paix en Sierra Leone, le Forum de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire, la décision du Gouvernement de Guinée de surseoir aux élections législatives dans ce pays qui n’auraient fait qu’aggraver la crise interne à la suite du référendum controversé du mois dernier et de la prolongation du mandat présidentiel, l’envoi d’une mission de la Banque mondiale et du PNUD en Guinée-Bissau, la tenue d’élections démocratiques au Ghana et en Gambie et l’amélioration de la situation humanitaire à la suite des progrès réalisés en Sierra Léone.  La situation reste cependant volatile, a toutefois indiqué M. Fall; les risques d’instabilité sont bien réels et la situation des réfugiés reste une préoccupation sérieuse. 


     Concernant la région du fleuve Mano, il a souligné que la relative réduction de la tension était le résultat d’une politique endogène et de pressions exogènes mobilisées par la CEDEAO, les Nations Unies, les partenaires internationaux et la société civile dont le réseau des femmes de l’Union de la rivière Mano.  Le futur de la région dépend de notre capacité à aider à maintenir l’élan qui a été créé, a fait observer M. Fall, indiquant que le Conseil pourrait inciter les trois pays de l’Union de la rivière Mano à maintenir cet élan en s’assurant notamment que le Sommet des chefs d’Etat prévu se réunisse le plus rapidement possible.  M. Fall a attiré l’attention sur les progrès réalisés par le processus de paix en Sierra Léone, notamment dans le domaine du désarmement.  Il a insisté sur le fait que la situation en Sierra Leone ne peut être dissociée des évolutions dans les pays voisins.  Il a fait observer qu’il ne pouvait y avoir de paix en Sierra Léone si le conflit au Liberia n’était pas contenu.  Il a indiqué que la situation en Guinée-Bissau restait fragile, évoquant les informations sur des tentatives de coups d’état et de complots dans ce pays.  Il a insisté sur la nécessité de lui fournir une assistance financière internationale urgente pour lui permettre de faire face aux causes profondes de la crise qu’il traverse.  Au nombre de ces causes, il a cité des institutions quasi inexistantes, une pauvreté endémique et une dette insupportable. 


M. Fall a fait état de l’amélioration de la situation des réfugiés, indiquant que le Haut Commissariat aux réfugiés avait fait un travail remarquable.  Il a appelé à évaluer les conséquences du conflit au Libéria sur la sécurité des populations civiles libériennes dont certaines se réfugient dans les pays voisins.  Il a lancé un appel pressant aux bailleurs de fonds pour qu’ils répondent aux besoins des réfugiés dans la région du fleuve Mano.  Il a insisté sur les problèmes posés par le manque des ressources nécessaires à la réintégration des soldats démobilisés et a proposé que le Conseil lance un appel pour que le désarmement en Sierra Léone reçoive un soutien accru de la communauté internationale.  Il a attiré l’attention sur le fait que, selon OCHA, 165 millions de dollars étaient nécessaires pour faire face à la situation humanitaire en Afrique de l’Ouest.  Compte tenu de ces défis, la décision du Secrétaire général de créer un Bureau pour son représentant spécial en Afrique de l’Ouest, à Dakar, est particulièrement bien venue et a demandé au Conseil de lui apporter tout son soutien. 


M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a relevé que c’était la première fois que le Conseil de sécurité débattait des problèmes d’une région spécifique.  L’Afrique de l’Ouest devrait faire l’objet d’une approche régionale plus marquée de la part du Conseil.  Celui-ci devrait également adopter une telle approche pour d’autres dossiers.  Faisant un bilan de la situation préoccupante en Sierra Leone, au Libéria, en Côte d’Ivoire et en Guinée-Bissau, le représentant a précisé que les conflits intrinsèques que connaissent ces pays sont alimentés en partie par la pauvreté.  Rendant hommage aux efforts des organisations régionales, en particulier la CEDEAO, il a engagé le Conseil à coopérer plus étroitement avec celles-ci et à adopter une approche plus pratique qui se concrétiserait par des rencontres au sommet sur une base régulière.  Les problèmes de la sous-région doivent être réglés en tenant compte de l’ensemble du contexte africain.  Nous sommes encouragés par l’Initiative spéciale en faveur de l’Afrique, qui a pour objectif de définir un véritable partenariat dans plusieurs domaines. 

Le G-8, qui se réunira en juin prochain, a prévu une réponse détaillée à cette initiative qui mettra l’accent sur la bonne gouvernance, l’accès à la santé et à l’éducation, le développement économique et les investissements, la coopération régionale, l’agriculture et la prévention des conflits.  La cohésion actuelle n’est pas celle dont nous avons besoin.  Le Conseil doit adopter une approche cohérente qui repose sur une interaction entre les autres composantes des Nations Unies comme le Conseil économique et social.  Il faut que les efforts des Nations Unies sur le terrain soient intégrés, et, à cet égard, la nomination d’un Représentant spécial est une bonne initiative.


