LE PRESIDENT DE LA RDC PLAIDE POUR UNE MISE EN OEUVRE RAPIDE DES ACCORDS DE LUSAKA ET POUR LA RELANCE DU DIALOGUE INTERCONGOLAIS
Communiqué de presse CS/2104 |
Conseil de sécurité
4271e séance - après-midi
LE PRESIDENT DE LA RDC PLAIDE POUR UNE MISE EN OEUVRE RAPIDE DES ACCORDS DE LUSAKA ET POUR LA RELANCE DU DIALOGUE INTERCONGOLAIS
Il avertit toutefois que la paix passe par
le retrait sans condition des troupes étrangères de son pays
Le Conseil de sécurité a suivi une présentation du Président de la République démocratique du Congo (RDC), M. Joseph Kabila, qui a fait part des mesures à respecter et des initiatives à prendre afin de mettre un terme à la guerre que vit son pays depuis 1999. Cette guerre selon l’ONU, a provoqué “la crise humanitaire la plus grave du moment” avec 33% de la population affectée dont près de 2 millions de personnes déplacées et de réfugiés et quelque 1,7 million de morts.
Le Président de la RDC a évoqué l’Accord de Lusaka, le retrait des troupes étrangères, le dialogue intercongolais, le déploiement de la Mission d’observation des Nations Unies en République démocratique du Congo (RDC) et les élections. Le Gouvernement, a-t-il dit, a opté pour une politique de dialogue et de réconciliation. Il a invité le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi à relancer l’Accord de Lusaka dans l’esprit de l’indépendance, de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’unité de la RDC. M. Kabila a souhaité la création d’un mécanisme contraignant pour sancti8onner les violations du cessez-le-feu, au redéploiement et au dégagement des troupes. Il a rappelé que les bonnes paroles entendues ce jour ne doivent pas faire oublier que son pays est toujours sous une occupation étrangère, que rien ne saurait justifier. Abordant le dialogue intercongolais, qu’il a dit prendre comme une partie intégrante de la solution au conflit, le Président a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle soutienne ce dialogue, lequel, a-t-il insisté, doit se tenir entre Congolais et sans interférence.
Le Président a fait part de l’engagement de son Gouvernement de collaborer étroitement avec la MONUC, en rappelant les plans intérimaires qui prévoient un premier déploiement dans la ligne de démarcation suivi d’un déploiement le long des frontières de la RDC avec l’Ouganda et le Rwanda. Une fois, la paix retrouvée et l’intégrité territoriale du pays restaurée, l’action du Gouvernement sera de préparer, avec l’aide du Conseil et celle de la communauté internationale, des élections libres et transparentes pour permettre au peuple de choisir la personne qui présidera aux destinées de la RDC, a indiqué le Président.
Le Secrétaire général a déclaré que la MONUC a déjà commencé à prendre les mesures nécessaires pour soutenir ce désengagement et a indiqué que son prochain rapport proposera des éléments pour un concept d’opération révisé de la MONUC afin de permettre à la mission de mieux soutenir le plan de désengagement. L’engagement en faveur de la paix dont a fait preuve le nouveau gouvernement est le bienvenu pour de nombreuses raisons, a déclaré M. Annan qui a insisté sur les domaines humanitaire, les droits de l’homme et de l’enfant.
Les questions évoquées aujourd’hui devront être une nouvelle fois examinées les 21 et 22 février dans le cadre de la réunion que le Conseil tiendra avec les Ministres des affaires étrangères des Etats parties à l’Accord de Lusaka, et membres de la Commission militaire mixte. Toutefois les membres du Conseil ont déjà fait part de leur satisfaction à la suite de la déclaration du Président Kabila qui a insisté sur son attachement à une pleine mise en œuvre de l’Accord de Lusaka, en particulier en ce qui concerne le dialogue intercongolais et la coopération avec la MONUC. Le Conseil s’est dit particulièrement encouragé par la rencontre, hier à Washington, des Présidents du Rwanda et de la RDC.
Informations de base
L’Accord de Lusaka, signé le 10 juillet 1999, était censé mettre un terme au conflit qui oppose depuis août 1998, la RDC, soutenu par l’Angola, la Namibie et le Zimbabwe et les mouvements rebelles d’opposition soutenus par le Rwanda et l’Ouganda. L’Accord a été signé par les chefs d’Etat des pays belligérants à l’exception de l’Angola, qui était représenté par son Ministre des affaires étrangères. Les mouvements d’opposition le signeront plus tard.
L’Accord prévoit la cessation des hostilités, la préservation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC, le retrait des forces étrangères, la création d’une Commission militaire mixte pour aider au désengagement des troupes, le règlement des problèmes de sécurité de la RDC et des pays voisins créés par la présence de divers groupes armés, la facilitation d’un dialogue intercongolais et la constitution d’une force de l’ONU. Le Conseil de sécurité adoptera le 6 août 1999, la résolution 1258 autorisant le déploiement dans les capitales des Etats signataires d’un personnel de liaison, composé de 90 militaires, pour assurer la liaison avec la Commission militaire mixte et mettre au point un concept d’opération de l’ONU.
