DES INITIATIVES UNILATERALES JUGEES MENAÇANTES POUR LE DESARMEMENT NUCLEAIRE ET LES BESOINS DE SECURITE DE CERTAINES REGIONS SONT DENONCEES PAR DES DELEGATIONS
Communiqué de presse CD/237 |
Commission du désarmement
244e séance - matin
DES INITIATIVES UNILATERALES JUGEES MENAÇANTES POUR LE DESARMEMENT NUCLEAIRE ET LES BESOINS DE SECURITE DE CERTAINES REGIONS SONT DENONCEES PAR DES DELEGATIONS
La Commission du désarmement a poursuivi, ce matin, son débat sur les questions relatives aux moyens de réaliser le désarmement nucléaire, et aux mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques qui sont inscrites à l’ordre du jour de sa session.
Intervenant sur le thème du désarmement nucléaire, le représentant de l’Inde a mis en garde contre les mesures unilatérales que prennent de plus en plus certains Etats sans se soucier du respect dû aux instruments juridiques existants et des conséquences que leurs initiatives pourraient avoir sur les besoins légitimes de sécurité du reste de la communauté internationale. Estimant que le risque d’une nouvelle course aux armements est de plus en plus grand, le représentant a déclaré que son pays souhaite que soit reconnu et respecté l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice sur la licéité de l’utilisation des armes nucléaires, en rappelant la substance de ce texte qui stipule qu’"il existe une obligation de mener de bonne foi et à terme des négociations aboutissant au désarmement nucléaire dans tous ses aspects sous un contrôle international strict et efficace". Cet avis consultatif, a estimé le représentant, est renforcé par l’engagement de la Déclaration du millénaire de convoquer une conférence internationale en vue de trouver les moyens d’éliminer le risque nucléaire. Mais, a-t-il fait remarquer, les efforts visant au désarmement auront peu de chance d’aboutir si l’on ne donne pas à la Conférence du désarmement les moyens de négocier, à travers des comités ad hoc dotés de mandats pertinents, les questions de l’interdiction de la production des matières fissiles à des fins militaires, des assurances négatives de sécurité et du désarmement nucléaire généralisé.
Intervenant dans le débat, le représentant de la Chine a dit que tant que les travaux de la Conférence du désarmement seront gelés, l’entrée en vigueur du Traité START II et la négociation d’un traité START III seront difficiles. Mais, a-t-il déclaré, la raison des menaces qui pèsent en ce moment sur tous les efforts de désarmement réside en fait dans les tentatives d’un Etat de parvenir à une situation de sécurité absolue aux dépens des autres en créant un système de bouclier national anti-missiles et en militarisant l’espace extra-atmosphérique grâce à ses dernières découvertes scientifiques et technologiques. L’idée de construction d’un système anti-missiles national et de création d’un bouclier anti-missiles de théâtre de bataille en Asie-Pacifique n’apportera pas la paix à la région mais augmentera les risques, a estimé le représentant.
Poursuivant cette réflexion, le représentant de la République démocratique populaire de Corée s’est plaint que son pays soit cité comme une des menaces potentielles qui justifieraient la mise en place d’une défense anti-missiles et que les Etats-Unis aient adopté à son égard une “ligne dure” qui met en danger les pourparlers avec la République de Corée et les espoirs de réunification de la péninsule coréenne.
Les délégations suivantes ont également pris la parole ce matin: Afrique du Sud, Myanmar, Egypte, Japon, République de Corée, Uruguay, Kirghizistan, Viet Nam et Ukraine.
La Commission poursuivra ses travaux, cet après-midi à 15 heures.
