En cours au Siège de l'ONU

AG/DSI/282

LA PROLIFERATION DES MISSILES BALISTIQUES ET LA SECURITE AU MOYEN-ORIENT

16/10/2001
Communiqué de presse
AG/DSI/282


Première Commission

10e séance – après-midi


LA PROLIFERATION DES MISSILES BALISTIQUES ET LA SECURITE AU MOYEN-ORIENT

AU CENTRE DU DEBAT SUR LE DESARMEMENT ET LA SECURITE INTERNATIONALE


Le risque que fait peser la prolifération des missiles balistiques sur la sécurité dans le monde et la situation au Moyen-Orient ont jalonné cet après-midi le débat général à la Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission).  Jugeant les mesures actuelles de contrôle des exportations des missiles  discriminatoires et inefficaces, le représentant de l’Inde a souhaité que les normes contre la prolifération des missiles soient renforcées par le biais d’accords multilatéraux transparents. Le représentant d’Israël a identifié les efforts de constitution de capacités missilières de la part de l’Iraq et de la République islamique d’Iran comme des obstacles à l’instauration de la stabilité au Moyen-Orient. “Les réalités de notre région exigent une approche graduelle et pratique dont le point d’orgue serait l’établissement d’une zone exempte de missiles balistiques, d’armes nucléaires, biologiques et chimiques” a ajouté le représentant.  Il s’est par ailleurs opposé à la résolution intitulée “Risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient” qui, à ses yeux, vise à isoler Israël tout en ignorant totalement les problèmes sécuritaires et l’instabilité inhérente au Moyen-Orient. Il a souhaité que les Etats de la région deviennent partenaires dans le cadre d’un mécanisme régional de consultations sur le contrôle des armements et la sécurité régionale.


Les représentants de l’Iraq et de la République islamique d’Iran, ce dernier s’exprimant dans le cadre de l’exercice de son droit de réponse, ont dénoncé les programmes d’armement israéliens assortis selon eux d’une politique d’agression et d’expansion géographique.  “La sécurité au Moyen-Orient exige l’élimination des armes de destruction massive de l’entité sioniste.  Ses installations nucléaires doivent être soumises au régime de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique(AIEA)” a déclaré le représentant de l’Iraq.  Celui-ci a également dénoncé les bombardements à l’uranium appauvri menés par les Etats-Unis et le Royaume-Uni et il a demandé à la communauté internationale d’ouvrir des négociations pour mettre au point un traité international visant l’interdiction des munitions à uranium appauvri et la destruction des stocks existants. 


Les représentants des pays suivants se sont exprimés au cours du débat : Inde, Emirats arabes unis, Lituanie, Ethiopie, Ex-République yougoslave de Macédoine, Israël, Iraq, République démocratique  populaire lao et Haïti.  Le représentant de la République islamique d’Iran a exercé son droit de réponse. 


En cours de séance, le Président de la Première Commission, M. André Erdos (Hongrie), a annoncé que le débat thématique et l’examen des projets de résolution soumis dans le cadre de l’ordre du jour de la Commission du désarmement et de la sécurité internationale, débuteront le lundi 22 octobre.