Le 30 novembre 1999, le Conseil décidera, par la résolution 1279, de faire de ce personnel de liaison la première composante de la Mission d’observation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC). Subordonnant le déploiement complet de la Mission au respect du cessez-le-feu, au consentement des parties, aux progrès en matière de sécurité et au lancement du dialogue intercongolais, le Conseil renforcera la MONUC par la résolution 1291 du 24 février 2000 et portera ainsi ses effectifs à 5 537 militaires, y compris 500 observateurs et le personnel d’appui civil
La poursuite des combats, le manque de volonté des parties, la remise en cause par la RDC de l’Accord de Lusaka et ses réticences par rapport à la MONUC et au facilitateur du dialogue intercongolais, M. Ketumile Masire, ancien Président du Botswana, sont au nombre des raisons qui ont conduit le Conseil à ne pas recommander un déploiement intégral de la MONUC.
LA SITUATION CONCERNANT LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Déclarations
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que l’Accord de Lusaka, signé en juillet-août 1999 par six Etats et trois mouvements rebelles, reste à mettre en œuvre. Toutefois, durant les deux semaines passées, la MONUC n’a signalé pratiquement aucune violation du cessez-le-feu à travers la République démocratique du Congo. Il y a sans doute là une occasion à saisir pour le peuple congolais et tous ceux qui lui veulent du bien. Le moment est venu pour faire un effort résolu afin de mettre en œuvre l’Accord de Lusaka et pour lancer un véritable dialogue entre tous les Congolais sur l’avenir de leur pays. M. Annan a souhaité que tous les gouvernements intéressés et tous leurs commandements militaires prennent les mesures nécessaires pour maintenir ce cessez-le-feu. Toute initiative régionale à cette fin mérite qu’on la soutienne, a-t-il ajouté. Une fois que ce cessez-le-feu sera définitivement respecté, les parties pourront procéder au désengagement des forces qu’elles ont accepté le 6 décembre dernier conformément à l’Accord de Harare. Dans les limites de ses moyens actuels, la MONUC a déjà commencé de prendre les mesures nécessaires pour soutenir ce désengagement, a précisé le Secrétaire général, qui a annoncé que son prochain rapport proposera des éléments pour un concept d’opération révisé de la MONUC, afin de permettre à la mission de mieux soutenir le plan de désengagement.
M. Annan a demandé au Conseil d’examiner attentivement ce nouveau concept et de l’approuver.
La paix et la stabilité ne reviendront en République démocratique du Congo et dans les Etats voisins que si toutes les parties congolaises s’engagent dans un vrai dialogue sur la manière dont leur pays doit être gouverné, a déclaré
M. Annan. A cette fin, le nouveau gouvernement doit démontrer son ferme engagement en faveur des négociations, notamment en prenant des mesures pour libéraliser le climat politique du pays. Le Secrétaire général a déclaré comprendre que le nouveau gouvernement était disposé à travailler avec Sir Ketumila Masire, le facilitateur nommé dans le cadre de l’Accord de Lusaka. Tout soutien de la part des chefs d’Etat de la région sera également le bienvenu, a-t-il ajouté. M. Annan a rappelé que, dans sa résolution 1304, le Conseil avait exigé le retrait des troupes ougandaises et rwandaises de Kisangani et de l’ensemble du territoire de la RDC, conformément au calendrier de l’accord de cessez-le-feu et le plan de désengagement adopté le 8 avril à Kampala. Le Secrétaire général attend avec impatience un retrait rapide de toutes les forces étrangères de la RDC, comme prévu par l’Accord de Lusaka. Dans toutes les étapes à venir, la MONUC sera prête à fournir une assistance à cet important objectif.
L’engagement en faveur de la paix, dont a fait preuve le nouveau gouvernement est le bienvenu pour de nombreuses raisons, a déclaré M. Annan. La cessation des hostilités permettrait aux agences humanitaires d’obtenir un accès aux populations qui ont besoin d’aide. Une fois que les combats auront pris fin, il faudra accorder davantage d’attention aux droits de l’homme et à ceux des enfants, y compris des enfants soldats, a ajouté le Secrétaire général, qui a souhaité au Président Joseph Désiré Kabila le plein succès dans son entreprise, en lui promettant le soutien de la communauté internationale dans ses efforts pour restaurer la paix et garantir à son pays un avenir démocratique.
M. JOSEPH KABILA, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a rappelé la date historique du 24 janvier 2000 à laquelle l’ancien Président de la RDC, Laurent-Désiré Kabila, se fondant sur la résolution pertinente du Conseil, a plaidé pour la fin de l’occupation d’une partie du territoire par les armées de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi. Une année après, la situation n’a pas changé malgré les nombreux efforts engagés. Il a dénoncé, dans ce cadre, l’exploitation illégale des ressources telles que le tantalite, le coltan, le bois, l’or ou le diamant, qui alimente l’effort de guerre des pays agresseurs. Qualifiant cette exploitation comme un phénomène dévastateur qui aura des conséquences graves sur le devenir des générations présentes et futures de la RDC, le Président congolais a réaffirmé au Conseil que son Gouvernement ne ménagera aucun effort pour coopérer avec le Groupe d’experts ad hoc chargé d’étudier la question. Ce rapport, a-t-il dit, « nous le voulons juste, équitable et à même d’établir la vérité sur ces dramatiques pillages des ressources naturelles ».
