AG/1198

LA NÉCESSITÉ D'ANALYSER LE TERREAU SUR LEQUEL GERME LE TERRORISME EST IDENTIFIÉE COMME UN ÉLÉMENT ESSENTIEL DE LA LUTTE CONTRE CE FLÉAU

03/10/2001
Communiqué de presse
AG/1198


Assemblée générale

17e séance plénière – après-midi


LA NÉCESSITÉ D'ANALYSER LE TERREAU SUR LEQUEL GERME LE TERRORISME EST IDENTIFIÉE

COMME UN ÉLÉMENT ESSENTIEL DE LA LUTTE CONTRE CE FLÉAU


L'Assemblée générale a entendu plusieurs mises en garde cet après-midi lors de la poursuite de ses délibérations sur la question des mesures visant à lutter contre le terrorisme international.  Alors que tous les intervenants ont condamné "l'horreur du mardi noir", ils ont demandé à l'instar des représentants de la Jordanie ou de l'Espagne que ne soit effectuée aucune assimilation entre une culture ou une religion et le terrorisme.  Soulignant les risques qu'il y aurait à montrer du doigt certaines religions, le délégué du Qatar a insisté sur le rôle des médias à cet égard, leur demandant de faire preuve d'impartialité et d'une totale objectivité.


Comprendre et analyser la genèse des actes perpétrés le 11 septembre a semblé également essentiel à nombre des délégués intervenant cet après-midi. "Des peuples désespérés émergent des actes désespérés", a fait valoir le représentant du Kazakhstan, décrivant l'enchaînement de la pauvreté, l’intolérance, la dégradation de l’environnement qui constituent selon l'expression du délégué de Bolivie, le terreau propice où germe le terrorisme.  "Il n'existe pas de gène connu du terroriste suicidaire, a à son tour fait remarquer le représentant du Cambodge, appelant à un examen de conscience collective sur les raisons qui pouvaient faire se muer "des êtres humains nés a priori normaux" en individus mus par la seule volonté de tuer.


La convocation d'une Conférence internationale de haut niveau et l'adoption rapide de la Convention générale sur le terrorisme international ont par ailleurs recueilli le soutien de plusieurs délégations.  Rappelant que le Sommet du Millénaire a permis de recueillir en trois jours 274 signatures ou ratifications de textes, le représentant de la République tchèque a suggéré qu'une cérémonie similaire soit organisée sur le thème de la lutte contre le terrorisme, et ce durant la 56ème session de l'Assemblée générale.  Les représentants de la Guinée et du Mozambique ont soutenu cette idée.


Sont intervenus au cours du débat le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines ainsi que les représentants des pays suivants : République tchèque, Guinée, Italie, Kazakhstan, Cambodge, Slovénie, Ethiopie, Jordanie, Monaco, Andorre, Mozambique, Qatar, Somalie, Bolivie, Italie et Angola. 


L’Assemblée générale poursuivra l’examen de ce point, demain 4 octobre à 10 heures.


MESURES VISANT A ELIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL


Déclarations


M. RALPH GONZALES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, a exprimé la profonde sympathie et les condoléances du peuple de Saint-Vincent-et-les-Grenadines aux victimes de la tragédie du 11 septembre, dans laquelle, a-t-il indiqué, un jeune homme de son pays a disparu.  Alors que la civilisation se développe, nous sommes de plus en plus vulnérables au terrorisme, aussi toutes les nations doivent-elles s’unir maintenant pour sauvegarder la sécurité de l’humanité et les valeurs fondamentales des sociétés démocratiques, a-t-il poursuivi.  Pour ce faire, a-t-il estimé, des ripostes sans précédent seront nécessaires, mais il devra s’agir de mesures déterminées, ciblées et vigoureuses.  Le Premier Ministre a appelé à ne pas oublier les risques du racisme.  Ce n’est certes pas un combat contre l’Islam, mais contre ceux qui en déforment les enseignements pour justifier des crimes odieux.  Tout en comprenant que des ripostes sont aujourd’hui nécessaires, et en rendant hommage à la retenue des dirigeants américains, il a souhaité que l’on évite, dans la mesure du possible, de répandre du sang innocent.  Il faut se garder de prendre des mesures unilatérales, a-t-il ajouté, et tenter de rechercher les causes du terrorisme, sans qu’il s’agisse, en ce qui le concerne, de vouloir le justifier.


