LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ACHÈVE LA DEUXIÈME PARTIE DE SA SESSION DE FOND DE 2001
Communiqué de presse CD/G/501 |
LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ACHÈVE LA DEUXIÈME PARTIE
DE SA SESSION DE FOND DE 2001
Elle entend une déclaration du nouveau Président, l'Ambassadeur cubain Carlos Amat Forès, ainsi que des déclarations de l'Irlande et de l'Algérie
Genève, 28 juin -- La Conférence du désarmement a clos, ce matin, les travaux de la deuxième partie de sa session de fond de 2001 en entendant une déclaration de son nouveau Président, l'Ambassadeur de Cuba M. Carlos Amat Forès, ainsi que des déclarations de l'Irlande et de l'Algérie.
M. Amat Forès a entamé son intervention en exprimant la solidarité et les condoléances de l'ensemble des membres de la Conférence à l'égard des survivants, du Gouvernement et du peuple du Pérou où vient de se produire, en début de semaine, un tragique tremblement de terre. Il a par ailleurs rendu hommage à la contribution apportée aux efforts collectifs en faveur du désarmement par l'Ambassadrice de l'Irlande, Mme Anne Anderson, qui quittera bientôt ses fonctions de représentante de son pays auprès de la Conférence.
Dans sa déclaration, M. Amat Forès a notamment indiqué que la situation qui prévaut au niveau international dans le domaine du désarmement et du contrôle des armements ainsi que la tendance croissante à l'unilatéralisme hégémonique de la part de la superpuissance mondiale influent directement sur la Conférence du désarmement et sur la situation d'immobilisme dans laquelle elle se trouve. Il a indiqué que durant sa présidence, il entend oeuvrer afin que, parallèlement à la progression des travaux des trois coordonnateurs spéciaux qui ont été désignés la semaine dernière (sur les questions du réexamen de l'ordre du jour, de l'élargissement de la Conférence et de l'amélioration de son fonctionnement), des progrès puissent être enregistrés sur les thèmes substantiels contenus dans la proposition Amorim (document CD/1624).
Dans sa déclaration d'adieu, l'Ambassadrice d'Irlande, Mme Anne Anderson, a admis que le réalisme oblige à reconnaître que ce qui se passe au sein de la Conférence du désarmement reflète les événements extérieurs. Mais d'un autre côté, il ne semble pas démesurément ambitieux d'espérer un mouvement inverse en vertu duquel les progrès ou le manque de progrès au sein de la Conférence influencerait, même de manière modeste, les points de vue et les perspectives des principaux acteurs. Malheureusement, en dehors du cercle restreint de la Conférence même, il semble que l'inactivité prolongée de cette instance ne suscite guère de véritables préoccupations, a-t-elle déploré.
L'Algérie est intervenue pour souligner que si les trois coordonnateurs qui ont été nommés la semaine dernière auront certes fort à faire, les tâches qui leur ont été assignées - aussi importantes soient-elles - ne sauraient faire perdre de vue les questions de fond qui sont à l'ordre du jour de la Conférence. Pour l'Algérie, la Conférence doit entamer des négociations sans plus tarder et ces négociations doivent porter en priorité sur le désarmement nucléaire.
En fin de séance, le Pérou a brièvement pris la parole afin de remercier le Président Amat Forès pour la solidarité qu'il a exprimée, au nom de la Conférence, à l'égard du peuple péruvien qui vient de subir un important tremblement de terre suivi de répliques.
La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra le jeudi 2 août 2001, à 10 heures, en Salle du Conseil. La Conférence entamera alors la troisième et dernière partie de sa session de fond de 2001 qui s'achèvera le 13 septembre 2001.
Aperçu des déclarations
M. CARLOS AMAT FORÈS, Président de la Conférence, a salué les efforts déployés par les précédents présidents de la Conférence qui n'ont ménagé aucun effort pour tenter de parvenir à un accord sur le programme de travail de la Conférence. S'il n'a pas été possible d'atteindre le consensus nécessaire, cela est sans aucun doute imputable à des facteurs tels que la situation politique et stratégique actuelle ainsi que la situation internationale actuelle en matière de sécurité, a-t-il souligné. Le nouveau Président de la Conférence a dit avoir le sentiment que, plus que jamais auparavant, la Conférence semble éprouver des difficultés à atteindre les objectifs qui ont présidé à sa création sans enregistrer de retours en arrière. La situation qui prévaut au niveau international dans le domaine du désarmement et du contrôle des armements ainsi que la tendance croissante à l'unilatéralisme hégémonique de la part de la superpuissance mondiale sont déplorables et influent directement sur cette instance et sur la situation d'immobilisme dans laquelle elle se trouve, a déclaré M. Amat Forès.
