En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6455

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, NOTANT QU'IL EXISTE UN NOUVEAU CONSENSUS POLITIQUE SUR LA NÉCESSITÉ DE RENFORCER LE RÔLE DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL, DIT QU'IL FAUT SAISIR L'OCCASION OFFERTE

6 février 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6455
ECOSOC/5749


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, NOTANT QU'IL EXISTE UN NOUVEAU CONSENSUS POLITIQUE SUR LA NÉCESSITÉ DE RENFORCER LE RÔLE DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL, DIT QU'IL FAUT SAISIR L'OCCASION OFFERTE

19980206 Lors de la session d'organisation du Conseil, M. Kofi Annan passe en revue les travaux du CAC qu'il considère comme le symbole de l'unité d'action du système des Nations Unies

On trouvera ci-après le texte de la déclaration faite ce matin par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, lors de la session d'organisation du Conseil économique et social tenue au Siège.

Permettez-moi tout d'abord de féliciter les nouveaux Président et Vice-Présidents du Conseil économique et social. Le Conseil a la chance d'être à nouveau dirigé par S. E. M. Juan Samovía, du Chili, qui apporte à cette fonction sa conception ambitieuse de l'avenir de notre organisation; il sera aidé, dans sa tâche, par quatre Vice-Présidents dont l'expérience est exceptionnelle et le dévouement à l'Organisation sans faille.

Je sais gré au Conseil de m'avoir invité à participer à la séance de ce matin.

Je me plais à penser que votre invitation fait écho, du moins en partie, au vif intérêt que j'ai manifesté l'année dernière, lors du débat de haut niveau, pour un renforcement du dialogue avec le Conseil.

Votre initiative correspond également à l'esprit du programme de réforme que j'ai lancé l'an dernier, et dont l'un des thèmes principaux était le renforcement de la collaboration et l'instauration de nouveaux partenariats au sein du Secrétariat et entre le Secrétariat et les mécanismes intergouvernementaux.

Il est en effet indispensable que le dialogue entre le Conseil et le Secrétaire général, en sa qualité de Président du Comité administratif de coordination, s'intensifie si l'on veut atteindre l'un des principaux objectifs du processus de réforme, à savoir mobiliser tous les acteurs du système pour faire du développement la priorité absolue de la communauté internationale.

Ainsi que vous l'avez suggéré, Monsieur le Président, je ne me bornerai pas à analyser les résultats de la session d'automne du CAC. Je vous ferai également part de certaines de mes réflexions sur le rôle du Comité et sur

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l'évolution de ses activités l'année dernière. J'hasarderai aussi certaines vues sur les activités du Conseil en 1998.

Le CAC est un instrument unique. À maints égards, il est le symbole de l'unité d'action du système; un système décentralisé, composé d'éléments très différents, mais aussi un système uni, que les fondateurs considéraient comme l'instrument permettant de mettre à profit les capacités spécialisées des divers organismes, afin d'atteindre les objectifs sociaux et économiques de la Charte. Toutefois, le CAC peut et doit être beaucoup plus qu'un symbole. Je pense que nous commençons à peine d'exploiter son potentiel :

— En tant qu'instrument permettant au Secrétaire général d'utiliser les multiples capacités du système pour promouvoir la sécurité et le développement;

— En tant qu'instrument permettant de recueillir les avis de tous pour offrir des conseils aux organes intergouvernementaux, et de coordonner l'exécution de leurs mandats; et

— En tant qu'instrument permettant d'aider les différents organismes du système à régler les problèmes qu'ils ne peuvent résoudre seuls.

Permettez-moi de revenir sur chacun de ces trois points.

Depuis que j'ai pris mes fonctions, j'ai toujours eu à coeur de m'acquitter de mes responsabilités en tant que Président du CAC, de nouer et d'entretenir des relations personnelles avec les chefs de secrétariat des organismes du système, et de promouvoir un idéal commun. Il s'agit, à mon avis, d'un élément essentiel pour la revitalisation du rôle économique et social de l'ONU et le renforcement de la coopération internationale en faveur du développement.

