LES SERBES DU KOSOVO SONT DISPOSES A PARTICIPER A L’ELABORATION DU CADRE JURIDIQUE D’AUTONOMIE DE LA PROVINCE SI DES GARANTIES DE SECURITE, ENTRE AUTRES, LEUR ETAIENT DONNEES
Communiqué de presse CS/2132 |
Conseil de sécurité
4309e séance - matin
LES SERBES DU KOSOVO SONT DISPOSES A PARTICIPER A L’ELABORATION DU CADRE JURIDIQUE D’AUTONOMIE DE LA PROVINCE SI DES GARANTIES DE SECURITE, ENTRE AUTRES, LEUR ETAIENT DONNEES
Les membres du Conseil se félicitent du renforcement
de la coopération entre la Mission de l’ONU au Kosovo et les autorités yougoslaves
Le Conseil de sécurité a tenu, ce matin, une réunion au cours de laquelle il a examiné avec le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix la situation au Kosovo et les mesures prises par l’Administration intérimaire des Nations Unies (MINUK) en prévision des élections générales qui se tiendront dans le territoire cette année. M. Jean-Marie Guéhenno a évoqué les travaux du Groupe de travail chargé d’élaborer le cadre juridique de l’autonomie substantielle prévue par la résolution 1244 du Conseil de sécurité et les mesures en matière économique, de sécurité et de respect de la loi. Commentant les travaux du Groupe de travail, le représentant de la République fédérale de Yougoslavie a annoncé la décision des Serbes du Kosovo d'apporter désormais “une collaboration constructive” aux travaux du Groupe en posant comme conditions l’établissement de garanties de sécurité, une participation égale au sein du Groupe et une augmentation du nombre de Serbes au sein des organes autonomes. Les délégations se sont félicitées de cette évolution positive conforme à leur conviction selon laquelle la participation de toutes les minorités ethniques au processus électoral est la condition préalable à la création du Kosovo multiethnique prévue par la même résolution 1244.
Au sujet de la question de la sécurité à l’intérieur du Kosovo, elles ont accueilli avec intérêt les mesures prises par la MINUK pour renforcer la police et l’appareil judiciaire. A cet égard, M. Guéhenno a souligné la nécessité de doubler le nombre des juges et des procureurs –16- actuellement en fonction au Kosovo. La question de la sécurité étant liée à celle du retour des personnes déplacées et des réfugiés serbes en prévision des élections, M. Guéhenno a défendu une démarche progressive compte tenu des conditions de sécurité. Qu’il s’agisse des préparatifs des élections, du retour des réfugiés, de la question des personnes détenues et portées disparues ou encore de celle de la sécurité,
M. Guéhenno, comme l’ensemble des délégations, a insisté sur l’importance, en la matière, d’une bonne coopération avec la République fédérale de Yougoslavie. Mettant l’accent sur la rencontre récente entre le Président Kostunica et
M. Haekkerupp, chef de la MINUK, le Secrétaire général adjoint a affirmé que les négociations sur l’ouverture d’un Bureau de la MINUK à Belgrade se déroulent de manière satisfaisante.
M. Guéhenno a conclu sur cette note positive: «Les progrès relatifs au cadre juridique permettront des élections générales, la mise en œuvre des mesures relatives au respect de la loi renforceront la sécurité et la coopération avec la RFY contribuera à la recherche de solutions sur les questions de sécurité et du retour des réfugiés». Si elles se sont montrées tout aussi optimistes, les délégations n’ont toutefois pas caché leur préoccupation devant la poursuite de la violence ethnique, l’impact sur le Kosovo des tensions dans le sud de la Serbie et à la frontière avec la République fédérale de Yougoslavie et le potentiel qu’ont les élections de raviver les velléités indépendantistes. Les délégations ont donc appuyé l’idée d’envoyer une mission du Conseil au Kosovo et à Belgrade pour prendre le pouls de la situation.
