AG/1247

L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE PRIE LES ÉTATS-UNIS DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER APPLIQUÉ À CUBA

27/11/2001
Communiqué de presse
AG/1247


Assemblée générale

64ème séance plénière – matin


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE PRIE LES ÉTATS-UNIS DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE,

COMMERCIAL ET FINANCIER APPLIQUÉ À CUBA


L’Assemblée générale a adopté ce matin par 167 voix pour, 3 voix contre (États-Unis, Israël, Îles Marshall) et 3 abstentions (Nicaragua, Lettonie, Micronésie), une résolution présentée par le Ministre des relations extérieures de Cuba sur la nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les Etats-Unis d’Amérique.  Par cette résolution, l’Assemblée en outre exhorte à nouveau les Etats qui continuent d’appliquer des lois et des règlements dont les effets extraterritoriaux portent atteinte à la souveraineté d’autres Etats ainsi qu’à la liberté du commerce et de la navigation, à faire le nécessaire pour les abroger ou en annuler l’effet le plus tôt possible.


Au cours du débat, le Ministre des relations extérieures de Cuba, tout en exprimant sa satisfaction suite à l’autorisation accordée par le Gouvernement américain, après les catastrophes provoquées par le cyclone Mitchell, de vendre une quantité donnée d’aliments, de médicaments et de matières premières à Cuba et de les payer en dollars, n’en a pas moins regretté que ce geste ponctuel ne signifie pas la levée du blocus demandée par Cuba.


De nombreuses délégations ont d’ailleurs apporté leur appui à cette demande en soulignant notamment, tel que l’a fait le représentant du Venezuela, que l’embargo entre en contradiction avec la réalité de la mondialisation.  Une grande majorité des délégations a fait remarquer que ce blocus, et en particulier la loi Helms-Burton, viole le droit international, les principes de la Charte des Nations Unies et est contraire au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État.


Dans son explication de vote, l’Union européenne, a rappelé que la politique commerciale des Etats-Unis à l'égard de Cuba demeurait une question bilatérale.  Elle n’en a pas moins exprimé cependant son opposition au caractère extraterritorial de l'embargo.  Le représentant de l’Union a ajouté que l’Union européenne était favorable à un processus de transition progressif et pacifique vers une démocratie pluraliste à Cuba ainsi que le redressement économique du pays. 


Le représentant des Etats-Unis, dans son explication de vote, a justifié le maintien de l’embargo par le souci de son Gouvernement de faire respecter les droits de l’homme à Cuba.   En effet, a-t-il précisé, l’embargo est imposé pour des raisons politiques et pour la promotion de la démocratie et des droits de l’homme à Cuba.  Il a estimé que cette question n’était pas du ressort de l’Assemblée générale dans la mesure où elle relève des relations politiques bilatérales.


Les délégations suivantes se sont également exprimées au cours du débat: Malaisie, Iran, Afrique du Sud, Mexique, République arabe syrienne, République démocratique populaire lao, Chine, Liban, Myanmar, Zambie, Jamaïque au nom de la communauté des Caraïbes, Bélarus.


L’Assemblée générale reprendra ses travaux cet après-midi, à 15 heures.


NECESSITE DE LEVER LE BLOCUS ECONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER APPLIQUE A CUBA PAR LES ETATS-UNIS D’AMERIQUE


Dans son rapport sur la nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les Etats-Unis (A/56/276 et Add.1), le Secrétaire général transmet les réponses apportées par les gouvernements et organes des Nations Unis à la demande qu’il leur avait faite de transmettre toutes les informations qu’ils jugeraient utiles aux fins de l’établissement de son rapport, en application de la résolution 55/20 de l’Assemblée générale.  Par cette résolution, l’Assemblée disait sa préoccupation devant le fait que des Etats Membres continuent de promulguer ou d’appliquer des lois et règlements tels que la loi promulguée le 12 mars 1996 et connue sous le nom de «loi Helms-Burton», dont les effets extraterritoriaux portent atteinte à la souveraineté d’autres Etats et aux intérêts légitimes d’entités ou de personnes placées sous leurs juridictions, ainsi qu’à la liberté du commerce et de la navigation, leur demande à nouveau instamment de faire le nécessaire pour les abroger ou pour en annuler l’effet et prie le Secrétaire général d’établir un rapport sur l’application de la résolution.