MOYENS DE RÉALISER LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE ET MESURES DE CONFIANCE CONCRÈTES DANS LE DOMAINE DES ARMES CLASSIQUES
Déclarations
Mme ILIA DUBUISSON (Afrique du Sud) a regretté l’incapacité de la Conférence du désarmement d’entamer ses travaux et que les résolutions de la Première Commission ne bénéficient pas du soutien des Etats Membres. Elle s’est toutefois félicitée des résultats de la Conférence d’examen du Traité de non-prolifération (TNP) en l’an 2000, des avancées du Comité préparatoire de la Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects ainsi que des efforts déployés pour la mise en oeuvre du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN). Elle a souhaité que les délibérations au sein de la Commission du désarmement sur les voies et moyens de réaliser le désarmement nucléaire seront constructives ainsi que sur les mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques permettront de parvenir, d’ici la session de l’année prochaine, à des propositions constructives. La représentante a poursuivi en déclarant que le désarmement nucléaire est considéré par tous les Etats comme l’un des plus importants sujets en matière de désarmement pour la communauté internationale. En dépit de l’importance de ce sujet, de nombreux Etats refusent encore d’accorder un intérêt particulier à cette question, a regretté Mme Dubuisson tout en condamnant le manque d’engagement des Etats à faire avancer les discussions au sein de la Conférence sur le désarmement. Elle a déclaré que l’Afrique du Sud, comme de nombreux Etats ne disposant pas de l’arme nucléaire, avait placé beaucoup d’espoir dans les conclusions de la Conférence d’examen du TNP en 2000, souhaitant que les Etats se conforment à leurs engagements et procèdent à la destruction de leurs arsenaux nucléaires. Elle a appelé les cinq puissances nucléaires à respecter ces engagements et souhaité également que certaines ogives nucléaires soient désactivées dans le processus de dénucléarisation.
La représentante a poursuivi en assurant que le soutien de l’Afrique du Sud aux travaux de la Commission du désarmement serait lié au degré d’engagement des Etats à respecter les objectifs fixés au cours de la Conférence d’examen du TNP de 2000. Abordant la question des mesures de confiance concrètes à adopter dans le domaine des armes classiques, Mme Dubuisson a fait observer que la prolifération d’armes classiques et le surarmement font peser une menace sur la sécurité entre Etats car certains niveaux d’armements peuvent, pour certains Etats, dépasser les préoccupations de défense nationale. Elle a regretté que les efforts de développement et de démocratisation soient hypothéqués par la prolifération et a rappelé que sa délégation avait remis aux membres de la Commission, au cours de la session de 1998, un document de travail sur la politique sud-africaine en matière de transparence dans le domaine de l’armement. Elle a également regretté que le Registre des Nations Unies sur les armes classiques ne tienne pas compte du danger que constituent les armes légères, les explosifs et d’autres équipements militaires. Elle a assuré que son pays avait procédé, ces dernières années, à la destruction des excédents d’armes classiques ainsi que des armes confisquées et récupérées afin de promouvoir la confiance avec les Etats voisins. Mme Dubuisson a précisé qu’au cours du mois de janvier dernier, près de 102 tonnes d’armes légères ont été détruites en coopération avec le Mozambique dans le cadre de l’opération Rachel. Elle a apporté son soutien au projet de programme d’action préparé par le Comité préparatoire à la Conférence de juillet 2001 sur le commerce illicite des armes classiques sous tous ses aspects.
M. U KO KO (Myanmar) a déclaré que tous les Etats avaient placé beaucoup d’espoirs dans le processus de désarmement nucléaire après la déclaration faite par les cinq Etats nucléaires après la Conférence d’examen du Traité de non-prolifération (TNP). Les cinq Etats nucléaires s’étaient alors engagés à réduire progressivement et systématiquement le niveau de leurs arsenaux. Nous espérons que cette promesse sera tenue, a dit le représentant. Le Myanmar estime que le Traité START II devrait être mis en oeuvre et que des négociations devraient commencer pour parvenir à la signature d’un traité START III et exprime sa préoccupation quant aux tests de missiles balistiques qui pourraient provoquer une nouvelle course aux armements. Notre délégation espère que les travaux de la Commission pourront aboutir à la création d’un comité ad hoc au sein de la Conférence du désarmement chargé de débattre du désarmement nucléaire et que nous pourrons proposer le rétablissement du comité ad hoc sur les négociations visant l’élaboration d’un traité d’interdiction de la fabrication, du transfert et de l’usage des matières fissiles à des fins militaires. Notre délégation soutient tous les efforts contribuant à la création de zones exemptes d’armes nucléaires, qui sont un moyen efficace de non-prolifération et de désarmement.
Concernant les armes classiques et les mesures de confiance, le Myanmar considère que les efforts en vue de créer et mettre en application ces mesures devraient être permanents et soutenus. En veillant à qu’elles ne menacent pas le droit à l’autodéfense des nations et leur droit à l’autodétermination, notre pays est prêt à coopérer à la mise en oeuvre de telles mesures. Dans le cadre de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), notre pays participe à l’élaboration de mesures de confiance au niveau régional. Nous estimons que des consultations régionales régulières au niveau de l’ANASE participent à la création de la confiance entre Etats d’Asie du Sud-Est.
