LE PRESIDENT IRANIEN, MOHAMMAD KHATAMI, DENONCE LES ACTES TERRORISTES COMME ANTI-ISLAMIQUES ET EN APPELLE A L'ECOUTE D'AUTRUI ET A LA COMPASSION
Communiqué de presse AG/1224 |
Assemblée générale
42ème séance plénière – matin
LE PRESIDENT IRANIEN, MOHAMMAD KHATAMI, DENONCE LES ACTES TERRORISTES COMME ANTI-ISLAMIQUES ET EN APPELLE A L'ECOUTE D'AUTRUI ET A LA COMPASSION
Le dialogue entre les civilisations est la meilleure parade
contre les pires ennemis de l’humanité, déclare le Secrétaire général
Dans son allocution prononcée ce matin devant la plénière de l'Assemblée générale, le Président de la République islamique d'Iran, M. Mohammad Khatami, a dénoncé les attentats du 11 septembre comme constituant un crime brutal et épouvantable, un acte de terreur inhumain et anti-islamique perpétré par des fanatiques qui se sont amputés de leurs oreilles et de leur langue et ne peuvent plus communiquer que par la violence. Il a mis toutefois en garde contre l'assimilation de la révolution à la violence car toutes les révolutions ne sont pas violentes, celles de l’Inde et de l’Iran ne l’étaient pas. Celle de l’Iran en particulier avait opposé des fleurs aux balles et avait insufflé un esprit de moralité dans le milieu de la politique. Ce sont cette révolution et le Gouvernement qui en est issu qui sont à l'origine du dialogue entre les civilisations.
Le Président iranien a également mis en garde contre le besoin de vengeance qui couplé au sentiment de sa propre puissance pourraient empêcher d’entendre les appels des hommes, des femmes et des enfants en Afghanistan.
Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a également mis l'accent sur la nécessité d'un dialogue qui s'impose plus que jamais après les attentats du 11 septembre. Il a estimé que, dans les circonstances actuelles, l’ONU devait s’employer, grâce au dialogue et à la coopération, à rapprocher encore davantage les nations, les cultures et les civilisations. Le dialogue entre les civilisations doit sous-tendre notre réponse collective au conflit et à la violence, surtout lorsqu’elle est inspirée par l’intolérance et l’intransigeance. Pour le Secrétaire général le dialogue entre les civilisations est la meilleure parade contre les pires ennemis de l’humanité.
Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique, M. Louis Michel, a de son côté rejeté l'idée que les attaques terroristes annonçaient l'avènement d'une ère déchirée par une confrontation violente, passionnelle et radicale entre les civilisations. Il a estimé qu'il fallait opposer à ces actes purement négatifs et haineux une réponse active fondée sur une approche dynamique et sur une vision positive de la société universelle. Il ne faut pas confondre lutte contre le terrorisme et lutte contre certaines oppositions dérangeantes. Cette lutte ne doit également rien toucher au niveau de l’exigence et de la qualité démocratique de nos sociétés, a-t-il déclaré.
Le Chancelier fédéral de l'Autriche et le Premier Ministre de la Bosnie-Herzégovine ont également pris la parole dans ce cadre ainsi que les Ministres des affaires étrangères de Madagascar, du Soudan et du Costa Rica.
A la suite de la séance plénière, s'est tenue une réunion organisée spécialement à l'occasion de l'Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations au cours de laquelle se sont exprimés les membres d'un Groupe d’éminentes personnalités nommées par la Secrétaire général. On trouvera un extrait de leurs déclarations dans les pages suivantes de ce communiqué.
L'Assemblée générale se réunira à nouveau à 15 heures pour poursuivre son examen de la question du dialogue entre les civilisations.
ANNEE DES NATIONS UNIES POUR LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS
Déclarations
M. HAN SEUNG-SOO, Président de l'Assemblée générale (République de Corée), a déclaré que, depuis que l'Assemblée s'était saisie de la question du dialogue entre les civilisations, elle avait adopté plusieurs résolutions, qu'il était toutefois nécessaire d'insuffler une nouvelle dynamique à cette démarche et que l'adoption de la résolution présentée à l'Assemblée au cours de cette session constituerait un pas dans ce sens. Il a fait observer qu'au cours des millénaires, les civilisations avaient été amenées à des échanges et que la mondialisation n'avait fait qu'accélérer ce processus. Il a préconisé l’intégration de la tolérance et du dialogue dans les valeurs culturelles faute de quoi on ne parviendrait pas à la paix et la sécurité internationales. Le terrorisme représente la haine, a-t-il poursuivi, alors que toutes les grandes religions ont prôné, tout au long de l'Histoire, la compassion et la tolérance. Ce sont ces valeurs qu'il faut promouvoir et le dialogue entre les civilisations peut y contribuer. Il a formé le vœu que des leçons soient tirées des événements récents et que le débat en cours en soit l'occasion.
