CNUCED/275

REORIENTER L'ECONOMIE PALESTINIENNE VERS LES MARCHES REGIONAUX

22/03/2001
Communiqué de presse
CNUCED/275


REORIENTER L'ECONOMIE PALESTINIENNE VERS LES MARCHES REGIONAUX


Genève, le 16 mars 2001 -- Dans l'étude sur l'économie palestinienne, que publie la CNUCED, elle met en garde contre une politique qui consisterait à laisser perdurer indéfiniment le contexte économique actuel. Une intégration précipitée de l'économie à d'autres marchés, sans que celle-ci ait été au préalable restructurée de manière appropriée, risquerait de l'enfermer dans une "dépendance infra-optimale". Il importe d'établir des relations plus équilibrées et mutuellement profitables avec l'économie israélienne par une réintégration dans l'économie régionale et l'établissement de nouvelles relations commerciales avec le reste du monde.


La CNUCED dresse un bilan de l'économie palestinienne, évalue les résultats obtenus par l'Autorité palestinienne et analyse les orientations entre lesquelles celle-ci devra choisir à la fin de la période intérimaire instaurée par les accords israélo-palestiniens de 1994.Même s'il ne tient pas compte de la situation critique dans laquelle se trouve l'économie palestinienne depuis octobre 2000, ce travail de recherche n'en révèle pas moins quelques-unes des tendances et des caractéristiques structurelles tenaces défavorables qui ont rapidement repris le dessus en dépit de perspectives optimistes partagées par une large fraction de l'opinion il y a quelques mois encore.


En dépit des efforts déployés par l'Autorité palestinienne depuis 1994 pour "reconstruire l'économie palestinienne selon une démarche axée sur la croissance durable", des obstacles "relevant du politique et de l'économique continuent de freiner cette action et de compromettre ces résultats". Cela s'est traduit notamment par une aggravation du déficit commercial provoquée par "de mauvais résultats à l'exportation et le gonflement rapide des importations". Le commerce palestinien est toujours essentiellement tourné vers Israël et souffre de carences systémiques et de blocages structurels.


Ces dernières années, les résultats économiques se sont améliorés globalement, avec une croissance de 7 % du produit national brut (PNB) et de 6 % du produit intérieur brut (PIB) en 1998. D'après les projections, la croissance devait se poursuivre en 1999, encore qu'à un rythme plus lent et à des niveaux par habitant plus bas. Toutefois, l'étude constate que la reprise observée en 1998-1999 a eu des résultats "comparables à ceux de périodes antérieures d'expansion (1992-1993 et avant 1988) qui ont généralement été suivies d'une forte contraction".


Les estimations palestiniennes préliminaires concernant la croissance économique en 2000, compte tenu du renversement de tendance intervenu au quatrième trimestre, font d'ailleurs apparaître un recul du PNB de 18 % se traduisant par une baisse du revenu par habitant de 22 %. Cela met de nouveau en évidence la "vulnérabilité persistante de l'économie palestinienne ... aux chocs extérieurs ... ce qui montre qu'il n'y a pas eu de changement par rapport à la situation antérieure, la demande globale étant plutôt stimulée par les revenus extérieurs que par la croissance de l'activité intérieure".


L'étude de la CNUCED soutient que s'il est vrai que certains obstacles existants au développement durable sont restés hors d'atteinte des moyens d'action de l'Autorité palestinienne, les efforts déployés par celle-ci au cours de la période intérimaire l'ont été "sans cohérence ni continuité, ni but bien clair". Ce qui manque, c'est "une stratégie [de développement] bien définie, qui guiderait les négociations bilatérales et multilatérales concernant les nouveaux arrangements de coopération commerciale et économique".


Il est indispensable de poursuivre la réforme du cadre réglementaire pour remédier aux carences structurelles d'une économie sortant d'une longue période d'occupation, et de définir parallèlement les orientations du développement économique. L'étude énumère les tâches à accomplir à l'avenir dans un certain nombre de domaines, à savoir le règlement des questions en suspens concernant le statut définitif, la gouvernance et la création d'institutions, les mesures à prendre pour éviter l'instabilité macroéconomique et réduire les facteurs d'inefficacité qui affaiblissent les structures des coûts et des prix.


