En cours au Siège de l'ONU

CS/2092

LES PAYS POURVOYEURS DE CONTINGENTS PLAIDENT POUR UN CADRE PLUS FRANC ET PLUS SYSTEMATIQUE DE CONSULTATION AVEC LE CONSEIL DE SECURITE

16/01/2001
Communiqué de presse
CS/2092


Conseil de sécurité

4257e séance - matin et après-midi


LES PAYS POURVOYEURS DE CONTINGENTS PLAIDENT POUR UN CADRE PLUS FRANC ET PLUS SYSTEMATIQUE DE CONSULTATION AVEC LE CONSEIL DE SECURITE


La création d'organes subsidiaires du Conseil

pour institutionnaliser ce nouveau type de dialogue est largement appuyée


«Participer à une opération de maintien de la paix, oui mais pas à n’importe quel prix», tel est l’esprit qui a présidé à la réunion que le Conseil de sécurité a tenue, aujourd'hui, sur le renforcement de la coopération avec les pays pourvoyeurs de contingents en s’appuyant sur un document du représentant de Singapour qui assure la présidence du Conseil pour le mois de janvier.  Conduite par le Ministre des affaires étrangères de Singapour, M. S. Jayakumar, cette réflexion, sans être nouvelle puisque deux déclarations présidentielles ont été publiées par le Conseil sur ce sujet en 1994 et en 1996, s’inscrit aujourd’hui dans le regain d’élan insufflé par le Rapport du Groupe d’étude sur les opérations de paix des Nations Unies, dit rapport Brahimi, qui a fait l’objet de la résolution 1327 du 13 novembre 2000 et de la résolution 55/135 de l’Assemblée générale. 


Après un déclin progressif ces dernières années, l’ONU a assisté à une recrudescence de ses activités dans le domaine du maintien de la paix.  A ce jour, 40 000 soldats, observateurs militaires et policiers sont déployés à travers le monde, dans le cadre des quinze opérations de maintien de l’Organisation, soit une augmentation d’à peu près 15 000 par rapport à l’année 1999.  Il est noté dans le document soumis par le Représentant de Singapour, qu'après la Force de protection des Nations Unies dans les Balkans (FORPRENU), l’Opération des Nations Unies en Somalie (ONUSOM), la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) a connu, à son tour, de sérieux revers imputés, à bien des égards, à l’absence de coopération et de consultation entre le Conseil de sécurité et les “pourvoyeurs”.  La plupart des délégations qui ont pris la parole aujourd'hui ont reconnu la nécessité d'un échange de vues approfondi et d'un véritable partenariat entre les pourvoyeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat.  Celles issues des pays en développement, pourvoyeurs de plus de 75% du total des contingents présents sur le terrain, ont particulièrement applaudi la convocation de cette réunion qui selon la Malaisie, pourrait permettre de mettre fin à la division du travail actuelle tendant à ce que les pays en développement fournissent la “main d’œuvre” alors que les pays développés se contentent d’élaborer les mandats des opérations et d’octroyer des ressources financières et techniques. 


Les délégations ont ainsi été conviées à répondre à ces trois questions fondamentales: comment transformer les réunions privées du Conseil avec les pourvoyeurs en de véritables dialogues, quels autres mécanismes pourraient être mis en œuvre pour renforcer le lien entre le Conseil et les pourvoyeurs, et comment les pourvoyeurs, le Conseil de sécurité et le Secrétariat peuvent-ils coopérer pour résoudre les problèmes qui se posent sur le terrain?  C’est de manière quasi-unanime que les participants ont plaidé pour une «institutionnalisation» des consultations entre le Conseil et les «pourvoyeurs» en invoquant l’article 44 de la Charte.  Ils ont défendu l’idée d’une véritable interaction avec le Conseil et ce à toutes les étapes des opérations, que ce soit lors de la planification, du déploiement, de l’examen ou du retrait d’une mission mais aussi lors de l’élaboration des mandats ou de leur modification.


Pour certaines délégations, l'institutionnalisation de ces consultations passe par la création d'organes subsidiaires du Conseil, conformément à l'Article 29 de la Charte qui octroie au Conseil "le droit de créer des organes subsidiaires qu'il juge nécessaires à l'exercice de ses fonctions".  Les délégations ont avancé diverses propositions concernant la création de ces organes subsidiaires comme l'établissement d'un comité des pays pourvoyeurs de troupes propre à chaque mission.  Le Royaume-Uni, pour sa part, a de nouveau proposé la création d'un groupe de travail sur le maintien de la paix qui aborderait aussi les questions difficiles que sont l'établissement d'une force professionnelle de maintien de la paix et de la sécurité internationales, ou encore les raisons pour lesquelles des armées modernes et disposant d'une haute technologie refusent de se soumettre au commandement et au contrôle de l'ONU.


Si les délégations ont mis l'accent sur la nécessité d'une coopération renforcée entre le Conseil de sécurité et les pourvoyeurs, plusieurs ont aussi jugé important que le Secrétariat y soit plus franchement impliqué.  Mais pour le Japon et le Sénégal, il faut aussi dépasser ce "triangle consacré" et ouvrir les consultations à tous les pays qui contribuent sous une autre forme que militaire, c'est-à-dire en personnel humanitaire, civil ou simplement en ressources financières.  Un changement d'attitude pour eux est essentiel au regard de la complexité et du caractère multidisciplinaire d'opérations comme celles menées au Kosovo et au Timor oriental.


Tout en adhérant à l’idée d’une coopération renforcée, les Etats-Unis ont dit craindre que la multiplication de partenaires dans le processus de prise de décisions du Conseil ne compromette l’efficacité du Conseil dans l’exécution de son mandat conféré, par la Charte des Nations Unies.


Le Conseil a tout d’abord entendu les Etats non membres suivants : Pakistan, Jordanie, Inde, République de Corée, Japon, Australie, Fidji, Afrique du Sud, Argentine, Suède (au nom de l’Union européenne), Canada, Egypte, Zambie, Nouvelle-Zélande, Malaisie, Nigéria, Roumanie, Sénégal, Pologne, Bulgarie et Népal.  Les 15 membres (Etats-Unis, Royaume-Uni, Tunisie, Jamaïque, Bangladesh, Ukraine, Fédération de Russie, Irlande, Chine, Norvège, France, Colombie, Maurice, Mali et Singapour) se sont ensuite exprimés.  En début de séance, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Louise Fréchette, est aussi intervenue.


* Lettre datée du 8 janvier 2001,adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de Singapour auprès de l'Organisation des Nations Unies (S/2001/21)


RENFORCEMENT DE LA COOPERATION AVEC LES PAYS POURVOYEURS DE CONTINGENTS


Déclarations


Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a déclaré que la question examinée aujourd'hui est fondamentale pour les activités de maintien de la paix des Nations Unies.  Il est reconnu que sans des consultations et des contacts efficaces entre le Conseil, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat, le maintien de la paix ne sera pas pleinement efficace.  De plus, il est plus important que jamais d'avoir une coopération la plus étroite possible au moment où les opérations se multiplient et deviennent de plus en plus complexes.  L'Assemblée générale, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix ainsi que le rapport Brahimi ont clairement mis en lumière la nécessité d'une coopération plus étroite. 


Le débat d'aujourd'hui porte essentiellement sur le cadre dans lequel les consultations ont lieu, a poursuivi Mme Fréchette.  A ce sujet, il faut bien distinguer entre ceux qui préparent les mandats et ceux qui les exécutent, a-t-elle estimé.  Un aspect central de cet effort est l'amélioration de la coopération entre les pourvoyeurs de troupes, le Conseil et le Secrétariat.  Ce dernier s'engage d'ailleurs à fournir des informations précises et en temps voulu au Conseil de sécurité.  Il est aussi prêt à formuler des propositions pour réduire les risques et les coûts des opérations.  Le Secrétariat est également disposé à fournir aux pourvoyeurs de troupes des informations pour les aider à décider s'ils souhaitent ou non participer aux opérations.  Nous avons vu des consultations avec les Etats Membres durant l'élaboration et la révision des mandats des opérations aussi qu'au moment de crise, a ajouté Mme Fréchette.  Bien sûr, des réunions régulières ont lieu avec les pays contributeurs de troupes, mais le Secrétariat est aussi prêt à rencontrer tous les Etats Membres à titre individuel sur leur demande.  Des réunions exceptionnelles peuvent aussi avoir lieu, comme celle, tenue en août dernier, des chefs d'état-major des pays fournissant des troupes à la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL).  Mme Fréchette a également évoqué un certain nombre de dispositions qui pourraient concrètement être prises.  Il s'agit notamment de la création d'une liste de réserve de spécialistes militaires et de police civile pour améliorer le recrutement et le déploiement de ces personnes, et du renforcement des dispositifs de force en attente.  Ces initiatives  permettraient à de nombreuses questions, notamment administratives et de déploiement, d'être résolues à l'avance, a insisté Mme Fréchette, qui en conclusion a estimé que ce n'est qu'en établissant une relation de confiance entre le Conseil, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat que l'on pourra exploiter pleinement le potentiel du maintien de la paix.


M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a estimé que la meilleure manière de renforcer la coopération entre le Conseil, le Secrétariat et les pays pourvoyeurs de contingents est de créer des organes subsidiaires ad hoc  propres à chaque mission et qui tourneraient autour d’un «pôle central» de pays pourvoyeurs de contingents à chaque opération de maintien de la paix.  Les consultations avec ce «pôle central» devraient commencer à la phase la plus précoce de la création d’une mission et avoir lieu également lors de l’élaboration de nouveaux mandats.  Ces consultations devraient se faire sur une base régulière et, en particulier, lorsque le Conseil examine les modifications à apporter au mandat d’une opération, en ce qui concerne, entre autres, le recours à la force, la prorogation ou l’achèvement d’un mandat ou encore la détérioration d’une situation sur le terrain qui menacerait la sécurité du personnel des opérations de maintien de la paix.  La proposition du Pakistan, a précisé le représentant, ne vise pas à supplanter le rôle conféré par la Charte de l’ONU au Conseil de sécurité mais à faciliter une unicité de l’action entre le Conseil, les pays pourvoyeurs de contingents et le Secrétariat.  Il s’agit, a-t-il dit, d’injecter la dose requise de précision, de crédibilité, de réalisme aux mandats pour lesquels il faut également fixer des objectifs politiques clairs.  La pratique consistant à se livrer à des interprétations multiples des mandats doit être évitée à tout prix. 


Le représentant a poursuivi en soulignant un autre problème qui, selon lui, découle du fait que dans ses relations avec les pays pourvoyeurs de contingents, le Secrétariat ne parle pas toujours d’une même voix.  Il a donc espéré que la nouvelle direction du Département des opérations de maintien de la paix examinera dûment la question et qu’elle en fera une priorité dans le réexamen complet de ses activités.  Le Secrétariat doit fournir aux pays pourvoyeurs de contingents et aux membres du Conseil des informations de base, organiser des réunions d’information et leur donner l’ordre du jour de ces réunions à l’avance.  Le manque d’une telle initiative a conduit aux difficultés rencontrées en Sierra Leone, a estimé le représentant en rejetant la responsabilité au Département des opérations de maintien et à celui des affaires politiques.  La leçon à tirer de ce type d’évènements, a-t-il conclu, est la nécessité de renforcer la coordination au sein du système des Nations Unies et dans ce cadre, la coopération entre le Conseil, les pays pourvoyeurs de contingents et le Secrétariat ne saurait être trop soulignée.


M. ZEID RA’AD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie) a indiqué tout d’abord son accord pour une mise en application rapide de la résolution 1327 (2000) du Conseil de sécurité et de la résolution 55/135 de l’Assemblée générale, tout en admettant la nécessité de revoir le sujet.  Il a ensuite fait remarquer que l’expression “renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et les pays pourvoyeurs de contingent” laisse supposer l’existence de deux communautés distinctes, comme si les pays membres du Conseil de sécurité ne fournissaient pas de troupes.  Or, ce n’est pas le cas puisque presque tous les membres du Conseil ont déjà contribué aux opérations de maintien de la paix sur le terrain.  Il a rappelé que, sur 189 Etats Membres des Nations Unies, seulement 88 sont contributeurs.