M. VLADIMIR GALUSKA (République tchèque), évoquant les 12 conventions internationales contre le terrorisme élaborées sous les auspices des Nations Unies, a précisé que ces textes mettaient en évidence que l'Organisation n'a jamais sous-estimé cette menace.  Les récentes résolutions 1368 (2001) et 1373 (2001) du Conseil de sécurité et 56/1 de l'Assemblée générale, a-t-il précisé, ont démontré la capacité de réaction des Nations Unies et son rôle primordial dans la lutte contre le terrorisme en tant que seule organisation à composition universelle.  Il a rappelé en tant que membre associé de l'Union européenne, son adhésion à la position européenne exprimée lundi dernier par le représentant de la Belgique, lors de l'ouverture des débats.  Il a également souligné la participation de son pays à l'élaboration du système juridique multilatéral et le fait qu'il était partie de 9 des 12 conventions antiterroristes, dont la Convention  internationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif (1997).  La République tchèque a également signé la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme.


S’agissant de la Convention générale en cours d’élaboration il a déclaré que ce projet constituerait un grand progrès, si nous parvenions à une définition générale acceptable du terrorisme, élément incontournable pour un véritable cadre juridique et une politique internationale en ce domaine.  A cet égard il a rappelé le succès du Sommet du Millénaire qui a vu en trois jours 274 signatures ou ratifications de textes, après que le Secrétaire général ait invité les Etats Membres à promouvoir l'état de droit et le droit international.  Il a suggéré qu'une cérémonie analogue soit organisée sur le thème de la lutte contre le terrorisme, et ce durant la 56ème session de l'Assemblée générale.


M. FRANCOIS L. FALL (Guinée) a exprimé son soutien à la mise en place d'une stratégie concertée et coordonnée, soulignant que le terrorisme constituait l'antithèse des valeurs de l'ONU et entravait le développement économique et social des pays.  Il a fait observer que la question du terrorisme était depuis plusieurs années inscrite à l'agenda de l'Organisation et a regretté que, faute de consensus, le débat se soit souvent enlisé.  Convaincu que le terrorisme est un crime délibéré, a-t-il déclaré, mon gouvernement s'est rangé dans le camp des nations déterminées à faire front et appuie la résolution 1373 du Conseil de sécurité.


Le représentant s'est prononcé en faveur de la traduction en justice des auteurs d'actes terroristes.  Il a estimé qu'il fallait s'efforcer d'identifier les Etats servant de base au terrorisme et a souhaité que soit organisée une Conférence de haut niveau consacrée à ces questions.  Il s'est prononcé pour l'adoption de la Convention générale sur le terrorisme international et la mise en œuvre d’instruments existants.  Il a prôné le lancement de campagnes d'information de grande envergure pour alerter les populations sur les dangers du terrorisme.


M. INOCENCIO F. ARIAS (Espagne) a rappelé que l’Espagne doit depuis longtemps supporter les effets du terrorisme qui vise à imposer une dictature de la terreur et, souhaitant que la mort de milliers d’innocents, le 11 septembre notamment, ne reste pas inutile, il a demandé que soient prises des mesures contre ceux qui aident, accueillent et soutiennent les terroristes.  Ceci, a-t-il souligné, exige des actions conjointes de la communauté internationale et donc la formation d’une coalition la plus large possible entre tous les gouvernements du monde authentiquement intéressés par la lutte contre ce fléau.  Les Etats seuls ne peuvent lutter efficacement, a-t-il observé.  Le représentant a souligné que le terrorisme n’avait rien à voir avec un conflit de civilisation, que ce serait une erreur capitale que de l’identifier à une culture ou à une religion et qu’il s’agissait plutôt de défendre des valeurs communes, telles que traduites dans la Charte des Nations Unies.  Jugeant que l’ONU constituait le cadre naturel pour instaurer cette coalition, il a souligné que la réaction devait être à la hauteur du défi lancé par les terroristes, mais uniquement dans le cadre du droit et des normes internationales d’où la nécessité d’étendre et renforcer les instruments disponibles.