Poursuivant, le Président de la RDC a souligné que son Gouvernement a, à plusieurs reprises, rappelé au Conseil le désir de paix auquel aspire la population congolaise. Devant le défi du rétablissement de la paix et de la consolidation de la communion nationale, le Gouvernement actuel a décidé d’œuvrer pour une politique de dialogue et de réconciliation, a dit le Président, en invitant les autorités du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi à revenir à de meilleurs sentiments de bon voisinage en vue de régler pacifiquement les différends et de coopérer fructueusement pour les progrès de l’Afrique. A ce titre, le Président a dit son intention d’examiner, en accord et en concertation avec les pays alliés, les voies et moyens de relancer les Accords de Lusaka en vue d’un cessez-le-feu effectif mais aussi en vue du rétablissement de la paix dans la région des Grands Lacs tout en préservant l’indépendance, la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’unité du pays que le Conseil n’a cessé de réaffirmer. Pour être efficaces, les Accords doivent être renforcés par un mécanisme contraignant pour sanctionner, de manière exemplaire, les parties qui contreviendraient au cessez-le-feu et ne respecteraient pas les mesures de redéploiement et de désengagement.
Le Président de la RDC a invité le Conseil à établir un nouveau calendrier sur le désengagement prévu par l’Accord de Harare, soit le déploiement des troupes de l’ONU, le retrait sans conditions des troupes non invitées, et le retrait des troupes invitées. Les problèmes liés à la démocratisation trouveront leur solution dans le cadre du dialogue intercongolais, a poursuivi le Président en réitérant son appel à tous les acteurs politiques ainsi qu’aux membres de la société civile à se joindre sans réserve aux efforts de préparation en vue de la réussite de ce dialogue. Il a exhorté tous « frères congolais » quelles que soient leur origine sociale ou communautaire et leur opinion à s’asseoir autour d’une table pour parler de la paix, de l’organisation du futur paysage politique du pays, de la nécessité urgente de le reconstruire et de jeter les jalons de son développement durable pour le plus grand bien de la population congolaise. Le Président a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle soutienne la marche du peuple congolais vers ce dialogue, lequel doit se tenir entre congolais et sans interférence.
Comment ne pas accepter pour nous-mêmes ce que nous avions entrepris en faveur du Burundi voisin et qui a obtenu le soutien du Conseil, déterminant ainsi la ferme résolution de la RDC de contribuer au retour à la paix dans son territoire mais aussi dans les pays frontaliers et plus particulièrement ceux qui occupent une partie importante du territoire national, a dit le Président.
Si la résolution de la crise au Burundi est un élément indissociable de la crise en RDC, compte tenu des conséquences des conflits interethniques dans ces pays sur le territoire de la RDC, il en est de même de la nécessaire démocratisation de l’Ouganda et du Rwanda, a-t-il ajouté en arguant que les consensus nationaux sont des gages de la stabilisation de la région des Grands Lacs. Le Président a aussi réitéré l’engagement de la RDC de collaborer étroitement avec la MONUC de manière à lui permettre de remplir son mandat avec efficacité notamment en ce qui concerne le déploiement des forces sur le territoire de la RDC en vue de ramener la paix. Le Conseil doit honorer ses engagements en déployant rapidement ses forces conformément aux sous-plans d’Harare qui prévoit un déploiement dans la ligne de démarcation puis le long des frontières du pays avec l’Ouganda et le Rwanda afin de sécuriser les frontières communes.
Le Président s’est félicité de la compréhension mutuelle et de la collaboration entre le MONUC et le Gouvernement de la RDC et a dit son appréciation de la qualité du travail effectué par le Représentant spécial du Secrétaire général. Il a dit souhaiter rassembler tous les Congolais dans le respect de leur différence car c’est l’ensemble du peuple qu’il faut servir dans sa diversité mais aussi dans son amour pour la patrie. Nous nous devons également de répondre aux aspirations du peuple à une meilleure qualité de vie. Ainsi, une fois la paix retrouvée et l’intégrité territoriale restaurée, l’action sera de préparer, avec l’aide du Conseil et celle de la communauté internationale, des élections libres et transparentes pour amener le peuple à choisir la personne qui présidera aux destinées de la RDC, a déclaré le Président de la République démocratique du Congo.
M. JAMES B. CUNNINGHAM (Etats-Unis) a déclaré qu’il est temps que des décisions soient prises par tous, y compris par les Nations Unies. Il a rappelé que, dans tous les domaines, les Nations Unies sont un ami de la RDC. En outre, les Etats-Unis voient des raisons d’espérer dans l’appel du Président Kabila en faveur de la paix et de la démocratisation et dans son engagement à collaborer avec la MONUC. Il faut désormais que la MONUC soit déployée. Il faut aussi un plan pour le dégagement des forces et leur redéploiement, ainsi que des assurances suffisantes pour la sécurité et la liberté de mouvement du personnel de la MONUC. Si les déclarations récentes du Président Kabila sont suivies d’effet, les Nations Unies pourront enfin jouer un rôle dans le processus de paix, comme le souhaitent les Etats-Unis. Les Etats-Unis, qui avaient appuyé la difficile décision du Secrétaire général de ne pas déployer davantage de personnel des Nations unies en RDC tant que la situation ne serait pas stabilisée.
