LA FEDERATION DE RUSSIE REAFFIRME LE CARACTERE INCONTOURNABLE DU TRAITE ABM, CLE DE VOUTE DE L’EQUILIBRE STRATEGIQUE INTERNATIONAL
Communiqué de presse CD/238 |
Commission du désarmement
245e séance - après-midi
LA FEDERATION DE RUSSIE REAFFIRME LE CARACTERE INCONTOURNABLE DU TRAITE ABM,
CLE DE VOUTE DE L’EQUILIBRE STRATEGIQUE INTERNATIONAL
La Commission du désarmement a achevé, cet après-midi, son échange de vues général, en séance plénière, sur les deux thèmes retenus à l’ordre du jour de sa session 2001, à savoir les moyens de réaliser le désarmement nucléaire et les mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques. Au cours du débat, des délégations ont évoqué les discussions en cours sur la ratification du Traité de non-prolifération (TNP) ainsi que sur l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN). Certaines délégations ont insisté sur la nécessité de garantir la pérennité et le respect du Traité sur l’interdiction des missiles anti-missiles balistiques (ABM).
A ce titre, le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que les Etats-Unis doivent renoncer à créer un bouclier anti-missiles national et doivent respecter le Traité interdisant les missiles anti-missiles balistiques (ABM) qui reste la clé de voûte de la sécurité nucléaire mondiale et de l’équilibre stratégique. Il a fait observer que le rejet du Traité ABM par l’une des parties mettrait en danger l’équilibre stratégique du monde et la vie même des nations. Il s’est dit favorable à l’ouverture des négociations sur un traité START III si tous les Etats respectent les textes déjà en vigueur, en particulier le Traité ABM. Le représentant a ajouté que la prolifération de missiles balistiques est un danger qui doit être examiné par l’Assemblée générale, car elle a déjà créé un groupe d’experts intergouvernemental en la matière. Concernant la réduction des arsenaux, le représentant de la Fédération de Russie a assuré que son pays avait opté pour une réduction drastique du nombre d’armes stratégiques et avait proposé que les Etats-Unis et la Russie disposent chacun de 1 500 ogives nucléaires, ce chiffre pouvant encore être réduit.
S’exprimant à son tour, le représentant du Pakistan s’est également inquiété de l’abandon possible du Traité ABM qui constituerait une menace pour l’ensemble du dispositif encadrant le processus de désarmement. Il a rappelé que son pays était en faveur du processus de désarmement nucléaire mais il a regretté que la Commission du désarmement ne limite ses débats qu’à la non-prolifération, expliquant que le TNP ne devait pas occulter la nécessité d’un désarmement nucléaire généralisé. Il a défendu le programme nucléaire du Pakistan en rappelant que l’Inde est le premier pays à avoir introduit l’arme nucléaire dans la région d’Asie du Sud. Il a fait observer que, dans le contexte d’Asie du Sud, le programme nucléaire du Pakistan est de nature réactive, ajoutant que le Pakistan a été contraint, en réaction aux essais nucléaires de l’Inde, à se lancer dans la course aux armements nucléaires. Conscient de sa responsabilité dans la nucléarisation de l’Asie du Sud, le Pakistan a proposé à l’Inde, dans une perspective de paix, d’entamer des négociations concrètes sur le conflit concernant le Jammu-et-Cachemire, a indiqué le représentant pakistanais, ajoutant que son pays est prêt à envisager conjointement avec l’Inde un régime de retenue stratégique au niveau nucléaire afin de garantir un équilibre des forces.
