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AG/COL/185

LE PROCESSUS DE DECOLONISATION DOIT ETRE MENE A BIEN, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL A L'OUVERTURE DU SEMINAIRE REGIONAL DES CARAIBES

24/05/2001
Communiqué de presse
AG/COL/185


LE PROCESSUS DE DECOLONISATION DOIT ETRE MENE A BIEN, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL A L'OUVERTURE DU SEMINAIRE REGIONAL DES CARAIBES


La Havane, 23 mai -- Les deux millions d'habitants des 17 territoires non autonomes doivent pouvoir exercer leur droit à l'autodétermination afin que le processus de décolonisation soit mené à bien, a déclaré M. Kofi Annan, Secrétaire général, dans un message lu par Mme Maria Maldonado, Chef de la Division de la décolonisation au Département des affaires politiques, à l'occasion de l'ouverture du Séminaire régional des Caraïbes qui se tient du 23 au 25 mai à La Havane (Cuba). 


Rappelant que l'Assemblée générale a proclamé, en décembre dernier, la Deuxième Décennie pour l'élimination du colonialisme, M. Annan a déclaré que ce séminaire est l'occasion d'engager à nouveau la communauté internationale à permettre à tous les peuples d'exercer leur droit à l'autodétermination, conformément aux résolutions de l'Assemblée générale sur la décolonisation.  Ces séminaires offrent l'occasion à quelque 2 millions d'habitants de ces territoires de faire entendre leurs voix et de leur permettre ainsi de sensibiliser la communauté internationale à leurs problèmes spécifiques.  Comme l'a fait remarquer le Secrétaire général, plus de 80 millions de personnes ont accédé à l'indépendance depuis l'adoption de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, en 1960, qui constitue avec la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l'homme, la base du rôle et de la responsabilité qui incombent aux Nations Unies en matière de démocratisation et de réalisation du principe d'autodétermination.


Pour M. Ricardo Alarcon de Quesada, Président de l'Assemblée nationale de Cuba, qui ouvrait le séminaire, la Première Décennie internationale pour l'élimination du colonialisme qui vient de s'achever ne sera pas reconnue comme celle où le processus de décolonisation a été mené à bien mais pourrait au contraire être reconnue comme la décennie durant laquelle les épidémies sont réapparues et la pauvreté s'est répandue et aggravée.  Evoquant l'Accord multilatéral sur l'investissement, qui a été rédigé, en 1994, sans la participation des peuples concernés d'Amérique latine et des Caraïbes, il a estimé qu'il constituait une tentative, de ceux qui déclarent soutenir la démocratie, de renforcer la domination de certains intérêts et qu'au lieu d'ouvrir la voie aux flux de capitaux, il tentait de limiter ces flux.  Rappelant que grâce à l'opposition de certains Etats d'Amérique latine, il n'a pas été accepté lors du Sommet des Amériques, à Québec, le mois dernier, il a fait observer que l'idée d'annexer toute l'Amérique latine et les Caraïbes à l'économie américaine reviendrait à les "Puerto-Ricaniser".  Ce faisant, il a déclaré que la décennie à venir devra être celle de la lutte des peuples contre la tendance à ignorer leurs droits fondamentaux.  La lutte est nécessaire pour faire échec au plan américain


visant à transformer toute l'Amérique latine et les Caraïbes en des territoires avec les mêmes institutions que celles qui sont imposées à Puerto Rico par la Puissance administrante.  Un siècle de domination politique et militaire n'est pas venu à bout de l'identité et de la culture de la population de Puerto Rico.  Les Portoricains continuent de parler espagnol et de défendre leur culture et leurs valeurs en rejetant l'arrogance de l'empire qui a détruit le territoire et la population de l'île de Vieques. Faire échec au plan américain est possible, les peuples de l'Amérique latine et des Caraïbes ont suffisamment de force morale et de capacité pour s'unir dans la résistance pour prévenir toute tentative d'annexion.  La Décennie débute dans un contexte où la lutte pour l'indépendance de Puerto Rico devient encore plus significative qu'auparavant. 


M. Harri Holkeri, Président de l'Assemblée générale, dans un message lu par M. Patrick Albert Lewis (Antigua-et-Barbuda), a déclaré que le séminaire régional des Caraïbes devait être l'occasion d'apprendre davantage sur la situation actuelle des territoires non autonomes, en particulier ceux qui sont situés dans la région des Caraïbes, et d'écouter les opinions de leurs habitants.  En cette occasion, a-t-il poursuivi, on peut porter un regard fier aux réalisations du passé et surtout se concentrer sur l'avenir et  sur l'important travail de concertation qui doit être effectué afin de libérer le monde du colonialisme.  A cette fin, les Puissances administrantes doivent coopérer avec le Comité spécial et les institutions spécialisées du système des Nations Unies doivent porter assistance à ces territoires. 