Au cours des dernières années, on notera que les relations se sont considérablement améliorées entre le CAC et les principaux mécanismes intergouvernementaux de coordination, en particulier le Conseil. La méfiance tend à disparaître au profit de la collaboration et du partage des responsabilités.

Les conférences et les sommets mondiaux organisés récemment, qui ont montré que notre organisation avait un pouvoir unique de mobilisation, ont marqué un tournant dans cette évolution. Ces manifestations ont mis en lumière la capacité de l'ONU d'établir des cadres d'action qui s'appuient sur les capacités et les rôles distincts des différents organismes, tout en orientant leur action vers des objectifs communs fixés au plus haut niveau.

Le Conseil économique et social et l'Assemblée générale apprécient, quant à eux, le fait que le CAC prend la tête des efforts visant à permettre au système de recenser, en se fondant sur les résultats des conférences et des sommets, les questions intersectorielles et de fixer les priorités de ses programmes et activités. Le Conseil pourra ainsi réaffirmer son rôle en tant qu'organe responsable de l'orientation générale des activités et assurer la coordination de leur exécution. Voilà un excellent exemple des relations synergiques que le CAC et le Conseil doivent entretenir.

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Toutefois, l'évolution la plus notable réside, à mon avis, dans la façon dont les chefs de secrétariat perçoivent le rôle du CAC et la coordination interinstitutions. Les vastes discussions qui se sont tenues au sein du CAC au cours de l'année écoulée ont mis en évidence les graves problèmes de gestion et de stratégie auxquels se heurte l'ensemble du système. Elles ont permis de prendre davantage conscience que l'avenir de chaque élément du système dépendait de celui des autres entités. Ces débats ont aussi permis de réaffirmer que le CAC devait être l'instance privilégiée pour la coordination des initiatives des chefs de secrétariat en matière de programmes et de gestion et l'évaluation de leur impact sur la capacité globale du système et son avenir.

Les débats que le CAC a consacrés l'année dernière à la réforme ont été menés dans cette optique.

Les chefs de secrétariat se sont déclarés résolus à échanger en permanence des informations sur leurs activités en ce domaine, afin qu'elles se renforcent mutuellement, que les incidences sur les autres organisations en matière de politiques, de programmes et de gestion soient prises en compte et que les meilleures pratiques soient appliquées à l'échelle du système.

La consolidation de la paix a été un autre aspect important du programme de travail du CAC au cours de l'année. Il s'agissait notamment de mettre au point un "cadre stratégique" commun à tous les organismes du système, qui permette de mobiliser l'ensemble des capacités disponibles pour aider les pays à faire face aux crises et à se rétablir.

L'objectif est de combiner, de manière cohérente, les capacités analytiques du système, sa capacité en matière d'intervention humanitaire et de médiation politique et son expérience de la coopération pour le développement, pour consolider et préserver la paix; mais il s'agit également d'étudier les causes profondes des conflits actuels ou potentiels.

Monsieur le Président, vous avez parlé avec éloquence de ces questions au Conseil de sécurité, en mettant l'accent sur l'importance cruciale de la réconciliation. Il s'agit, en effet, d'un aspect essentiel de la consolidation de la paix, et de nombreux organismes ont ou pourraient avoir un rôle important à jouer dans ce domaine. Il faudra tenir compte de cet élément primordial dans la définition des éléments constituant le "cadre stratégique".

Le CAC a également accordé une attention continue à la mise en oeuvre de l'Initiative spéciale du système des Nations Unies pour l'Afrique et à ses répercussions. J'ai lancé un processus intensif de consultations interinstitutions dans le but d'adopter, à l'échelle du système, une approche concertée face aux problèmes majeurs de reconstruction et de développement auxquels sont confrontés les pays de la région des Grands Lacs.