Projet de résolution (A/56/L.9)


Dans sa résolution consacrée à cette question, l’Assemblée générale, préoccupée par le fait que des Etats Membres continuent de promulguer et d’appliquer des lois et règlements, tels que la loi promulguée le 12 mars 1996, connue sous le nom de «loi Helms-Burton», dont les effets extraterritoriaux portent atteinte à la souveraineté d’autres Etats et aux intérêts légitimes d’entités ou de personnes placées sous leur juridiction ainsi qu’à la liberté du commerce et de la navigation, demande à nouveau instamment aux Etats qui continuent d’appliquer des lois ou des mesures de ce type de faire le nécessaire, conformément à leur système juridique, pour les abroger ou en annuler l’effet le plus tôt possible. 


Déclarations


M. AGAM HASMY (Malaisie) a déclaré que cette question avait de graves incidences dans la région.  C’est pourquoi plus des deux tiers des États Membres ont voté l’an dernier en faveur de la levée du blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba, a-t-il précisé.  Il s’est dit opposé à tout embargo contre un État, car cela va à l’encontre de l’esprit de la Charte des Nations Unies et des principes fondateurs de l’Organisation.  Il a également observé que l’application de la loi Helms-Burton de 1996 qui avait pour but de restreindre l’accès de Cuba aux marchés technologiques et financiers constitue une violation flagrante des principes du droit international, mais aussi de ceux de l’OMC et de nombreuses résolutions des Nations Unies. 


Le représentant a déclaré en outre que ces dispositions allaient à l’encontre des droits du peuple cubain parce qu’elles entraînent des dommages économiques immenses avec les conséquences sociales que l’on imagine.  Fermes partisans du libre-échange, les Etats-Unis feraient bien de reconsidérer leur approche générale à l’égard de Cuba et de sa politique qui vise à isoler ce pays, a-t-il ajouté.  Il a également suggéré que les Etats-Unis saisissent l’occasion de cette année 2001, promue Année du dialogue entre les civilisations, pour développer de nouveaux échanges et de nouvelles relations avec leurs voisins,


dans le nouvel esprit de cette époque marquée par la mondialisation des échanges.  Dans cet ordre d’idées, il s’est félicité des mesures nouvelles permettant aux sociétés américaines de fournir des médicaments aux populations nécessiteuses à Cuba.  Il a également réaffirmé l’engagement pris par la Malaisie de respecter la souveraineté des États, le principe de non-ingérence et de la liberté de commerce.  En conclusion, il a demandé à la communauté internationale de mettre fin à ce blocus qui est contraire à l’esprit de la Charte des Nations Unies et a appelé les délégations à soutenir le projet de résolution présenté. 


M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d’Iran) a estimé que l’embargo économique, commercial et financier imposé à Cuba contrevenait à toutes les lois et principes qui régissent les relations internationales; il viole les dispositions de la Charte des Nations Unies ainsi que les lois régissant le commerce et les conventions afférentes.  Nous respectons tous le droit souverain des Etats de choisir leurs systèmes politique, économique, social et culturel, sans ingérence de quelque sorte que ce soit de la part d’un autre Etat, a-t-il déclaré.  Cependant comme l’objectif ultime du recours à des mesures coercitives unilatérales quelles que soient leurs formes, est de créer des difficultés politiques et économiques et l’instabilité dans les pays visés, la République islamique d’Iran, comme presque tous les autres membres de la communauté internationale, demande que soit supprimé l’embargo économique et commercial imposé à Cuba et pense que les divergences entre les Etats devraient être réglées de façon pacifique.


Reconnaissant les difficultés économiques, sociales et financières auxquelles Cuba est confrontée du fait de l’embargo, ma délégation estime, comme les autres membres du Groupe des 77, que l’embargo économique ne fait que maintenir la tension entre deux pays voisins et prolonge les souffrances de la nation cubaine.  Elle apportera son soutien à toutes les mesures que l’Assemblée générale pourrait prendre pour régler ce problème de manière pacifique et en s’appuyant sur la Déclaration relative aux principes du droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les Etats conformément à la Charte des Nations Unies. Elle votera par conséquent en faveur du projet de résolution sur cette question, a-t-il conclu.


