En cours au Siège de l'ONU

AG/693

LE RWANDA SOUHAITE L'ADOPTION D'UN MINI-PLAN MARSHALL POUR LA RECONSTRUCTION ET LA REHABILITATION MORALE DU PAYS

3 octobre 1997


Communiqué de Presse
AG/693


LE RWANDA SOUHAITE L'ADOPTION D'UN MINI-PLAN MARSHALL POUR LA RECONSTRUCTION ET LA REHABILITATION MORALE DU PAYS

19971003 Le Sri Lanka exhorte la communauté internationale à défendre les enfants trop souvent victimes innocentes des guerres

L'Assemblée générale a poursuivi ce matin son débat général sous la présidence de M. Hennadiy Udovenko (Ukraine) en entendant l'allocution du Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Rwanda, M. Anastase Gasana, qui après avoir déploré que les Nations Unies aient abandonné en 1994 le peuple rwandais, a lancé un appel pour l'adoption d'un mini-Plan Marshall par l'ONU pour la reconstruction physique et la réhabilitation morale du Rwanda. Il a par ailleurs lancé un vibrant appel à la communauté internationale pour qu'elle accorde une aide substantielle au Rawnda qui vient d'accueillir plus de 1 400 000 rapatriés.

De son côté, M. Lakshman Kadirgamar, Ministre des affaires étrangères du Sri Lanka, a mis l'accent sur la nécessité de réformer l'ONU, et de défendre la cause des enfants, qui sont trop souvent les victimes innocentes des guerres. A cet égard, il a exhorté la communauté internationale à faire pression sur les Etats pour qu'ils condamnent les Tigres tamouls qui commettent dans son pays des actes atroces contre les enfants.

Auparavant, l'Assemblée générale avait entendu la déclaration de M. Yousef bin Alawi bin Abdullah, Ministre des affaires étrangères d'Oman, qui a estimé que l'arrêt du processus de paix au Moyen-Orient est imputable à Israël. Tout en se félicitant des progrès réalisés par l'Iraq dans l'application de la résolution 986 (1995) du Conseil de sécurité, il a souhaité que les questions des prisonniers et de la restitution des biens koweïtiens soient rapidement réglées. Il s'est déclaré préoccupé par le conflit territorial qui oppose les Emirats arabes unis à l'Iran.

M. Seyoum Mesfin, Ministre des affaires étrangères de l'Ethiopie, a évoqué les efforts de son pays pour renforcer la sécurité alimentaire et libéraliser l'économie. Il a préconisé l'instauration d'un véritable partenariat international pour faire du développement durable de l'Afrique une réalité. Il a demandé à la communauté internationale de contribuer à mettre fin au conflit somalien.

(à suivre - 1a)

- 1a - AG/693 3 octobre 1997

Le Ministre des affaires étrangères de l'Australie, M. Alexander Downer, a appuyé le processus de réforme en cours. Il a insisté sur la nécessité de réorienter l'approche des droits de l'homme dans une optique de coopération et de création de structures durables à l'intérieur des pays. Il a appelé à une reconfiguration des groupes régionaux traditionnels au sein de l'ONU pour qu'ils reflètent les regroupements du monde actuel.

M. Kenny D. Anthony, Premier Ministre de Sainte-Lucie, a condamné la décision de l'OMC sur l'exportation des bananes provenant des Caraïbes. Il s'est déclaré déçu par le manque de progrès enregistré dans la mise en oeuvre du Plan d'action de la Barbade en faveur des petits Etats insulaires en développement et a demandé à la communauté internationale de se montrer généreuse à l'égard de la population de Montserrat.

Au cours de sa prochaine séance qui aura lieu cet après-midi à 15 heures, la plénière de l'Assemblée générale entendra les déclarations de Madagascar, la Jordanie, des Maldives, des îles Salomon, de la Guinée, du Yémen et de la République du Congo.

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Suite du débat général

M. YOUSEF BIN ALAWI BIN ABDULLAH, Ministre d'Etat chargé des affaires étrangères d'Oman, a regretté qu'en raison de la politique arbitraire du gouvernement israélien actuel, le processus de paix au Moyen-Orient traverse une grave crise. Le non-respect par Israël des obligations internationales contractées de bonne foi et sa réticence à cesser la construction de colonies de peuplement illégales à Jérusalem-Est et dans les autres territoires sont à l'origine de l'interruption du processus de paix. Par conséquent, Oman exhorte la communauté internationale à exprimer sa solidarité au gouvernement de l'Autorité palestinienne en s'opposant aux pratiques israéliennes qui ne sont que sources de violence et d'effusion de sang. Oman prie instamment la communauté internationale de renforcer le processus de paix en augmentant son soutien financier et logistique à l'Autorité palestinienne afin de faciliter la consolidation de la paix dans les territoires et de créer les infrastructures nécessaires à l'économie palestinienne.

