AG/EF/353

TRANSFERT DE TECHNOLOGIES ET RENFORCEMENT DES CAPACITES HUMAINES CITES COMME PREALABLES A L’ELIMINATION DU FOSSE NORD-SUD EN MATIERE DE CONNAISSANCES

03/10/01
Communiqué de presse
AG/EF/353


Deuxième Commission

8e séance – après-midi


TRANSFERT DE TECHNOLOGIES ET RENFORCEMENT DES CAPACITES HUMAINES CITES COMME PREALABLES A L’ELIMINATION DU FOSSE NORD-SUD EN MATIERE DE CONNAISSANCES


Après avoir conclu son débat général, la Deuxième Commission (Commission économique et financière) a entamé, cet après-midi, un débat spécifique sur la science et la technique au service du développement dans le cadre de l’examen des questions de politique macroéconomique.  Saisie, pour ce faire, d’un rapport du Secrétaire général sur “le renforcement du rôle de coordination de la Commission de la science et de la technique au service du développement”, la Deuxième Commission a entendu plusieurs orateurs dont la Belgique, au nom de l’Union européenne et des pays associés et l’Iran, au nom du Groupe des 77 et de la Chine.


Le représentant de la Belgique a ainsi mis l’accent sur le potentiel des nouvelles technologies de l’information et des communications en matière de développement, les promesses des biotechnologies pour la santé de base et la lutte contre les maladies tropicales et les percées de la révolution génétique, tout en invoquant cependant le principe de précaution adopté par l’Union européenne.  Reconnaissant le fossé technologique entre le Nord et le Sud, il a souligné que le transfert seul ne suffit pas et souligné l’importance d’un environnement propice à la créativité, à la compétitivité individuelle, à la liberté de penser, de travailler et de vivre en paix et en sécurité.  Il a souligné, en ce qui concerne les nouvelles biotechnologies, l’intention de l’Union européenne de travailler sur les concepts de « Biens publics globaux », dans le cadre de la Conférence sur le financement du développement.


Insistant sur l’importance du transfert des technologies, le représentant de l’Iran a jugé inquiétant que malgré toutes les décisions et recommandations prises lors de grandes conférences internationales, la science et la technologie restent cantonnées dans les pays développés.  Il a rappelé, à ce titre, la Déclaration finale du Sommet sur la coopération Sud-Sud engageant l’ONU et son système à se concentrer sur le renforcement des ressources humaines en vue d’un développement soutenu par le transfert des technologies.  Il a, à ce propos, regretté que les ressources mises à la disposition de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) soient nettement insuffisantes et encouragé la Commission de la science et de la technique à participer aux travaux préparatoires du Sommet mondial sur le développement durable et du Sommet sur la société de l’information.


Les déficiences en matière d’infrastructures et de ressources humaines ont également été invoquées pour expliquer le fossé technologique.  Ainsi la représentante de la Barbade, s’exprimant au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a cité une étude de l'Organisation des Nations Unies pour


l’éducation, la science et la culture (UNESCO) selon laquelle, les pays développés comptent 2 800 scientifiques par million d’habitants alors que les pays en développement n’en comptent que 200, situation aggravée par la fuite des cerveaux favorisée par les pays riches qui en sont les principaux bénéficiaires.


Outre les délégations citées, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Roumanie, Fédération de Russie, Costa Rica, au nom des pays d’Amérique centrale, de Bélize et de la République dominicaine, Pakistan, Brésil, Maroc et République de Corée.  Ont terminé le débat général les représentants de l’ex-République yougoslave de Macédoine, du Myanmar, de la Namibie, de la Bolivie, de Brunei Darussalam et de la Tanzanie ainsi que les représentants de l’Organisation internationale du travail (OIT) ainsi que l’Observateur permanent de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI).


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux vendredi 5 octobre à

10 heures.