DEBAT GENERAL SUR TOUS LES POINTS RELATIFS AU DESARMEMENT ET A LA SECURITE INTERNATIONALE


M. RAKESH SOOD (Inde) a déclaré que les événements récents montrent bien que nous devons nous atteler sans autres atermoiements aux questions qui menacent la paix et la sécurité internationales.  Nous devons désormais prendre certaines mesures que nous n’avons pas été capables de prendre dans le passé.  Notre sécurité ne pourra être garantie que si les armes nucléaires sont totalement éliminées.  Le spectre du terrorisme nucléaire par des nations ou des groupes sera présent tant que ces armes ne seront pas éliminées de nos arsenaux.  En sa qualité d’Etat doté de l’arme nucléaire, l’Inde reste engagée en faveur de la cause du désarmement nucléaire et c’est dans ce contexte qu’elle présentera un projet de résolution appelant à la conclusion d’une convention d’interdiction de l’emploi ou de la menace de l’emploi de l’arme nucléaire quelles que soient les circonstances.  Le représentant a expliqué que la série de tests qu’a conduit son pays en 1998 était dictée par la nucléarisation de la région et l’échec des régimes de non-prolifération.  Le concept de dissuasion nucléaire minimale et du non-recours en premier à l’arme nucléaire définit notre position.  En l’absence d’une interdiction totale des armes nucléaires, nous sommes conscients de la nécessité pour tous les Etats dotés de ce type d’armes de fournir des assurances quant à la réduction du risque de l’emploi accidentel ou non autorisé des armes nucléaires.  Il n’existe pas de justification en cette ère de l’après guerre froide au maintien de l’état d’alerte.  Il faut répondre à l’appel de la Déclaration du Millénaire visant l’élimination du danger nucléaire.   L’Inde présentera à cette fin le projet de résolution intitulé “Réduction du danger nucléaire”. 


Le représentant a indiqué que le moratoire déclaré volontairement par l’Inde sur les essais nucléaires souterrains satisfait aux obligations de base du CTBT/TICEN.  L’Inde est également attachée à la création d’un consensus national propice à la signature de ce traité.  Nous sommes également disposés à participer de bonne foi aux négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles à des fins d’armes nucléaires qui soit vérifiable et non discriminatoire.  La proposition Amorim faite à la Conférence du désarmement aurait été de nature à ouvrir la voie à de telles négociations.  Il est temps pour les pays ayant affiché une attitude ambiguë de faire preuve de volonté politique.  L’Inde par ailleurs respecte le choix souverain qu’ont fait les Etats qui ne sont pas dotés d’armes nucléaires d’établir des zones exemptes d’armes nucléaires.  Nous sommes disposés à fournir les garanties nécessaires à de telles zones tout en reconnaissant que les approches régionales qui les sous-tendent ne répondent pas aux préoccupations face à la menace mondiale que font peser les armes nucléaires.  Il est clair, a estimé le représentant, que les instruments juridiques existants ne sont pas appropriés pour faire face aux tentatives de militarisation de l’espace d’où la nécessité pour la Conférence du désarmement de traiter de cette question le plus rapidement possible.  


Le représentant a souhaité que les normes contre la prolifération des missiles soient renforcées par le biais d’accords multilatéraux  transparents.  La question du contrôle des exportations va bien au-delà de la question des missiles pour toucher aux utilisations polyvalentes des technologies.  Nous avons besoin aujourd’hui d’un système de contrôle des exportations des technologies transparent sans que cela n’affecte leur utilisation pacifique.  C’est la raison pour laquelle nous présenterons cette année le projet de résolution intitulé “Le rôle de la science et de la technologie dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement”.  Le représentant a regretté l’échec des négociations sur le protocole à la Convention sur les armes biologiques.  Evoquant la tenue de la Deuxième Conférence d’examen de la Convention sur certaines armes classiques, le représentant a plaidé en faveur d’une approche graduelle menant à la conclusion d’une interdiction totale des mines antipersonnel qui tienne compte des impératifs de sécurité des Etats.


M. ABDULAZIZ BIN NASSER AL-SHAMSI (Emirats arabes unis) a regretté la faible coopération dans les domaines du désarmement alors même que les budgets militaires continuent d’augmenter de manière alarmante.  Il a suggéré la mise en œuvre d’une stratégie internationale de coopération sur les questions du désarmement reposant sur les principes fondamentaux du droit international et de la Charte des Nations Unies.  Il a fait observer que la communauté internationale continue d’assister à la mise au point d’équipements militaires stratégiques de plus en plus perfectionnés et de missiles balistiques équipés d’ogives nucléaires ou chimiques malgré les engagements pris par les Chefs d’Etat et de Gouvernement lors du Sommet du Millénaire.  Il a demandé aux Etats nucléaires de respecter leurs engagements en matière de contrôle des armements et de désarmement nucléaire.  Il a rappelé que les Emirats arabes unis avaient adhéré au TNP et au TICEN avant d’apporter son soutien à la création de zones exemptes d’armes nucléaires dans certaines sous-régions.  A ce titre, il a regretté qu’une telle zone n’ait pu jusqu’ici être créée au Moyen-Orient en raison de la volonté du Gouvernement israélien de conserver ses réacteurs nucléaires et de son refus de les placer sous le contrôle des instances internationales compétentes.  Il a demandé à la communauté internationale de demander au Gouvernement israélien d’adhérer au TNP et de placer ses installations nucléaires sous les garanties intégrales de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Enfin, le représentant a suggéré que des mesures d’assistance soient prises en faveur de la reconstruction des pays affectés par les guerres tels que les Territoires palestiniens occupés, le Liban, l’Afghanistan, le Kosovo ou la Somalie. 


