AG/SHC/553

LE RESPECT DES DROITS DES MINORITES EST UN ELEMENT CLEF DE LA STABILITE DES ETATS ET DE LA DEMOCRATIE, ESTIMENT LES DELEGATIONS

16/11/2001
Communiqué de presse
AG/SHC/553


Troisième Commission

42e séance – matin


LE RESPECT DES DROITS DES MINORITES EST UN ELEMENT CLEF DE LA STABILITE DES ETATS ET DE LA DEMOCRATIE, ESTIMENT LES DELEGATIONS


La Commission achève son débat général

sur les questions relatives aux droits de l'homme


Ce sont les droits des minorités nationales et ethniques qui ont retenu l'attention de la Troisième Commission (Affaires sociales, culturelles et humanitaires), qui achevait ce matin son débat général sur les questions relatives aux droits de l'homme.  Comme l'a indiqué le représentant de la Yougoslavie, les minorités nationales et ethniques sont des éléments importants du processus démocratique, de la consolidation de la paix et de la stabilité des sociétés.  La promotion de leurs droits est le test ultime de tolérance et de dialogue des sociétés démocratiques modernes, fondées sur le respect du droit. 


Rappelant, pour sa part, que les problèmes liés aux minorités ont conduit à des conflits violents dans plusieurs États membres de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe(OSCE), la représentante de la Roumanie a estimé que la prévention des conflits et l'établissement de sociétés multiculturelles démocratiques reposait sur la lutte contre le racisme, la discrimination et l'intolérance à l'égard des minorités nationales.  Elle a également observé que la coopération régionale était sans doute l'un des meilleurs outils pour progresser sur la voie du dialogue. 


Si les États centraux se doivent de garantir la représentation des minorités dans toutes les structures de l'État, aux niveaux local, provincial et national, et d'assurer que les minorités peuvent pratiquer librement leur langue et leur religion, leurs représentants ont, pour leur part, l'obligation de respecter la législation nationale, l'intégrité de l'État et les droits des personnes appartenant aux autres minorités ou à la majorité.  Comme l'a observé le représentant de l'AzerbaïDjan, le droit international établit une distinction claire entre le respect des droits des minorités et le droit des peuples à l'autodétermination. 


(à suivre – 1a)

Au cours du débat général sur les questions relatives aux droits de l'homme, qui avait été ouvert le mardi 6 novembre, par un dialogue avec le Haut Commissaire aux droits de l'Homme, Mme Mary Robinson, de nombreuses délégations ont fait valoir que la lutte contre le terrorisme ne devait pas occulter la promotion des droits de l'homme, notamment le droit à la vie, le droit à l'alimentation et le droit de vivre à l'abri du besoin.  Pendant ces neuf jours, la Commission a entendu des présentations des rapporteurs et représentants spéciaux sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, sur la liberté de religion et de conviction, le droit à l'alimentation et les défenseurs des droits de l'homme.  La Commission a en outre examiné la situation des droits de l'homme en Afghanistan, dans les territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967, au Burundi, au Soudan, en Iraq, au Myanmar, en Bosnie-Herzégovine et République fédérale de Yougoslavie, en République islamique d'Iran et au Cambodge. 


À l'ouverture de la séance, le Président de la Troisième Commission, M. Fuad Mubarak Al-Hinaï (Oman) a espéré que le mois de ramadan qui commence aujourd'hui sera une période de réflexion et d'espoir marquée par la bonne volonté et un climat de sérénité.  En raison du ramadan, le Président a fait savoir que les réunions de l'après-midi se termineront à 16 heures 30.  Présentant ensuite quelques modifications au programme de travail, il a proposé que la Commission se réunisse jusqu'au vendredi 30 novembre au lieu de 28 novembre comme cela avait été initialement prévu.  Compte tenu des progrès dans la rédaction du rapport sur les résultats finaux de la Conférence de Durban contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, la Commission examinera ce point entre le vendredi 23 novembre et le mardi 27 novembre. 


Ont participé aux débats ce matin, les représentants des pays suivants: Tunisie, Azerbaïdjan, Cameroun, Roumanie, Kazakhstan, Mexique, République fédérale du Yougoslavie, Pakistan, Cuba, République arabe syrienne et Suriname.  Les représentants de l'Ethiopie, du Soudan, du Zimbabwe et de l'Erythrée ont exercé leur droit de réponse. 