Débat général


M. GARETH HOWELL, Directeur par intérim à l’Organisation internationale du travail (OIT), a déclaré que  l’OIT se joignait aux Etats Membres pour condamner de la manière la plus ferme les attentats commis le 11 septembre contre les Etats-Unis.  L’activité économique mondiale qui connaissait déjà un ralentissement va encore plus se dégrader, alors que la demande d’emploi se fait de plus en plus pressante à travers le monde, a dit le représentant.  L’OIT pense que les chances que pouvait offrir la résolution des problèmes économiques par des politiques de type sectoriel ont atteint leurs limites. Malheureusement les institutions internationales ne semblent pas encore avoir pris conscience de ce facteur dans les politiques qu’elles préconisent. La relation entre les aspects économiques, environnementaux et sociaux des besoins que connaît le monde doit inspirer et guider les politiques et les actions de tout le système économique et financier mondial.  Les Etats Membres se sont engagés à éradiquer la pauvreté dans la Déclaration et le programme d’action qu’ils ont adopté au terme des travaux de la IIIème Conférence des Nations Unies sur les PMA. Ils se sont engagés dans ce cadre à améliorer les conditions de vie des 600 millions de personnes qui vivent dans les PMA.  L’OIT rappelle ici l’importance qu’elle accorde aux politiques de microcrédit dans la lutte contre la pauvreté et dans la promotion du secteur informel et des petites et moyennes entreprises.  L’OIT travaille avec les autres partenaires intéressés pour préparer la tenue de la Conférence internationale sur le financement du développement et elle a attiré l’attention sur les questions systémiques, dont celles liées aux systèmes financier, monétaire et commercial internationaux.  Nous pensons que des ressources nouvelles et exceptionnelles doivent être mobilisées pour le développement.  L’OIT travaille aussi à la préparation du Sommet sur le développement durable de Johannesburg, et notamment sur tous les sujets qui concernent la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de travail, de la sécurité dans le cadre de travail et dans les tâches agricoles qui occupent une large part des populations des pays en développement.


M. DIMCE NIKOLOV (ex-République yougoslave de Macédoine) a souhaité que la session de la Deuxième Commission lance un débat sur le suivi des recommandations contenues dans la Déclaration du Millénaire.  A ce propos, il a rappelé que la question du financement du développement est contenue dans cette Déclaration.  Il a donc espéré que la Conférence du Mexique sera l’occasion d’harmoniser les politiques de développement et de mettre en place un cadre pour le partenariat en matière de financement.  L’endettement, a poursuivi le représentant, constitue un autre problème pour les économies fragiles.  Le niveau élevé de la dette extérieure réduit tous les efforts de lutte contre la pauvreté et il est urgent de mettre au point une approche globale.  L’annulation de la dette, a-t-il estimé, doit être considérée comme une solution juste et le meilleur investissement pour éliminer la pauvreté.  Le représentant a aussi abordé la question du système commercial international pour appeler à la fin de la discrimination et à l’élimination des barrières tarifaires et non tarifaires.  Le processus d’intégration économique devient, en effet, une préoccupation prioritaire pour un certain nombre de pays, a souligné le représentant qui a appelé à la prudence en ce qui concerne la gestion de ce processus.  Il a ainsi indiqué que son pays a entrepris un processus d’intégration à l’Union européenne comme l’illustre la signature, en avril 2001, de l’accord d’association et de stabilisation prévoyant la création d’une zone de libre échange.  Le représentant a aussi mis l’accent sur l’importance de l’APD pour des pays comme le sien avant de souligner le rôle des Nations Unies et de leurs activités opérationnelles de développement.

M. U KYAW TINT SWE (Myanmar)a estimé que la question de la dette devrait être considérée comme faisant partie d’une stratégie globale de réduction de la pauvreté.  Le Myanmar est encouragé de constater que l’Initiative PPTE a déjà pu réduire le montant de la dette de 25 milliards de dollars que doivent 19 pays africains, diminuant ainsi de moitié le service de la dette de ces pays.  Nous demandons néanmoins à la communauté internationale de prendre des mesures encore plus efficaces, de façon à ce que d’autres groupes de pays puissent bénéficier de la réduction de la dette.  Concernant l’aide publique au développement (APD), notre pays pense qu’elle doit être considérée comme un outil important de la coopération internationale.  Aider les pays qui en ont besoin est un bon investissement qui peut aussi permettre de prévenir la dégradation sociale qui conduit parfois à des conflits armés.  Nous espérons donc que l’APD atteindra les montants qui avaient été convenus par la communauté internationale, soit 0,7% du PNB des pays riches.


Aujourd’hui, un des principaux obstacles au développement est la pandémie du VIH/sida, qui a infecté plus de 5,3 millions de personnes au cours de la seule année 2000.  36 millions de personnes vivent aujourd’hui avec la maladie, qui a déjà fait 22 millions de victimes depuis 1988.  Et selon le Président de la Banque mondiale, la pandémie n’est plus seulement un problème de santé, mais une menace qui risque d’annuler les progrès socioéconomiques qu’avaient fait certains pays au cours des 50 dernières années.  Le Myanmar soutient la création par le Secrétaire général d’un Fonds mondial pour la santé, et nous demandons aux multinationales pharmaceutiques de se joindre à l’ONU et aux Etats afin de combattre ce mal. 


