CS/2192

LE CONSEIL DE SECURITE PREND LA MESURE DES DIFFICULTÉS POLITIQUE, SOCIALE ET ECONOMIQUE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

21/09/2001
Communiqué de presse
CS/2192


Conseil de sécurité

4380e séance – après-midi


LE CONSEIL DE SECURITE PREND LA MESURE DES DIFFICULTES POLITIQUE, SOCIALE ET ECONOMIQUE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE


Il entend un exposé du Représentant du Secrétaire général en RCA


Délabrement économique, tension sociale latente et insécurité, depuis le coup d'état manqué des 27 et 28 mai derniers, la situation en République centrafricaine (RCA) s'est profondément détériorée.  C’est avec cela en fond que le nouveau Représentant du Secrétaire général en RCA, le Général Lamine Cissé, a expliqué cet après-midi aux membres du Conseil l’évolution de la situation politique, économique, social et sécuritaire en République centrafricaine.  Ainsi, a-t-il expliqué, depuis le coup d’état manqué, les autorités du pays et ses partenaires se sont attelés à la normalisation des institutions. L’apaisement des tensions politiques est perceptible mais ne sera définitif qu’au terme d’une enquête menée contre les instigateurs du putsch.  Le procès des putschistes devrait s’ouvrir rapidement, a-t-il précisé.  Sur le plan politique, le dialogue rompu depuis la mi-mai vient d’être renoué entre le Gouvernement et les syndicats.  Au plan économique, les conséquences du coup d’état ont été désastreuses.  Les difficultés n’ont pas permis aux autorités d’honorer leurs engagements extérieurs et la Banque mondiale a suspendu ses décaissements.


Le Directeur de pays de la Banque mondiale, M. Robert Calderisi, a expliqué à son tour l’action définie par son institution pour les six prochains mois. Il s’agit notamment d’un appui supplémentaire au budget national, l’octroi d’un don post-conflit pour financer les besoins d’urgence et d’un appui analytique aux préparations de la stratégie de réduction de la production en consentant un crédit de 8 millions de dollars.  La Banque entend œuvrer à une application rapide du projet sur la lutte contre le VIH/sida par l’octroi d’un crédit de 17 millions de dollars.


Les recommandations formulées par le Secrétaire général, dans son dernier rapport, ont dans l’ensemble rallié le soutien des membres du Conseil de sécurité, en particulier celle visant à renforcer le Bureau des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BONUCA).  Le Bureau serait appelé à jouer notamment un rôle dans le processus de réconciliation nationale, à apporter un appui technique dans les domaines de la sécurité et de la restructuration des forces de défense, à favoriser le désarmement.  Il serait également appelé à jouer un rôle dans la promotion des droits de l’homme.  Sur le plan économique les délégations ont appuyé les appels lancés par le Secrétaire général à l’intention des partenaires financiers de la République centrafricaine pour qu’ils fassent preuve d’une bienveillance exceptionnelle.


(à suivre – 1a)

Les membres du Conseil suivants ont pris la parole: Mali, Ukraine, Tunisie, Etats-Unis, Royaume-Uni, Fédération de Russie, Bangladesh, Singapour, Irlande, Norvège, Maurice, Jamaïque, Colombie et France.  Les délégations suivantes ont également pris la parole : Belgique au nom de l’Union européenne et des pays associés, et Egypte.  Le Conseil était saisi d'un rapport du Secrétaire général sur la situation en République centrafricaine en réponse à la déclaration présidentielle.


LA SITUATION EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE


Rapport du Secrétaire général sur la situation en République centrafricaine (S/2001/886)


Ce rapport, présenté conformément à la déclaration du président du Conseil de sécurité en date du 17 juillet 2001, soumet des recommandations sur ce que les Nations Unies pourraient faire de plus pour contribuer au relèvement de la République centrafricaine et au renforcement du rôle du Bureau des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BONUCA), en particulier dans les domaines judiciaire, du développement des institutions, de l’amélioration de l’efficacité de ses moyens d’alerte rapide et des droits de l’homme.


Rappelant l’état de pauvreté structurel de la République centrafricaine, aggravé par le coup d’Etat manqué du 28 mai 2001, le Secrétaire général demande dans une première partie à la communauté internationale et aux partenaires au développement une assistance multidimensionnelle, à court et moyen terme.