Concevoir les politiques commerciales dans une optique d'intégration régionale


Un autre grand domaine de politique générale dont il faudra se préoccuper à l'avenir est celui de "la relation entre l'économie israélienne et l'économie palestinienne au cours de la période intérimaire" telle qu'elle est inscrite dans le régime commercial postérieur à 1994 qui a souvent été qualifié de "quasi-union douanière". Le régime commercial palestinien, même s'il s'en distingue sur de nombreux points, "demeure déterminé par la politique commerciale israélienne", ce qui fait que la relation entre les deux économies évolue selon le même schéma qu'avant 1994. La plupart des faits récents ont bien montré dans quelle mesure l'isolement de l'économie palestinienne, en rendant celle-ci fortement tributaire des flux commerciaux, financiers et de main-d'œuvre qui s'effectuent avec Israël ou passent par Israël, peut entraîner une perte rapide de revenus et d'accès aux marchés.


L'étude laisse entendre qu'il n'est peut-être pas dans l'intérêt de l'économie palestinienne de "négocier avec Israël un nouvel accord commercial fondé sur l'union douanière actuelle" et par le biais duquel l'économie palestinienne adopterait la plupart des éléments du régime de commerce extérieur israélien, et s'y adapterait, sans adaptation réciproque de la part du partenaire israélien. D'autre part, un accord de libre-échange complet entre les deux pays ne constituerait peut-être pas une solution optimale à l'heure actuelle, surtout si la main-d'œuvre palestinienne ne pouvait pas en tirer parti. Compte tenu de l'arrêt effectif des flux de main-d'œuvre palestinienne vers Israël depuis la fin de 2000, cette conclusion apparaît d'autant plus pertinente aujourd'hui que l'Autorité palestinienne a commencé à réévaluer les possibilités qui s'offrent à elle en matière de commerce et de développement.


Dans ce contexte, l'étude souligne l'importance de l'intégration de l'économie palestinienne à l'économie régionale et au reste du monde, tout en faisant valoir que cette intégration "ne saurait s'accomplir dans l'état actuel de l'infrastructure, du cadre institutionnel et de l'offre". La CNUCED affirme que l'économie palestinienne ne sera pas en mesure de recueillir les bienfaits de l'intégration économique tant que perdurent les contraintes qui pèsent sur l'offre, notamment la faible capacité technologique, le caractère diffus de l'esprit d'entreprise et l'absence d'institutions spécialisées pour des produits agricoles ou industriels précis. Tant que l'économie palestinienne, dans sa coopération avec ses voisins, demeurera le partenaire le plus faible et le moins dynamique, ce déséquilibre risque de perpétuer ses difficultés actuelles.


Initiatives de la CNUCED et du CCI face à la crise de l'économie palestinienne


Toute une série de programmes de formation, de services consultatifs et autres activités d'assistance technique mis en place par la CNUCED au profit de l'Autorité palestinienne et qui étaient en cours ou sur le point de commencer en octobre 2000 ont été suspendus pendant plusieurs mois. Cela a touché des projets concernant la gestion de la dette, le développement des petites et moyennes entreprises, l'administration des douanes et la diplomatie commerciale. En dépit des perspectives toujours incertaines, le secrétariat a relancé un certain nombre d'activités dans le cadre de ces quatre projets.


Entre-temps, le Centre CNUCED/OMC du commerce international (CCI) a élaboré, à la demande de M. Maher Masri, Ministre de l'économie et du commerce de l'Autorité palestinienne, un programme d'activités d'assistance technique urgentes conçu séparément et financé de manière souple.


Les activités d'assistance technique proposées par la CNUCED et le CCI sont axées sur la logistique et l'infrastructure commerciales, la diversification des marchés et les mesures d'appui au commerce, et la politique commerciale. Elles tiennent compte des besoins nouveaux et immédiats découlant de la situation actuelle, ainsi que des enjeux liés à l'apparition d'une économie palestinienne distincte. Elles intègrent également la nécessité qui s'impose à court et à long terme de diversifier et de faciliter le commerce de la Palestine avec les partenaires régionaux.


Ces propositions, centrées sur la fourniture rapide d'une assistance technique à l'Autorité palestinienne, ont été présentées conjointement le mois dernier par la CNUCED et le CCI à un certain nombre de donateurs bilatéraux et multilatéraux. Leur mise en œuvre dépend du règlement de la crise budgétaire actuelle, problème dominant auquel se trouve confrontée l'Autorité palestinienne, ainsi que l'exécution, à l'initiative des donateurs, de programmes visant à apporter des solutions aux problèmes du chômage généralisé et des pertes économiques causées par la crise récente.


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