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré qu’après les attentats du 11 septembre, la nécessité d’un dialogue s’imposait plus que jamais. C’est pourquoi, face à ces attentats, l’ONU doit s’employer, grâce au dialogue et à la coopération, à rapprocher encore davantage les nations, les cultures et les civilisations dans la mesure où, de tout temps, ces dernières se sont développées et enrichies à la faveur du dialogue et de l’échange. Le dialogue entre les civilisations doit sous-tendre notre réponse collective au conflit et à la violence, surtout lorsqu’elle est inspirée par l’intolérance et l’intransigeance, a-t-il poursuivi, et si un tel dialogue s’instaure à l’échelle de la planète, les appels au compromis feront écho aux appels à la guerre, la tolérance répondra à la haine et la détermination à la violence. Pour le Secrétaire général, le dialogue entre les civilisations, c’est la meilleure parade contre les pires ennemis de l’humanité. Puis, il a fait remarquer que le dialogue entre les civilisations ne se fonde pas sur la prémisse que nous sommes tous les mêmes ou que nous sommes toujours d’accord, mais sur la considération que nous avons pour la diversité des cultures et pour les croyances qui reflètent cette diversité. En ce sens, le dialogue entre les civilisations n’est pas l’expression d’un espoir mais un reflet du monde tel qu’il est dans la mesure où la diversité est à la fois la base du dialogue entre les civilisations et la réalité du monde tel qu’il est.
M. Annan a défendu l’idée selon laquelle chacun de nous a le droit d’être fier de sa foi et de son histoire et que l’idée que ce qui est à nous est nécessairement en conflit avec ce qui est aux autres est fausse et dangereuse. Il a ajouté que contrairement à ce que prétendent certains, il est possible d’aimer ce que l’on est sans haïr ce que l’on est pas. Après avoir indiqué que lorsqu’il s’agit de relations entre les peuples, des questions importantes, graves qui concernent l’autodétermination, la sécurité ou la dignité entrent souvent en jeu, le Secrétaire général a estimé qu’avec un dialogue fait non seulement de paroles mais aussi d’actes, il est possible de résoudre les différends et d’empêcher les conflits violents. Il a rappelé que le dialogue devra nécessairement contribuer à atténuer les souffrances et à protéger les droits fondamentaux des générations actuelles et futures. Enfin, M. Annan a exprimé l’espoir que dans les mois et les années qui viennent, toutes les nations se joindront au dialogue et lui donneront toute sa valeur en le mettant au service des plus faibles et des plus démunis de la planète.
M. SAYED MOHAMMAD KHATAMI, Président de la république islamique d'Iran, a commencé son discours en se référant à Socrate, rappelant que celui-ci recourrait au dialogue, il y a de cela 2500 ans, pour discuter de questions philosophiques. Le recours au dialogue n'est pas mort avec lui, a-t-il ajouté. Dans les lieux d'enseignement, dans les lieux de culte, nous pouvons toujours entendre Socrate nous invitant au dialogue. Aujourd'hui comme dans ces siècles anciens, s'engager dans le dialogue implique sagesse, discipline et bonne volonté. Aujourd'hui comme alors, il faut se défaire de toute prétention exclusive à la vérité absolue. La vérité, pour aussi absolue qu'elle soit, devrait nous conduire à non seulement reconnaître la pluralité de la culture humaine, de la religion, de la langue et de la couleur mais aussi à nous emparer de cette variété comme d'une opportunité unique d'établir la paix, la liberté et la justice dans ce monde. Pour cela, il nous faut arrêter de faire semblant d'être sourd, a poursuivi M. Kathami. Des guerres dévastatrices ont déjà eu lieu quand l'une ou l'autre partie avait refusé d'écouter ce que les autres avaient à dire. Quand l'Iran a proposé l'idée du Dialogue entre les civilisations à l'Assemblée générale, a-t-il fait observer, peu prévoyaient que très rapidement cette proposition pouvait s'avérer cruciale dans les efforts faits pour sauver le monde d'une guerre imminente apportant carnage et dévastation.
Le Président iranien a déclaré que les attaques terroristes horribles du 11 septembre aux Etats-Unis avaient été perpétrées par un groupe de fanatiques qui se sont auto-mutilés en se coupant les oreilles et la langue et ne peuvent plus communiquer que par le carnage et la dévastation. La perception d'un besoin de vengeance couplé au sentiment déplacé de sa propre puissance pourrait empêcher d'entendre les appels des hommes et des femmes de bonne volonté ou les pleurs des enfants, des femmes et des vieillards en Afghanistan, un peuple dont le sort est de souffrir une mort perpétuelle dans l'ombre de l'horreur sans fin, de la faim et de la maladie.