M. Amat Forès a indiqué que durant sa présidence, il entend oeuvrer afin que, parallèlement à la progression des travaux des trois coordonnateurs spéciaux qui ont été désignés la semaine dernière (sur les questions du réexamen de l'ordre du jour, de l'élargissement de la Conférence et de l'amélioration de son fonctionnement), des progrès puissent être enregistrés sur les thèmes substantiels contenus dans la proposition Amorim (document CD/1624). Le Président a par ailleurs l'intention de mener à bien d'intenses consultations sur le programme de travail, sur la base de cette même proposition Amorim. L'intention de M. Amat Forès est également d'engager des consultations bilatérales avec le plus grand nombre possible de délégations afin d'écouter toute suggestion, proposition ou idée susceptible de contribuer à la réalisation du consensus sur le programme de travail.
Mme ANNE ANDERSON (Irlande) a prononcé un discours d'adieu dans lequel elle a souligné que ces dernières années, on a expliqué la longue paralysie dans laquelle se trouve la Conférence par le fait que cette instance ne peut agir que lorsque le climat sécuritaire est propice, arguant du fait qu'un forum multilatéral est l'otage des principales relations bilatérales. Certes, le réalisme oblige à reconnaître que ce qui se passe au sein de la Conférence du désarmement reflète les événements extérieurs. Mais d'un autre côté, il ne semble pas démesurément ambitieux d'espérer un mouvement inverse en vertu duquel les progrès ou le manque de progrès au sein de la Conférence influencerait, même de manière modeste, les points de vue et les perspectives des principaux acteurs. Malheureusement, un tel renversement de tendance ne semble pas être de mise ces dernières années et, en dehors du cercle restreint de la Conférence même, il semble que l'inactivité prolongée de cette instance ne suscite guère de véritables préoccupations. Pourtant, même ceux qui semblent penser avoir le moins besoin de cette instance ne peuvent rester indifférents à son sort tant il est vrai que la diplomatie a horreur du vide.
Mme Anderson a par ailleurs rappelé que sa délégation a toujours considéré la proposition Amorim comme un point de départ équilibré en vue de parvenir à un accord sur un programme de travail. Du point de vue de l'Irlande, a-t-elle également rappelé, le désarmement nucléaire se trouve au coeur des travaux de la Conférence. Aussi, l'Irlande souhaite-t-elle voir créer au plus vite un organe subsidiaire approprié. Comme tant d'autres, l'Irlande souhaite également voir la Conférence engager immédiatement des négociations sur un traité concernant les matières fissiles, sur la base du mandat Shannon. Pour tous ceux qui désirent réellement parvenir au désarmement nucléaire, l'interdiction de la production de matière fissile à des fins d'armement constitue une étape essentielle et non pas optionnelle, a souligné Mme Anderson. Par ailleurs, si l'on ne s'efforce pas de traiter sérieusement, au sein d'un forum de négociation, de la question du non-armement de l'espace extra-atmosphérique, la possibilité d'armement de l'espace extra-atmosphérique croît à une vitesse telle chaque année que cette question pourrait bientôt relever elle aussi d'un effort de non-prolifération.