Enfin, certain pays ont mis en avant leurs propres expériences en matière de désarmement nucléaire, se conformant ainsi aux dispositions du Traité de non-prolifération (TNP) ainsi qu’à celles du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) qui n’est pas encore entré en vigueur. A ce titre, la représentante du Kazakhstan a rappelé que son pays avait adhéré au TNP en 1993 et que, depuis, il avait été procédé au retrait de toutes les ogives nucléaires présentes sur son territoire en avril 1995 et que le Kazakhstan avait ensuite entamé, le 31 mai de la même année, le démantèlement des bases d’essais nucléaires sur son territoire qui s’est achevé le 29 juillet 2000 par la désactivation de la dernière rampe de lancement de missiles. Elle a ajouté que le Kazakhstan est un Etat qui a volontairement renoncé à la détention de l’arme nucléaire et a assuré que son Gouvernement fera tout pour ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) avant la Conférence de septembre 2001.
Les pays suivants se sont aussi exprimés au cours du débat: Chili, Cuba, Equateur, Philippines, République islamique d’Iran, Népal, Ghana et Iraq. Le représentant des Etats-Unis a exercé son droit de réponse.
La Commission poursuivra ses travaux dans le cadre de consultations officielles, demain mercredi 11 avril, à partir de 10 heures, en Groupes de travail. Elle devrait tenir sa prochaine séance plénière, le 27 avril prochain, pour clore les travaux de sa session de fond 2001.
MOYENS DE RÉALISER LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE ET MESURES DE CONFIANCE CONCRÈTES DANS LE DOMAINE DES ARMES CLASSIQUES
Déclarations
M. WALDEMAR COUTTS (Chili) a déclaré que le Chili estime que la sécurité internationale est indivisible et que les intérêts nationaux de sécurité de certains Etats ne doivent pas porter ombrage à la sécurité collective. Nous sommes convaincus que les Etats nucléaires ont une plus grande responsabilité que les autres en matière de sécurité et de désarmement et qu’il est indispensable qu’ils s’acheminent vers l’élimination totale de leurs arsenaux. Aucun ordre international ne peut être fondé sur la possession des armes nucléaires et nous aimerions que soit reconnue la pertinence de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité de l’utilisation des armes nucléaires. Nous souhaitons que les mesures visant à établir la confiance en matière d’armes classiques s’accompagnent de la reconnaissance de valeurs communes dans ce domaine. La préservation d’un environnement de transparence et d’échanges d’informations doit être reconnue comme un facteur de préservation de la paix et de la stabilité, et nous soutenons l’existence d’instances comme le Comité permanent sur les questions de sécurité établi entre notre pays et l’Argentine en vue de tenir des consultations bilatérales régulières. Il faudrait encourager la tenue de forums de consultations de ce type au niveau régional.
M. RAFAEL DAUZA (Cuba) s’est félicité du fait que le Groupe des pays d’Amérique latine et des Caraïbes soit parvenu à proposer une candidature unique à la présidence de la Commission du désarmement. Il a fait observer que la Commission est la seule instance au sein de laquelle peuvent se tenir des délibérations cruciales sur les moyens de réaliser le désarmement nucléaire, rappelant que, depuis quatre ans, la Conférence du désarmement de Genève n’est pas parvenue à s’entendre sur un programme de travail. Il a ajouté que la Commission ne doit pas se détacher des réalités du monde et a souhaité un consensus qui passe par la volonté politique des Etats Membres et, en particulier, ceux dotés de l’arme nucléaire. Il a dénoncé le stockage de 35 000 ogives nucléaires qui menacent la sécurité internationale et regretté que les Etats ne respectent pas leurs promesses de détruire leurs arsenaux. Il a également dénoncé le développement d’un nouveau concept stratégique par l’OTAN ainsi que le projet de bouclier anti-missile de portée extra-territoriale, projets qui sont développés par les pays riches au moment où on parle de désarmement. Le représentant a rappelé que, dans la Déclaration du millénaire, les dirigeants du monde entier se sont engagés à convoquer une conférence sur l’élimination des armes de destruction massive. Il a déploré que les Etats riches maintiennent, voire augmentent constamment leurs budgets militaires alors que les fonds affectés à ces programmes, estimés à plus de 700 milliards de dollars pourraient aider 1 300 millions d’êtres humains vivant dans la misère. Il a également dénoncé les fabricants d’armes classiques qui sont de plus en plus sophistiquées et n’ont plus rien à voir avec la défense nationale. S’agissant des mesures de confiance, il s’est opposé à des recettes globales en considérant que ces mesures doivent prendre en compte le contexte de chaque pays et de chaque région. Il a ajouté que les principes de respect de la souveraineté, du non-recours à la force, du droit à la légitime défense, de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat doivent être respectés.