Les quinze membres du Conseil ainsi que les représentants de la République fédérale de Yougoslavie et de la Suède, au nom de l’Union européenne et des pays associés, ont pris la parole.
RESOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SECURITE
Déclarations
M. JEAN-MARIE GUEHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a fait part des travaux du Groupe de travail sur l’établissement d’un cadre juridique de gouvernement provisoire en prévision des élections générales qui doivent se tenir au cours de cette année au Kosovo. Il a indiqué que les Kosovars continuent de demander un transfert total du pouvoir au niveau local et d’exiger l’établissement d’une véritable «constitution intérimaire». Or, il est prévu que la MINUK demeurera responsable des domaines relatifs au respect de la loi ou des relations extérieures. M. Guéhenno a souligné que les Serbes du Kosovo ne participent toujours pas aux travaux du Groupe de travail et consultant à ce sujet le Président de la République fédérale de Yougoslavie (RFY). Ce ne sera qu'à la suite des consultations avec les parties concernées, en particulier la RFY, que le Représentant spécial du Secrétaire général se prononcera sur un cadre juridique définitif. En parallèle à ses travaux, l’accent est mis sur la création d’assemblées municipales dans le cadre de laquelle se poursuivent les discussions relatives au transfert du pouvoir. Toutefois la polarisation entre les partis nationalistes suscite des préoccupations, a observé M. Guéhenno qui a souligné que si des progrès ont été faits en ce qui concerne la répartition des sièges parmi les minorités, il n’en a pas été de même en ce qui concerne la minorité serbe. Quant aux élections,
M. Guéhenno a indiqué que l’OSCE vient d’arrêter un plan prévoyant deux mois de préparatifs et six mois pour l’inscription des électeurs. L’OSCE et l’ONU ont prévu un processus d’inscription simultanée. S’agissant du respect de la loi et des questions judiciaires, le Secrétaire général adjoint a fait état des travaux visant à consolider la police et les institutions judiciaires dans un domaine unique de la MINUK. L’objectif, a-t-il dit, est de faciliter une réponse efficace de la police et des autorités judiciaires vis-à-vis de la criminalité.
M. Guéhenno a estimé que le chiffre de 11 juges et de 5 procureurs internationaux pourrait être doublé.
Venant aux questions économiques et de reconstruction, il a annoncé l’établissement de points de collecte d’impôt et de taxes à la frontière avec la RFY et concernant les relations de la MINUK avec cette dernière, il a annoncé les progrès enregistrés dans la procédure relative à l’ouverture d’un Bureau de la Mission à Belgrade. Les négociations se poursuivent, a-t-il indiqué, sur un accord du statut de la Mission. Abordant la question des détenus et des personnes disparues, le Secrétaire général adjoint a déclaré qu’à la suite de la loi d’amnistie 218 des 662 détenus ont pu être relâchés et que la MINUK continue de travailler en ce sens. En ce qui concerne les personnes disparues, les signes sont encourageants quant à la possibilité de créer des lignes de communication avec les familles et de créer une commission qui serait une mesure importante pour rétablir la confiance entre les communautés.
S’agissant du retour des personnes, M. Guéhenno a indiqué que la MINUK et la RFY continuent d’examiner les conditions de retour des Serbes de Kosovo, en particulier les garanties de sécurité. Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a abordé la question de l’ex-République yougoslave de Macédoine (ERYM) en soulignant l’instabilité continue. En raison de ce conflit, a-t-il dit, le budget consolidé du Kosovo a enregistré une perte de 500 000 marks, sans compter les 8000 réfugiés que le Kosovo a dû accueillir. Malgré les effets négatifs du conflit en ERYM et dans le Sud de la Serbie, la MINUK poursuit ses activités. Les progrès relatifs au cadre juridique permettront des élections générales au cours de cette année et la mise en œuvre des mesures relatives au respect de la loi consolide la sécurité et la coopération avec la RFY, ce qui est un signe encourageant pour la sécurité et le retour des réfugiés, a conclu le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintient de la paix.