Selon M. Al-Hussein, d’une part ce débat sur la coopération n’a de sens que dans le contexte d’opérations dangereuses qui requièrent la contribution de contingents des Nations Unies pour garantir la sécurité de l'environnement.  Il a constaté que certains Etats n'ont jamais hésité à envoyer leurs troupes dans de telles situations mais que la répartition des risques entre les Etats Membres est inégale.  A cet égard, il a souligné la participation importante de son pays dans les conflits les plus dangereux, alors que la Jordanie figure parmi les plus petits et les plus pauvres.  Les Nations Unies sont d’ailleurs redevables de millions de dollars à la Jordanie pour de telles opérations, a-t-il noté.  Le représentant a appuyé la remarque faite récemment par le Bangladesh sur la nécessité de s’assurer que les pays qui servent au sein du Conseil de sécurité deviennent contributeurs, lorsque les opérations les plus dangereuses sont décidées par celui-ci.  En montrant l’exemple, ils seront suivis par beaucoup d’entre nous, a-t-il assuré. En attendant, le représentant de la Jordanie a indiqué défendre la position des pays non alignés sur la nécessité de mettre en place des consultations plus efficaces entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs.


M. KAMALESH SHARMA (Inde) a souligné que le Rapport Brahimi a fait une proposition spécifique sur les consultations nécessaires entre le Conseil et les pays pourvoyeurs de contingents avant de reprocher au Conseil d’avoir jugé commode d’ignorer cette recommandation dans sa résolution 1327 du 13 novembre 2000.  Bien au contraire, a dit le représentant, le Conseil a choisi de présenter une formule ingénieuse parlant d’un système amélioré de consultations  par le renforcement «significatif» du système existant et la tenue de «réunions privées».  Pourquoi la tentative louable de créer un mécanisme approprié de communication entre les pays pourvoyeurs de contingents et le Conseil apparaît, aux yeux de ce dernier, comme une opération douloureuse alors même qu’il s’agit d’une obligation et non d’une faveur?  Rappelant la manière dont son pays et la Jordanie ont été mis à l’écart des consultations lorsque la mission de l’ONU en Sierra Leone a connu des difficultés, le représentant a reconnu qu’après l’adoption de la résolution 1327, une réunion de consultations a, en effet, eu lieu mais juste un jour après la parution du rapport du Secrétaire général.  Il n’est  donc pas étonnant que les pays pourvoyeurs de contingents n’aient pas été en mesure d’apporter une contribution notable aux discussions.  Ces séances de consultations, a poursuivi le représentant, sont devenues des séances formelles et rituelles et non pas l’occasion de délibérations fructueuses. 


Rappelant aussi que son pays demande des consultations renforcées avec le Conseil depuis le lancement de la première mission de l’ONU au Congo à laquelle l’Inde a participé, le représentant a estimé que rien n’a changé depuis lors et souligné l’obligation du Conseil d’agir au nom des membres et non au nom de ses propres choix.  Ayant dit cela, le représentant a fait part de ce qui, pour lui, devrait améliorer les consultations entre le Conseil et les pays pourvoyeurs de contingents.  Il a d’abord proposé que ces consultations aient lieu dès que le Conseil commence à définir le mandat d’une mission.  Ces réunions devraient porter, en particulier, sur le concept d’une opération.  Des consultations doivent aussi avoir lieu à la phase de préparation du déploiement d’une mission.  Cela pourrait permettre aux pays pourvoyeurs de contingents d’envoyer des missions de reconnaissance sur le terrain, a souligné le représentant en ajoutant que jusqu’ici l’ONU a toujours refusé de financer de telles missions.  Poursuivant, le représentant a aussi souhaité des consultations chaque fois qu’un changement dans la situation sur le terrain intervient, en disant, à cet égard, que ce sont les décisions collectives qui sont essentielles et non de simples consultations.


Des consultations doivent impérativement avoir lieur avant que le Conseil ne décide de la modification d’un mandat.  Les pays pourvoyeurs de continents doivent savoir et accepter à l’avance, les changements apportés aux termes et aux conditions sous lesquels ils ont engagé leurs troupes, a souligné le représentant avant de rappeler au Conseil son obligation de respecter les articles 43 et 44 de la Charte, l’article 44 stipulant que les pays pourvoyeurs de contingents doivent participer aux décisions du Conseil et non seulement être consultés.  Des consultations doivent aussi se tenir avant que le Conseil ne modifie le cadre juridique dans lequel opèrent les soldats de la paix, a encore dit le représentant avant de proposer des recommandations qui permettraient la tenue de ces différents types de consultations.  Ainsi, il a plaidé pour la création d’un organe qui se réunirait sur une base régulière et non sur une base ad hoc comme c’est le cas aujourd’hui.  Il a aussi proposé, dans ce cadre, la revitalisation du Comité d’état-major, «organe moribond», qui pourrait être utilisé pour suivre les opérations de maintien de la paix et faire office de forum de consultations entre les pays pourvoyeurs de contingents sur les aspects purement militaires.  En ce qui concerne la coopération avec le Département des opérations de maintien de la paix, le représentant a proposé que les missions du Conseil au Département incluent désormais des représentants des pays pourvoyeurs de contingents.  Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) pourrait aussi, aux yeux du représentant, rencontrer les pays pourvoyeurs de contingents lorsqu’il organise ses missions sur le terrain.  Les pays pourvoyeurs de contingents devraient enfin être autorisés à participer aux réunions d’information concernant les fonds d’affectation du Département des opérations de maintien de la paix.  Plaidant aussi pour le Conseil rende justice aux pays pourvoyeurs de contingents lorsqu’une mission est se trouve sous les feux des critiques, le représentant a estimé que la meilleure manière de procéder pour parvenir à une position commune consisterait à tenir des réunions d’information conjointes, entre le Conseil et les pays pourvoyeurs de contingents,  précédées par des consultations.  Il a aussi estimé que l’ONU devrait faire davantage pour faire connaître au public les succès enregistrés dans les opérations de maintien de la paix.


M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a estimé particulièrement important le débat sur le sujet de la collaboration entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes, dans le contexte de la résurgence des opérations de maintien de la paix.  Il a relevé que les pays pourvoyeurs de troupes sont le plus souvent écartés des prises de décisions qui affectent pourtant la vie de leurs ressortissants.  Avec la résolution 1327 du 13 novembre 2000, le Conseil de sécurité a fait un effort pour renforcer le mécanisme actuel des consultations et il est important que cela permette aux pays contributeurs de participer pleinement au processus décisionnel des opérations de maintien de la paix.


Le représentant a ainsi apprécié ces efforts, mais a considéré que d’autres sont encore possibles pour rendre les réunions des pays pourvoyeurs plus efficaces et interactives, avec notamment des informations données à l’avance par le Conseil.  A son avis, le mécanisme de consultations devrait être plus institutionnalisé.  De plus, le Conseil de sécurité et le Secrétaire général pourraient collaborer plus étroitement dans les premiers stades du processus de décision afin de donner davantage d’occasions de participer aux pays contributeurs.  En ce qui concerne le rapport Brahimi, le représentant a souhaité que ses recommandations intéressantes soient examinées plus avant, et il a soutenu l’idée de créer un organe subsidiaire du Conseil de sécurité.  Enfin, le représentant a donné le chiffre de 476 hommes que son pays fournit aux opérations de maintien de la paix, indiquant que son gouvernement souhaite y participer plus activement.


M. YUKIO SATOH (Japon) a, quant à lui, centré son intervention sur la nécessité d'élargir la sphère des participants au processus de consultations.  C'est qu'en effet le maintien de la paix et de la sécurité internationales exige désormais une approche globale et englobante, où les efforts dans les domaines économique, social, et humanitaire sont pris en compte aux côtés de ceux plus traditionnels du maintien de la paix pur et simple, qui s'articule autour des activités militaires et de police.  Cette situation est clairement reflétée dans les mandats à "facettes multiples" des opérations les plus récentes, où l'on doit souvent reconstruire une nation, mettre en place une bonne gouvernance et lancer le développement.  Ce qu'il ne faut pas oublier c'est que ces missions de grande ampleur tendent de plus en plus à être financées par des contributions volontaires faites par les Etats Membres intéressés, en plus des montants mis en recouvrement.  Dans de telles opérations, la composante civile joue aussi souvent un rôle substantiel, comme en témoigne la mission au Timor oriental. 

C'est pourquoi, de l'avis du Japon, les consultations entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes ne devraient pas se limiter aux seuls pays fournissant du personnel militaire ou de police civile.  Elles devraient, au contraire, être ouvertes aux pays fournissant du personnel civil, ceux dont les ressortissants sont engagés dans des activités humanitaires, en marge des opérations, ou encore à ceux qui fournissent des contributions financières et matérielles importantes.  Ces réunions devraient aussi rassembler les pays qui ont une connaissance particulière de la région dans laquelle l'opération est déployée.  Il s'agit là de pays qui ont également beaucoup en jeu, a fait remarquer M. Satoh, précisant que la sécurité du personnel civil est non moins importante que celle du personnel militaire.  Le représentant a aussi ajouté que les pays dont le niveau de contributions aux activités de l'ONU est élevé sont aussi comptables devant leurs citoyens.  Parce que leur mandat est de plus en plus complexe, les opérations de paix gagneraient grandement à ce que tous les pays apportant une contribution, quelle qu'elle soit, participent aux consultations avec le Conseil de sécurité, a conclu le représentant.


La Charte des Nations Unis pose la nécessité de tenir des consultations avec les contributeurs de troupes, a d'emblée rappelé M. DAVID STUART (Australie).  Il a ensuite fait remarquer que la multiplication des opérations et leur caractère de plus en plus complexe durant les dix dernières années ont amené les Etats Membres à accorder une importance croissante à cette question.  Malheureusement, les résultats du Conseil de sécurité dans ce domaine sont pour le moins mitigés.  C'est pourquoi, il était si approprié que le rapport Brahimi sur les opérations de paix mette à nouveau l'accent sur la nécessité de tenir des consultations efficaces et en temps voulu avec les pays contributeurs de troupes.  Il y a en fait un lien direct entre la volonté du Conseil de sécurité et celle du Secrétariat d'échanger leurs informations et leurs vues avec les pourvoyeurs de troupes et la confiance que les gouvernements ont dans les opérations envisagées, préparées et finalement déployées.  Le représentant a toutefois prévenu qu'une amélioration dans la fréquence et la qualité des consultations tenues n'entraînera pas nécessairement une augmentation de la participation des pays contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix.  Les gouvernements ne cesseront pas en effet de prendre leur décision d'envoyer des troupes en fonction d'un certain nombre de facteurs et de la perception qu'ils ont que certaines opérations sont particulièrement risquées, a expliqué M. Stuart.  A l'inverse, cependant, l'absence de consultations efficaces résultera presque à coup sûr dans le désengagement des pays contributeurs de troupes, en raison de l'insuffisance des informations transmises et de leur impossibilité de contribuer à l'élaboration du mandat des missions envisagées.  Une telle situation ne ferait que compliquer encore la tâche du Conseil de sécurité et des unités de commandement sur le terrain, a mis en garde le représentant. 


De son avis, il est deux éléments essentiels à la mise en place de consultations et d'une coopération plus efficaces avec les pays contributeurs de troupes.  Tout d'abord des consultations véritables passent par une "écoute active" entre toutes les parties.  Le dialogue doit impérativement être réciproque, surtout que tant le Conseil que le Secrétariat peuvent grandement bénéficier des points de vue et idées des Etats Membres, qui ne sont pas seulement mus par une préoccupation légitime à l'égard de leurs troupes mais aussi souvent par une connaissance pointue du terrain.  L'autre point essentiel est la tenue de consultations en temps voulu.  Des consultations préalables sont notamment indispensables lorsque le Conseil s'apprête à envisager la modification du mandat d'une mission ou des règles d'engagement.  Ne pas consulter alors les gouvernements qui ont des troupes sur le terrain ne serait qu'une rupture pure et simple de la confiance qu'ils ont placée en lui.  Des consultations devraient aussi précéder tout établissement d'un mandat et s'inscrire pleinement dans le processus de développement et de préparation de toute opération ou mission.  Certes le Conseil doit souvent agir sous pression et prendre rapidement une décision.  Il lui faut donc trouver un équilibre entre les intérêts qui peuvent être en conflit et les positions nationales.  Renforcer les consultations ne doit donc pas être synonyme d'un processus lourd et lent venant saper la capacité du Conseil à prendre des décisions rapides, a reconnu M. Stuart, avant de faire remarquer que si, lors des consultations les Etats Membres sont placés simplement devant les "faits accomplis" le maintien de la paix sera tout pareillement sapé.  Il est donc fondamental que toutes les parties adoptent une approche de coopération véritable.