M. SHEN GUOFANG (Chine) a indiqué que la délégation chinoise avait toujours estimé que la complexité des problèmes en Afrique de l’Ouest exigeait une approche régionale.  Les solutions à trouver portent sur des questions relatives à la situation en Sierra Leone, les programmes DDR, à la situation en Guinée et au Libéria, aux problèmes humanitaires et aux trafics illicites d’armes.  L’avènement d’une paix durable dans la région constituera un modèle pour les conflits à venir, a-t-il indiqué.  Toutefois, notre priorité est de définir une stratégie à la fois régionale et globale pour y parvenir.  Il a estimé que la création d’un bureau régional permettrait une meilleure coordination avec les autres institutions dans la région et que le Conseil de sécurité devait appuyer la CEDEAO et l’Union du fleuve Mano.  Il appartient aux Africains de trouver la solution à leurs problèmes, mais les Nations Unies doivent les y aider en respectant les conditions sur le terrain et les souhaits des pays, a-t-il observé.  Le Conseil et le Secrétariat ont redoublé d’efforts mais la situation reste instable, les trafics continuent et le processus de paix en Sierra Leone n’y a pas mis fin, les conflits au Libéria s’intensifient.  Il nous reste du chemin à parcourir mais il nous faut poursuivre nos efforts. 


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a estimé qu'une paix durable en Afrique de l'Ouest ne pourra être instaurée que par des peuples et des pays de la région elle-même.  Les Nations Unies, les institutions humanitaires et la communauté des donateurs, a-t-il dit, ne peuvent rétablir la paix si les parties au conflit n'en veulent pas ou si elles n'assument pas une plus grande responsabilité dans la mise en oeuvre des accords existants et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Le chemin vers le développement, a insisté le représentant, doit être tracé par les pays de la région.  Si ces pays ne s'approprient pas le développement de leur région ou s’ils continuent de faire de la bonne gouvernance et de la règle démocratique l'exception plutôt que la norme, l'appui de la communauté internationale se verra compromis.  L'assistance humanitaire à court terme continuera certes d'être fournie, a encore dit le représentant, mais la confiance nécessaire à l'investissement à long terme dans la reconstruction et le développement continuera à faire défaut.  Prenant note des progrès réalisés jusqu'ici, le représentant a souhaité un renforcement de l'appui de la communauté internationale en détaillant les initiatives de son pays, notamment l'octroi d'une somme de 1,5 million de dollars pour le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) en Sierra Leone.  Soulignant l'importance qu'il y a à financer, de manière adéquate, les efforts internationaux dans la région, le représentant a indiqué que son pays vient de fournir une somme supplémentaire de 2,2 millions de dollars pour l'Afrique de l'Ouest par le biais du système des Nations Unies.  L'assistance humanitaire de la Norvège s'élève donc à 12,5 millions de dollars, a précisé le représentant avant d'appeler, une nouvelle fois, gouvernements de la région et structures de coopération régionale à créer un meilleur climat de sécurité et de stabilité.


M. ANDREY GRANOVSKY (Fédération de Russie) a fait part de la préoccupation que lui inspirent plus particulièrement la situation des réfugiés et des personnes déplacées ainsi que les obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Une solution durable au problème humanitaire n’est possible que dans des conditions de paix.  Nous appuyons les efforts de la CEDEAO et souhaitons qu’ils soient renforcés par le potentiel des Nations Unies.  Nous nous félicitons à cet égard de l’initiative visant l’ouverture de Bureaux des Nations Unies dans la sous-région.  Abordant plus particulièrement la situation en Sierra Leone, le représentant a estimé que pour fournir les bases solides à une vie pacifique en Sierra Leone, les élections doivent associer tous les éléments politique du pays, y compris le RUF à condition qu’il abandonne les armes et devienne un parti politique.  L’évolution des événements en Afrique de l’Ouest donne un excellent exemple de la manière dont les Etats peuvent résoudre les problèmes par la voie politique et avec la médiation des organisations régionales.


M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a estimé qu’en dépit d’une situation toujours instable, les évolutions en Afrique de l’Ouest allaient dans la bonne direction.  Il a jugé qu’en raison de l’imbrication des conflits, l’adoption d’une solution régionale était appropriée et que la recherche d’une solution devait être politique.  Il a attiré l’attention sur le rôle essentiel de la CEDEAO et a estimé qu’elle devait recevoir une aide adéquate de la part des Nations Unies et de la communauté internationale.  Il a indiqué attendre les directives que sa délégation pourra formuler à l’intention du Conseil lors de sa prochaine réunion.  Il a jugé que la création d’un Bureau régional de l’ONU en Afrique de l’Ouest était une initiative bien venue et que son implantation devrait lui éviter d’être perçu comme un élément bureaucratique de plus.  Il a souhaité qu’il soit opérationnel le plus rapidement possible. 

Conseil de sécurité christine


M. JAGDISH KOONJUL (Maurice) a regretté que les ramifications politiques des conflits qui affectent les pays de l’Afrique de l’Ouest aient des conséquences économiques et sociales négatives sur la population civile.  C’est pourquoi, pour mieux répondre aux aux aspects particuliers des différents conflits en Afrique de l’Ouest, Maurice estime qu’il est essentiel de renforcer la coopération régionale et souhaite que la priorité soit accordée à la mise en oeuvre des recommandations contenues dans le rapport de la mission interinstitutions.  Il est notamment important, à cet égard, de poursuivre les efforts visant à encourager la bonne gouvernance et d’encourager la communauté internationale à appuyer le renforcement des capacités.  En effet, de nombreux pays souffrent d’un manque de ressources humaines qualifiées et d’instruments politiques leur permettant de faire face aux défis qui se posent aux niveaux national et international.  L’incapacité des gouvernements à créer des emplois et des opportunités pour les jeunes a contribué, entre autres, à alimenter l’instabilité nationale.  La communauté internationale doit, dans ce contexte, encourager la participation des jeunes aux programmes de reconstruction ainsi que le développement de petites et moyennes entreprises afin de lutter contre le chômage et de renforcer les capacités de développement économique. 

