L’IDEE DE L’INTEGRATION DU CONCEPT D’ECOLOGIE INDUSTRIELLE DANS LA REFLEXION ECONOMIQUE EST PRESENTEE COMME SOLUTION AUX MODES DE CONSOMMATION ET DE PRODUCTION NON DURABLES
Communiqué de presse AG/EF/363 |
Deuxième Commission
18e séance – après-midi
L’IDEE DE L’INTEGRATION DU CONCEPT D’ECOLOGIE INDUSTRIELLE DANS LA REFLEXION ECONOMIQUE EST PRESENTEE COMME SOLUTION AUX MODES DE CONSOMMATION ET DE PRODUCTION NON DURABLES
La Commission économique et sociale (Deuxième Commission) a poursuivi, cet après-midi, l’examen des questions de l’environnement et du développement. A la veille du Sommet mondial sur le développement durable, qui doit se tenir à Johannesburg en septembre 2002, soit dix ans après le “Sommet de la Terre” de Rio, les délégations ont réfléchi à la manière d’assurer la véritable mise en oeuvre d’Action 21 –Programme d’action de Rio-. Comment, se sont interrogées les délégations, traduire dans la réalité le principe de responsabilités communes mais différenciées sur lequel se fonde le développement durable qu’Action 21 a articulé autour de trois axes : la croissance économique, le développement social et la protection de l’environnement ?
Pour enrichir le débat, la Deuxième Commission a organisé une table ronde qui a permis à des personnalités de donner les perspectives régionales du Sommet mondial pour le développement durable. La Commission a ainsi entendu une présentation des travaux des tables régionales de l’Afrique, de l’Asie centrale et de l’Asie du Sud, de l’Amérique latine et des Caraïbes, et de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Résumant les interventions, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et Secrétaire général du Sommet de Johannesburg a indiqué que les progrès en matière de développement durable n’avaient pas encore eu d’incidences sur les problèmes de fond. Ainsi, en Amérique latine et dans les Caraïbes et en Afrique, il semble que les problèmes se soient aggravés depuis le Sommet de Rio. Les tables rondes régionales ont aussi montré qu’il n’existe pas de solution unique à la question du développement mais qu’il faut tenir compte des spécificités. C’est d’ailleurs, selon les tables rondes, ce qui sous-tend le rejet par l’opinion publique de la mondialisation car elle a entraîné une uniformisation excessive des démarches politiques. Présentant les priorités communes à toutes les tables rondes, le Secrétaire général du Sommet de Johannesburg a cité la nécessité de rendre plus compréhensible Action 21 et de faire du Sommet l’évènement de tout acteur du développement durable pour pouvoir ainsi donner une idée claire du partenariat nécessaire à une pleine mise en oeuvre du Programme d’action.
Les gouvernements, s’est interrogé le représentant de la table ronde régionale de l’Amérique latine et des Caraïbes, sont-ils disposés à examiner leur rôle dans la lutte contre la pauvreté? Comment envisagent-ils la participation de la société civile? Comment vont-ils participer aux efforts de coopération? Et quelles ressources financières et humaines sont-ils prêts à engager dans cet effort? Le modèle fondé sur la révolution industrielle est périmé, a estimé, pour sa part, le représentant de la table ronde Europe/Amérique du Nord en ajoutant que la société de consommation s’est avérée être un modèle non durable. Il a appelé
les gouvernements de sa région à lancer des modèles de politiques économiques favorables au développement durable par des incitations financières et fiscales pour encourager les entreprises à changer. Pour lui, la solution passe par l’intégration du concept “d’écologie industrielle” dans toute réflexion économique. Il s’agit d’adapter les modes de production et de consommation aux capacités qu’a la nature de satisfaire les besoins de la vie.
Avant cette table ronde, la Commission avait entendu, dans le cadre de son débat, les représentants du Tadjikistan, de l’Afrique du Sud, du Bélarus, de la République populaire démocratique de Corée, de la Malaisie, de Singapour, de l’Ukraine, du Cambodge, ainsi que l’Observateur de la Suisse et la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI).
La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain matin à 10 heures.