Mme JEANETTE NDHLOVU (Afrique du Sud) a exprimé la conviction de son pays en un monde meilleur dans lequel les nations peuvent coexister de façon pacifique en harmonie avec le droit international qui guide tous les États civilisés.  C’est pourquoi, elle a déclaré sa délégation opposée au blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba, parce qu’il provoque des souffrances indicibles pour les Cubains et aboutit à des problèmes économiques et sociaux considérables dont étaient victimes les femmes et les enfants cubains.  C’est pour cette raison que nous avons demandé au Gouvernement des Etats-Unis de mettre fin à ce blocus économique, commercial et financier qui a été imposé unilatéralement en violation complète de la Charte des Nations Unies, a-t-elle ajouté. 


Par ailleurs, elle a rappelé que les ministres des pays non alignés réunis à New York le 14 novembre dernier ont exprimé leur opposition à toutes mesures qui visent à empêcher des pays à déterminer leur propre système politique, à effectuer leur développement social et économique, surtout lorsque ces mesures sont contraires au droit international, aux normes et principes qui régissent les relations pacifiques entre les États et ceux de la Charte des Nations Unies. 


C’est pourquoi, la représentante de l’Afrique du Sud a demandé que ces sanctions soient rejetées.  Ces mesures n’ont rien à faire dans un monde civilisé où la règle est la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un autre État et le respect de la souveraineté, a-t-elle précisé.  En conclusion, Mme Ndhlovu a déclaré qu’elle était persuadée que seul un dialogue constructif peut aboutir à un climat de confiance entre ces deux pays et engendrer une coexistence pacifique et harmonieuse.  Dans ce contexte, elle a déclaré que le minimum que les États Membres se devaient de faire était de soutenir le projet de résolution présenté ce jour.


M. JORGE EDUARDO NAVARRETE (Mexique) a indiqué que son pays a toujours rejeté l’imposition unilatérale de mesures coercitives dans les relations internationales et a exprimé à plusieurs occasions son rejet de sanctions politiques et économiques qui ne sont pas décidées par le Conseil de sécurité ou par l’Assemblée générale.  Nous avons également manifesté à maintes reprises notre rejet de l’embargo économique, commercial et financier imposé à Cuba et avons appuyé toutes les résolutions approuvées par l’Assemblée générale relatives à la nécessité d’y mettre fin, a-t-il poursuivi.  Le Mexique respecte le droit inaliénable de tous les Etats à élire leurs systèmes économique, politique, social et culturel en accord avec les souhaits de leurs populations.  C’est pour cette raison que le Mexique n’a promulgué ou appliqué aucune disposition légale de portée extraterritoriale, a-t-il ajouté. 


Le représentant a précisé que son pays avait accordé plusieurs financements à Cuba par le biais de la Banque nationale du commerce extérieur et négociait actuellement un instrument financier grâce auquel le Mexique augmentera ses échanges commerciaux.  Il a déploré les effets négatifs de l’embargo sur la population cubaine et a annoncé que la délégation mexicaine voterait en faveur de la résolution présentée.


M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a souhaité que l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba disparaisse en vertu de la Charte des Nations Unies qui affirme le principe de la souveraineté des peuples et le devoir de non-ingérence.  Le respect de la Charte est la clef de voûte de l’action internationale, a poursuivi le représentant, et la mise en oeuvre de mesures extraterritoriales est une atteinte à la liberté, une violation à la Charte et des règles qui gouvernent l’ordre économique et politique international.  Le représentant a regretté que Cuba souffre de l’embargo et qu’il touche particulièrement les enfants, les vieillards et les couches vulnérables de la population.  Il s’est félicité de la volonté de dialogue manifestée par Cuba et il a souhaité qu’il puisse s’instaurer sur la base du respect mutuel nécessaire entre les États car la normalisation des relations est dans l’intérêt des deux pays.  Le représentant a en outre rappelé que chaque peuple a le droit de choisir le système économique et social qui lui convient et il a exprimé l’espoir, en conclusion, que l’embargo disparaisse et que la communauté internationale puisse faire entendre sa voix aux États-Unis.