Le Ministre d'Etat a appuyé la position de la Syrie qui souhaite une reprise des négociations avec le Gouvernement israélien sur un retrait total et complet par Israël du Golan syrien aux frontières existant avant le 4 juin 1967, en particulier sur les obligations mutuelles de garantir l'établissement d'une paix juste et globale entre Israël et la Syrie, et l'ensemble de la région.

Abordant la situation entre les Nations Unies et l'Iraq, le Ministre d'Etat a estimé que la mise en oeuvre de la résolution 986 (1995) du Conseil de sécurité est une importante mesure qui mérite la reconnaissance de la communauté internationale afin d'alléger quelque peu les souffrances du peuple iraquien. Oman se félicite de cet état de fait et se réjouit que la coopération entre l'Iraq et la Commission spéciale soit fondée sur la confiance, ce qui devrait permettre à son Président de soumettre au Conseil de sécurité un rapport final favorable à la levée des sanctions imposées à l'Iraq. Cependant, en dépit de cette évolution encourageante des relations entre les Nations Unies et l'Iraq, plusieurs questions fondamentales doivent être réglées, en particulier la question des prisonniers koweïtiens et d'autres de pays tiers et celle de la restitution des biens koweïtiens.

Oman, qui est déterminé à coopérer au renforcement de la paix, de la sécurité et de la coopération dans la région du Golfe s'est joint aux efforts du Conseil de coopération du Golfe pour instaurer une politique pacifique et de dialogue visant à régler les conflits et les tensions dans la région. Oman est préoccupé par le risque que fait peser sur la paix et la sécurité la question des trois îles de la grande et de la petite Tombe et d'Abu Moussa. Il appuie tous les efforts en vue de résoudre ce différend par des moyens pacifiques et juridiques. En ce qui concerne la situation en Somalie, Oman se félicite des efforts de l'Egypte, qui ont permis de parvenir à la signature d'un accord entre les chefs des factions somalies et engage les Nations Unies à soutenir ces efforts afin que les factions mettent enfin en oeuvre leur programme national

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Le Ministre a indiqué que son pays a déposé en début d'année les instruments de ratification du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et a entamé des négociations avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour finaliser les clauses de sauvegarde, conformément aux obligations contenues dans le Traité. Oman demande à Israël de devenir partie au TNP et de placer ses installations nucléaires sous le contrôle de l'AIEA.

Le Sultanat d'Oman soutient le rôle de l'ONU en matière de coordination des efforts mondiaux pour favoriser le progrès et le développement de l'Afrique. Il juge primordial de mettre en oeuvre les engagements souscrits en vertu d'Action 21. Le Sultanat a adopté une stratégie nationale de protection de l'environnement qui a pour objectif de promouvoir un développement équilibré et durable. Il a l'intention de construire sur ses plages un port pour concrétiser les engagements pris lors de la Conférence sur l'interdiction pour les bateaux de jeter des déchets en mer. A l'instar des Etats Membres du Conseil de coopération du Golfe, Oman envisage sérieusement de devenir membre de l'Organisation mondiale du commerce. A l'initiative d'Oman, une conférence ministérielle, réunie en mars dernier à Maurice, a décidé de créer l'Association économique de l'océan Indien.

M. LAKSHMAN KADIRGAMAR, Ministre des affaires étrangères du Sri Lanka, a déclaré que pour affronter les nouveaux défis, il faut que le Secrétariat se réorganise et que les activités de l'ONU soient mieux coordonnées et renforcées. Le Sri Lanka est l'un des 10 pays qui avaient soulevé la question d'une meilleure représentation au Conseil de sécurité et une augmentation du nombre de ses membres lors de l'Assemblée générale de 1979 et il s'est félicité de ce que les Etats-Unis aient à présent accepté que trois pays en développement deviennent membres permanents au Conseil de Sécurité. Il a par ailleurs appuyé les recommandations du Secrétaire général en vue du renforcement des actions des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme, le crime organisé ou le trafic de drogue .

Abordant la question des droits de l'homme, il a fait remarquer que la Déclaration universelle des droits de l'homme était universelle et inaltérable et que le Sri Lanka ne voulait pas d'une Déclaration édulcorée modifiée ou ignorée. Au contraire le Sri Lanka plaide pour une action internationale vigoureuse mais juste et équilibrée. Le concept de droits de l'homme ne doit pas être utilisé à mauvais escient par des Etats puissants pour écraser les petits pays.