M. RAKESH SOOD (Inde) a estimé qu’au lieu d’être une période de renforcement de l’agenda du désarmement dans le cadre de négociations bilatérales et multilatérales, l’année qui venait de s’écouler après les travaux de la dernière session de la Commission du désarmement avait mis fin à l’euphorie éveillée par la Conférence d’examen du TNP. Les promesses non tenues se sont multipliées et on a vu des Etats lutter pour la seule promotion de leurs propres avantages unilatéraux en même temps que les postures de confrontation devenaient de plus en plus courantes. Des menaces ont été faites de remettre en question les instruments qui forment le socle de la sécurité internationale, et certains Etats se sont arrangés pour mettre les travaux de la Conférence du désarmement en veilleuse. L’Inde tient à ce que soit mis en place un cadre de désarmement universel, multilatéral et non discriminatoire, qui permettrait d’aller vers un désarmement nucléaire généralisé. A ce propos, l’Inde demande que soit reconnu et respecté l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice de juillet 1996, qui a stipulé “qu’il existe une obligation de mener de bonne foi et de conclure des négociations menant au désarmement nucléaire dans tous ses aspects sous un contrôle international strict et efficace”. Il faut que l’avis consultatif de la Cour soit traduit en décision politique contraignante et devienne éventuellement une convention juridique.
L’Inde demande aussi que soient réexaminées les doctrines nucléaires qui prétendent imposer l’acceptation du concept de “première frappe nucléaire”. Un accord international interdisant la “première frappe nucléaire” et incluant des assurances contraignantes de non-usage de l’arme atomique contre les Etats non-nucléaires et la reconnaissance inconditionnelle des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) créées par des arrangements entre Etats doit être mis en place. Nous demandons aussi, a dit le représentant, que soit mise en oeuvre la décision prise dans la Déclaration du millénaire de réunir une conférence internationale en vue d’étudier les moyens d’éliminer le danger nucléaire. De l’avis de sa délégation, rien ne justifie l’existence de la doctrine de maintien en état d’alerte de lancement de milliers d’ogives nucléaires. Notre pays insiste sur l’irréversibilité des engagements pris en vue de réduire les arsenaux existants. Les pays doivent, à cet égard, respecter leurs promesse de réduire les armes stratégiques et tactiques, et ces opérations devraient être menées dans un cadre multilatéral. Il est en outre inacceptable que soient menées des actions unilatérales au mépris des traités existants et menacent la sécurité légitime des autres Etats. L’Inde aimerait enfin que la Conférence du désarmement soit revitalisée et puisse commencer à travailler dans le cadre de comités ad hoc créés en vertu de mandats appropriés leur permettant de discuter du désarmement nucléaire, des matières fissiles et des garanties négatives de sécurité.
M. REDA BEBARS (Egypte) a exprimé sa confiance dans les efforts de la Commission du désarmement pour faire avancer le processus de désarmement nucléaire. Il a souligné le caractère prioritaire du désarmement nucléaire en souhaitant que les délégations fassent preuve du même esprit que lors de la Conférence d’examen du TNP en 2000. Il a rappelé le risque que fait peser la menace nucléaire sur la paix internationale, et en particulier sur le Moyen-Orient. Il a souhaité une réactivation de la Conférence du désarmement qui est, selon lui, la seule enceinte où peuvent être prises certaines décisions, la Commission demeurant quant à elle l’organe délibérant qui peut jouer un rôle de proposition et de suggestion.
Le représentant a poursuivi en rappelant que les Etats du Moyen-Orient s’étaient engagés à renoncer à l’armement nucléaire et à ratifier le TNP. Il a cependant regretté qu’Israël refuse de soumettre ses armements au régime global de l’Agence internationale de l’énergie atomique (IAEA) et tarde à renoncer à l’armement nucléaire ainsi qu’à adhérer au TNP. Le représentant a souligné que l’Egypte est très attachée aux principes de désarmement nucléaire et a expliqué que depuis 1974, elle s’est engagée sur cette voie, rappelant qu’en 1990, le Président Moubarak avait pris la décision de renoncer à toutes armes de destruction massive et proposé la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il a rappelé que la délégation de l’Egypte avait été à l’origine, conjointement avec le Brésil et l’Afrique du Sud entre autres Etats, d’un projet de résolution soumis à l’Assemblée générale au cours des trois dernières sessions, proposant aux Etats Membres de prendre toutes les mesures pour assurer le caractère universel du TNP.