M. SERGEY V. LAVROV (Fédération de Russie) a considéré que la visite récente de M. Haekkerupp à Belgrade a eu une grande importance. Il s'est dit persuadé que sans une telle coopération avec Belgrade, la mission des Nations Unies ne sera pas en mesure de s'acquitter de son mandat. En ce qui concerne l'organisation d'élections dans tout le Kosovo, le représentant a jugé nécessaire d'assurer des conditions de sécurité et de garantir une participation équitable de tous les habitants du Kosovo dans des conditions d'autogestion pour que ces élections ne renforcent pas le caractère monoethnique du Kosovo ainsi que le pouvoir des forces nationalistes. M. Lavrov a rappelé sa proposition d'envoyer une mission du conseil de sécurité avant ces élections, qui se rendrait notamment à Belgrade, avant que ne soient prises des décisions sur le cadre légal des élections. Une telle mission démontrerait aux membres des minorités que le Conseil de sécurité n'a pas l'intention d'oublier leurs préoccupations légitimes. Elle contribuerait à réaliser les objectifs de coopération qui ont été convenus entre M. Haekkerupp et Belgrade. Il faut assurer la sécurité de tous, y compris celle des Serbes et des membres des autres communautés non albanaises. Le représentant a noté que les violences ne diminuent pas au Kosovo et qu'elles sont dirigées, en particulier, contre la population non albanaise. La délégation russe a été d'avis qu'il ne faut prendre de décision trop hâtive sur Mitrovica. Si l'on ne tient pas compte des revendications des Serbes alors l'ensemble du territoire du Kosovo risque de se trouver ethniquement épuré, a-t-il ajouté. Tous les problèmes de violence qui sévissent dans la région trouvent leur origine dans la politique de pacification mise en place par la précédente administration. Le représentant a noté qu'en Bosnie, les extrémistes commencent à utiliser les mêmes méthodes que celles utilisées par les terroristes albanais. Il a estimé que cela montre que les mauvais exemples sont facilement répétés dans d'autres parties des Balkans. Le représentant s'est dit préoccupé par des informations faisant état d'activités accrues des extrémistes albanais, en particulier en Suisse. Il a rappelé l'importance de l'application de la résolution 1160 sur l'embargo d'envoi d'Armes au Kosovo et la nécessité de mener à son terme la démilitarisation des anciens combattants de l'ALK. Il a estimé que le trafic d'armes ne peut être invisible étant donné les quantités en jeu. Il a rapporté que l'on a trouvé récemment une cache d'armes si importante que la KFOR a dû utiliser quatre camions pour la vider.
M. SHEN GUOFANG (Chine) s’est félicité du développement des contacts entre la MINUK et la RFY. Il s’est inquiété des préparatifs des élections générales en soulignant la nécessité qu’elles se déroulent de manière parfaite, étant donné que la stabilité du Kosovo et de toute la région en dépend. Le représentant a souligné l’importance qu’il y a à assurer une participation effective de toutes les communautés ethniques et souhaité, à cet égard, savoir quel effet l’absence des Serbes dans le Groupe de travail aura sur les élections. Y aura-t-il des doutes quant à l’équité et à l’universalité de ces élections? a-t-il demandé tout en souhaitant que des explications lui soient données quant à l’impact qu’auraient les 8000 réfugies albanais de l’ERYM sur le bon déroulement des élections.
