DEUXIEME COMMISSION : LES DELEGATIONS SOULIGNENT L'IMPORTANCE DE L'AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT
Communiqué de Presse
AG/EF/218
DEUXIEME COMMISSION : LES DELEGATIONS SOULIGNENT L'IMPORTANCE DE L'AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT
19971016 Les capitaux privés contribuent au transfert de technologie et à la croissance, mais s'investissent de manière trop sélectiveLa Deuxième Commission (économique et financière) a entamé ce matin l'examen des chapitres "financement du développement, y compris le transfert net de ressources entre pays en développement et pays développés", et "crise de la dette extérieure et développement" du point de son ordre du jour intitulé "Question de politique macro-économique". Elle était dans ce cadre saisie d'une lettre sur le point en général, de deux rapports portant sur le financement du développement et d'un rapport ayant trait à la crise de la dette extérieure. Elle a entendu une déclaration liminaire du Directeur de la division des politiques macro-économiques du Département des affaires politiques et sociales, M. Ian Kinneburgh. Celui-ci a déclaré que c'est l'épargne intérieure qui est la principale source de financement dans la plupart des pays. Il faut donc accroître cette épargne, d'autant que celle-ci est associée à un flux important de capitaux d'origine extérieure. En ce qui concerne la dette, il faut que les pays créanciers fournissent les crédits nécessaires à la mise en oeuvre de l'Initiative de la Banque mondiale et du FMI en faveur des pays les moins avancés les plus endettés, initiative qui doit être renforcée. En même temps, les demandes en faveur d'un assouplissement des critères d'admission au bénéfice de l'Initiative ne doivent pas menacer le succès de l'opération car il est peu probable qu'une seconde chance lui serait alors accordée.
La Commission a entendu les représentants des pays suivants: République- Unie de Tanzanie (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Luxembourg (au nom de l'Union européenne et de pays associés), Etats-Unis, Fédération de Russie, Ghana, Paraguay (au nom du Groupe de Rio), Chine, Tunisie, Bolivie, Pologne, République de Corée et Ethiopie. Les observateurs du Saint-Siège et de la Banque mondiale ont également pris la parole. La plupart des délégations ont constaté que la mondialisation facilite la croissance mondiale mais présente des risques. En particulier, les mouvements imprévisibles de capitaux privés peuvent menacer la stabilité économique des pays en développement ou des pays à économie en transition. Les institutions de Bretton Woods doivent jouer un rôle de surveillance et d'alerte. Le renforcement récent de leurs fonds doit donc être approuvé. Les capitaux privés doivent être en outre orientés vers
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la rentabilité immédiate et ne s'investiront donc pas dans certains secteurs. Pour mettre en place certaines infrastructures, les pays en développement ont donc besoin de l'aide publique au développement, dont la tendance à la baisse doit être inversée. Le fardeau de la dette doit être réglé de manière durable, afin que les fonds consacrés au remboursement puissent être consacrés à des projets de développement. Plusieurs délégations ont également souhaité la convocation d'une conférence internationale sur les ressources en faveur du développement.
La Commission avait auparavant achevé son débat général et a entendu dans ce cadre les représentants de la Libye, du Yémen et du Nicaragua.
La Deuxième Commission poursuivra cet après-midi, à 15 heures, ses travaux sur les mêmes points de son ordre du jour.
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Fin du débat général
M. ALI ALAUJALI (Jamahiriya arabe libyenne) a noté que plus d'une centaine d'Etats connaissent une stagnation économique. Les PED doivent faire face à des situations troublantes caractérisées par l'instabilité et d'autres disparités qui font que le fossé entre les PED et les pays industrialisés au plan économique se creuse davantage et menace la paix. Les pauvres deviennent de plus en plus pauvres, et les riches de plus en plus riches. Cette stagnation économique a un impact négatif sur le volume d'échanges mondiaux. Il a indiqué que les conditions imposées par les donateurs en matière de crédit aux pays pauvres sont cruelles, et qu'elles doivent être réexaminées, particulièrement celles de la Banque mondiale et du FMI.
M. Alaujali a appelé la Communauté internationale à réagir rapidement aux problèmes de l'environnement pour soutenir un développement durable. Les Etats font en sorte que les services sociaux ne soient pas ignorés. Dans les PED, les gouvernements sont les seuls à pouvoir améliorer les conditions sociales. Il faut donc accorder suffisamment de l'importance au rôle de l'Etat. M. Alaujali a ajouté que les mesures protectionnistes entravent ces efforts et empêchent les PED de connaître une croissance économique. Lorsque l'on parle de démocratie, la véritable autorité doit être entre les mains des individus. Malheureusement les pays industrialisés imposent aux PED le modèle occidental comme seul valable. Le fait d'imposer le modèle de sagesse et de démocratie à tout le monde ne peut être généralisé à tous les pays. M. Alaujali a indiqué que les sanctions imposées, entre autres, par les Etats- Unis sont contraires au principe du partenariat pour le développement. Les Accords de l'OMC sont également contraires aux principes de la Charte des Nations Unies, notamment ceux qui encouragent un échange sans barrières et sans entraves. M. Alaujali espère que la communauté internationale mettra un terme à ces mesures restrictives qui ont aggravé la situation interne de plusieurs pays en développement et que ces mesures internationales seront supprimées. Les conditions imposées aux faibles sont en effet injustes et ont eu un effet négatif pour leur programme de développement. Bien que la mondialisation ait sa raison d'être, il faut cependant regarder les désavantages surtout dans le monde d'interdépendance dans lequel on vit.
M. Alaujali a indiqué que les Etats Unis sont plus responsables que tout autre Etat en ce qui concerne l'émission de gaz carbonique dans le monde, puisque cette émission est de trois fois supérieure à celle des autres Etats. Il faut donc être conscient des mesures à mettre en place pour assurer le suivi d'Action 21. Les pays développés doivent mettre tout en oeuvre pour lutter contre la désertification qui, si elle se poursuivait conduira à la famine et à la malnutrition.