Environnement et développement durable
Débat général
M. JENO C.A STAEHELIN, Observateur de la Suisse, a fait part de la Déclaration adoptée par la réunion ministérielle ONU/Commission économique pour l’Europe, que son pays a présidée. La Déclaration, a-t-il expliqué, aborde les politiques sociales, économiques et environnementales d’une manière équilibrée et intégrée. Elle réaffirme non seulement les engagements pris à Rio et à Rio+5 mais recommande, en outre, des actions supplémentaires aux niveaux mondial et régional. La Déclaration, a insisté M. Staehelin, envoie un message politique fort au Sommet de Johannesburg en exprimant la volonté de la région d’assumer ses responsabilités, de partager son expérience et d’apporter un appui aux autres régions du monde.
Mais il faut faire plus, a dit l’Observateur en citant les déséquilibres dans les niveaux de vie, l’absence de justice et d’équité ainsi que les tensions qu’elle entraîne. Pour lui, la réponse en la matière viendrait d’un pacte planétaire dans lequel chaque pays apporterait sa propre contribution des problèmes mondiaux. Dans ce contexte, en tant que pays montagneux, la Suisse entend faire du développement durable des montagnes un thème clef, a dit le représentant en espérant pouvoir travailler avec les autres pays montagneux à la promotion des questions liées aux montagnes. L’observateur a cité d’autres questions importantes, aux yeux de son pays, telles que les ressources en eau potable, les questions écologiques de portée internationale, le développement social et l’élimination de la pauvreté, les questions commerciales et celle de la bonne gouvernance.
M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) a déclaré que la réunion d’aujourd’hui a trait à l’une des questions les plus importantes soumises à l’examen de la Deuxième Commission, qui est le Sommet mondial pour le développement durable prévu à Johannesburg. Afin de préparer ce Sommet, beaucoup a déjà été fait, et nous apprécions le travail accompli par le Secrétariat du Sommet, qui a apporté aux Etats tout l’appui et toute l’information dont ils avaient besoin. Le Tadjikistan apprécie les rencontres régionales qui ont permis aux gouvernements d’échanger des vues avec les autres participants, notamment les ONG et le secteur des affaires. Nous estimons que l’une des questions essentielles à la promotion du développement durable est celle de l’établissement et du maintien de la stabilité politique. Un autre problème pour un pays comme le nôtre est celui de l’accès à l’eau potable de ses populations. Cette question est l’une des plus épineuses à laquelle le monde devra trouver des réponses pertinentes et durables en ce début de siècle. Le 3ème Forum mondial sur l’eau, qui se tiendra en mars 2003 à Kyoto au Japon, sera important pour le lancement de l’Année mondiale de l’eau douce, et nous espérons que l’attention du monde entier pourra être mobilisée sur cette question. Notre délégation est prête à présenter un projet de résolution sur ce sujet à l’Assemblée générale, et nous attendons un appui du reste des délégations participant aux travaux de la Deuxième Commission.
M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) a souligné la lenteur des progrès dans la mise en oeuvre d’Action 21 avant de souhaiter que le Sommet de Johannesburg renouvelle l’engagement en faveur de ce Programme d’action. Le Sommet doit, en particulier, a poursuivi le représentant, dégager un consensus sur le partenariat qui devrait sous-tendre le Programme d’action de Johannesburg et, dans ce cadre, fixer des objectifs clairs, identifier les mécanismes d’application, renforcer les engagements en matière de ressources, et créer des indicateurs pour mesurer les progrès. Pour être efficace, ce partenariat, a estimé le représentant, doit définir les rôles et les responsabilités de chaque acteur. Le Programme d’action de Johannesburg, a-t-il poursuivi, doit se fonder sur les priorités que sont l’élimination de la pauvreté et la démarginalisation des pays en développement. Le Sommet doit aussi, a-t-il ajouté, aborder la question du régime international de gouvernance et se mettre d’accord sur les mécanismes à mettre sur pied.
Parlant du processus préparatoire au niveau de l’Afrique, le représentant a fait part de la réunion de Nairobi qui a identifié les problèmes du continent dans les domaines du développement humain, du financement du développement, de la sécurité alimentaire, de la gestion des ressources naturelle, de la consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité. S’agissant de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, le représentant a souligné la nécessité de faciliter l’accès des produits du Sud aux marchés du Nord et de renoncer à la politique des subventions au secteur agricole. Il a conclu en attirant l’attention sur le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) qui jette, selon lui, les bases du développement durable du continent.