M. KARIM ANWARUL CHOWDHURY (Bangladesh) a jugé que la réunion du 5 avril entre M. Haekkerupp et le Président Kostunica est un évènement historique qui ouvrira de nouveaux horizons et permettra de régler de nombreuses questions en suspens. Il a estimé que la participation de toutes les communautés du Kosovo est capitale pour l'organisation des prochaines élections. Notant le retour de Serbes Kosovars, le représentant a rendu hommage à l'efficacité de l'administration de la MINUK. Il a estimé que le cadre juridique du gouvernement provisoire devrait être rédigé en consultation avec tous les membres de la société kosovare et refléter les intérêts de toutes les communautés. En ce qui concerne les personnes portées disparues, environ 3000 Kosovars dont un tiers de Serbes, le représentant a proposé d'établir un Comité mixte chargé d'examiner la question ainsi que celle des prisonniers. Il a jugé encourageants les efforts de reconstruction économique. Le Bangladesh s'est joint à la Chine et à la Fédération de Russie pour demander l'envoi d'une mission du Conseil de sécurité au Kosovo afin d'évaluer les progrès réalisés et les besoins en matière d'élections.
M. NOURREDINE MEJDOUB (Tunisie) s’est dit convaincu de la nécessité d’une mise en œuvre rapide et complète de la résolution 1244, en particulier de ses dispositions concernant l’autonomie du Kosovo. Il a argué que l’adhésion de toutes les composantes ethniques du Kosovo et l’implication de la RFY sont le meilleur garant du succès de ce processus. Encourageant les progrès dans l’élaboration d’un cadre juridique d’autonomie, le représentant a rappelé l’importance qu’il y a à garder à l’esprit que la solution aux problèmes du Kosovo doit s’inscrire dans un cadre plus large des solutions à apporter aux problèmes des Balkans. Se félicitant de l’esprit de coopération dont fait montre le Gouvernement de Belgrade, le représentant a exprimé sa préoccupation face aux foyers de tension le long des frontières du Kosovo. Il a jugé important de renforcer la sécurité, notamment dans les zones de résidence des minorités et d’assurer une justice impartiale et non discriminatoire à tous les habitants. Il s’agit en un mot, a-t-il dit, d'interdire toutes les forces extrémistes et toutes les politiques d’intolérance. Le représentant s’est félicité des résultats positifs de la réunion des pays donateurs et de la décision de l’ERYM de rouvrir ses frontières avec le Kosovo.
M. JAMES B. CUNNINGHAM (Etats-Unis) a estimé que le problème essentiel est de savoir si les questions en suspens au Kosovo ou dans la région seront résolues par la violence ou grâce à un processus politique. Il a estimé que le Conseil devrait encourager la MINUK et la KFOR sur la voie difficile du règlement politique. Le représentant a estimé que la violence demeure la menace la plus importante dans la région. Il a ajouté qu'il faut prendre des mesures contre les activités des extrémistes et le crime organisé. Les Etats-Unis ont exercé des pressions sur les dirigeants albanais pour qu'ils fassent preuve de modération car c'est la seule voie envisageable pour un règlement de la situation dans la région. Le représentant a ajouté que la KFOR a besoin du soutien de la communauté albanaise pour pouvoir mener à bien son mandat. Il a jugé indispensable de maîtriser l'extrémisme à l'intérieur et à l'extérieur du Kosovo. Le représentant a noté avec satisfaction que M. Guéhenno pense que les élections se tiendront cette année. Le représentant a eu l'impression que toutes les communautés du Kosovo sont encouragées à participer, ce qui est aussi un point important. La délégation des Etats-Unis souhaite savoir quels ont été les résultats des études menées par l'OMS, entre autres, sur les conséquences de l'utilisation d'uranium appauvri dans la région.
Répondant aux questions, M. Guéhenno a abordé l’impact des réfugiés sur les élections en indiquant que les 8000 personnes concernées ont été absorbées sans problème par des familles albanaises et aidées par le HCR. Tout permet de croire, a-t-il affirmé, que la plupart de ces réfugiés rentreront en ERYM dès que la situation le permettra. Ces réfugiés, qui ne sont pas Kosovars, ne sauraient avoir une quelconque influence sur les élections, a souligné le Secrétaire général adjoint. Quant à l’effet de la non-participation des Serbes du Kosovo aux élections, le Secrétaire général adjoint a reconnu que cela enverrait un très mauvais signal et serait dangereux pour un Kosovo multiethnique, comme le prévoit la résolution 1244 du Conseil de sécurité.