La République démocratique du Congo a le droit d’exiger que les forces étrangères non invitées quittent son territoire, a poursuivi le représentant. De même, l’Ouganda et le Rwanda sont fondés à demander que le territoire de la RDC ne soit pas utilisé comme base par leurs ennemis. Le représentant a demandé au Rwanda de se retirer au plus vite de Cuento, comme il semble prêt à le faire. Il a souhaité que les autres signataires des Accords de Lusaka fassent eux aussi des propositions. L’Ouganda et le Rwanda doivent présenter des plans crédibles de retrait progressif de leurs troupes de la RDC. Dans ce cadre, les Interhamwe représentent une menace particulière pour les Accords de Lusaka et l’ensemble des signataires des Accords de Lusaka doivent s’engager à ne plus les soutenir.
Il faut aussi un dialogue entre Congolais. Les Puissances étrangères ne peuvent certes imposer des mesures à la RDC mais les appels en faveur de la démocratie ne sont pas étrangers, a affirmé le représentant. Ces appels viennent des communautés religieuses, de la société civile congolaise. L’appui des Etats-Unis à la RDC se fonde sur la conviction que ces conditions sont indispensables à la prospérité. Le représentant a souhaité que soit relancée la facilitation et a rappelé le soutien des Etats-Unis à M. Ketusime Masire.
M. YVES DOUTRIAUX (France) a estimé que le choix du Président de la République démocratique du Congo (RDC) de venir devant le Conseil de sécurité, quelques jours à peine après sa prise de fonction officielle, marque le désir d’une véritable relation de confiance et de partenariat entre l’ONU et la RDC. Il a émis l’espoir que cette relation pourra se poursuivre et s’approfondir avant de relever, comme un encouragement particulier, les engagements pris en faveur de la paix et de rétablissement de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC par la mise en œuvre de l’Accord de Lusaka, la relance du dialogue intercongolais et la facilitation du déploiement de la Mission d’observation des Nations Unies (MONUC). Dans ce contexte, a dit le représentant, le rôle de la communauté internationale est d’encourager et de soutenir résolument les autorités congolaises dans la voie de la paix et du dialogue, en laissant toutefois, le temps de développer ces nouvelles orientations. Le rôle de la communauté internationale est d’inciter les autres signataires de l’Accord de Lusaka à répondre sans tarder aux ouvertures faites par le nouveau Président congolais.
Exprimant d’abord la position de son pays sur la résolution de la crise congolaise, le représentant a jugé essentiel que toutes les parties mettent en œuvre les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Lusaka et qu’elles respectent les différentes résolutions adoptées par le Conseil de sécurité. Le retrait des forces étrangères de la RDC, en particulier des forces non invitées, est un impératif. Sans ce retrait, il ne pourra y avoir de paix durable en RDC, a insisté le représentant avant de souligner qu’il faut que le pillage cesse. Cette atteinte à la souveraineté de la RDC est inacceptable. Il a dit attendre avec impatience le rapport final du rapport d’experts sur l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC.
M. Doutriaux a aussi souhaité, que le mouvement de retrait des forces étrangères de la RDC soit accompagné par un déploiement rapide de la MONUC. Conscient des problèmes de sécurité qui peuvent se poser à la frontière de certains pays voisins de la RDC, le représentant a réitéré la position de son pays consistant à soutenir le principe d’un déploiement de la MONUC dans les zones frontalières, en particulier à Goma et à Bukavu. Enfin, le représentant a émis le vœu que la relance du dialogue national, dans un cadre qui peut sans doute être adapté, devrait faciliter la résolution des difficultés politiques propres aux Congolais. La porte du dialogue intercongolais doit être ouverte à tous, sans préalable ni exclusive.
Le représentant encourage le Président Joseph Kabila à poursuivre les discussions entreprises depuis quelques mois avec le Burundi avant d’appeler le Conseil à saisir l’occasion qui se présente pour relancer avec vigueur le processus de paix et hâter le règlement d’un conflit qui n’a que trop meurtri les populations civiles. C’est dans cet esprit que la France travaillera dans les semaines à venir que nous souhaitons décisives, a conclu M. Doutriaux.
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) s'est déclaré encouragé par l'engagement du Président Kabila à poursuivre le processus de paix de Lusaka, à déployer de nouveaux efforts pour ramener la paix dans son pays, à tenir des élections libres et équitables, de même qu'à coopérer avec la MONUC et œuvrer à l'application des résolutions du Conseil de sécurité. La réunion d'aujourd'hui est l'occasion de donner un nouveau départ aux efforts communs pour la paix en République démocratique du Congo (RDC). La délégation du Bangladesh appuie la déclaration du Secrétaire général et considère la demande du Président Kabila visant au retrait immédiat des forces étrangères du territoire congolais comme légitime. Elle estime qu'il est temps que toutes les parties reconnaissent qu'il n'y a pas de solution militaire au conflit en RDC. A cet égard, elle lance un appel à tous les dirigeants de la région ainsi qu'aux mouvements rebelles à adopter une approche pragmatique vers le processus de paix. M. Chowdhury a noté que des efforts sont déployés pour organiser une réunion régionale, voire un sommet, entre les Etats signataires de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka et estime qu'il devrait se tenir avant la réunion du Comité politique qui se tiendra d'ici la fin du mois et dont on attend, comme de la réunion de la Commission militaire mixte, des mesures concrètes.