Dans le domaine des ressources humaines, le Secrétaire général suggère que les partenaires détachent des experts de haut niveau auprès du Gouvernement centrafricain et qu’ils fournissent un appui institutionnel visant l’informatisation des structures du Ministère des finances.


Sur le plan économique, le Secrétaire général encourage les partenaires à fournir une assistance à la formation d’entrepreneurs et à la modernisation de l’agriculture. Soulignant l’importance des difficultés financières de la République centrafricaine, le Secrétaire général encourage les partenaires à faire preuve de bienveillance.


Au plan de la sécurité, le Secrétaire général invite les partenaires à soutenir le Gouvernement de la République centrafricaine dans ses efforts visant à désarmer le pays et à restructurer les forces de défense et de sécurité.


Le Secrétaire général recommande de renforcer le mandat du Bureau des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BONUCA). Le Bureau doit poursuivre sa mission globale, note le Secrétaire général, mais il doit privilégier désormais certaines tâches : concrétiser le dialogue politique entre majorité et opposition et favoriser la réconciliation nationale ; surveiller la situation sécuritaire grâce à une capacité d’alerte renforcée, assurer le respect et la promotion des droits de l’homme en augmentant ses activités d’investigation et de formation, et appuyer la reconstruction économique du pays.


Il conviendra d’accroître sensiblement les ressources humaines et financières du Bureau, ajoute le Secrétaire général, qui indique qu’il présentera un budget modifié en conséquence à l’Assemblée générale. Le Secrétaire général, en conséquence, suggère que le mandat du BONUCA soit prorogé d’une année supplémentaire, jusqu’au 31 décembre 2002. Le mandat actuel expirera le 31 décembre 2001.


Déclaration


M. LAMINE CISSE, Représentant spécial du Secrétaire général en République centrafricaine et chef du Bureau des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BONUCA), a présenté le rapport du Secrétaire général contenant des recommandations sur ce que les Nations Unies pourraient faire de plus pour contribuer au redressement de la RCA et sur le renforcement du rôle du BONUCA.  Abordant la situation sur les plans politique, économique et social, le Représentant a expliqué que, depuis le coup d’Etat manqué, les autorités et leurs partenaires se sont attelés à la normalisation des institutions. L’apaisement des tensions politiques est perceptible mais ne sera définitif qu’au terme d’une enquête menée contre les instigateurs du putsch.  Le procès des putschistes devrait s’ouvrir rapidement.  


Des efforts ont été accomplis en faveur du rapprochement politique.  Le dialogue rompu depuis la mi-mai vient d’être renoué entre le Gouvernement et les syndicats dans le cadre du Comité de suivi et d’arbitrage.  Au plan économique, les conséquences du coup d’Etat ont été désastreuses.  Les  difficultés n’ont pas permis aux autorités d’honorer leurs engagements extérieurs et la Banque mondiale a suspendu ses décaissements.  Du 10 au 12 septembre, les assises du redressement économique ont eu lieu.  Sur le plan de la sécurité, le Gouvernement centrafricain a déployé d’énormes efforts pour rétablir des conditions de sécurité, notamment dans la capitale.  Mais la présence en République démocratique du Congo de 20 000  réfugiés civils et militaires centrafricains est une source de préoccupation.  


Abordant plus particulièrement les recommandations du Secrétaire général, le Représentant a rappelé que ce dernier a recommandé que les institutions de Bretton Woods fassent preuve d’une exceptionnelle bienveillance en faveur de la RCA.  Il demande également qu’une aide soit allouée dans les domaines de l’administration publique et des finances publiques.  Ces mesures telles que la mobilisation des recettes et la réforme des structures permettront la relance économique.  Le Secrétaire général met également l’accent sur la restructuration des forces armées qui requiert l’aide des partenaires.  Il invite les Etats qui ont pris des engagements à les honorer.  Dans la mesure où la tentative du coup d’Etat a encouragé la prolifération des armes, il faut appuyer le Gouvernement dans ses efforts de désarmement. 