Lundi matin, à partir de 10 heures, la Commission engagera un dialogue avec le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Ruud Lubers. 



Présentation d’un projet de résolution


Présentant un projet de résolution relatif à la réalisation universelle du droit des peuples à l'autodétermination (A/C.3/56/L.32), le représentant du Pakistan a insisté sur le caractère inaliénable du droit des peuples à l'autodétermination qui est consigné dans l'Article premier de la Charte de l'ONU ainsi que dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et dans la Déclaration du millénaire.  Ce projet fait ainsi référence à la Déclaration du millénaire dans laquelle est reconnu, notamment le droit à l'autodétermination des peuples sous domination coloniale ou sous occupation étrangère. 


Suite et fin du débat général


ALI CHERIF (Tunisie) a estimé que l'examen de la question des droits de l'homme devrait présenter une occasion pour rapprocher les points de vue et permettre un échange de vue ouvert en vue d'une compréhension mutuelle.  Le dialogue devrait être inclusif et non exclusif et se dérouler dans le respect des principes énoncés dans la Charte.  Exprimant sa préoccupation face aux situations de conflits qui touchent plus particulièrement les communautés vulnérables, il a exhorté les parties aux conflits à respecter les droits de l'homme et à régler pacifiquement leur différend conformément aux principes du droit international, de la Charte et du droit international humanitaire.  La situation qui prévaut dans les territoires palestiniens occupés est intolérable, a-t-il observé, elle interpelle la conscience universelle à dénoncer les abus israéliens.


Affirmant d’autre part que les droits économiques, sociaux et culturels doivent se placer au même plan que les droits civils et politiques, il a indiqué que toute forme de priorité accordée à l'un de ces droits au détriment des autres risquerait de déstabiliser l'équation d'une promotion harmonieuse des droits de l'homme.  Il a également souligné que le droit au développement est au cœur même de toute préoccupation pour l'exercice effectif des droits de l'homme.  Ainsi, dans un esprit visant à l'élimination de la pauvreté, la Tunisie avait lancé un appel à la communauté internationale pour la création du Fonds mondial de la solidarité qui devra avoir pour tâche de récolter des dons volontaires destinés à venir en aide aux régions les plus démunies du monde.  Cette proposition ayant été favorablement accueillie par l'Assemblée générale au cours de sa 55ème session, il a souhaité voir la mise en oeuvre de ce Fonds au cours de la présente session. 


Abordant enfin la situation dans son pays, le représentant a donné les détails d'une stratégie d'ensemble visant à introduire des réformes aussi bien dans la législation nationale que dans les domaines socioéconomiques.  Il a expliqué que son pays avait enregistré des progrès notables dans l'éducation, l'accès aux soins, l'habitat, l'émancipation de la femme, la protection des droits de l'enfant et la lutte contre la pauvreté et l'exclusion.  Il a également fait savoir que le Président tunisien, M. Zine Al Abidine Ben Ali, avait annoncé des réformes constitutionnelles et législatives qui porteront, notamment, sur la protection de la vie privée, la consécration de l'inviolabilité des communications, la protection des données personnelles, le renforcement de la loi sur la garde à vue et la détention préventive.  La réforme de la Constitution va dans le sens de la consécration du pluralisme des candidatures à l'élection présidentielle et le développement du système politique. 


M. J. MAMMADOV (Azerbaïdjan) a rappelé que plusieurs peuples et religions se côtoyaient dans son pays, et que les politiques nationales prenaient en compte les intérêts légitimes des personnes appartenant aux minorités.  Ainsi, la législation nationale garantit l'égalité de tous les habitants de l'Azerbaïdjan, indépendamment de leur identité religieuse, ethnique ou linguistique.  Les représentants des groupes minoritaires sont présents dans les structures de l'Etat aux niveaux national et local.  Le représentant a estimé que la promotion et la protection des droits de l'homme, y compris les droits des personnes appartenant à des minorités, contribuent à la stabilité politique et sociale des Etats, et à leur développement.  Mais les représentants des minorités nationales ont, eux, pour obligation de respecter la législation nationale et les droits des autres, dont les droits des personnes appartenant à la majorité ou d'autres minorités. 