M. GEDIMINAS SERKSNYS (Lituanie) a salué le fait que les gouvernements aient décidé d’unir leurs efforts pour éliminer le terrorisme à sa source et aient pris conscience des dangers que représente l’abondance d’armes de destruction massive et d’armes légères.  Il a mis en garde contre les conséquences désastreuses auxquelles il faudrait faire face si des armes de destruction massive tombaient entre les mains de terroristes.   Il a souligné que le monde contemporain est menacé par la fabrication d’armes nucléaires et chimiques, par la production de missiles ou d’uranium enrichi, autant de dangers dont le contrôle exige des réglementations juridiques et le respect de principes moraux.  Le représentant s’est ensuite félicité des progrès réalisés par la Fédération de Russie et les Etats-Unis sur la voie vers la réduction de leurs arsenaux nucléaires. Il a poursuivi en souhaitant que les travaux de la Conférence du Désarmement soient réactivés et qu’ils parviennent au lancement de négociations d’un traité d’interdiction des matières fissiles à des fins militaires.  Il a ensuite déclaré que seul un soutien international renouvelé aux Conventions sur l’interdiction des armes chimiques et biologiques permettra de prévenir les risques que pose leur prolifération, en particulier dans le cadre de la lutte contre le terrorisme international.  Le représentant s’est ensuite inquiété de la production de missiles balistiques de longue et moyenne portée et souhaité qu’un code de conduite soit observé et respecté pour éviter leur prolifération.  S’agissant de la lutte contre la prolifération des armes légères, le représentant a précisé que son Gouvernement a pris, dans le cadre de l’Union européenne, de l’OSCE et de l’OTAN, des mesures législatives visant à renforcer les réglementations sur l’exportation et la gestion des stocks.  Il a ajouté que, dans le cadre de l’OSCE,


la Lituanie participe aux programmes d’échanges d’informations sur les importations et exportations d’armes afin de renforcer les principes de transparence.  Il a enfin apporté son soutien à la Convention d’Ottawa dont la Lituanie est signataire. 


M. ABDUL MEJID HUSSEIN (Ethiopie) a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle mette au point une stratégie pour parvenir à l’élimination des armes nucléaires.  Nous appuyons les instruments actuels et appelons à leur universalité.  Le consensus obtenu lors de la Conférence d’examen du TNP est louable.  Malheureusement, le Document final n’a pas permis de régler les divergences d’opinions entre les Etats dotés de l’arme nucléaire et ceux qui n’en sont pas dotés.  Le TNP est un instrument essentiel au désarmement nucléaire.  Nous sommes également préoccupés par l’impasse de la Conférence du désarmement qui constitue un obstacle sérieux à la mise en œuvre du programme de désarmement de la communauté internationale.  Nous lançons un appel aux Etats pour qu’ils aplanissent leurs divergences.  Le trafic illicite des armes légères est également une menace à la sécurité des populations civiles dans le monde.  Il est important que les Etats renforcent leurs efforts pour mettre pleinement en œuvre le Programme d’action adopté par la Conférence sur la question en juillet.  L’aide des Nations Unies est particulièrement importante pour les actions de suivi de la Conférence.  Par ailleurs, la Convention d’Ottawa a mis en place un cadre important pour l’élimination des mines qui est essentielle pour les efforts de développement des Etats.