M. GERHARD THERON (Namibie) a souligné que les intérêts des membres de l’ONU sont si proches que l’impact d’un évènement ayant lieu dans un pays se ressent dans un autre, à l’instar des attaques terroristes du 11 septembre.  Les buts communs de l’humanité, a poursuivi le représentant, ont été soulignés dans la Déclaration du Millénaire qui a appelé à transformer la mondialisation en une force positive.  Le monde en a la capacité et les ressources, a dit le représentant en estimant que seule fait défaut la volonté politique.  Il a donc dit mettre beaucoup d’espoir dans la Conférence internationale sur le financement du développement qui devrait pouvoir régler des questions telles que les défaillances des processus internationaux de prise de décisions, les déséquilibres des termes de l’échange, le rééchelonnement de la dette extérieure et la mobilisation des capitaux privés et publics aux niveaux national et international.  Le représentant s’est d’ailleurs félicité que les institutions de Bretton Woods accordent davantage d’attention aux problèmes de la pauvreté en Afrique.  Il a dit la disposition de son pays de travailler avec elles aux questions du déclin des prix des produits de base, du règlement des conflits et du remplacement des programmes d’ajustement structurel mal orientés par d’autres arrangements plus avantageux pour les pays en développement.


M. ERWIN ORTIZ GANDARILLAS (Bolivie) a souscrit à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine faite par l’Iran et à celle de la République démocratique populaire lao, fait au nom des pays sans littoral.  Le fossé qui existe entre pays riches et pays en développement continue de s’élargir, a estimé le représentant, en déplorant le manque de transferts de technologie, et l’inégalité des transferts d’IED qui, à 71%, ne se dirigent que vers les pays riches, la part déjà réduite des pays en développement allant en décroissant.  La mondialisation est synonyme de marginalisation et de promesses non tenues pour les pays du Sud, malgré les efforts qu’ils ont fait pour assainir leurs économies et les rendre attractives aux IED.  Au moment où après des années de sacrifices, la Bolivie était en droit de s’attendre à récolter les fruits de ses efforts, une nouvelle crise vient frapper l’économie internationale et ferme la porte à tout espoir de redressement durable.  Plus d’un milliard d’êtres humains vivent aujourd’hui dans des conditions de pauvreté abjecte et inhumaine.  Les systèmes actuels, qu’ils soient financiers ou commerciaux, ne répondent pas aux besoins des pays en développement et notamment à ceux des PMA.  Nous espérons que la Conférence sur le financement du développement pourra apporter des solutions aux problèmes de survie qui se posent à de nombreux pays du Sud.  Un processus juste et équitable devrait être trouvé pour permettre à nos pays de s’intégrer à l’économie mondiale.  Les nations complètement exclues du système actuel doivent recevoir, sans conditions, les moyens qui peuvent les sortir de leur marginalisation.  Ces moyens sont notamment l’accès aux marchés du Nord pour leurs produits, l’assurance des financements minima dont ils ont besoin pour leurs services de santé et l’équité au plan de la gouvernance mondiale.


M. SERBINI ALI (Brunei Darussalam) a estimé que l’on ne peut parler du développement durable sans mettre l’accent sur le point essentiel qu’est la lutte contre la pauvreté.  A cet égard, il a souligné que le commerce seul ne suffit pas.  Les pays en développement, a-t-il dit, doivent renforcer leur capacité s’ils veulent prendre part aux activités économiques interdépendantes qui caractérisent le monde actuel.  Il faut fournir à ces pays les nouvelles technologies afin qu’ils tirent parti de la technologie de l’information.  Pour ce faire, les gouvernements ont besoin de la coopération des organisations internationales, du secteur privé et des universités.  Le représentant s’est donc félicité des efforts déployés pour renforcer la capacité des pays en développement à remplir les obligations prises en vertu des accords de l’OMC.  Il est également important, a-t-il dit, que l’OMC renforce sa transparence pour faciliter une participation équitable et efficace de tous les Etats membres.


A propos de la prochaine Conférence sur le financement du développement, le représentant a souligné que le dialogue ne peut être significatif que s’il inclut les principaux acteurs, à savoir le secteur privé, les institutions pertinentes des Nations Unies, les institutions financières internationales, le monde des affaires et la société civile.  Le représentant a conclu en soulignant l’égale importance du Sommet mondial sur le développement durable.