Evoquant à cet égard les deux résolutions adoptées le 11 septembre par le Conseil de sécurité, il a déclaré que pour l’Espagne, la résolution 1373 avait une immense importance car grâce à elle, la communauté internationale ne va pas se borner à poursuivre les auteurs d’actes terroristes, mais faire en sorte que ces actes ne se reproduisent plus.  Quant aux Déclarations de l’Assemblée générale sur les mesures visant a éliminer le terrorisme international, il a souhaité une ratification et une adhésion rapide aux douze conventions déjà existantes. Il a appelé l’Assemblée générale à ratifier rapidement les deux conventions en cours de discussion et indiqué que son pays est prêt à déployer une intense activité diplomatique pour achever les négociations.  Il a appelé à la convocation d’une conférence internationale de haut niveau sur le terrorisme, à condition que celle-ci soit bien préparée et donc qu’elle fasse au préalable l’objet d’un consensus.


Mme MADINA B. JARBUSSYNOVA (Kazakhstan) a rappelé que, comme les autres pays Membres de l’Organisation, le Kazakhstan souhaitait que les efforts internationaux puissent aboutir au châtiment des actes terroristes qui ont perpétré des actes inhumains contre les Etats-Unis le 11 septembre dernier.  Il espère cependant que les Etats-Unis apporteront les preuves de culpabilité avant d’agir militairement, afin que les Musulmans, les Arabes et le peuple afghan en particulier ne subissent pas les conséquences des actes terroristes de quelques individus.  La représentante du Kazakhstan a également déclaré que ces actes tragiques ont mis en évidence notre vulnérabilité et la nécessité de renforcer la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme international.  Elle a rappelé que son pays était en cours de ratification de la Convention pour la répression des actes terroristes à l'explosif (1997) et de la Convention pour la répression du financement du terrorisme (1999).


Après avoir souligné les efforts de son pays au niveau régional et les accords entre pays asiatiques (l’Organisation de coopération de Shanghai, la Déclaration de la Conférence d’Almaty sur l’interaction et le renforcement des mesures de confiance en Asie) pour lutter contre le terrorisme, auxquels il est partie, elle a rappelé que le terrorisme représente une menace majeure pour la paix et la sécurité internationales et elle a appelé la communauté internationale à prendre garde des sources d’instabilité que constituent la pauvreté, l’intolérance, la dégradation de l’environnement.  Ce sont là, a-t-elle déclaré, autant de sources de haine qui peuvent mener au terrorisme.  Car, a-t-elle ajouté, les peuples désespérés recourent souvent à des actes désespérés.  Elle a évoqué la mondialisation pour réclamer qu’elle soit conduite de façon équitable et qu’elle soit synonyme de développement économique durable même pour les pays les plus pauvres.


M. OUCH BORITH (Cambodge) a demandé que, sans minimiser les souffrances des personnes touchées le 11 septembre, une pensée soit accordée à toutes les personnes qui ont été victimes du terrorisme dans le monde et au fil de l'histoire.  Il a appelé à condamner sans réserve et sans équivoque les horreurs de ce mardi noir mais également à analyser les causes de la tragédie.  Il a attiré l'attention sur le fait qu'il n'existait pas de gène du "terroriste suicidaire" et que ces agresseurs, a priori nés normaux, s'étaient mués en individus n'ayant plus que la volonté de tuer.  Il faut que nous fassions tous collectivement notre examen de conscience pour trouver la réponse, a-t-il déclaré.


Le représentant a retracé le chemin parcouru par le Cambodge depuis les accords de Paris ; la paix et la stabilité règnent dans le pays pour la première fois depuis des décennies, a-t-il indiqué.  La guerre que nous menons actuellement est contre la pauvreté.  Il a indiqué que son pays avait, en novembre dernier, été attaqué par des terroristes qui se dénomment eux-mêmes les Cambodian Freedom Fighters et était toujours menacé par ce groupe dirigé depuis l'étranger par des Cambodgiens exilés.  Il a lancé un appel, au nom du Gouvernement et du peuple cambodgiens, aux pays concernés leur demandant de s'abstenir de soutenir les membres de ce groupe. Ils doivent être arrêtés, condamnés et punis, a-t-il déclaré.  Il a exprimé le soutien de son pays à l'initiative de l'Inde qui propose de réunir les douze Conventions en un traité significatif qui serait mis en œuvre grâce à la coopération internationale.