Le Président Khatami a fait observer qu'il serait incorrect d'identifier toutes les révolutions à la violence. Il a cité en exemple de révolutions basées sur la renonciation à la violence, le mouvement de libération en Inde et la révolution islamique en Iran qui a insufflé, a-t-il dit, une âme morale dans le milieu de la politique, qui a opposé des fleurs aux balles et ne s'est pas contentée de combattre ses opposants avec des représailles et la vengeance. Et c'est cette révolution iranienne, a-t-il fait observer, et le Gouvernement qui en est né qui ont proposé, à la fin du XXème siècle, cette idée du dialogue entre les civilisations aux Nations Unies.
Le Président iranien a rappelé qu'il avait condamné, au nom du peuple et du Gouvernement de la République islamique d'Iran, ce qu'il a appelé le crime brutal et épouvantable perpétré contre des civils américains, un acte de terreur inhumain et anti-islamique, a-t-il déclaré. J'ai également demandé au Secrétaire général de réunir les chefs d'Etat pour organiser la lutte contre le terrorisme. Toutes les cultures, les civilisations et les croyances sont désormais vouées à cohabiter dans un même monde; c'est le verdict inexorable de la technologie. Le moment est donc venu d'apporter l'harmonie et de favoriser l'empathie dans cette diversité. Une occasion rare se présente; elle peut déboucher sur une guerre interminable ou sur une paix durable et la compassion entre les sociétés humaines.
Le terrorisme naît de la combinaison du fanatisme aveugle et de la force brutale et sert toujours la systématisation d'une illusion. En dépit de la propagande qu'il utilise et de la nomenclature qu'il emploie, il n'est rien de plus que la projection des forces de destruction de l'inconscient humain. Si les êtres humains venaient à être privés de compassion, dépouillés de moralité, de spiritualité religieuse, de sens de l'esthétique, du recours à la visualisation poétique, s'ils ne pouvaient vivre la mort et la destruction à travers la créativité artistique, alors les forces dévastatrices cachées de l'inconscient entraîneraient le monde dans le chaos et la mort.
Après avoir évoqué les riches ressources de la révélation divine de l'Islam et cité la phrase du mystique musulman qui dit que "De l'Est à l'Ouest, si un seul homme est blessé par une épine au doigt ou une pierre sur son chemin, je ressentirai la souffrance", le Président Khatami a mis en garde contre une perspective manichéenne de la géopolitique mondiale qui ferait d'une région la source de la lumière et d'une autre celle des ténèbres. La machine à produire des ennemis, que l'on connaît bien, est le produit d'une illusion paranoïaque mais ce qu'elle produit est bien réel, a-t-il déclaré. Les politiciens et les généraux ne peuvent simplement attribuer la récente catastrophe qui s'est produite aux Etats-Unis pas plus que les atrocités terroristes et les morts dans diverses régions du monde aux actes mauvais de tel ou tel Etat, groupe ou religion. Cela ne signifie pas qu'il ne faut pas répondre à la question ainsi posée, a-t-il souligné.
Même si l'injustice n'est pas limitée à des communautés particulières, a poursuivi le Président, quand elle s'accumule au point d'engendrer le désespoir et la frustration, elle devient un mélange explosif. Il a invité ceux qui ont même perdu la capacité d'éprouver de la compassion pour autrui et qui ont pour seules motivations l'amour de soi et l'intérêt pour sa propre survie à ne pas pousser les autres dans le dédale noir de la frustration. Un individu frustré peut choisir la mort comme seul remède à son sort, sa propre mort et celle des autres, a-t-il déclaré. Une partie de notre esprit et de notre cœur au moins doit s'affranchir de l'emprise de la raison utilitaire et s'ouvrir à la rationalité morale et à la raison altruiste. Ayons de la compassion non seulement pour nous même mais aussi pour les autres, a-t-il lancé en conclusion.
M. WOLFGANG SCHÜSSEL, Chancelier fédéral de l’Autriche, s’est félicité de la tenue de ce dialogue comme antithèse de l’intolérance, mais aussi comme outil de prévention contre le terrorisme. Il s’est dit persuadé que les valeurs des droits de l’homme et de la démocratie pouvaient être acceptées dans le monde entier et a invité les Nations Unies à promouvoir la tolérance et le partage de nos valeurs communes de respect de la diversité et de la pluralité à tous les niveaux de la société. Il a évoqué la notion de “Justice”, au centre de la Bible et du Coran, qui selon lui devait être la préoccupation principale dans les relations entre les États souverains et entre les individus. A cet égard, il a attiré l’attention sur les injustices qui nous menacent, lorsque d’un côté des populations manquent des soins médicaux élémentaires et de l’autre, l’on assiste au gaspillage de fortunes. Pouvons-nous rester indifférents lorsque les jeunes générations de nombreuses parties du monde sont désespérées, privées d’une réelle éducation et de travail et pouvons-nous éviter plus longtemps une réelle réflexion sur la manière de parvenir à une distribution plus équitable des richesses et une amélioration des chances de réussite dans une économie mondialisée, s’est-il interrogé?