Pour ce qui est du renforcement du rôle du BONUCA, le Représentant spécial a indiqué que les recommandations du Secrétaire général portent sur différentes activités comme celles relatives aux bons offices, le suivi de la situation humanitaire, la promotion des droits de l’homme, et l’appui politique à la mobilisation des ressources.  Il recommande particulièrement un renforcement de l’unité des droits de l’homme et la mise en place d’un système d’alerte précoce.  Le Secrétaire général recommande également la prorogation pour une année du mandat du BONUCA qui arrive à son terme le 31 décembre 2001.  Il forme le vœu que la prochaine rencontre entre les institutions de Bretton Woods et le Gouvernement centrafricain et la réunion des bailleurs de fonds verront une concrète manifestation de la communauté internationale.


M. ROBERT CALDERISI, Directeur de la zone comprenant le Cameroun, la République centrafricaine, le Tchad, la Guinée équatoriale et le Gabon pour la Banque mondiale, a indiqué qu’en collaboration avec le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale essaie d’aider le Gouvernement centrafricain à améliorer sa gestion économique et à jeter les bases d’un développement durable.  Si les conflits au sein du pays et à ses frontières ont compliqué les choses, ils ne les ont heureusement pas arrêtées, a affirmé le représentant de la Banque mondiale en expliquant que malgré les difficultés, le Premier Ministre et ses collègues ont continué de se concentrer sur les questions à moyen et à long termes, essentielles pour le renforcement de la croissance et la lutte contre la pauvreté.  Pour étayer ses propos, il a évoqué la tenue des premières assises nationales de l’économie et des finances, qui ont eu lieu, du

10 au 12 septembre 2001, ainsi que la préparation rapide du programme national de lutte contre le VIH/sida qui sera financé par la Banque mondiale à hauteur de

17 millions de dollars.


Le climat est à la détermination plutôt qu’à la résignation, a affirmé le Directeur de la Banque mondiale avant de donner l’axe d’action de son institution.  La Banque mondiale entend ainsi apporter, dans les prochains mois, un appui supplémentaire au budget national et approuver l’octroi d’un don post-conflit pour financer les besoins d’urgence.  La Banque entend également fournir un appui analytique aux préparatifs de la stratégie de réduction de la production comme moyen d’obtenir un allègement de la dette de la part de la communauté internationale.  De même, la Banque compte œuvrer à une mise en œuvre rapide du projet sur la lutte contre le VIH/sida.  Pour les six prochains mois, trois points demeurent essentiels, a conclu le Directeur de la Banque mondiale en citant la mise en place d’une économie saine pour appuyer les efforts de consolidation de la paix ; la coordination des efforts d’assistance de l’ensemble du système des Nations Unies; et la promotion par le Gouvernement centrafricain d’une gestion publique saine et d’une bonne gouvernance pour s’attaquer efficacement aux causes  profondes du conflit.


M. MOCTAR OUANE (Mali) a souligné la nécessité de concevoir un programme d’ensemble cohérent pour contribuer au redressement de la République centrafricaine. Un effort important de la communauté internationale sera nécessaire, a-t-il ajouté.


M. Ouane a déclaré que sa délégation soutenait les propositions de renforcement du BONUCA, parce qu’il favorisera la réconciliation nationale, et permettra aux Centrafricains de préserver leur unité, essentielle pour la stabilité sous-régionale, a-t-il expliqué.  Le renforcement du mandat du BONUCA permettra d’assurer un meilleur suivi de la situation sécuritaire et de faire face aux tâches accrues d’observation, d’enquête, de formation et d’assistance judiciaire qu’exige la situation, a expliqué en outre le représentant.


M. VALERY P. KUCHINSKY (Ukraine) a dit partager entièrement les considérations exprimées par M. Cissé dans son analyse sur la situation en République centrafricaine.  Dans ces circonstances, il faut une réponse concertée et immédiate pour trouver des solutions à long terme aux nombreuses tâches relevant de la consolidation de la paix.  Il s’agit, a estimé le représentant, d’une mise à l’épreuve de la capacité des Nations Unies à mettre en place une stratégie globale et intégrée de consolidation de la paix.  Il s’agit avant tout pour la communauté internationale et le Gouvernement centrafricain de prévenir l’instabilité, a estimé le représentant en citant l’achèvement de la restructuration d’une force de sécurité et de défense et la collecte des armes.  Un autre domaine dans lequel le Conseil doit être particulièrement vigilant est la dimension sous-régionale de la situation et le lien avec la reprise des conflits en République démocratique du Congo.  Conformément à ses propos, le représentant a appelé à une coordination étroite entre les Représentants en RDC et en RCA. 