M. MARIO ALEMAN (Equateur) a déclaré, au nom du Groupe des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, que la course aux armes nucléaires et aux armes classiques avait modelé pendant plusieurs décennies une bonne partie de la croissance de l’Organisation des Nations Unies, qui a consacré ses plus importants efforts à la tâche du désarmement. Ce dernier n’aura cependant jamais lieu sur la base de mesures partielles et discriminatoires, et c’est pourquoi la Déclaration du millénaire a stipulé qu’il était nécessaire de parvenir à débarrasser complètement le monde des armes nucléaires. L’existence de zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) est un signe encourageant, mais malheureusement la paralysie des travaux de la Conférence du désarmement rend hypothétique le commencement de négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles à des fins d’armement nucléaire. La Commission du désarmement doit s’efforcer d’élaborer des propositions de consensus, et nous apprécions les efforts déployés par les Présidents de nos deux Groupes de travail en vue de faciliter les débats de la Commission. Concernant les armes classiques, l’Equateur vient de communiquer au Secrétariat les mesures prises au plan national concernant l’application des dispositions de la Convention d’Ottawa sur les mines terrestres antipersonnel.
M. ENRIQUE A. MANALO (Philippines) a rappelé que la région d’Asie de l’Est a été, au cours de ces dernières années, le théâtre d’essais nucléaires et que sa délégation est particulièrement sensible aux thèmes retenus à l’ordre du jour de cette session. Le représentant a ajouté que les stocks d’armes nucléaires disséminés dans le monde et les récents développements qui risquent d’affecter l’équilibre stratégique en matière d’armement nucléaire exigent que la Commission du désarmement avance concrètement dans ses travaux. Il a admis que des progrès avaient été accomplis ces dernières années, citant notamment le document final publié à l’issue de la Conférence d’examen du TNP en 2000 par lequel les Etats parties se sont engagés à détruire leurs arsenaux nucléaires afin de parvenir à un désarmement nucléaire complet. M. Manalo a cependant souhaité l’entrée en vigueur rapide et l’adhésion universelle au Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) que les Philippines ont ratifié cette année. Il a également souhaité, entre autres mesures, une réactivation de la Conférence sur le désarmement et le début de négociations sur la conclusion d’un traité relatif à l’utilisation de matières fissiles à des fins d’armement nucléaire.
Concernant les armes classiques, il s’est félicité de la teneur du document de travail présenté par la Présidente du Groupe de travail chargé des mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques dont les éléments contribueront à renforcer l’esprit de dialogue. Il a cependant souhaité que ces mesures de confiance tiennent compte des réalités et équilibres régionaux et de principes fondamentaux, tels que la nécessité de transparence ainsi que la nécessité de mettre un terme au surarmement qui n’est pas de nature à favoriser la confiance et la coopération entre Etats.