Par ailleurs, il a appelé, dans le souci de prévenir les actes de violence, de nettoyage ethnique et de terrorisme, à aller au-delà des rencontres diplomatiques et rencontres d’experts, pour toucher les gens “dans les cœurs et dans les esprits” partout dans le monde. A cet égard, il a proposé d’utiliser la mondialisation pour promouvoir une véritable conscience de l’universalité et de l’union entre les peuples. La diversité culturelle doit être reconnue comme un enrichissement pour les individus comme pour les sociétés et non comme une menace; les civilisations doivent être reconnues comme des entités dynamiques produits de siècles d’interactions culturelles et non des entités monolithiques statiques; l’universalité ne peut signifier l’uniformité et la notion d’unité dans la diversité doit être basée sur un respect mutuel qui nous permette de passer d’une tolérance passive à une solidarité mutuelle. Le Chancelier autrichien a également déclaré que dans un monde de plus en plus compliqué, la conscience individuelle était de plus en plus importante et que la vérité ne pouvait être l’apanage d’une seule culture.
En conclusion, il a appelé la communauté internationale à apprécier la diversité, la valeur des minorités et à travailler activement pour leur préservation et éviter leur isolation. A ce sujet, il a proposé aux Nations Unies de créer un “Forum du dialogue permanent” aux niveaux local et régional, dont les centres pourraient être des universités, des centres religieux, des écoles, des entreprises, des associations comme des organisations non gouvernementales. Car si les Nations Unies ont un rôle prééminent dans la conduite de ce dialogue, a-t-il précisé, il est important qu’il prenne place quotidiennement à tous les niveaux de la société, entre les nations, entre les groupes, entre les cultures, afin de faire du XXIème siècle une ère d’ouverture plutôt que d’isolement, de respect plutôt que de rejet, de solidarité plutôt que d’aliénation.
M. ZLATKO LAGUMDZIJA, Premier Ministre de Bosnie-Herzégovine, a rappelé que son pays qui est un pays européen, avait survécu à un conflit qui avait été planifié pour être une confrontation des civilisations à la fin du XXème siècle. Pendant des années, a-t-il ajouté, la communauté internationale est restée neutre au milieu des forces armées locales tout en essayant de protéger les civils autant qu’il lui était permis et sans interférer dans la guerre. A cette époque, a-t-il poursuivi, Slobodan Milosevic bombardait Dubrovnic, tuant essentiellement des catholiques, alors que ses hommes de mains Radovan Karadzic et le Général Ratko Mladic gardaient Sarajevo assiégée. C’étaient des terroristes qui sont devenus des criminels de guerre, a-t-il indiqué. Aujourd’hui, a ajouté le Premier Ministre, un autre groupe de personnes utilise d’une mauvaise façon, au nom de l’Islam, la religion afin d’imposer leurs valeurs par la terreur et le crime. La solidarité et la justice sont deux valeurs fondamentales auxquelles nous croyons et avec lesquelles nous voulons vivre, a-t-il indiqué, et les événements du 11 septembre sont une opportunité pour nous réveiller et nous attaquer aux causes réelles du terrorisme mondial. Il est temps pour les Palestiniens d’avoir un Etat et pour les Israéliens de vivre en sécurité. Venant de Bosnie-Herzégovine, pays qui a connu différents types de fondamentalisme, je suis particulièrement sensible au terrorisme qui détourne les sentiments religieux et menace ainsi les sociétés locale et mondiale, a-t-il précisé.
Durant 10 ans, nous avons vu que le terrorisme, le fondamentalisme religieux, le nationalisme et la ségrégation ne peuvent que générer des criminels de guerre, le crime organisé, la pauvreté et l’injustice, a poursuivi le Premier Ministre. Le combat que nous menons actuellement est une lutte contre les conséquences de la pauvreté, de l’ignorance et des injustices. Il y a une tâche plus importante encore qui est d’éradiquer les causes et éliminer les foyers potentiels de nouveaux extrémismes. Il nous faut soutenir les actions dirigées contre le terrorisme mais en même temps, nous devons être beaucoup plus actifs lorsque nous appelons à une aide rapide et massive pour le peuple d’Afghanistan. La guerre contre le terrorisme est justifiée. Mais nous serons tous perdants si nous ne parvenions à aider le peuple innocent qui souffre aujourd’hui. J’ai été blessé dans ma ville de Sarajevo mais je ne hais personne, a-t-il indiqué. Le Premier Ministre a appelé à multiplier les efforts et accélérer toutes sortes d’aide humanitaire pour aider les innocents qui sont victimes de leurs propres dirigeants. Il ne s’agit pas d’une guerre entre les civilisations, a-t-il indiqué, mais d’une guerre de la civilisation et de la société ouverte contre le terrorisme et le tribalisme. Le peuple de Bosnie-Herzégovine, les Bosniaques, les Croates et les Serbes, les musulmans, les catholiques et les orthodoxes ont choisi d’être du côté de la civilisation et de la société ouverte du dialogue et non pas de la division des civilisations. Notre seul but, a-t-il ajouté, est un Etat démocratique de Bosnie-Herzégovine multireligieux, multiethnique, avec une société ouverte et un développement durable.