Compte tenu de la spécificité et de la complexité des stratégies de consolidation de la paix, il faut se féliciter, a ajouté le représentant, du plan d’action proposé par le Secrétaire général pour appuyer les efforts du Gouvernement.  Il a précisé toutefois que le lien existant entre certaines recommandations dans le contexte du développement nous amène à penser qu’elles devraient être portées à l’attention d’autres institutions spécialisées de la famille des Nations Unies.  Le renforcement des activités du BONUCA contribuera au succès de l’application de la stratégie de consolidation de la paix, a conclu le représentant.  Il a exhorté la communauté internationale à continuer de jouer un rôle actif dans le pays pour assurer la stabilité et le développement durable.  Nous avons aujourd’hui un plan clair et nous devons mener des actions concrètes.  La réunion d’aujourd’hui doit donner un nouvel élan aux engagements politiques et financiers, a encore dit le représentant.


M. MOKHTAR CHAOUACHI (Tunisie) a déclaré que la situation dans le pays demeure fragile.  Les efforts du Gouvernement centrafricain sont de plus en plus mis à rude épreuve et la tentative de coup d’Etat de mai dernier ne fait que confirmer nos craintes.  Cette situation exige une aide d’urgence de la part des donateurs et de la communauté internationale pour que le Gouvernement puisse faire face aux besoins prioritaires et apaise les tensions sociales.  Il est important que la Banque mondiale reprenne ses décaissements et que les pays donateurs honorent leurs engagements.  L’appui à l’organisation d’élections locales consoliderait le processus électoral dans le pays.  L’aide de la communauté internationale doit venir en appoint de la volonté politique centrafricaine.  La prolifération des armes légères est une source de préoccupation majeure, d’où la nécessité d’intensifier la collecte des armes.  La recherche d’une solution aux problèmes sécuritaires, humanitaires et socioéconomiques devrait également se faire dans le cadre d’une approche sous-régionale.  Le représentant a apporté son appui aux recommandations du Secrétaire général relatives au BONUCA.


M. CAMERON R. HUME (Etats-Unis)a condamné, au nom de son pays, le coup d’Etat, qui, en tant qu’attaque contre un gouvernement élu, ne saurait être toléré. Il a condamné en outre les atteintes aux droits de l’homme qui l’ont accompagné.  Il a insisté sur la nécessité de juger les coupables de ce coup d’Etat.  M. Hume insisté sur la nécessité de fournir une assistance aux réfugiés, en indiquant que leur nombre était évalué à 25 000 personnes, dont très peu ont pris part au coup d’Etat. Il a invité le Gouvernement centrafricain à ouvrir sa frontière avec le Congo et à faire savoir aux réfugiés qu’ils ne risquent rien en rentrant dans leur pays.  Il a exprimé son vœu que le renforcement du BONUCA ait lieu rapidement et a ajouté que son pays demanderait des précisions supplémentaires avant de prendre une décision pour la prorogation de son mandat. L’accroissement des ressources du BONUCA, a expliqué le représentant, doit dépendre des engagements du Gouvernement centrafricain qui, à son avis, ne sont pas suffisants pour le moment.

M. SHEN GUOFANG (Chine) a souhaité que le dialogue politique en République centrafricaine (RCA) reprenne le plus rapidement possible pour stabiliser la situation.  Il a jugé encourageant que le Bureau de l’ONU en Centrafrique (BONUCA) ait compris l’importance de ce dialogue.  Il a aussi jugé que l’aide à la RCA doit être renforcée en déplorant la décision de la Banque mondiale de suspendre son aide.  Le représentant a donc exhorté les institutions de Bretton Woods et la communauté internationale à continuer de fournir une aide d’urgence à la RCA.  Mettant l’accent sur la loi sur l’investissement adoptée récemment par le Parlement de la RCA, le représentant a espéré que cela contribuera à améliorer les relations du pays avec ses partenaires.  Il a aussi mis l’accent sur les trois plans d’action également adoptés récemment pour appeler les partenaires à y répondre favorablement.  Evoquant la situation sécuritaire, le représentant a espéré que les partenaires de la RCA fourniront des ressources financières et humaines pour aider le Gouvernement dans ses efforts de désarmement et de formation d’une force de police et de gendarmerie.  Le Conseil doit adopter une approche régionale pour ce qui est de la RCA, a insisté le représentant avant d’appeler en faveur de la révision du mandat du BONUCA.  Il a émis l’espoir qu’en appliquant la stratégie pour la consolidation de la paix, le Bureau coordonnera ses efforts avec ceux du Gouvernement pour parvenir à l’objectif fixé de manière organisée.