M. SHAHID HUSSAIN, Observateur permanent de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), a déclaré que l’OCI suit de près les travaux de la Deuxième Commission qui examinent des questions, dont celle des ressources des territoires palestiniens sous occupation, qui sont extrêmement importantes pour les Etats membres de l’OCI.  Dans leur déclaration, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Nitin Desaï; le Président du Groupe des 77 et le représentant de la Banque mondiale, ont tous relevé que l’économie mondiale allait vers une récession accélérée par les conséquences des attentats qui ont lieu il y a trois semaines aux Etats-Unis.  La mauvaise situation économique de la majorité des pays du monde a des causes profondes, dues à des mauvaises politiques, à des injustices et à des inégalités dans le système mondial de gouvernance économique, financière et commerciale.  Il est intéressant que les questions examinées par la Commission et qui ont trait aux difficultés économiques des pays en développement, soient aussi examinées par les organes pertinents de l’OCI.  Nous participerons donc avec grand intérêt aux travaux de la Deuxième Commission. 


M. DAUDI N. MWAKAWAGO (Tanzanie) a appelé à des efforts concertés de la part de la communauté internationale pour mettre en oeuvre les objectifs agréés lors des conférences et réunions internationales des Nations Unies.  Il a ainsi lancé un appel pour renverser la tendance au déclin de l’APD qui a chuté de 6% de 1999 à 2000.  Il a aussi lancé un appel urgent pour régler le problème de la dette dont le service représente un tiers du budget national de la Tanzanie.  Le représentant a, en conséquence, salué l’Initiative HIPC renforcée et la nouvelle approche qui consiste à lier l’accès aux conditions concessionnelles aux stratégies des pays de lutte contre la pauvreté.  Il s’est également félicité que le FMI, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) aient traité de la question du financement de l’Initiative HIPC et inclut dans leurs mécanismes des arrangements d’allègement de la dette pour accélérer la lutte contre la pauvreté. 


Le représentant s’est néanmoins dit préoccupé par l’application stricte des conditionnalités après “les points de décisions”de l’Initiative HIPC qui entraînent un retard dans l’octroi de l’allègement de la dette; les institutions internationales devant d’abord se déclarer satisfaites des réformes économiques, des progrès dans la lutte contre la pauvreté et dans la gouvernance.  Le représentant a donc jugé utile que les pays qui ont atteint “le point de décision” soit directement admis “au point de finalisation” sur la seule base de leur engagement avéré en faveur de la lutte contre la pauvreté.  Sur ces questions, le représentant a dit placer beaucoup d’espoir dans la Conférence internationale sur le financement du développement.


Parlant en particulier des PMA, il a souligné que le succès de la mise en oeuvre du nouveau Programme d’action dépendra de l’efficacité du mécanisme de suivi qui sera mis en place.  Concluant sur les activités opérationnelles de développement, le représentant s’est félicité que le système des Nations Unies ait accepté d’appuyer les stratégies de son pays pour la lutte contre la pauvreté.  A ce propos, il a estimé que ces stratégies définies par les pays eux-mêmes sont le meilleur cadre pour la lutte contre la pauvreté et le développement durable.


Science et technique au service du développement


      A ce titre, la Commission a été saisie du rapport du Secrétaire général sur le renforcement du rôle de coordination joué par la Commission de la science et la technique au service du développement à l’appui des efforts déployés par les pays en développement pour tirer parti de la science et de la technique (A/56/96-E/2001/87).  Dans ce rapport de cinq chapitres, le Secrétaire général propose des mesures pour améliorer la coordination et la coordination en matière d’activités scientifiques et techniques au sein du système des Nations Unies.  Il propose ainsi, en ce qui concerne la fourniture de ressources adéquates, la création d’un fonds d’affectation spéciale qui permettrait à la Commission de mener les activités nécessaires à l’application de ses recommandations.  Il estime, par ailleurs, que la création de partenariats avec le secteur privé permettrait de mobiliser des ressources supplémentaires.  S’agissant de la collaboration avec le système des Nations Unies, le Secrétaire général préconise la création d’un réseau de centres de coordination dans tous les organismes pour promouvoir l’échange d’informations et de meilleures pratiques. Des réunions interinstitutions périodiques permettraient aussi, estime encore le Secrétaire général, de cerner les problèmes posés par les technologies nouvelles et plus précisément être l’occasion d’élaborer des initiatives conjointes tout en évitant le chevauchement des activités.