M. ANDREI A. POPOV (Bélarus) a déclaré qu’il faudrait, le plus rapidement possible, passer aux questions de fond qui seront soumises aux travaux du Sommet mondial de Johannesburg. Le Bélarus soutient entièrement la démarche intégrée qui promeut un l’examen de l’application d’Action 21 à la fois aux niveau national, régional et mondial. Pays en transition, le Bélarus a été l’un des premiers Etats de la Communauté des Etats indépendants à mettre en place un cadre de mesures visant la mise en oeuvre d’Action 21. Le travail accompli par beaucoup de gouvernements pour faire le point de la mise en oeuvre des engagements de Rio au niveau national est cependant de plus en plus influencé par l’aspect régional de cette question. Une Conférence sur ce thème s’est tenue dans notre pays en 1997 et nous en considérons les conclusions comme un apport important à la préparation du Sommet de Johannesburg. En ce qui concerne l’examen d’Action 21, nous sommes d’avis qu’il faudrait soumettre au Sommet des propositions visant à intégrer des concepts qui n’existaient pas ou ne s’imposaient pas encore à Rio. Il en est ainsi du concept d’”opérationnalité”, que notre pays propose. Une autre question importante que doit examiner Rio+10 est celui du renforcement de l’application des diverses conventions ayant trait à l’environnement. Il faudrait sans doute aussi discuter des voies et moyens du renforcement de la coopération internationale en la matière.
M. RIM SONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a appelé les pays développés à prendre des mesures concrètes pour assurer l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto sur les émissions de gaz à effet de serre. Il s’est dit particulièrement préoccupé par les décisions “unilatérales et irresponsables” de certains pays qui tentent de subordonner cette “question importante pour l’humanité” à leurs intérêts économiques. Le représentant a poursuivi en plaidant pour un transfert de ressources financières et de technologies vers les pays en développement et pour une coopération bilatérale et multilatérale dans le domaine de l’investissement, et ce, a-t-il dit, pour permettre aux pays en développement de contribuer à la solution des problèmes écologiques mondiaux par la protection de l’environnement et la réalisation du développement durable. Pour le représentant, les organisations internationales doivent, de leur côté, intensifier leur coopération pour que les pays en développement réalisent de véritables
progrès en matière de développement durable, y compris dans les domaines de l’énergie, de la protection des ressources biologiques, du développement durable de l’agriculture et des forêts, et du renforcement de la capacité nationale en matière d’environnement.
Mme SHARIFAH ZARAH SYED AHMAD (Malaisie) a cité M. Maurice Strong, qui a déclaré lors de la clôture de la Conférence tenue à Rio, que “La Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement a été une expérience profondément importante sur le plan humain. Aucun pays n’en sortira inchangé. Le monde ne sera plus le même après cette Conférence, et la diplomatie non plus ne sera plus la même. Les Nations Unies elles-mêmes ne seront plus les mêmes et les visions que nous avons pour notre planète elles aussi changeront….” Dix ans après Rio, a dit la représentante, nous devons malheureusement reconnaître que nous n’avons pas soutenu les mots de Maurice Strong, car très peu de choses ont changé en ce monde en ce qui concerne le respect des principes qui auraient dû être appliqués, si nous voulions atteindre un développement durable bénéfique à tous. La Conférence de Rio avait reconnu et adopté le principe des responsabilités communes mais différentiées, mais dans la pratique, ces principes ont très peu été respectés. De récentes mesures politiques montrent clairement que le respect de l’environnement manque de la volonté politique qui lui est indispensable au plus niveau. Il est donc plus difficile que jamais de croire en un “avenir commun” que nous devrions préparer ensemble. La Malaisie tient à souligner qu’Agenda 21 était un engagement mondial. Son application n’était pas censée faire peser tout le poids et le coût de sa mise en oeuvre sur les pays du Sud. Et il n’était pas entendu, lors de son adoption, que le développement économique devait précéder le développement durable, comme certains veulent le faire croire aujourd’hui. Nous pensons que l’Organisation des Nations Unies devrait prendre la responsabilité de la gestion macroéconomique des décisions mondiales liées à l’économie et à l’environnement. Elle devrait influencer les décisions que prennent les autres organisations internationales, dont la Banque mondiale, le FMI et l’OMC.