Concernant les armes classiques, le représentant a souhaité que la Commission du désarmement poursuive ses efforts pour adopter des directives en la matière. Il a admis que l’enregistrement des armes au Registre des Nations Unies constitue une mesure de confiance mais a regretté que le Groupe d’experts chargé d’assurer le suivi du Registre n’ait pu faire avancer son travail. Il a regretté également la stagnation dans les travaux liés au Registre des Nations Unies sur les armes classiques, proposant que ce Registre porte sur toutes les catégories d’armes sans distinction et non pas uniquement sur sept catégories. Il a ajouté que de nombreux pays estiment que, sous sa forme limitée actuelle, le Registre ne répond pas à leurs préoccupations et refusent d’y souscrire.
M. TOSHIO SANO (Japon) a déclaré que le Japon lance un appel à une entrée en vigueur, dans les délais les plus courts, du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN). La résolution adoptée sur la question a fixé l’année 2003 comme date d’entrée en vigueur de ce texte. Le Japon demande aux treize Etats dont la ratification est encore nécessaire pour rendre le TICEN effectif de ratifier le texte le plus rapidement possible. Notre pays oeuvre en étroitement coopération à Vienne avec les autres Etats et le coordonnateur de la deuxième Conférence qui doit se tenir sur la question pour faciliter l’entrée en vigueur du TICEN. Cette deuxième Conférence de facilitation se tiendra au Siège de l’ONU, en septembre prochain, et nous attachons beaucoup d’importance à son succès. Le Japon estime que la Conférence du désarmement devrait commencer des négociations sur un traité interdisant la production de matière fissiles à des fins militaires le plus tôt possible, et notre pays souhaite leur conclusion en 2005, comme le suggère la résolution de l’Assemblée coparrainée par l’Australie et le Japon. Il est important de maintenir l’allure et l’engagement politique qui se sont manifestés après la Conférence d’examen du TNP, et le Japon est en train de réfléchir aux contributions qu’il pourrait faire en vue de soutenir les consultations à venir sur l’interdiction des matières fissiles, après la réunion sur la vérification de leur usage qui s’est tenue le mois dernier à Genève sous l’égide de l’Allemagne et des Nations Unies. Le dernier point sur lequel nous voudrions nous exprimer sur la question du nucléaire est celui des armes offensives russes et américaines, a indiqué M. Sano. La résolution proposée par le Japon et l’Australie reconnaît que la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires exigera que les Etats nucléaires fassent de nouveaux efforts et aillent au-delà de l’éventuel traité START III dont on souhaite le début des négociations.
Concernant les mesures de confiance concrètes sur les armes classiques, le Japon apporte son soutien au Registre des armes classiques des Nations Unies, qui reste une des seules mesures universellement opérationnelles. Nous sommes heureux que 92 pays contribuent au Registre, bien que ce nombre ne soit pas encore vraiment satisfaisant. En Asie-Pacifique, les mesures de confiance jouent un rôle de plus en plus important grâce à la multiplication des contacts bilatéraux et des forums de discussion. Depuis le début de cette année, deux réunions régionales importantes ont été consacrées à cette question. La première, qui a eu lieu en février au Cambodge, était coparrainée par le Canada et le Japon, et la seconde, organisée en République de Corée le mois dernier, était organisée par ce pays avec le soutien de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Ces deux forums ont permis de réitérer l’importance des mesures de confiance.
M. HU XIAODI (Chine) s’est félicité qu’à l’aube du XXIème siècle, le contexte international soit à l’heure de la détente et que la communauté internationale aspire à la paix, la coopération et la sécurité. Il a fait observer qu’aujourd’hui, la sécurité internationale est mutuelle et indivisible et a fait valoir que toute démarche unilatérale de sécurité contribue à accroître l’insécurité au niveau global. La Chine considère que seuls le dialogue et la consultation peuvent consolider la paix et la sécurité internationales, a déclaré M. Hu avant de souligner que le rôle de la Commission du désarmement est essentiel dans la promotion du désarmement et du contrôle des armements. Il a fait remarquer que la Conférence du désarmement de Genève n’est pas encore parvenue à un consensus sur un programme de travail, que l’Accord START II n’est pas encore entré en vigueur et que les négociations sur START III sont encore à leurs balbutiements tandis que le processus de désarmement bilatéral entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie est à l’arrêt. Il a ajouté que le coeur du problème tient à la tentation pour un certain pays de pousser le défi sécuritaire jusqu’à la mise en place d’un système de défense anti-missile national qui consiste à couvrir l’ensemble de son territoire mais aussi à positionner des armements en dehors de l’espace national sur la base de son expertise nationale en matière technologique, économique et scientifique. Le représentant a estimé que cette politique contribuera davantage à détériorer le climat propice au désarmement et à menacer les fondations érigées à ce jour sur la base du désarmement nucléaire. Dans le cadre de cette politique nationale de système de défense anti-missile, le positionnement d’un bouclier anti-missile de théâtre en Asie et dans le Pacifique ne peut qu’être une nouvelle source de confrontation dans la région selon le représentant de la Chine.
