En cours au Siège de l'ONU

CS/2131

DES MEMBRES DU CONSEIL DEMANDENT QUE DES MESURES SOIENT PRISES POUR ASSURER LA PARTICIPATION DES REFUGIES AUX ELECTIONS AU TIMOR ORIENTAL

05/04/2001
Communiqué de presse
CS/2131


Conseil de sécurité

4308e séance – matin


DES MEMBRES DU CONSEIL DEMANDENT QUE DES MESURES SOIENT PRISES POUR ASSURER

LA PARTICIPATION DES REFUGIES AUX ELECTIONS AU TIMOR ORIENTAL


La date du 30 août 2001 a été retenue pour l´élection des 85 membres de l’Assemblée constituante qui devront, durant une période de 90 jours, élaborer la Loi fondamentale du futur Etat indépendant du Timor oriental, a indiqué ce matin, le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. Hedi Annabi, au cours d’une réunion d’information que le Conseil a tenue sur la situation au Timor oriental et sur les activités de l’Administration transitoire des Nations Unies (ATNUTO).  M. Annabi a souligné que ce n’est qu’à l’issue de ces travaux constitutionnels qu’il sera possible de déterminer la date de l’indépendance est-timoraise, les prévisions actualisées la fixant au cours du premier trimestre de 2002.  A l’issue de l’échange de vues qui a suivi, plusieurs délégations ont établi un parallèle entre la question électorale et la question du retour des réfugiés et d’autres se sont préoccupées des conséquences de la démission de

M. Gusmao de la présidence du Conseil national est-timorais.


Observant que les 100 000 réfugiés est-timorais constituent un électorat susceptible d’influer sur les résultats des élections, les délégations ont souhaité, en conséquence, que le respect du calendrier électoral soit envisagé avec suffisamment de souplesse.  Des appels ont été lancés pour assurer l’enregistrement de ces personnes avant la date limite du 20 juin; le représentant de la France défendant une procédure d’enregistrement dans les camps au cas où un retour massif ne serait pas possible avant la date butoir.  D’autres délégations comme celle du Mali ont même posé comme préalable aux élections, le retour de la majorité des réfugiés afin d’assurer des élections « inclusives et participatives ».


La situation sécuritaire dans les camps des réfugiés au Timor occidental a été évoquée, une nouvelle fois tout comme a été saluée l’adhésion du Gouvernement indonésien à la proposition du Conseil de dépêcher une mission sur place pour y évaluer la sécurité.  S’agissant de la sécurité au Timor oriental qui est le théâtre d’incidents de plus en fréquents, le Sous-Secrétaire général a cité, parmi les mesures prises, le déploiement de quatre cent cinquante policiers est-timorais qui travaillent désormais aux côtés des éléments de police civile de l’ATNUTO ; 100 nouveaux policiers devant les rejoindre chaque mois.  A ce rythme, le nombre de 3000 policiers devrait être atteint en avril 2003, a indiqué M. Annabi. 


Des délégations se sont montrées particulièrement préoccupées par cette recrudescence de la violence que certains ont analysée comme la conséquence de la démission du Président du Conseil national est-timorais, M. Xanana Gusmao.  Devant l’appel du Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de ne « pas dramatiser cette démission et de ne pas voir dans ces incidents une


signification politique », des délégations, à l’instar de celle du Singapour, ont appelé à la prudence en observant que cette démission pourrait être un signe potentiel de troubles politiques plus graves.  Beaucoup ont souhaité que M. Gusmao continue d’une manière ou d’une autre à contribuer à la gestion des affaires nationales. 


Prenant note de la situation actuelle, plusieurs délégations ont rejeté l’idée d’une réduction immédiate de la présence militaire internationale, la force de défense timoraise n’étant qu’à ses débuts d’existence.  M. Annabi a, en effet, annoncé le démantèlement de la FALINTIL, bras armé de la résistance est-timoraise, et de la naissance de la force de défense qui devrait comporter une force d’infanterie de 15 000 soldats et de 15 000 réservistes.  Si la réduction de la présence militaire a néanmoins été jugée inéluctable à moyen terme, la présence d’éléments internationaux de police civile a été reconnue comme indispensable à la stabilité d’un Timor oriental indépendant. 