Mme FOO TEOW LEE (Singapour) s’est félicitée du débat sur le concept de “biens publics mondiaux” en arguant que la protection de l’environnement fait, sans aucun doute, partie de ces biens. Il a donc demandé une action collective de la part de la communauté mondiale et des efforts conjugués aux niveaux national et international qui sont essentiels au regard de la complexité des questions de l’environnement et du développement durable. Singapour, qui a accumulé une certaine expérience dans des domaines tels que la gestion urbaine, la planification et le développement du transport urbain, la gestion de l’eau et des eaux usées et la protection, est prêt à partager cette expérience avec les autres pays par le biais des programmes tels que le Programme d’assistance technique pour le développement durable et le Programme de coopération technique avec les petits Etats insulaires en développement.
A la veille du Sommet de Johannesburg, a conclu la représentante, nous avons le choix. Nous pouvons poursuivre nos politiques de divisions économiques et de détérioration de l’environnement ou gérer au mieux notre écosystème et assurer un avenir prospère aux générations à venir. Apprêtons-nous à saisir cette occasion précieuse. Livrons-nous à une évaluation honnête des processus nationaux et internationaux de mise en oeuvre d’Action 21 et engageons-nous à donner effet aux mesures rendues nécessaires par les défis environnementaux de plus en plus pressants.
Mme IRENE FREUNDENSCHUSS-REICHL (Organisation des Nations Unies pour le développement industriel - ONUDI)a déclaré que l’ONUDI participe activement aux efforts qui sont déployés en vue de protéger l’environnement mondial tout en promouvant un développement durable. L’ONUDI peut affirmer que la plupart des régions en développement ne s’intègrent pas à ce jour aux mécanismes de la mondialisation. 15 pays en développement seulement participent à la production et au commerce des principaux produits manufacturés qui entrent dans les catégories de biens qui dominent le commerce mondial. Seuls les nouveaux pays industrialisés d’Asie et d’Amérique latine ont pu faire une percée dans les échanges commerciaux mondiaux industriels. Mais il est étrange qu’à part de production égale, la pollution soit parfois plus élevée dans certains pays nouvellement industrialisés que dans les pays développés. Cependant, il est à noter que les pays en développement qui ont pu s’intégrer à la production mondiale sont aussi ceux qui disposaient du niveau d’éducation qui leur permettaient de profiter de l’usage de nouvelles technologies.
Concernant notre action en Afrique, l’ONUDI a mené un projet sur la production alimentaire dans les pays d’Afrique de l’Est bordant le Lac Victoria. Ce projet a été mené avant que l’Union européenne n’interdise l’importation sur son territoire de poissons issus du Lac Victoria. Cette interdiction d’exportation a été justifiée par le fait que des filets contaminés auraient été utilisés par les pêcheurs de la région concernée. Pourtant les pêcheries opérant autour du Lac travaillaient de près avec l’ONUDI et avec d’autres agences sur les normes de sécurité alimentaire. Finalement, après inspection et comparaison de données, l’Union européenne a levé son interdiction. Ceci montre que la coopération dont avaient bénéficié les pêcheries leur avait permis d’améliorer la qualité de leurs produits. Cet exemple montre aussi l’importance des transferts de connaissances et de technologies qui peuvent contribuer à l’amélioration de l’environnement de production.
M. SERHII YAMPOLSKY (Ukraine) a jugé important qu’au lieu de se concentrer sur les progrès enregistrés depuis la Conférence de Rio, on identifie plutôt les problèmes émergents et on donne un nouvel élan à la mise en oeuvre des principes et dispositions d’Action 21. Le Sommet, a insisté le représentant, doit se concentrer sur des questions telles que l’élimination de la pauvreté, l’environnement et la santé, la bonne gouvernance, l’utilisation et la protection durables de l’énergie et des ressources naturelles, la promotion de modes de production et de consommation durables et le potentiel de la mondialisation pour le développement durable. Le représentant a aussi abordé la question de la désertification pour souhaiter que la mise en oeuvre de la Convention relative à la question ne soit pas perçue comme une initiative isolée dans les efforts globaux de développement durable. Il a, à cet égard, informé la Commission des mesures prises par son pays pour accéder à la Convention.