Concernant la question du désarmement nucléaire, M. Hu a déclaré que les Etats disposant des arsenaux les plus importants devaient réduire à une large échelle leurs équipements et retirer les arsenaux positionnés hors de leur territoire national. Il a ajouté que la Chine avait toujours été favorable au désarmement nucléaire et qu’elle était la moins armée des cinq puissances nucléaires avant de se féliciter des efforts des Etats-Unis et de la Fédération de Russie qui ont commencé à détruire une partie de leurs arsenaux. Le représentant a ajouté que la Chine a été active dans les négociations sur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et souhaité que la Conférence du désarmement s’accorde sur un programme cohérent dans la perspective de mise en oeuvre d’un Traité sur l’interdiction des matières fissiles à des fins d’armement nucléaire. Il a appuyé la conclusion d’un régime international de non-prolifération comme moyen effectif de parvenir au désarmement nucléaire et de lutter contre la prolifération. Il a ensuite appelé les Etats à adhérer au TNP et à signer le TICEN.
Faisant référence aux mesures de confiance concrètes à prendre dans le domaine des armes classiques, le représentant de la Chine a fait observer que son pays avait toujours privilégié les relations de bon voisinage, tant au sein du Groupe “Shanghai 5” conjointement avec la Fédération de Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan qu’au sein des forums de coopération régionale de l’ASEAN. Il a également évoqué l’Accord sur les mesures de confiance mutuelles signé avec l’Inde concernant les relations à leurs frontières. Il a souligné que
les questions relatives aux mesures de confiance concrètes devraient tenir compte des spécificités régionales et de la nécessité de maintenir les équilibres de force entre Etats. Ces mesures devront respecter également les principes d’égale souveraineté des Etats et d’intégrité territoriale. Le représentant a conclu en rappelant que le maintien de la paix et de la sécurité internationales et la question du désarmement était d’un intérêt primordial pour le 1,2 milliard de Chinois et assuré que son Gouvernement poursuivrait une politique étrangère indépendante tout en privilégiant la coopération avec les autres Etats.
M. LI HYONG CHOL (République démocratique populaire de Corée) a déclaré que la nouvelle administration américaine avait choisi une politique de domination des autres Etats par le biais de la détention d’armes nucléaires en ignorant les revendications du reste du monde. Le “bouclier anti-missiles” que les Etats-Unis veulent à tout prix construire est dénoncé et rejeté par la communauté internationale et l’attitude des Etats-Unis menace de rendre inopérants tous les efforts déployés en matière de désarmement et de promotion de la paix et de relancer la course aux armements. Après le Sommet historique de Pyongyang et la Déclaration commune de la République populaire démocratique de Corée et la République de Corée publiée le 15 juin 2000, les espoirs et la volonté de réunification de la péninsule coréenne étaient bien réels et ont reçu le soutien de la majorité des Etats Membres. Mais on observe des manoeuvres visant à renverser cette évolution positive et ces manoeuvres sont aujourd’hui devenues claires à travers la “ligne dure” adoptée par les Etats-Unis vis-à-vis de la République populaire démocratique de Corée. Toutes ces manoeuvres ne visent en fait qu’à justifier la création du “bouclier anti-missiles”, qui est la raison pour laquelle les Etats-Unis traitent notre pays “d’Etat-paria” et inventent une menace de missiles balistiques contre leur territoire qui n’existe pas. Notre pays a pourtant dit clairement à l’administration Clinton qu’il était prêt à négocier une solution sur la question des missiles.