A cet égard, le représentant a rappelé que le droit international, tout en garantissant les droits et libertés des personnes appartenant à des minorités, distingue clairement les droits de ces personnes et le droit des peules à l'autodétermination.  Il a ensuite évoqué la Déclaration de 1992 sur les droits des personnes appartenant à des minorités nationales, ethniques, religieuses et linguistiques.  A ce sujet, il a rappelé qu'un groupe de travail sur les minorités avait clairement précisé que "les droits des personnes appartenant à des minorités sont différents des droits des peuples à l'autodétermination, et les droits des minorités ne peuvent servir de base à des exigences en matière de sécession ou de démembrement de l'Etat".  Les obligations des minorités sont également exposées dans la Convention-cadre du Conseil de l'Europe de 1995 sur la protection des minorités nationales.  Le représentant a ajouté que cette Convention précisait notamment que les personnes appartenant à des minorités sont une minorité au sein de l'Etat, mais constituent une majorité dans certaines régions de cet Etat.


Le représentant a donc averti que les droits des minorités ne peuvent autoriser aucune activité allant à l'encontre des principes fondamentaux du droit international, notamment ceux ayant trait à l'égalité souveraine, l'intégrité territoriale et l'indépendance politique des Etats.  Des atteintes à ces principes sont souvent la cause de conflits un peu partout dans le monde.  Abordant la situation au Haut-Karabakh, le représentant a indiqué que des exigences territoriales sans fondement ont abouti à l'occupation de 20% du territoire azerbaïdjanais par l'Arménie voisine, y compris de la région citée plus haut.  Il y a, a dit le représentant, violation flagrante du droit international humanitaire, et les hostilités ont conduit à l'expulsion forcée de près d'un million d'Azerbaïdjanais de leurs terres d'origine.  Le représentant a ajouté qu'un véritable nettoyage ethnique s'est ainsi déroulé en Arménie et dans les territoires occupés de l'Azerbaïdjan.  Le règlement de conflits, a poursuivi le représentant, doit être fondé sur la restauration et la stricte observation de l'intégrité territoriale, sur la souveraineté des Etats et la promotion des droits des minorités résidant sur un territoire.  Etablir pour chaque groupe ethnique un Etat ou un "demi-Etat" ethniquement pur ne peut et ne doit pas être considéré comme une façon de résoudre la question des minorités.


M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun), intervenant en sa qualité de Président en exercice de la Communauté économique des États d'Afrique centrale, est revenu sur la création d'un centre pour les droits de l'homme et la promotion de la démocratie qui devait permettre aux États d'Afrique centrale de bénéficier d'une structure capable de les aider à appréhender les questions relatives aux droits de l'homme et à la démocratie.  Cette structure a pour but d’aider les pays d'Afrique centrale à former du personnel à la gestion des activités relatives aux droits de l'homme et à la démocratie.  Elle doit également aider ces pays à se doter de structures relatives aux droits de l'homme et à la démocratie ou à renforcer les structures existantes.  Enfin, elle doit les aider à mener une vaste campagne de sensibilisation aux droits de l'homme par la diffusion des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme.  Cinq ans après la requête formulée par les États d'Afrique centrale, il s'est félicité que ce centre ait vu le jour en septembre 2001, en tant que Bureau régional du Haut Commissaire aux droits de l'homme. 


Ce Bureau, a-t-il poursuivi, a commencé ses activités immédiatement notamment en matière de formation, de recherches et de fournitures de services consultatifs.  Pour ce qui est de la diffusion des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, il a fait savoir que le Centre avait déjà publié un premier bulletin trimestriel et qu'un deuxième numéro était en préparation.  Dans ce contexte, il a émis le souhait que la Troisième Commission puisse apporter à cette structure tout le poids politique nécessaire et les moyens lui permettant de répondre aux aspirations de ces initiateurs.  Il a expliqué que par cette requête les États d'Afrique centrale avaient exprimé leur engagement à voir s'enraciner dans la sous-région les droits de l'homme et la démocratie.  Il a émis l'espoir que la Commission appuiera cette structure. 