M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a indiqué que le blocus économique, financier et commercial imposé à la République de Cuba par les Etats-Unis d'Amérique ne profite à aucune des deux parties.  Bien au contraire, a-t-il ajouté, ce blocus ne sert qu'à maintenir les tensions qui existent entre ces deux pays et représente une source de grandes souffrances pour le peuple cubain.  La République démocratique populaire lao est d'avis que les pratiques commerciales discriminatoires et l'application extraterritoriale des


lois internes vont à l'encontre des principes et des buts de la Charte des Nations Unies et sont contraires à l'esprit de coopération et du dialogue entre Etats qui prévaut actuellement à ce moment de l'Histoire.  Mon pays n'a ni promulgué, ni appliqué de loi, de réglementation ou de mesure dont les effets extraterritoriaux porteraient atteinte à la souveraineté d'autres Etats, ainsi qu'à la liberté du commerce et de la navigation, a-t-il fait remarquer.


Le représentant a, en outre, estimé que chaque pays a le droit de choisir son système social et son mode de développement et qu'aucun pays n'a le droit de s'ingérer dans les affaires intérieures d'un autre Etat.  La communauté internationale, a-t-il poursuivi, devrait tout mettre en œuvre afin de créer un environnement économique propice, offrant à tous les pays, y compris à la République de Cuba, des chances égales pour tirer profit des systèmes financiers et commerciaux internationaux.  Nous ne pouvons punir un peuple, tout un peuple, le «peuple cubain».  C'est dans cet esprit que ma délégation, comme les années précédentes, votera en faveur du projet de résolution contenu dans le document A/56/L.9, présenté par la République de Cuba, a-t-il conclu.


M. FELIPE PEREZ ROQUE (Ministre des relations extérieures de Cuba) a souligné avec satisfaction l’autorisation donnée par les États-Unis, à titre exceptionnel et suite aux graves dégâts occasionnés par le cyclone Michelle, de vendre à Cuba une quantité donnée d’aliments, de médicaments et de matières premières pour les produire et de payer les fournisseurs directement en dollars.  À cet égard, il s’est félicité de la nature des échanges diplomatiques récents entre les États-Unis et son pays qui, à la différence de ce qui s’était passé bien souvent autrefois, se sont déroulés sans tensions, dans un climat de respect et de coopération.  Cependant, le Ministre s’est demandé s’il sera possible, un jour, sur la base de la morale, du droit international et de la justice, d’expliquer comment les États-Unis maintiennent de manière obsessionnelle, depuis quarante ans, leur blocus économique, financier et commercial contre Cuba.  Il a précisé que si Cuba a pu, au moins une fois, acheter quelque chose aux États-Unis, cela ne signifie pas pour autant la levée du blocus.  Ce dernier est le principal obstacle au développement économique de Cuba et il est responsable des souffrances et des privations de millions de Cubains, a poursuivi le Ministre.  Il a néanmoins précisé que Cuba n’est pas prête à faire des concessions contraires à ses principes en échange de la levée du blocus.  Une telle levée impliquerait notamment que le gouvernement nord-américain déroge aux lois Helms-Burton et Torricelli et élimine la prohibition absurde en vertu de laquelle les articles que les États-Unis importent ne doivent pas contenir des matières premières cubaines.  Il faut également, a ajouté le Ministre, permettre à Cuba d’accéder au système financier nord-américain et international, l’autoriser à utiliser des dollars dans ses transactions extérieures et à acheter et à exporter librement sur le marché nord-américain.  De même, le Ministre a estimé que les citoyens nord-américains doivent pouvoir voyager librement à Cuba. 


M. Perez Roque a poursuivi en indiquant que la fin de la politique d’agression que dix administrations successives nord-américaines ont exécutée contre Cuba avec une rigueur implacable exige que le Gouvernement des États-Unis déroge à la loi d’ajustement cubain responsable de la mort de milliers d’immigrants illégaux, qu’il coopère avec Cuba à la lutte contre le trafic de drogues et qu’il cesse d’inclure arbitrairement Cuba dans la liste d’États parrainant le terrorisme.  M. Perez Roque a estimé que le blocus est illégal et qu’il porte atteinte au commerce international et à la liberté de navigation. 


Il a fait observer qu’il n’est pas soutenu par la majorité aux États-Unis et qu’on constate au Sénat et à la Chambre des représentants un consensus évident en faveur d’un changement de politique.  De même, il a rappelé que le blocus est repoussé par la communauté internationale et, au nom du peuple cubain, au nom du droit international, au nom de la raison, au nom de la justice, il a demandé à l’Assemblée générale d’exprimer à nouveau son soutien à la levée du blocus.