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M. ENRIQUE PAGUADA FERNANDEZ (Nicaragua) a déclaré que son gouvernement cherche à renforcer une société juste dans un environnement sans violence, une société dans laquelle les gens s'entraident. Le Nicaragua veut également vivre en harmonie aussi bien avec ses voisins qu'avec la nature. La lutte contre la pauvreté est une condition sine qua non d'un développement durable et il existe un cercle vicieux entre la pauvreté et la dégradation de l'environnement. C'est pourquoi le Gouvernement a créé le Conseil national du développement durable, qui place l'homme au centre de tout progrès. Il a élaboré uns stratégie qui respecte les particularités ethniques. Cela ne peut se réaliser qu'avec la participation de l'ensemble de la société civile. Des catastrophes naturelles, deux guerres civiles et une dictature militaire marxiste-léniniste ont laissé un héritage de souffrance et de pauvreté, a souligné le représentant. Le Nicaragua n'est pas un pays pauvre mais un pays qui a été appauvri, a affirmé M. Paguada, qui a dressé un tableau sombre de la période des années 80 et déclare que l'économie d'un pays est une chose trop sérieuse pour être laissée entre les mains de commandants. Le représentant a fait part des mesures structurelles prises ou envisagées pour que le Nicaragua puisse bénéficier de l'aide internationale. Mais le Nicaragua n'acceptera jamais de mesures qui seraient imposées par le FMI et qui nuiraient aux classes qui sont déjà les plus défavorisées. M. Paguada a estimé que l'économie de son pays est en bonne voie, qu'il s'agisse de la croissance ou de la création d'emplois. Le Gouvernement a la volonté politique de régler les questions de propriété. Il favorise la privatisation et veut une société saine qui offre des opportunités à tous les Nicaraguayens. Le Gouvernement a mis l'accent sur l'éducation et la fourniture à tous des services de base. Il a amélioré les exportations et veille en même temps à une bonne gestion de ses précieuses ressources naturelles, a-t-il affirmé.
M. ABDULAZIZ AHMED KAID (Yémen) a souscrit au plan de réforme proposé par le Secrétaire général et considère que le rôle de l'ONU doit être renforcé et ses relations avec la Banque mondiale et le FMI améliorées de manière à mieux acheminer les ressources vers les pays en développement. Il faut en effet renforcer les conditions encourageant le développement surtout pour les PMA. M. Kaid a attiré l'attention sur l'importance de l'impact négatif qu'ont eu sur les nations pauvres les récentes mutations sur le plan international.
M. Kaid a rappelé que l'Assemblée générale avait mis en évidence, l'an dernier, le besoin urgent de l'aide publique au développement et avait souligné la nécessité d'aider les pays à faible revenu à trouver des solutions susceptibles d'encourager les investissements. Le suivi des conférences internationales ne donnant pas de résultats, il faudrait par conséquent que les pays développés tiennent leurs engagements et commencent à prendre des mesures concrètes pour remédier à cet état de choses. M. Kaid a indiqué que des solutions durables pour l'élimination de la dette en Afrique pourraient contribuer à la croissance économique dans les pays en développement, et en particulier dans les pays les moins avancés. L'écart entre les pays développés et en développement pose un problème pour la paix dans le monde, et les pays développés en sont les principaux responsables. Après avoir expliqué
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qu'il faudrait lever les mesures protectionnistes qui entravent la croissance économique, M. Kaid a indiqué que la Communauté internationale se doit de mobiliser les ressources nécessaires qui allégeront la dette des PMA qui constitue un véritable fardeau et une barrière au développement durable. Il a rendu hommage au PNUD et au Groupe des 7 pour leur aide en matière de développement.
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Questions de politique macro-économique
DOCUMENTATION
Lettre datée du 12 août 1997, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Jamaïque auprès de l'Organisation des Nations Unies, transmettant les textes du communiqué et de la Déclaration de Montego Bay, publiés à l'issue de la Conférence des chefs de gouvernement de la CARICOM (A/52/284)
Financement du développement, y compris le transfert net des ressources entre pays en développement et pays développés (A/52/399, A/52/406)
Le rapport se concentre sur les ressources de financement pour le développement et les mécanismes privés et officiels qui transforment la finance en investissement. Des sujets s'y rapportant comme l'intégration financière mondiale et la crise de la dette extérieure des pays en développement y sont également discutés.
Le rapport attire l'attention sur la préoccupation constante de savoir si les économies mondiales sont adéquates pour rejoindre les demandes financières croissantes des pays développés, en développement et à économie en transition. Le débat se centre sur la pression exercée sur les économies mondiales et sur la demande toujours croissante d'investissement dans les pays en développement et à économie en transition. On craint en effet que l'insuffisance de l'épargne n'exerce une pression à la hausse sur les taux d'intérêt réels dans le monde, ce qui pourrait entre autre affaiblir l'activité économique dans son ensemble et décourager l'investissement nécessaire.
Concernant le problème de l'épargne pour le développement, le rapport passe en revue l'origine de l'épargne intérieure et le transfert des ressources financières provenant de l'étranger. Il identifie la hausse des revenus, la réduction du déficit budgétaire et la libéralisation du secteur financier comme des facteurs susceptibles d'augmenter l'épargne intérieure. Le degré auquel le montant d'épargne de la part des pays développés continuerait à être disponible pour suppléer l'épargne intérieure des pays en développement dépend tout d'abord de la croissance future de l'épargne et de l'investissement dans les pays développés.
Le rapport met l'accent sur le besoin de considérer l'environnement dans les pays en développement comme un facteur important de mobilisation de ressources financières pour le développement. Les pays en développement devraient adopter des politiques qui renforcent la formation de leur propre capital intérieur, et donc de leur propre épargne. Ces politiques comprennent l'établissement et le maintien d'une macro-économie stable, un degré d'endettement intérieur et extérieur soutenable, ainsi qu'une infrastructure physique et sociale appropriée.
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En vue du nouveau millénaire, le rapport indique un nouveau consensus mondial sur le développement se centrant sur la réduction de la pauvreté dans les pays en développement, et spécifiant les cibles à atteindre prochainement dans les domaines social et environnemental. Il mentionne également des changements dans le volume et la nature des flux financiers mondiaux, le plus dramatique étant celui de l'explosion des mouvements internationaux de capitaux privés, et plus spécialement la participation accrue de certains pays en développement à ces flux.