M. SARUN NERAL (Cambodge) a déclaré que son pays se félicite de la création d’un Panel de haut niveau comprenant 12 personnalités ministérielles dont les travaux doivent donner un élan à la préparation du Sommet de Johannesburg. Le Cambodge, a poursuivi le représentant, est satisfait des résultats de la réunion régionale qui s’est tenue au niveau des pays d’Asie-Pacifique pour faire une évaluation de la mise en oeuvre des engagements pris à Rio. A cet égard, nous reconnaissons l’apport important à cette réunion de la Banque asiatique de développement, de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).
Dans ses efforts de lutte contre la pauvreté, le Gouvernement du Cambodge a défini une série de questions liées à l’environnement et les a élevées au rang de priorités à résoudre dans le cadre de la définition d’un agenda national de développement économique et social. Cet agenda reconnaît le lien étroit qui existe entre les stratégies de réduction de la pauvreté et la protection et la conservation de l’environnement et des ressources naturelles, qui sont indispensables au développement durable.
Table ronde sur le thème “Perspectives régionales du Sommet mondial pour le développement durable”
Ouvrant la table ronde, M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général du Sommet de Johannesburg, a indiqué que le processus préparatoire du Sommet présente une structure inhabituelle en ce sens qu’il a été question, cette fois, de le faire partir de la base, à savoir des régions. Ainsi, aujourd’hui, le but est de réunir en table ronde les différents participants aux réunions régionales, qui ne sont pas automatiquement membres de délégations.
En conséquence, M. ALISTER McINTYRE, représentant de la table ronde régionale pour l’Amérique latine et les Caraïbes, a indiqué que le Groupe qu’il représente estime que depuis Rio, l’on comprend mieux les notions liées au développement durable. Ainsi, dans la région, des exemples d’évolution des politiques se font jour puisque les pays se sont efforcés de mettre en oeuvre Action 21. Toutefois, a souligné l’orateur, un fossé subsiste entre les objectifs et la réalité. Ces objectifs se sont, en effet, révélés plus difficiles à atteindre que ne le pensaient les pays. Les capacités économiques et techniques restent faibles et la région est préoccupée par la persistance et parfois l’aggravation parfois d’une pauvreté extrême caractérisée par des revenus faibles, des taux de chômage élevés et un sentiment réel de privation.
Cette situation, a poursuivi l’orateur, est en outre aggravée par une forte vulnérabilité aux chocs extérieurs qu’il s’agisse de catastrophes naturelles, économiques ou financières. Ainsi des groupes importants de la société restent marginalisés tels que les femmes, les jeunes ou les populations autochtones. De plus, cette marginalisation a alimenté une aliénation de la société et l’apparition de tendances négatives comme la criminalité ou la violence. A moins que ces forces ne soient jugulées, l’instabilité sociale et ses conséquences internationales deviendront de plus en plus une caractéristique des sociétés contemporaines.
Pour l’orateur, le Sommet de Johannesburg offre la possibilité de transformer ces tendances. Il ne faut pas, a-t-il dit, attendre du Sommet qu’il résolve tous les problèmes de développement durable. Il peut pourtant, a-t-il estimé, marquer le début d’un processus plus énergique dans la mise en place de l’environnement nécessaire au développement durable. En conséquence, les gouvernements doivent garder à l’esprit un certain nombre de questions fondamentales. Sont-ils disposés à examiner leur rôle dans la lutte contre la pauvreté? Comment pensent-ils tenir compte de la société civile? Comment vont-ils participer aux efforts de coopération à tous les niveaux? Quelles ressources financières et humaines sont-ils prêts à engager dans cet effort? Le Sommet de Johannesburg, a conclu l’orateur, serait un échec s’il ne menait pas à de nouveaux engagements ou s’il ne permettait pas d’aller plus loin que Rio.