M. SHEN GUOFANG (République populaire de Chine) a indiqué que l'embargo économique, commercial et financier imposé par les Etas-Unis contre Cuba n'a fait aucun bien mais a entretenu une extrême tension dans les relations entre les deux voisins.  Le blocus, a-t-il ajouté, a créé d'énormes difficultés pour le peuple cubain dans ses efforts en vue de son développement économique et social et en vue de la mise en place de réformes. Il a imposé d'immenses souffrances aux femmes et aux enfants; et il a nuit aux échanges économiques entre Cuba et d'autres pays.  Il est donc temps de mettre fin immédiatement à ce phénomène, a-t-il déclaré.


Le Gouvernement chinois, a poursuivi le représentant, a toujours privilégié le respect total de l'égalité souveraine, la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays ainsi que les autres normes internationales.  Tous les pays ont le droit de choisir leur propre système social, leurs modalités de développement à la lumière de leur situation nationale.  C'est une violation des objectifs et des principes de la Charte des Nations Unies ainsi que des normes internationales que de forcer un pays à renoncer aux modalités de développement qu'il a choisies.  La communauté internationale souhaite vivement qu'un certain pays renonce à sa pratique de l'embargo économique et adopte une approche marquée par le dialogue plutôt que d'isolation et d'affrontement et résolve ses différends avec d'autres pays grâce au dialogue constructif et à la négociation.  Nous espérons, a-t-il conclu, que le Gouvernement des Etats-Unis pourra suivre le cours de l'Histoire en prenant des mesures constructives visant à mettre en œuvre les résolutions pertinentes des Nations Unies et lever complètement son embargo économique, commercial et financier contre Cuba.


M. MILOS ALCALAY (Venezuela) a exprimé son désaccord face à la promulgation et à l’application de lois qui ont des effets extraterritoriaux et qui portent atteinte à la souveraineté des États.  En effet, l’application de mesures unilatérales comme celles infligées au peuple de Cuba depuis 1996 est en contradiction avec la réalité du monde moderne en termes de libre-accès aux marchés et de consolidation des processus d’intégration qui constituent des éléments fondamentaux de la mondialisation.  Dans ce contexte, le Venezuela rejette toute mesure nationale d’un État qui s’oppose au droit international et qui tente d’imposer ses propres lois à un pays tiers.  C’est pour ces raisons que le représentant a exhorté les États-Unis à mettre un terme à l’application de la loi Helms-Burton, conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.  Il a rappelé que le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba est contraire au droit international, au principe de la libre détermination et s’oppose à l’aspiration légitime des peuples au bien-être.  C’est la raison pour laquelle le Venezuela votera en faveur de la résolution à l’examen ce matin, a conclu le représentant.  


M. GUMA AMER (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que la communauté internationale avait réaffirmé son rejet catégorique du blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les Etats-Unis.  Il a regretté que l’administration américaine n’ait pas renoncé à cette approche bien que la plupart de ses partenaires économiques y soient opposés.  Il a dénoncé ce comportement qui persiste malgré l’adoption de neuf résolutions à ce sujet qui montrent la voie de la communauté internationale.  Le dur blocus appliqué depuis plus de 40 ans a de graves conséquences pour le peuple cubain notamment pour les segments les plus vulnérables de la société comme les enfants ou les personnes âgées, comme cela a été souligné dans de nombreux rapports, a-t-il précisé. 


Le représentant a mis l’accent sur le refus par les Etats-Unis de respecter les lois qui régissent la liberté de commerce empêchant même les autres États de commercer avec le pays qu’ils souhaitent sanctionner.  Il a précisé que depuis 1982, un blocus empêche les étudiants libyens d’étudier aux Etats-Unis et que les avoirs libyens sont gelés aux Etats-Unis.  Il a également observé que les justifications de ce blocus sont bien futiles et ne justifient en aucun cas l’ingérence dans les affaires intérieures cubaines.  En conclusion il a rappelé que le peuple cubain comme tous les peuples du monde souhaite vivre en paix et en relation de bon voisinage et a exprimé l’espoir que la raison l’emportera sur la volonté de puissance effrénée.  Il a appelé les Etats-Unis à entamer un véritable dialogue avec Cuba et à engager la communauté internationale à reconnaître que cette politique allait à l’encontre de l’esprit de la Charte des Nations Unies et de toute politique constructive entre les États. 