Maurice se félicite en outre du rôle joué par la Communauté économique des pays d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), notamment en ce qui concerne l’établissement de systèmes d’alerte rapide, a poursuivi le représentant.  Il a également souhaité qu’une aide financière soit accordée à la CEDEAO afin d’appuyer son action visant à renforcer le contrôle du trafic d’armes.  Pour instaurer la paix en Afrique de l’Ouest, il faut mettre en oeuvre au plus vite les programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants.  Leur réintégration dans la société civile devrait constituer une priorité dans tout processus de paix.  La formation et la réhabilitation des anciens combattants doivent donc être appuyés par des ressources financières adéquates et durables.  M. Koonjul a aussi souhaité le retour des réfugiés en Sierra Leone et a indiqué qu’une aide internationale adéquate doit être fournie à ce pays et à la Guinée afin de garantir une réintégration efficace des personnes déplacées à l’intérieur de leurs frontières.  Enfin, il a appelé la communauté des donateurs à verser les contributions financières indispensables au fonctionnement de la Cour spéciale pour la Sierra Leone.


Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a plaidé en faveur d’une approche exhaustive et intégrée dans la sous-région qui implique les populations des pays concernés, les Nations Unies et les organisations régionales.  La mission interinstitutions des Nations Unies du mois d’octobre dernier a montré qu’aucun progrès ne sera réalisé sans des efforts globaux ni la détermination de la communauté internationale à agir, à soutenir les efforts régionaux et à exercer des pressions sur les responsables de l’instabilité.  Les processus de DDR, la lutte contre la prolifération des armes légères, la fin de l’enrôlement des mineurs dans les conflits armés, la mise en oeuvre de programmes de relèvement économique, la promotion de la bonne gouvernance, l’appui au système judiciaire, la mise en place de réglementation financière sont autant d’actions prioritaires recommandées par le Groupe de travail.  Toute action du Conseil de sécurité doit s’inscrire dans le cadre des initiatives menées par les dirigeants africains avec le soutien des organisations régionales.  Nous souscrivons à la recommandation du Groupe de travail pour que les efforts soient financés par le biais du budget des opérations de maintien de la paix. Nous souscrivons également à la création d’un bureau des Nations Unies qui permettra une meilleure coopération des partenaires de la région, de faciliter l’échange d’informations entre les partenaires régionaux, de définir et d’harmoniser des politiques régionales et sous-régionales. 


Abordant la situation propre à certains Etats, Mme Durrant a jugé indispensable que le Conseil de sécurité se dote d’une stratégie de sortie en Sierra Leone où la situation s’est améliorée.  Les élections, qui se dérouleront au mois de mai prochain ne sont pas une fin en soi mais une mesure permettant de parvenir à une paix durable.  Un autre signe encourageant est le dialogue en cours au niveau des Etats Membres de l’Union du fleuve Mano.  A la lumière de la situation préoccupante au Libéria, elle a engagé les pays donateurs à faire preuve de générosité pour affronter la crise humanitaire.  Elle a plaidé en faveur du déploiement d’une force le long des frontières de la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone.  En Guinée-Bissau, a-t-elle ajouté, il existe un grand nombre de problèmes relatifs à la gouvernance qui mettent un frein au relèvement du pays.  Pour adopter une véritable approche régionale, il faut que le système des Nations Unies fournisse une aide permettant à ces pays de faire preuve de discipline budgétaire, que les capacités de la CEDEAO dans le domaine de la prévention des conflits et de l’alerte rapide soient renforcées.


M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) a estimé que les progrès importants réalisés en Sierra Leone ainsi que les développements positifs au plan sous-régional et la reprise du dialogue entre les dirigeants des pays de l'Union du fleuve Mano sont à mettre à l'actif de tous les acteurs concernés, et en particulier du Conseil de sécurité.  Il a toutefois fait observer que l'approche suivie par le Conseil n'avait pas toujours la dimension régionale globale requise.  A cet égard, il a souligné l'aggravation du problème des réfugiés et des personnes déplacées, notamment en Guinée et au Libéria.  L'action du Conseil pour ce qui est du Libéria, a-t-il déclaré, demeure strictement limitée aux sanctions, ignorant la grave situation sévissant dans ce pays.  Cette approche fragmentée et sectorielle risque, a-t-il poursuivi, de conduire à terme à un ébranlement des acquis réalisés en Sierra Leone.  M. Jerandi a insisté sur le fait que les problèmes des pays de l'Union du fleuve Mano et de l'Afrique de l'Ouest en général étaient interdépendants, que leur avenir ne pouvait être que commun et que leur stabilité ne pouvait être instaurée de manière durable qu'une fois leurs problèmes sécuritaires, politiques, sociaux et économiques seraient adressés de manière globale. 


M. Jerandi, a estimé que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) s’était avérée être un partenaire de valeur et avait été d’un apport précieux au Conseil de sécurité.  Il est donc essentiel de renforcer la coopération avec cette organisation.  Ses vues devraient être sollicitées systématiquement et ses capacités institutionnelles, logistiques, matérielles et financières devraient être renforcées.  Il s'est félicité, à cet égard, de la décision du Secrétaire général d'établir un Bureau des Nations Unies en Afrique de l'Ouest comme l'avait recommandé la Mission interinstitutions.  Il a toutefois fait valoir la nécessité de réfléchir à une stratégie de sortie pour les Nations Unies dans la sous-région prévoyant un rôle de chef de file à une CEDEAO renforcée, susceptible de supplanter avec efficacité les Nations Unies.  Le représentant de la Tunisie a en outre suggéré que le Conseil de sécurité joue un rôle en sensibilisant la CEDEAO, l'Organisation de l'unité africaine, la Banque mondiale et l'Union européenne à la nécessité de coordonner leurs efforts dans le cadre d'une action concertée, cohérente et unifiée.  