M. AMRAIYA NAIDU (Fidji), rappelant les pertes en vies humaines subies parmi les soldats engagés par son pays dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU, a souligné l’obligation juridique des pays hôtes de résoudre les conflits, de les gérer et d’assister une opération de l’ONU.  Un manquement à ces engagements devrait, selon le représentant, mener à un non-renouvellement ou à un retrait de la mission concernée.  Le représentant a également soulevé la question des procédures de remboursement aux pays pourvoyeurs de contingents.  Il a, dans ce contexte, plaidé pour un système dans lequel l’ONU fournirait le matériel adéquat à un prix raisonnable.  Cela, a-t-il estimé, aurait non seulement l’avantage d’alléger le fardeau des pays pourvoyeurs de contingents mais aussi de standardiser les équipements pour chaque mission.  Venant à la question des consultations entre le Conseil et les pays pourvoyeurs de contingents, le représentant a jugé nécessaire qu’elles se tiennent en temps opportun, que tout soit mis en œuvre pour qu’elles soient interactives et productives et qu’un système d’examen des rapports de mission soit mis en place à la disposition des membres du Conseil, des non membres mais aussi des pays pourvoyeurs de contingents.  A cet égard, il a mis l’accent sur la recommandation contenue dans le Rapport Brahimi tendant à créer un sous-comité spécial du Conseil de sécurité, composé de technocrates et de stratégistes, chargé d’examiner les points de détail d’une mission.  Ce n’est qu’après un tel travail qu’une décision pourrait être prise sur le déploiement, le renouvellement, le retrait ou l’amendement d’un mandat.  Il serait dès lors possible d’adopter une approche réaliste fondée sur une évaluation objective de la situation véritable sur le terrain, a conclu le représentant.


Mme JEANETTE NDHLOVU (Afrique du Sud) a estimé que l'un des problèmes qui a entravé les activités de maintien de la paix des Nations Unies, ainsi que les événements de Sierra Leone l'ont démontré, est le manque de coordination entre les acteurs clefs.  C'est pourquoi l'Afrique du Sud s'est réjouie des recommandations formulées dans le rapport Brahimi qui abordent tout particulièrement ce problème.  Des consultations véritables entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat sont une nécessité fondamentale pour la réussite des mandats de maintien de la paix mis en œuvre et pour l'amélioration générale des activités de maintien de la paix menées par l'ONU.  Avoir des consultations sur les mandats des missions est un élément essentiel à la participation efficace de mon pays aux opérations de maintien de la paix, a insisté la représentante.  Selon elle, il faut en conséquence instaurer un système de consultations véritables entre les pays contributeurs de troupes et le Conseil et ce à tout moment des opérations, de leur conceptualisation à leur achèvement. 


Partant de ce constat, l'Afrique du Sud se félicite de l'adoption par le Conseil de la résolution 1327, en date du 13 novembre 2000, par laquelle il s'engage à renforcer de manière significative le mécanisme actuel de consultation.  Elle apprécie tout particulièrement le fait que le Conseil ait accepté que les consultations puissent être menées à l'initiative des pays contributeurs  de troupes.  Les recommandations du Comité spécial sur cette question viennent compléter et renforcer les dispositions de cette résolution et l'Afrique du Sud espère donc que le Conseil les mettra également en œuvre.  Un élément d'une grande importance est la nécessité de suivre les dispositions du Chapitre VII de la Charte quand le Conseil autorise le recours à la force.  Mme Ndhlovu a ensuite rappelé que la réflexion d'aujourd'hui s'inscrit dans un processus lancé il y a presque dix ans.  Malheureusement jusqu'à aujourd'hui les actes n'ont presque jamais suivi les engagements prononcés.  C'est pour cela que l'élan suscité par le rapport Brahimi doit être entretenu et déboucher sur des consultations véritables et non plus de "pseudo-consultations".  Il faut instaurer un échange de vues authentique où les acteurs clefs peuvent faire part de leurs intérêts et de leurs préoccupations.  Parallèlement le Secrétariat a la responsabilité particulière d'améliorer l'accès aux informations pour faciliter ces échanges de vues honnêtes.  En somme, l'Afrique du Sud considère que les recommandations du rapport Brahimi sur des organes subsidiaires, conformément à l'article 29 de la Charte, demeurent valides et devraient être mises en œuvre dans le contexte des efforts constants du Conseil pour améliorer le système de consultation.


M. ARNOLDO LISTRE (Argentine) a évoqué la déclaration présidentielle adoptée sur la question en 1994 par le Conseil de sécurité, à l'instigation de son pays.  Ce texte s'efforçait de formaliser le cadre des consultations avec les pays contributeurs de troupes.  Malheureusement sept ans après, il faut bien reconnaître que nombre des préoccupations exprimées dans cette déclaration demeurent d'actualité, a déploré le représentant.  Ainsi, il y était stipulé que des réunions devaient avoir lieu entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes avant toute extension, achèvement ou modification du mandat d'une opération de maintien de la paix.  Dans la pratique, et durant les deux années où elle a siégé au Conseil, l'Argentine a malheureusement constaté que ces réunions n'ont lieu que très peu de temps avant que le Conseil ne prenne officiellement sa décision et alors que le processus de négociation est très avancé.  Si bien que tout laisse à penser qu'elles ne représentent qu'une pure formalité, a regretté M. Listre.  De même, les rencontres avec les représentants spéciaux du Secrétaire général et les commandants des forces sont demeurés l'exception au lieu d'avoir lieu sur une base régulière et ce malgré l'importance que revêt la réception d'informations provenant directement du terrain.  De l'avis de l'Argentine, une autre possibilité qui n'a pas été explorée est la participation aux consultations de pays autres que ceux qui contribuent en troupes, et notamment ceux qui possèdent une connaissance particulière du théâtre des opérations. 


S'interrogeant sur les raisons de ce manque d'action, le représentant a indiqué que, selon lui, la situation s'explique entre autres par la crainte des membres du Conseil, et tout particulièrement les cinq permanents, de voir leur pouvoir de décision affaibli.  Les manquements tiennent aussi à l'insuffisance en personnel et en ressources dont souffre le Département des opérations de maintien de la paix ainsi qu'au fait que certains pays contributeurs de troupes n'ont pas envie de participer de manière plus active à ces consultations.  S'il va s'en dire que le Conseil de sécurité a un pouvoir de décision exclusif en matière de maintien de la paix, il faut néanmoins reconnaître que ses décisions affectent directement les pays contributeurs de troupes.  Partant, le Conseil a donc une obligation de transparence.  Il doit fournir aux pays contributeurs de troupes potentiels tous les éléments d'information nécessaires pour qu'ils évaluent la situation de manière objective et prennent leur décision en tout connaissance de cause.  Cette obligation de transparence ne s'arrête pas à la seule diffusion de l'information, mais s'étend à la nécessité de se montrer réceptif et demeurer à l'écoute des opinions et préoccupations émises par les contributeurs, a précisé M. Listre.  De son côté, le Secrétariat devrait disposer de ressources financières et humaines suffisantes notamment pour, dans la mesure du possible, avoir ses propres sources d'information.  De l'avis de l'Argentine, l'interaction entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes ne doit pas se limiter aux seuls cas où la sécurité du personnel est en jeu et des réunions de suivi permettant de rendre compte de l'évolution de la situation sur le terrain sont impératives.  En dépit des améliorations, beaucoup reste donc encore à faire et pour cela le Conseil doit aussi faire montre de la volonté politique de rendre son processus de prise de décisions plus transparent, a prévenu le représentant en conclusion.


M. PIERRE SCHORI (Suède, au nom de l’Union européenne), a rappelé l’importante contribution qu’apporte l’Union européenne aux opérations de maintien de la paix, en termes tant de troupes et de personnel, que de budget.  Il a relevé que l’Union européenne développe rapidement sa capacité de gestion des crises et poursuit sa coopération avec les Nations Unies dans ce domaine, ainsi qu’avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le Conseil de l’Europe et d’autres organisations internationales.  L’Union européenne en cette matière a fixé des objectifs pour 2003, tels que la possibilité de déploiement de 60 000 hommes, en 60 jours et en les maintenant pendant un an.  L'Union européenne s'est aussi engagée à fournir aux opérations internationales, d'ici 2003, jusqu'à 5000 officiers de police, dont 1000 pourront être déployés en 30 jours. 


Le représentant a insisté sur la nécessité d’améliorer la transparence ainsi que la qualité et le nombre des consultations entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingent durant toutes les phases des opérations et, particulièrement pour la définition des mandats.  Il s'est déclaré satisfait de la priorité que donne M. Jean-Marie Guéhenno aux règles d'engagement et est favorable à une collaboration des pays fournisseurs de contingent dès les premières étapes de l’organisation des nouvelles missions.  Il s’est aussi déclaré en faveur de mesures prioritaires pour améliorer la sécurité du personnel des opérations de maintien de la paix.  En ce qui concerne le futur, a-t-il déclaré, l’Union européenne est prête à accepter des mécanismes qui renforceraient le lien entre les pays fournisseurs de contingent et le Conseil de sécurité, comme cela est proposé par le rapport Brahimi qu’elle soutient.  Enfin, M. Schori a souligné combien il est important de fournir au Secrétariat des ressources suffisantes pour lui permettre de mener à bien sa mission, une révision générale de sa structure de maintien de la paix étant nécessaire.


M. PAUL HEINBECKER (Canada) a estimé que le problème que confrontent les opérations de maintien de la paix ne concerne ni les communications ni les consultations mais la coopération et la participation.  Nous n’avons pas, a-t-il dit, trouvé le moyen de permettre aux Etats pourvoyeurs de contingents de participer au processus de prise de décisions relatives aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, du début jusqu’à l’achèvement de la mission.  La consultation est nécessaire mais elle ne suffit pas, a estimé le représentant avant de souligner que les points de vues des Etats pourvoyeurs de contingents ne devraient pas être considérés comme de simples apports à une prise de décision mais être intégrés dans les décisions.  Tout processus de prise de décisions consistant à adopter ou à rejeter le point de vue des Etats pourvoyeurs de contingents risque de se mettre leurs gouvernements à dos et de vouer la mission à l’échec, a insisté le représentant.  Selon l’article 23 de la Charte, le Conseil a la première responsabilité de maintien la paix et la sécurité internationales, a convenu le représentant avant de souligner qu’il ne s’agit en aucun cas d’une responsabilité exclusive.


Si les membres du Conseil ne sont pas prêts à partager le pouvoir, ils doivent alors assumer la responsabilité de fournir les contingents nécessaires, a prévenu le représentant en estimant aussi que si les Etats qui sont prêts à fournir des contingents ou qui en fournissent déjà n’arrivent pas à se rallier à un consensus, ils devraient alors se retirer.  Le représentant a poursuivi en rappelant la proposition de son pays tendant à ce que le Conseil et les Etats pourvoyeurs de contingents créent un Comité des pourvoyeurs de contingents pour chaque opération de paix.  Le Conseil et ces Etats, aidés par le Secrétariat, doivent travailler de concert dans un esprit de coopération et dans un cadre de gestion intégrée au lieu de se limiter à se rencontrer à l’occasion de ce qui est largement devenu un simple échange d’informations « pour la forme », a dit le représentant avant d’annoncer l’intention de son pays, de faire circuler dans quelques jours un document expliquant en détail un certain nombre d’idées sur les mesures que le Conseil pourrait envisager pour améliorer les modalités de prise de décision. 


Pour sa part, M. REDA BEBARS (Egypte) a qualifié "d'urgente et de fondamentale" la question abordée aujourd'hui.  Il est notamment approprié que cette séance ait lieu si peu de temps après la parution du rapport Brahimi qui examine en détail les opérations de paix de l'ONU.  Le renforcement de la coopération avec les pays contributeurs de troupes doit, selon lui, être envisagée sous l'angle de la nécessité d'une rationalisation optima du travail de l'Organisation en matière de règlement des différends.  Il faut donc institutionnaliser le processus de consultations à toutes les étapes de l'évolution d'un mandat opérationnel qu'il s'agisse de l'étendre, de le proroger ou d'y mettre fin.  La participation des fournisseurs de contingents potentiels doit aussi être assurée, et ce surtout immédiatement après la proposition par le Secrétaire général d'un nouveau mandat. 