Le Premier Ministre a par ailleurs exposé quelques leçons tirées de l’expérience. Premièrement, a-t-il indiqué, quand vous êtes face au dilemme du dialogue ou de la division, vous pouvez être sûrs qu’il s’agit de choisir entre construire la paix ou commencer une guerre. Nous avons tous un ennemi commun, a-t-il poursuivi, la pauvreté et l’injustice. En outre, si vous voulez vous défendre et vivre en paix, vous devez pouvoir défendre les gens autour de vous. La civilisation confrontée au terrorisme n’a pas le choix, a-t-il ajouté, le terrorisme n’a pas de religion, d’ethnicité, de civilisation. Mais la civilisation a le choix, elle peut sauver sa propre âme en aidant les civils avec autant de moyens qu’elle le peut. Ce n’est qu’avec la force qu’on peut vaincre les terroristes. Mais on ne peut pas par la force construire la paix. Il faut un investissement massif dans le domaine éducatif, les institutions de l’Etat, le renforcement de l’économie. Les responsables sont courageux, a-t-il poursuivi, lorsqu’ils signent la fin de la guerre. Mais seules les gens peuvent faire la paix si leurs dirigeants font preuve de créativité et de crédibilité. Le dialogue, a-t-il ajouté, signifie aussi des actions, dans le domaine de l’éducation, l’œcuménisme, la responsabilité environnementale, l’économie et les médias. C’est pourquoi nous avons besoin d’une nouvelle génération de dirigeants, meilleurs que les dirigeants actuels. La Bosnie-Herzégovine, a conclu le Premier Ministre, a fait apparaître le concept de confrontation des civilisations comme nul et non avenu, et elle est sur le point de prouver que la démocratie, la liberté et le respect des droits de l’homme sont universels.
M. LOUIS MICHEL, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a réfuté l’idée selon laquelle les attaques terroristes annonceraient une ère déchirée par une confrontation violente, passionnelle et radicale entre les civilisations. Ce sont des actes purement négatifs et haineux dirigés contre nous tous sans distinction entre les civilisations, les cultures et les religions. M. Michel a estimé qu’il faut opposer à ce discours une réponse active fondée sur une approche dynamique et sur une vision positive de la société universelle. Il est indispensable cependant
de ne pas établir de confusion entre lutte contre le terrorisme et lutte contre certaines oppositions dérangeantes. Cette lutte ne doit également rien toucher au niveau de l’exigence et de la qualité démocratique de nos sociétés. Pour le Ministre, le débat d’aujourd’hui offre à chacun l’occasion de s’interroger notamment sur les questions de savoir si nous sommes toujours restés fidèles à nos propres cultures et aux valeurs qui les sous-tendent et si notre culture occidentale a été vécue comme agressive puisque la plus grande partie de l’humanité l’observe sans y avoir accès. À ces questions, le représentant a indiqué que la seule vraie réponse est le dialogue entre les civilisations qui ne saurait être réduit à un dialogue entre les religions. Il faut également respecter l’égale dignité de toutes les cultures et affirmer la diversité culturelle.
Le dialogue doit se faire sans tabous, a ajouté M. Michel, et il faut s’interroger sur le lien entre culture et politique dans la mesure où l’exaltation prétentieuse et la préférence culturelle exacerbée peuvent conduire à des nationalismes d’exclusion et de rejet. Il a également souligné l’importance de s’interroger sur les liens entre religion et politique et sur les limites des liens qui peuvent exister entre religion et puissance publique. Le représentant a estimé que la communauté des nations a besoin d’un dialogue franc qui renforce la diplomatie classique et qui suppose à la fois le respect de l’autre et le respect de soi-même dans un esprit d’ouverture, de confiance et d’imagination. Le dialogue entre les civilisations doit viser à inclure et intégrer dans un esprit d’équité, d’égalité, de justice et de tolérance. Enfin, M. Michel a rappelé que l’Union européenne attache beaucoup d’importance à la promotion par les États ainsi que par la société civile du respect de la dignité intrinsèque de l’être humain et de ses droits. Dans ce contexte, l’Union européenne tient à affirmer l’existence d’une éthique universelle dont l’affirmation permet de souligner la solidarité qui unit tous les êtres humains.