Pour que le Conseil de sécurité décide du déploiement complet de la MONUC, a-t-il déclaré, il faut que des progrès réels soient mis en œuvre sur le terrain. Les parties devront notamment montrer leur engagement au retrait effectif tel qu'il est stipulé dans les plans de désengagement de Kampala et de Harare. Le dialogue intercongolais pour la réconciliation nationale, a-t-il poursuivi, est un élément fondamental du processus de paix et nous appelons instamment le Gouvernement de la RDC à redonner, dans les meilleurs délais, une impulsion à ce processus. Le Bangladesh accueille avec satisfaction l'engagement du Président Kabila de préparer des élections libres et transparentes afin de permettre à la population de choisir son dirigeant. La guerre d'usure en RDC doit s'arrêter. Nous lançons un appel aux dirigeants de la région à s'engager pour un futur fait d'assurance et de confiance mutuelle. Il est temps de pendre des mesures décisives pour mettre fin au conflit. Une République du Congo pacifique, unifiée et prospère servirait l'intérêt de toutes les populations de la région. Une première mesure courageuse doit être prise, a-t-il conclu.
M. MOCTAR OUANE (Mali) a salué l’engagement du Président de la RDC en faveur d’une solution qui privilégie le dialogue et la réconciliation. Il a estimé que la poursuite du dialogue intercongolais et du processus de Libreville est un moyen efficace pour réaliser cette réconciliation et parvenir à un environnement extérieur stable. Soulignant la pertinence des Accords de Lusaka, le représentant a encouragé les autorités congolaises à examiner les voies et moyens pour relancer le processus de Lusaka afin de parvenir à un cessez-le-feu effectif, ce qui contribuera à un retour de la paix dans la région des Grands Lacs. Le représentant a considéré que la mise en œuvre rapide de la deuxième phase de la MONUC est une garantie essentielle pour résoudre le conflit en RDC. Il a déclaré qu'il attendait des parties à l’Accord à ce qu'elles réitèrent leur engagement à mettre pleinement en œuvre l’Accord et qu'il attendait en outre un grand intérêt le prochain rapport du Secrétaire général concernant le nouveau champ d’opérations de la MONUC.
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a déclaré que ce qui est désormais nécessaire, c’est une mise en œuvre ferme et régulière du processus de paix, laquelle a fait défaut au cours de ces deux dernières années. Cela signifie qu’il faut se concentrer sur les Accords de Lusaka.
Au plan militaire, M. Greenstock s’est félicité de la modération dont ont fait preuve toutes les parties durant les derniers jours et a souhaité qu’elle se poursuive. Il est essentiel que les parties restent en contact et en reviennent aux plans de désengagement et de retrait, en prenant des mesures concrète dans le cadre d’un calendrier réaliste. C’est pourquoi le Royaume-Uni se félicite de la rencontre, hier, à Washington, entre le Président Kabila et le Président Paul Kagamé du Rwanda.
Le Conseil insiste sur une solution politique au conflit, a rappelé le représentant, pour qui il est clair que toute solution militaire est impossible. Mais la voie politique suppose un processus crédible de construction d’un cadre politique qui permette à tous les Congolais de s’exprimer. M. Greenstock a souhaité que se mette rapidement en place un dialogue ouvert et a encouragé les autorités congolaises à reprendre le contact avec le Facilitateur de l’OUA. S’adressant directement au Président Kabila, le représentant lui a rappelé que c’est à lui qu’incombait le premier rôle, non seulement pour lancer le dialogue entre les parties congolaises au conflit, mais aussi, de manière plus générale, pour créer une atmosphère propice à un véritable dialogue ouvert et représentatif. A cet égard, le Royaume-Uni se félicite des engagements pris par le Président Kabila dans son discours d’investiture en faveur du respect des droits de l’homme, de la justice, et de la tenue d’élections nationales.
Le rôle des Nations Unies dépend des progrès qui auront été faits par les parties, a estimé le représentant. Il faut utiliser les six mois supplémentaires accordés à la MONUC en décembre pour aller de l’avant. Mais la MONUC ne pourra se déployer et accomplir sa tâche que parallèlement à la mise en œuvre par les parties du processus de paix. Les différentes parties doivent apporter leur pleine coopération à la MONUC et le rôle du Gouvernement de la RDC, pays hôte, est ici particulièrement important. Il doit offrir à la MONUC, comme aux agences humanitaires, la sécurité et la liberté de mouvement nécessaire, a déclaré
M. Greenstock, qui a salué les initiatives indiquées par le Président Kabila. Nous voulons aller de l’avant mais nous ne pourrons le faire que lorsque le Secrétaire général estimera les conditions favorables.
M. RICHARD RYAN (Irlande) a salué l’engagement clair du Président de la RDC en faveur de l’Accord de Lusaka. Les rencontres qu’il a eues témoignent de son intention de contribuer à la relance de l’Accord de Lusaka et au déploiement de la MONUC. La réunion avec le Président du Rwanda, intervenue hier à Washington, participe du même engagement vis-à-vis de la paix, a ajouté le représentant qui a réitéré son appel aux parties pour qu’elles s’engagent dans un dialogue et qu’elles établissent des mesures de confiance. L’Accord, a dit le représentant, forme la base consensuelle de la paix. Il a demandé à la RDC de saisir cette occasion pour étayer l’Accord et s’engager à le mettre en œuvre. L’Accord offre la meilleure façon d’avancer, a insisté le représentant en mettant en garde les parties contre toute tentative de le manipuler dans son intérêt. Toutes les parties doivent progresser dans le dialogue et la réconciliation afin de former un gouvernement démocratique élu.