L'objectif d'une telle approche doit aller au-delà d'un simple échange de vues, a poursuivi le représentant.  Ce qu'il faut c'est que la relation renforcée conduise à une participation véritable des pays fournisseurs de contingents au processus de décision du Conseil surtout lorsqu'un mandat prévoit le recours à la force.  Malheureusement il existe, sur ce point, encore un décalage entre les pays contributeurs et la position des pays membres du Conseil de sécurité qui, ainsi que le révèle la résolution 1327, préfèrent "améliorer la compréhension qu'ont les pays fournisseurs de troupes de la situation sur le terrain et du mandat à accomplir".  Or, ce n'est que lorsque le Conseil se rendra compte qu'il ne peut plus rejeter la demande légitime des pays fournisseurs de troupes que les relations avec ceux-ci seront réellement améliorées et les expériences négatives rencontrées dans le passé seront évitées, a averti M. Bebars.  C'est pourquoi, en dépit du fait que le Conseil a récemment développé l'idée d'une consultation avec


les pays contributeurs pour prendre connaissance de leurs vues, un mécanisme institutionnalisé doit être mis en place.  L'Egypte demande aussi que le Conseil réponde à toute demande d'un pays fournisseur de contingents pour organiser une telle réunion, surtout lorsqu'une modification d'un mandat est envisagée ou que la situation sur le terrain s'est dégradée de telle sorte que le personnel y est en péril.  La mesure logique à prendre est désormais de définir les modalités dans lesquelles les consultations doivent se dérouler, a suggéré le représentant.  En conclusion, il a insisté sur le fait que le renforcement de la coopération avec les pays contributeurs de troupes ne constitue qu'un élément essentiel à prendre en compte dans les efforts collectifs et la responsabilité partagée assumée par tous dans le maintien de la paix.  A ce titre, deux défis demeurent : il faut tout d'abord veiller à ce que tous les Etats Membres payent leurs contributions et leurs arriérés au maintien de la paix pour qu'il soit satisfait de manière convenable aux besoins.  Ensuite, les principales puissances occidentales devraient revoir leur position consistant à s'abstenir de participer à certaines opérations, notamment sur le continent africain, sous le prétexte que certaines présentent des risques pour eux inacceptables.


M. MWELWA MUSAMBACHIME (Zambie) s’est prononcé, d’une part, pour que les opérations de maintien de la paix fassent l’objet de mandats clairs, crédibles et réalisables, avec l’octroi de ressources adéquates, et, d’autre part, en faveur d’une coopération plus significative entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes.  En ce qui concerne la question des ressources, il s’est montré déçu qu’elle reçoive aussi peu d’attention, alors qu’elle est tellement importante pour mener à bien les opérations de maintien de la paix et pour éviter des échecs comme ceux qu’on a connus en Afrique.  Il a donc invité fermement le Conseil de sécurité à traiter cette question.  Par ailleurs, il s’est dit encouragé par l’accueil qu’a reçu le rapport Brahimi au sein du Conseil.


S’agissant des consultations avec les pays contributeurs, il a souhaité que le Conseil institutionnalise le processus pour que ces pays soient associés aux premiers stades des opérations.  En outre, les pays fournissant des unités militaires devraient être invités à assister aux réunions du Conseil de sécurité pour le Secrétariat lorsqu’il s’agit de crises affectant la sécurité du personnel des missions.  Il a rappelé que, lorsque l’usage de la force est envisagé, le Conseil devrait se conformer aux dispositions des articles 43 et 44 de la Charte des Nations Unies.  Il a conclu que des efforts restent à faire pour que les consultations soient menées dans le sens d’un échange de vues libre entre le Conseil et les pays contributeurs.


M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a rappelé l’importance, pour la question qui occupe aujourd’hui le Conseil, de l’Article 44 de la Charte qui donne aux pays pourvoyeurs de contingents non membres du Conseil le droit d’être entendus par ce dernier.  Dans ce cadre, le représentant a souhaité que le format de la réunion tenue le 4 octobre dernier, entre le Conseil et les pays pourvoyeurs de contingents à la Mission de l’ONU en Sierra Leone serve de modèle aux réunions privées encouragées par la résolution 1327 du 13 novembre.  Le représentant a expliqué la pertinence de la réunion du 4 octobre en ce qu’elle a permis un exposé utile du Sous-Secrétaire général des opérations de maintien de la paix, une évaluation militaire précise de la situation à laquelle est confrontée la Mission, et tout cela, a-t-il souligné, grâce à la volonté du Président du Conseil de tenir une discussion libre et franche avec les participants.  Le contenu des réunions avec les pays pourvoyeurs de contingents doit être bien préparé comme ce fut le cas pour la réunion du 4 octobre, a insisté le représentant en estimant que le

changement d’un mandat d'une mission ou de la taille d’une force déployée ne saurait se faire sans qu’une évaluation militaire complète ne soit fournie aux membres du Conseil tout comme aux pays contributeurs de contingents.  Le temps est un élément essentiel, a poursuivi le représentant en se félicitant que les réunions avec les pays pourvoyeurs de contingents aux missions de l’ONU à Prevlaka, au Timor oriental, au Sud-Liban et en Géorgie se soient tenues bien avant l’expiration de leur mandat.


Le renforcement de la coopération de pays pourvoyeurs de contingents est d’une importance cruciale pour les capitales, a poursuivi le représentant, en particulier à une époque où les missions de l’ONU sont de plus en plus complexes et dangereuses.  Les Gouvernements doivent être en mesure de prouver à leur parlement et à leur public qu’ils ont trouvé le moyen de contribuer aux décisions qui affectent les jeunes gens engagés dans l’armée.  De même, à un moment où seule une poignée de membres du Conseil fournit des troupes aux opérations de l’ONU, il semble impératif pour les membres du Conseil de rechercher l’avis des pays pourvoyeurs de contingents, en particulier en ce qui concerne la sécurité du personnel.  Ayant dit cela, le représentant a souligné le lien entre la volonté d’un Etat d’engager du personnel dans les opérations de l’ONU et la confiance qu’il a dans les mécanismes de consultations.  Le représentant s’est donc dit favorable à la création d’un comité formel  composé des membres du Conseil et des pays pourvoyeurs de contingents.  Ce comité, qui se réunirait sur une base régulière, serait également convoqué à chaque nouveau déploiement ou mandat ou à chaque modification majeure d’une opération.  Pour autant, le représentant n’a pas rejeté l’idée d’un sous-comité informel, composé d’experts du Département des opérations de maintien de la paix, qui viendrait assister le comité.


M. HASMY AGAM (Malaisie) s'est d'entrée de jeu réjoui que les pays non membres du Conseil, tels que le sien, puissent s'exprimer aujourd'hui devant le Conseil de sécurité sur une question aussi importante.  Le sentiment qu'il est besoin d'une plus grande consultation entre le Conseil, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes est effectivement bien réel.  Ce problème a déjà fait l'objet d'un certain nombre de recommandations, a rappelé le représentant.  Parmi ces suggestions, il a notamment mis en avant la nécessité de tenir des consultations détaillées et continues allant au-delà des rencontres régulières organisées sous les auspices de la présidence du Conseil.  A ce sujet, la Malaisie s'est toujours prononcée en faveur d'un mécanisme formel de consultations donnant véritablement effet à l'article 44 de la Charte qui pose la participation des pays contributeurs de troupes aux décisions du Conseil sur le maintien de la paix lorsque des contingents armés sont envoyés.  De telles consultations doivent notamment avoir lieu lorsqu'un nouveau mandat est envisagé, ou lorsqu'on souhaite modifier, étendre ou bien mettre un terme à un mandat existant.  C'est pourquoi, il est nécessaire de mettre en place un organe subsidiaire de coordination des consultations et à cet égard, la décision récente de tenir des consultations "privées" rassemblant le Conseil, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes va dans le bon sens.  Il faut toutefois que ces rencontres ne soient pas de simples sessions d'information mais qu'elles donnent lieu à une discussion véritable sur toutes les questions liées au maintien de la paix.  Ces rencontres devraient avoir lieu aussi souvent que nécessaire, a ajouté M. Agam.  Parallèlement, il faut maintenir le mécanisme traditionnel de rencontre avec les pays contributeurs de troupes pourvu qu'il devienne réellement interactif et utile et ait lieu suffisamment tôt avant la prise de décision finale.  Ce faisant, le représentant a souligné qu'il revient également aux pays contributeurs de troupes eux-mêmes de rendre ces réunions plus utiles. 

De l'avis de la Malaisie, l'une des raisons du relatif désengagement des pays contributeurs de troupes tient au retard enregistré dans le remboursement par l'ONU des frais engendrés par la participation à une opération sur le terrain.  Ces retards pour les pays en développement notamment créent de grandes difficultés économiques et politiques.  Le représentant a également mentionné les problèmes de sécurité et de sûreté du personnel au titre des obstacles à une plus grande participation.  Il faudrait donc aussi accorder davantage d'attention à ces questions, ainsi qu'à celles de l'équipement et de l'entraînement des troupes.  Sur ce dernier point, la Malaisie estime que les pays développés pourraient faire davantage et fournir plus d'appui logistique et de formation aux pays en développement.  M. Agam a cependant souligné que, ce faisant, il fallait impérativement éviter une division du travail dans laquelle les pays développés fourniraient les moyens économiques, alors que ceux en développement fourniraient la "main d'œuvre".  Le maintien de la paix est une responsabilité partagée par tous les Etats Membres, a-t-il insisté.  Il a ensuite plaidé en faveur d'un plus grand recours aux arrangements de force en attente, lesquels devraient être encouragés notamment en utilisant les ressources disponibles dans les pays qui y ont adhéré.  Les pays ayant signé de tels arrangements devraient se voir accorder la priorité pour participer aux opérations, a également proposé le représentant.  De plus, les forces ainsi mises en attente devraient bénéficier d'une formation régulière et d'un soutien logistique adéquats.  Une telle amélioration pourrait constituer le moyen de pallier le manque d'une armée de réserve des Nations Unies dont certains ont rêvé. 


La délégation malaisienne juge aussi nécessaire de garantir une bonne chaîne de commandement dans les opérations.  C'est pourquoi, il est essentiel que tous les pays contributeurs de troupes, sans exception, acceptent la doctrine de commandement unique et unifié des missions autorisées par le Conseil de sécurité.  Le commandant des forces choisi doit bien entendu témoigner des plus hautes aptitudes, mais doit aussi se voir donner l'occasion d'interagir avec le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents lors de réunions qui se tiendraient à New York, a suggéré le représentant.  En conclusion, M. Agam a estimé que le Conseil devrait aujourd'hui clairement faire savoir aux pays contributeurs de contingents qu'il ne les tient pas pour un "fait accompli".


M. ARTHUR C.I. MBANEFO (Nigéria) a souligné que si le Conseil a la responsabilité d’élaborer les mandats des opérations de maintien de la paix, le Secrétariat et le Département des opérations de maintien de la paix, celle de la logistique et de l’administration, seuls les pays pourvoyeurs de contingents ont la responsabilité de traduire en action le mandat conféré à une mission par le Conseil de sécurité.  Le représentant a, dans ce contexte, appuyé la recommandation pertinente du rapport Brahimi.  L’important, a-t-il dit, n’est pas seulement d’injecter de la clarté et de la précision aux mandats des opérations mais aussi d’instaurer une coordination et une coopération adéquates, pendant le processus de formulation du mandat, entre les pays pourvoyeurs de contingents potentiels et les membres du Conseil de sécurité.  Le rapport Brahimi appelle aussi, a rappelé le représentant, à la création d’un organe subsidiaire ad hoc du Conseil afin d’institutionnaliser le cadre dans lequel les pays pourvoyeurs de contingents peuvent conseiller le Conseil.  Pour le représentant, les consultations doivent se tenir à chaque conception d’une opération, chaque élargissement de mandats, chaque modification d’un mandat, chaque changement dans les règles d’engagement et à chaque processus de désignation des commandants des forces déployées sur le terrain.


Par elles-mêmes, les consultations ne suffisent pas, a poursuivi le représentant,  en particulier lorsque les avis de ceux qui ont l’expérience des missions sur le terrain ne sont pas sollicités ou pris en considération.  Les points de vue des pays pourvoyeurs de contingents et des autres acteurs régionaux doivent être pris en compte, a dit le représentant en se félicitant, en particulier, de l’initiative du Conseil d’avoir tenu, l’année dernière, des consultations sur la Sierra Leone avec les membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Le résultat de ces consultations et les visites des membres du Conseil dans les régions de conflit, ont conduit à une meilleure appréciation des questions, a estimé le représentant en expliquant qu’elles ont, en outre, joué un rôle important dans le rétablissement de la confiance de la sous-région dans la capacité et la sincérité du Conseil de sécurité.  La tenue de consultations avec les dirigeants régionaux et les pays pourvoyeurs de contingents est une pratique qui devrait être institutionnalisée, a insisté le représentant.  Il a, par ailleurs, affirmé que les pays pourvoyeurs de contingents soient consultés lors de l’examen des directives et que les notes d’informations et les documents de travail soient mis, à l’avance, à la disposition des pays pourvoyeurs de contingents.  Les notes d’informations opérationnelles du Département des opérations de maintien de la paix devraient aussi être présentées par écrit, a conclu le représentant en suggérant au Secrétariat d’assurer les frais de mission des délégués qui pourraient être appelés à informer ou à tenir des consultations avec le Conseil ou le Secrétariat sur des questions relatives à une opération de maintien de la paix en cours.