M. SRGJAN KERIM (ex-République yougoslave de Macédoine) a déclaré que les événements tragiques du 11 septembre ont prouvé que les régimes de désarmement et de non-prolifération sont plus importants que jamais afin d’éviter que les groupes terroristes ne puissent disposer d’armes de destruction massive.  Il a rappelé le lien étroit entre le terrorisme et les mouvements illicites de matières nucléaires, biologiques et chimiques et estimé que la Première Commission, entre autres, devait servir de forum à la communauté internationale pour répondre aux nouveaux défis posés à la sécurité internationale.  Il a souligné que les événements en Europe du Sud-Est et dans l’ex-République yougoslave de Macédoine (ERYM) traduisent également les liens étroits entre le crime organisé, le trafic d’armes et le terrorisme international.  Il a regretté les obstacles posés à l’adoption du programme de travail de la Conférence du désarmement malgré les progrès enregistrés lors de la Conférence d’examen des Etats parties au TNP en mai 2000.  Le représentant a souhaité que le TNP parvienne rapidement à l’universalité et que, dans l’attente de la ratification et de l’entrée en vigueur du TICEN, le moratoire sur les essais nucléaires soit maintenu.  Il a salué la poursuite des négociations entre la Fédération de Russie et les Etats-Unis pour adapter le cadre stratégique mondial aux enjeux présents avant de souhaiter que la réforme ou le remplacement du Traité ABM ne se fasse que si le nouveau cadre est au moins aussi efficace que l’ancien.  Il a également souligné la nécessité de parvenir à l’adhésion universelle aux Conventions sur l’interdiction des armes chimiques, d’une part, et biologiques d’autre part.


Abordant le Programme d’action sur la lutte contre le commerce illicite des armes légères, il a souhaité qu’il fasse l’objet d’un suivi rigoureux tant aux niveaux national, régional qu’international.  Il a rappelé que la prolifération des armes légères dans la région de l’Europe du Sud-Est, en particulier depuis les émeutes de 1997 en Albanie et le conflit au Kosovo, pose des problèmes sécuritaires sérieux, notamment pour la Macédoine.  Il a demandé aux pays de la sous-région de prendre des mesures efficaces pour lutter contre cette menace.  Il a rappelé l’attachement de la Macédoine à la Convention d’Ottawa et demandé aux Etats et autres acteurs de renoncer définitivement à ces armes destructrices.  Il s’est ensuite félicité des informations fournies par un nombre croissant d’Etats au Registre des armes classiques des Nations Unies.  Le représentant a conclu en précisant que sa délégation soumettra un projet de résolution relatif au maintien de la sécurité, de la stabilité et aux relations de bon voisinage en Europe du Sud-Est.


M. JEREMY ISSACHAROFF (Israël) a déclaré que le terrorisme constitue désormais une arme stratégique qui s’attaque non seulement à la liberté et la démocratie mais sape également nos prises de positions quant à l’emploi de la force militaire et la nature de nos ennemis.  La dynamique de la terreur exige que nous adoptions un nouveau mode de pensée.  Pour des pays comme le nôtre, cette nouvelle réalité ajoute une dimension complexe à une stabilité régionale qui, au mieux, a toujours été fragile.  Les attaques suicides, le terrorisme transfrontalier, les attaques au lance-roquettes et les bombardements visent directement notre population civile.  Nous continuerons à prendre les mesures nécessaires à notre sécurité.   Les Etats devraient toutefois, lorsque cela est possible, exercer des pressions par des moyens diplomatiques et par des actions normatives.  Les nombreuses conventions internationales, les accords régionaux, les traités bilatéraux et même les mesures prises unilatéralement doivent mener à une sécurité accrue et à la réduction des tensions. 