M. ALISTAIR HARRISON (Royaume-Uni) a indiqué que la reconstruction d’un pays exige la participation de tous les partenaires, qu’ils soient politiques ou économiques.  Le représentant a souhaité que la communauté internationale facilite les efforts visant à améliorer les droits de l’homme et la gestion des affaires publiques, à réinstaller les réfugiés dans leurs foyers, à mener à bien la collecte des armes et les projets de restructuration des forces armées.  Pour ce qui est du BONUCA, le représentant a souhaité obtenir des informations plus complètes sur les ressources dont aura besoin ce Bureau


M. ANDREY E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) s’est dit préoccupé face à la situation qui prévaut en République centrafricaine et à la relation que cette crise entretient, selon lui, avec la crise en RDC.  Tout en condamnant le coup d’Etat, le représentant a invité les autorités du pays à respecter les normes démocratiques dans leur enquête sur celui-ci.  Il a averti contre le risque que les événements de mai aboutissent à une augmentation des tensions ethniques : les réfugiés qui ont fui leur pays pour des raisons ethniques doivent pouvoir revenir sans crainte, a-t-il expliqué.  Il a apporté son soutien à l’établissement de mesures d’urgence favorisant le dialogue entre majorité et opposition, car l’absence de dialogue, a-t-il indiqué, pourrait réduire à néant les efforts de la communauté internationale. Il a appelé les Centrafricains à faire preuve de volonté politique et de vision, dans l’intérêt de la renaissance de leur pays.


Le représentant a assuré que son pays soutient les recommandations du Secrétaire général tendant à stimuler le dialogue politique et la réconciliation, ainsi qu’à aider au renouveau des institutions étatiques.


M. RUHUL AMIN (Bangladesh) a jugé essentiel que le Conseil prenne des mesures appropriées pour obtenir l’arrestation des principaux putschistes ou du moins pour éviter leur réinfiltration en RCA.  Il a aussi jugé urgent que le Conseil trouve les moyens de faire face à la menace que fait peser la circulation des armes.  Compte tenu de la situation actuelle en RCA, une assistance extérieure s’impose comme l’indique le rapport du Secrétaire général, a dit le représentant. Il a fait remarquer par ailleurs que la question qui se pose est de savoir ce que le Conseil devrait faire. Compte tenu de la situation politique et économique actuelle. Il s’agit en effet d’une question qui relève totalement de sa compétence. 


M. Amin s’est dit encouragé que le représentant de la Banque mondiale ait l’intention de fournir 17 millions de dollars à la lutte contre le VIH/sida et 8 millions de dollars à la lutte contre la pauvreté.  Puisque la Banque mondiale a décidé de suspendre son aide, il faudra trouver d’autres ressources, en particulier pour les projets à incidence rapide comme le microcrédit, a-t-il dit.  Qu’en pense la Banque mondiale a interrogé le représentant en prônant, par ailleurs, une implication plus poussée du Conseil économique et social et des fonds et programmes de l’ONU.  Les besoins de la RCA se chiffrent à 112 millions de dollars, a souligné le représentant en estimant qu’il ne s’agit pas d’un montant considérable ni trop lourd pour la communauté internationale.  Dans ce contexte, il a appuyé la proposition du Secrétaire général visant à renforcer le BONUCA.


MME  CHRISTINE LEE (Singapour) a mis en garde contre tout renforcement du BONUCA qui ne prendrait pas en compte son efficacité : dans le cas contraire, le BONUCA courrait le risque de perdre en crédibilité.  La représentante a insisté sur la nécessité de faire davantage attention aux causes fondamentales du problème. Elle a demandé que la communauté internationale contribue à la formation d’experts techniques et de gestionnaires locaux afin de voir à plus long terme.  Elle a demandé que la communauté internationale fasse du problème des réfugiés, qui touche la République centrafricaine mais aussi toute la région, une véritable priorité. 