Conseil de sécurité christine


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a rappelé que la coopération régionale en Afrique de l’Ouest, en particulier dans les domaines de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix, doit accompagner les efforts déployés au niveau national.  Il s’est félicité, dans ce contexte, de la création, par le Secrétaire général, d’un bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest à Dakar.  De même, il s’est prononcé en faveur du renforcement du rôle de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et a lancé un appel pour la mise en oeuvre des recommandations de la Mission interinstitutions visant à encourager l’action de cette organisation régionale.  Les institutions des Nations Unies doivent également appuyer les initiatives régionales destinées à favoriser le respect des droits de l’homme et à développer les programmes de lutte contre la pauvreté, a ajouté le représentant.  Sa délégation se dit fortement préoccupé par le fait que le manque d’opportunités d’emploi et de programmes de réinsertion offerts aux jeunes des pays de la région favorise leur enrôlement dans des groupes de mercenaires. 


M. Valdivieso a en outre accueilli favorablement la prolongation de trois ans du moratoire imposé par les pays de la CEDEAO à l’importation, l’exportation et la fabrication d’armes légères dans la région et il a appelé les principaux producteurs et exportateurs d’armes dans le monde à appuyer ces efforts.  Enfin, il a rappelé que l’adoption d’une stratégie cohérente par les Nations Unies en Afrique de l’Ouest permettra de relever les défis posés à la paix, à la sécurité et à la stabilité de la région.  Une telle stratégie, a conclu M. Valdivieso, doit être mis en oeuvre en collaboration avec les organisations régionales et sous-régionales ainsi qu’avec la société civile.


M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a estimé que l’élément le plus significatif dans la question à l’examen était le changement d’approche à l’égard des problèmes qui se posent en Afrique de l’Ouest et de la prise de conscience de la nécessité d’adopter une approche régionale.  Les esprits ont changé, a-t-il ajouté, mais le défi qui se pose maintenant est de veiller à ce que, lorsque l’on parle d’approche intégrée, cela se traduise par des actes.  Cela implique, par exemple, que nous envisagions de transférer les ressources, lorsque des évolutions positives se produisent dans un secteur, vers un autre secteur qui en aurait besoin.  Rappelant que, la plupart des délégations avaient insisté sur l’importance du programme DDR et que tous avaient indiqué que le mot-clé était les ressources, il a fait observer que la région tout entière ne manquait pas de ressources.  Les montants affectés à l’Afrique de l’Ouest, par les Nations Unies, lorsqu’on les examine dans leur ensemble, sont considérables, a-t-il indiqué.  On en trouve un exemple dans le dernier rapport du CCQAB qui indique que 1,402 millions de dollars ont été débloqués pour la MINUSIL depuis le 1er décembre 2001.  Si nous pouvons rassembler des fonds pour le maintien de la paix, comment se fait-il que cela ne soit pas possible pour les activités de prévention? a-t-il interrogé.  Il a attiré l’attention sur le fait que le Conseil ne savait toujours pas comment allait être financé le bureau pour l’Afrique de l’Ouest alors qu’il devait commencer à fonctionner en janvier 2002.  J’ai compris, a-t-il poursuivi, qu’il doit être financé par le budget ordinaire.  Or le budget ordinaire n’est pas extensible, si on affecte des ressources à une activité nouvelle, il faut l’enlever à un autre programme. 


M. JAMES B. CUNNINGHAM (Etats-Unis) a indiqué que même si son gouvernement n’est pas en mesure de soutenir toutes les recommandations du rapport, il est conscient de la nécessité de déployer tous les efforts même si la responsabilité première revient aux Etats de la région.  Il a fait état du soutien de son pays à un certain nombre de recommandations, en particulier celles qui visent à adopter une approche régionale transfrontalière afin de faire face aux besoins socioéconomiques et politiques des pays de la région et à nommer un représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest qui serait doté d’un Bureau dans la sous-région.  Le mandat de celui-ci porterait sur des questions transfrontalières comme l’identification des obstacles commerciaux; l’édification de réseaux parmi les groupes représentatifs de la société civile qui font la promotion de la démocratie; l’arrêt de la prolifération des armes de petit calibre et l’amélioration de la fourniture de l’aide humanitaire aux réfugiés. 


Il est important que le mandat du Représentant spécial soit limité aux questions transfrontalières pour éviter qu’il fasse double-emploi avec celui du Représentant spécial des Nations Unies responsable des efforts de maintien de la paix et des opérations visant à établir des Bureaux des Nations Unies pour l’édification de la démocratie dans la région de l’Afrique de l’Ouest.  Il est également important que le Représentant spécial travaille en collaboration avec les organisations régionales et multilatérales, ce qui donnerait un élan à ses efforts et permettrait de limiter les coûts financiers.