Dans le domaine de la diplomatie, Israël estime que le contexte régional fournit le cadre essentiel à l’adoption de mesures de contrôle des armements qui dépendent d’une paix juste et durable dans la région du Moyen-Orient.  En fait, après la conclusion des Accords de Madrid, un groupe de travail pour le contrôle des armements et la sécurité régionale a été mis en place.  Il est rapidement devenu une plateforme de discussions importante dans la région pour les questions de sécurité.  Malheureusement, ces activités ont été interrompues en 1995 en raison de l’attitude de certains pays de la région.  Des mesures de contrôle des armements ne pourront pas être adoptées et mises en œuvre dans une région où les guerres, les conflits armés, la terreur, l’hostilité politique, la provocation et la non-reconnaissance feront partie du quotidien.  Les réalités de notre région exigent une approche graduelle et pratique dont le point d’orgue serait l’établissement d’une zone exempte de missiles balistiques, d’armes nucléaires, biologiques et chimiques.  La création de cette zone devrait émaner et inclure tous les Etats de la région par le biais de négociations directes.  C’est dans cet esprit qu’Israël s’est associé au consensus au sein de la Première Commission depuis plus de vingt ans quant à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient.


Le représentant a fait état des diverses initiatives prises par son pays pour s’impliquer davantage au sein du cadre normatif des efforts internationaux de contrôle des armements.  Israël a parallèlement pris des mesures pour faire progresser le processus de paix avec ses voisins arabes alors que les menaces à son existence même voyaient le jour dans des pays qui cherchent à mettre au point des missiles balistiques de longue portée. Nous ne pouvons pas ignorer que l’emploi d’armes chimiques de la part de pays du Moyen-Orient contre des populations civiles est un fait historique.  Dans ce contexte, nous soulignons que l’Iraq ne s’est toujours pas conformé à toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Les efforts visant à faire obstacle à la reconstitution des arsenaux d’armes de destruction massive iraquiens et de ses capacités missilières constituent un facteur essentiel à la recherche de la stabilité au Moyen-Orient.  L’Iran ne fait rien pour camoufler son hostilité à l’égard de l’existence d’Israël ou même le fait qu’il se procure des missiles balistiques capables d’atteindre notre pays, a ajouté le représentant.  Israël ne cherche pas à entrer en conflit avec le gouvernement iranien.  Celui-ci de son côté a continué de développer ses programmes d’armes de destruction massive et ceux relatifs aux missiles.  Il fournit un soutien et encourage les tentatives du groupe terroriste Hezbollah dans le but de destabiliser nos frontières avec le Liban et s’oppose activement à toutes tentatives de paix entre Israël et ses voisins.   Le représentant a ajouté que la résolution intitulé “Risque de prolifération  nucléaire au Moyen-Orient” est dénuée de sens.  Ce texte vise à isoler Israël tout en ignorant totalement les problèmes sécuritaires et l’instabilité inhérente au Moyen-Orient.  Ce texte ignore également la profonde hostilité que nourrissent certains Etats envers Israël qui refusent toute forme de réconciliation ou de coexistence.  Nous souhaitons que nos voisins deviennent partenaires pour reconstruire un mécanisme régional de consultations sur le contrôle des armements et la sécurité régionale et qui envisage les mesures de confiance sous un jour positif.   Nous estimons que la communauté internationale doit faire plus pour lutter contre la prolifération des armes de destruction massive et celle des missiles balistiques en particulier dans les Etats qui soutiennent le terrorisme.


M. MOHAMMED MAHMOUD (Iraq) a déclaré que ce qui a été réalisé en matière de désarmement est bien en deçà des attentes de l’humanité confrontée aujourd’hui au risque d’un holocauste nucléaire. L’utilisation unilatérale de la force, les politiques d’hégémonie, les violations de la Charte et des droits de l’homme, l’ingérence dans les affaires des Etats sont devenus monnaie courante dans ce monde unipolaire contrôlé par une puissance arrogante qui vise à imposer ses propres conceptions et idées.  Ce que subit l’Iraq depuis plus de dix ans est un exemple des conséquences désastreuses de l’imposition de la force brute.  Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont imposé en 1991 une zone d’exclusion aérienne qui a été étendue en 1997 pour atteindre des objectifs qui sont éloignés de ceux que poursuit le régime de sanctions décidé par le Conseil de sécurité, qui est en lui-même une violation de la Charte des Nations Unies.  Ces faits s’ajoutent à l’appui aux groupes terroristes qui menacent l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance du pays. 