Mme LILA HANITRA RATSIFANDRIAMANANA, Ministre des affaires étrangères de Madagascar, a rappelé que son pays est l’un des trois pays africains qui a célébré l’Année du dialogue entre les civilisations et, qu’à cette occasion, un atelier de réflexion a été organisé du 10 au 12 octobre dernier. À l’issue de ce dialogue, l’importance de repenser le concept d’ennemi global, international, collectif, comme la pauvreté, le sida, le terrorisme, le réchauffement de la planète a été soulignée et, en réponse, a été apportée l’idée d’élaborer une défense du même ordre. Cette réponse doit en effet se baser sur la conscience de l’interdépendance entre les nations et de l’urgence d’un dialogue permanent et multidirectionnel. A cet égard, la représentante a précisé qu’une nouvelle stratégie de défense devait être élaborée sous l’égide de l’ONU. Il faut créer des situations propices aux échanges d’idées, à la compréhension de l’autre et à la coopération afin d’établir un cadre de travail commun. La représentante a ajouté qu’il fallait dialoguer pour promouvoir le bien-être des peuples. Le dialogue doit être un accompagnateur de lutte contre la pauvreté et des fléaux de toutes sortes. La représentante a en outre précisé que son pays a proposé, au niveau national, l’établissement d’un pacte de non-agression entre les institutions religieuses du pays afin d’anticiper les risques de choc de religions ou de conflit de tendances. Elle a en outre proposé l’élaboration d’un manuel de procédures de dialogue pour servir de référence commune ou de balise contre toute maladresse de propos. Enfin, en matière d’accès des pays en développement aussi bien aux nouvelles technologies de l’information et de la communication qu’aux différents systèmes linguistiques, la représentante a demandé un appui plus conséquent des pays développés.
M. MUSTAFA OSMAN, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a souhaité que les efforts entrepris dans le cadre de ce dialogue soient intensifiés et poursuivis entre tous les acteurs afin qu’on puisse aller plus loin dans ce domaine pour échanger nos points de vue et apprendre à nous connaître. Il a évoqué la question fondamentale du dialogue entre les religions et a appelé à ne pas lier l’islam aux événements du 11 septembre car, l’islam est une religion qui vous oblige à être en paix avec votre voisin et aucune incompatibilité n’existe entre l’islam et les droits de l’homme. L’islam est basée sur l’unité de l’humanité et la famille d’Abraham inclut toute l’humanité et la croyance à une religion ne doit par être utilisée pour justifier des conflits et des actes de violence. Il a suggéré de partir de ces hypothèses d’unité pour promouvoir des relations de solidarité, afin que le pluralisme devienne une source de pouvoir, et que soit favorisé un esprit de coexistence pacifique entre les cultures, plutôt que le matérialisme. A cet égard, il a appelé à une reconnaissance des spécificités de chaque culture et à l’oubli des conflits du passé afin de nous consacrer à l’avenir.
Le représentant a appelé de ses vœux un monde où règnerait la paix et dans lequel les divergences et les confrontations seraient réglées avant de dégénérer en confrontations militaires. Il a également cité la démocratie, la religion, l’économie internationale comme éléments à étudier comme préalable à tout dialogue fructueux, afin de comprendre les tenants et les aboutissants de toutes les cultures. Il a également évoqué le problème des inégalités entre pays riches et pays pauvres. A ce sujet, il a déclaré que les pays en développement avaient respecté leurs devoirs ce qui n’était pas le cas de tous les pays, situation qui a abouti à une distribution inégale des richesses de la mondialisation. Il a attiré l’attention sur le fait que la pauvreté et ses conséquences allaient au-delà des frontières et que cette situation mettait en évidence la nécessité d’un dialogue en termes de partenariat pour permettre aux plus défavorisés de bénéficier d’investissements pour le développement. En conclusion, il a proposé que les fruits du récent développement économique et technologique extraordinaire qu’a connu le monde ces derniers temps soient utilisés pour promouvoir la paix et la coexistence pacifique entre les hommes.
M. ROBERTO ROJAS, Ministre des affaires étrangères du Costa Rica, a déclaré que la lutte contre le terrorisme ne doit pas être interprétée comme un affrontement entre les civilisations, les religions et les valeurs. La reconnaissance du droit de tous les êtres humains à jouir du même potentiel de développement est une condition indispensable à la lutte contre le terrorisme et au dialogue entre les civilisations. Le représentant a également estimé que toutes les différences apparentes sont sources de richesse, de complémentarité et de solidarité. L’un des éléments centraux de la lutte contre le terrorisme est la lutte contre la pauvreté, a-t-il en outre déclaré, et c’est pourquoi la solidarité internationale entre pays riches et pays pauvres est d’une importance fondamentale. Les pays industrialisés doivent respecter leur engagement à consacrer 0,7% de leur Produit intérieur brut (PIB) à la coopération internationale. Cependant, le terrorisme ne se réduit pas seulement à un problème de pauvreté ou d’exclusion économique, ses causes peuvent être aussi analysées en termes sociologiques. En effet, il apparaît que parmi les raisons de son surgissement, on compte l’intolérance, l’incapacité à écouter les autres et le sentiment d’égoïsme. Enfin, M. Rojas a souligné l’importance de réviser le concept d’ennemi, d’analyser la question de la responsabilité individuelle dans les relations internationales et de renforcer le régime des droits de l’homme.