Le représentant a fait le point de la politique américaine en Afrique de l’Ouest qui, a–t-il expliqué, repose sur trois principes: un engagement et un soutien entiers aux gouvernements de la région qui ne mènent pas d’actes d’agression sur le plan externe et font preuve de bonne gouvernance sur le plan interne; un soutien à l’action du Conseil de sécurité dans ses efforts visant à contenir les régimes qui lancent des actes d’agression à l’encontre de leurs voisins; une aide et un soutien au renforcement des organisations régionales comme la CEDEAO dont les efforts visent à réduire les barrières douanières, à lutter contre les menaces transnationales et à résoudre les conflits en Afrique de l’Ouest.  M.Cunningham a souligné que ces principes allaient guider les décisions de son gouvernement dans les mois à venir.  La fin des processus de DDR en Sierra Leone prévue pour ce mois-ci, le lancement du processus électoral en janvier et le renouvellement ou le renforcement prochain des sanctions à l’égard du Libéria sont liés.  Le Président Taylor, a indiqué le représentant, viole l’embargo du Conseil de sécurité sur l’importation d’armes et sur les exportations de diamants.  M. Taylor continue de fournir un sanctuaire aux rebelles armés du RUF dont la présence est une menace à la paix et au déroulement des élections prévues pour le mois de mai.  Les sanctions à l’encontre du régime du Président Taylor sont directement liées à la poursuite des opérations de maintien de la paix en Sierra Leone au cours des prochains mois.  Le Conseil ne peut pas demander à la MINUSIL de maintenir la paix, surveiller les élections et ne pas renvoyer à ses responsabilités l’individu qui menace continuellement la paix et le processus électoral.  Il s’agit de Charles Taylor.  Les sanctions en place à son encontre doivent être maintenues.  M. Cunningham a tenu Taylor pour responsable de la détérioration de la situation dans le district de Lofa.  Celui-ci refuse d’ouvrir l’espace politique aux voix démocratiques de l’opposition, aux médias libres, aux ONG et aux autres éléments de la société civile.


M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a déclaré que parmi les défis que doit relever les Etats de l’Afrique de l’Ouest, trois entre eux ont clairement une dimension sous-régionale: la prolifération des petites armes; le retour et le réinstallation des réfugiés et des personnes déplacées; le désarmement des forces irrégulières -on parle de quelque 40 000 combattants libériens qui seraient présents en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, en Gambie ou en Guinée-Conakry.  C’est au niveau de la sous-région que ces défis peuvent être efficacement relevés.  L’Afrique de l’Ouest peut compter sur la CEDEAO qui a fait ses preuves, en particulier avec son moratoire sur les petites armes ou au travers de sa médiation dans la crise de l’Union du fleuve Mano. C’est grâce à elle que les trois chefs d’Etat devraient pouvoir se rencontrer en janvier prochain.  Le renforcement de l’approche régionale passe avant tout par le renforcement de la CEDEAO. 


Evoquant la mission interinstitutions de mars dernier et les rapports avec la CEDEAO, il a jugé utile que le bureau régional apporte son aide à la mise en place d’observatoires régionaux d’alerte avancées et du «Comité des Sages».  Dans le cadre du moratoire sur les armes légères, une aide au renforcement du Programme pour la coordination, l’assistance, la sécurité, et le développement serait utile.  Vis-à-vis de l’Union du fleuve Mano, il faudrait que le bureau régional appuie la mise en oeuvre de mesures de confiance décidées en septembre et octobre derniers par les trois Ministres.  D’autres mesures de confiance pourraient être décidées lors du Sommet des chefs d’Etat prévu en janvier prochain.  La mise en oeuvre des recommandations du «rapport Fall» n’est pas achevée et d’autres décisions doivent suivre, a précisé le représentant.  Le domaine du DDR mérite une attention particulière.  C’est la clé de la stabilité de la sous-région.  Il faudra également réfléchir aux moyens d’accroître la participation des armées d’Afrique de l’Ouest aux opérations de maintien de la paix. 


M. GERARD CORR (Irlande) a appuyé l’idée d’un renforcement des institutions de coopération dans les pays de l’Afrique de l’Ouest dans la mesure où la coopération régionale favorise le développement économique et politique.  Dans ce contexte, l’Irlande estime que les institutions du système des Nations Unies doivent se renforcer mutuellement à tous les niveaux afin de relever les défis posés à la sous-région, en particulier en matière de consolidation de la paix.  Les rôles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) sont également cruciaux en matière d’éradication de la pauvreté et de réduction de la dette et, à cet égard, l’Irlande appuie les recommandations de la mission interinstitutions selon lesquelles les institutions financières internationales doivent réviser les conditions des accords de financements en faveur des pays pauvres ou en transition.  De même, il faut s’assurer que les Nations Unies sont à même de définir des lignes de conduite et des structures organisationnelles précises qui permettent de gérer une situation de crise et de créer les conditions propices à un développement durable. 


Le représentant s’est en outre félicité, en dépit des problèmes qui persistent au sein de l’Union du fleuve Mano, de la poursuite du processus de paix en Sierra Leone et des conséquences positives des sanctions imposées contre le Gouvernement du Libéria.  Il a également souhaité que des accords politiques durables soient passés entre la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone.  Enfin, il a rappelé que les droits de l’homme doivent être respectés dans la mesure où leur violation constitue une des causes principales des conflits.  C’est pourquoi, les activités liées à la prévention des conflits et à la gestion des programmes dans la sous-région doivent intégrer de façon prioritaire cette dimension, a conclu