Le rapport indique également le rôle accru des forces de marché dans le processus de développement et la libéralisation ainsi que la déréglementation des marchés qui en découlent dans beaucoup de pays en développement comme ayant stimulé une forte augmentation des investissements directs étrangers (IED) et d'autres flux de capitaux privés vers un certain nombre de pays en développement. La lassitude quant à l'aide et les restrictions budgétaires que les pays en développement connaissent ont amené une diminution de l'Aide publique au développement (APD), et ont vu les mouvements financiers passer du secteur publique au secteur privé. Les flux publics concernaient plutôt les besoins humanitaires immédiats que le développement à long terme.
S'il reconnaît que la totalité du transfert net des ressources en faveur de tous les pays en développement a fortement augmenté au cours des dix dernières années, le rapport note également que la nature, la distribution, la composition, les termes et les conditions de ces flux ont changé. Cette situation a soulevé des questions à propos de la cohérence et du bien-fondé des nouveaux modèles de flux avec le nouveau consensus de la communauté internationale sur le développement des besoins des pays en développement. Il est universellement reconnu qu'il y a eu une insuffisance de la hausse des transferts privés, qui a en fait été limitée à un groupe restreint de pays, bien que ce dernier soit légèrement à la hausse. Pour certains pays, l'augmentation des flux privés a comblé le vide créé par la diminution de l'APD en termes financiers, alors que pour d'autres le déclin du transfert net est devenu une contrainte au développement.
En insistant sur l'importance des capitaux privés dans le développement, le rapport indique cependant qu'une large part de l'augmentation des flux de capitaux privés vers les pays en développement jusqu'à ce jour a pris la forme de portefeuilles de capitaux et de flux à court terme qui ne répondent pas obligatoirement aux priorités du développement, et étant donné leur instabilité, pourraient avoir des conséquences déstabilisations. Le besoin pour l'APD existe toujours, et particulièrement pour les pays les plus pauvres. Bien que les principaux pays donateurs aient récemment confirmé leur engagement vis-à-vis des pays les plus pauvres, le flux actuel des ressources de concession pour ces pays ont tendance à être moindre que celui souhaité. La totalité des ressources requises pour les pays pauvres fortement endettés n'est pas assurée, et les ressources mobilisées pour les recapitalisations successives de l'Association internationale pour le développement (AID) au cours des dernières années ont été moindres que celles qui avaient été suggérées. Le Secrétaire général demande à l'Assemblée générale d'envisager des moyens de traiter la question.
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Le rapport met à jour le rapport du Secrétariat de 1996, qui avait été rédigé à la suite de la crise de la balance des paiements de Mexico en 1994, et qui avait pour but d'aider l'Assemblée Générale dans ses considérations à ce sujet. Ce rapport couvre trois domaines: l'environnement macro-économique, l'efficacité et la stabilité des marchés financiers internationaux, et les mesures pouvant renforcer l'accès au financement international.
Le rapport indique que la crise financière survenue en Thaïlande et dans d'autres pays d'Asie du sud-est en 1997 a généré d'autres questions sur la pertinence d'un cadre international pour des marchés mondiaux hautement intégrés. Il existe un consensus international sur le bien-fondé d'une libéralisation des comptes de capitaux, mais les opinions divergent sur de nombreux aspects quant à son implantation. Une des craintes partagée par tous est celle de la vulnérabilité des économies prises individuellement, à savoir les entreprises et les individus face à une intégration mondiale instable des marchés financiers.
Afin d'assurer le succès de la libéralisation des marchés financiers, le rapport indique que des actions complémentaires doivent être prises pour réduire leur instabilité. Ces actions comprennent la création, aussi bien au niveau international que national, d'un environnement macro-économique durable, d'un système financier stable et d'arrangements prudents appropriés. En cas d'échec des mesures préventives, des mécanismes pour faire face à une crise financière sont également requis.
Le rapport indique qu'en avril 1997, le Comité de Basle sur le contrôle bancaire suggère un ensemble de Principes de base pour un contrôle effectif des opérations bancaires qui soit applicable aussi bien dans les pays membres et non-membres du G-10. Une fois le texte final approuvé, les autorités de contrôle à travers le monde doivent être encouragées à donner leur approbation formelle quant à l'utilisation de ces Principes comme référence de base pour toutes les autorités de contrôle et autres autorités publiques concernées. L'utilisation de ces Principes sera contrôlée par le Comité de Basle sur le contrôle bancaire, ensemble avec d'autres organisations intéressées, et plus spécialement le FMI et la Banque mondiale.
Selon le rapport, un contrôle prudent sur le secteur financier au niveau national a toujours été considéré comme essentiel pour réduire les risques de l'économie dans son ensemble. Dans un monde financièrement intégré, de tels contrôles sont également considérés comme nécessaires pour accroître la confiance internationale dans le système financier intérieur, ce qui amènera une augmentation des flux de capitaux extérieurs. Mais des normes bancaires de prudence peuvent également dresser des barrières à l'entrée de services financiers sur les marchés intérieurs, et par là même être en contradiction avec les efforts de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour libéraliser le commerce dans ce domaine. Il est nécessaire de parvenir à un compromis entre ces mesures de prudence et les négociations entreprises sous les auspices de l'OMC pour faciliter les conditions d'entrée, et de fournir ainsi un espace de concurrence aux entreprises nationales et étrangères dans le secteur financier.
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Le rapport parle de l'inquiétude des différentes autorités de contrôle quant à la capacité des institutions financières de gérer le risque sous leur responsabilité, plus particulièrement dans un marché mondial comprenant des instruments financiers complexes et en continuelle mutation. Comme l'indique le rapport de 1996, la vitesse rapide de changement des instruments et des marchés financiers mondiaux fait qu'il est difficile de garder les règles à jour, et les structures de réglementation doivent être adaptées au processus continuel d'innovation financière. En janvier 1997, la BCBS a publié un document consultatif concernant le risque lié aux taux d'intérêt. Des commentaires sur les propositions ont été demandées aux autorités de contrôle des pays non-membres du G-10, aux banques et autres organismes intéressés.