MME VICTORIA POPESCU SANDRU (Roumanie) a estimé qu’il était indispensable de développer la coopération régionale et la coopération avec les institutions du système de l'ONU.  La coopération régionale, qui s’est instaurée dans le cadre de l'OSCE, dont la présidence est actuellement occupée par la Roumanie, devrait porter sur la recherche de solutions efficaces au trafic des êtres humains, phénomène qui requiert une approche pluridimensionnelle s'attaquant à la fois à l'aspect criminel de cette question et à son aspect humain.  À cet égard, elle a indiqué que la Roumanie avait accueilli, en mai dernier, une conférence régionale consacrée à la lutte contre le trafic d'êtres humains et les migrations illégales.  Tous les participants se sont accordés sur des stratégies globales portant notamment sur l'information du public dans les pays de départ, de transit et de destination, sur la prévention, sur l'application de la loi, sur la poursuite des coupables ainsi que sur la protection et la réintégration des victimes. 


Attirant ensuite l'attention sur les droits des minorités, la représentante a rappelé que ces dernières années la question non résolue des minorités avait généré divers conflits dans les États membres de l'OSCE.  La lutte contre le racisme et l'intolérance est l'élément clef des efforts de prévention des conflits, de réduction des tensions ethniques et de consolidation de la démocratie et de sociétés multiethniques.  Il a fait savoir que la deuxième réunion de l'OSCE sur la dimension humaine, tenue en juin dernier à Vienne, s'était consacrée à une analyse approfondie de ces questions.  En outre, la Roumanie a accueilli du 10 au 13 septembre dernier, à Bucarest, une Conférence de l'OSCE consacrée à la question de l'égalité des chances des Roms et des Sintis.  Cette Conférence a fourni un cadre de réflexion permettant d'évaluer les politiques nationales et les projets régionaux et de se consacrer à l'établissement de mesures de suivi.  Sur les recommandations de cette Conférence, il a été décidé de travailler à l'élaboration d'un plan d'action pour les Roms et les Sintis.  La représentante s'est ensuite attachée à la question des défenseurs des droits de l'homme, reconnaissant la contribution de plus en plus grande des ONG et de la société civile dans ce domaine.  Regrettant que les défenseurs des droits de l'homme subissent trop souvent l'hostilité des autorités, elle a expliqué que la Roumanie avait décidé de consacrer la troisième réunion de l'OSCE sur la dimension humaine à ce thème.  Ce séminaire s'est réuni à Vienne du 22 au 23 octobre dernier et a permis de nommer, sur le modèle des Nations Unies, un Représentant spécial pour les défenseurs des droits de l'homme qui devra coordonner ses travaux avec la Représentante spéciale de la Commission des droits de l'homme des Nations Unies, Mme Hina Jilani. 


M. MURAT SMAGULOV (Kazakhstan) a d'abord rappelé que son pays a choisi la voie des réformes démocratiques en devenant un Gouvernement laïc et social.  Depuis son indépendance, le Kazakhstan a accepté un grand nombre d'obligations relatives au respect des droits de l'homme et signé 14 documents internationaux dans ce domaine.  Le représentant a évoqué le manque de stabilité au début de l'indépendance et l'absence totale de traditions libérales et démocratiques.  Pendant plus de 70 ans, a-t-il dit, le pays a connu des conditions totalitaires, et la démocratie a ainsi été introduite à partir de rien.  Il a ajouté que l'effondrement de l'Union soviétique en 1990 a accéléré la nécessité de trouver de nouveaux rapports entre les nationalités.


Pour bâtir une société offrant l'égalité à toutes les nationalités, le Kazakhstan a crée une Assemblée des peuples, où ont été préparés nombre de projets de lois qui devront ensuite être intégrés dans la politique nationale.  Les droits de tous les citoyens ont été renforcés, indépendamment de leur langue ou de leur religion.  De plus, une loi sur les langues assurant un développement libre des langues dans le pays, a été amorcé.  Un dialogue interconfessionnel, basé sur la tolérance et la compréhension mutuelle, a été lancé. Le représentant a mentionné à cet égard l'extrémisme religieux qui se répand dans le pays et estimé que ce dialogue constituait une barrière contre l'extrémisme.  Il a par ailleurs indiqué que le pluralisme politique s'était développé, et que ce processus avait démontré son utilité lors des dernières élections de 1997.  Ainsi à la veille de la campagne électorale, des mesures ont été prises pour que tout citoyen puisse participer librement aux élections.  Pour la première fois, une liste électorale a été établie avec dix partis inscrits, et les candidats ont pu faire une publicité électorale en utilisant les médias dans le pays.  Des observateurs étrangers et 23 000 observateurs nationaux ont surveillé le déroulement des élections.  Il existe aussi désormais un médiateur national, responsable devant le Président de la république, qui contrôle la situation dans le pays et s'occupe de l'information du grand public.  Le représentant a rappelé que tous ces changements se sont produits graduellement, et que le Kazakhstan est devenu aujourd'hui le pays le plus libéral d'Asie centrale.  Le pays a dû traverser certaines phases et certaines étapes sur le chemin menant du totalitarisme à la démocratie, et il a pu, a estimé le représentant, garantir la stabilité politique tout en respectant les droits de l'homme.