Dans ce contexte, le représentant a salué l’engagement du Président de la RDC en faveur du dialogue intercongolais en l’encourageant à rétablir des contacts avec le Facilitateur. Il a interprété la demande du Ministre des affaires étrangères congolais relative à la nomination d’un co-facilitateur comme un signe en faveur de la paix. L’arrêt des hostilités, le retrait des forces étrangères, le désarmement des groupes armés et le respect des frontières internationalement reconnues sont des priorités auxquelles tous doivent œuvrer. Le représentant s’est félicité de ce que la RDC se soit engagée à collaborer avec la MONUC en espérant que toutes les parties feront de même. Une paix durable ne sera possible que par un règlement de paix négocié et équitable pour toutes les parties dans le respect de l’intégrité territoriale des pays concernés, des droits de l’homme et des intérêts sécuritaires de la RDC et des pays voisins. Le représentant s’est félicité des engagements pris par le Président congolais dans ce sens et a dit attendre des actes.
M. SHEN GUOFANG (Chine) a salué la présence et la déclaration du Président Kabila, qui, a-t-il estimé, démontrent toutes deux la détermination et la sincérité de son gouvernement en faveur du progrès du processus de paix en RDC. La Chine est convaincue que le processus de paix est à un moment critique: il faut saisir l’occasion de le faire avancer. Le dialogue intercongolais est d’une grande portée car la solution définitive dépend du peuple de la RDC. La Chine espère que l’ensemble du peuple viendra à la table de négociation pour permettre à la RDC de résoudre ses problèmes en temps opportun et sans ingérence extérieure. Elle souhaite que le Conseil de sécurité fasse le nécessaire pour passer à la phase 2 du déploiement de la MONUC, ce qui suppose toutefois des garanties efficaces pour la sécurité notamment aux frontières de la RDC. La souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de la RDC doivent être pleinement sauvegardées.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a salué et interprété la présence du Président Kabila et les propos qu’il a tenus devant le Conseil de sécurité comme un signe d’espoir. Cela démontre un engagement clair en faveur de la paix en RDC. Le représentant a fait une triple proposition : Il faut veiller au respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de la RDC et de tous les Etats voisins. Le Conseil doit exiger que toutes les parties à l’accord de Lusaka remplissent leurs obligations, et que soient démobilisées les forces irrégulières. Il faut en RDC un dialogue politique qui conduise à des élections libres. Les forces étrangères doivent se retirer. Il faut respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire, entre autres. Il faut contribuer au déploiement rapide de la MONUC, sous réserve que soient fournies les garanties indispensables de sécurité et de liberté de mouvement pour son personnel. Il faut enfin susciter une atmosphère de confiance afin que la réunion, le 21 février, entre le Conseil de sécurité et la Commission politique des signataires de l’accord de Lusaka soit un succès.
M. ANUND PRIYAY NEEWOOR (Maurice) s’est joint aux autres membres du Conseil pour féliciter le Gouvernement et le peuple congolais pour leur courage à la suite de l’attentat contre l’ancien Président. Il a dit avoir écouter soigneusement les propos du Président congolais et s’être senti extrêmement rassuré. Le Président a la bonne vision des choses pour atteindre la paix dans le cadre de la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC, a estimé le représentant en ajoutant que la paix exige la participation de tous les Congolais. L’Accord de Lusaka, que toutes les parties ont signé, demeure sans aucun doute la base sur laquelle la paix doit se fonder, a insisté le représentant en se disant confiant que le Président de la RDC fera le nécessaire pour que le dialogue intercongolais commence conformément à l’Accord de Lusaka. Il a exhorté toutes les parties à renouveler leur engagement en faveur de l’Accord et à respecter toutes ses dispositions. Il s’est dit confiant, à cet égard, de l’engagement du Rwanda et de l’Ouganda en faveur de la mise en œuvre de l’Accord. Il a salué la réunion entre le Président du Rwanda et le Président congolais, qui a eu lieu hier à Washington. Il a, dans le même ordre d’idées, exhorté le Rwanda et l’Ouganda à prendre des mesures pour appliquer les plans de dégagement signés à Harare. Cela devrait être le début du processus de retrait de toutes les troupes étrangères de la RDC, conformément à l’Accord de Lusaka, a souligné le représentant avant d’estimer que le déploiement de la MONUC sera nécessaire à une pleine mise en œuvre de l’Accord.
M. VALERI KUCHYNSKI (Ukraine) s’est félicité de constater que la situation en RDC soit actuellement plus favorable, fait qu’il impute aux efforts du Président Joseph Kabila et à sa volonté manifestée de progresser dans la voie d’un règlement pacifique du conflit sur la base de la transparence et d’un dialogue politique global. L’Ukraine accorde une grande importance à des mesures additionnelles de la part du Gouvernement congolais. Il faudra renforcer la négociation politique entre les parties congolaises, afin de désamorcer le conflit. Le retrait des troupes étrangères est un préalable indispensable. Il faudra renforcer la négociation politique entre les parties congolaises, afin de désamorcer le conflit. Le retrait des troupes étrangères est un préalable indispensable. Il faut pour cela se fonder sur les Accords de Lusaka, de Kampala, d’Harare et de Maputo. L’usage de la force par les armes ne mènera à rien : il faut un dialogue politique constructif entre toutes les parties.