Je suis convaincu qu'en travaillant avec les gouvernements de la région et avec l'appui des autres partenaires de développement, le système des Nations Unies est en mesure d'entreprendre une action coordonnée pour aider ces pays à retrouver la voie du développement.

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En 1997, le CAC s'est aussi activement employé à obtenir l'appui de plus en plus indispensable de la société civile, y compris du secteur privé, afin de répondre aux problèmes qui se posent à l'échelle mondiale.

On s'accorde généralement à reconnaître que le renforcement de la collaboration entre le système et la société civile doit être considéré comme l'un des principaux objectifs des processus de réforme en cours. Cette collaboration est en effet un aspect important des efforts déployés pour adapter le système à l'évolution de la situation aux niveaux national et international. En outre, elle est essentielle pour répondre aux problèmes majeurs auxquels nous sommes confrontés, qu'il s'agisse d'accroître les courants de ressources, de renforcer l'impact du système sur le développement ou d'obtenir un soutien accru de l'opinion publique.

Parallèlement à la session que le CAC a tenue en octobre, nous avons organisé le premier séminaire des membres du Comité, auquel ont participé tous les chefs de secrétariat des organismes membres, lesquels avaient également participé à la première session du CAC que j'ai présidée en avril.

Lors de notre débat sur l'évolution du rôle de l'État et ses incidences sur le système des Nations Unies, nous avons abordé la question de l'impact de la mondialisation et des autres tendances de l'économie mondiale sur les programmes et les institutions. Nous avons également examiné des thèmes aussi importants que les perspectives de coopération pour le développement et les nouvelles approches du financement du développement. Nous avons aussi étudié les moyens d'adapter le rôle et le fonctionnement du CAC à la nouvelle donne internationale.

Vu les résultats du séminaire, j'ai bon espoir qu'à sa session de mars, le CAC lancera plusieurs initiatives nouvelles qui permettront de renforcer la concertation entre les diverses entités du système; on mentionnera notamment l'établissement d'un réseau spécialisé et la tenue de consultations fréquentes par téléconférence entre les chefs de secrétariat.

J'espère que le Conseil examinera aussi attentivement la question de savoir si son plan actuel de réunions, fondé sur une seule session de fond par an, favorise le type de dialogue approfondi que nous souhaitons et si, de manière plus générale, il convient parfaitement au rôle que le Conseil est appelé à jouer en matière de gestion et de contrôle des activités.

Les changements rapides qui surviennent autour de nous doivent nous rappeler que l'ONU ne peut pas rester à l'écart; elle doit être prête à contribuer au règlement des problèmes du monde réel. Cela exige la mise en place d'un cadre institutionnel ancré dans la Charte, sans être limité par les méthodes et les structures du passé. Si nous voulons être fidèles aux objectifs de la Charte, nous devons être prêts à modifier le statu quo.

La réforme de l'ONU avance à grands pas. Ensemble, nous jetons les bases d'une organisation plus efficace qui nous permettra de jouer un rôle plus important et plus influent, en particulier dans le domaine du développement. Toutefois, il nous reste une tâche essentielle à effectuer : susciter la volonté politique d'utiliser pleinement les outils améliorés que nous sommes en train de

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créer.

Notre mission est double : nous devons poursuivre la réforme tout en nous attaquant avec plus de détermination aux problèmes de fond, afin de donner une impulsion nouvelle aux activités de l'Organisation.

Le Conseil économique et social a un rôle crucial à jouer dans ces deux domaines. Un nouveau consensus politique s'est dégagé sur la nécessité de renforcer le rôle et la capacité du Conseil. Il faut donc saisir l'occasion qui nous est offerte. Des initiatives importantes ont déjà été lancées, qui devraient permettre de dynamiser votre action.