Pour ce qui est de la coordination des activités ayant trait à la science et à la technique à l’échelon national, le Secrétaire général propose que la Commission joue un rôle en aidant les pays à mettre au point des politiques, stratégies, études et activités scientifiques et techniques de portée nationale.  Parlant des études scientifiques et techniques, le Secrétaire général propose la création d’équipes interinstitutions et interdisciplinaires.  A titre d’exemple, il indique que le système des Nations Unies pourrait mettre au point des indices sur le renforcement des capacités.  De tels indicateurs, explique-t-il, pourraient donner une idée des capacités techniques des différents pays.  Un autre indicateur connexe, ajoute-t-il, concerne la relation entre les dépenses consacrées à la recherche-développement et la compétitivité.  La mise au point d’indicateurs de ce type peut permettre d’évaluer la capacité d’innovation des entreprises et des pays, estime le Secrétaire général.


Sur la coordination des activités de coopération technique en matière de science et de technologie, le Secrétaire général estime que la coopération interinstitutions et les partenariats public-privé peuvent faciliter le transfert et l’assimilation des nouvelles technologies.  Et concluant sur le suivi des conférences et la collaboration avec d’autres commissions techniques, il estime que la Commission devrait participer davantage au suivi intégré des grandes conférences et réunions au sommet des Nations Unies.


En présentant ce rapport, Mme SUSAN BRANDWAYN, Responsable du bureau de New York du Bureau de liaison de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a fait part des travaux de la Commission qui se sont déroulés du 28 mai au 1er juin 2001.  La Commission a examiné un certain nombre de questions de fonds dont le renforcement des capacités nationales dans le domaine de la biotechnologie.  Une autre question a été celle des politiques d’innovation et des technologies.  Après l’examen des questions inscrites à son ordre du jour, la Commission a choisi comme thème principal de son intersession 2001-2003, “le développement de la technologie et le renforcement des capacités en matière de concurrence à l’ère numérique”.  En vue d’améliorer la coordination, des efforts ont été faits pour assurer une plus grande participation des institutions des Nations Unies.  La CNUCED a lancé deux listes de discussions sur l’Internet pour divulguer des informations sur les activités de la Commission.  La coopération s’est également renforcée avec les autres organes des Nations Unies, en particulier avec la Commission du développement durable et la Commission de la condition de la femme.


La CNUCED a, par ailleurs, créé un réseau électronique en collaboration avec les institutions des Nations Unies.  Le site est important en ce qu’il renforce le rôle de coordination de la Commission et donne des informations sur les meilleures pratiques en matière de développement et sur les évaluations ainsi que sur l’adaptation et la diffusion de la technologie.  Il donne aussi des informations sur les activités liées à la science et à la technologie.


Déclarations


M. BAGHER ASADI (République islamique d’Iran) a déclaré, en s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, que les développements de la science et de la technologie sont à l’origine du développement durable.  Ces développements restent malheureusement encore concentrés et limités dans un petit nombre de pays.  Il est indispensable d’assurer un transfert des technologies pour donner plus de chances à toutes les parties du monde, a estimé le représentant qui a jugé qu’il était inquiétant que malgré toutes les décisions et recommandations prises lors de grandes conférences internationales, la science et la technologie restent cantonnées dans les pays développés.  Le fossé technologique qui divise les deux univers riche et pauvre de la planète, est regrettable, surtout en une période où le succès de l’économie des pays devient de plus en plus dépendant de la maîtrise des connaissances.  Malgré tous les obstacles qui se posent en la matière, le Sommet du Sud tenu à la Havane et le Groupe des 77 et la Chine, conscients de l’importance critique de la maîtrise des technologies et notamment des TIC, ont vivement engagé l’ONU et son système à se concentrer sur le renforcement des ressources humaines en vue d’un développement soutenu par le transfert des technologies.  Le Groupe des 77, qui a été encouragé par le programme adopté lors du Sommet de la Havane, soutient la Commission de la science et de la technologie (CST) dans les tâches qui lui sont dévolues de promouvoir la coopération au service du développement et le partenariat en matière technologique.  Nous appuyons aussi une étude de faisabilité lancée au sein du Secrétariat pour la création d’un groupe d’études sur la recherche et l’usage des technologies au service de la santé et de l’éducation dans les pays en développement.  Les résultats des études menées par ce groupe d’études devraient ensuite être rendus totalement accessibles aux pays en développement.  Le Groupe des 77 remercie d’autre part la CNUCED pour l’accent qu’elle a mis sur les questions liées à la coopération en faveur du partage des technologies et pour leur utilisation dans la promotion du développement.  Nous regrettons cependant que les ressources mises à la disposition de la CNUCED dans ce domaine soient nettement insuffisantes.  La nécessité d’améliorer les activités de l’ONU dans ce domaine est devenue plus importante que jamais.  Ceci est démontré dans les chapitres de certains plans d’action, comme celui adopté lors de la Xe CNUCED à Bangkok et dans les Déclarations ministérielles de l’ECOSOC.  Nous aimerions donc encourager la Commission de la science et de la technologique à participer aux travaux préparatoires du Sommet mondial sur le développement durable et du Sommet sur la société de l’information, dans le cadre de la mise en oeuvre des objectifs de la Déclaration du millénaire.