Les activités de la MONUC doivent constituer une source d’impulsion au processus de paix et les différentes parties doivent en faciliter le déploiement complet. L’Ukraine est disposée à participer aux efforts de maintien de la paix dans le pays. Le représentant a demandé le désarmement et la démobilisation des groupes armés, et que soit garantie la sécurité des frontières de la RDC, et que soit assuré le retour en toute sécurité des réfugiés, etc. Ces questions, a-t-il appelé, seront discutées pendant la réunion des signataires de l’Accord de Lusaka, à New York, le 21 février. Tous ces problèmes peuvent être résolus, que par le dialogue entre toutes les parties au conflit, a conclu le représentant.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré que la Norvège soutient l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka comme le moyen de parvenir à une solution pacifique du conflit en République démocratique du Congo (RDC). Notre pays note avec grand intérêt le désir exprimé par le Président Joseph Kabila de mener une politique de réconciliation et nous demandons expressément au Gouvernement de la RDC d'engager un dialogue constructif avec toutes les parties en présence conformément aux termes de l'Accord de Lusaka, y compris l’ouverture d'un dialogue intercongolais constructif. Un engagement ferme pour entamer des négociations pacifiques est indispensable à la recherche d'une solution durable au conflit qui déchire la RDC. Sur ces bases, la Norvège attend des initiatives rapides et constructives de la part du Président Joseph Kabila, initiatives qui donneront une nouvelle énergie à l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka. Nous voulons aussi saisir l'occasion qui nous est offerte aujourd'hui pour encourager le Président à pleinement coopérer avec la Mission des Nations Unies au Congo (MONUC) et à faciliter son déploiement, a dit M. Kolby.
La mise en œuvre de l'Accord de Lusaka doit être basée sur le plein respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la RDC et sur les légitimes soucis de sécurité de toutes les parties, dont les Etats voisins du Congo. La Norvège souligne la nécessité d'un selon des calendriers bien établis par l'ONU, l'OUA et la Commission militaire conjointe, ainsi que le désarmement et la démobilisation des groupes armés et le retour dans la sécurité des réfugiés et personnes déplacées à l'intérieur. Les efforts de reconstruction d'un Congo démocratique et vivant dans la paix doivent prendre en compte l'illégale exploitation des ressources naturelles et autres richesses du pays. La Norvège engage les parties au conflit à coopérer pleinement avec le Groupe d'experts des Nations Unies créé sur cette question. La Norvège, a dit M. Kolby, soutient les initiatives régionales visant le retour à la paix dans les Grands lacs, et nous attachons une grande importance à la réunion prévue cette fin de mois à New York entre le Comité politique de l'Accord de Lusaka et le Conseil de sécurité de l'ONU. Nous notons avec intérêt la récente rencontre à Washington entre le Président Joseph Kabila et le Président Kagamé du Rwanda. La Norvège a financièrement soutenu les efforts de facilitation du dialogue intercongolais et est disposée à continuer de le faire si des progrès tangibles ont lieu. L'année dernière, notre pays a consacré environ 20 millions de dollars à l'assistance humanitaire et à la construction de la paix dans la région des Grands lacs. Dans son budget 2001, notre pays a prévu une somme de même importance pour contribuer à la résolution des conflits dans la perspective plus large d'efforts de développement.
M. PATRICIA DURRANT (Jamaïque) s'est dite encouragée par les initiatives diplomatiques récentes du nouveau Président de la RDC qui, sans aucun doute, permettront d'ériger la confiance, élément essentiel pour garantir une paix durable dans le pays et la région. Une paix durable, a précisé la représentante, doit reposer sur la mise en œuvre complète de l'Accord de Lusaka. Les éléments de paix doivent porter sur la sécurité aux frontières des Etats concernés, sur leur souveraineté et leur intégrité territoriale ainsi que sur la pleine jouissance de leurs ressources naturelles. Nous soutenons l'appel en faveur de la cessation immédiate des hostilités et réaffirmons notre soutien en faveur de l'unité, de la stabilité et de l'intégrité territoriale de la RDC. Nous appelons les parties à pleinement respecter les Accords de Kampala et d'Arusha et nous encourageons le Président Kabila à réévaluer de quelle manière le Gouvernement de RDC peut continuer à s'impliquer en faveur de la mise en œuvre de l'Accord de Lusaka qui est la seule option viable.
La représentante a fait part de son plein soutien au dialogue intercongolais. Ce dialogue politique constitue une étape indispensable dans le processus de réconciliation nationale. Nous souhaitons que toutes les parties y participent. La représentante a fait part du soutien de son pays au déploiement immédiat de la MONUC en précisant que toutes les parties devaient donner des garanties de sécurité crédibles pour permettre à la mission de remplir son mandat et à l'aide humanitaire de parvenir aux populations. Les conditions de sécurité dans le pays sont un sujet de préoccupation. L'intensification des activités militaires en particulier dans l'Est du pays sape sérieusement la réalisation des objectifs de l'Accord de Lusaka. Il n'y a pas de solution militaire à la crise en RDC, a-t-elle ajouté. Mme Durrant a évoqué la détérioration de la situation humanitaire ainsi que de la sécurité des travailleurs humanitaires qui éprouvent
des difficultés à avoir accès aux populations dans le besoin. Nous sommes encouragés toutefois par les informations faisant état depuis le mois d'octobre d'une plus grande liberté de mouvement des observateurs de la MONUC et souhaitons que ce soit le cas pour le personnel humanitaire. Soulignant le lien entre la paix en RDC et la situation dans la région des Grands Lacs, Mme Durrant a indiqué son soutien à la tenue d'une conférence internationale sur les Grands Lacs sous les auspices des Nations Unies et de l'OUA.