S’agissant de cette période post-indépendance, le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix a annoncé la création d’un groupe de travail au sein de l’ATNUTO et d’une équipe de mission au Siège de l’ONU qui sont tous deux chargés de faire des recommandations quant à la nature de la présence internationale qui sera nécessaire après l’indépendance.  A cette fin, le représentant de la France a souhaité que des organismes tels que la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement, le Fonds monétaire international (FMI) et le Programme des Nations Unies pour le développement soient véritablement impliqués dans le processus.


Historique de la Mission de l’ONU au Timor oriental


Prorogée jusqu’au 31 décembre 2001 par la résolution 1338 du 31 janvier 2001, l'Autorité transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) a été créée le 25 octobre 1999 avec pour mandat d'administrer le territoire et d'y assurer la sécurité jusqu’à l’indépendance.  Composée de 8950 soldats, de 200 observateurs militaires et d’une force de police civile de plus de 1640 membres, l'ATNUTO a mis en place une politique de "timorisation" progressive de l’administration consistant à associer les Est-timorais à la prise de décision.  L’ATNUTO est désormais chargée d’organiser aussi l’élection des membres de l’Assemblée constituante. 


La situation au Timor oriental


Déclaration du Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix


M. HEDI ANNABI, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, a commenté la situation politique en informant le Conseil que le

13 mars dernier, un règlement relatif à la future Assemblée constituante a été adopté qui fixe la date des élections au 30 août 2001.  Il est prévu que dès son élection, cette Assemblée travaillera pendant une période de 90 jours, a expliqué

M. Annabi avant de préciser que la date de l’indépendance ne pourra ainsi être envisagée qu’une fois que l’Assemblée aura commencé ses travaux.  Il a indiqué que le 27 mars, le Conseil national a rejeté un projet de règlement qui prévoyait la création de commissions chargées de conduire des consultations sur la future constitution.  Après ce vote, M. Xanana Gusmao, Président du Conseil, se déclarant préoccupé par la procédure choisie, a préféré démissionner et a été remplacé par M. Ramos-Horta, ancien Ministre des affaires étrangères de l’organe exécutif.


Passant à la création de la force de défense, M. Annabi a fait part du démantèlement des anciens FALINTIL dont une bonne partie doit constituer la future force de défense.  Cette force devrait comporter une force d’infanterie légère de 15 000 soldats et de 15 000 réservistes.  L’ancien commandant de la FALINTIL a été nommé par l’Administrateur de l’ATNUTO, commandant en chef de la force de défense chargé de diriger les 650 anciens membres de la FALINTIL qui ont été choisis pour former le premier bataillon.  Des ressources supplémentaires sont nécessaires, en la matière a souligné M. Annabi avant de dire que les 11 000 anciens combattants qui ne feront pas partie de la force de défense sont préparés à réintégrer la vie civile grâce à un programme financé notamment par la Banque mondiale.


Abordant la question des réfugiés, M. Annabi a fait part du nombre croissant des retours qui se chiffrent aujourd’hui à plus de 180 000.  Il reste encore

100 000 personnes au Timor occidental, a-t-il estimé en faisant part des actes d’intimidation auxquels ils sont soumis et des difficultés d’accès à des informations fiables sur la situation au Timor oriental.  Ainsi le HCR, l’ATNUTO et l’équipe indonésienne chargée des réfugiés ont entrepris trois cycles de rapatriement organisé.  Afin de faciliter la réconciliation, des leaders pro-autonomistes ont été invités du Timor oriental.  L’Administrateur a en outre rencontré le Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie qui a conseillé de faire une évaluation de la situation sécuritaire afin de prendre les mesures qui s’imposent et d’assurer ainsi le retour du personnel des Nations Unies et de leurs institutions. 