Nous avons clairement dit que si les Etats-Unis garantissaient à notre pays le lancement de ses satellites, nous ne développerions pas notre propre capacité en la matière. En outre, il a été précisé que nos exportations de missiles balistiques n’avaient que des raisons commerciales. Si nous recevons des compensations, nous sommes prêts à mettre fin à ces exportations, et si les Etats-Unis mettent fin à leurs actes hostiles envers notre pays, la République populaire démocratique de Corée mettra fin à la fabrication de certains types de missiles.
M. LEE HO-JIN (République de Corée) a déclaré que la Commission du désarmement a joué un rôle important en tant qu’organe délibérant dans le domaine du désarmement au cours des dernières années. Concernant les thèmes à l’ordre du jour de la session, il a fait remarquer que les moyens de parvenir au désarmement nucléaire font partie des préoccupations de la communauté internationale depuis au moins une décennie. A ce titre, il a rappelé que la Conférence d’examen du Traité de non-prolifération (TNP), tenue en l’an 2000, avait été l’occasion pour
187 Etats parties au Traité de renouveler leur engagement en faveur d’un régime
de non-prolifération. Le représentant a souligné que dans le Document final adopté à l’issue de la rencontre, les délégations avaient clairement identifié certaines questions urgentes telles que le désarmement nucléaire, le respect des termes du Traité ainsi que de son caractère universel.
Par ailleurs, tous les Etats ont alors convenu d’éliminer tous leurs arsenaux nucléaires en respectant certaines étapes conformément à l’article VI du Traité. Il a admis que le désarmement nucléaire constitue une question très sensible mais a souhaité que les puissances nucléaires fassent davantage d’efforts pour réduire leurs arsenaux nucléaires et accroître la transparence tout en se conformant aux accords START. Il a également apporté son soutien au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et s’est félicité de la prochaine Conférence de septembre 2001, à New York, sur la mise en oeuvre du TICEN. Il a également souhaité que les discussions soient entamées sur la questions des matières fissiles utilisées à des fins d’armement nucléaire.
Concernant les mesures de confiance concrètes à prendre dans le domaine des armes classiques, le représentant a estimé que ces mesures contribueront à réduire les risques de conflit entre Etats en diminuant la méfiance et les malentendus. Il a fait observer que la Commission du désarmement avait adopté un certain nombre de principes directeurs dans ce domaine et ajouté que le Registre d’armes classiques des Nations Unies constitue une étape importante vers la transparence dans le contrôle des armes classiques. Il a appelé les Etats à souscrire plus nombreux à ce Registre, rappelant que la prolifération des armes légères avait alimenté de nombreux conflits ces dernières années. Il a déclaré que l’OSCE avait, conjointement avec République de Corée, organisé à Séoul il y a deux semaines une Conférence sur l’applicabilité des mesures prises par l’OSCE en matière d’armes classiques à l’Asie du Nord-Est. Il a conclu en rappelant que les deux thèmes à l’ordre du jour de cette session sont d’une importance significative dans la poursuite des travaux sur le désarmement et pour le renforcement de la paix et de la stabilité dans le monde.
M. FELIPE PAOLILLO (Uruguay) a proposé que des programmes sociaux en direction des pays en développement soient mis en oeuvre, regrettant toutefois que les efforts déployés sur les questions de désarmement nucléaire demeurent sans résultats concrets. Il a regretté en particulier que des pays favorisent leurs intérêts nationaux à court terme et menacent l’ensemble de la planète qui vit en permanence dans le risque nucléaire. Concernant la Conférence de juillet 2001 sur le Commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, M. Paolillo a déclaré que son succès dépendra d’un compromis entre les principales puissances militaires afin d’encourager la paix et de renoncer à produire des armes toujours plus perfectionnées et meurtrières. Il a souligné l’exemple du Mercosur, expliquant que dans cette région d’Amérique latine, des efforts de promotion de la paix et de la stabilité sont déployés par les gouvernements. Il a dénoncé les modèles de développement technologiques de certaines régions du monde qui disposent d’arsenaux nucléaires et produisent des armes classiques et mis en avant que ces modèles ne sont pas forcément adaptés à d’autres régions du monde et ne doivent donc pas menacer la stabilité de ces régions et compromettre leur développement.
Mme ELMIRA IBRAIMOVA (Kirghizistan) a déclaré que son pays souhaite la création d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) en Asie centrale. Une conférence d’experts réunie dans la région en 1988 avait remis toutes les études nécessaires à la création de cette ZEAN, dont l’existence serait un moyen réaliste de soutenir la paix et la sécurité dans le monde. Pour ce qui est de l’efficacité de la politique de désarmement, il ne faudrait pas oublier de parler des risques que créent les réservoirs de déchets nucléaires dont les effets sur l’environnement menacent la vie à long terme des populations.