Le rapport indique qu'en plus d'un renforcement des règlements, des efforts se sont poursuivis pour utiliser une "discipline de marché" comme instrument pour promouvoir une attitude prudente. Un plus grand accès à l'information pour le public permettrait d'augmenter la possibilité pour les investisseurs individuels et les entreprises de distinguer les institutions faibles des puissantes. Un effort international conséquent est requis afin d'augmenter la mise à disposition d'informations fiables sur les activités des banques. Cet effort devrait certainement comprendre la mise sur pied d'une ligne directrice au niveau des procédures et du contenu concernant la divulgation d'information. Pour augmenter la fiabilité de la "discipline de marché", il faut également améliorer l'harmonisation des normes de comptabilité et d'audit, et trouver des accords sur les procédures de normalisation pour faire face à la banqueroute d'entreprises financières internationales.
Selon le rapport, l'émergence de conglomérats financiers, c'est-à-dire d'entreprises qui offrent un éventail de services financiers et qui opèrent dans de multiples pays, rend plus difficiles les contrôles. Ces conglomérats soulèvent des questions sur la répartition de la responsabilité et la coordination du contrôle parmi les différentes autorités concernées. Ce problème a été discuté par les chefs de gouvernement aux Sommets des G-7 de Lyon et de Denver, en 1996 et 1997. Un consensus s'y est dégagé sur la nécessité d'une plus grande coopération aux niveaux national et international sur l'attribution des responsabilités, l'échange d'information, et une plus grande cohérence dans les méthodes de contrôle. Il a également été reconnu qu'il faudrait un coordonnateur pour faciliter l'échange d'informations entre les institutions financières mondiales.
Crise de la dette extérieure et développement (A/52/290)
Ce rapport fait le bilan de la mise en oeuvre de l'Initiative relative aux pays pauvres très endettés et porte sur d'autres aspects de l'endettement des pays en développement, ainsi que sur les mesures adoptées pour remédier au problème. Il a été établi en consultation avec le FMI, la Banque mondiale et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, mais les vues qu'il contient sont celles du Secrétariat de l'ONU.
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A la fin 1996, le montant de la dette extérieure des pays en développement débiteurs nets était supérieur à 1.800 milliards de dollars, en hausse de 110 milliards de dollars, soit 6,4 %, par rapport à la même période de l'année précédente. La dette des pays considérés comme "fortement endettés" représentait environ 45 % de ce total. L'augmentation de la dette extérieure due aux emprunts nets a été modérée en Afrique (qui ne peut guère contracter de nouveaux emprunts à cause de son surendettement), et en Amérique latine (de 4 % et de 3 %, respectivement), mais elle a atteint 10 % en Asie. Concernant la dette à long terme, ce sont les prêts d'origine privée qui ont augmenté le plus rapidement. Mais la part des crédits privés dans la dette à long terme de l'Afrique ne dépasse toujours pas les 25 %, contre plus de 60 % pour l'Amérique latine et 45 % pour l'Asie.
Pour la première fois depuis que la crise de la dette a éclaté, au début des années 80, l'encours de la dette publique a diminué en 1996. De manière générale, la situation des pays en développement débiteurs nets a continué de s'améliorer en 1996. La liste des pays fortement endettés a conservé ses deux principaux caractères, connus depuis longtemps: d'une part, un quart de ces pays sont à revenu intermédiaire, ce qui montre bien que les pays les plus pauvres ne sont pas les seuls à être vulnérables. Ensuite, si la situation de l'Afrique subsaharienne est particulièrement préoccupante, 19 pays appartiennent à d'autres régions, ce qui confirme l'étendue du problème de l'endettement international.
La stratégie internationale mise en place pour aider les pays confrontés à de graves problèmes d'endettement comporte deux volets: l'adoption par les pays débiteurs de programmes de stabilisation macro-économique et de réforme économique soutenus par des institutions financières multilatérales, et la restructuration de la dette, qui associe rééchelonnement, annulation partielle du service de la dette et réduction de l'encours de la dette. Un allégement de la dette est consenti en particulier par des créanciers publics, lorsque le pays prouve qu'il a adopté des politiques macro-économiques plus rigoureuses. Au cours de la dernière décennie, les conditions devenues de plus en plus libérales, notamment pour les créances publiques bilatérales, dans le cadre du Club de Paris. En ce qui concerne l'endettement envers les institutions internationales, la Banque mondiale et le FMI ont proposé, lors des réunions du Comité intérimaire et du Comité du développement qui ont eu lieu en avril 1996, un nouveau cadre d'action pour l'Initiative concernant la dette des pays pauvres très endettés.
Nombre de pays en développement très endettés réussissent actuellement à s'acquitter du fardeau du service de la dette, même si le coût économique est élevé. Mais d'autres sont dans l'impossibilité de s'acquitter de toutes leurs obligations de service de la dette et, soit voient leurs arriérés s'accumuler, soit renégocient constamment les conditions du service de la dette. Fait particulièrement préoccupant, surtout pour les pays à faible revenu dont les indicateurs d'endettement sont très élevés, la capacité d'un pays de
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s'acquitter de ses obligations, même renégociées, de service de la dette, dépend en partie du maintien d'un niveau élevé d'aide publique au développement. Or, cette aide est de moins en moins assurée puisque l'ensemble des apports d'aide diminue.
La stratégie internationale élaborée au cours des années 80 pour améliorer la situation de la dette a permis à de nombreux pays de retrouver accès à un financement extérieur régulier. Elle a cependant moins bien réussi avec l'endettement des pays les plus pauvres, en dépit de conditions de plus en plus favorables. L'initiative en faveur des pays pauvres très endettés vient donc à point pour renforcer la stratégie internationale de réduction de l'endettement, même si plusieurs pays en développement l'ont accueillie avec un certain scepticisme. Elle devrait favoriser une approche globale de l'encours de la dette, soutenir les efforts d'ajustement et de réforme, aider à surmonter l'obstacle à la croissance économique que représente le fardeau de la dette et permettre aux gouvernements de se concentrer davantage sur les politiques à long terme requises pour accélérer le développement.