M. Corr.


M. VALERI KUCHYNSKI (Ukraine) a observé qu’au cours des années précédentes, il a été reconnu que la nécessité de mettre en oeuvre des stratégies intégrées et coordonnées était dictée par la nature multidimensionnelle des crises.  Le déploiement d’une mission interinstitutions en Afrique de l’Ouest et la création d’un bureau des Nations Unies constituent une étape importante vers la création d’une force de consolidation dans la région.  La prévention des conflits, le maintien et l’imposition de la paix, le processus de DDR et la mise en oeuvre des sanctions exigent une attention particulière de la part du Conseil de sécurité ainsi qu’un soutien coordonné de la part du Conseil de sécurité aux efforts régionaux.  Il est indéniable qu’un partenariat efficace entre le Conseil de sécurité et les acteurs sous-régionaux, en particulier la CEDEAO, est d’une importance critique, en particulier dans les domaines de l’alerte rapide, l’édification des capacités, la promotion des mécanismes d’alerte rapide et de promotion des conflits, le maintien de la paix, les processus de DDR, l’application des sanctions du Conseil de sécurité.  L’Ukraine soutient fermement la décision du Conseil de créer un bureau des Nations Unies en Afrique de l’Ouest qui devrait permettre de renforcer le partenariat entre les Nations Unies, les organisations régionales et les partenaires internationaux lors de la phase de mise en oeuvre d’une approche régionale intégrée globale.


CATHERINE/CS 1


M. MOCTAR OUANE (Mali) s’est prononcé en faveur d’une approche globale, régionale et intégrée pour la recherche de solutions durables aux besoins et problèmes prioritaires de l’Afrique de l’Ouest.  L’efficacité de cette stratégie globale et intégrée, a-t-il précisé, qui, au demeurant, ne vise qu’à compléter l’approche nationale et à rapprocher l’ONU des réalités du terrain, est tributaire du soutien que lui apportera le Conseil de sécurité.  Il a par ailleurs exprimé sa reconnaissance au Secrétaire général à l’égard de la création du Bureau du représentant du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest. 


L’urgence d’une solution à la crise des réfugiés et des personnes déplacées implique l’adoption de mesures concrètes, a poursuivi M. Ouane.  Dans cette perspective, nous encourageons le renforcement du rôle du Bureau de coordination des affaires humanitaires en Guinée et au Libéria et exhortons la communauté internationale à fournir l’appui nécessaire à l’action du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR).  Il a appelé à appuyer la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour la mise en œuvre de son mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits, à accompagner les efforts de développement des pays de la sous-région et à appuyer leur processus d’intégration.  Il a insisté également sur le fait que l’amélioration de la cohérence des actions du Conseil et des autres organes intergouvernementaux du système des Nations Unies constituait un besoin urgent et a proposé l’établissement de mécanismes conjoints pour veiller à ce que ces actions soient complémentaires et se renforcent mutuellement tout en respectant la portée de leurs mandats respectifs.


M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a apporté son soutien aux recommandations de la Mission interinstitutions qui doivent être à son avis à la base des efforts de la communauté internationale.  La CEDEAO représente un cadre régional complet qui permet de régler des problèmes transnationaux.  Toute activité doit être réalisée en étroite collaboration avec la CEDEAO.  Nous souhaitons que le nouveau bureau des Nations Unies constitue un point de contact qui permettra de déterminer les priorités et de mettre en place les divers programmes. La crise en Sierra Leone, source majeure d’instabilité dans la sous-région, doit continuer d’être la priorité de la communauté internationale.  La tenue d’élections présidentielles et législatives approchant, nous souhaitons que le Conseil élargisse le volet militaire de la MINUSIL pour préserver la sécurité sur l’ensemble du territoire et créer ainsi un environnement propice à la tenue des élections qui ne doivent pas signifier la fin des efforts des Nations Unies.



Le représentant a lancé un appel pour que le Conseil maintienne en état la présence des Nations Unies.  Il a demandé aux donateurs de doubler leur aide financière au tribunal pénal pour la Sierra Leone et de doubler le financement des programmes de DDR dont le manque à recevoir est de 36 millions de dollars.  Il est impossible d’imposer la paix sans proroger le moratoire sur le trafic d’armes et l’exportation de diamants.  Il faudra mettre en place une force de la CEDEAO aux frontières du Libéria, de la Sierra Leone et de la Guinée ou proroger la présence des Nations Unies dans la région.  Le représentant a attiré l’attention sur la nécessité de préserver l’équilibre des mandats entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et d’autres organes des Nations Unies.


M. JEAN DE RUYT (Belgique), s’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays associés, a indiqué que l’Union se félicitait de ce que l’on continuait à travailler dans le sens d’une approche globale et intégrée ainsi que de la décision de mettre en place un bureau régional à Dakar.  Il a souligné les évolutions positives survenues dans une région déchirée par des années de conflits, de déplacements de population, de dépressions économiques et victime de certaines des plus cruelles atrocités et violations des droits de l’homme de notre époque.  Il n’en a pas moins attiré l’attention sur le fait qu’en Sierra Leone, le Front révolutionnaire uni (RUF) contrôlait toujours des portions de territoire et que le Processus de démobilisation, désarmement et réintégration (DDR) connaissait certains problèmes à l’Est du pays.  Il a exprimé la préoccupation de l’Union à l’égard de la situation sécuritaire au Libéria avec la reprise des combats dans le Nord du pays et a indiqué que l’UE observait avec attention la situation en Guinée. 


Le représentant a déclaré que l’Union soutenait pleinement les régimes de sanctions mis en place et avait pris les dispositions nécessaires à leur stricte mise en œuvre.  Il a décrit la stratégie d’assistance de l’Union dans la région la décrivant comme principalement centrée sur l’objectif général de soutenir le processus d’intégration économique régionale et sur l’intégration compétitive de la région dans l’économie mondiale.  Depuis la Convention de Lomé I, le total de l’assistance allouée à la région s’élève à 905 millions d’euros, a-t-il précisé.  Il a conclu en manifestant l’intérêt de l’Union pour la proposition de mécanisme conjoint dans la mesure où il contribuera à améliorer la cohérence des actions du Conseil de sécurité et des organes opérationnels des Nations Unies.