M. MICHEL GOFFIN (Belgique), au nom de l’Union européenne, a souligné que les nouvelles technologies modifient fondamentalement la notion de société participative.  Le monde, a-t-il dit, est devenu un village globalisé où les informations s’échangent au moindre coût et instantanément.  Cette émergence de la société de communications nous place face à des défis complexes comme ceux de la sécurité des réseaux, de la protection de la vie privée ou encore de la cybercriminalité.  Mais le bilan reste positif, a insisté le représentant, en citant la puissance du réseau du courrier électronique que même les gouvernements autoritaires ne parviennent pas à contrôler.  Venant aux nouvelles biotechnologies, le représentant a reconnu qu’elles offrent des solutions bénéfiques en matière de santé de base et de lutte contre les maladies tropicales dans les pays en développement.  Un financement public doit être encouragé à cet égard, a dit le représentant en indiquant que l’Union européenne entend travailler sur les concepts importants des Biens publics globaux, dans le cadre de la Conférence sur le financement du développement. 


La révolution digitale, a poursuivi le représentant, s’accompagne aussi d’une révolution génétique.  S’il a reconnu l’importance des progrès en matière de révolutions transgéniques, M. Goffin a néanmoins souhaité que l’enthousiasme en matière de biotechnologies ne nous rende pas aveugles aux dangers inhérents qu’elles impliquent.  Une technologie mal maîtrisée peut avoir des conséquences incalculables, a-t-il dit en ajoutant que sans certitude et en l’absence d’une preuve incontestable de qualité et de sécurité, l’Union européenne prendra l’initiative de précaution.  Mais, a-t-il ajouté, certaines recherches en matière de biotechnologies ne sont pas nécessairement prohibitives et peuvent être encouragées dans les pays en développement.  Là, l’APD peut jouer un rôle pour développer des centres nationaux ou régionaux d’excellence, a dit le représentant. 


A propos du fossé technologique, il a souligné que le transfert seul ne suffit pas.  Il faut un environnement propice à la créativité, à la compétitivité individuelle, à la liberté de penser, de travailler et de vivre en paix et en sécurité.  Il s’est enfin déclaré prudent quant à la création de nouvelles institutions dans le domaine des technologies, en particulier quant à la mise sur pied d’un programme commun des Nations Unies sur la science et la technique.  La meilleure politique, a-t-il estimé, serait d’encourager l’ensemble du système des Nations Unies à intégrer la dimension technologique au niveau du terrain et dans les programmes et projets.  Pour finir, il a dit ne pas souhaiter engager un débat sur la question de l’organisation des travaux et des sessions de la Commission sur la science et la technique au service du développement.  L’Union européenne ne veut pas préjuger au niveau de l’Assemblée générale d’une décision qui revient en premier lieu au Conseil économique et social, a-t-il expliqué.


M. OVIDIU IERULESCU (Roumanie) a associé sa délégation à la déclaration de l’Union européenne faite par la Belgique.  Il a ensuite rappelé à la Commission que l’année 2001 avait été marquée par la mise en place de deux projets concernant les TIC, pour lesquels l’ONU a créé un groupe de travail, et la création du Réseau pour le développement de la science et de la technologie, dont la naissance a été annoncée au cours de la 5ème session de la Commission de la science et de la technique pour le développement.  Le Sommet mondial sur la société de l’information qui aura lieu en deux phases à Genève et à Tunis vise à donner un coup de pouce à la vulgarisation de l’usage des TIC au niveau mondial et dans les domaines économique, social et culturel, a dit le représentant.  Le Sommet devrait débattre de questions ayant trait au rôle des gouvernements, du secteur privé et de la société civile dans la promotion des bénéfices que peuvent apporter les TIC, et dans la lutte contre la fracture numérique.  Concernant l’amélioration de la coordination des activités de l’ONU en matière scientifique et technologique, la Roumanie pense que l’idée de créer un fonds de soutien des activités de la Commission de la science et de la technique au service du développement devrait faire l’objet d’un examen plus approfondi de la part de la Commission.