S’agissant de la sécurité et de l’ordre à la frontière avec le Timor occidental, M. Annabi a regretté que des incidents se sont accrus ces derniers temps et des mesures ont été prises pour renforcer les éléments de la police civile de la Mission.  Ainsi, 450 policiers est-timorais sont aujourd’hui déployés aux côtés des policiers de l’ATNUTO et chaque mois, 100 nouveaux policiers devraient obtenir leur diplôme.  A ce rythme, le nombre de 3 000 policiers devrait être atteint en avril 2003, a dit M. Annabi avant d’ajouter que la « timorisation » de la police se fait aussi au niveau de la direction.


Concluant sur le suivi de la présence de l’ONU au Timor oriental, M. Annabi a annoncé la constitution d’un groupe de travail au Timor oriental qui sera chargé de faire des recommandations.  Il devrait tenir des consultations avec la direction politique du pays et d’autres partenaires du développement.  Au Siège, différentes façons d’appuyer ce travail sont envisagées.  L’idée de créer une équipe spéciale de mission a été acceptée qui devrait mettre au point des recommandations spécifiques concernant notamment la présence militaire, la police et les experts civils.


Questions-réponses


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a dit que son pays accorde une importance accrue à la question du Timor oriental, territoire pour lequel la Norvège est en train de réfléchir à un engagement à long terme.  Une mission norvégienne de niveau ministériel vient de se rendre au Timor pour étudier la meilleure politique de développement qui pourrait être mise en œuvre pour le bénéfice de ce territoire.  La Norvège a annoncé une contribution de un million de dollars en faveur du Timor par la voix de son Ministre des affaires étrangères et cette contribution vient d’être versée.  Nous pensons que les institutions internationales doivent travailler de près avec l’ATNUTO pendant la période de transition et nous espérons fermement voir le Timor oriental devenir indépendant dans un an.  La Norvège encourage la participation des Timorais au processus de reconstruction nationale et nous soutenons particulièrement la mise en place d’un système judiciaire efficace et transparent.  Notre pays soutient l’organisation des élections qui doivent se tenir bientôt et nous encourageons une participation égale des hommes et des femmes à ce scrutin qui doit être libre et équitable.  Nous nous inquiétons que le problème des réfugiés ne soit pas encore réglé, car il est essentiel que les réfugiés qui le souhaitent prennent part aux élections de l’an prochain et puissent s’inscrire sur les listes électorales avant la date butoir du mois de juin.


M. JAMES B. CUNNINGHAM (Etats-Unis) a dit que son pays soutient le calendrier électoral du Timor oriental tel qu’il a été décrit par M. Annabi.  Mais les Etats-Unis sont préoccupés par la situation sécuritaire aux frontières dont les conséquences pourraient mettre en danger le soutien et l’aide internationale.  Il est essentiel que l’Indonésie veille à faire appliquer les résolutions prises par le Conseil sur les questions de sécurité.  Les Etats-Unis ne sont pas satisfaits par les mesures contre les personnes qui ont tué trois travailleurs du HCR, a dit le représentant.  Nous aimerions avoir certaines précisions de la part de M. Annabi sur des aspects de son rapport liés à la sécurité et l’organisation des élections.


M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) a souligné la fragilité de la situation sécuritaire et, à ce propos, a souhaité connaître la nature des dispositions prises par l’ATNUTO pour faire face aux incidents violents qui ont lieu dans ce contexte politique intense.  La démission de M. Xanana Gusmao est-elle susceptible de compliquer la situation, a-t-il encore demandé en souhaitant que le Conseil réponde à la demande de l’Indonésie et dépêche une équipe pour évaluer la sécurité au Timor occidental et contribuer ainsi à consolider la confiance entre les deux voisins. 


A son tour, M. KUCHYNSKY (Ukraine) a dit espérer que M. Gusmao continuera de jouer un rôle dans la vie politique du territoire avant de mettre l’accent, lui aussi, sur la situation sécuritaire.  Il s’est dit satisfait, dans ce contexte, des progrès effectués dans la formation de policiers « est-timorais » et de la création de la force de défense.  Saluant les progrès dans le domaine politique et en ce qui concerne le retour des réfugiés, le représentant a estimé que les relations de coopération avec l’Indonésie est un facteur essentiel pour l’avenir du territoire.  Partant, il a accueilli avec satisfaction les rencontres entre l’Administrateur et les autorités indonésiennes qui ont mis en exergue la nécessité de contrôler les milices et celle d’envoyer une mission du Conseil de sécurité pour évaluer la sécurité au Timor occidental.  Posant à son tour une question, le représentant a souhaité savoir comment il faut interpréter les derniers troubles au Timor oriental en rejetant “l’explication simpliste” de frictions entre sportifs.