En ce qui concerne les trois coordonnateurs spéciaux nommés la semaine dernière par la Conférence (sur les questions du réexamen de l'ordre du jour, de l'élargissement de la Conférence et de l'amélioration de son fonctionnement), Mme Anderson a fait part de sa crainte qu'en engageant ainsi une série d'actions sur des questions de procédures, la pression ne se relâche quant à la nécessité de parvenir à des avancées sur les questions de fond. Mais étant donné que les principaux acteurs ne semblaient pas être pressés de parvenir à un accord sur des questions de fond, il est vrai que le choix s'articulait entre la perpétuation de l'inactivité et l'engagement dans le type de travail pour lequel les trois coordonnateurs ont désormais été mandatés, a-t-elle reconnu. Le pire résultat auquel pourrait mener la nomination de ces trois coordonnateurs serait que la Conférence s'appuie sur ces nominations pour justifier désormais son existence et se sente plus à l'aise pour laisser en suspens les défis quant au fond. En ce qui concerne l'élargissement de la Conférence, l'Irlande est d'avis qu'une plus large expansion de la composition de cette instance ne pourrait qu'avoir des implications majeures sur l'efficacité de son fonctionnement - en particulier en remettant en cause la pertinence des systèmes de groupes qui existent actuellement en son sein. Mme Anderson a par ailleurs souligné que la société civile, a acquis le droit non seulement d'être entendue mais aussi de participer activement aux délibérations de la Conférence du désarmement; un droit qui lui est actuellement dénié.
Mme NASSIMA BAGHLI (Algérie) a estimé que la décision prise la semaine dernière par la Conférence de nommer trois coordonnateurs spéciaux chargés respectivement des questions du réexamen de l'ordre du jour, de l'élargissement de la composition de la Conférence et de l'amélioration de l'efficacité de son fonctionnement devrait permettre à cette instance de relancer ses travaux et d'examiner des questions d'une grande importance pour son avenir. "En effet, ces trois points touchent directement aux structures mêmes de la Conférence, à son efficacité et à sa capacité à se donner les moyens de mieux assurer son fonctionnement et par là-même à mieux prendre en charge les questions de sécurité internationale qui se posent à nous", a déclaré Mme Baghli. En ce qui concerne la question de l'élargissement, la délégation algérienne a eu, à plusieurs reprises, l'occasion de dire qu'elle appelle à l'ouverture de la Conférence à tout État qui exprime la volonté d'en être membre à part entière. "Nous y gagnerons sans doute en représentativité et en légitimité", a estimé Mme Baghli. "De même, nous estimons que la Conférence du désarmement doit s'ouvrir aux organisations non gouvernementales", a-t-elle ajouté.
Certes, les trois coordonnateurs qui viennent d'être nommés auront fort à faire, a reconnu Mme Baghli. Cependant, aussi importantes soient-elles, les tâches qui leur ont été assignées ne sauraient faire perdre de vue les questions de fond qui sont à l'ordre du jour de la Conférence. La conférence doit être pleinement consciente des responsabilités qui sont les siennes et s'atteler sans délai à entamer son programme de travail. Pour cela, a rappelé Mme Baghli, une base de travail existe déjà: il s'agit de la proposition Amorim présentée dans le document CD/1624.
La Conférence doit donc entamer des négociations sans plus tarder, a insisté Mme Baghli. Ces négociations doivent porter en priorité sur le désarmement nucléaire de façon à établir un programme échelonné dont l'objectif serait la destruction et l'élimination totale des armes nucléaires. "Nous déplorons vivement qu'un comité ad hoc doté d'un mandat clair de négociations sur le désarmement nucléaire ne soit toujours pas mis en place", a poursuivi Mme Baghli.
Un traité portant sur l'interdiction des matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires pourrait constituer la prochaine étape dans les efforts visant à conforter la dynamique née lors de la dernière révision du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP); mais pour qu'un tel traité puisse marquer un véritable jalon dans l'oeuvre du désarmement, l'inclusion des stocks doit nécessairement être prise en charge, a indiqué Mme Baghli. Elle a par ailleurs rappelé que l'espace extra-atmosphérique ne devait en aucun cas être militarisé. Aussi, les traités existants qui prévoient la non-militarisation de cet espace doivent être renforcés par un traité ou une convention consacrant ce principe. "Il est clair que toutes ces questions s'inscrivent dans un cadre plus large, celui de la définition d'une sécurité collective à l'aube de ce IIIème millénaire et partant, de la définition du monde où nous voulons vivre et que nous transmettrons aux générations futures. C'est pour cela que la situation de blocage de la Conférence nous préoccupe au plus haut point et que nous formulons le voeu que celle-ci parviendra à surmonter ses divergences et répondre aux attentes de la communauté internationale en matière de paix et de sécurité".
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