Le représentant a évoqué les résultats de la Conférence sur les armes légères en critiquant la position des Etats-Unis qui ont rejeté la possibilité de limiter les livraisons de ces armes aux Etats, ce qui ouvre la porte au trafic et facilite l’accès des mouvements sécessionnistes ou rebelles à ces armes.  A un moment où tout le monde parle de la nécessité de lutter contre le terrorisme, cet Etat abrite et finance des groupes terroristes et affecte à cette fin 87 millions de dollars.  Ne sommes-nous pas face à une violation du droit international ?  Ces activités ne sont-elles pas de nature terroriste?  Les Etats-Unis et le Royaume-uni ont utilisé plus de 300 tonnes d’uranium appauvri en Iraq en 1991 et plus de dix tonnes en 1999 en Yougoslavie.  Il est grand temps que la Première Commission étudie cette question de manière sérieuse.  La communauté internationale doit ouvrir des négociations pour mettre au point un traité international visant l’interdiction des munitions à uranium appauvri et la destruction des stocks existants. 


L’Iraq s’est acquitté de ses obligations découlant de la résolution 687 du Conseil de sécurité.  Ceci a été reconnu par l’AIEA.  L’Iraq n’acceptera rien de moins que la levée des sanctions et du blocus qui lui ont été imposés.  Toute offre qui ne comporterait pas l’engagement de restaurer à l’Iraq ses droits légitimes n’est pas acceptable.  L’entité sioniste qui occupe la Palestine détient des armes de destruction massive.  Cette entité raciste est le sixième détenteur d’armes nucléaires.  Cette stratégie est assortie d’une politique d’agression et d’expansion géographique.  La sécurité au Moyen-Orient exige l’élimination des armes de destruction massive de l’entité sioniste.  Ses installations nucléaires doivent être soumises au régime de garanties de l’AIEA.  La poursuite du programme nucléaire de l’entité sioniste est une menace à la sécurité de la nation arabe et de toute la région.  Le Conseil de sécurité doit veiller à la bonne application des dispositions en matière de non-prolifération tout en s’assurant que des garanties de sécurité sont accordées aux pays qui ne sont pas dotés de l’arme nucléaire.  Le représentant a estimé par ailleurs que l’imposition de sanctions constituait une arme génocide.


M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a déclaré que les attaques terroristes du 11 septembre ont notamment mis en lumière le risque que pose l’utilisation éventuelle d’armes biologiques et autres armes de destruction massive.  Il a rappelé les conclusions positives de la Conférence d’examen des Etats parties au TNP de mai 2000 qui envisageaient l’élimination totale des arsenaux nucléaires.  Il a souhaité que les engagements pris lors de cette Conférence soient respectés, en particulier par les Etats nucléaires, et que le prochain sommet entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie aboutisse à un accord sur une réduction plus importante des arsenaux et à l’entrée en vigueur de START II.  Il a rappelé que son pays a déposé ses instruments de ratification du TICEN auprès des Nations Unies et souhaité son entrée en vigueur rapide.  Il a également apporté son appui aux initiatives de création de zones exemptes d’armes nucléaires notamment par les Traités de Tlatelolco et de Bangkok.  Il a rappelé l’attachement de sa délégation aux dispositions du Traité ABM et à sa pérennité avant de souhaiter, s’agissant de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques, que la prochaine Conférence d’examen parvienne à la définition d’un protocole de vérification.  Il a poursuivi en regrettant les retards enregistrés par la Conférence du Désarmement depuis quatre ans et en souhaitant que des négociations s’engagent sur les questions de non-prolifération et de désarmement nucléaires. 


Il a assuré que son pays mettrait en œuvre les mesures convenues lors de la Conférence de juillet dernier sur le commerce illicite des armes légères et contenues dans le Programme d’action qui devrait selon lui être amélioré par le biais du processus de suivi.  Le représentant, tout en saluant les dispositions de la Convention d’Ottawa, a fait valoir le droit des Etats à faire usage de ce type d’armes pour assurer leur défense nationale et leur intégrité territoriale conformément aux dispositions de la Charte. 