M. ANDREY GRANOVSKY (Fédération de Russie) a dit que les décisions de l’Assemblée du millénaire visent clairement à renforcer le rôle de l’ONU dans un monde multipolaire. Il est juste de se poser la question de savoir si le XXIème siècle verra le monde aller vers un désarmement véritable. Les grandes priorités en ce domaine commencent par la nécessité d’assurer une stabilité stratégique du monde en respectant des normes partagées humanitaires, économiques, écologiques et de sécurité. Le désarmement nucléaire est une nécessité, et la Fédération de Russie est prête à y participer dans les mêmes conditions que les autres puissances nucléaires. Notre pays est prêt à respecter les termes du Traité de non-prolifération, et comme l’a dit le Président Vladimir Poutine, la Fédération de Russie est pour un monde sans danger nucléaire. En matière d’énergie, nous sommes en faveur de réacteurs nucléaires moins dangereux et moins générateurs de matières fissiles de grade militaire, mais pouvant satisfaire les besoins d’énergie du monde. La Fédération de Russie opte pour une réduction drastique du nombre d’armes stratégiques, et nous avons proposé que les Etats-Unis et la Russie disposent chacun de 1 500 ogives stratégiques, ce chiffre pouvant encore être réduit, a indiqué M. Granovsky.
Les Etats-unis doivent renoncer à créer un système anti-missiles national et respecter le Traité interdisant les missiles anti-missiles balistiques (ABM) qui reste la clé de voûte de la sécurité nucléaire mondiale. Son rejet par une partie mettrait en danger l’équilibre stratégique du monde et la vie même des nations. La délégation russe se prononce en faveur de la conclusion d’un traité START III si tous les Etats respectent les textes déjà en vigueur, et notamment le Traité ABM. La prolifération de missiles balistiques est un danger qui doit être examiné par l’Assemblée générale, car elle a déjà créé un groupe d’experts intergouvernemental en la matière. En cas de menace balistique, notre pays propose la création de systèmes anti-balistiques de manière limitée visant la protection d’un territoire sur une base bilatérale. La non militarisation de l’espace doit être réaffirmée et reconnue par tous les Etats. Il serait triste que l’espace se trouve transformé en champ militaire. Ce mois se tiendra, sous l’égide du Président Poutine, à Moscou, une rencontre visant à créer un comité spécial de l’espace en vue de négocier un accord multilatéral en la matière. La conclusion d’un accord sur l’usage de l’espace ne mettrait cependant pas des obstacles aux recherches scientifiques que mènent des Etats dans l’espace. Concernant le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), nous appelons les Etats-Unis à le ratifier, et nous soutenons la création de zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN). Nous rappelons, à cet égard, notre proposition visant à ce que les armes nucléaires ne soient pas stockées en dehors du territoire des Etats qui en possèdent.
Sur la question des armes classiques, notre pays est contre leur accumulation au-delà des véritables besoins de défense des Etats. Mais il ne faudrait pas d’un autre côté exiger une transparence exagérée qui serait nuisible à la sécurité des Etats. Une large coopération internationale est indispensable pour mettre fin au trafic des armes légères et de petit calibre. Des mesures pourraient être prises en matière de contrôle au niveau douanier. Nous apprécions le fait qu’une conférence qui ait bientôt lieu sur le trafic illicite des armes légères. Concernant les mesures de confiance au niveau européen, la délégation russe apprécie le contenu des Documents de Vienne, qui forment la trame du Code de conduite de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et souhaite coopérer de près à son application avec les pays membres de cet organe.
M. MASOOD KHALID (Pakistan) a réitéré l’intérêt de sa délégation pour les travaux de la Commission du désarmement qui constitue, à ses yeux, le seul organe délibérant sur ces questions essentielles où tous les Etats, riches et pauvres, petits ou grands, participent à la mise en place de normes internationales visant à réaliser le désarmement à terme. Il a ajouté que la Commission peut être fière de ses réalisations au cours de ces dernières années car elle a formulé des recommandations, qui bien qu’elles n’aient une valeur juridique ferme, ont servi à renforcer certains dispositifs dans le domaine de la sécurité internationale et du désarmement. Il a mentionné notamment les principes directeurs en matière de création de zones exemptes d’armes nucléaires et en matière de contrôle des armes classiques qui ont été édictés par la Commission à un moment où les négociations sur le désarmement étaient dans l’impasse.