M. ERNEST PETRIC (Slovénie) a déclaré que dans la mesure où les attaques terroristes sont perpétrées, dans la majorité des cas à l’échelle internationale, une coopération et des efforts coordonnés de même envergure sont essentiels au combat contre le terrorisme international.  Une action mondiale requiert la coopération de tous les États et des diverses organisations régionales et internationales, grâce en particulier à des échanges d’informations, à l’assistance judiciaire mutuelle et aux forces de police.  Il a ajouté qu’il est très important de comprendre et d’éradiquer les racines profondes du terrorisme qui ont des ressorts politiques, économiques, philosophiques, idéologiques et religieux.  M. Petric a fait observer que suite à ce qui s’est passé le 11 septembre, il n’était pas nécessaire d’attendre une définition précise et globale du terrorisme pour agir.  Il a estimé que de nouvelles menaces terroristes pourraient surgir, notamment de l’utilisation des systèmes de communication mondiaux, des gains financiers issus du trafic illicite des drogues, de l’abondance des armes de toute nature et de leur trafic.  La création et l’utilisation d’armes chimiques et biologiques et l’existence d’armes de destruction massive sont à redouter.  Dans ce contexte, les États doivent être encore plus vigilants et devraient travailler de concert afin d’empêcher l’accès des terroristes à ces armes.  Le représentant s’est en outre félicité de la création, au cours des années, d’un cadre d’action légal de lutte contre le terrorisme, aussi bien au niveau international que régional.  La Slovénie considère qu’il faut préserver les mécanismes déjà créés par les Conventions partielles sans négliger les mécanismes qui se dégageront d’une convention mondiale : les deux cadres d’action pouvant être appliqués simultanément si une relation efficace est établie entre eux.  Enfin, le représentant a précisé que son pays appuyait pleinement les résolutions 1368 et 1373 du Conseil de sécurité.


M. ABDUL MEJID HUSSEIN (Ethiopie) a déclaré que le terrorisme avait des visages multiples et qu’une collaboration extraordinaire entre les États était indispensable si l’on voulait lutter avec quelque efficacité contre les dangers qu’il présente.  Il a rappelé que le premier détournement d’avion avait eu lieu dans les années soixante dans son pays qui, depuis, avait pris des mesures légales et administratives de lutte contre le terrorisme aux niveaux national et international.  Le représentant a fait observer que la coopération entre les États devait être fondée sur leur grande participation et sur le droit international.  La communauté internationale doit se doter d’instruments précis et efficaces qui respectent les droits de l’homme en même temps qu’ils permettent de traiter les problèmes politiques et économiques qui sont autant de facteurs d’instabilité dont se nourrit le terrorisme.  Il est indispensable de prendre en considération la question des grandes disparités entre le Nord et le Sud et les problèmes posés par la pauvreté.  M. Hussein a estimé que face aux circonstances actuelles, l’adoption d’une Convention globale sur le terrorisme international était une priorité.  Dans ce contexte, il a déclaré que son pays appuyait le projet présenté par l’Inde dans le cadre de la Sixième Commission comme pouvant constituer une base pour l’élaboration d’une telle convention.  Enfin, il a rappelé que l’ONU devait être le forum privilégié de lutte contre le terrorisme international mais que chaque État avait le droit légitime de se défendre.


M. ZEID RA'AD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie) a indiqué que la Jordanie souhaitait réaffirmer qu'elle rejetait le terrorisme sous toutes ses formes, en particulier ce qui s'est passé aux Etats-Unis et qu'elle était prête à fournir toute l'assistance nécessaire dans la lutte engagée contre les auteurs d'actes terroristes.  Il a dénoncé le terrorisme, source de haine entre les peuples et agression contre les buts et principes des Nations Unies.  Il a demandé qu'une distinction soit faite entre l'exercice du droit des peuples à l'autodétermination et les attaques contre des victimes innocentes.  Il a demandé en outre que l'on ne fasse pas d'amalgame avec la culture arabe et la charia.