Il est fondamental, a-t-il insisté, que les prochaines élections bénéficient de la participation de tous, y compris des personnes déplacées depuis le 1er janvier 1998. Une élection qui négligerait ce principe ne ferait qu’élargir le fossé, a dit M. Guéhenno pour expliquer la coopération intense que la MINUK s’emploie à développer avec Belgrade. M. Guéhenno a indiqué, dans ce contexte, que tout retard dans les élections consisterait à “céder le pouvoir aux fusils au détriment des bulletins”. Pour lui, les élections seraient un moyen de réduire les tensions étant donné que tout porte à croire qu’elles donneraient la victoire aux modérés.
M. JEAN-DAVID LEVITE (France) a déclaré que la définition du cadre de l'autonomie substantielle figure au nombre des tâches prioritaires à la réalisation desquelles le Représentant spécial du Secrétaire général s'est attelé avec détermination. L'aboutissement de ce travail est un aspect essentiel de la préparation des prochaines élections générales. Le représentant a souhaité que le consensus puisse se dégager dans les meilleurs délais sur tous les sujets, y compris sur une définition précise des compétences à transférer aux futures institutions provisoires. M. Levitte a déclaré qu'il est souhaitable d'impliquer dans ces travaux des représentants des différentes communautés du Kosovo, et en particulier de la communauté serbe. S'agissant des élections générales, le représentant a estimé que leur tenue contribuera à l'approfondissement du processus démocratique au Kosovo. Pour que ces élections aient des effets véritablement positifs sur le plan de la démocratisation, des conditions satisfaisantes devront être assurées. La participation de toutes les minorités au scrutin est également importante. A cet égard, le représentant s'est réjoui de la disposition des autorités de Belgrade, au plus haut niveau, à favoriser la participation de la communauté serbe du Kosovo à ce vote. Il a salué la visite de M. Haekkerupp à Belgrade, le 5 avril dernier. Poursuivant, il a souligné que la lutte contre les violences ethniques est au cœur des préoccupations de la communauté internationale au Kosovo et que la MINUK et la KFOR sont mobilisées pour relever ce défi et prendre toutes les mesures requises contre les extrémistes. La communauté internationale attend de son côté des responsables politiques kosovars qu'ils lui apportent leur concours à la promotion de la concorde. Le représentant a appelé ces responsables à utiliser tous les leviers dont ils disposent afin que cessent ces violences. La communauté internationale est en droit d'attendre que tous les Kosovars et, en particulier, ceux qui ont des responsabilités politiques, coopèrent avec elle sans hésitation ni ambiguïté. Rappelant que le Conseil de sécurité a adopté la résolution 1345 à l'unanimité,
M. Levitte a souligné la cohésion de la communauté internationale démontrée lors de ce vote. Il a jugé frappant le fait que la communauté internationale soit unie dans son diagnostic de la situation au Kosovo mais aussi dans sa volonté de sauvegarder des principes tels que la souveraineté et l'intégrité territoriale des Etats de la région, ainsi que son soutien aux gouvernements macédonien et yougoslave. En Europe du Sud-Est, la communauté internationale est déterminée à encourager les forces d'intégration au détriment des groupes qui prônent l'émiettement territorial et la fragmentation ethnique.
MME PATRICIA DURRANT (Jamaïque) s’est félicitée du renforcement de la coopération entre la MINUK et la RFY en espérant que des décisions rapides seront prises pour la création d’une commission conjointe en ce qui concerne la question des personnes détenues et des personnes disparues. Evoquant la proposition de procéder à des tests ADN pour les personnes disparues, la représentante a souhaité savoir les moyens à la disposition de la MINUK et si la Mission aurait demandé une assistance internationale. Venant aux élections, la représentante a espéré qu’il sera possible de convaincre les Serbes du Kosovo de participer à la direction des affaires municipales. Quelles mesures la MINUK prend en ce sens, a demandé la représentante avant de poser la question de la circulation des armes légères. Elle a demandé un rapport exhaustif sur les mesures prises en la matière notamment par la KFOR.