Répondant à cette première série de questions en commençant par l’aspect sécuritaire, le Sous-Secrétaire général des opérations de maintien de la paix, a fait part de la demande d’extradition faite par l’Administrateur à l’Indonésie concernant la personne responsable du meurtre de soldats néo-zélandais.  Or, il est apparu que l’Indonésie n’est pas prête à donner une réponse favorable à cette requête en arguant que la personne en question est en train d’être jugée par la justice indonésienne.  Passant à la question des règlements fiscaux, M. Annabi a reconnu les difficultés engendrées de l’adoption d’une loi fiscale et les inquiétudes des ONG.  Il a souligné, dans ce cadre, que les ONG ne sont pas soumises à l’impôt sur le revenu à moins qu’elles n’effectuent des bénéfices.  Un groupe de travail, a-t-il indiqué, a été créé comprenant des ONG et des représentants des autorités administratives qui chercheront à signer un accord sur les droits et les obligations des ONG.


Abordant la question des incidents récents qui pourraient être, selon certains, à l’origine de la démission de M. Xanana Gusmao, M. Annabi a dit ne pas voir de motifs politiques dans ces incidents sans pour autant écarter l’idée d’une manipulation par certains des 14 partis politiques créés à ce jour.  Revenant sur la démission de M. Xanana Gusmao, il a appelé le Conseil à ne pas dramatiser cette décision car en dehors de sa déception face au rejet des commissions consultatives, aucune raison sérieuse ne pourrait être invoquée.  M. Annabi a émis l’opinion selon laquelle la démission de M. Gusmao pourrait être interprétée comme étant le meilleur moyen de montrer que la voie prônée par les dirigeants est-timorais n’est pas la bonne et qu’il faut plutôt privilégier les discussions franches et constructives tant au niveau du Conseil national que dans la rue.  Le Conseil national est un organe difficile et prompt à la critique surtout de l’ONU, a dit M. Annabi pour expliquer que les divergences ne sont pas toujours résolues dans la concertation et la coopération.


M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a fait remarquer que les ONG devraient pouvoir travailler librement au Timor oriental sans que leurs actions ne soient bloquées par des questions liées à la mise en place d’un système de fiscalité dans le territoire.


M. CURTIS A. WARD (Jamaïque) a dit qu’il était inquiétant que les réfugiés continuent de vivre dans des conditions difficiles et d’insécurité.  L’Indonésie  ne pouvant agir avec efficacité à cause apparemment de ses difficultés économiques et financières, y-a-t-il un espoir de voir le HCR revenir rapidement dans le territoire en vue de soulager les réfugiés? Les Est-timorais ont-ils, d’autre part, fait des demandes formelles d’assistance pour la période après-indépendance en vue de les aider dans la mise en place de structures d’administration viables? a demandé le représentant.  Le Secrétariat a-t-il élaboré des propositions ou un plan de soutien administratif et de sécurité pour pallier le retrait de l’ATNUTO?


M. ANDRES FRANCO (Colombie) s’est dit encouragé par le retour de groupes de réfugiés au cours de ces derniers mois.  Mais, selon les informations, il y a, a-t-il dit, des camps au Timor occidental où des réfugiés souffrent de la faim et meurent de maladies.  Comment peut-on modifier les termes de sécurité de la phase 5 de l’ATNUTO?  La Colombie soutient le processus électoral annoncé, et regrette que des incidents de violence politique continuent de se produire.  Il serait triste que la construction d’une nation « timoraise » soit entachée de violences de nature religieuse, une mosquée ayant récemment été brûlée.  Nous aimerions savoir, a dit le représentant, s’il existe un mécanisme d’évaluation  de la sécurité sur le terrain.  Le Secrétariat a-t-il un plan de maintien de forces suffisantes sur le terrain?  Quant aux actes de violence qui sont perpétrés, a-t-on pu en identifier les auteurs et les motifs?  Sont-ils de nature politique?.  Certains membres du Conseil de transition ont dit, au Timor, qu’ils n’avaient pas été tenus au courant de la démission de M. Gusmao: cela aura-t-il des effets sur la transition?  Et quel type d’aide sera-t-elle nécessaire en vue de soutenir le territoire en cette délicate période de transition?