M. GERARD CORR (Irlande) a souligné que la RCA se trouve au cœur d’une région instable comme en témoignent le flux de réfugiés dans la région et la prolifération des armes légères.  La situation en RCA doit être traitée dans le cadre régional, qui tiendrait compte de la situation en République démocratique du Congo.  Le représentant a appelé le Gouvernement de la RCA à assumer ses responsabilités afin de promouvoir la relance du dialogue politique et de promouvoir une culture de tolérance.  Le Gouvernement doit rétablir le dialogue politique qui est une condition préalable à tout système politique viable.  Pour ce qui est de la situation économique, le représentant a appelé les institutions de Bretton Woods à tenir compte de la nature particulière de la RCA afin de mener à bien des programmes rapidement.  Il a souhaité obtenir plus d’informations sur le processus en cours visant à ce que la RCA devienne éligible pour bénéficier de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés.


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) s’est dit concerné par la situation en République centrafricaine.  Au vu des difficultés politiques, il a indiqué que son pays soutiendrait les nouvelles attributions du BONUCA proposées par le Secrétaire général pour oeuvrer à la réconciliation entre le gouvernement et l’opposition.  La Norvège est également favorable à l’élargissement des pouvoirs du BONUCA dans le domaine des droits de l’homme, a indiqué le représentant, en notant que la situation pouvait être améliorée sur ce plan.  Il a dit que son pays soutient les efforts du BONUCA pour aider le Gouvernement centrafricain à faire respecter la loi, à faciliter le désarmement et à restructurer les forces de sécurité.  Il s’est félicité du fait que le gouvernement ait créé un ministère chargé de cette dernière tâche.  Il a indiqué que son pays avait fourni 300 000 dollars pour aider au programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, et a espéré que les autres donateurs feront de même.  La Norvège soutient la prorogation du mandat du BONUCA jusqu’au 31 décembre 2002.


M. JADISH KOONJUL (Maurice) a declaré que depuis le dernier Conseil de sécurité consacré à la République centrafricaine, il y a huit mois, peu de progrès ont eu lieu et que la situation déjà précaire s’est encore dégradée.  Le représentant a demandé que les auteurs du coup d’Etat soient traduits en justice et que le Gouvernement s’attache à créer les conditions du retour des personnes exilées et de la réconciliation nationale.  Faisant observer que le versement irrégulier des salaires aux fonctionnaires et les difficultés économiques entraînent l’exode des cerveaux, le représentant a affirmé que le pays a un besoin urgent de l’aide internationale et de l’attention des institutions de Bretton Woods.  En effet, le redressement économique ne peut se faire seul, il doit être soutenu par des programmes d’aide et par des investissements massifs dans l’éducation et la formation.  Il serait également souhaitable que des experts internationaux de haut niveau, spécialisés dans l’administration et la finance, se rendent en RCA pour aider à se doter de ressources humaines compétentes, a ajouté le représentant.  Enfin, soulignant que le risque de prolifération des armes légères dans la région doit être pris au sérieux, il a demandé au Gouvernement de s’engager dans un dialogue régulier avec les gouvernements de la région et a apporté son soutien à la proposition visant à renforcer le BONUCA.


M. CURTIS A. WARD (Jamaïque) a souligné la nécessité, pour la communauté internationale, d’être plus engagée en République centrafricaine, pour ne pas laisser se perdre tous les efforts déjà fournis. Il a insisté sur le besoin d’un programme d’assistance durable qui impliquerait plusieurs institutions internationales. Il a expliqué qu’il fallait favoriser le rétablissement de la démocratie après un conflit, et a indiqué le rôle important que le programme durable peut jouer à cet égard. M. Ward a cité les engagements pris par le Gouvernement centrafricain, et a indiqué qu’il était nécessaire de les récompenser. Il a félicité les efforts du BONUCA pour favoriser le dialogue politique.


Soulignant que la situation financière serait déplorable et qu’elle risque de remettre en cause le tissu économique du pays, le représentant a regretté que les conditions imposées par les institutions de Bretton Woods aient eu des conséquences négatives sur l’économie centrafricaine. Il a rappelé que  les programmes d’ajustement structurels ne prennent souvent pas assez en compte la situation locale, notamment en cas de conflit. Le représentant a fait allusion à la dimension régionale de la crise, en citant les flux d’armes et les flux de réfugiés.