L’ouverture du Séminaire coïncidant avec la célébration de la Semaine de solidarité avec les peuples des territoires non autonomes, M Julian Robert Hunte, Ministre des affaires étrangères et du commerce international de Sainte Lucie et Président du Comité spécial, a déclaré que ces deux événements sont  l'occasion de réitérer l'engagement de la communauté internationale à mettre un terme à l'anachronisme de la colonisation et ce, conformément aux principes d'égalité politique, les objectifs de la Charte des Nations Unies et les résolutions pertinentes de l'Organisation.  Il a fait valoir l'importance du rôle qu'ont joué, dans le processus de décolonisation des années 90, les séminaires régionaux, en tant que forum d'échange d'informations entre territoires, ONG, Etats Membres, et experts.  S'agissant de l'opportunité d'organiser un tel séminaire à New York, il a estimé que cela pourrait être utile mais que cela ne devrait pas venir remplacer les séminaires régionaux et a appelé ceux qui souhaiteraient que ces séminaires se tiennent à New York à faciliter plutôt la participation des représentants des territoires à la session annuelle du Comité spécial en juillet. 


M. Hunte a souligné que le principe de la pleine et absolue égalité politique doit continuer à être la norme pour ce qui des processus d'autodétermination des petits territoires insulaires, en faisant en sorte d'éviter le spectre des "colonies à perpétuité", entendues comme les modèles sophistiqués de gouvernance coloniale qui permettent de percevoir les territoires comme autonomes au mépris de la réalité.  Il a estimé que la première leçon à retenir de la Première Décennie pour l'élimination du colonialisme est qu'une coordination largement accrue entre les institutions du système des Nations Unies est nécessaire pour relever le défi de la décolonisation et du développement de ces territoires.  A cet égard, il a suggéré que le Comité spécial tienne une réunion conjointe avec le Conseil économique et social pour définir les moyens de permettre au système des Nations Unies dans son ensemble de s'acquitter de son mandat à l'égard des territoires non autonomes.  Qualifiant la responsabilité des

Puissances administrantes à cet égard de statutaire, il a estimé qu'au-delà du


processus de dialogue informel existant, il était temps pour le Comité spécial et les Puissances administrantes d'envisager une coopération formelle associant les représentants des territoires.  Il a également estimé que le Comité spécial doit envisager ce premier Séminaire régional de la Deuxième Décennie pour l'élimination du colonialisme comme un pas critique vers la définition de stratégies internationales visant à assurer l'exercice du droit d'autodétermination dans tous les territoires non autonomes restants.  Aucune limitation à cet objectif ne pourra être acceptée, a-t-il conclu. 


S'agissant du dialogue entre les puissances administrantes et le Comité spécial, M. Fayssal Meykdad, Rapporteur, a indiqué que le Comité a continué à discuter avec les Puissances administrantes de la formulation de programmes de travail spécifiques au cas par cas pour chacun des territoires.  Le Comité, a-t-il poursuivi, a adopté une approche en termes de programmes de travail spécifiques dans lequel les objectifs à atteindre sont établis, les activités à menées sont décrites et les délais inscrits pour chacun des territoires, les spécificités de chacun de ces territoires étant prises en compte.  A cet égard, il a précisé que le Comité attend toujours la présentation des deux premiers programmes spécifiques par les Puissances administrantes pour Pitcairn et des Samoa américaines.  S'agissant du choix du futur statut du territoire non autonome, M.- Meykdad a rappelé que le Comité considère qu'il doit être fait conformément à la Déclaration et aux résolutions pertinentes, et que l'on doit pouvoir attester d'un acte d'autodétermination.


Le représentant des îles Vierges américaines, M. Carlyne Corbin, a souligné l'importance que revêtent les contacts directs entre les représentants des territoires non autonomes et les Nations Unies.  Il a estimé que la tenue des séminaires est un des succès du Plan d'action de la première Décennie pour l'élimination du colonialisme et qu'il ressortait de ces derniers que la participation des Nations Unies à l'acte final d'autodétermination était d'une grande importance tant il est nécessaire que les droits inaliénables des peuples des territoires soient garantis par un intermédiaire neutre, qui se doit d'être les Nations Unies.  Il a par ailleurs rappelé que lors de ces séminaires les questions de l'exploitation et de la propriété des ressources naturelles et du rôle des Nations Unies dans le développement économique et social des territoires avaient été soulevées.