M. KYAW TINT SWE (Myanmar) a fait observer que, pendant presque une décennie, l’Assemblée générale avait demandé instamment aux Etats Membres de ne pas promulguer ou appliquer des lois ayant des effets extraterritoriaux et qu’elle avait également demandé aux membres qui continuaient à appliquer de telles lois, de les retirer ou de les abroger.  Il a rappelé que la Déclaration du Millénaire avait demandé à la communauté internationale de résoudre ses différends de façon pacifique et conforme aux principes du droit international.  Il a également attiré l’attention sur le fait que les Ministres des affaires étrangères, réunis aux Nations Unies il y a deux semaines, ont exprimé leur opposition à l’application de mesures ou de législations qui aient des effets extraterritoriaux ainsi qu’à l’imposition de mesures économiques coercitives contre un membre des pays en développement.  Le maintien de l’embargo économique, commercial et financier imposé à Cuba par les Etats-Unis contrevient aux principes du droit international, au respect de l’égalité souveraine des Etats et à la liberté du commerce et de la navigation internationale, a –t-il déclaré.  Nous nous opposons par conséquent fermement à des mesures telles que la loi Torricelli, la loi Helms-Burton et d’autres réglementations relatives à un embargo.  La poursuite de cette politique pendant plus de quatre décennies, n’a pas servi les intérêts des deux pays.  Pour toutes ces raisons, l’appel de la communauté internationale à lever l’embargo contre Cuba ne peut pas être ignoré plus longtemps.


M. MATHIAS DAKA (Zambie) a indiqué que sa délégation, sur la base des informations rassemblées par le Secrétaire général, voterait à nouveau en faveur de la résolution A/56/L.9.  Notre vote s’appuie sur l’adhésion de mon gouvernement à la Charte des Nations Unies qui lie tous les Etats Membres, a-t-il précisé.  Mon gouvernement est préoccupé par l’atteinte au principe de la liberté du commerce et de navigation que constitue l’embargo.  Il a estimé que les Nations Unies devraient commencer à étudier les moyens d’aider les autorités cubaines à surmonter l’héritage de 42 ans d’embargo.


M. MOHAMMED A. ALDOURI (Iraq) a déclaré que le peuple cubain souffrait depuis plus de 40 ans du blocus appliqué par les Etats-Unis au mépris du droit international, de la liberté du commerce et de l’esprit de la Charte des Nations Unies.  Il a souligné que rien ne justifiait de telles sanctions qui allaient à l’encontre des principes de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État et du respect de la souveraineté.  Il a également regretté que depuis la fin de la guerre froide les Etats-Unis se livraient à une politique d’hégémonie dont de nombreux pays étaient victimes.  Plus de 1,5 million d’Iraqiens, notamment des enfants et des personnes âgées, sont morts suite aux conséquences du blocus américains contre l’Iraq qui avait pourtant honoré toutes ses obligations internationales.  Il a appelé à la levée du blocus économique, commercial et financier décrété unilatéralement contre Cuba, un pays ami, et a demandé à la communauté internationale de réagir pour affirmer qu’il ne pouvait pas y avoir de différences de traitement entre les pays selon qu’ils soient petits, grands, riches ou pauvres, ou en fonction de leur système politique. 


Le représentant a déclaré que la loi Helms-Burton de 1996 avait des conséquences extraterritoriales néfastes sur toute la région, puisqu’elle portait atteinte à la souveraineté d’autres États et à leur possibilité de commercer avec Cuba, ce qui était une violation flagrante de la Charte des Nations Unies, mais aussi du droit commercial international.  En conclusion, il a appelé les Nations Unies à mettre fin à cet embargo, mais aussi à toutes formes de sanctions économiques afin que nous puissions sortir de cette loi de la jungle.