De fait, le Conseil a progressé plus rapidement que l'Assemblée générale elle-même et d'autres entités de la structure intergouvernementale dans la définition de nouvelles méthodes de travail plus efficaces. Toutefois, il serait malvenu de céder à la complaisance. Le Conseil devra en effet entreprendre, cette année, un certain nombre de réformes importantes. Mil neuf cent quatre-vingt-dix-huit sera une année décisive. Je suis certain que le travail du Conseil aura d'importantes répercussions; il s'agit, à maints égards, de démontrer que l'Organisation peut jouer un rôle plus utile et accroître son impact dans un secteur crucial de son activité.

Les résolutions 50/227 et 52/12 B définissent certaines des principales mesures de suivi qui ont été confiées au Conseil pour faire progresser le processus de réforme. Les membres devront notamment examiner les activités de ses organes subsidiaires, y compris les commissions régionales.

Cette année, le Conseil devra également examiner d'autres questions importantes qui constituent de véritables défis en matière de réforme et pour l'action à mener et occupent une place centrale dans l'exercice des fonctions que lui confère la Charte.

La décision de consacrer un nouveau débat à l'assistance humanitaire ne comble pas seulement une importante lacune, en permettant de renforcer le processus décisionnel dans un domaine clef, mais ajoute aussi une nouvelle dimension importante au rôle du Conseil dans l'édification d'un monde plus sûr et plus solidaire.

S'agissant des activités opérationnelles, le Conseil examinera les travaux des conseils d'administration de ses fonds et programmes. Il devra s'acquitter de ses responsabilités en matière de supervision d'une manière permettant d'améliorer la coordination des travaux de leurs organes directeurs et, surtout, d'accroître la qualité des activités opérationnelles du système.

En ce qui concerne la coordination des politiques, j'attends avec intérêt vos délibérations sur les questions importantes des droits de l'homme et de la promotion de la femme. Elles constitueront les thèmes majeurs des débats consacrés aux questions de coordination et aux activités opérationnelles. Le Conseil examinera également la question de l'accès aux marchés dans le contexte de la mondialisation. Cette question est d'une grande actualité. Le choix du Conseil témoigne de la volonté de ses membres de débattre de questions d'actualité hautement prioritaires, ayant des incidences importantes sur la

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coopération internationale. En outre, plusieurs manifestations spéciales sont prévues cette année, qui devraient contribuer à galvaniser nos efforts collectifs dans ce domaine.

La réunion spéciale de haut niveau du Conseil, qui se tiendra le 18 avril, devrait contribuer à l'instauration d'une coopération fructueuse entre l'ONU et les institutions de Bretton Woods, qui permettra de tirer le meilleur parti de leurs atouts réciproques. Je me réjouis à la perspective de participer à cette réunion.

En mai, le Conseil convoquera une session extraordinaire afin d'examiner la suite donnée aux grandes conférences et aux sommets organisés sous l'égide des Nations Unies.

Le CAC soumettra au Conseil son évaluation de l'impact des équipes spéciales thématiques chargées de promouvoir un suivi intégré de ces conférences.

J'espère que le Conseil obtiendra de la communauté internationale qu'elle réaffirme son attachement aux accords conclus et qu'il appuiera parallèlement les efforts visant à réaliser l'objectif sous-jacent de ces conférences : l'adoption de mesures concertées en vue de l'éradication de la pauvreté.

Je vous assure que le CAC accordera la plus haute priorité à la mobilisation de toutes les capacités du système à l'appui de cet effort.

Soyez assurés du total soutien du CAC dans tous vos travaux; les organismes du système quant à eux sont disposés à poursuivre avec vous un dialogue soutenu et constant. Les politiques et les activités des organismes du système devraient non seulement constituer l'objet des travaux du Conseil mais aussi la base sur laquelle il se fonde.

Je m'associe aujourd'hui à votre engagement en faveur de l'action de l'Organisation dans les domaines économique et social. Je suis convaincu que nous pouvons atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Je vous assure de mon plein appui et vous souhaite de réussir votre entreprise.

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