Le représentant a fait observer que les peuples du monde dans leur ensemble n'avaient pas échappé au fléau du terrorisme et qu'il était donc important de consolider le cadre juridique permettant de lutter contre ce phénomène dans tous ses aspects, notamment l'incitation au terrorisme, son financement et l'entraînement des terroristes.  Il a indiqué que la Jordanie avait pris de nombreuses mesures au plan national pour traduire en justice les auteurs d'actes terroristes et combattre le financement du terrorisme en instaurant notamment la transparence bancaire.  Le Gouvernement travaille de façon inlassable pour prévenir les actes terroristes et collabore au plan international dans ce sens, a-t-il précisé.  Il a signé ou ratifié 11 conventions ou accords, les dernières en date étant la Convention arabe sur la répression du terrorisme de 1998 et la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme de 1999.  La Jordanie continuera dans ces entreprises en collaboration avec d'autres pays pour faire cesser ce phénomène qui met en danger la vie des peuples et soutient les résolutions visant à éliminer le terrorisme.


M. JACQUES L. BOISSON (Monaco) a déclaré que, le 11 septembre 2001, l'incrédulité a fait place à l'horreur face à la violence sans précédent et à l'envergure des attaques terroristes perpétrées contre les Etats-Unis.  Face à ces événements, la Principauté de Monaco fait pleinement siennes les résolutions adoptées tant par le Conseil de sécurité que par l'Assemblée générale condamnant ces actes de terrorisme qui constituent une menace à la paix et à la sécurité internationales.  Il a rappelé que, grâce à l'action entreprise par le Comité spécial créé par sa résolution 51/210, l'Assemblée générale avait été en mesure d'adopter, dès 1997, la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l'explosif, ratifiée par Monaco le 6 septembre dernier, et en décembre 1999, la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, que la Principauté s'apprête à ratifier d'ici à la fin de l'année. 


M. Boisson a ajouté que son Gouvernement est convaincu que le renforcement de l'ordre juridique international représente l'une des pierres angulaires de l'action intergouvernementale destinée à combattre avec efficacité et éliminer à terme le terrorisme international.  Il a souhaité que la communauté internationale fasse preuve de diligence pour achever le projet de convention pour la répression des actes de terrorisme nucléaire ainsi que celui relatif au terrorisme international.  Rappelant que Monaco avait été parmi les premiers Etats à ratifier la Convention sur la criminalité transnationale organisée et ses deux premiers Protocoles additionnels, le représentant a estimé que son pays était en mesure de prendre sans délai des mesures de nature à satisfaire les demandes des Etats-Unis concernant le gel, sur son territoire, des avoirs de personnes et groupements.  Il a ajouté que le Service d'information et de contrôle des circuits financiers travaillait avec ses homologues européens et américains afin de priver les groupes terroristes et ceux qui les soutiennent de leur financement, notamment avec le concours d'Interpol.  


Mme ROSER SUNE-PASCUET (Andorre) a précisé que, compte tenu de sa situation privilégiée de pays jouissant d’une paix durable et d’un développement social et économique bénéfique depuis plus de sept siècles, la Principauté d’Andorre était particulièrement sensible aux terribles actes qui se sont produits le 11 septembre dernier, et que par conséquent son pays se joindrait à ceux qui sont à la recherche d’une stratégie visant à éliminer ce mal, afin de garantir la paix et la sécurité de nos peuples.


S’interrogeant sur le rôle des Nations Unies face à cette situation terrible, la représentante d’Andorre a appelé la communauté internationale à agir de concert, afin d’atteindre les buts que nous nous sommes fixés, en se félicitant de l’adoption de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité, qu’elle a défini comme un premier pas dans ce sens.  En conclusion, elle a appelé les Nations Unies, dans un souci de crédibilité, à faire face à leurs responsabilités.


M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a rappelé que les Nations Unies ont été et restent au centre de la lutte contre le terrorisme.  La preuve en est le travail de la Sixième Commission de l’Assemblée générale qui a permis la mise en place d’un cadre juridique mondial de répression et de prévention du terrorisme international.  Il a remercié la délégation de l’Inde pour l’initiative qu’elle a prise de présenter un projet de Convention sur la lutte mondiale contre ce fléau et a appelé les Etats Membres à redoubler d’efforts pour achever rapidement ce texte fondamental.  Il a également réclamé des efforts supplémentaires pour mener à son terme la Convention internationale sur la suppression des actes de terrorisme nucléaire. 


Il est vital, a-t-il poursuivi, que les membres des Nations Unies signent et ratifient les douze Conventions existantes qui représentent déjà les fondements légaux d’une action collective contre le terrorisme.  Il a recommandé que les Etats coordonnent leurs actions afin d’empêcher les terroristes d’utiliser leurs territoires pour leur financement, leur entraînement, leur planification ou leur organisation, sans considération politique, ethnique, religieuse, raciale, philosophique ou idéologique.