M. VICTOR HUGO FLORES, Bureau de la promotion et de l'intégration sociale des personnes handicapées de la Présidence du Mexique, a attiré l'attention sur les divers instruments internationaux et documents issus des grandes Conférences des Nations Unies qui affirment l'égalité des droits et des chances des personnes handicapées.  Il a déclaré que son pays avait saisi ces recommandations au pied de la lettre.  Souhaitant partager l'expérience acquise dans ce domaine, il a fait part de diverses actions visant à intensifier la participation des dix millions de Mexicains handicapés à la vie sociale, économique et politique du pays.  Ainsi, le Plan national de développement pour 2001-2006 vise à accroître l'application des mesures prises et à favoriser le développement des personnes handicapées.  Il a également indiqué que son pays prenait des mesures législatives pour garantir aux personnes handicapées un meilleur accès aux services publics.  Dans le même esprit, en décembre 2000, le Gouvernement a établi un Bureau de représentation pour la promotion et l'intégration sociale des personnes handicapées qui fonctionne au niveau de la Présidence.  Ce bureau vise à coordonner les politiques et à mettre au point des projets visant à améliorer la qualité de vie des personnes handicapées.  Il a affirmé qu'à l'heure actuelle, son pays fait tout son possible pour assurer que les personnes handicapées participent pleinement à la société.


M. Flores a ensuite parlé de la création d'un conseil national consultatif pour l'intégration sociale des personnes handicapées qui permet d'assurer que les personnes handicapées participent au Programme national qui les concerne.  Rappelant la déclaration du Président Fox lors du débat général, il a expliqué que le Mexique proposerait un projet en vue de l'élaboration d'une convention internationale générale pour la promotion et la protection des droits et de la dignité des personnes handicapées.  Cet instrument contraignant et universel  permettra d'assurer que des mesures soient effectivement prises pour répondre aux besoins des 600 millions de personnes handicapées dans le monde.  Il a précisé que cette initiative visait à combler un vide juridique existant et s'inscrivait dans le cadre des efforts des Nations Unies en faveur de l'intégration et de la promotion des droits des handicapés dont le nombre continue malheureusement d'augmenter en raison des conflits armés, de l'utilisation de mines terrestres antipersonnel et des catastrophes naturelles.  Un tel instrument pourra en outre servir de base pour l'élaboration des politiques nationales.  Une fois que le Groupe de travail chargé de l'élaboration de cet instrument aura été mis sur pied, il a fait savoir que son pays se proposait d'accueillir l'une de ses sessions. 


M. VLADISLAV MLADENOVIC (République fédérale de Yougoslavie) a  rappelé que son pays appartenait à une région marquée par l'héritage des conflits ethniques et des multiples violations des droits de l'homme.  Le représentant a indiqué que son Gouvernement était disposé à parler ouvertement, et de manière constructive, de ces événements.  C'est, a ajouté le représentant, la seule façon de mener la réconciliation dans le pays, et d'établir la confiance dans la région.  Le représentant a précisé que son pays était déterminé à construire une société basée sur l'état de droit, et sur le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux.  La République fédérale de Yougoslavie, a-t-il dit, a pris un certain nombre de mesures pour mettre en place un système judiciaire indépendant, pour promouvoir les libertés d'expression et d'association et protéger les droits des minorités.  Le représentant a insisté sur la régulation du statut des

minorités nationales et ethniques, et indiqué que le travail sur leur statut occupait une place prépondérante dans les efforts de promotion des droits de l'homme, et pour assurer la stabilité du sud-est de l'Europe.  Les minorités nationales et ethniques sont un maillon important du processus démocratique en cours, a-t-il insisté.  La République fédérale de Yougoslavie a donc investi des efforts considérables efforts dans la promotion des droits des minorités.  Le pays a notamment préparé un projet de loi sur les droits des minorités nationales et mis en place un Ministère fédéral pour les communautés minoritaires et ethniques. 