M. SERGEY V. LAVROV (Fédération de Russie) a exprimé son ferme appui à une pleine mise en œuvre de l’Accord de Lusaka en appelant les parties à s’abstenir de la tentation de tirer parti de la situation actuelle. Il les a appelées à une pleine coopération avec la MONUC en soulignant l’importance du dialogue intercongolais. Le représentant a salué l’intention du Président congolais en faveur de la réconciliation nationale. Il a appelé au respect des droits de l’homme et du droit humanitaire international en encourageant des efforts pour le désarmement et le rapatriement des groupes armés illégaux afin de créer les conditions de sécurité de tous les pays de la région. Tout progrès en la matière aidera au déploiement de la phase II de la MONUC, a souligné le représentant.
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a déclaré que le Conseil de sécurité suit avec attention, depuis des années, les développements en République démocratique du Congo (RDC) qui ont conduit à une guerre à l'échelle continentale, laquelle reste l'une des crises les plus complexes et les plus délicates que la communauté internationale ait à affronter. Cette situation difficile continue de représenter une menace pour la sous-région dans son ensemble. L'attention qu'a reçue l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka a surtout consisté à l'enfreindre. Les positions militaires entre les parties ont été "gelées", mais les combats se poursuivent dans certaines zones. Les Nations Unies n'ont pas été en mesure de mettre en place la seconde phase de leur Mission en République démocratique du Congo (MONUC). Toutefois, les initiatives diplomatiques régionales se poursuivent et les Nations Unies, comme la communauté internationale, n'ont pas mis à fin à leurs efforts en vue d’aboutir à une paix durable en RDC et dans la sous-région. En dépit des récents retours en arrière, une nouvelle possibilité de relancer le processus de paix se présente à nous.
M. Mahbubani a jugé encourageant que le Président Kabila ait déjà déclaré que le Gouvernement congolais coopérera pleinement avec les Nations Unies. Pour que la MONUC puisse mener à bien son mandat, nous appelons le Gouvernement congolais à prendre certaines mesures concrètes. Premièrement, ce Gouvernement doit accorder à la MONUC une liberté de mouvement réelle et concrète. Deuxièmement, il doit permettre à la MONUC de déployer des troupes armées dans les points choisis par le Représentant spécial du Secrétaire général conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Troisièmement, ce Gouvernement doit cesser les hostilités conformément aux dispositions de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka. Cinquièmement, nous encourageons le Président Kabila et son Gouvernement à coopérer pleinement avec le Facilitateur neutre du Dialogue intercongolais. Le Dialogue est un élément clé pour Lusaka et pour le rétablissement de l'état de droit, de la démocratie et de la souveraineté nationale de la RDC.
M. Mahbubani a estimé que l'impulsion en faveur de la paix doit faire partie d'un effort collectif. Le déploiement de la MONUC continue de dépendre du retrait des troupes étrangères. Toutes les parties doivent adhérer pleinement à l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka, ainsi qu'aux sous-plans de retrait de Kampala, Maputo et Harare. Nous appelons à une application rapide des résolutions du Conseil de sécurité, en particulier les résolutions 1304 (2000) et 1332 (2000), qui soulignent le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la RDC. Il ne pourra y avoir de paix tant que des forces étrangères seront présentes en RDC. La recherche de la paix appartient à un objectif plus vaste qui est de parvenir à la paix et à la stabilité dans la région des Grands Lacs.
M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie)a déclaré que son pays insiste sur le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de la RDC. Le pillage des ressources naturelles du Congo doit cesser. Il n’y a pas d’alternative à un règlement politique de la situation en RDC et l’accord de Lusaka est à cet égard le meilleur cadre. La Tunisie bénira toute initiative du Président Kabila en faveur de la réconciliation nationale et en faveur de la paix dans la région. Toutes les parties se sont dites disposées à œuvrer pour la paix: la Tunisie attend qu’elles prennent toutes des mesures concrètes.
Le représentant s’est dit convaincu que la situation est mûre et permettra un déploiement rapide de la deuxième phase de la MONUC en RDC, lequel témoignera de la volonté de la communauté internationale d’assumer ses responsabilités dans le pays. La situation actuelle doit pousser la communauté internationale à exiger de toutes les parties qu’elles collaborent en faveur de la paix, de la démocratie et du développement économique de la région.
Reprenant la parole, M. JOSEPH KABILA a remercié tous ceux qui ont encouragé la RDC à aller de l’avant en suivant la voie qu’elle a choisie : la voie qui mène à la paix. En même, temps, le soutien sans faille du Conseil de sécurité est nécessaire. Le Gouvernement de la RDC et son président s’engagent à ce que les objectifs fixés soient atteints, l’objectif final étant la démocratisation de la vie publique de la RDC. Malgré tout, a averti le Président Kabila, il ne faut pas oublier que cette série d’événements ne pourra se dérouler que si les forces qui ont envahi le Congo soient contraintes d’une manière ou d’une autre quitter le territoire de la RDC afin que le pays puisse recouvrer son intégrité territoriale. Les bonnes paroles prononcées ne font pas oublier que la RDC se trouve sous une occupation étrangère injuste au regard de toutes les lois internationales, et une telle occupation doit cesser au plus tôt.
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