M. ANDRES FRANCO (Colombie) a estimé que la situation en RCA a des incidences directes sur la capacité de l’Etat à répondre aux besoins des

4 millions d’habitants.  La situation politique nous amène à nous interroger sur le rôle de la communauté internationale dans les situations postconflit.  Les Nations Unies doivent créer un climat propice à la réconciliation nationale et aux investissements étrangers.  Nous souhaiterions que le prochain rapport du Secrétaire général mette en lumière la contribution des organisations régionales et sous–régionales ainsi que celle de la communauté  des donateurs.  Les Nations Unies doivent continuer d’apporter une aide humanitaire aux réfugiés dont la fuite est une conséquence directe du coup d’Etat.  L’Organisation doit également poursuivre ses efforts en vue de faire respecter les droits de l’homme.


M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a déclaré que, depuis le mois de juillet, et suite au coup d’Etat, un travail remarquable a été accompli pour relever la RCA.  Soulignant que, dans cette démarche, les aspects militaires et politiques sont intimement liés aux questions économiques, le représentant s’est félicité de la présence, sur le terrain et lors du débat, des institutions de Bretton Woods.  En ce qui concerne la situation actuelle en République centrafricaine, M. Levitte a en premier lieu insisté sur la dimension régionale des crises dans la région centrale de l’Afrique, donnant comme exemple le problème des réfugiés ou la fermeture du fleuve Oubangui.  Il a, en deuxième lieu, réaffirmé que l’engagement de la communauté internationale est indispensable, et notamment celui de la Banque mondiale.  Troisièmement, M. Levitte a indiqué que la responsabilité des autorités centrafricaines est également en jeu et que la réconciliation nationale ne pourra pas se faire sans leur coopération.  Il a, à cet égard, salué la reprise du dialogue avec les syndicats et engagé les autorités à donner des signes forts pour permettre le retour des réfugiés dans leur pays.  Enfin, le représentant a apporté son soutien au renforcement du BONUCA notamment en ce qui concerne le volet droits de l’homme et a proposé que Lamine Cissé soit nommé Représentant spécial du Secrétaire général.  Il a également endossé les propositions figurant dans le rapport du Secrétaire général et a demandé au Secrétariat quel serait le coût budgétaire du renforcement du BONUCA.


M. STEPHANE DE LOECKER (Belgique) a relevé, au nom de l’Union européenne et des pays associés,  l’étroite imbrication qui existe entre la crise en République démocratique du Congo et en République centrafricaine.  La communauté internationale doit établir une stratégie globale afin d’adresser les multiples problèmes régionaux interconnectés.  Le représentant a appelé la communauté internationale à poursuivre ses efforts en direction de la RCA.  Des programmes d’assistance multidimensionnels aussi bien bilatéraux que multilatéraux sont nécessaires.  Le représentant a ajouté que l’Union européenne attache une importance particulière à la réalisation d’une véritable réconciliation nationale et appuie le BONUCA pour intensifier le dialogue politique.  Un autre volet de réconciliation nationale réside dans la bonne entente pacifique entre les différentes composantes de la société.  


L’Union européenne, a ajouté le représentant, est disposée à continuer son assistance à la RCA.  Elle a déjà accordé un soutien financier immédiat d’un million d’euros à la suite de la crise de mai dernier.  Elle a également versé 11,5 millions d’euros sous forme d’appui budgétaire.  Elle discute à l’heure actuelle avec les autorités centrafricaines et en étroite collaboration avec les institutions financières internationales les modalités d’un deuxième versement.  

Celui-ci devrait être effectué en fonction du respect des engagements pris pour la mise en œuvre des réformes macroéconomiques notamment au niveau de la bonne gestion des finances publiques.  A moyen terme, l’Union européenne est en discussion avec la RCA pour définir ensemble une stratégie d’appui incluant la poursuite du soutien au programme de réformes économiques.


M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte), faisant allusion au coup d’Etat du 28 mai 2000, a regretté que les espoirs formulés par la communauté internationale après les grands progrès accomplis pendant la durée du mandat de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine, aient été récemment déçus.  Suite aux recommandations du Secrétaire général, le représentant a formulé quelques commentaires sur les façons de renforcer la sécurité et la démocratie en RCA.