Malheureusement, a poursuivi le représentant, des tensions religieuses et ethniques ont secoué les Balkans pendant dix ans, et ont été parfois accompagnées d'activités terroristes.  Il a précisé que son pays avait eu sa part de violations des droits de l'homme, de terrorisme et d'autres formes de violence liées à des activités du crime organisé, dont le trafic illicite de drogues et d'armes et le blanchiment de l'argent.  Cette situation s'est installée au Kosovo et dans la Metohija, Province autonome de la République de Serbie au sein de la République fédérale.  L'ONU, depuis juin 1999, a mis en place dans la Province une administration intérimaire qui n'a pas réussi à instaurer l'état de droit et le plein respect des droits de l'homme, en particulier pour les minorités non albanaises.  Les Serbes du Kosovo et de la Metohija continuent à vivre dans des enclaves extrêmement protégées, sans liberté de mouvement.  Leurs droits sont foulés au pied. 


M. ISHTIAQ HUSSAIN ANDRABI (Pakistan) a exprimé son inquiétude qu'à la suite des attaques terroristes du 11 septembre dernier, auxquelles l'humanité tout entière se doit de répondre de manière cohérente, certains manipulent l'opinion publique en laissant libre cours à des concepts dangereux qui, fondés sur la peur, favorisent un affrontement des civilisations.  Dans ce contexte, il est fondamental que la communauté internationale prenne les bonnes décisions.  La pauvreté et l'ignorance, a-t-il dit, de même que le déni des droits de l'homme, nourrissent la haine et le désespoir.  Le terrorisme, a-t-il averti, continuera de hanter l'humanité si celle-ci ne s'attaque pas à ses causes profondes, à savoir les disparités entre les sociétés, la négation des droits fondamentaux de certains, et l'injustice.  Il a rappelé que la Déclaration universelle des droits de l'homme reconnaissait que les êtres humains ont recours à la révolte pour se libérer du joug de la tyrannie et de l'oppression.  Ainsi, si le terrorisme sous toutes ses formes doit être combattu, il importe de respecter les luttes légitimes, y compris les luttes armées, des peuples qui combattent l'occupation étrangère et le colonialisme et cherchent à exercer leur droit à l'autodétermination. 


Abordant ensuite la situation des peuples du Jamnu et du Cachemire, il a fait savoir que de nombreuses nations occupant des territoires moins vastes que le Cachemire se sont vu reconnaître  leur droit à l'autodétermination.  Insistant sur la brutalité des forces de sécurité indiennes, il a déclaré que les violations des droits de l'homme dans ces territoires étaient consignées dans les rapports d'Amnesty international ou d'Asia Watch.  Il a attiré l'attention sur les lois indiennes portant notamment sur la prévention du terrorisme, les forces armées spéciales, la sécurité de l'ordre public au Cachemire qui, selon lui autorisent les violations des droits de l'homme comme en témoignent l'augmentation des exécutions extrajudiciaires, les incendies de maisons et de mosquées par les forces de sécurité.  Il a demandé à la communauté internationale de faire pression sur l'Inde afin qu'elle mette fin à sa campagne de répression au Cachemire et cherche un règlement pacifique à cette question.  Le représentant a ensuite énuméré les mesures prises par son pays en vue d'assurer à tous ses citoyens le plein exercice de leurs droits et des libertés fondamentales.  Il a expliqué que le Président Musharraf s'employait à créer un environnement propice aux droits de l'homme par des politiques destinées à renforcer la croissance économique, à éradiquer la pauvreté, à améliorer la gouvernance et consolider la démocratie.  Il a réaffirmé la volonté de son Gouvernement d'organiser en octobre 2002 des élections générales au niveau provincial et fédéral. 


M. ORLANDO REQUEIJO GUAL (Cuba) a regretté qu'au moment où les pays étaient invités à travailler collectivement pour surmonter les graves problèmes de l'humanité, un certain nombre de capitales essayaient d'imposer un ordre unilatéral servant leurs intérêts hégémoniques.  Pourtant, a-t-il dit, la diversité culturelle est une richesse essentielle.  Toute tentative visant à imposer un modèle unique est une grave violation de la nature même des droits de l'homme.  Abordant la situation des droits de l’homme aux Etats-Unis et au Canada, le représentant a sévèrement critiqué certaines pratiques qui consistent à violer les droits de groupes ethniques, d’immigrants et de personnes à faibles revenus.  Il a indiqué que la démocratisation n'était pas le patrimoine exclusif des pays du Nord.  La mondialisation doit être fondée sur la justice, l'équité et la solidarité.  L'ordre actuel n'est pas durable ni soutenable, a -t-il ajouté. 