M. MOHAMMED BENNOUNA (Maroc) a fait part de sa satisfaction quant au travail accompli par la Mission interinstitutions des Nations Unies qui a pu établir un diagnostic complet et exact de la situation dans la région ainsi que les causes sous-jacentes des conflits.  La situation grave exige de la part de la communauté internationale l’élaboration d’une stratégie intégrant l’ensemble des données au niveau régional et débouchant sur un appui matériel et financier conséquent.  Les chefs d’Etat et de gouvernement ont été unanimes pour mettre l’accent sur la prévention et la résolution des conflits dans une perspective régionale plutôt que nationale et sur l’urgence de s’attaquer aux causes profondes des conflits.  Ces mesures impliquent la cessation des activités des mercenaires, des marchands d’armes légères et des négociants de matières premières destinées à alimenter la violence et les affrontements.  Ces mesures devraient également encourager la

réinsertion des anciens combattants, le développement économique des pays de la région autour de projets viables prenant en compte la nécessité d’un marché élargi.  Sur le plan humanitaire, il faut mettre en place des mécanismes de contrôle afin que plus jamais ces horreurs ne puissent se répéter.  Il est de la plus haute importance de traduire en justice les responsables de graves crimes contre la paix et la sécurité.


Il devient difficile dans cette région de l’Afrique de rompre l’engrenage de la violence et du sous-développement sans une approche au niveau de l’ensemble de la région qui prenne en compte toutes les dimensions des problèmes en suspens et les soumet à un traitement coordonné.  Qui pourrait mieux le faire avec le maximum de crédibilité et de chance de succès que les Nations Unies en relation avec la CEDEAO.  La création à Dakar d’un bureau des Nations Unies est une initiative à laquelle nous souscrivons totalement.  Ce Bureau pourrait constituer d’une part un observatoire et d’autre part un mécanisme de canalisation des instances et compétences du système des Nations Unies.  Nous sommes persuadés que cette expérience sur le terrain sera un test pour les Nations Unies dans la mise au point de moyens adéquats de prévention des conflits.


M. FRANCOIS FALL (Guinée) a rappelé que du Libéria à la Sierra Leone en passant par la Guinée-Bissau, pour ne citer que les crises les plus graves, l’Afrique de l’Ouest était, depuis une décennie, en proie à de nombreux conflits alors que d’autres situations latentes ou avérées constituaient des sujets de préoccupation.  La dimension sous-régionale de ces conflits n’est plus à démontrer et seule une approche globale est à même de préserver la paix, la sécurité et l’harmonie en Afrique de l’Ouest, a-t-il déclaré.  Il a exprimé son soutien aux recommandations du rapport Fall notamment celles portant sur le réaménagement des différents mécanismes d’élaboration des stratégies et des politiques du système des Nations Unies et la création d’un mécanisme de consultations systématiques et régulières entre les organismes de l’ONU.  Il a indiqué que sa délégation soutenait la prise en compte effective des problèmes nationaux et sous-régionaux dans les stratégies de programmation.  Il s’est réjoui de l’ouverture prochaine du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, jugeant notamment qu’il renforcerait les capacités de l’Organisation en matière de surveillance, d’alerte rapide et de prévention des conflits dans la sous-région.


L’élaboration d’un plan cadre global des Nations Unies pour l’aide au développement qui comprendrait un plan d’action stratégique pour la consolidation de la paix et le relèvement des pays est de l’avis de ma délégation une nécessité impérieuse, a-t-il poursuivi.  Un plan d’urgence pourrait être mis en œuvre en vue de venir massivement en aide pour la reconstruction des pays dévastés par la guerre et ceux ayant subi particulièrement les conséquences de ces conflits.  Il a souligné le rôle de premier plan que, de l’avis de sa délégation, joue la CEDEAO dans la prévention et le règlement des conflits dans la sous-région.  Il a formulé le vœu que la rencontre attendue des chefs d’Etat du Libéria, de la Sierra Leone et de la Guinée permettra d’atteindre les objectifs suivants: restauration de la confiance entre les trois gouvernements, neutralisation des groupes rebelles opérant dans la sous-région et relance des activités de la Mano River Union.  Il a demandé au Conseil de continuer de suivre la situation avec vigilance, a encouragé la communauté internationale à apporter son appui au processus de DDR et a réitéré la volonté de son gouvernement d’apporter tout son appui aux différentes initiatives en vue de faire de l’Afrique de l’Ouest une zone de paix, de sécurité et de coopération.


M. ARTHUR MBANEFO (Nigéria) a indiqué que la région de l’Afrique de l’Ouest se heurte à un grand nombre de défis complexes en raison de l’existence d’un millier de groupes ethniques.  La région est unique par sa diversité historique et culturelle.  Il est malheureusement regrettable qu’en dépit de cette diversité, la sous-région n’a pas été en mesure d’atteindre une croissance économique qui puisse garantir un développement durable.  Nous avons au contraire assisté à des conflits ethniques et à des guerres civiles dans de nombreuses parties de la sous-région.  Le rapport de la mission interinstitutions en Afrique de l’Ouest a identifié les problèmes principaux: paix et sécurité, gouvernance, réconciliation nationale, promotion du dialogue politique, les droits de l’homme, l’intégration et la coopération sous régionale, la pandémie du sida, la pauvreté, le trafic d’armes et de diamants et les enfants soldats.  Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a classé la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria et la Sierra Leone parmi les dix derniers pays, conformément à l’index sur le développement. Le représentant a rendu hommage aux efforts déployés par la CEDEAO qui a mis en place des initiatives visant le règlement des conflits ainsi que des programmes de lutte contre la pauvreté.  Néanmoins, l’efficacité des mécanismes sous-régionaux a des limites.  C’est pourquoi, il est nécessaire pour la sous-région d’obtenir une aide par le biais de programmes bilatéraux et multilatéraux.