M. EVGENY A. STANISLAVOV (Fédération du Russie) a estimé que l’efficacité de l’aide de l’ONU en matière de science et de technologie serait jugée  à la manière dont les pays qui en bénéficient pourront s’adapter à la mondialisation.  La Fédération de Russie pense que les travaux de la Deuxième Commission devraient prendre en compte les résultats déjà atteints par les efforts visant à combler le fossé numérique.  Il est important de favoriser le rattachement des pays en développement et en transition au réseau mondial d’informations électroniques et numériques existant.  Nous sommes pour que les gouvernements créent par ailleurs des mécanismes leur permettant d’harmoniser les investissements publics et privés en vue de favoriser l’émergence de pôles technologiques nationaux.  La Fédération de Russie appuie la proposition de création d’un groupe de travail sur les questions scientifiques et techniques dans le développement au sein de l’ONU.


M. BERND NIEHAUS (Costa Rica), au nom de l’Amérique centrale, de Belize et de la République dominicaine, a souligné les difficultés que les pays en développement rencontrent dans leur tentative d’accès aux progrès technologiques.  Il a imputé la situation à leur infrastructure limitée, à leur réglementation inadaptée et à l’insuffisance des ressources humaines.  Il a souhaité que l’on oriente les nouvelles initiatives vers les besoins les plus urgents arguant qu’aujourd’hui les politiques des technologies ont un impact direct sur de nombreuses composantes du développement, y compris la santé publique, l’éducation et la création d’emplois.  Il faut lancer, a-t-il dit, de nouvelles initiatives internationales qui permettent d’encourager les progrès technologiques pour qu’ils soient véritablement un instrument du développement et de la croissance.  Ceci exige, a-t-il dit, un partenariat fort entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile.  Le représentant a aussi appelé à plus de cohérence au sein du système des Nations Unies pour garantir que l’assistance qu’il offre soit véritablement efficace. 


Au niveau national, il a reconnu que l’Etat et l’engagement politique sont indispensables pour créer un climat favorable à une économie basée sur la connaissance.  Dans ce contexte, il a souligné l’importance d’un climat approprié en termes de réglementation.  Enfin, le représentant a souscrit aux recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général concernant l’association entre secteur public et privé pour faciliter l’absorption des nouvelles technologies.  A cet égard, a-t-il dit, la Commission de la science et de la technique pourrait fournir une assistance technique aux pays en développement.  Il a d’ailleurs jugé indispensable de fournir un plus grand appui financier à la Commission et au renforcement de son Secrétariat.


M. MOHAMMAD HASSAN (Pakistan) a plaidé pour l’adoption d’une approche qui assure l’utilisation de la technologie comme instrument de développement.  A cette fin, il a estimé nécessaire de créer un environnement qui permette une utilisation efficace de la technologie pour éliminer la pauvreté.  Des solutions doivent donc être trouvées aux problèmes d’infrastructures, d’éducation ou de connectivité que connaissent les pays en développement, a ajouté le représentant avant d’insister sur le fait que l’accès à la technologie est le problème le plus important des pays en développement en ce qu’il a influe directement sur leur productivité.  La question du transfert est donc une question capitale, a insisté le représentant en rappelant les engagements relatifs aux mesures incitatives contenus dans les accords sur les droits de propriété intellectuelle liés au commerce (TRIPS).  Il a enfin souligné le rôle de l’ONU en la matière en appuyant l’idée du renforcement de la Commission de la science et de la technique et de la création d’un fonds d’affectation spéciale.  Il a aussi espéré que le Groupe sur les technologies de l’information et des communications réussira à mettre ces technologies au service du développement en encourageant un partenariat entre gouvernements, société civile et ONG.