Notre pays lance un appel aux Etats qui ont l’expertise nécessaire en la matière pour qu’ils portent secours aux zones de la planète affectées par ces déchets nucléaires. Quant à la question des mesures de confiance, nous pensons que des mesures régionales seraient souhaitables, en vue de soutenir et renforcer les initiatives prises au niveau international. Notre pays estime que les Nations Unies ont un rôle central à jouer en la matière.
M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a reconnu l’importance des travaux de la Commission du désarmement en tant qu’organe délibérant et a estimé que les deux thèmes à l’ordre du jour pour la présente session ont une importance au regard du contexte international. Concernant le désarmement nucléaire, il a rappelé l’engagement pris par les chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier dans la Déclaration du millénaire de convoquer une conférence internationale sur les mesures à prendre pour éliminer totalement les armes de destruction massive. Il a considéré qu’une telle conférence est un bon moyen de parvenir à des prises de décision concrètes avant de souhaiter que les Etats disposant d’armements nucléaires procèdent sans tarder à leur élimination, à commencer par les ogives nucléaires. Il a rappelé également la teneur du document final adopté par la Conférence d’examen du Traité de non-prolifération (TNP) en 2000 qui engageait les Etats à détruire leurs arsenaux nucléaires. Il a reconnu que le désarmement doit respecter un certain nombre d’étapes et a appuyé les mesures intérimaires prônées dans le “Nouvel Agenda pour le Désarmement”. Il a, à ce titre, exprimé le souhait de voir le TICEN entrer en vigueur le plus tôt possible et les négociations sur les matières fissiles débuter rapidement. Il a regretté les projets de développement d’un programme national de bouclier anti-missile de portée extra-territoriale et a assuré qu’il reviendrait sur ce sujet au cours des travaux du Groupe de travail chargé de la question du désarmement nucléaire.
Concernant les mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques, le représentant a estimé que le document de travail remis par le Président du Groupe de travail chargé de cette question est consistant et constitue une base de travail intéressante. Il a estimé que ces mesures permettraient de limiter la prolifération des armes et de contribuer au désarmement. Il a ajouté que les mesures de confiance renforceront les relations entre Etats dans la mesure où elles seront adoptées par consensus par tous ces Etats. Le représentant a recommandé que ces mesures aient une dimension à la fois régionale et internationale et a, à cet effet, souligné l’importance du Registre des Nations Unies sur des armes classiques auquel souscrit pleinement son pays. Enfin, le représentant a souhaité que les travaux de la présente session soient une étape significative dans la formulation des propositions qui seront soumises à l’Assemblée générale, à sa prochaine session.
M. YURII ONISHCHENKO (Ukraine) a déclaré que la session en cours devrait explorer toutes les possibilités pour démontrer l’utilité et l’importance de la Commission du désarmement. La contribution de l’Ukraine dans le domaine du désarmement est connue. Notre pays a ratifié l’accord d’adaptation du Traité sur les forces conventionnelles en Europe, le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires, et le Mémorandum relatif au Traité sur les missiles anti-missiles balistiques signé à New York en 1997. Récemment, une inspection du cadre du Traité sur les missiles à portée intermédiaire a été conduite sur le territoire de notre pays. Nous aimerions attirer l’attention des travaux de la Commission
sur la nécessité de reprendre les négociations au sein de la Conférence du désarmement en vue de parvenir à un traité sur les matières fissiles et de jeter les bases d’un désarmement nucléaire total. Nous demandons aussi l’entrée en vigueur à la date la plus rapprochée du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), et sommes d’avis que le processus des négociations START devrait être mené en relation avec le respect du Traité sur les missiles anti-missiles balistiques.
Sachant que les dépenses d’achat d’armements classiques représentent 80% des dépenses totales d’armement, le contrôle de ces armes s’avère aussi indispensable que celui des armes nucléaires si l’on doit arriver à maintenir la paix et la sécurité internationales. A ce propos, les Documents de Vienne et les conclusions du Sommet de Stockholm, qui constituent un régime de mesures de confiance et sont la base de la coopération au sein de l’OSCE devraient être pris en considération par la Commission du désarmement.
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