M. JAMES B. CUNNINGHAM (Etats-Unis) a reconnu qu’en matière de coopération entre le Conseil et les pourvoyeurs de troupes, la situation n’est guère satisfaisante.  Il a convenu de la nécessité d’améliorer la coordination entre le Conseil, le Secrétariat et les «pourvoyeurs» pour rendre les opérations de maintien de la paix plus efficaces.  Le représentant a donc appelé à un nouveau partenariat qui, a-t-il souligné, exigera un changement de mentalité.  Il a expliqué cette nécessité par l’importance d’avoir une vision commune des choses qui ne nécessite pas, selon lui, la création de nouveaux mécanismes ni la multiplication de réunions.  Les Etats-Unis, a rappelé le représentant, sont le principal contributeur d’éléments de police civile.  Le pays est donc au fait des besoins en la matière.  Ce qu’il faut, a estimé le représentant, c’est donner les informations nécessaires aux contributeurs de troupes, leur permettre une participation aux décisions du Conseil, leur expliquer des mandats clairs qui doivent être et donc, en définitive, assurer un meilleur rendement.


Ceci exige une coopération entre le Conseil, les pourvoyeurs et le Secrétariat comme cela a été le cas lors des consultations sur la Mission des Nations Unies en Sierra Leone et des visites des membres du Conseil sur le terrain.  Le représentant a fait part de sa conviction qu’il sera possible de surmonter l’inertie actuelle et de disposer d’un meilleur processus.  Néanmoins, il a souligné l’importance qu’il y a à préserver l’efficacité du Conseil et les responsabilités qui lui sont confiées par la Charte.  Il ne faut en aucun cas diluer le pouvoir du Conseil par la participation à ses travaux d’une multitude de membres.  De meilleurs mécanismes d’échanges peuvent être trouvés, a dit le représentant mais il ne faut pas confondre la multiplication des réunions avec un partenariat plus fort et une démarche plus approfondie pour aborder les problèmes.


Pour Sir JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni), il est clair qu'il est nécessaire d'avoir une approche réformée du maintien de la paix qui doit être entreprise de manière cohérente et élever la capacité professionnelle des Nations Unies dans ce domaine.  Dans ce contexte, les pays contributeurs de troupes sont et doivent être des partenaires clefs, ainsi que le document circulé ce matin par la présidence de Singapour et le rapport Brahimi le soulignent clairement.  La vérité est qu'en 2001, les opérations de maintien de la paix devront relever des défis plus complexes que jamais.  De plus, la nature des conflits a changé.  Les contingents nationaux doivent donc travailler plus dur pour asseoir la paix dans des situations où les parties en conflit sont parfois difficiles à identifier et où leur engagement en faveur de la paix est parfois pour le moins ambigu.  Toutefois, il faut clairement comprendre que des progrès ne viendront pas seulement d'une approche plus volontaire dans la coopération avec les pourvoyeurs de troupes, aussi importante qu'elle soit.  De meilleures opérations de maintien de la paix passent aussi par la garantie que les pays fournisseurs de troupes savent bien à ce quoi ils peuvent s'attendre, qu'ils arrivent sur le terrain bien préparés et bien équipés pour remplir le mandat que le Conseil leur a confié. 


Ainsi que tous l'ont reconnu ce matin, le problème est que les arrangements avec les pays contributeurs de troupes n'ont jusqu'à présent pas bien fonctionné, a poursuivi Sir Jeremy.  Les réunions n'ont que trop rarement donné lieu à un échange de vue réel et la faute n'en revient pas qu'à une seule partie, a-t-il fait remarquer.  Les pays contributeurs doivent être en mesure de commenter l'analyse faite par le Secrétariat et le Conseil car leurs contingents sur le terrain leur donnent peut-être des informations importantes.  Dans le même temps, le Conseil doit être en mesure de mieux leur expliquer ses préoccupations spécifiques.  L'objectif est en fait de parvenir à une plus grande transparence à toutes les étapes des opérations.  Cela ne veut pas dire que le Conseil de sécurité doit renoncer à ses fonctions, conférées par la Charte, a averti le représentant, qui a souligné qu'aucun système de défense national ou aucune grande entreprise n'a jamais séparé son processus décisionnaire de ses opérations, ainsi qu'on l'a fait jusqu'à présent aux Nations Unies.  De l'avis du Royaume-Uni, cela exige notamment des mesures décisives pour donner au Secrétariat la capacité opérationnelle de remplir sa mission.  Les créations de postes au sein du Département des opérations de maintien de la paix acceptées récemment par la commission budgétaire vont dans le bon sens, mais des mesures supplémentaires sont encore nécessaires pour augmenter la capacité de planification de l'Organisation en matière militaire et de police civile.  Une bonne information aux pays contributeurs de troupes suppose aussi que le Secrétariat a une réelle capacité d'analyse stratégique ainsi que le soulignait le rapport Brahimi.  Il faudra donc revenir dans un proche avenir sur le Secrétariat d'information et d'analyse stratégique qu'il proposait.


Il faut globalement changer d'attitude et prendre pleinement compte que tous les Etats Membres, siégeant ou non au Conseil de sécurité, ont une responsabilité partagée en ce qui concerne le maintien de la paix.  A cet égard, Sir Jeremy a rappelé qu'il a, le 15 novembre dernier, proposé la création d'un groupe de travail du Conseil sur le maintien de la paix.  Selon lui, le moment est venu de mettre en place un tel instrument qui permettrait de prendre du recul et de tirer les enseignements de ce qui a été fait.  Au sein de ce groupe, on pourrait examiner aussi de plus près la méthodologie du Conseil.  Cet outil pourrait faire en sorte que le Conseil reçoive les meilleurs conseils militaires, un domaine si important dans ses décisions.  Un tel instrument pourrait jouer un rôle pour établir une relation plus proactive avec les pays contributeurs de troupes.  Enfin, les questions aussi difficiles que l'établissement d'une force professionnelle de maintien de la paix et de la sécurité internationales, la nature du maintien de la paix, ou encore les raisons pour lesquelles des armées modernes et disposant d'une haute technologie refusent de se soumettre au commandement et au contrôle de l'ONU, ne devraient pas non plus être ignorées au sein de cet organe.  Ainsi on pourrait aller au-delà de l'hypothèse commune selon laquelle les positions politiques constituent le véritable obstacle à un bon maintien de la paix, alors qu'en vérité les freins viennent souvent de difficultés concrètes que l'on pourrait surmonter, a conclu Sir Jeremy.


M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a souligné que les pays pourvoyeurs de contingents jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre sur le terrain des mandats des opérations de maintien de la paix créées par le Conseil de sécurité.  Ainsi, les décisions que prend le Conseil dans ce domaine ont des conséquences pour ces pays dont la grande majorité ne sont pas membres du Conseil et ne sont donc pas associés à l’élaboration des mandats confiés à leurs contingents.  L’expérience a montré, a estimé le représentant, que le manque de consultations et de coopération avec les pays qui fournissent des contingents peut créer de sérieuses difficultés voire des situations embarrassantes.  La Tunisie, a-t-il rappelé, a œuvré pour que le Conseil entérine la recommandation du Rapport Brahimi visant à l’institutionnalisation des consultations avec les fournisseurs de contingents et pour que les réunions avec ces pays aient lieu notamment à la demande de ces derniers.  Mais dans la résolution 1327 du 13 novembre, le Conseil n’est pas allé jusque-là, a regretté le représentant en estimant que le compromis est un premier pas sur la bonne voie et en arguant qu’il est temps de mettre en œuvre la décision de l’Assemblée générale de renforcer le mécanisme de consultations.  Les réunions privées encouragées par la résolution 1327 doivent être des réunions spéciales au cours desquelles un véritable dialogue s’engage avant que le Conseil ne prenne des décisions sur l’opération et le mandat à l’examen.  De telles réunions, a ajouté le représentant, pourraient aborder la question de la sûreté et de la sécurité du personnel afin que les pays qui fournissent des troupes soient en mesure d’évaluer la situation. 


Selon le représentant, ce format serait un premier pas.  Il a donc adhéré à la proposition faite par la Jordanie tendant à ce que le Conseil organise après un an, un nouveau débat sur la question pour évaluer la mise en œuvre et l’utilité du format retenu aujourd’hui.  Le Conseil, a poursuivi le représentant, devrait continuer de tenir une réunion avec les pourvoyeurs de troupes avant le départ d’une de ses missions; une deuxième réunion devant être consacrée à l’examen des résultats de cette mission.  Il serait utile, a encore dit le représentant, qu’à la fin d’une opération de maintien de la paix, le Conseil, les fournisseurs de troupes et le Secrétariat tiennent une réunion d’évaluation pour tirer les enseignements de l’opération et pouvoir ainsi mieux préparer les opérations futures.  Le représentant a conclu en soulignant l’importance des consultations entre le Secrétariat et les «pourvoyeurs» en ce qui concerne l’élaboration des différentes directives relatives au personnel de maintien de la paix.


MME PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a relevé l’importance primordiale de la question des relations entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de troupes.  Le rapport Brahimi traite de cette question en ce qui concerne les pays qui sont ou qui seront contributeurs, particulièrement lorsque la sécurité de leur personnel est en danger et quand l’usage de la force est envisagé, a-t-elle rappelé.  Elle a remercié les délégations des pays pourvoyeurs d’avoir partagé leur expérience et d’avoir donné des recommandations, dans l’objectif d’améliorer le processus de leurs consultations avec le Conseil de sécurité.  La représentante a considéré que la résolution 1327 du 13 novembre 2000 révèle une nouvelle doctrine du Conseil en matière d’opérations de maintien de la paix.  Selon elle, par une amélioration des consultations, le Conseil souhaite non seulement trouver des vues communes sur les situations considérées, mais encore permettre aux pays contributeurs de solliciter et de commencer eux-mêmes ces réunions avec le Conseil de sécurité.  Les mandats clairement définis favorisent également la confiance en ce qui concerne les attentes vis-à-vis des troupes qui sont envoyées.  Il faut aussi garder à l’esprit que le passage du maintien de la paix à la construction de la paix est tout un processus et non un événement, a-t-elle ajouté.  En conclusion, la représentante a renouvelé son soutien en faveur de la création de mécanismes et procédures visant à renforcer la capacité du Conseil de sécurité à mener à bien les opérations de maintien de la paix.


M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a fait observer que la question de la coopération avec les pays contributeurs de troupes a pris une importance croissante au fur et à mesure que les opérations de maintien de la paix ont évolué.  De l'avis du représentant, les idées souvent pertinentes exprimées ce matin par les pays fournisseurs de troupes méritent d'être reflétées dans une déclaration présidentielle dont le Bangladesh appuie l'adoption.  Par principe, le Bangladesh est favorable à ce que les pays contributeurs de troupes participent aux décisions du Conseil, ainsi que le prévoit l'article 44 de la Charte.  Il reste à s'accorder sur le format de telles consultations.  A cet égard, le représentant a estimé que les dispositions nécessaires sont d'ores et déjà


fournies par les deux déclarations présidentielles déjà adoptées par le Conseil sur la question en 1994 et en 1996 ainsi que dans la résolution 1327 adoptée en novembre dernier.  En fait, ce qu'il reste à faire c'est mettre toutes ces modalités en pratique, a affirmé M. Chowdhury.  Pour lui, le cœur du problème est de mettre en place une interaction réelle entre tous les acteurs. 