Le Ministre a ensuite abordé la question des enfants innocentes victimes de guerre. Les enfants, a-t-il déclaré sont victimes de violence, ils ne sont pas simplement des spectateurs mais également des cibles de la guerre. Des milliers de jeunes enfants sont exploités comme soldats. Au cours de la dernières décennie, 2 millions d'enfants ont été tués, massacrés, violés et affamés. Il est grand temps d'y mettre fin. Il a donc invité la communauté internationale à condamner ces pratiques.

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Il a regretté que les enfants deviennent des soldats car ils sont plus obéissants et plus faciles à manipuler. La majorité sont des garçons mais on recrute également des filles. Le Sri lanka connaît bien la question de l'endoctrinement des enfants. En effet, le groupe terroriste et séparatiste du Sri Lanka, les Tigres de libération tamouls (LTTE) enrôlent les enfants dans leur lutte, ils ont souvent moins de 10 ans. De plus, ils n'hésitent pas à tuer des innocents. L'an dernier, le LTTE a placé une bombe qui a fait de nombreuses victimes civiles. Ils font des enfants des bombes humaines.

Le ministre a exhorté la Communauté internationale a faire pression sur les Etats afin qu'ils condamnent le LTTE comme une organisation terroriste qui mène des actes atroces contre les enfants.

De l'avis du Sri Lanka, l'ONU n'a pas encore pu réaliser le rêve de créer un monde sans les atrocités de la guerre. En cause, les Etats membres qui ont continué à faire prévaloir leurs intérêts individuels sur l'intérêt commun. Il a souligné que les plus petits êtres ont besoin des plus grandes protections et qu'il fallait pour ce faire, renouveler notre confiance en l'ONU. Non pas une confiance en l'ancienne Organisation mais en une nouvelle Organisation renforcée. Il a conclu que les faiblesses et les forces de l'ONU sont celles de l'humanité et qu'il fallait agir ensemble pour mettre fin a l'intérêt individuel. Nous ne pouvons pas trahir les Nations Unies, a-t-il insisté.

M. SEYOUM MESFIN, Ministre des affaires étrangères de l'Ethiopie, a déclaré que son gouvernement a fait de l'éradication de la pauvreté et de la promotion des droits de l'homme les pierres angulaires de ses stratégies de développement et de démocratisation. Le Parlement fédéral a l'intention d'établir l'an prochain une Commission nationale pour les droits de l'homme et de désigner un médiateur. Par ailleurs, les responsables du régime militaire répressif qui ont dirigé l'Ethiopie dans les années soixante-dix et quatre- vingt sont en train d'être jugés pour crimes contre l'humanité ; ce sont les plus importants procès publics depuis Nuremberg. Toutefois certains coupables qui devraient être jugés en Ethiopie ont trouvé refuge dans d'autres pays qui leur ont offert l'asile en contravention de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Il a lancé un appel à tous les Etats concernés, les priant de prendre les mesures appropriées, conformément au droit humanitaire international pour que ces personnes soient jugées.

Le Ministre a déclaré qu'il ne devrait pas être impossible de garantir la sécurité alimentaire pour tous dans le monde dans lequel nous vivons. L'Ethiopie a accompli d'importants progrès en ce sens ces dernières années. Une utilisation équitable des fleuves transfrontaliers est devenue une question à laquelle il faut répondre de toute urgence. Au sujet de l'eau du Nil qui inonde directement l'Ethiopie, il a appelé tous ceux qui sont concernés à s'impliquer dans une coopération réelle, équitable et régionale.

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Le statu quo injuste ne peut plus durer et ne peut pas servir de base à une coopération durable. Il a en outre remarqué que, en dépit des bonnes intentions, les initiatives mises en place par les Nations Unies sur le terrain pour réduire les effets de la pauvreté et soutenir un développement durable, ont toujours été peu satisfaisantes et sont donc une source de déception. Il a émis l'espoir que l'Initiative spéciale des Nations Unies pour l'Afrique ne subira pas le même sort.

De nombreux pays africains, y compris l'Ethiopie ont pris des mesures décisives de libéralisation de l'économie, pour réduire les dépenses étatiques, instituer des politiques macro-économiques bien conçues et relancer le rôle du secteur privé et de la société civile. Ces importants efforts de discipline fiscale et monétaire ont entraîné des développements encourageants ces quatre dernières années. Pour la première fois en deux décennies, l'économie a progressé en Ethiopie, avec un taux de croissance de plus de 10 pour cent en 1996. Mais plus que tout, les enjeux auxquels l'Ethiopie doit faire face requièrent des solutions liées au fardeau de la dette. Le Ministre a demandé un partenariat authentique pour faire du développement durable de l'Afrique une réalité.