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a souhaité savoir si le Conseil avance dans une direction commune pour résoudre les problèmes du Kosovo. Parfois on avance parfois on recule, a-t-il estimé. Des trois grandes opérations de maintien de la paix des Nations Unies, celle de la MINUK est de très loin la plus chère et la plus difficile de toutes. C'est pourquoi, est-il important de se demander si nous allons dans la bonne direction à long terme. En ce qui concerne l'organisation des élections, le représentant s'est demandé ce qui se passera si le parti gagnant est celui qui prône l'indépendance du Kosovo plutôt qu'un parti politique qui invoque l'application de la résolution 1244. Il a déclaré que Singapour est disposée à appuyer l'idée d'envoyer au Kosovo une mission du Conseil de sécurité chargée d'étudier le processus électoral.
M. ANDRES FRANCO (Colombie) a souhaité savoir où en sont les négociations sur les personnes enlevées au sud de la Serbie. Il a souhaité connaître, à son tour, les mesures prises pour contrôler le trafic d’armes à la frontière entre le Kosovo et l’ERYM. Il a conclu sur la question des relations entre la MINUK et Belgrade en s’en félicitant et en espérant que ces relations aboutiront à une participation effective des Serbes du Kosovo aux prochaines élections.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a noté que les travaux sur le "cadre légal" progressent et que le Représentant spécial du Secrétaire général a l'intention d'organiser, cette année, des élections dans l'ensemble du Kosovo. Il a estimé que la violence extrémiste qui est également dirigée contre des Albanais démontre que la progression vers des élections n'est pas facilitée par une amélioration des conditions de sécurité. Pour que des élections puissent avoir lieu, un cadre sécuritaire et juridique est nécessaire. Les dirigeants albanais du Kosovo devraient savoir que la meilleure façon de soutenir le processus électoral est de prendre des mesures publiques vigoureuses de lutte contre la violence et de créer les conditions du retour des réfugiés et des personnes déplacées. Le représentant a demandé à M. Guéhenno s'il a l'impression que les dirigeants kosovars ont une compréhension complète de la nécessité d'en faire plus en matière de sécurité.
Pour que des élections soient légitimes, il est essentiel que les Serbes du Kosovo et les autres minorités soient adéquatement représentés au cours de la préparation des élections et du scrutin mais également au sein des institutions. Il a été d'avis qu'une coopération plus étroite entre les autorités de la MINUK et les autorités yougoslaves permettraient d'atteindre ce but. La Norvège juge important d'ouvrir un bureau à part entière de la MINUK à Belgrade et souhaite savoir ce qu'il en est. La Norvège estime que tous les prisonniers politiques devraient être libérés au plus vite. De leur côté, les dirigeants d'origine albanaise devraient faire plus sur la question des personnes disparues. Il est également urgent de s'attaquer à la traite croissante des femmes et des enfants. Le représentant a demandé à M. Guéhenno quelles seraient les implications de la résolution 1244 si le Monténégro faisait sécession.
Répondant à cette deuxième série de questions, le Secrétaire adjoint aux opérations de maintien de la paix a indiqué que s’agissant des tests ADN, la MINUK compte tirer parti de l’expérience des ONG qui ont accompli un travail analogue en Bosnie-Herzégovine et solliciter une aide financière de la communauté internationale. Venant à la participation des Serbes du Kosovo au travail municipal, il a espéré que les Serbes qui participent déjà à ce travail serviront d’exemple à d’autres. Là où les Serbes refusent de participer, a-t-il dit, la MINUK s’assure que les ressources municipales soient bien allouées à la minorité serbe. Concernant le trafic des armes, il a indiqué qu’un règlement a été promulgué qui impose des sanctions graves. Actuellement, une campagne d’informations a été lancée en coopération étroite entre la MINUK et la KFOR qui devrait suivie d’une amnistie d’un mois pour ceux qui remettront leurs armes.