Le représentant a ensuite proposé de prendre des mesures dans cinq domaines principaux.  Tout d'abord, les séances d'information organisées par le Secrétariat devraient être pleinement conformes à la lettre et à l'esprit de la résolution 1327.  Pour cela, il faudrait que le Secrétariat aille au-delà des informations et de l'analyse généralement disponibles.  Les pays contributeurs de troupes devraient en fait bénéficier d'une analyse franche et honnête de la situation, incluant des informations militaires clefs.  Le format des consultations devrait ensuite permettre un échange de vues aussi libre que possible et véritablement interactif.  Le Bangladesh voit avec beaucoup d'intérêt la proposition lancée ce matin d'instaurer un organe subsidiaire ad hoc pour assurer la participation effective des pays contributeurs de troupes aux processus de prise de décisions du Conseil.  Il espère donc qu'une décision spécifique sera prise à cet égard dans la déclaration qui suivra le présent débat.  Le rang de "partie à part entière" devrait être accordé aux pourvoyeurs de troupes qui devraient pouvoir demander la convocation d'une réunion du Conseil de sécurité, a aussi proposé M. Chowdhury.  En quatrième lieu, le représentant a plaidé en faveur d'un suivi réel par le Conseil des consultations qu'il tient avec les pourvoyeurs.  En l'état actuel des choses, le Président du Conseil ne fait en effet que mentionner brièvement les vues exprimées par les pays contributeurs de troupes lors de ces consultations.  Il y a là place pour un véritable dialogue, a estimé le représentant, ajoutant que le Secrétariat devrait de son côté être prêt à garder des traces de telles réunions.  Enfin, M. Chowdhury a proposé que toutes les opérations aient à leur disposition un "plan d'urgence" pour faire face aux situations les plus volatiles.  Cette dernière proposition l'a amené à aborder la question du degré varié d'engagement des différents pays contributeurs de troupes.  Le maintien de la paix étant bien une responsabilité partagée de tous les Etats Membres de l'ONU, les membres du Conseil, et en premier lieu, les membres permanents ne peuvent pas échapper à leurs devoirs.  C'est partant de ce constat que le Bangladesh a déjà proposé que les 5 permanents contribuent à hauteur d'au moins 5% aux opérations de maintien de la paix, a rappelé en conclusion M. Chowdhury.


M. VALERIY KUCHINSKY (Ukraine) a rappelé que plus de 13 000 Ukrainiens, militaires et civils, avaient dans les dernières années participé à 21 opérations de maintien de la paix et missions des Nations Unies à travers le monde.  A ce titre, l’Ukraine souhaite vivement que les mécanismes existants de consultation entre les pays pourvoyeurs de contingents, le Conseil de sécurité et le Secrétariat soient renforcés et institutionnalisés, a-t-il ajouté, soulignant que les pays pourvoyeurs devraient être consultés à toutes les étapes des opérations de maintien de la paix.  M. Kuchinsky a salué les réels progrès réalisés dans ce domaine l’année passée, avec notamment l’adoption de la résolution 1327 (2000) par le Conseil de sécurité et 55/135 par l’Assemblée générale; il s’est félicité de ce que cette résolution du Conseil de sécurité ait permis la tenue de réunions privées avec les pays pourvoyeurs de troupes, à l’image de ce qui s’est fait le

4 octobre 2000 avec les pays fournissant des contingents pour la MINUSIL.  Il a cependant précisé qu’on ne saurait considérer ces progrès comme suffisants et qu’il serait souhaitable que de telles réunions puissent avoir lieu à l’initiative des pourvoyeurs. 


La possibilité que le pays pourvoyeur lui-même soit à l’origine de telles réunions revêt une importance particulière pour un pays comme l’Ukraine dont les ressortissants engagés dans des opérations de maintien de la paix de l’ONU ont à quatre reprises été retenus en otages.  M. Kuchinsky a également déclaré que le rôle du Secrétariat devrait être renforcé dans le processus de consultation avec les pays pourvoyeurs.  Enfin, il a appuyé l’idée de créer un organe ad hoc subsidiaire du Conseil, ainsi que le recommandent le rapport Brahimi et de nombreux orateurs.  Cet organe pourrait recueillir les recommandations des pays pourvoyeurs et les transmettre au Conseil de sécurité, a proposé le représentant, avant de conclure que son pays est disposé à discuter des modalités pratiques de cette idée.


M. GENNADI M. GATILOV (Fédération de Russie) a convenu que le renforcement de la coopération avec les pourvoyeurs de troupes comporte en lui le potentiel d’augmenter les capacités de maintien de la paix de l’ONU, objectif ultime des efforts du Conseil.  Ces derniers temps, a rappelé le représentant, une série de mesures ont été prises à cette fin dont la réalisation du rapport Brahimi et l'adoption des résolutions 1318 et 1327 du Conseil et 55/135 de l’Assemblée générale.  Ces documents ont tous confirmé la primauté du Conseil dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales et abordé le cadre de collaboration du Conseil avec les pays pourvoyeurs de troupes.  Les reproches faits aujourd’hui, a dit comprendre le représentant, touchent le caractère non opérationnel des rencontres, en particulier, lorsque des problèmes émergent, l’insuffisance des informations données par le Secrétariat et l’absence de garantie que le Conseil prendra en considération l’avis des pourvoyeurs.  Pourtant, a dit le représentant,  au cours des six derniers mois, des mesures concrètes ont été mises en place pour corriger la situation.  Peu importe le terme utilisé –institutionnalisation ou autre-, seuls comptent l’utilité des activités et leur impact.  Il faut donc que le Conseil renforce le système de consultation en tenant des réunions avec les « pourvoyeurs », en particulier à leur demande.  Pour ce qui est de l’insuffisance des informations fournies par le Secrétariat, le représentant s’est dit convaincu que ce dernier est disposé à prendre des mesures pour faire face à ce problème, conformément aux propos du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix lui-même. 


Quant aux assurances à donner aux pourvoyeurs de troupes sur la prise en compte de leur point de vues, le représentant a précisé que personne n’a ce type d’assurances, et encore moins les membres du Conseil.  Les décisions du Conseil, a-t-il expliqué, sont généralement le résultat de compromis qui impliquent des concessions de chaque délégation.  Ce problème exige cependant, a reconnu le représentant, une réflexion approfondie et à cet égard, il a argué que différentes mesures peuvent être envisagées.  Il a ainsi suggéré que les contingents établissent des rapports sur leurs points de vue relatifs aux différents aspects de l’opération dans laquelle ils sont impliqués.  Ces rapports pourraient ainsi être inclus dans les rapports que le Secrétaire général présente  au Conseil de sécurité.  Après tout, a dit le représentant, ce sont ces rapports qui sont à l’origine des modifications apportées au mandat des opérations.  Une telle approche aurait non seulement l’avantage d’être pratique mais elle permettrait d’éviter un surplus de bureaucratie.  Le représentant a aussi proposé aux « pourvoyeurs » de tenir des réunions avec le Conseil et le Secrétariat dans un


nouveau format qui permettrait un courant d’informations à partir des contingents nationaux.  Certaines propositions avancées ce matin, a conclu le représentant, s’inscrivent dans le droit fil des propositions de la Fédération de Russie.  Il a cité la proposition de l’Inde consistant à utiliser le Comité d’état-major du Conseil pour renforcer la capacité de maintien de la paix de l’ONU en arguant que cela pourrait aussi renforcer l’interaction avec les pays qui fournissent des contingents.


M. RICHARD RYAN (Irlande) a fait valoir que si la présence de l’Irlande au sein du Conseil de sécurité était temporaire, sa position en tant que contributeur de troupes pouvait raisonnablement être qualifiée de permanente.  Il a mis en avant les responsabilités confiées par la Charte au Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et a fait observer que le Conseil avait également la responsabilité de prendre en compte les points de vue des pays qui fournissaient des troupes.  Ceux-ci ont tout particulièrement le souci de s’assurer que les mandats adoptés par le Conseil de sécurité sont clairs, crédibles et réalisables, a-t-il déclaré.  Cela doit être compris par tous, les membres de l’Organisation qui engagent leurs troupes sous le commandement de l’ONU comme ceux qui répugnent parfois à le faire.  En tant que contributeur à de nombreuses missions de l’ONU au fil des ans, l’Irlande est convaincue que l’apport concret des pays contributeurs de troupes aux travaux du Conseil lors de l’examen du mandat d’une mission pourrait être essentiel.


Le représentant a exprimé la déception de sa délégation à l’égard de la réponse faite par les Etats membres à la demande de ressources formulée par le Secrétaire général dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations du rapport Brahimi.  Moins de la moitié des postes réclamés par le Secrétaire général a été approuvée durant la session de l’Assemblée générale, a-t-il souligné.  Si nous voulons réellement améliorer les activités de maintien de la paix des Nations Unies et la façon dont les contributeurs de troupes sont impliqués dans le système, nous devons être prêts à financer les postes nécessaires.  Si nous ne sommes pas décidés à accepter les recommandations du Secrétaire général, il y a quelque chose de vain dans les demandes d’aide accrue du Secrétariat que nous entendons, a-t-il fait valoir.


Le représentant a indiqué par ailleurs que son pays était favorable à la création d’une structure permanente qui permettrait aux pays contributeurs de troupes de rester en dialogue constant avec le Conseil de sécurité sur la préparation, l’amendement et la mise en œuvre des mandats des missions dans lesquelles leurs troupes étaient engagées et qu’il attendait avec impatience de pouvoir discuter des propositions spécifiques du type de celle annoncée par le Canada.


M. SHEN GUOFANG (Chine) a présenté le contexte dans lequel se situent les opérations de maintien de la paix, au centre duquel on trouve du début jusqu’à la fin le Conseil de sécurité, alors que le Secrétariat et les pays fournisseurs de troupes supportent quant à eux la lourde tâche de mettre en œuvre les mandats définis.  Il a considéré que de grands progrès peuvent être faits pour améliorer la coordination avec les pays contributeurs.  Selon lui, dans le cas de la Sierra Leone, l'opération a rencontré des difficultés à cause de l’insuffisance des consultations et de la coordination avec les pays pourvoyeurs de troupes, au moment où le mandat a été redéfini.  Il faut tirer les leçons de ce genre d’expérience, a-t-il estimé, pour éviter les mêmes problèmes à l’avenir.


Le représentant soutient donc activement le renforcement de la coopération entre les pays contributeurs et le Secrétariat, de même qu’avec le Conseil de sécurité, en continuant et en améliorant les réunions déjà organisées ces dernières années avec le Conseil de sécurité.  Les mécanismes peuvent être affinés et permettre un échange libre d’opinions, d’une façon plus souple et au moment le plus opportun.  Pareillement, avec le Secrétariat, un partenariat plus étroit avec les pays pourvoyeurs serait bénéfique à ces derniers, a-t-il ajouté.  C’est sur ces questions, selon lui, que le groupe de travail du Conseil de sécurité dont la création est proposée devrait se pencher, en tenant compte des pertes et des acquis des dernières opérations de maintien de la paix.  La Chine est favorable à la création de ce groupe et entend y participer activement.


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a assuré que son pays, nouvellement élu membre du Conseil, continuera à plaider pour plus de transparence et d’ouverture à l’égard des non-membres du Conseil, conformément à la position des pays nordiques en ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité.  Partant, l’amélioration des mécanismes de consultation avec les pourvoyeurs est une partie intégrante de ces efforts.  Elle est aussi, a ajouté le représentant, au cœur des questions soulevées par le rapport Brahimi, à savoir la nécessité d’établir des mandats clairs, crédibles et réalistes et de combler le «fossé» entre les mandats et la mise à disposition des troupes et des ressources.  Le représentant s’est, dans ce cadre, félicité de la résolution 1327 du 13 novembre qui consacre l’engagement du Conseil à renforcer, de manière significative, le système existant de consultations.  La décision de tenir des réunions privées avec les pourvoyeurs de troupes, à différents stades des opérations et parfois à la demande des pourvoyeurs eux-mêmes est une mesure importante, a estimé le représentant en souhaitant que ces réunions deviennent une partie intégrante des processus de planification et de direction des opérations, menés par le Conseil  et le Secrétariat.  Le représentant s’est aussi félicité de l’initiative de la Présidence du Conseil d’inviter les pourvoyeurs des contingents à la Force de l’ONU au Liban à des consultations, bien avant la parution du rapport pertinent du Secrétaire général.


Le représentant a poursuivi en appelant l’attention du Conseil sur la proposition du rapport Brahimi de créer des organes subsidiaires du Conseil pour institutionnaliser la participation des pourvoyeurs de troupes au processus de formulation des mandats.  Il a également appelé l’attention du Conseil sur la nécessité de convier les organisations régionales impliquées dans les opérations de l’ONU à participer aux consultations aux côtés des pourvoyeurs.  Les pays qui ont engagé des unités militaires dans les opérations devraient être autorisées à participer aux réunions d’information données par le Secrétariat au Conseil sur les questions concernant la sécurité du personnel, a souhaité le représentant en jugeant  également nécessaire que le Secrétariat dispose des moyens requis pour collecter, analyser et diffuser l’information pertinente en temps voulu.  Il faut enfin, a conclu le représentant, renforcer la capacité de planification du Secrétariat pour fournir aux pourvoyeurs les éléments qui leur permettront de prendre une décision en connaissance de cause.