M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a appelé la communauté internationale à oeuvrer pour la justice et l'équité en respectant les spécificités des États et en s'abstenant de pratiquer une politique de «deux poids, deux mesures».  Il s'est inquiété de l'application sélective des droits de l'homme et des attaques contre certains pays sous prétexte qu'ils ne se conformeraient pas à un certain modèle des droits de l'homme.  Il a insisté sur le fait que le dialogue et le respect mutuel sont la seule voie à suivre.  Le représentant a ensuite rappelé que tant la Charte des Nations Unies que les divers instruments internationaux et les résultats des grandes conférences des années 1990 condamnent l'occupation étrangère et réaffirment le droit des peuples à l'autodétermination ainsi que le droit de choisir leur propre modèle de développement.


Le représentant a ensuite appelé les Nations Unies à rationaliser leurs mécanismes sur les droits de l'homme afin de pouvoir demeurer le principal coordonnateur et initiateur des politiques relatives aux droits de l'homme.  Il a attiré l'attention sur l'utilisation par certains pays de la question des droits de l'homme pour pratiquer l'ingérence dans les affaires intérieures d'États souverains, en contradiction avec la Charte des Nations Unies qui prône l'égalité des nations.  Il a ensuite énuméré certains principes auxquels la communauté internationale devrait se conformer pour aborder plus sainement les questions relatives aux droits de l'homme.  Il a fait part, notamment, du rejet de toute sélectivité, de la nécessité de mettre fin aux pratiques abusives telles que le génocide et les déplacements de populations.  En outre, il a fait valoir la nécessité de mettre fin à la pauvreté et de respecter le droit à l'alimentation de chacun.  Le représentant a ensuite vivement condamné le recours aux mesures coercitives unilatérales et l'occupation étrangère.  Le représentant s'est, par ailleurs, félicité des conclusions du Rapporteur spécial sur la situation dans les territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967, M. John Dugard, qui a eu

le courage de consigner la réalité des violences infligées aux Palestiniens.  Il a estimé qu'il est temps que la communauté internationale agisse et signifie à Israël qu'il doit respecter le droit international.  Revenant sur la situation dans son pays, il a expliqué que la Syrie respectait tous ces engagements vis-à-vis des droits de l'homme, notamment le droit d'expression, le pluralisme politique, le droit d'association et de réunions pacifiques. 


MME JEANELLE VAN GLAANEN WEYGEL (Suriname) a  expliqué que l'éducation dans le domaine des droits de l'homme jouait un rôle essentiel dans le développement d'un pays.  Cette éducation doit débuter chez soi, où la morale et les valeurs doivent être enseignées aux enfants, au même titre que le respect.   Les principaux instruments relatifs aux droits de l'homme ont été ratifiés par le Suriname, et le pays considère les droits de l'homme comme un élément clé permettant de mettre un terme à la misère et à la discrimination. C'est également un outil essentiel qui permet aux individus d'échapper  à la pauvreté et à la marginalisation. 


La société du Suriname est multiethnique et multiculturelle, a poursuivi la représentante. Il est important de vivre et de travailler sur une base d'égalité  et de non-discrimination car c'est le seul moyen de travailler au développement du pays.  Au niveau mondial, a indiqué la représentante, il faut faire en sorte que la mondialisation fonctionne pour tout le monde, de telle manière que les pays développés et en développement bénéficient  de chances égales.  La représentante a ainsi mis l'accent sur la nécessité d'éliminer toutes les formes de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d'intolérance.  Le dialogue relatif à ces questions doit être poursuivi, a-t-elle ajouté et le Suriname se joint aux efforts de la communauté internationale dans ce domaine. 