M. ADEBAYO ADEDEJI, représentant de la table ronde tenue au niveau de l’Afrique au Caire, a déclaré, en faisant un résumé des travaux de cette table ronde régionale, qu’il avait l’impression qu’un consensus était en train de se dégager sur ce qui devra être discuté à Johannesburg. L’Afrique a consenti beaucoup d’efforts pour mettre en oeuvre les recommandations de Rio, mais beaucoup reste à faire, a estimé l’orateur. Les questions de santé, de mortalité et d’éducation se posent de manière cruciale en ce moment sur le continent, surtout en ce qui concerne les femmes, a dit M. Adedeji. L’Afrique manque de ressources financières, et si ses pays savent que les projets dont ils ont besoin dépendent d’abord de leurs propres efforts, il n’en reste pas moins que le continent reste trop sensible aux influences et aux contrecoups des évolutions extérieures. Il faudrait, a dit M. Adedeji, mettre la mondialisation au service du développement et non le contraire. Il ne faudrait pas que le reste du monde oublie que l’Afrique a été la dernière région à mettre en oeuvre les mécanismes de la mondialisation. On ne doit pas l’obliger à appliquer des règles pour lesquelles elle n’est pas prête. Certains pays du contient ont voulu, à tout prix, se mettre en règle avec ce que leur réclamaient les institutions financières internationales, notamment en matière de libéralisation de l’économie. Les mesures qu’ils ont appliquées n’ont finalement abouti qu’à la destruction de leur tissu social et économique. Il faudrait donc que la communauté internationale accepte que le développement doit être au service des peuples et non le contraire, et qu’il faut respecter les particularités de chaque pays et de chaque région.
A son tour, M. ASYLBEK AIDARALIEV, représentant de la table ronde régionale de l’Asie centrale et de l’Asie du Sud, a souligné que sa région compte un certain nombre d’Etats confrontés à des problèmes complexes. Ainsi, la paix et la sécurité sont perçues comme essentielles pour cette région alors même que les liens entre la politique, le développement socioéconomique et le développement durable sont rarement pris en compte dans les forums régionaux. En conséquence, dans le cadre des préparatifs du Sommet de Johannesburg, les préoccupations graves face à la criminalité et au terrorisme ont été mises en avant ainsi que la nécessité de protéger les ressources humaines et naturelles. La question de la dette extérieure a également été abordée ainsi que celle de sa restructuration.
Intervenant également, M. NORDIN HASAN, représentant de la table ronde régionale de l’Asie de l’Est et du Pacifique, a appelé l’attention sur les caractéristiques de la région. Frappés par la crise financière de 1997, les pays de la région ont connu un affaiblissement de leurs capacités à relever les défis du développement durable et du fait de sa diversité, la région reconnaît qu’il n’existe pas de solutions uniques au développement durable. La nécessité de fonder ce type de développement sur les valeurs traditionnelles pour assurer un sentiment d’appropriation et de responsabilité collectives. En ce qui concerne la pauvreté, il a été reconnu que bien que le développement économique soit crucial, il est essentiel de garantir une bonne répartition des revenus et d’intégrer les politiques environnementales. Concernant la mondialisation, les pays de la région ont reconnu que cette question et celle de la libéralisation commerciale constituent une arme à double tranchant. Sur le renforcement des capacités, la région a mis l’accent sur le rôle et les besoins des jeunes. Le Groupe a aussi discuté du financement du développement, du transfert des technologies et de la prolifération des armes.