Quant à la question de Singapour selon laquelle les élections pourraient avoir un effet déstabilisateur qui poserait la question de l’indépendance, M. Guéhenno a reconnu que la question de l’indépendance est une question consensuelle au sein des Albanais. Il a argué que tout porte à croire que les élections atténueront les tensions. En effet, a-t-il expliqué, le fait de concentrer les populations sur les questions pratiques d’autonomie devrait en soi atténuer les tensions. Répondant à la Colombie sur la question des réfugiés et des personnes déplacées, M. Guéhenno a convenu que la question du retour des Serbes est une des questions politiques les plus importantes. Il a souligné la nécessité de procéder de manière progressive et conformément aux conditions de sécurité. En la matière, la MINUK s’attache à travailler de façon pratique avec tous les partenaires concernés.
S’agissant de la question relative aux négociations en cours dans le sud de la Serbie, il a expliqué leur lenteur par les violations fréquentes du cessez-le-feu. Il a défendu une mise en œuvre rapide des mesures d’établissement de la confiance en réitérant son avis que la composition de la force redéployée ne devrait pas inclure des troupes qui ont été associées aux évènements du Kosovo. Il faut être prudent et ne pas faire renaître les tensions inutilement. Sur l’engagement des dirigeants albanais de garantir la sécurité, M. Guéhenno a indiqué qu’en la matière la MINUK continue de faire précision sur ces dirigeants en leur expliquant que l’appui de la communauté internationale dépend de leur engagement ferme et que “ la démocratie doit non pas se concevoir comme la dictature de la majorité mais comme la protection de la minorité”.
M. MARKIAN KULYK (Ukraine) a salué le fait que les dirigeants yougoslaves aient demandé aux Serbes de participer aux élections générales qui doivent se tenir au Kosovo. Il faut renouveler l'effort déployé pour retrouver les personnes disparues du Kosovo dont le tiers sont des Serbes. S'agissant de la priorité accordée par la MINUK à la construction d'un système judiciaire et d'imposition de la loi, le représentant a estimé que la lutte contre le crime organisé doit être perçue comme une question séparée. Le représentant a estimé que les remèdes nécessaires pour le Kosovo, l'ERYM et la Serbie du Sud sont différents. Il a ajouté que la signature des pays de la région d'un instrument juridiquement contraignant, soulignant notamment le principe de l'inviolabilité des frontières, est une idée intéressante. Le représentant s'est réjoui du fait que la situation en ERYM semble progresser vers une atténuation des tensions.
M. SEKOU KASSE (Mali) a condamné les actes terroristes et les violences ethniques en encourageant la MINUK et la KFOR à sécuriser la frontière entre le Kosovo, d’une part, et la RFY et l’ERYM, d’autre part. Venant aux élections, il a estimé que pour que la MINUK puisse aller de l’avant, il est important de renforcer la coopération avec Belgrade pour régler les questions délicates. L’avenir de la région, a-t-il insisté, se trouve dans une solution politique. Il a conclu en partageant les préoccupations de la Jamaïque et de la Colombie sur la circulation des armes légères.
M. DAVID COONEY (Irlande) a souligné la nécessité de réduire les tensions entre les communautés du Kosovo. Le Conseil de Sécurité appelle ceux qui ont de l'influence sur ces communautés à l'utiliser dans ce sens. Le représentant a mis l'accent sur la nécessité d'un retour rapide des réfugiés. Soulignant l'importance de la libération des prisonniers encore retenus, le représentant a salué la loi d'amnistie des autorités serbes. La délégation irlandaise s'est déclarée favorable à la création d'un mécanisme conjoint pour se pencher sur le sort des personnes disparues.