Droits de réponse


Le représentant de l'Ethiopie a indiqué que les accusations du Gouvernement de l'Erythrée n’avaient aucun fondement et ne méritaient pas de réponse.  Evoquant ensuite les déclarations du Canada, de la Norvège et de l'Union européenne, il a indiqué que son pays était prêt à ouvrir le dialogue avec eux.  Lorsque le Canada évoque la levée de prétendues restrictions existantes relatives aux minorités ethniques, et lorsque la Norvège parle entre autres de la libération des prisonniers de guerre et que l'Union européenne regrette en particulier des arrestations arbitraires, il faudrait surtout que ces points de vue soient fondés sur des faits réels.  Il a estimé que les erreurs contenues dans ces remarques n'étaient pas délibérées.  Le représentant a indiqué que certains pays de l'Union européenne avaient critiqué l'Ethiopie, mais que son Gouvernement avait demandé en vain un appui pour former la police civile et faire face à des situations précaires telles que les émeutes.  Abordant le traitement des prisonniers, le représentant a indiqué qu'il serait heureux qu'on lui signale des faits concrets.  Quant aux médias, aucune restriction ne leur est imposée.  Ceci posé aucun pays n'accepterait l'incitation à la haine et à la violence et ceux qui lancent de tels appels seront poursuivis.


La représentante du Soudan a répondu à la déclaration des Etats-Unis pour affirmer qu'il était dommage que ce pays fasse preuve de manque d'objectivité et de désinformation.  Les Etats-Unis, a-t-elle dit, ont fait une déclaration naïve et mal informée.  Elle a ensuite indiqué que de nombreuses organisations existent en toute liberté au Soudan, dont l'Organisation soudanaise des droits de l'homme.  S'agissant de la question de l'esclavage, elle a rappelé que lorsque la question avait été traitée à Durban, la délégation américaine s'était retirée de la conférence.  Ce qui se passe au Soudan, a-t-elle dit, ce sont des incidents entre tribus différentes avec une même origine ethnique, des conflits dus au manque d'eau et aux insuffisantes terres pâturages pour le bétail.  Le Soudan, a expliqué la représentante, connaît toutes les libertés civiques, comme les autres pays, et le conflit soudanais est plus ou moins réglé.  Beaucoup de grandes personnalités rentrent au pays et vivent une vie normale en toute liberté.  Par contre, a-t-elle ajouté, on a tendance à fermer les yeux sur les actes commis depuis 18 ans par les terroristes rebelles dans le sud du pays.  Les affirmations américaines pourraient peut-être s'adresser à ces mouvements, et l'Amérique pourrait jouer le rôle qu'il faut, c'est-à-dire mettre fin au conflit pour qu'une paix durable s'installe au Soudan.


Répondant aux déclarations faites ces derniers jours par l'Union européenne, la Norvège, le Canada et la Nouvelle-Zélande, le représentant du Zimbabwe a fait remarquer que certains pays qui accusent le Zimbabwe de ne pas respecter les droits de l'homme ne peuvent se targuer de bien traiter leurs minorités.  Par ailleurs, il a émis l’espoir que son pays, recevra l'aide promise, si nécessaire pour corriger les maux hérités du colonialisme, notamment la discrimination dans le contrôle des ressources et des terres.  Il s'est déclaré préoccupé par les déclarations qui qualifient le programme de réforme agraire de violation des droits de l'homme, alors qu'un petit nombre de fermiers possèdent la majorité des terres arables et que le reste de la population vit sur des terres infertiles.  Il a précisé que la réforme ne visait pas à déposséder les fermiers blancs mais à partager les terres équitablement et à assurer le droit à l'alimentation de tous les Zimbabwéens.  Il a ensuite insisté sur le fait que le Gouvernement a tenu des élections générales chaque fois que cela était nécessaire.  Par ailleurs, il a rappelé qu'il n'y avait eu aucune violation de l'Accord d'Abuja et qu'il n'y avait pas eu de nouvelles occupations des fermes.  S'agissant de la liberté d'expression, il a estimé que les journalistes étaient également tenus de respecter les lois. 


Le représentant de l'Erythrée a répondu à la déclaration de l'Éthiopie, pour rappeler que son pays a projeté au sujet du rapatriement d’Erythréens qui s’est effectué dans des conditions non conformes aux normes en usage.  Il a insisté que le rapatriement doit se faire en respectant le droit international humanitaire et l'Accord de paix.  S'agissant des régions pacifiées, il a rappelé que, conformément à l'Accord de paix, son pays avait commencé à libérer des prisonniers.  Toutefois, puisque l'Éthiopie se refuse à libérer les prisonniers, son pays est contraint de faire de même. 


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