Il reste beaucoup à faire du côté des institutions financières qui devraient aider notre sous-région par des programmes d’allègement ou d’annulation de la dette, a fait remarquer M. Mbanefo.  Nous demandons instamment aux membres du Conseil de sécurité d’envisager de faire de l’aide économique en faveur des Etats sortant de situations de conflit une disposition des mandats des opérations de maintien de la paix.  Nous demandons également instamment à la communauté internationale et, en particulier aux pays développés, de fournir une aide pour rapatrier les avoirs de nos pays détournés illégalement par les dirigeants africains corrompus vers des banques étrangères.  Evoquant la situation des enfants soldats, en particulier des fillettes qui sont victimes d’abus de la part des combattants, le représentant a souhaité la création un système garantissant la primauté du droit.  Nous lançons un appel au Conseil de sécurité pour qu’il examine de près le rôle des acteurs non étatiques dans les zones de conflit en Afrique qui doivent être tenues pour responsables de leurs activités illégales.  Nous lui demandons également de faire tout ce qui est en son pouvoir pour promouvoir et protéger les gouvernements démocratiques émergents.


M. IBRAHIM M. KAMARA (Sierra Leone) a décrit les progrès réalisés dans son pays depuis la publication du rapport.  En Sierra Leone, les perspectives en matière de paix et de sécurité n’ont jamais été meilleures.  Le désarmement et la démobilisation des anciens combattants sont presque achevés et le processus de réintégration prend forme, a-t-il déclaré.  Le gouvernement a accompli avec succès, avec le soutien de son armée qui vient d’être restructurée et de la MINUSIL, le rétablissement de son autorité dans l’ensemble du pays.  Sa décision de fixer les dates d’élections présidentielles et législatives en mai 2002 donne la mesure des progrès réalisés.  Il nous faut continuer à bénéficier de l’appui du Conseil et des encouragements de la communauté internationale pour poursuivre sur cette lancée.


La Sierra Leone est convaincue que la concertation et la tolérance entre les Etats membres de l'Union du fleuve Mano constituent un des moyens les plus efficaces de parvenir à la paix et de la stabilité dans ces trois pays, a poursuivi le représentant.  C’est pourquoi, le Président de la Sierra Leone poursuit activement ses efforts en vue de tenir le plus rapidement possible l’année prochaine un Sommet des chefs d’Etat.  Il a formulé l’espoir qu’aucune menace ne viendra accroître la tension entre les pays concernés, insistant sur le fait que le calme devait être maintenu à tout prix et que la paix bénéficiait non seulement aux peuples de Sierra Leone mais aussi à ceux du Libéria, de Guinée et aux autres Africains de la sous-région. 


Faisant référence au rapport de la mission interinstitutions, le représentant a fait observer que les problèmes et les besoins prioritaires de l’Afrique de l’Ouest avaient bien été identifiés mais que ce qu’il fallait désormais, c’était des mesures concrètes.  Il a insisté sur le fait que les mécanismes et institutions nécessaires à la mise en œuvre de ces mesures existaient dans la sous-région, notamment la CEDEAO et l’Union de la rivière Mano et qu’il suffisait d’utiliser pleinement leur potentiel.  L’idée de renforcer la coopération au sein du système des Nations Unies de façon à mettre en place un mécanisme d’alerte rapide avec la CEDEAO devrait être considérée comme une priorité, a-t-il indiqué.  M. Kamara a insisté pour que les institutions des Nations Unies fassent un effort concerté en vue d’assister les gouvernements de la région dans le domaine des services de base tels que la santé, l’eau et l’hygiène.  Nous ne pouvons parler de paix et de sécurité en Afrique de l’Ouest sans une réduction radicale du niveau de la pauvreté, a-t-il déclaré.  Il a également insisté sur l’importance de la réintégration des anciens combattants.


M. IBRAHIMA FALL, répondant aux questions des délégations, a expliqué que le Bureau du Représentant du Secrétaire général sera financé sur la base du budget ordinaire de l’Organisation.  En ce qui concerne les programmes de DDR, M. Fall a soutenu l’importance d’accroître le financement du DDR.  S’agissant du Tribunal pénal pour la Sierra Leone et la Commission vérité et réconciliation, il a expliqué que leur financement se fera sur une base volontaire.  Les fonds ne sont pas à la hauteur requise pour permettre le démarrage des activités mais une mission d’évaluation sera dépêchée en janvier dans la sous-région.  S’agissant de l’éventualité d’intégrer les questions de développement aux questions de paix et de sécurité et de tenir des réunions conjointes entre le Conseil de sécurité et l’ECOSOC, M. Fall a estimé que ces possibilités étaient toujours d’actualité.  Il serait possible que l’Afrique de l’Ouest serve de test à ce mécanisme de coopération au sein des Nations Unies.  La coopération avec la CEDEAO est la ligne directrice de l’action du Bureau des Nations Unies en Afrique de l’Ouest.  Ce partenariat servira de matrice du succès du Bureau. 


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