Tout dépendra toutefois de sa mise en oeuvre. Cette entreprise complexe exige une coordination sans précédent des interventions d'un grand nombre de créanciers et le règlement de nombreux détails techniques et de problèmes de fond. La souplesse et la prise des mesures nécessaires au moment voulu apparaissent comme les conditions déterminantes de son succès. Il est notamment nécessaire de simplifier encore les conditions à remplir pour bénéficier d'une aide spéciale. Il est également impératif que la modicité relative des fonds consacrés jusqu'ici à l'Initiative ne compromette pas la rapidité de sa mise en oeuvre. S'il existait une réserve plus importante dans les fonds d'affectation spéciale du FMI et de la Banque mondiale, les pays verraient leur confiance dans l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés renforcée, et seraient mieux assurés d'obtenir ainsi l'allégement voulu de leur dette. Il est aussi essentiel d'accorder effectivement cet allégement aux pays qui s'engagent dans le processus de l'Initiative et acceptent une période prolongée de mesures d'ajustement difficiles. Enfin, un environnement économique international favorable, notamment de meilleures conditions d'accès de leurs exportations aux marchés, un accès approprié aux technologies et aux financements privés, un système monétaire et financier international qui ne soit pas à la merci de fluctuations excessives, et des apports suffisants d'aide publique au développement, continuera d'être nécessaire aux bénéficiaires de l'Initiative et aux autres pays en développement lourdement endettés.
Déclaration liminaire et débat
M. IAN KINNIBURGH, Directeur de la Division des politiques macro-économiques au Département des affaires économiques et sociales, a rappelé que, si plusieurs déclarations concernant les politiques macro-économiques ont été consacrées aux flux financiers internationaux, c'est l'épargne intérieure qui est la principale source de financement dans la plupart des pays. Il est encourageant de constater que l'épargne intérieure
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est plus importante en proportion du PIB qu'il y a dix ans dans l'ensemble des pays en développement. Toutefois, les taux d'épargne en Afrique et en Amérique latine restent relativement faibles. Il existe plusieurs explications, telles que la faiblesse des revenus, leur répartition inégale ou l'importance du chômage. Il faut donc accroître cette épargne, d'autant que celle-ci est associée à un flux important de capitaux d'origine extérieures, ainsi que le prouve l'exemple de l'Asie du Sud-Est. Il semblerait que le volume des transferts financiers vers les PED pourrait augmenter la question sera désormais de savoir comment les orienter. En revanche, l'aide publique au développement (APD) est au plus faible et chacun sait que les investissements directs privés ne peuvent répondre à tous les besoins des pays défavorisés. Le Directeur a qualifié d'astronomique la dette de 1.800 milliards de dollars des pays en développement. Pour certains de ces pays, le fardeau est insoutenable. En 1996, le FMI et la Banque mondiale ont lancé une initiative en faveur des pays les plus endettés, qui doit être accentuée. Il faut que les pays créanciers fournissent les crédits nécessaires à l'application de cette initiative. En même temps, chaque cas est particulier et il faut une répartition équitable des efforts entre les créanciers et les débiteurs. Les demandes en faveur d'un assouplissement des critères d'admission au bénéfice de l'initiative ne doivent pas menacer le succès de l'opération car il est peu probable qu'une seconde chance lui soit accordée en cas d'échec.
M. Kinniburgh a mis en garde contre le danger des flux trop imprévisibles des capitaux privés. Il a souhaité une plus grande discipline des marchés financiers. Le FMI joue un rôle dirigeant pour la stabilité du système financier international et c'est pour faire face à l'ampleur des chocs financiers des marchés actuels que ses ressources ont été accrues et son mandat modifié.
M. ARTHUR MWAKAPUGI (Tanzanie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine) s'est félicité des explications fournies par le Directeur et démontre que les ressources financières pour le développement restent indispensables. Le manque de résultats au niveau du suivi de ces conférences est décourageant. M. Mwakapugi a indiqué qu'il y a une nécessité de mobiliser les ressources pour les pays en développement. Ceux-ci sont en effet tributaires de leurs propres ressources internes pour le développement, et malgré les efforts entrepris par ces pays, les transferts nets des pays développés sont resté insuffisants. Il est difficile pour les pays les moins avancés en Afrique d'attirer ces flux de capitaux extérieurs. Le Groupe des 77 et la Chine ont appelé les pays développés à respecter le taux de 0,7% et les conditions de rééchelonnement de la dette et du service de la dette adoptés au Club de Paris.
M. Mwakapugi a indiqué que le Groupe des 77 et la Chine considèrent qu'une conférence de toute urgence sur le financement du développement doit être organisée par les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods. Elle aurait pour objectif de faciliter la mise en oeuvre réelle et de rendre
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opérationnelle toutes les mesures prises en matière de financement pour le développement. M. Mwakapugi a déclaré que la stratégie de la dette entrave les efforts que les pays en développement entament pour leur redressement économique. Une partie de leur budget pour les services sociaux vont au remboursement du service de la dette. M. Mwakapugi a déclaré qu'un texte sera présenté sur le sujet de la dette extérieure de manière séparée afin que soit compris ce que le Groupe demande. Les conditions de Paris et de Naples n'ont pas été suffisantes. Il s'agit d'augmenter la souplesse et la flexibilité. M. Mwakapugi a indiqué que le Groupe des 77 et la Chine présenteront un projet de résolution sur ce sujet.
M. JEAN GRAFF (Luxembourg), au nom de l'Union européenne et des pays associés) a déclaré que l'intégration financière mondiale présente à la fois des opportunités et des défis nouveaux. Les flux de capitaux ont largement contribué à la croissance de l'économie mondiale au cours des dernières années. En même temps, l'intégration financière a accru la volatilité des marchés financiers, à laquelle les marchés émergents sont particulièrement vulnérables. Le renversement des flux de capitaux peut menacer leur stabilité financière et macro-économique en encore, par contagion, celle de pays voisins, et les forcer à procéder à des ajustements. Des politiques macro-économiques saines sont nécessaires pour promouvoir la stabilité et la croissance économique et constituent le moyen le plus efficace pour renforcer la confiance des marchés financiers. Il faut renforcer la solidité des marchés nationaux par des politiques dont la mise en place et le suivi devraient se faire en coopération étroite avec les institutions financières internationales. La coopération entre autorités nationales et institutions internationales doit globalement être renforcée.