Tout en souhaitant que les travaux de la Commission ne soient pas alourdis par l’examen de questions secondaires, le représentant a admis que la question des moyens de réaliser le désarmement nucléaire est importante. Il a, à ce titre, dénoncé les événements récents qui tendent à compromettre les avancées réalisées ces dernières années, estimant que l’abandon du Traité sur les missiles anti-balistiques pourrait compromettre tout le processus de désarmement. Il a condamné le fait que l’accent soit mis davantage sur la non-prolifération plutôt que sur le désarmement nucléaire. Il a fait observer que, dans le contexte d’Asie du Sud, le programme nucléaire du Pakistan est de nature réactive, ajoutant que le Pakistan a été contraint, au regard des essais nucléaires de l’Inde, à se lancer dans la course aux armements nucléaires. Le représentant a déclaré que son pays est conscient de sa responsabilité dans la nucléarisation de l’Asie du Sud mais a précisé que le Pakistan a proposé à l’Inde, dans la perspective de l’établissement d’une paix, d’entamer des négociations concrètes sur le conflit concernant le Jammu-et-Cachemire. Il a ajouté que le Pakistan est prêt à envisager conjointement avec l’Inde un régime de retenue stratégique au niveau nucléaire afin de garantir un équilibre des puissances. Il a proposé également des négociations sur le commerce et les investissements bilatéraux. Le représentant a manifesté également son intérêt pour le second thème de l’ordre du jour relatif aux mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques, tout en faisant observer que les mesures de confiance doivent s’adapter aux contextes nationaux et régionaux et ne peuvent être envisagées à l’échelle globale.
M. HADI NEJAD-HOSSEINIAN (République islamique d’Iran) a rappelé que les Nations Unies constituent le seul cadre au sein duquel la communauté internationale peut échanger et prendre des décisions concernant la sécurité internationale et le désarmement. Il a ajouté que la Commission du désarmement a servi de forum pour définir des principes directeurs en matière de désarmement et que ses travaux ont permis aux Etats d’avoir une vision plus claire de l’environnement international. Il a ajouté que les thèmes à l’ordre du jour de la présente session de la Commission sont importants pour la sécurité et la paix internationales, en particulier la question du désarmement nucléaire. Il a estimé que la communauté internationale ne peut prendre le risque d’un incident nucléaire et qu’il est alors urgent de prendre des mesures concrètes pour réaliser le désarmement nucléaire. Il a regretté que des avancées qui étaient réalisées au lendemain de la Guerre froide soient de nouveau menacées par des réflexes de certaines Etats qui datent de cette époque et se limitent à la démonstration de leur force et de leur capacité de détruire l’adversaire. Il s’est inquiété des
nouvelles stratégies de défense anti-missiles et de la course aux armements qui risque d’en résulter et a rappelé les termes de la Déclaration finale de la Conférence d’examen du TNP, tenue en 2000, qui préconisaient l’élimination des arsenaux nucléaires. Il a également souhaité que les dispositions relatives à la menace nucléaire que fait peser Israël sur le Moyen-Orient soient appliquées et respectées. Il a estimé que la Commission devrait contribuer autant que possible à revitaliser les engagements pris par les Etats Membres de renoncer à l’arme nucléaire.
Abordant la question des mesures de confiance pratique dans le domaine des armes classiques, le représentant a fait observer que de nombreux conflits ont été accentués par la prolifération d’armes classiques dans certaines régions. Il a regretté que la course aux armements dans le domaine des armes classiques ne soit pas terminée et souhaité que les efforts soient déployés afin de restaurer la confiance entre les Etats et de mettre fin à la suspicion. Il s’est félicité des travaux du Comité préparatoire à la Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères en souhaitant que cette Conférence, ainsi que la Commission du désarmement, soient l’occasion pour les Etats Membres de parvenir à la définition de mesures de confiance.