Abordant la question du Libéria, il a considéré que le cauchemar était terminé, grâce aux sacrifices immenses faits par la Communauté de développement économique de l'Afrique de l'ouest (CDEAO). De nouveaux espoirs ont vu le jour après la chute du régime de Mobutu et l'arrivée sur la scène de la République démocratique du Congo, dont le gouvernement et le peuple ont besoin du soutien de la communauté internationale. Au Burundi, il faut continuer les efforts pour trouver une solution au conflit. Le Ministre a estimé que d'importants projets avaient également été faits en Somalie. La mise en place d'un Conseil national de salut qui s'attache aux préparatifs d'une conférence nationale de réconciliation est un acte important. Des pays de l'IGAD sont décidés à faire aboutir les efforts de paix. La communauté internationale doit aider à mettre fin à ce conflit, a-t-il déclaré. Il a estimé que la prolifération d'initiatives de paix en Somalie ont par le passé compliqué la recherche d'une solution. Il est nécessaire que la communauté internationale fasse plus pour assister les pays de la région dans leurs efforts pour contribuer à la paix et d'aller vers la réconciliation nationale en Somalie, a-t-il conclu. Les efforts de l'ONU, de l'OUA et de l'IGAD doivent être coordonnés.

M. ALEXANDER DOWNER, Ministre des affaires étrangères de l'Australie, a abordé trois sujets particuliers qui sont la réforme des Nations Unies, la nécessité de réorienter l'approche des droits de l'homme dans une optique de coopération et de création de structures durables et la reconfiguration des groupes régionaux traditionnels au sein des Nations Unies afin qu'ils reflètent d'avantage les regroupements de monde d'aujourd'hui.

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M. Downer a souhaité qu'avant la fin de cette session, des progrès substantiels soient accomplis dans les trois domaines sensibles de la réforme, à savoir la réforme financière et la résolution de la crise du budget et du barème des quotes-parts, la réforme du Conseil de sécurité et la réforme de l'Organisation.

Il a particulièrement salué les efforts visant à réduire la fragmentation et la rigidité des structures ainsi que les lourdeurs bureaucratiques. Il a également applaudi à la suppression de 1000 postes et à la réduction des dépenses administratives d'un tiers, tel que l'a recommandé le Secrétaire général, et a soutenu l'introduction d'un système de promotion basé sur le mérite. Cependant, les Nations Unies ne peuvent accomplir leur réforme et remplir leurs missions sans des ressources adéquates. Un système de contributions basé sur le PNB et la capacité de payer, voilà la question à laquelle il faut donner une réponse à la présente session.

En ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, l'Australie est en faveur d'un Conseil élargi, plus représentatif et plus transparent. A cet égard, M. Downer est d'avis qu'il faut admettre comme membres permanents du Conseil des puissances capables d'apporter une contribution notable à la paix et à la sécurité internationales comme le Japon et l'Allemagne, mais il a ajouté que le Conseil doit également admettre des sièges permanents pour les régions sous-représentées ainsi qu'un nombre plus élevé de sièges non permanents. Il a en outre mis l'accent sur le rôle des puissances moyennes telles que l'Australie dans les domaines du désarmement, du développement, du maintien de la paix et des droits de l'homme et a souhaité que celles-ci ne soient pas oubliées. Il a également proposé que l'élargissement de la composition du Conseil s'accompagne d'un examen de l'exercice du droit de veto et que les nouvelles décisions prises puissent être réexaminées dans 10 ans.

M. Downer s'est par ailleurs félicité du rôle de l'Australie en faveur de la conclusion du Traité d'interdiction totale des essais nucléaires et a demandé que les efforts dans le sens du désarmement soient poursuivis en particulier par l'ouverture et la conclusion le plus rapidement possible des négociations sur un traité pour l'élimination des matière fissiles et par l'élimination effective des mines terrestres antipersonnel.

L'Australie a particulièrement insisté sur la question des droits de l'homme, se félicitant qu'elle soit mise au centre de toutes les activités de l'ONU. "Nous voulons des résultats, plus de rhétorique", a-t-il toutefois mis en garde, soulignant l'importance de la mise en oeuvre des principes de bonne gouvernance qui assurent une plus grande participation de la société civile et la mise en place de structures de promotion ou de protection des droits de l'homme à l'échelle locale et régionale.