M. PATRICK ALBERT LEWIS (Antigua-et-Barbuda) s’exprimant au nom des pays de la Communauté des Caraïbes s’est associé aux États Membres qui ont exprimé leur volonté de mettre fin au blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba.  Il s’est déclaré opposé à toutes mesures ou sanctions qui niaient l’égalité souveraine des États, le droit international et la liberté du commerce.  Les États de la Caricom se sont efforcés de faciliter l’intégration de Cuba à la sous-région, a-t-il encore ajouté.  En conclusion, il a souligné la nécessité de relancer le dialogue entre les deux pays et a demandé aux délégations de soutenir le projet de résolution présenté. 


M. NGUYEN THAN CHAU (Viet Nam) a déclaré que l’embargo imposé à Cuba par les États-Unis, par sa durée, devrait entrer dans le Guinness Record Book.  Certaines choses doivent être jugées par l’Histoire mais cet embargo peut d’ores et déjà être considéré comme étant trop long et contre-productif.  Il s’oppose aux principes et aux normes du droit international en ce qu’il oblige le peuple cubain à abandonner le type de développement qu’il a choisi, a estimé le représentant, et il fait souffrir des populations innocentes.  C’est pourquoi, la communauté internationale condamne de façon unanime les sanctions prises par les États-Unis à l’encontre de Cuba et demande qu’elles soient levées afin de permettre à ses habitants de centrer leur énergie sur la reconstruction de leur pays pour une vie meilleure.  L’Assemblée générale, à une écrasante majorité, continue de voter en faveur des résolutions qui visent à mettre un terme à l’embargo économique, commercial et financier.  Le Viet Nam, dans ce contexte, continuera de faire le même choix.


M. SERGEI LING (Bélarus) a déclaré que ce débat nous donne une fois de plus l’occasion de réaffirmer notre attachement au respect de l’égalité souveraine des États, la liberté du commerce et du droit international.  La République du Bélarus estime que les différends internationaux ne doivent être réglés que par le dialogue et dans le cas précis d’un réglement point par point grâce à un dialogue renoué entre les deux États, a-t-il ajouté.  C’est pourquoi, il a demandé aux délégations d’appuyer ce projet de résolution. 


M. TJI-TJAI UANIVI (Namibie) a déclaré que l’embargo commercial, économique et financier imposé à Cuba doit être levé en vertu de la Charte des Nations Unies qui impose un respect de la souveraineté et de l’intégrité de tous les États, grands ou petits.  Il a regretté que le peuple cubain souffre depuis quarante ans des mesures imposées par les États-Unis en violation du droit international.  Dans ce contexte, le représentant a indiqué que sa délégation votera en faveur de la résolution.


Explications de vote


M. STEPHANE DE LOECKER (Belgique), s'exprimant au nom de l'Union européenne et des pays associés, a indiqué que l'Union estimait que la politique commerciale des Etats-Unis à l'égard de Cuba demeurait une question bilatérale mais que, néanmoins, l'Union avait déjà exprimé clairement son opposition au caractère extraterritorial de l'embargo décrété par les Etats-Unis d'Amérique par ses lois Cuban Democracy Act de 1992 et Helms-Burton de 1996.  Elle ne peut accepter, a-t-il ajouté, que les Etats-Unis tentent de définir ou de restreindre, de façon unilatérale, les relations économiques et commerciales que l'Union entretient avec des pays tiers.  Il a regretté également que le Gouvernement américain n'ait pas donné suite aux engagements auxquels il avait souscrit au titre des mesures arrêtées en 1998 avec l'Union européenne qui comprenaient des dérogations aux titres III et IV de la loi Helms-Burton. 


Le représentant a précisé que le principal objectif de l'Union dans ses relations avec Cuba, comme décrit dans la position commune de l'Union européenne de 1996, est d'encourager le processus de transition progressif et pacifique vers une démocratie pluraliste et le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales ainsi que vers le redressement économique.  L'Union reste préoccupée par la situation politique à Cuba, a-t-il poursuivi.  Elle veut des changements à Cuba mais ne veut pas les imposer par des mesures coercitives et est en faveur d'un dialogue constructif et franc sur toutes les questions d'intérêt commun.  Il a estimé que la reprise prochaine d'un tel dialogue entre l'Union et les autorités cubaines constituait un encouragement.