Enfin, il a estimé que la Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des petites armes et armes légères participait du combat collectif contre le terrorisme.  L’application effective de toutes initiatives similaires sera cruciale, a-t-il poursuivi, tout comme la résolution 1373 du Conseil de sécurité, réponse immédiate et globale, qui vise à traduire la rhétorique en mesures pratiques


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a déclaré que le phénomène du terrorisme a donné lieu à l’élaboration de plans d’action internationaux dans le contexte du droit international afin de lutter contre une menace qui touche toute les nations et qui ne connaît pas de frontières sociale, économique ou géographique.  C’est pourquoi nous devons tous coopérer dans le cadre des Nations Unies qui sont le forum le plus approprié pour déterminer les voies et les moyens d’assurer l’avenir de notre monde, a-t-il ajouté.  Le représentant a rappelé que son Gouvernement avait fermement condamné les actes terroristes perpétrés le 11 septembre et avait appelé la communauté internationale à se dresser contre le terrorisme en toute impartialité. 


Il faut cependant regretter les tentatives de certains d’identifier le terrorisme à une religion, à des groupes sociaux particuliers ou à des peuples.  On ne doit pas diaboliser certaines religions car chacun sait que de telles accusations peuvent avoir de graves conséquences et ostraciser des peuples ou des nations.  Le représentant a rappelé que l’Emir du Qatar, suite à l’invitation de Sa Majesté Sheikh Hamad bin Khalifa Al-Thani, avait accueilli un groupe de personnes éminentes afin d’examiner les meilleurs moyens à mettre en oeuvre pour rapprocher les points de vue des sociétés afin de consolider le dialogue entre les civilisations.  Il a insisté sur l’importance d’un traitement impartial de l’information notamment dans le contexte des récents événements aux États-Unis.  En outre, en l’absence d’une définition spécifique du terrorisme, le représentant a insisté sur la nécessité d’établir une distinction entre la condamnation d’actes terroristes, la légitime résistance et la lutte nationale contre l’occupation étrangère.  Le droit international et la Charte des Nations Unies ont garanti ce droit.  Une définition juridique globale du terrorisme doit prendre en compte toutes les formes de terrorisme, y compris le terrorisme d’État et les menaces posées par les armes nucléaires et de destruction massive.  Enfin, il a souhaité qu’une Convention internationale sur le terrorisme soit rapidement élaborée.


M. AHMED ABBI HASHI (Somalie) a exprimé le chagrin de son pays pour les pertes subies par le peuple américain et a rappelé que la Somalie avait elle aussi subi des pertes inutiles en vies humaines pendant la guerre civile qu’elle a traversée.  Il a indiqué que pour la première fois depuis trente ans son pays s’exprimait devant cette enceinte et a profité de cette occasion pour exprimer la satisfaction de son pays de revenir sur la scène internationale.  Il a déclaré que, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, la Somalie avait formé le 30 septembre un groupe de travail antiterroriste de haut niveau, avec la participation notamment des Ministères de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice, et chargé de coopérer avec les homologues des autres Etats, le Conseil de sécurité et le Secrétaire général des Nations Unies.  Ce groupe de travail a également reçu pour mandat d’examiner tous les traités internationaux de lutte contre le terrorisme en vue de leur ratification.


Le représentant de la Somalie a demandé aux Etats Membres des Nations Unies de noter que son Gouvernement avait récemment fait imprimer de nouveaux passeports en France, difficiles à falsifier et correspondant aux normes retenues par d’autres pays.  Notre position est parfaitement claire, a-t-il conclu, nous sommes engagés à lutter contre cette menace qu’est le terrorisme et nous ne permettrons à personne ayant des liens avec le terrorisme de venir opérer sur notre territoire.