M. LAWRENCE PAPAY, représentant de la table ronde Europe/Amérique du Nord, a dit que cette table ronde a eu lieu en juillet dernier dans le Colorado. La génération actuelle est sans doute la dernière qui puisse inverser les tendances à la destruction de l’environnement terrestre. Le modèle sur lequel les actuels pays industrialisés se sont développés n’est pas répétable, et il faut que l’on trouve de nouveaux moyens qui puissent générer un développement durable. Nous appelons l’ensemble des mesures le “génie des systèmes de la terre”. Le modèle basé sur une révolution industrielle est périmé, et doit laisser la place à un modèle fondé sur la production de services. Les gouvernements auront toujours un rôle à jouer, mais il sera basé sur la gestion de marchés et de modes de production propres. Les entreprises et les gouvernements doivent tenir compte des défis qui se posent dans ces domaines à la fois à court et à long termes. La région au nom de laquelle je parle devrait lancer des modèles de politiques économiques favorables au développement durable. On pourrait créer des incitations financières et fiscales pour encourager les entreprises à changer. La société de consommation est la caractéristique de cette région, mais il faut tout de suite dire que ce n’est pas un modèle durable. Les médias et la publicité pourraient jouer un rôle important dans les incitations au changement d’habitudes de consommation insoutenables, surtout chez les jeunes. Les entreprises devraient informer leurs actionnaires et leurs consommateurs sur ces questions. L’épuisement et le gaspillage des ressources deviennent un danger derrière lequel se profile une catastrophe imminente: la planète ne pourra plus satisfaire les besoins de consommation et de production sur le modèle actuel. L’épuisement des ressources en eau douce et de celles des océans et des mers doit être pris en compte par les preneurs de décisions. Il faut intégrer le concept d’écologie industrielle à toute réflexion économique. Le changement climatique est en grande partie de la responsabilité des pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Il faudrait abandonner l’usage des énergies fossiles et passer à des systèmes énergétiques moins polluants. La recherche-développement offre de bons espoirs sur cette question. Les gouvernements de notre région doivent aider les pays en développement, si on ne veut pas les laisser tomber dans les mêmes pièges que ceux dans lesquels nous nous sommes enfermés. Le développement durable doit être intégré dans l’éducation des jeunes, et le Sommet de Johannesburg doit rendre la question de cette forme de développement un problème universel.
Questions des délégations et réponses des panélistes
Le représentant de l’Indonésie a estimé que loin d’être une rencontre intergouvernementale, le Sommet de Johannesburg devait être une rencontre de l’humanité entière. Mais, a-t-il demandé, quelles sont les mesures concrètes qui pourraient être proposées aux pays et aux régions sur la base des expériences acquises depuis la Conférence de Rio? Quels sont les éléments les plus importants qui pourraient être soumis avant et après Johannesburg?
Prenant la parole, le représentant de la table ronde de l’Amérique latine et des Caraïbes a dit que sans augmentation de l’APD, aucune réponse ne pouvait être apportée aux groupes les plus marginalisés.
Si nous demandons aux Etats et à leurs administrations de trouver un équilibre entre la sauvegarde de l’environnement et le développement, a répondu le représentant de la table ronde Europe/Amérique du Nord, il faudrait aussi faire le même genre de requête au niveau international. Mais peut-être qu’un protocole international sur les transferts de technologies pourrait apporter des réponses à la sauvegarde de l’environnement tout en maintenant le développement.
Intervenant au nom de l’Asie de l’Est et du Pacifique, le représentant de la table ronde de cette région a dit que la création d’un fonds d’affectation spécial géré par un organe chargé de la promotion durable pourrait permettre de soulager certains des problèmes de la région en matière de développement durable. Ensuite, il faudrait sans doute créer un modèle type de développement durable. Enfin on pourrait créer un organisme qui permette aux ONG, à la société civile et au milieu des affaires de participer de façon continue aux préparatifs de Johannesburg et au suivi de ses résultats. Dans le même ordre d’idées, la création d’un réseau visant à faire circuler les idées au niveau universitaire pourrait contribuer à l’approfondissement du problème et à sa compréhension.
A son tour, le représentant de la table ronde régionale de l’Asie centrale et de l’Asie du Sud a cité l’annulation de la dette car, a-t-il dit, cette dette et le paiement de son service ont fini par constituer un cercle vicieux dans lequel sont enfermés les pays de la région. Pour l’Afrique, a dit le représentant de la table ronde régionale du continent, c’est la pauvreté. Si les tendances actuelles se poursuivent, plus de 60% de la population africaine vivra dans la pauvreté. La lutte en la matière doit se concrétiser sur des problèmes concrets comme la dette extérieure et la nécessité de mettre la mondialisation au service du développement.
A qui incombe la responsabilité d’en faire plus ? Aux gouvernements ou aux forces du marché, a demandé le représentant du Nigéria. Les gouvernements doivent prendre des mesures d’incitation et le marché réagira dans le sens du développement durable, a répondu le représentant de la table ronde régionale de l’Europe et de l’Amérique du Nord.
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