M. Théo Gittens, Représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a fait état des programmes d'aide du PNUD dans les Caraïbes.  Le PNUD, a-t-il expliqué, centre ses programmes d'aide, que ces soit au plan régional ou par pays, sur l'élimination de la pauvreté et dans les domaines de l'énergie, de l'environnement et des technologies de l'information.  Le PNUD a également apporté de l'aide aux territoires à la suite de catastrophes naturelles. Pour 2001-2005, les plans sont centrés sur la réduction de la pauvreté et la lutte contre le VIH/sida. 


M. Fred Philips, expert d'Antigua-et-Barbuda, a expliqué que selon le statut d'Etat associé définit par le Royaume Uni, les territoires concernés disposeraient de leur souveraineté dans les affaires intérieures tandis que les questions de défense et les questions relatives aux affaires étrangères seraient réglées par le Royaume-Uni.  IL a souligné qu'aucun territoire insulaire des Caraïbes ne devrait s'entendre dire qu'il est trop petit ou trop pauvre pour rejoindre le cercle des nations et que les Nations Unies devaient se tenir disposées à venir en aide à ces territoires s'ils connaissaient des difficultés économiques une fois leur indépendance acquise. 

M. Walter Brown, expert des Bermudes, a souligné que le Livre Blanc publié en 1999 par le Royaume-Uni avait été qualifié à sa sortie comme une avancée mais qu'il avait entraîné une réduction des pouvoirs traditionnellement reconnus aux territoires.  Le stade ultérieur devrait être la définition des modalités d'autodétermination pour chacun des territoires, conformément à la Charte des Nations Unies.  En l'absence d'initiatives du Royaume-Uni en ce sens, le Comité spécial a du chercher d'autres méthodes pour résoudre cette ancienne question. 


Mme Olga Mirand, experte de Cuba, a déclaré que le Mouvement des non-alignés considère les activités et les bases militaires menées par les Puissances administrantes dans les territoires autonomes comme d'occupation, de domination coloniale et qu'elles constituent une  menace à la paix et à la sécurité. 


Mme Phyllis Flemming-Banks, experte d'Anguilla, a indiqué que la Constitution de 1990 prévoit un Gouverneur pour Anguilla chargé de la défense, des affaires extérieures, de la sécurité intérieure et des  services publics, judiciaires et juridiques.  Elle a indiqué que tandis qu'en publiant son Livre Blanc, le Royaume-Uni pensait s'acquitter de ses responsabilités coloniales et retirer ses territoires de la liste des territoires non autonomes, la réalité avait montré que "le haut degré d'autonomie" était en fait très restreint et limité.  En témoignait un décret visant à légaliser l'homosexualité à Anguilla et ce, contre l'avis général de la population du territoire.  Contrairement à la manière dont était envisageait le nouveau partenariat par le Gouvernement britannique, on était plutôt témoins d'un resserrement de l'emprise coloniale sur les territoires que de leur autonomie croissante.  Dans ce contexte, le Comité spécial se doit d'explorer de nouvelles voies afin de s'acquitter de ses obligations envers les peuples des territoires non autonomes.  


M. Felipe Perez Roque, Ministre des affaires étrangères de Cuba était également présent.


L'objectif principal du Séminaire, organisé par le Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux ou Comité des 24, est d'évaluer la situation dans les territoires non autonomes, en particulier leur évolution constitutionnelle vers l'autodétermination.  Il est également prévu d'identifier les domaines dans lesquels la communauté internationale pourrait accroître et renforcer sa participation aux programmes d'aide et adopter une approche globale et intégrée pour assurer le développement politique et le développement socioéconomique des territoires concernés.


Le Séminaire examinera, entre autres, les stratégies pour la Deuxième Décennie pour l'élimination du colonialisme; le rôle du Comité spécial pour faciliter la décolonisation des territoires non autonomes; développement de stratégies pour renforcer l'assistance des institutions du système des Nations Unies aux territoires non autonomes; la situation économique, politique et social dans les territoires non autonomes, en particulier ceux des Caraïbes; les conditions socioéconomiques dans les territoires non autonomes et leurs effets sur la décolonisation.


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