M. DAVID COONEY (Irlande) s’est dit préoccupé par la situation des réfugiés au Timor occidental en particulier, des femmes.  La situation sécuritaire d’ensemble reste préoccupante, a ajouté le représentant qui a souligné le besoin de mesures fortes de sécurité.


M. BIJAYEDUTH GOKOOL (Maurice) a dit espérer que la question de la participation de tous aux processus électoral et constitutionnel soit dûment prise en compte.  A ce propos, il a souhaité que le processus de rapatriement des réfugiés soit achevé avant la date limite d’enregistrement des électeurs.  Le représentant a voulu savoir si le recrutement du personnel électoral a commencé et si des dispositions ont été prises pour les réfugiés.


M JEAN-DAVID LEVITTE (France) a mis en parallèle la question des élections et celle du retour des réfugiés.  Il a demandé si le Secrétariat estime possible d’accélérer le retour de ces réfugiés pour les associer au processus électoral et dans le cas contraire, peut-on, comme le propose le Gouvernement indonésien, envisager un retour du personnel des Nations Unies au Timor occidental?  Quelles sont les exigences qui restent à satisfaire? a demandé le représentant qui s'est demandé s’il est possible, comme au Cambodge, d’utiliser la procédure d’enregistrement dans les camps de réfugiés pour permettre à ces derniers de s’associer à un “scrutin décisif”.  Le représentant a jugé important que, dès à présent, le Secrétariat prépare cette étape afin qu’une réduction de la présence internationale puisse prendre place dès que possible.  Il a convenu qu’en la matière, une présence internationale de police demeurera nécessaire, contrairement


à la présence militaire.  Il faut faire en sorte que la présence des Nations Unies ne soit pas perçue comme une force d’occupation.  Du bénéfice à la frustration, il y a un glissement progressif qui pourrait être préoccupant pour l’ensemble de la communauté internationale, a dit le représentant qui a insisté sur l’importance qu’il y a à impliquer la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement, le FMI et le PNUD aux efforts après l'indépendance.


M. WANG DONGHUA (Chine)a souligné la nécessité d’un retour des Nations Unies dans les camps de réfugiés au Timor oriental et a appuyé l’idée d'envoyer une équipe du Conseil de sécurité pour évaluer la situation.  Venant à la situation au Timor oriental, il a appelé à une accélération de la «timorisation» des postes à pourvoir avant d’informer le Conseil de l’aide que la Chine fournit au territoire.  Une délégation chinoise vient de signer un accord de coopération avec l’ATNUTO dans le cadre duquel des machines agricoles, des engrais et des produits chimiques seront fournis.  La Chine entend également mettre à la disposition des Timorais des stages de formation.


Répondant aux questions et aux remarques des délégations, M. ANNABI a dit que deux rapports seront transmis par le Secrétariat au Conseil sur le Timor oriental, l’un concernant la situation politico-sécuritaire et l’autre couvrant toute la question du Timor oriental, y compris l’histoire du territoire, qui sera transmis vers la fin de l’année.  Concernant la question des droits de propriété, il a été décidé par le Conseil national de transition de reporter leur examen après l’indépendance.  Concernant la phase 5 de l’ATNUTO, le Conseiller en matière de sécurité a estimé que cette phase doit être maintenue du fait de la menace persistante que font peser les milices.  Nous continuerons à examiner ce problème avec le Conseiller pour la sécurité au vu de l’évolution de la situation.  Quant à l’inscription des réfugiés sur les listes électorales, le Conseil de transition a décidé que seuls ceux qui retournent dans le territoire pourront s’inscrire, ceci représentant une mesure d’incitation au retour.