Le représentant a estimé que le désarmement et la collecte des armes de petit calibre devait être à court terme.  Il a appelé en conséquence les pays donateurs et les institutions à contribuer financièrement au programme mis en place par le Gouvernement centrafricain.  Il a ensuite insisté sur la crise humanitaire à laquelle le pays doit faire face, en particulier à cause des nombreux réfugiés affluant des pays de toute la sous région.  Devant l’incapacité du Gouvernement centrafricain à répondre à cette crise, le représentant a rappelé la responsabilité de la communauté internationale envers les réfugiés. 


Soulignant les immenses efforts du Gouvernement pour remédier aux conséquences du coup d’Etat, le représentant a déploré les hésitations de la communauté internationale qui tarde à mobiliser l’assistance financière et technique dont le pays a besoin. Tout en accueillant favorablement la proposition du Secrétaire général d’envoyer des experts internationaux, le représentant a rappelé que la République centrafricaine souffrait surtout d’un manque de liquidités. L’Egypte est favorable au renforcement du rôle du BONUCA, a déclaré le représentant, en particulier dans le domaine des droits de l’homme, de l’aide au désarmement et du soutien au processus de réconciliation entre les partis politiques.


Enfin, le représentant a souligné les relations étroites entre les événements de la République démocratique du Congo et ceux de la République centrafricaine. En conséquence, il a souhaité que la Mission des Nations Unies au Congo se déploie à terme dans les territoires proches de la frontière centrafricaine, et que le processus de désarmement s’attache aussi aux groupes qui se trouvent dans les provinces de l’Equateur et qui constituent une menace pour la paix en République centrafricaine.


M. LAMINE CISSE est revenu sur les réalisations du BONUCA et il a insisté sur son rôle sur le plan des droits de l’homme.  Mais il a indiqué qu’à l’heure actuelle le BONUCA était submergé de demandes.  Il a expliqué que le recrutement de trois fonctionnaires spécialisés était nécessaire, afin de pouvoir assurer un service d’assistance judiciaire.  M. Cissé a aussi plaidé pour une décentralisation des actions du Bureau et, veiller au respect des droits de l’homme à l’intérieur du territoire.


Le Représentant du Secrétaire général a expliqué que le BONUCA avait demandé au Gouvernement centrafricain de faire un règlement uniquement judiciaire du coup d’Etat.  Il a indiqué que c’était grâce à une réunion appelée par le BONUCA que le dialogue avait pu être renoué.  Il a aussi déclaré que le BONUCA étudiait, avec le nouveau ministère de la restructuration, les moyens de désarmer la population qui s’est équipée depuis le coup d’Etat.  Quant aux forces de défense et de sécurité, elles sont pauvres aussi bien en ressources humaines qu’en logistique, a déploré le Représentant.


En ce qui concerne les réfugiés, le Représentant a précisé que le Gouvernement avait lancé des appels pour leur demander de rentrer.  Certains ont commencé à revenir, mais il faut du temps pour que la confiance soit rétablie, a déclaré M. Cissé.  Il a estimé que le nombre de réfugiés en République démocratique du Congo s’élève à 23 000  et en République centrafricaine à 48 000.  La RCA, a-t-il déclaré, constitue un «déversoir» des problèmes non résolus de la région.  La réouverture du fleuve Oubangui à la circulation est nécessaire, car il constitue un élément essentiel du commerce et de l’économie dans toute la région, a conclu le Représentant.


Le représentant de la Banque mondiale, répondant à la question du représentant du Bangladesh, a indiqué qu’il existe un dispositif permettant de libérer des fonds afin de soutenir le budget et d’aider le Gouvernement centrafricain à payer les salaires des fonctionnaires.  Mais les versements doivent se faire dans l’ordre, a-t-il expliqué, car les fonds pour l’Afrique viennent de 30 pays du monde et il est crucial de maintenir la confiance des bailleurs de fonds.  M. Calderisi a par ailleurs déclaré qu’à son avis, les limites des capacités administratives ne constituent pas la principale contrainte pesant sur le développement du pays, et qu’une fois que les personnes exilées seront revenues, un programme technique et bien ciblé pourra être défini.


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