M. JAMES B. CUNNINGHAM (États-Unis) a déclaré que son Gouvernement s’oppose à la résolution à l’examen car l’embargo contre Cuba représente une question de politique bilatérale qui ne regarde pas l’Assemblée générale.  Les États-Unis n’empêchent d’ailleurs aucune autre nation d’avoir des relations commerciales avec Cuba.  Cet embargo est imposé pour des raisons politiques qui ont pour objectif de promouvoir la démocratie à Cuba, a précisé le représentant.  Les États-Unis ont en outre aidé le peuple cubain en autorisant la vente de produits alimentaires suite aux dégâts provoqués par le cyclone Mitchell et le représentant a regretté que Cuba ait refusé cette offre.  Les États-Unis, a poursuivi le représentant, souhaitent favoriser la transition vers une forme démocratique, promouvoir les droits de l’homme et la  société civile afin de mettre un terme à la politique rétrograde du Gouvernement cubain. 


La question des droits de l’homme est une préoccupation centrale de ma délégation, a poursuivi le représentant qui a  estimé que la politique du Gouvernement cubain s’oppose à la déclaration universelle des droits de l’homme.  Il a regretté que les voix indépendantes ne puissent s’exprimer à Cuba et que l’emprisonnement des opposants au régime soit toujours en vigueur.  À cet égard, la communauté internationale doit se concentrer sur la crise des droits de l’homme à Cuba et non pas sur la question des relations bilatérales.  Pour le représentant, la présente résolution n’est qu’une astuce utilisée par le Gouvernement cubain pour justifier sa politique répressive.


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré qu’il y avait une claire distinction entre des mesures unilatérales et des sanctions adoptées par la communauté internationale sous les auspices des Nations Unies.  Dans ce contexte, aucun pays ne doit imposer sa législation à un pays tiers.  C’est pourquoi, a ajouté le représentant, la Norvège allait voter à nouveau pour ce projet de résolution intitulé «Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba imposé par les Etats-Unis».  Le représentant a tenu à préciser que ce vote ne signifiait pas que son pays n’espérait pas voir évoluer le Gouvernement cubain vers un plus grand respect des droits de l’homme.


M. FELIPE PAOLILLO (Uruguay), s'exprimant au nom des pays du Mercosur et des pays associés, a indiqué que ces pays voteront en faveur de la résolution présentée.  Il a rappelé que, dans les communiqués de presse des différentes instances qui les représentent tel que le Groupe de Rio, les pays d'Amérique latine ont affirmé que l'embargo portait atteinte au principe de non-ingérence, à la liberté du commerce et qu'il avait des effets négatifs sur les populations civiles.  Il a estimé que, moins que jamais actuellement, il fallait appliquer des mesures unilatérales qui violent les normes internationales en vigueur car cela affaiblissait la lutte contre l'ennemi commun.


M. YUKIO SATOH (Japon) s’est joint aux nombreuses délégations qui s’inquiètent des conséquences néfastes de l’application extraterritoriale des lois Helms-Burton de 1996.  C’est pourquoi, la délégation japonaise a décidé de soutenir le projet de résolution présenté, a-t-il ajouté.  Il a suggéré que l’Assemblée générale puisse organiser un Forum sur cette question de l’embargo afin de relancer un véritable dialogue entre les deux pays.  


M. RIM SONG CHOL (République démocratique populaire de Corée) a indiqué que son gouvernement s'opposait à toute forme de sanctions unilatérales et extraterritoriales contre un Etat souverain et que ces sanctions étaient le résultat de la politique hostile des Etats-Unis qui cherchent à changer le système politique cubain.  Dans la mesure où elles enfreignent les dispositions du droit international, qu'elles  ont des répercussions négatives sur la vie de la population cubaine et qu'elles perturbent le droit au développement de pays tiers, ma délégation votera en faveur de la résolution, a-t-il précisé.


M. EVGENY STANISLAVOV (Fédération de Russie)a déclaré que son pays partageait l'opinion de la grande majorité des Etats Membres sur le caractère inacceptable de mesures unilatérales imposées à un Etat et que par conséquent il votera en faveur de la résolution.  Il a estimé que l'embargo contre Cuba était un vestige de la guerre froide et qu'une normalisation des relations entre les Etats-Unis et Cuba contribuerait à une amélioration de la situation de la région.  Il a confirmé l'intention de son pays de développer des relations commerciales et économiques avec Cuba et a exprimé l'espoir que des améliorations seront apportées dans la politique des Etats-Unis à l'égard de Cuba.


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