Il continue d’y avoir des difficultés à la frontière avec le Timor occidental, malgré les efforts que déploient les responsables de sécurité de l’ATNUTO, et il est évident que des groupes opérant au Timor occidental veulent simplement déstabiliser la situation, a dit M. Annabi.  Il n’est donc pas recommandé de réduire les effectifs militaires de l’ATNUTO avant les élections.  Les dirigeants chinois que M. De Mello et moi avons rencontré, ont promis que leur pays apportera une contribution importante en vue de participer à la construction du futur ministère des affaires étrangères.


M. SEKOU KASSE (Mali) a exprimé le soutien de sa délégation à la tenue des élections devant mener à l’indépendance du Timor oriental.  Le Mali pense cependant que le calendrier électoral est trop rapproché.  La date du scrutin pourrait-elle être plus flexible pour permettre à tous les réfugiés de revenir et participer?


M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a déclaré qu’il voyait la situation au Timor comme un verre à moitié vide et non pas à moitié plein.  La démission de

M. Xanana Gusmao semble être un peu prise à la légère.  Bien que M. Horta se soit mis dans le jeu politique de la transition, cette démission pourrait être le signe de troubles politiques à venir.  La stratégie de sortie de l’ONU du Timor ne semble pas claire, et cela nous amène à penser aux mises en garde évoquées dans le rapport Brahimi, a dit le représentant.  Il faudrait tirer les leçons des opérations de maintien de la paix du passé.  Nous sommes de l’avis de M. Annabi, qui estime qu’il ne faut pas commencer le retrait des forces de l’ATNUTO.  Nous devons aussi aider les Timorais à préparer la période de l’après-indépendance qui est cruciale et se révèle souvent une période de défis quotidiens à relever.  L’ONU devrait aider le Timor oriental dans cette démarche. Si les conditions d’une indépendance viable ne sont pas en place, il ne faudrait pas hésiter à en revoir le calendrier.  La question du Timor oriental est aussi une question régionale, dont la solution aura des répercussions sur toute la région.  Nous pensons que nos collègues européens comprendront nos soucis, eux qui connaissent les difficultés qui se posent dans les Balkans et qui se répercutent en Europe.  Singapour est engagé au Timor oriental et tient de nouveau à manifester son attachement à la résolution des vrais problèmes qui s’y posent.  Nous demandons que soient respectées les recommandations et mises en garde du rapport Brahimi sur les mandats, les moyens humains et les ressources.


M. SHAMEEM AHSAN (Bangladesh) a soulevé la question de la fonction publique en appréciant les efforts faits par l’ATNUTO pour assurer une égalité entre les hommes et les femmes en ajoutant qu’il aurait voulu voir le même principe d’équilibre en ce qui concerne l’Assemblée constituante.  Le représentant a abordé la question des réfugiés et celle des impôts imposés aux ONG.  Dans ce contexte, il a demandé des précisions sur la situation de l’emploi au Timor oriental en soulignant le rapport entre le chômage et les troubles que l’on connaît.  Le représentant a conclu en souhaitant connaître le cours des pourparlers qui ont lieu en ce moment à Melbourne. 


M. ANDREY E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) a souhaité que la date choisie pour les élections soit véritablement le résultat d’une évaluation réaliste de la situation du territoire et non d’une approche symbolique.  Il a dit espérer que les Est-Timorais en coopération avec l’ATNUTO pourront résoudre les questions en suspens.  Il s’est dit convaincu de l’importance qu’il y a à donner toute l’attention requise au processus d’enregistrement des électeurs ainsi qu’aux troubles civils dont les attaques contre le personnel international.  Le problème des 100 000 réfugiés qui restent au Timor occidental doit être résolu dans le cadre d’une coopération entre l’ATNUTO et le Gouvernement indonésien, a souhaité le représentant avant de terminer sur la question de la «timorisation» et de souligner l’importance qu’il y a à impliquer véritablement les Est-Timorais dans la véritable gestion des affaires locales.