M. HIRA B. THAPA (Népal) a déclaré que les mesures de confiance sont des moyens efficaces de prévention des conflits et de construction de la paix dans les zones qui sortent de guerres et d’affrontements. Le Registre des Nations Unies sur les armes classiques est, à cet égard, un instrument innovateur qui a besoin du soutien des Etats Membres pour être renforcé et élargi en vue d’améliorer son efficacité. La mise en oeuvre d’instruments normalisés permettraient aux Etats de faire de meilleurs rapports et contributions au Registre avec, pour but final, l’amélioration de la transparence et l’établissement de la confiance entre pays. Les mesures de confiance peuvent aussi bien être appliquées au domaine des armes classiques qu’à celui des armes nucléaires, et la délégation du Népal apprécie, à cet égard, les efforts du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie-Pacifique dans son “processus de Kathmandu”. Le Centre a récemment tenu une réunion très informative sur le thème des “perspectives d’avenir pour la création de la confiance”. La Commission du désarmement, qui a été créée en 1952, a contribué à la paix en prodiguant des conseils et des recommandations en faveur de pourpalers bilatéraux et multilatéraux qui ont permis d’aboutir à des traités sur le contrôle des armements. Le Népal espère que la présente session de la Commission sera couronnée de succès.
Mme MADINA B. JARBUSSYNOVA (Kazakhstan) a rappelé que son pays célèbrera, cette année, le 10ème anniversaire de son indépendance et que depuis cette date, il oeuvre à la réalisation des objectifs des Nations Unies, à savoir le désarmement, la non-prolifération des armes nucléaires et le maintien de la sécurité mondiale. Elle a ajouté que son pays avait adhéré au Traité de non-prolifération (TNP) en 1993 et qu’après le retrait des ogives nucléaires de son territoire en avril 1995 et le démantèlement de la base d’essais nucléaires de Semipalatinsk le 31 mai 1995, le Kazakhstan fait partie des Etats qui refusent de détenir l’arme nucléaire. En accord avec cet objectif de rendre le principe de désarmement nucléaire universel, le Kazakhstan s’est engagé à ratifier autant que possible le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) avant
la Conférence de septembre 2001. Elle a ajouté que la dernière rampe de lancement N160 dans les montagnes Deguelen avait été désactivée le 29 juillet 2000 par son pays. Elle a soutenu le principe de création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale et a jugé que c’était là une étape importante vers la non-prolifération et le désarmement nucléaire.
Abordant la question des mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques, la représentante a évoqué, dans le cadre des relations de bon voisinage privilégiées par son Gouvernement, la conclusion d’un accord sur les mesures de confiance en matière militaire et le long des frontières avec les pays membres du “Shanghai 5” au sein duquel il siège aux côtés de la Chine, de la Fédération de Russie, du Kirghizistan et du Tadjikistan. Elle a rappelé les initiatives de son Gouvernement, depuis 1992, pour parvenir avec ses voisins à un accord de confiance. Elle a mentionné notamment la Conférence sur les mesures de confiance et d’interaction en Asie (CICA), processus de consolidation de la paix dans la région qui regroupe 15 Etats Membres et 5 Etats observateurs ainsi que l’OSCE. Elle a enfin apporté son soutien à la Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères qui se tiendra en juillet 2001 et a exprimé son intérêt pour le Registre des Nations Unies sur les armes classiques.
M. YAW ODEI OSEI (Ghana) a déclaré que son pays est préoccupé par la menace que fait peser l’accumulation d’armes classiques sur la paix et la sécurité internationales. Il est important de garder à l’esprit la résolution des chefs d’Etat et de gouvernement exprimée lors du Sommet du millénaire, de prendre des initiatives concertées en vue de prévenir le trafic illicite des armes légères et de petit calibre en créant des mesures de transparence dans les transferts d’armements et en soutenant les initiatives régionales de désarmement. La préparation de la tenue de la prochaine Conférence internationale sur le trafic illégale des armes de petit calibre venant juste de s’achever, notre travail devrait compléter celui du Comité préparatoire de cette Conférence en mettant en relief l’apport du Registre des Nations Unies sur les armes classiques dans la lutte contre la prolifération des armes légères. Le rôle du Registre devrait être étendu pour qu’il puisse couvrir tous les types d’armes classiques en vue d’établir une meilleure transparence.