L'Union européenne se félicite de la mise en place du nouveau mécanisme de financement d'urgence et des nouveaux arrangements d'emprunt du FMI. Elle se félicite également de l'élaboration de normes communes en matière de surveillance prudentielle pour gérer les situations de crise potentielles. Elle se félicite surtout des récents accords en vue d'une augmentation des quotes-parts du FMI de 45%, ainsi que d'une allocation supplémentaire de droits de tirages spéciaux de 21,4 milliards de droits de tirage spéciaux, qui bénéficiera particulièrement aux nouveaux membres du FMI. Les réformes structurelles doivent être poursuivies par les pays en développement, même si le rythme peut varier d'un pays à l'autre. L'Union européenne souscrit pleinement à la poursuite du dialogue intergouvernemental en faveur du financement du développement dans le cadre des enceintes existantes. Le potentiel de ces différents cadres doit être utilisé au mieux. Le représentant a salué l'initiative de la Banque mondiale et du FMI en faveur des pays les plus endettés, estimant que les premières mesures prises dans ce cadre l'ont été avec la souplesse voulue. L'Union européenne continuera de participer à ses efforts et demande aux autres acteurs bilatéraux et multilatéraux d'en faire autant.
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M. SETH WINNICK (Etats-Unis) a souligné que le principe du partenariat entre pays donateurs et bénéficiaires, entre pays du Nord et pays du Sud, entre secteurs privé et public est essentiel pour assurer un développement durable. Les régimes commerciaux ouverts mettent en danger les pays en développement. La responsabilité d'intérêts partagés impliquent une politique macro-économique solide. Une bonne gestion des affaires publiques facilite la mise en place d'une politique des intérêts partagés. M. Winnick a indiqué que le partenariat entre le secteur public et le secteur privé joue un rôle clé. Ce partenariat facilite l'intégration mondiale. Le rôle de l'Etat est important et se consacre à l'essentiel. La lutte contre la corruption est également un facteur clé. M. Winnick a indiqué que depuis le début de la crise, les responsabilités des intérêts partagés ont été au coeur du débat du financement du développement. Dans le contexte de l'ajustement structurel, certains mécanismes mis en place ont été insuffisants. Le rapport du Secrétaire général sur le financement pour le développement souligne qu'un environnement stable est le meilleur moyen pour faciliter le financement. Le rapport indique qu'une gestion macro-économique solide a permis de susciter les flux d'investissements. En 1996, 250 milliards de capitaux privés ont été investis dans les pays en développement, et ceci en plus des investissements extérieurs directs (IED). Au moins 50 pays en développement ont eu accès à ce financement. M. Winnick a déclaré que les Etats-Unis réitèrent leur volonté politique de fournir de l'assistance aux PED, et plus particulièrement aux pays les plus pauvres. Cette aide, entre autres, se concrétisera par l'assistance afin de mieux utiliser les ressources sur le marché. M. Winnick a indiqué qu'il faudrait procéder à une révision de la relation entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods. Les pays en développement ont connu un déclin sans précédent, entre autres, leur poids démographique et leur population qui continue de vivre dans la pauvreté. La solution au problème du financement du développement réside, entre autres, dans la création d'un environnement politique stable qui stimule les investissements faibles et pauvres.
M. NIKOLAI TCHOULKOV (Fédération de Russie) a insisté sur la nécessité d'évaluer la crise internationale de l'endettement. Dans ce cadre, une place de choix revient à la récente initiative commune de la Banque mondiale et du FMI en faveur des pays les plus endettés. Mais il faut que d'autres institutions, telles la BIRD ou l'Agence internationale pour le développement, jouent un rôle. Il faut faire appel aux capitaux privés avec l'aide de l'aide internationale pour le développement. Les dépenses liées à l'Initiative devraient être partagées de manière équitable entre les différents groupes de partenaires créditeurs, nationaux et multilatéraux. Mais ces initiatives seront insuffisantes si on n'arrive pas à augmenter les transferts financiers nets et de technologies au profit des pays en développement. L'intégration accrue des marchés de capitaux est un élément caractéristique de la mondialisation, a rappelé M. Tchoulkov. Elle permet de favoriser la croissance économique mais accroît les risques de crise financière dans les pays en développement ou à économie de transition du fait de la faiblesse de
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leurs systèmes financiers nationaux. Les institutions financières internationales doivent mettre en place un système d'alerte avancée pour prévenir des crises comme celle qui vient de toucher l'Asie du Sud-Est. La Banque mondiale et le FMI doivent collaborer davantage, ainsi que l'ensemble des institutions de Bretton Woods.
M. JACK WILMOT (Ghana) a indiqué que le rapport du Secrétaire général met en lumière les mécanismes sous-jacents du financement du développement. Les pays en développement utilisent leurs épargnes pour le remboursement de la dette, cela peut aller dans certains pays jusqu'à 30% du PIB. Le remède à ce problème se trouve dans une croissance économique durable, mais cela est impossible sans les transferts publics et privés extérieurs. Il y a certes une augmentation des flux privés vers l'Afrique, mais ils sont insuffisants et ne représentent que 20% des flux totaux. Ils se concentrent également dans les domaines de l'énergie et de l'exploitation. M. Wilmot a indiqué que les organisations internationales et financières devraient examiner les moyens d'acheminer plus de ressources vers les pays en développement. L'aide publique au développement a diminué, et c'est contraire à l'objectif fixé de 0,7%. Le Ghana demande aux pays développés de suivre l'exemple des pays qui ont respecté leur engagement. M. Wilmot a indiqué que le financement des programmes d'urgence a augmenté mais qu'il ne doit pas remplacer l'aide publique au développement. Il faut penser aux couches les plus pauvres, et M. Wilmot a remercié les efforts entrepris dans le domaine du micro-crédit qui se sont révélés très efficaces et a demandé aux institutions internationales de continuer et d'augmenter ce type d'aide.