M. ANUND PRIYAY NEEWOOR (Maurice) s’est dit convaincu que la crédibilité des élections à venir dépend de la participation effective de toutes les communautés du Kosovo laquelle est elle-même tributaire des conditions de sécurité. Il a jugé important que les réfugiés et les personnes déplacées soient encouragés à rentrer au Kosovo et que le processus d’inscription permette d’atteindre tous les électeurs potentiels. Il a jugé important que le cadre juridique mette l’accent sur le droit de toutes les minorités d’être représentées, de manière appropriée, non seulement au Parlement mais dans la fonction publique.
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a souligné l'importance de l'action de la MINUK en matière d'application de la loi et déclaré que le Royaume-Uni est prêt à fournir des juges internationaux. Il a ajouté qu'une une demande officielle directe est nécessaire pour que le Royaume-Uni puisse fournir cette aide à la MINUK en matière de personnel judiciaire. Il a estimé que les élections font partie des différentes étapes du processus qui permettra le retour à une "vie normale" au Kosovo. Bien que ce processus ne soit pas sans risques, il est nécessaire, a-t-il ajouté. Le représentant s'est dit heureux que le Représentant spécial ait mené des entretiens constructifs avec M. Kostunica et a jugé encourageant de noter un nouveau ton plus conciliant entre les parties.
M. DEJAN SAHOVIC (République fédérale de Yougoslavie) a mis l’accent, au titre des points positifs, sur la rencontre entre le Président de la RFY et le Représentant spécial du Secrétaire général qui démontre la volonté de coopération de la MINUK et de Belgrade. Il a estimé que l’ouverture du Bureau contribuera encore plus à cette coopération, ce qui, selon lui, encourageait les Serbes du Kosovo à reprendre la participation à la reconstruction du Kosovo. La question de leur participation au groupe de travail sur le cadre juridique a été réglée, a affirmé le représentant. Les Serbes sont prêts à apporter leur collaboration constructive, a-t-il dit en posant comme condition les garanties de sécurité, une participation égale au groupe de travail et une augmentation du nombre de Serbes dans les organes autonomes. Le représentant a souligné la volonté de son Gouvernement de participer aux préparations des élections au Kosovo étant donné, a-t-il souligné, qu’elles doivent se dérouler dans le cadre de l’intégrité territoriale de la RFY. Parlant de la situation au sud de la Serbie, il a dit l’engagement de son pays au plan défini et s’agissant de la zone de sécurité dans le sud de la Serbie et dans l’ERYM, il s’est dit encouragé par les efforts de la KFOR pour contrôler les frontières. Pour lui, une solution durable à la question du Kosovo ne pourra venir que d’une pleine mise en œuvre de la résolution 1244, du dialogue et de la coopération.
Concluant ce débat, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a répondu ne pas être en mesure de prévoir l'impact qu’aura la situation au Monténégro sur les évènements au Kosovo. Répondant sur les négociations concernant le Bureau de la MINUK à Belgrade, M. Guéhenno a déclaré que ces négociations devraient porter sur des questions de fond comme sur des questions pratiques. Sur la question de l’Irlande visant à savoir pourquoi il y a tant de détenus albanais en Serbie, M. Guéhenno a expliqué la loi d’amnistie, qui porte sur les prisonniers politiques, exclut les personnes condamnées pour acte de terrorisme. Il s’est dit heureux de l’engagement du Président du RFY de trouver rapidement une solution à ce problème.
M. PIERRE SCHORI (Suède au nom de l'Union européenne et des pays associés) a regretté les informations selon lesquelles la situation en matière de sécurité des minorités au Kosovo empire. Les informations dont dispose l'Union européenne démontrent que ces violences ont un caractère organisé et coordonné. L'Union européenne insiste pour que les dirigeants albanais prennent les mesures nécessaires pour mettre fin à cette situation. Le sort des personnes disparues doit également être tiré au clair. En conclusion, le représentant a souligné que l'Union européenne n'appuiera que ceux qui suivent la voie de la démocratie.
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