Mme JUNE CLARKE (Barbade)a déclaré, au nom des Etats membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) que ses 14 membres souscrivaient à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine.  Malgré les efforts déployés par l’ONU, a dit Mme Clarke, la fracture numérique reste un problème majeur et difficile à résoudre.  Les pays de la CARICOM, comme beaucoup d’autres Etats en développement, souffrent d’un manque de capacités humaines dans les domaines de la science, de la technologie et de l’ingénierie.  L’UNESCO, a noté la représentante, précise qu’il y a 2800 scientifiques par million d’habitants dans les pays riches et seulement 200 en Asie du Sud et en Afrique, et la situation défavorable de ces dernières régions ne fait que s’aggraver, du fait de la fuite incessante de cerveaux qu’elles subissent, les pays développés encourageant et bénéficiant de ce phénomène.  L’ONU pourrait, à cet égard, jouer un rôle pour inverser les tendances.  Les Etats de la CARICOM soutiennent la création par l’ONU d’un groupe de travail sur les TIC et d’un Réseau pour le développement des sciences et des technologies.  Les progrès dans le domaine du génie génétique sont en train de transformer la médecine, et les avancées qui sont faites dans ce domaine ont des répercussions sur les marchés mondiaux, les cellules vivantes faisant de plus en plus l’objet de brevets et de droits de propriété intellectuelle.  Nous demandons que la commercialisation des gênes tienne compte des droits culturels et naturels des peuples sur certaines substances.  Il est inacceptable que des ressources naturelles autochtones soient utilisées et vendues au prix fort par la recherche médicale sans tenir compte des besoins et des intérêts des peuples auxquels elles appartiennent.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a appuyé les travaux de la Commission de la science et de la technique en se félicitant particulièrement de l’aspect lié au renforcement des capacités nationales.  A cet égard, elle a estimé que les institutions, les programmes et les fonds des Nations Unies ont un rôle important à jouer et les a appelés à se concentrer sur les questions d’éducation et de formation professionnelle, dans un premier temps, et de développement des institutions et des infrastructures, dans un deuxième temps.  La représentante a estimé que le développement local est une autre question cruciale en ce qu’il est seul capable de tenir compte des besoins locaux, des contextes culturels et des réalités économiques.  En la matière, la représentante a mis l’accent sur la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire.  Elle a conclu en estimant que la périodicité de la Commission de la science et de la technique, qui se réunit tous les deux ans, n’est pas satisfaisante.  Elle s’est donc prononcée pour des réunions annuelles afin, a-t-elle expliqué, de permettre à la Commission de suivre les changements rapides en matière de science et de technologie ainsi que les percées constantes en matière de connaissances.


M. ABDELLAH BENMELLOUK (Maroc) a associé sa délégation à la déclaration faite par le représentant de l’Iran au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Après avoir rappelé que les participants au Deuxième Dialogue de haut niveau sur le renforcement de la coopération économique internationale pour le développement  avaient réaffirmé l’importance stratégique des TIC pour le développement économique et social, le représentant a déclaré que l’insuffisance des ressources financières demeure l’un des obstacles majeurs pour l’élaboration de stratégies centrées sur les technologies nouvelles.  Les actions des pays en développement ne peuvent aboutir sans être conjugués à des actions au niveau international et régional et sans bénéficier des expériences des pays développés dans ce domaine, a-t-il estimé.  Egalement, l’implication du secteur privé dans la réflexion sur les voies et moyens de permettre aux pays en développement d’utiliser les technologies nouvelles au service du développement semble primordiale.  L’ONU doit jouer le rôle de leader en matière de coordination des activités des institutions internationales et des organisations intergouvernementales dans ce domaine, et réfléchir sur les stratégies à mettre en oeuvre pour utiliser les TIC au service du développement.  Le Maroc appuie le renforcement de la Commission pour la science et la technique au service du développement, qui doit être dotée des ressources nécessaires pour accomplir sa tâche et assister les pays en


développement dans le domaine des sciences et des techniques.  Le Maroc estime par ailleurs que l’orientation de l’action de l’ONU vers la recherche de partenariats entre pays développés et en développement, de même qu’avec le secteur privé, constituera un atout pour la promotion des technologies nouvelles dans les pays en développement.


M. LEE HO-JIN (République de Corée) a estimé que la diffusion de la science et de la technologie ouvre une fenêtre d’opportunités pour les pays en développement.  Il a donc appelé à la promotion la coopération internationale en souscrivant, dans ce cadre, à l’idée d’une collaboration étroite entre le secteur privé, le secteur public et les universités.  Il a aussi commenté le rapport du Secrétaire général en jugeant que les propositions qui y figurent sont pour l’essentiel pertinentes.  Attribuant la croissance économique de son pays aux investissements faits dans la science et la technologie, le représentant a donné le détail des mesures prises dans ce domaine avant d’émettre le voeu que les résultats des travaux de la Deuxième Commission sur cette question reflèteront véritablement les besoins des pays en développement.


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