De l'avis de M. JEAN-DAVID LEVITTE (France), les vues exprimées ce matin par les pays contributeurs de troupes donnent une bonne indication sur la meilleure manière de traduire dans les faits les engagements pris par le Conseil dans sa résolution 1327.  Le représentant a reconnu qu'il est indispensable de renforcer la consultation par le Conseil des pourvoyeurs et cela à tous les stades de la préparation et de la conduite des opérations de maintien de la paix.  Selon lui, en effet, cette coopération permet d'accroître l'unité de conception et la cohésion dans la mise en œuvre des opérations.  Elle doit aussi favoriser la compréhension commune des objectifs et l'appréciation conjointe des risques et des stratégies à mettre en œuvre pour mener avec succès les opérations de maintien de la paix.  En même temps, cette coopération est soumise à la condition de la disponibilité des Etats contributeurs à engager des troupes sur le terrain, a aussi fait observer M. Levitte, avant de proposer plusieurs formules possibles pour conduire un tel partenariat.


Il a en premier lieu mis l'accent sur le rôle fort utile que peuvent jouer à cet égard les "groupes d'amis", à condition qu'ils soient ouverts et associent des membres du Conseil.  Sur ce point, il a pris pour exemple le bénéfice tiré du groupe des amis de la République centrafricaine.  M. Levitte a ensuite plaidé en faveur de l'organisation de plus en plus systématique de réunions privées avec les pays contributeurs de troupes sur le modèle de celle que le Conseil a tenue le

4 octobre 2000 pour la MINUSIL.  A cette occasion, les membres du Conseil comme les pourvoyeurs étaient représentés à un haut niveau de responsabilité, l'information donnée par le Secrétariat était la même que celle donnée la veille aux membres du Conseil lors de consultations officieuses, et un dialogue interactif, franc et substantiel a eu lieu.  Un succès qui a fait dire au représentant que "si toutes les réunions avec les contributeurs se déroulaient ainsi, beaucoup des frustrations exprimées ce matin s'estomperaient".  A ceux qui ont suggéré que l'on établisse des organes subsidiaires du Conseil pour mieux organiser la concertation avec les pourvoyeurs, M. Levitte a répondu que s'il fallait examiner cette proposition avec l'esprit ouvert, il ne fallait néanmoins pas oublier que ce qui compte ce sont moins les mécanismes formels que l'usage que l'on en fait.  Répondant ensuite à ceux qui ont regretté que des membres du Conseil de sécurité ne soient pas engagés comme contributeurs de troupes dans les mêmes conditions que d'autres, il a simplement rappelé que, pour sa part, la France, avec 98 morts, était, après l'Inde, le pays qui a donné le plus de vies au service du maintien de la paix.  De plus, il a précisé qu'actuellement ce sont près de 9 000 militaires français qui sont déployés dans 10 opérations des Nations Unies et 2 opérations, à savoir en Bosnie et au Kosovo, autorisées par le Conseil de sécurité.


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a rappelé que nombreux sont les cas où les membres du Conseil de sécurité ne comptent pas parmi les pays fournisseurs de contingents.  C'est pourquoi, il est avant tout nécessaire que le Conseil établisse des mécanismes permanents, appropriés et pertinents de participation des pourvoyeurs de troupes.  Ces pays doivent ensuite, de leur côté, pleinement tirer partie de ces mécanismes.  Pour chaque mission autorisée par le Conseil, des mécanismes de coopération adéquats doivent donc être mis en place.  Selon les cas, de simples réunions de routine seront nécessaires ou à l'inverse il sera besoin de tenir des consultations approfondies.  En somme, il conviendra de s'adapter à chaque situation.  Dans tous les cas, ces consultations devront avoir lieu suffisamment à l'avance afin que le Conseil de sécurité dans sa prise de décisionS bénéficie des vues exprimées par les pays prêts à contribuer en troupes.  Le représentant a aussi proposé que les rapports périodiques du Secrétaire général sur l'évolution des missions sur le terrain évoquent la question des consultations avec les pays contributeurs.  Il s'est en outre montré favorable à la réactivation du Comité d'état-major conjoint ou du moins à la création d'un mécanisme institutionnel permanent de consultation et de coopération avec les pourvoyeurs qui disposerait d'un mandat élargi prenant en compte notamment les préoccupations formulées aujourd'hui. 

De manière générale, il est indispensable que le Conseil de sécurité opère un rapprochement avec les pays, effectivement ou potentiellement, contributeurs de troupes, a expliqué M. Valdivieso.  Le Conseil pourrait tout d'abord se demander s'il met tout en œuvre pour encourager les Etats Membres de l'Organisation à devenir fournisseurs de contingents.  C'est pourquoi les consultations avec les pays potentiellement fournisseurs doivent être différentes de celles tenues avec ceux qui pourvoient déjà des troupes.  S'agissant de ce que le Conseil peut entreprendre lorsque des Etats ne veulent pas fournir des troupes pour des raisons politiques internes ou par manque d'information, le représentant a suggéré une approche volontaire dans laquelle le Conseil fournirait des informations complètes sur la mission qu'il se propose d'établir.  Il a en conclusion insisté de nouveau sur l'importance de consulter les pays contributeurs de troupes à tout moment de l'élaboration, de la modification ou de l'achèvement d'un mandat.


M. ANUND PRIYAY NEEWOOR (Maurice) a déclaré qu’il ne fait aucun doute que les pays pourvoyeurs de troupes doivent être pleinement impliqués dans le processus de prise de décisions concernant les mandats des opérations auxquelles leurs ressortissants participent.  Il a salué la tenue de réunions privées entre le Conseil et les pays pourvoyeurs de troupes et appuyé la requête de ces derniers concernant une institutionnalisation accrue de ces contacts.  Il s’est déclaré en faveur de l’établissement d’un organe subsidiaire ad hoc du Conseil, conformément à l’article 29 de la Charte.  Cet organe permettrait notamment de s’assurer que les pays pourvoyeurs de contingents sont pleinement informés des changements éventuels dans les mandats des opérations, a-t-il fait valoir.  M. Neewoor a également déclaré qu’il est indispensable que les pourvoyeurs soient consultés le plus tôt possible et régulièrement sur l’évolution des mandats, afin qu’ils puissent juger eux-mêmes des risques et des menaces qui pèsent sur la sécurité du personnel militaire.  Les événements récents au Kosovo et la suspicion de l’existence d’un lien entre l’utilisation d’uranium appauvri et la prévalence de cancer chez les soldats de l’OTAN est là pour nous servir de leçon et nous rappeler que sur le terrain, les soldats doivent être bien informés des risques qu’ils courent dans l’accomplissement de leur tâche, a affirmé M. Neewoor.  Il a conclu en invitant les pays pourvoyeurs et le Département des Opérations de maintien de la paix à renforcer leur coopération militaire afin de s’assurer que les troupes sur le terrain s’acquittent de leur tâche le plus efficacement possible.


M. MOCTAR OUANE (Mali) a qualifié d’"ardente obligation", la promotion d’un véritable dialogue avec les pourvoyeurs de troupes.  Il a estimé, à ce propos, que le système utilisé jusqu’ici a montré ses limites en avançant pour preuve les problèmes rencontrés par la Force de protection des Nations Unies dans les Balkans (FORPRONU), l’Opération des Nations Unies en Somalie (ONUSOM) et la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL).  C’est dans cet esprit, a expliqué le représentant, que le Mali se félicite de l’adoption des résolutions 1327 du Conseil de sécurité et 55/135 de l’Assemblée générale entérinant les recommandations du rapport Brahimi sur le renforcement des consultations entre les « pourvoyeurs », le Conseil de sécurité et le Secrétariat.  Le représentant a dit partager l’avis selon lequel il sera possible, par ces consultations renforcées, d’entretenir la confiance pour que les Etats Membres soient disposés à fournir les ressources nécessaires et à assumer les risques que comporte le déploiement des soldats de la paix.  


Mais cette confiance doit être fondée sur un partenariat véritable entre ceux qui décident et ceux qui exécutent, a précisé le représentant en invoquant l’Article 43 de la Charte en particulier, pour tout ce qui concerne la planification des tâches des missions de maintien de la paix, l’évolution des mandats, la sûreté et la sécurité du personnel de maintien de la paix.  Pour assurer le succès des opérations de paix de l’ONU, a-t-il poursuivi, il importe aussi de renforcer les capacités du Secrétariat à planifier, à déployer et à conduire ces opérations.  A cet égard, le représentant a appuyé pleinement les mesures contenues dans le rapport Brahimi et entérinées dans le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre dudit Rapport.  Il a conclu en estimant qu’il n’y a d’avenir pour l’ONU, dans son rôle de garant de la paix et de la sécurité internationales, que dans la réalisation du triptyque «dialogue, partenariat et modernisation».


M. SORIN DUMITRU DUCARU (Roumanie) a déclaré que son pays, en tant que pays contributeur de troupes, attache une très grande importance aux démarches entreprises récemment par le Secrétaire général et par le Conseil de sécurité pour améliorer et réformer la manière dont sont conduites les opérations de maintien de la paix.  Il est particulièrement encourageant, à cet égard, que plusieurs des recommandations du rapport Brahimi aient d'ores et déjà été mises en œuvre.  Tout en reconnaissant l'importance du rôle joué par les principaux organes internationaux et les pays les plus puissants, la Roumanie tient à mettre l'accent sur la contribution apportée par tous les acteurs du processus du maintien de la paix.  Reconnaître les bénéfices que l'on peut ainsi en tirer est une condition préalable au succès, a précisé le représentant.  C'est pourquoi, il est nécessaire de mettre en place un mécanisme triangulaire de coopération rassemblant le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pourvoyeurs de contingents.  La Roumanie estime qu'il est grand temps d'évoluer d'un mécanisme fonctionnant sur une base ad hoc vers un mécanisme institutionnalisé répondant aux exigences de transparence et de crédibilité exprimées par tous.  Cet instrument devrait fonctionner dès le stade le plus précoce de préparation et d'adoption d'un mandat de maintien de la paix.  Il devrait aussi demeurer en éveil jusqu'à l'achèvement de la mission.  A cet égard, M. Ducaru a estimé que la résolution 1327 adoptée en novembre dernier constituait un document important. 


Le représentant a précisé ensuite que son gouvernement, récemment élu, entendait élaborer une stratégie complète de participation aux opérations de maintien de la paix.  L'objectif principal en sera d'accroître la qualité et la quantité, ainsi que le degré de préparation, des troupes que la Roumanie enverra dans les missions des Nations Unies.  Il sera bien entendu tenu compte des recommandations du rapport du Comité spécial sur les opérations de maintien de la paix concernant son examen du rapport Brahimi, a précisé le représentant. 

M. Ducaru a aussi rappelé que son pays, lors du Sommet du millénaire, a été parmi les premiers à volontairement accepter une augmentation de leur contribution financière au budget du maintien de la paix. 


M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a estimé que si la coopération entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes est devenue pratiquement incontournable, c’est parce que la doctrine du maintien de la paix a connu une évolution spectaculaire au cours des dernières années.  Les opérations, à vocation multidimensionnelle, sont devenues progressivement la norme qui voit  l’ONU s’avancer en territoire nouveau, dans des situations complexes où il n’existe pas de cadre politico-institutionnel clairement défini, à l’instar du Kosovo ou du Timor oriental.  C’est dire que l’ONU doit être nécessairement en mesure de renforcer sa capacité d’exécuter ces missions nouvelles, avec l’appui de contingents bien préparés et prêts à faire face, avec crédibilité, à des situations souvent redoutables.  Il faut donc s’orienter plus fermement sur la voie d’une institutionnalisation du processus de consultation en impliquant davantage, aux consultations, les «pourvoyeurs» aussi bien dans les préparatifs, dans l’exécution et à la fin des opérations de maintien de la paix.  A ces consultations, il faudrait aussi associer les pays qui contribuent aux fonds d’affectation spéciale ou qui fournissent d’importants matériels logistiques ou d’autres ressources.  Ces consultations devraient se tenir sur une base régulière dans toutes les phases de prise de décisions.  En cas d’urgence, des procédures accélérées devraient être établies pour tenir ces consultations. 