M. ERWIN ORTIZ (Bolivie) évoquant le plus horrible crime terroriste jamais commis qu’il a défini comme un crime contre l’humanité, il a demandé une action urgente de la communauté internationale contre le terrorisme, pour que les auteurs, complices et soutiens soient jugés, car, a-t-il ajouté, le terrorisme d’où qu’il vienne est une menace à la paix et la sécurité internationales, qui tire ses racines de la pauvreté et des sociétés faiblement structurées.  Citant l’expérience de son pays, qui a longtemps souffert du terrorisme, M. Ortiz a rappelé les liens unissant le trafic de stupéfiants et le crime organisé, qui s’alimentent l’un et l’autre.  A ce sujet, a-t-il poursuivi, la riposte doit également être planétaire.  Il a déclaré qu’il fallait reconnaître que l’apparition de ces phénomènes a un terreau propice, à savoir les conditions de pauvreté qui entraînent la faim, l’ignorance, la maladie et frustrations.


En s’associant à la coalition internationale contre le terrorisme dans le cadre de Nations Unies, il a déclaré que le monde ne pouvait plus tolérer de tels actes, et a demandé des mesures plus efficaces, et davantage de détermination pour éliminer ces actes barbares.  Les intellectuels ont commis une grande erreur, a-t-il poursuivi, en pensant que ce terrorisme ne s’attaquait qu’aux Etats-Unis, d’où la nécessité de dire tous ensemble non à la terreur du terrorisme en lançant un appel à la communauté internationale en vue de forger une nouvelle conscience internationale pour un monde meilleur, où les principes reconnus par tous de la liberté, et du bien-être puissent être en vigueur pour tous, afin que les enfants puissent naître dans nos sociétés pour y vivre et non pour y mourir.


M. SERGIO VENTO (Italie) a jugé que l’horreur mondiale qu’est le terrorisme exige une réaction tout aussi mondiale.  Les lacunes judiciaires existantes, a-t-il souligné, fournissent un abri aux criminels et à leurs intérêts, créant une grave menace à la paix et à la stabilité, pas seulement sur les Etats mais sur l’ensemble des valeurs au coeur même de la création des Nations Unies.  L’idée est donc de supprimer ces lacunes qui ouvrent la voie aux criminels.  Il a jugé que l’adoption rapide de la résolution 1373 traduit un nouvel esprit dans la répression du terrorisme international, et noté que cette résolution reprend les dispositions des douze Conventions et les rend contraignantes pour les Etats Membres.


Il a souhaité que les négociations visant à définir un texte contre le terrorisme nucléaire puissent reprendre au plus vite et appelé les Etats à ne pas oublier les nouveaux instruments terrifiants que sont les armes chimiques ou biologiques.  Il faut considérer les actes de terrorisme comme des infractions graves et donc veiller à ce que cette gravité se traduise dans les châtiments réservés à leurs auteurs, a-t-il également fait valoir.  Le représentant a jugé que la nature planétaire de la menace terroriste rendait encore plus urgente la création d’une Cour pénale internationale et appelé les Etats à ratifier le Statut de Rome.  De même, a-t-il estimé, une entrée en vigueur rapide de la Convention contre la criminalité transnationale de décembre dernier et de ses trois protocoles serait un grand pas en avant pour faire cesser toutes les activités qui favorisent, même de façon secondaire, les actes terroristes.


M. ISMAEL A.GASPAR MARTINS (Angola) a rappelé que le terrorisme est un fléau qui nous affecte tous, sape les institutions politiques et économiques et nuit à l’interaction des Etats.  Il a jugé que les Nations Unies devaient jouer un rôle central en adoptant une stratégie globale qui comprendrait des mesures politiques, diplomatiques, militaires, économiques et légales claires pour l’éliminer.  Se félicitant de l’adoption de la résolution 1373, il a souligné qu’elle appelle les Etats Membres à être rapidement parties aux Conventions internationales relatives au terrorisme, particulièrement celle de décembre 1999 sur le financement.


Rappelant que le peuple angolais était lui-même victime d’actes cruels perpétrés par les rebelles de l’Union pour l’Indépendance totale de l’Angola (UNITA), il a estimé que ces actes correspondaient au concept de crimes de terrorisme et que la communauté internationale les avait condamnés en imposant des sanctions à leurs auteurs.  Il a fait valoir que son pays avait renforcé sa coopération avec les Etats voisins dans la lutte contre le trafic de drogue, d’armes, le blanchiment d’argent et autres.  Il a appelé les Etats à se montrer particulièrement attentifs aux terroristes qui agissent sous couvert de lutte pour la liberté, la religion, l’autodétermination ou la souveraineté car nul n’est au-dessus des lois, ainsi que l’a rappelé le Secrétaire général, a-t-il conclu.


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