LE CONSEIL APPUIE UNE PRÉSENCE MULTINATIONALE INTÉRIMAIRE DE SÉCURITÉ AU BURUNDI
Communiqué de presse CS/2206 |
Conseil de sécurité
4398ème séance – après-midi
LE CONSEIL APPUIE UNE PRÉSENCE MULTINATIONALE INTÉRIMAIRE DE SÉCURITÉ AU BURUNDI
Le Conseil de sécurité, réuni ce matin sous la présidence de l'Irlande, a adopté à l’unanimité la résolution 1375 (2001) par laquelle il souscrit aux efforts que le Gouvernement sud-africain et d’autres États Membres déploient pour soutenir l’application de l’Accord d’Arusha et appuie énergiquement à cet égard la mise en place d’une présence multinationale intérimaire de sécurité au Burundi demandée par le Gouvernement burundais, en vue de protéger les dirigeants politiques qui rentrent au pays et de former une force de protection panburundaise. Il était saisi d’une lettre de la Ministre sud-africaine des affaires étrangères, Mme Nkosazana Dlamini Zuma, lui demandant d’approuver la décision de son Gouvernement de déployer, à la demande du Gouvernement du Burundi, un bataillon dans ce pays à partir du 1er novembre, date de la mise en place du Gouvernement de transition.
Le Conseil, aux termes de la résolution, se déclare préoccupé par la violence et l’insécurité qui persistent au Burundi et note avec préoccupation les incidences que la situation a sur la région, de même que les conséquences que l’instabilité régionale persistante a pour le Burundi. Il demande aux parties à l’Accord d’Arusha et aux groupes armés, à savoir les Forces pour la défense de la démocratie (FDD) et les Forces nationales de libération (FNL), de mettre fin immédiatement à tous les actes de violence dirigés contre des civils à toutes les hostilités, d’engager des négociations et de prendre part au processus de paix. Il demande en outre à tous les Etats de la région d’appuyer sans réserve ce processus.
Il prie instamment la communauté internationale, dans le contexte de la mise en place du Gouvernement de transition, de fournir une aide supplémentaire notamment en honorant intégralement les engagements pris par les donateurs lors de la Conférence de Paris en décembre 2000.
Seul à prendre la parole à l’issue du vote, le représentant du Royaume-Uni a indiqué qu’il soutenait la force déployée par l’Afrique du Sud, et que toutefois celle-ci n’était pas une force des Nations Unies.
Rappel
Depuis 1993, le Burundi est en proie à une guerre civile qui a fait 200 000 morts environ, entre le pouvoir et l’armée tutsis et les groupes rebelles. Grâce aux efforts du Facilitateur du processus de paix au Burundi, l'ancien Président sud-africain M. Nelson Mandela, 19 partis burundais ont signé le 28 août 2000 l'Accord de paix d'Arusha auquel les deux principaux mouvements armés hutus, le FDD et le FNL, ont refusé de participer. Cet Accord prévoit, outre la constitution d'une force de défense nationale mixte, la mise en place d'un gouvernement de transition le 1er novembre 2001 devant favoriser l'avènement d'une administration démocratique ainsi que la création d’une présence multinationale intérimaire constituée par l'Afrique du Sud, le Ghana, le Nigéria et le Sénégal. Lors de la Conférence de Paris en décembre 2000, quelque 37 pays donateurs et des organisations internationales se sont engagés à verser 440 millions de dollars d’aide au Burundi d’ici à 2002.
Projet de résolution S/2001/1016
Le Conseil de sécurité,
Rappelant toutes ses résolutions antérieures et les déclarations de son Président sur la situation au Burundi, en particulier la déclaration de son Président en date du 26 septembre 2001 (S/PRST/2001/26),
Réaffirmant que l’Accord de paix et de réconciliation d’Arusha en date d’août 2000 (Accord d’Arusha) demeure la base la plus viable pour un règlement du conflit, conjointement avec les efforts qui se poursuivent en vue d’édifier un partenariat politique interne au Burundi,
Se déclarant profondément préoccupé par la violence et l’insécurité qui persistent au Burundi,
Notant avec préoccupation les incidences que la situation au Burundi a sur la région, de même que les conséquences que l’instabilité régionale persistante a pour le Burundi,
Réaffirmant son appui résolu à la médiation de l’ancien Président Nelson Mandela, ainsi qu’aux efforts qu’il déploie pour parvenir à un règlement pacifique du conflit au Burundi,
Appuyant les efforts que le Secrétaire général accomplit en vue de renforcer le rôle des Nations Unies au Burundi, et en particulier l’action que continue de mener son Représentant spécial pour la région des Grands Lacs, notamment en sa qualité de Président de la Commission de suivi de l’application (CSA),
Saluant les efforts que l’Organisation de l’unité africaine/Union africaine continue d’accomplir en vue de parvenir à un règlement pacifique du conflit, de même que l’appui qu’elle apporte à cet effet,
Accueillant avec satisfaction l’accord intervenu lors du Sommet de l’initiative régionale, le 11 octobre 2001 à Pretoria (Afrique du Sud), quant au cadre juridique et à la structure du gouvernement de transition, ainsi qu’à la composition du cabinet, du sénat et de l’assemblée nationale de transition,
Accueillant avec satisfaction également la lettre datée du 23 octobre 2001, adressée à son Président par le Ministre sud-africain des affaires étrangères et la lettre y annexée adressée au Président de l’Afrique du Sud par le Président du Burundi (S/2001/1013),
1. Réaffirme son appui énergique à la mise en place du gouvernement de transition au Burundi le 1er novembre 2001;
2. Demande aux parties à l’Accord d’Arusha et aux groupes armés, à savoir les Forces pour la défense de la démocratie (FDD) et les Forces nationales de libération (FNL) de mettre fin immédiatement à tous les actes de violence dirigés contre des civils;
3. Demande aux FDD et aux FNL de mettre fin immédiatement à toutes les hostilités, d’engager des négociations et de prendre part au processus de paix, et demande à tous les États de la région d’appuyer sans réserve ce processus;
4. Souscrit aux efforts que le Gouvernement sud-africain et d’autres États Membres déploient pour soutenir l’application de l’Accord d’Arusha et appuie énergiquement à cet égard la mise en place d’une présence multinationale intérimaire de sécurité au Burundi demandée par le Gouvernement burundais, en vue de protéger les dirigeants politiques qui rentrent au pays et de former une force de protection panburundaise;
5. Invite le Gouvernement burundais à le tenir informé des progrès qui
seront accomplis dans la mise en place d’une force de protection panburundaise;
6. Se déclare à nouveau disposé à envisager, à la lumière des progrès qui auront été accomplis dans le processus de paix, de nouvelles contributions au processus de paix et à l’application de l’Accord d’Arusha;
7. Prie instamment la communauté internationale, dans le contexte de la mise en place du gouvernement de transition, de fournir une aide supplémentaire, notamment en honorant intégralement les engagements pris par les donateurs lors de la Conférence de Paris en décembre 2000;
8. Décide de demeurer activement saisi de la question.
Déclaration
M. ALISTAIR HARRISON (Royaume-Uni) a déclaré que son gouvernement était disposé à soutenir financièrement la force multinationale intérimaire de sécurité mise en place. Il a toutefois remarqué que cette force n’était pas une force des Nations Unies et qu’elle ne disposait pas d’un mandat. Il a déclaré qu’un élargissement de cette force à la communauté internationale n’était pas automatique et que le Conseil de sécurité examinerait cette question séparément, à une date ultérieure.
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