M. Wilmot s'est félicité de l'initiative qui vise à alléger le fardeau de la dette pour des pays les plus pauvres. Il faut intégrer des mesures dans l'allégement de la dette en mettant en valeur les ressources humaines et en mettant au centre la lutte contre la pauvreté. Cette initiative de la dette ne devrait pas s'arrêter là. Elle ne permet pas de supprimer complètement le problème de la dette. Il faut prendre des mesures pour que l'évolution de la dette soit constamment examinée de manière à éviter des catastrophes. Il a appelé la communauté internationale à convoquer une conférence internationale sur le financement du développement.
M. HUGO SAGUIER CABALLERO (Paraguay), au nom des pays membres du Groupe de Rio) a souhaité que le FMI et la Banque mondiale collaborent davantage aux travaux des Nations Unies, ce qui leur permettrait d'accorder une attention plus grande aux priorités politiques des Nations Unies dans le domaine macro-économique. Le délégué a estimé que la Deuxième Commission devrait examiner les risques pour les économies nationales des mouvements erratiques à court terme des capitaux flottants. Il est également nécessaire que les pays en développement participent davantage aux prises de décisions économiques internationales.
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Le Groupe de Rio est préoccupé par la baisse de l'aide publique au développement, alors que l'ensemble des ressources en faveur de ces pays devrait augmenter de manière sûre et prévisible et dans des proportions qui répondent à leurs besoins. Le Groupe de Rio est favorable à la convocation d'une conférence internationale sur le financement de l'aide au développement, à laquelle participeraient toutes les institutions financières internationales.
Le représentant a demandé un allégement de la dette internationale. Les Nations Unies devraient demander aux pays créanciers un nouveau mode de paiement viable, qui se sape pas les chances de développement des pays débiteurs. M. Saguier a également demandé des transferts de technologies à des conditions favorables et en tenant compte là encore des besoins des pays en développement.
Mme YU QINGTAI (Chine) a déclaré qu'il faut bien comprendre le lien entre les ressources intérieures, qui sont essentielles pour le développement, et le financement extérieur, dont l'importance est évidente. Ces ressources extérieures sont un élément important de la coopération internationale en faveur du développement et leur insuffisance constitue un frein. Le rôle du capital privé doit être examiné de manière objective et globale, en tenant compte du fait qu'il représente un aspect positif au niveau global, mais que de nombreux pays n'en profitent pas. En outre, les capitaux privés vont avant tout vers des secteurs à forte rentabilité à court terme, ce qui ne correspondent pas forcément aux besoins des pays en développement. En outre, leur volatilité risque de déclencher des crises financières internationales.
Aucune excuse ne peut être invoquée en faveur d'une baisse de l'aide publique au développement, qui joue un rôle essentiel, a déclaré la représentante. Or, l'aide publique au développement n'est pas un acte de charité mais découle d'une responsabilité morale et correspond à un investissement à long terme. La Chine demande aux pays développés de remplir leurs engagements en faveur de l'aide publique au développement. Quant au problème de la dette, il s'est un peu atténué, mais la solution est encore éloignée. La Chine se félicite de l'Initiative en faveur des pays les plus endettés lancée par la Banque mondiale et le FMI, dont les conditions doivent être assouplies.
M. ABDERRAZAK AZAIEZ (Tunisie) a noté que malgré l'augmentation des flux de capitaux vers les pays en développement, comme l'indique les rapports des institutions de Bretton Woods, la répartition est inéquitable. La proportion des ressources des PNB des pays développés consacrés à l'aide publique au développement est insuffisante. Concernant l'Afrique, elle a connu une amélioration et la Tunisie s'en félicite. M. Azaiez a indiqué que la reprise économique a été le fruit d'efforts entrepris par les pays, eux- mêmes, qui se concrétisent, entre autres, par l'ajustement structurel et l'accélération des programmes de privatisation. Malheureusement, les pays d'Afrique n'ont pas un accès suffisant aux investissements privés. M. Azaiez a indiqué que les investissements extérieurs directs (IED) dans les pays en
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développement peuvent contribuer à des transferts de technologies et à un meilleur accès aux marchés internationaux. Les systèmes financiers ont été soumis par la mondialisation à de fortes spéculations qui ont déstabilisé les systèmes. M. Azaiez a déclaré que le problème de la dette extérieure et du service de la dette constitue une tâche urgente. Les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires continuent d'éprouver des difficultés, malgré les efforts faits au niveau de la stratégie.
M. Azaiez a indiqué que la Tunisie entend mettre l'accent sur la modernisation de son système financier. Il a cité l'exemple de l'établissement de la banque tunisienne de solidarité qui financera des petits projets dans le domaine des surplus bancaires. Ils auront pour but d'assister les jeunes entrepreneurs qui ne sont pas en mesure de gérer les profits. Cela touchera, entre autres, les secteurs agricole et artisanal.
M. MARCO ANTONIO VIDAURRE (Bolivie) a expliqué que son pays traverse un processus de transformation économique et sociale accéléré pour s'adapter à la mondialisation. Sa croissance économique s'améliore mais le chômage augmente. Les investissements étrangers directs ont considérablement augmenté et permis de réduire le déficit des comptes courants. Mais le pays a besoin de l'aide de la communauté internationale. Dans un esprit de solidarité, nous demandons à la communauté internationale de réunir les ressources nécessaires à la coopération en faveur du développement a dit le délégué. Il faut notamment inverser la tendance à la baisse de l'aide publique au développement. La Bolivie se félicite de l'Initiative en faveur des pays les moins avancés, les plus endettés. Le FMI et la Banque mondiale devraient toutefois examiner le cas des pays qui ne sont pas en mesure de remplir les conditions pour bénéficier de cette initiative. La Bolivie souhaite également davantage de transferts de technologie.