ACTIVITE SPECIALE A L’OCCASION DE L’ANNEE DES NATIONS UNIES POUR LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS
Déclarations
M. KAMAL ABOULMAGD, professeur de droit public à l’Université du Caire) et juge au Tribunal administratif de la Banque mondiale (Egypte), a remercié le Président de la République islamique d’Iran, M. Khatami pour avoir inspiré ce dialogue entre les civilisations. Il a également exprimé sa gratitude au Secrétaire général pour avoir mis en place un groupe de personnes éminentes. Giandomenico Picco, le Représentant personnel du Secrétaire général pour l’année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations, a été plus qu’un maître durant ce travail, a-t-il indiqué; il a été comme un musicien jouant plusieurs instruments. Le document a été ébauché sur la base d’un travail collectif, c’était un communiqué, un manifeste dans lequel il est rappelé que le dialogue entre les civilisations était la seule alternative à la confrontation entre les civilisations. Il a souligné l’importance de la globalisation, qui a supprimé les distances entre les gens. Il n’y a plus d’intermédiaire dans les relations internationales, a-t-il ajouté, et il y a plusieurs nouveaux acteurs dans l’arène des affaires internationales. Plusieurs changements et développements dans le système international ont eu lieu depuis la disparition du système bipolaire, a-t-il poursuivi, en ajoutant que le travail du groupe a été affecté par les attaques du 11 septembre.
Le représentant s’est demandé si le dialogue entre les civilisations était atteint par cette attaque, si les gens avaient fait face à la diversité. Ce qui s’est passé est la preuve que l’esprit de destruction et de violence est toujours bien vivant. Bien sûr, a-t-il poursuivi, ceux qui ont perpétré ces crimes doivent être traduits devant la justice et punis. Cependant, certains esprits ont commencé à craindre que la réaction de représailles déclenche une catastrophe et que l’idée de dialogue entre les civilisations puisse s’écrouler. Il a expliqué que des mesures de sécurité plus importantes ne peuvent venir à bout du terrorisme, et il faut s’attaquer aux causes. L’environnement où le terrorisme s’est développé est caractérisé par l’absence de liberté, de démocratie et d’un minimum de justice sociale. La connaissance de l’autre est importante. Toutes les civilisations ont contribué à l’héritage de l’humanité, a conclu le représentant.
Mme LOURDES ARIZPE, professeur à l’Université nationale du Mexique, Vice-Présidente de l’International Social Science Council (ISSC), ancien Directeur général assistant pour la culture de l’UNESCO (Mexique), a indiqué qu’il fallait s’interroger sur le nouveau contrat social à construire pour favoriser un nouveau dialogue entre les civilisations. Les organisations internationales, les gouvernements, les enseignants et les citoyens ont la responsabilité de s’interroger sur cette question. En dépit de la catastrophe du 11 septembre, elle s’est félicitée de ce que le dialogue entre les civilisations déjà entrepris ait conduit une grande majorité des peuples du monde sur la voie de la paix et de la solidarité. Les attentats du 11 septembre montrent combien il est important d’élaborer des politiques et des programmes qui visent à mieux comprendre les différentes cultures existantes.
Mme Arizpe a en outre appelé à accélérer la construction de l’éthique globale décrite par la commission des Nations Unies sur la culture et le développement et qui repose sur les principes fondamentaux de défense des droits de l’homme, de la démocratie, de l’équité et du développement durable. Elle a regretté que le vide créé par la dislocation du lien social dans nos sociétés contemporaines incite les individus à se tourner vers des interprétations frauduleuses des textes religieux incompatibles avec les échanges imposés par la démocratie, le commerce et le processus de décision politique. Mme Arizpe a souhaité que l’on défende davantage la liberté d’expression au détriment de simplifications qui aboutissent à la haine. Enfin, comme il est précisé dans l’ouvrage “Crossing the Divide”, elle a estimé que les Nations Unies étaient l’enceinte privilégiée pour la mise en place du dialogue entre les civilisations.
Mme RUTH CARDOSO, Président de Communidade Solidaria et membre du Conseil de la Fondation des Nations Unies (Brésil), a regretté que nous ayons oublié que des longs processus pacifiques avaient existé entre les cultures et les groupes humains et que l’histoire de l’humanité était une histoire de diffusion culturelle. Les différentes langues et cultures créées par l’humanité sont des instruments d’adaptation et d’ajustement à des environnements naturels et sociaux et non des expressions figées. Elle a ajouté que le fondamentalisme était la conséquence de la perte de cette souplesse, de la capacité d’adaptation, du renoncement à la capacité de réinterpréter ses acquis culturels. Elle a également évoqué les mouvements qui ont mobilisés les Noirs, les femmes, les ethnies, les minorités en général, qui sont devenus plus forts lorsqu’ils ont affirmé que les différences culturelles ne pouvaient en aucun cas justifier des discriminations. Elle a souligné le phénomène de la consolidation trop forte de l’identité qui aboutit à des comportements de rejets et qu’il était important de débattre de cette question dans le cadre des Nations Unies sur la base des principes d’égalité et de diversité qui affirment que l’autre n’est pas un ennemi, mais un partenaire.