M. BERTRAND FILS-AIME (Haïti) s’est interrogé sur ce qu’il serait advenu si les terroristes avaient, le 11 septembre dernier, fait main basse sur des armes que nombre de délégations persistent à considérer comme étant des engins de dissuasion.  Il a estimé que les terroristes nous ont persuadés cette fois-ci que les armes nucléaires, chimiques et biologiques ne sont pas vraiment des engins de dissuasion mais bien des instruments de pression et de chantage pour conserver des avantages stratégiques.  Il a ensuite déclaré qu’il est temps, pour ce qui est de cette Commission, de fortifier les ponts qui conduisent à la réalisation des engagements multilatéraux en faveur du désarmement.  Il a ensuite déploré le manque de progrès dans le domaine du désarmement et notamment que le TICEN ne soit pas encore entré en vigueur.  Il a rappelé que la sixième Conférence d’examen du TNP a abouti en mai 2000 à l’adoption par les Etats nucléaires de 13 mesures visant à l’élimination totale de leurs arsenaux nucléaires et regretté que quatre Etats, dont trois nucléaires, n’aient pas encore adhéré au TNP.  Il a ajouté


qu’Haïti n’avait jamais compris la logique de la doctrine de la dissuasion nucléaire, notamment au vu des résultats néfastes de la catastrophe du 6 août 1945 qui a pulvérisé Hiroshima et Nagasaki, et a déclaré que, maintenant que le carcan de la guerre froide a disparu, il nous faut œuvrer à l’élimination complète de ces armes. 


Le représentant a poursuivi en faisant observer que, pour la troisième année consécutive, la Conférence du Désarmement se trouve encore dans une impasse ce qui ne favorise pas l’avancement des négociations, notamment sur le traité d’interdiction de la production des matières fissiles à des fins militaires.  Il a souhaité que le Traité ABM demeure une garantie de stabilité stratégique et a apporté son soutien au projet de résolution sur la sauvegarde et le renforcement du Traité.  Il a ensuite demandé l’entrée en vigueur de START II et la conclusion de START III.  Il a souhaité également que la cinquième Conférence d’examen des Etats parties à la Convention sur l’interdiction des armes biologiques parvienne à conclure un protocole de vérification.  Il a souligné l’importance de la création de zones exemptes d’armes nucléaires avant de se réjouir des progrès enregistrés depuis l’entrée en vigueur de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  Il s’est ensuite réjoui du Programme d’action adopté par la Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères qui, bien qu’elle n’ait pas cherché à dégager des ressources supplémentaires pour la mise en œuvre du Programme d’action et qu’elle ne prévoit pas non plus l’interdiction des transferts d’armes à des entités non étatiques, représente un important point de départ pour une coopération internationale susceptible d’endiguer ce fléau. 


Droit de réponse


Le représentant de la République islamique d’Iran a regretté les remarques faites par le représentant d’Israël à l’encontre de son pays, faisant observer que le fait qu’Israël n’ait pas de légitimité pousse ce pays à proférer des accusations à l’encontre des autres Etats pour légitimer ses actions et ses pratiques de terreur et de domination au Moyen-Orient.  Il a déclaré qu’Israël, allant en cela contre la volonté de la communauté internationale qui l’exhorte à adhérer au TNP et persiste à conserver ses armes nucléaires.  Il a ajouté que le Gouvernement israélien s’est également engagé dans des programmes de développement des armes chimiques, raison pour laquelle il refuse d’adhérer à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  Il a poursuivi en expliquant que la République islamique d’Iran a adhéré aux différents instruments juridiques internationaux relatifs au désarmement et les a mis en œuvre.  Il a ensuite souhaité que la communauté internationale déploie tous les efforts possibles pour empêcher Israël de massacrer des populations innocentes qui luttent pour leur liberté au Moyen Orient. 


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.