M. RENATO R. MARTINO (Observateur du Saint Siège) a déclaré que le financement devait aller vers les pays pauvres lourdement endettés. Il a souscrit et encouragé l'initiative de la dette de la Banque mondiale et a indiqué qu'il fallait des mesures supplémentaires pour alléger sinon éliminer cette dette qui représente un fardeau pour les pays en développement. Jean-Paul II a déclaré l'an 2000 année jubilée et a indiqué que ce serait le moment de voir la dette réduite, voire même éliminée, de manière à ramener l'égalité entre les peuples. M. Martino a indiqué que la responsabilité de l'initiative sur la dette est partagée par tous les acteurs. Cela prendra certes beaucoup de temps, d'où la nécessité d'une bonne coordination entre les différentes parties concernées. M. Martino appelle les pays les plus pauvres à vite progresser pour éliminer cette dette, et appelle les pays développés à chercher à augmenter leurs contributions. L'Initiative de la dette ne permettra pas d'alléger le fardeau de la dette dans les pays les plus endettés. Ces pays sont ceux qui ont toujours recherché à honorer leur dette internationale, et ils y perdent au niveau national. La Communauté
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internationale se doit de trouver des solutions pour éviter les effets néfastes des crises que ce soit en Afrique ou en Amérique latine ou bien encore en Asie. Les pays en développement de leur côté doivent assumer une tâche difficile et mettre en place des politiques durables qui doivent tenir compte du progrès et de la prospérité de leurs citoyens.
M. Martino a déclaré que la solidarité internationale est une condition essentielle pour le développement durable. Les citoyens des pays plus riches doivent comprendre l'importance de la nécessité d'un monde plus équitable et solide. Le secteur privé, comme les églises, peut jouer un rôle essentiel pour relancer cette solidarité internationale.
Mme PAULA DONOVAN (Banque mondiale) a déclaré que les pays doivent avant tout utiliser au mieux leurs ressources internes pour accroître leur croissance. En même temps, il faut faire en sorte que les ressources extérieures privées aillent davantage vers les pays les moins avancés. Quant à l'aide publique au développement, elle a tendance à diminuer. C'est le cas, en particulier, des plus grands pays donateurs - Etats-Unis, Japon ou grands pays de l'Union européenne - soumis à leurs propres contraintes budgétaires. La représentante a rappelé que les Etats-Unis ont des arriérés importants en ce qui concerne l'aide publique au développement.
M. ZBIGNIEW SYZMANSKI (Pologne) a déclaré que son pays soutient les mesures pratiques en faveur de la coopération internationale. L'ONU doit créer les conditions favorables au développement des pays les moins avancés. La coopération internationale est essentielle mais ne peut se limiter aux gouvernements. Les barrières financières, notamment l'endettement, empêchent les pays les plus pauvres de participer au commerce international. La Pologne se félicite de l'Initiative de la Banque mondiale et du FMI en faveur des pays les moins avancés les plus endettés, qui devrait être condidérée comme un complément nécessaire à une stratégie internationale en vue de la réduction de l'endettement. Les organisations non gouvernementales et le secteur privé jouent également un rôle de plus en plus important en faveur du développement. Il est essentiel que les pays adoptent des réformes structurelles et économiques, certes douloureuses.
M. EUY-TAEK KIM (République de Corée) a déclaré que chaque pays doit utiliser au mieux les flux accrus d'investissements. Il s'est félicité de constater l'amélioration de l'économie mondiale, et plus particulièrement de l'augmentation des investissements extérieurs directs. Cependant, en dépit de cette augmentation, les avantages qu'offrent les flux de capitaux n'ont pas été partagés par tous les Etats. Seulement 20 pays en ont profité, et il faut espérer que des solutions seront trouvées pour faire profiter plus de pays en développement. Le représentant a indiqué que les capitaux privés, de par leur nature, vont là où ils peuvent engendrer des profits. Et c'est de là que part toute la difficulté. Pour que les pays en développement puissent attirer les capitaux privés, ils doivent maintenir une politique macro-économique solide et stable qui inspire la confiance des investisseurs. Les Nations Unies
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doivent aider les pays en développement à s'aider eux-mêmes afin d'améliorer leur économie. Le représentant a noté que tant dans les domaines du commerce, de la finance et du développement, il faut tenter d'éliminer les effets néfastes de la mondialisation. Il a noté que le fossé qui s'agrandit entre les pays en développement et les pays développés est un facteur préoccupant. Il faut créer un partenariat stratégique stable.
Le représentant a indiqué que la République de Corée a mobilisé plusieurs milliards de dollars pour la coopération au développement qui ne cesse de s'élargir. L'accent est mis par son gouvernement sur la coopération Sud-Sud. Le mouvement de capitaux vers les pays en développement est capital. Pour assurer une gestion stable des politiques macro-économiques, il faut également que les institutions de Bretton Woods continuent leur assistance. Il a noté que l'Initiative pour les pays pauvres lourdement endettés et les accords bilatéraux de Paris pour alléger la dette sont des étapes très importantes.
M. BERHANU KEBEDE (Ethiopie) a noté que plusieurs pays africains ont entamé la mise en oeuvre des réformes structurelles sous la surveillance du FMI. Cela a abouti à une reprise de la croissance économique en Afrique, mais la pauvreté demeure, alors que le fardeau de la dette continue de peser et que l'aide publique au développement diminue. Et si les investissements étrangers directs augmentent dans le monde, l'Afrique, malgré ses efforts, reste à l'écart de ces flux privés, qui ont tendance à diminuer. Or, ces capitaux privés jouent un rôle essentiel dans l'importation de technologies. En même temps, seuls les investissements rapidement rentables attirent les investissements privés. Pour attirer ces capitaux, il faut des infrastructures dont la mise en place dépend des gouvernements, qui, eux-même, dépendent de l'aide publique au développement, laquelle est en baisse. Il faut mettre fin à la baisse de l'aide publique au développement, parvenir à l'objectif fixé en 1970 de consacrer 0,7% du PIB des pays donateurs à l'aide publique au développement, et consacrer une part importante de celle-ci au profit des pays les moins avancés. Il faut aussi alléger la dette des pays les plus pauvres, qui empêche ceux-ci d'utiliser leurs ressources au profit du développement. Des mesures d'allégement ont déjà été prises mais le problème demeure, d'autant que les conditions imposées à un allégement de la dette restent dures. Les pays développés devraient aider les pays les moins avancés à améliorer les infrastructures, par des transferts de ressources et de technologies. L'Ethiopie appuie l'idée d'une conférence internationale sur les sources de l'aide au développement.
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