Mme NADINE GORDIMER, auteur et lauréate du Prix Nobel de la littérature (Afrique du Sud), a souhaité, suite au désastre du 11 septembre, que des réunions soient convoquées au niveau international afin de renforcer la coopération entre les peuples. Elle a défendu l’idée d’un dialogue entre les civilisations dans la mesure où il permet d’affirmer les différences de chacun et de respecter les individus. Elle a regretté que l’affirmation d’une religion aboutisse à la haine et à la violence. Elle a formulé l’espoir que l’ouvrage “Crossing the Divide” permettra de faire comprendre que les échanges interculturels sont indispensables. Enfin, elle a souhaité que la richesse soit mieux répartie dans le monde et que la pauvreté soit vaincue.
M. SERGEY KAPITZA, Kapitza Institute for physical Problems, Russian Academy of Sciences, et professeur de physique à la Moscow Institute of Physics and Technology (Fédération de Russie), s’est demandé comment inculquer à la conscience collective la nécessité du dialogue et où était la cause profonde de ce qui a abouti à la forme de violence extrême exprimée par les attentats du 11 septembre? Il a observé que le dialogue initié par des physiciens et des médecins sur les dangers du nucléaire avait mis près de cinquante ans pour changer la conscience collective et aboutir à une réduction conséquente des ogives nucléaires. Il a évoqué la nécessité du dialogue dans les situations d’urgence extrême et a déclaré qu’il n’y avait pas de solution forcée et rapide au terrorisme. C’est précisément ce caractère instable qui doit retenir notre attention, a-t-il ajouté. Il a également mis en évidence le problème de l’évolution des idéologies qui ne suivent pas nécessairement celle du progrès.
Le représentant a précisé que l’humanité vivait un bouleversement démographique sans précédent avec une croissance annuelle de 85 millions d’habitants et que la population devrait se stabiliser autour de 10 à 12 milliards au cours de ce siècle. Il a évoqué ce passage brutal qui mettait l’humanité sur une nouvelle voie de développement, avec tout ce que cela entraîne en termes de dépression, de dissolution de la famille, comme des empires et des Etats. La crise mondiale, a-t-il déclaré, réside dans le fait que l’homme n’arrive pas à suivre l’évolution de la civilisation qu’il s’est lui-même imposé et a recommandé de s’inspirer de la sagesse orientale exprimée à travers le rapport du Président iranien, pour trouver des solutions aux problèmes à venir.
M. HANS KÜNG, professeur de théologie œcuménique à l’Université de Tübingen, Président de la Foundation for a Global Ethic (Welethos) (Suisse), a regretté que trop souvent les religions aient été à l’origine de violences et de guerres mais il s’est aussi félicité de ce que, souvent, elles aient inspiré la réconciliation, la coopération et la paix. Ces dernières années, des initiatives de dialogue interreligieux ont vu le jour. Au cours de ces dialogues, les religions du monde ont pu redécouvrir que leurs propres enseignements permettaient de renforcer la Déclaration universelle des droits de l’homme. M. Küng a estimé que la base d’une éthique globale partagée par tous doit être trouvée dans le concept d’humanité et dans l’affirmation que chaque être humain doit recevoir un traitement humain. Il a défendu l’idée d’une culture de la non-violence et du respect de la vie, de la solidarité et d’un ordre économique juste, de la tolérance et de la défense des droits de l’homme. La mondialisation économique entraîne une mondialisation des problèmes et nécessite le respect d’une éthique mondiale comme fondement de respect des droits de l’homme. En réponse à ceux qui prévoient un choc des civilisations, M. Küng a émis l’espoir qu’une coalition mondiale contribue à éviter un tel choc.
Dans une présentation dont le texte a été distribué aux participants, M. AHMAD JAHALI, Président de la Conférence générale de l’UNESCO, a fait le bilan des travaux de la Conférence générale qui s’est achevée le 3 novembre 2001. Il a indiqué notamment que la Conférence avait souligné le fait que les événements tragiques récents avaient placé au premier plan des priorités internationales les valeurs qui sont au cœur de la mission de l’UNESCO. La Conférence a adopté une résolution qui se réfère à la condamnation forte des actes haineux de terrorisme par le Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale et affirme que le dialogue entre les civilisations constitue un défi fondamental qui se base sur l’unité de l’humanité, ses valeurs partagées, la reconnaissance de sa diversité culturelle et l’égale dignité de toutes les civilisations et de toutes les cultures. La Conférence a en outre approuvé la stratégie à moyen terme de l’UNESCO qui identifie la promotion du dialogue entre les cultures et les civilisations comme un objectif stratégique qui affecte tous les secteurs de l’Organisation.
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