Concernant la question des armes nucléaires, le Ghana soutient le concept qui sous-tend la création de zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN). Nous sommes particulièrement heureux de la nouvelle de la ratification par le Royaume-Uni des deux protocoles du Traité de Pelindaba, qui crée une ZEAN sur l’étendue du continent africain. Ce geste témoigne d’un attachement à la cause du désarmement.
M. MOHAMMED AL-HUMAIMIDI (Iraq) a déclaré que la communauté internationale doit parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires et de leurs vecteurs. L’Iraq estime que le Traité de non-prolifération (TNP), et notamment son article 6, sont à cet égard fondamentaux. Cet article appelle les Etats à mener des négociations de bonne foi en vue de parvenir à un désarmement nucléaire généralisé sous contrôle international. Les efforts que les Etats devraient déployer viseraient à mettre fin à tout développement qualitatif des armes nucléaires, et ils devraient accepter un calendrier contraignant de réduction et de désarmement nucléaire. L’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité de l’utilisation des armes nucléaires a stipulé que les Etats devaient, de bonne foi, engager des négociations en vue de parvenir au désarmement nucléaire, venant en cela renforcer les conclusions de la session extraordinaire organisée en 1978 sur la question du nucléaire. En dehors des textes juridiques existants, l’arme nucléaire est bannie par la conscience humaine et par toutes les religions dans leur essence. Le désarmement devrait être par conséquent une quête humaine perpétuelle, car rien ne saurait justifier la destruction massive et sans distinction d’êtres humains. La communauté internationale a donc le devoir de parvenir à l’élimination de l’arme nucléaire. Malheureusement, certains Etats continuent de s’armer sans retenue et continuent de pratiquer des politiques sélectives en matière d’application des engagements pris, en évoquant souvent des prétextes fallacieux pour violer les accords conclus. On prétend interdire à certains pays et peuples de se défendre contre les agressions dont ils sont victimes, tandis que l’on permet à d’autres de continuer à agir au mépris des résolutions de la communauté internationale et à menacer leurs voisins. Aucun frein n’est mis aux ambitions militaristes de certains pays. Bien qu’ils ne soient pas parties au TNP, ils bénéficient de transferts de technologies nucléaires alors qu’ils refusent de se soumettre au régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique. C’est encore la politique des deux poids deux mesures. L’Iraq milite en faveur de la création de zones exemptes d’armes de destruction massive dans toutes les régions du monde. Et nous avons été les premiers à proposer la création de ce genre de zone au Moyen-Orient, une partie du monde où Israël reste le seul pays à n’avoir pas signé et ratifié les instruments internationaux de non-prolifération. Quant aux Etats-Unis, c’est le pays qui continue de violer toutes les normes internationales et pousse à une course aux armements contraire à l’esprit de la Charte des Nations Unies.
Droit de réponse
Le représentant des Etats-Unis a pris la parole pour regretter que le représentant de la République démocratique populaire de Corée ait déformé, ce matin, l’esprit de la politique des Etats-Unis. Dans une république réellement démocratique, les citoyens élisent leurs dirigeants qui font ensuite un examen des politiques à appliquer en faveur de leur pays, a dit le représentant américain. Les Etats-Unis mènent des consultations avec la République de Corée en vue de déterminer la politique qu’ils appliqueront dans la péninsule de Corée. Il serait donc prématuré de lancer des menaces qui, si elles étaient mises à exécution, auraient des conséquences dramatiques sur le climat et la sécurité internationales.
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