La coopération entre le Conseil, le Secrétariat et les «pourvoyeurs» devrait reposer sur des mesures de confiance et permettre la participation des «pourvoyeurs» à l’élaboration de mandats clairs, crédibles et réalistes.  Ayant dit cela, le représentant a aussi jugé nécessaire de corriger les disparités constatées au sein du Département des opérations de maintien de la paix entre ressortissants des pays du Nord, sur-représentés et ceux du Sud, pourvoyeurs de troupes, et fort peu représentés.  Un meilleur équilibre entre ces personnels permettrait une prise en compte, plus objective, des préoccupations des pays du Sud dans la gestion des opérations de maintien de la paix.  Selon le représentant, le Secrétariat devrait élaborer, pour chaque mission de paix, un fichier contenant les noms et adresses des personnels du Département des opérations de maintien de la paix et des autres institutions et agences des Nations Unies participant à une mission.  Pour conclure, le représentant a souscrit à la proposition du Royaume-Uni de constituer un comité technique chargé d’examiner certains points techniques du rapport Brahimi.


M. JANUSZ STANCZYK (Pologne) a indiqué que son pays s’associait à la déclaration de l’Union européenne.  Il a fait valoir par ailleurs que la Pologne avait fait tout son possible pour que sa coopération avec les activités de maintien de la paix, s’effectue au plus haut niveau en termes qualitatifs comme quantitatifs.  Au cours des 27 ans d’engagement dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, trente deux mille soldats, policiers et spécialistes civils polonais ont servi sous la bannière bleue.  Actuellement 1100 Polonais remplissent leurs devoirs dans des missions conduites par l’ONU et près de 1300 d’entre eux servent dans d’autres missions mandatées par le Conseil de sécurité.  Ces chiffres, a-t-il précisé, se situent aux limites de nos capacités compte tenu de nos modestes possibilités budgétaires.  Le représentant a par ailleurs attiré l’attention sur la coopération bilatérale et multilatérale menée par la Pologne avec ses voisins et partenaires régionaux et notamment sur la Brigade multinationale d’intervention rapide des forces en attente  dont le concept a été reconnu par le rapport Brahimi comme constituant un modèle possible pour améliorer la capacité de déploiement rapide et l’efficacité de l’ONU.


Nous partageons l’opinion, a-t-il déclaré, que le mécanisme des consultations est la pierre angulaire de la coopération entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’ONU.  Nous nous félicitons des efforts faits pour redonner sens et substance à ces consultations.  En tant que pays contributeur de troupes, nous serions intéressés par des échanges de vues avec les membres du Conseil de sécurité et les autres pays contributeurs de troupes, tout particulièrement quand est formulé le mandat d’une nouvelle opération de maintien de la paix ou quand est discuté un changement dans le mandat d’une opération en cours, à laquelle la Pologne participe.  Nous voudrions en outre être consultés quand des décisions affectant la sécurité du personnel de maintien de la paix sont prises. 


Nous souhaitons également pouvoir faire connaître notre point de vue durant ces consultations, a indiqué le représentant.  Nous sommes convaincus que les membres du Conseil de sécurité pourraient faire le meilleur usage des opinions des contributeurs de troupes.  Par-dessus tout, nous croyons que des liens plus étroits entre les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité renforceraient la confiance mutuelle et éviteraient de possibles différends entre ceux qui décident et ceux qui exécutent.


M. VLADIMIR SOTIROV (Bulgarie) a mis l’accent sur la forte implication de son pays dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU, qu’il a qualifiées d’instrument unique et indispensable du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Notre engagement ferme dans cette activité centrale de l’Organisation s’est à nouveau manifesté l’année dernière, a-t-il fait valoir, avec la décision volontaire de mon gouvernement d’augmenter financièrement sa contribution volontaire au budget du maintien de la paix selon le barème des quotes-parts récemment adopté par l’Assemblée générale.  La Bulgarie a par ailleurs considérablement accru sa présence physique aux points chauds sur le terrain.  L’objectif du gouvernement bulgare visant à porter à 100 le nombre de policiers engagés dans la MINUK au Kosovo et à 50 celui des policiers en civil agissant comme observateurs auprès de la MINUBH en Bosnie-Herzégovine, des effectifs trois fois supérieurs à ceux de 1999, a été atteint fin 2000.


Le représentant a indiqué que la Bulgarie attachait une importance toute particulière, dans ce contexte, à une coopération améliorée entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes.  Nous nous sommes félicités du rapport du Groupe d’experts sur les opérations de maintien de la paix de l’ONU et avons soutenu les conclusions et propositions du Comité spécial sur les modalités de coopération entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes, a-t-il déclaré.  Dans la  mesure où elles sont directement liées à la question fondamentale de la formulation de mandats clairs, crédibles et réalisables, les consultations doivent s’appuyer sur des bases solides de façon à garantir une compréhension commune de la situation sur le terrain ainsi que des objectifs stratégiques et des mandats jugés appropriés en fonction de telle ou telle mission.  Nous nous félicitons à cet égard de la résolution SC/1327 (2000) qui constitue le premier pas dans la recherche de nouveaux moyens destinés à améliorer l’actuel système de consultations.


Mon pays a toujours considéré que le Conseil de sécurité devait se diriger vers une nouvelle ère de coopération avec les pays contributeurs de troupes, a déclaré d'emblée M. MURARI RAJ SHARMA (Népal).  C'est pourquoi, il est aujourd'hui à la fois encourageant et de bonne augure que le Conseil soit disposé à écouter les vues des pourvoyeurs de troupes.  Petit pays, le Népal considère les Nations Unies comme l'un des piliers de sa sécurité.  Il croit en la possibilité d'une paix mondiale sous le "parapluie" des Nations Unies et ce dans l'intérêt commun de l'humanité.  C'est pourquoi, il n'a cessé depuis 1975 de fournir des troupes.  Parce qu'il s'agit d'améliorer l'environnement du maintien de la paix, les enjeux discutés aujourd'hui sont élevés, a poursuivi le représentant.  Or le problème est que le Conseil de sécurité demeure le prisonnier du passé.  Sa composition reflète le partage de forces tel qu'en 1945 et il ne s'est pas adapté au nouvel équilibre mondial, au contraire il est demeuré de plus en plus non représentatif et guère plus démocratique.  Il est pourtant un grand nombre d'initiatives que l'on peut prendre pour, sans modifier la Charte de l'ONU, améliorer la coopération avec les pays contributeurs de troupes, a estimé M. Sharma. 


La première priorité est de se souvenir que sur les près de 40 000 soldats de la paix déployés dans le monde, seuls 6% sont originaires des pays membres permanents du Conseil.  Ensuite, il convient de concrétiser dans les actes les suggestions et dispositions formulées dans les divers documents déjà adoptés sur cette question.  L'un des problèmes fondamentaux de ces dispositions, a toutefois reconnu le représentant, est qu'elles sont à la fois lourdes de procédure et légères de substance.  Il faudrait donc énoncer des directives plus solides quant au partage des informations notamment.  Un autre problème est que pour l'heure, les informations fournies par le Secrétariat et le Conseil peuvent toutes être trouvées dans les journaux, a déploré le représentant.  Toutefois, selon lui, il n'est pas besoin d'attendre les recommandations du Groupe de travail de haut niveau pour envisager un ensemble de réformes possibles.  En fait, il existe déjà un cadre d'action clair en la résolution 1327 ainsi qu'en le témoignage implacable que représente le rapport Brahimi.  Outre permettre la circulation d'un flux constant d'informations substantives, les consultations entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes doivent avoir lieu à tous les stades de l'évolution d'une mission opérationnelle.  De plus, si les vues exprimées par les pourvoyeurs ne peuvent pas être prises en compte dans une décision du Conseil, celui-ci devrait clairement et franchement expliquer pourquoi.  Les pays contributeurs doivent être associés à une mission à laquelle ils vont participer dès sa planification.  Pour cela faire venir, de manière temporaire, au Secrétariat des experts des pays pourvoyeurs pour planifier la mission et définir les règles d'engagement pourrait constituer un apport tout à fait vital.  Des plans d'urgence et des stratégies de sortie devraient aussi être élaborés au moment du lancement d'une opération. 


De l'avis du Népal, le Conseil ne doit pas non plus oublier que les pays contributeurs de contingents ne sont pas tous équipés de la même manière et qu'en outre certains des belligérants qu'ils combattent disposent d'un matériel beaucoup plus sophistiqué que le leur.  A cet égard, la garantie que leur sécurité sera pleinement garantie donnerait au moral des soldats de la paix et aux Etats pourvoyeurs un "coup de pouce" qui pourrait bien faire des merveilles, a estimé

M. Sharma.  Mais au-delà, il a reconnu qu'il existe une anomalie récurrente en ce qui concerne l'engagement dont font preuve certains pays par rapport à d'autres.  C'est pourquoi, le Conseil de sécurité devrait autoriser la combinaison de contingents et d'équipement pour remédier à ces degrés variables d'engagement.  Un autre défi est d'améliorer la préparation et la formation des forces en réserve pour assurer un déploiement rapide de bonne qualité.  Pour toutes ces raisons et toutes ces insuffisances auxquelles il faut remédier, le Népal appuie la proposition de constituer un organe subsidiaire chargé d'examiner les propositions susmentionnées et bien d'autres encore.


M. S. JAYAKUMAR, Ministre des affaires étrangères de Singapour, résumant les propos tenus au cours du débat du Conseil, a d’abord souligné la nécessité de clarifier le concept de la relation entre les trois parties essentielles que sont le Conseil, le Secrétariat et les pourvoyeurs de troupes.  Car, au vu de certains commentaires, il semble que la norme de travail de l’ONU ne soit pas la relation triangulaire mais la relation linéaire, le secrétariat étant situé entre les deux partenaires.  Il faut donc s’assurer que les trois partenaires aient une vision commune de la structure du processus de consultations requis.  Doit-il être triangulaire ou linéaire, a insisté le Ministre des affaires étrangères.  Il a ensuite pris note du consensus sur la nécessité de développer une culture de communication et de consultation entre les trois partenaires.  Pourquoi une telle culture n’a jamais été mise en place, s’est-t-il interrogé avant d’imputer l’échec en la matière au fait qu’une telle culture exige d’abord un haut niveau d’ouverture de la part du Conseil et du Secrétariat, pour ce qui est du partage en temps voulu des informations pertinentes, en particulier lorsque les troupes peuvent être mises en danger par des décisions du Conseil.  Ce dernier, à son tour, ne doit épargner aucun effort pour tenir compte des points de vue des pourvoyeurs. 


Soulevant une autre question non résolue, le Ministre des affaires étrangères a relevé la polémique liée au moment où les pourvoyeurs doivent être consultés.  Dès la formulation des mandats ou uniquement lors de leur mise en œuvre.  Certaines délégations ont invoqué l’Article 44 de la Charte, mais les «pourvoyeurs» doivent-ils être consultés à tout moment et le Conseil de sécurité doit-il constamment solliciter leur avis, à toutes les phases d’examen d’une opération de maintien de la paix?


Poursuivant, le Ministre a aussi relevé le consensus sur le caractère non opérationnel du format actuel des consultations avec les pourvoyeurs, à l’exception de la réunion du 4 octobre sur la Mission des Nations Unies en Sierra Leone.  De toute évidence,  a-t-il estimé, il faut rendre ces réunions plus interactives et plus productives afin d’instaurer un véritable dialogue et encourager la coopération.  Certains pays, a encore remarqué  le Ministre des affaires étrangères, ont défendu l’idée de  créer de nouveaux mécanismes de consultation.  De nombreuses délégations ont ainsi fait référence au paragraphe 61 du rapport Brahimi sur l’institutionnalisation des consultations avec les pourvoyeurs de troupes par l’établissement d’organes subsidiaires du Conseil qui semble être autorisé par l’Article 29 de la Charte.  Or, aujourd’hui personne ne sait pourquoi cette recommandation ne figure pas dans le résumé du rapport Brahimi, a relevé le Ministre des affaires étrangères en suggérant que la question soit étudiée plus avant.  Les organes subsidiaires peuvent prendre différentes formes, a dit le Ministre des affaires étrangères en citant la proposition de créer un comité des contributeurs de troupes pour chaque opération de maintien de la paix ou celle du Royaume-Uni de créer un groupe de travail du Conseil sur le maintien de la paix. 


Il a enfin a évoqué la question, soulevée à maintes reprises, de la confiance mutuelle.  Il a jugé important que les pourvoyeurs puissent avoir confiance dans les décisions du Conseil et du Secrétariat tout comme ces deux organes doivent avoir confiance dans la capacité des pourvoyeurs à fournir des troupes bien entraînées et bien équipées.  Terminant sur la question de la sûreté et de la sécurité du personnel, le Ministre des affaires étrangères a estimé que le Conseil, le Secrétariat et les pourvoyeurs de troupes auront à coopérer étroitement pour combler le fossé entre les politiques nécessaires et les mesures à mettre en place.  La vie des soldats de la paix est en jeu chaque fois le Conseil fait une erreur, a-t-il souligné.


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