M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a souligné l’importance de la question du retour des réfugiés dans le cadre du processus électoral.  Il s’est dit satisfait de la disposition du Gouvernement indonésien à procéder à l’enregistrement des réfugiés dès le 1er mai et, dans ce contexte, a souligné l’importance qu’il y a à informer ces réfugiés comme il se doit.  Le représentant s’est félicité des progrès enregistrés par l’ATNUTO et l’Indonésie pour traduire en justice les responsables de crimes.  Il a insisté, à ce propos, sur la nécessité de régler la question de l’extradition.  Il a souligné l’aide dont le Timor oriental continuera d’avoir besoin.  Il a dit attendre avec intérêt le rapport du Secrétaire général, en la matière et en attendant, a demandé quels sont les projets sur la création d’une équipe de mission intégrée conformément aux recommandations du Rapport Brahimi.  Le représentant a souhaité des informations sur le sort des femmes détenues au Timor occidental.  Au sujet de la démission de M. Xanana Gusmao, le représentant s’est dit préoccupé par cette évolution en espérant que  M. Gusmao continuera de contribuer d'une façon ou d'une autre à la gestion des affaires locales. 


Répondant à cette série de questions, le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix a fait part des efforts déployés par l’ATNUTO pour promouvoir le retour des membres de la diaspora est-timoraise.  Ainsi des subventions sont fournies aux intéressés, le problème restant le niveau des salaires que le territoire peut offrir.  Sur la question du type d’assistance nécessaire pour la préparation des élections, M. Annabi a indiqué que 3,5 millions de dollars seront nécessaires pour financer un projet du PNUD qui a pour but d’assurer une formation aux électeurs et d’appuyer le travail des observateurs nationaux.  Il a espéré que pendant ces élections les capacités est-timoraises seront suffisamment développées de façon à ce que les élections puissent être organisées de manière autonome.


Est-il possible de reporter les élections?  Non, a répondu le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix en soulignant que les Est-Timorais ne le souhaitent pas.  En ce qui concerne la stratégie de sortie, il a rappelé que l’Assemblée constituante doit se réunir le 15 septembre et présenter le fruit de ses travaux le 15 décembre.  Partant, l’indépendance ne pourra être proclamée avant la fin de l’année, les prévisions actualisées donnent la date du premier trimestre de 2002.  Après quoi, a dit M. Annabi, il faudra une assistance importante afin de ne pas compromettre les acquis de la communauté internationale dans la «timorisation» du territoire.  Venant à la situation économique, le chômage reste préoccupant avec un taux de 80%, a-t-il déclaré en ajoutant que la situation s’est aggravée par l’exode rural.  Aujourd’hui des programmes sont mis en place pour encourager le retour dans les zones rurales comme celui de la Banque mondiale qui est financé à hauteur de 30 millions de dollars.  Les efforts de la communauté internationale devront se poursuivre bien après l’indépendance, a insisté M. Annabi qui a indiqué que ces efforts devront être en rapport avec la création d’un groupe de travail sur la question et la demande formulée par l’Administrateur concernant l’envoi d’experts de la planification. 


M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni), Président du Conseil de sécurité pour le mois d’avril, a dit que de nombreuses préoccupations du Conseil avaient trouvé des réponses après cette rencontre avec M. Hedi Annabi.  Le rapport que présentera le Secrétaire général sur la situation au Timor oriental devrait, entre autres, présenter des analyses et des recommandations sur la période de transition et celle qui suivra l’indépendance du territoire, sur les répercussions régionales de la question du Timor oriental, l’accélération du retour des réfugiés, et sur la nécessité de la transparence des élections qui doivent avoir lieu dans une situation de sécurité.  A ce sujet, la Tunisie a évoqué l’idée de l’envoi d’une équipe d’évaluation de la sécurité. Le Secrétariat et le Conseil devraient y réfléchir. En vue de donner des chances au développement et à la construction d’une future nation « timoraise », le retour des Est-timorais vivants ou réfugiés à l’extérieur et qui ont des compétences devrait être encouragé. L’ONU et le Conseil devraient pour leur part se pencher sur la meilleure stratégie à mettre en oeuvre pour permettre une sortie sans heurt de l’ATNUTO du Timor oriental.


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