M. Downer a enfin souhaité que la réforme s'attache également au problème de la répartition des groupes électoraux afin de rendre mieux compte de la réalité d'aujourd'hui et remédier aux inégalités et aux disparités substantielles quant à la taille et à la composition des différents groupes.

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M. KENNY ANTHONY, Premier Ministre, Ministre des finances, de la planification, de l'information et de l'administration publique de Sainte- Lucie, a rappelé qu'un nouveau gouvernement a été mis en place dans son pays à la suite des élections du 23 mai dernier. Il a regretté que les nantis de ce monde exhibent de façon indécente leur puissance, exercent leur influence sans aucune compassion et accumulent les richesses sans être charitables. Le Premier Ministre a estimé que l'on assiste à l'échelle internationale, à un recul des structures de responsabilité sociale, à une érosion de la capacité de répondre et à la suppression de la volonté d'agir humainement. Il n'est pas de meilleur exemple de cette évolution que le mépris dont sont victimes les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), et en particulier les producteurs de banane des Caraïbes, a observé, le Premier Ministre. Ces derniers ont été frappés de plein fouet par la décision du Conseil d'appel de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a estimé que le traitement préférentiel qu'accordait l'Union européenne aux membres de l'ACP en ce qui concerne le marché des bananes, contrevenait aux règles de l'OMC en matière de libre-échange.

Le Premier Ministre a regretté que l'OMC ait ignoré le fait que sa décision contribue à détruire économiquement et socialement un grand nombre de ses petits Etats Membres qui ne produisent que 2,5% des bananes commercialisées dans le monde et 5% de celles vendues en Europe. Il a indiqué que le Conseil d'appel de l'OMC était présidé par un Américain malgré le fait que les Etats-Unis sont le principal plaignant et que ce pays ne produit aucune banane destinée à l'exportation. Pour M. Anthony, il importe de redéfinir les critères de l'OMC en matière de règlement des différends afin de tenir compte des questions sociales et de celles relatives à la santé, à la culture et à l' environnement.

"Nous ne demandons pas la charité internationale pour les producteurs de banane", a-t-il souligné, en ajoutant que les pays en développement souhaitent seulement davantage d'équité. Le Premier Ministre a exhorté l'Union européenne à veiller au respect des obligations contractées en vertu de la Convention de Lomé, à continuer à promouvoir le développement et l'équité dans les relations économiques internationales et à garder sa confiance en ses amis de l'ACP. Après avoir remarqué que l'évolution du système international a amené son pays à redéfinir ses alliances, M. Anthony a prié instamment les Etats-Unis à réexaminer certaines de ses politiques à l'égard des Etats des Caraïbes, notamment en ce qui concerne le commerce des bananes et l'immigration.

Abordant la réforme des Nations Unies, le Premier Ministre a invité les Etats Membres à honorer leurs obligations financières. Il a estimé que l'ONU doit devenir plus efficace et doit répondre davantage aux besoins de tous les Etats Membres, en particulier des petits Etats insulaires en développement.

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M. Anthony a soutenu la proposition visant à augmenter la composition du Conseil de sécurité afin de refléter l'universalité de l'Assemblée générale et d'assurer une représentation équilibrée des pays en développement. Il a soutenu les initiatives prises par le Secrétaire général pour réformer l'Organisation. Le Premier Ministre s'est toutefois déclaré déçu par le manque de progrès enregistré dans la mise en oeuvre du Plan d'action de la Barbade et a demandé à la communauté internationale de mobiliser des ressources externes nécessaires à son application. Il a évoqué la tragédie de l'île de Montserrat et a appelé de ses voeux une plus grande compréhension et une aide accrue de la communauté internationale.

M. ANASTASE GASANA, Ministre des affaires étrangères du Rwanda, a estimé que l'Afrique et le Tiers-monde souffrent de maux divers dont les principaux semblent être l'ignorance, la misère, le mauvais leadership politique, les coups d'Etat et les manifestations étrangères. Il s'est interrogé sur la nature du programme des Nations Unies de lutte contre l'ignorance et la misère. Evoquant la question du mauvais leadership politique qui a conduit de nombreux pays à la ruine, allant même jusqu'au génocide au Rwanda d'avril à juillet 1994, le Ministre a déclaré que les Nations Unies étaient là avec une force militaire de 2 500 hommes. Ils ont "plié bagage, abandonnant le peuple rwandais à la merci des miliciens Interahamwe de l'ancien parti unique" et des anciennes forces armées de l'époque. "Nous attendons des Nations Unies qu'elles soutiennent le nouvel ordre politique africain et son leadership" a-t-il déclaré, avant de s'interroger sur les stratégies pour lutter contre les coups d'Etat en Afrique, autre mal africain. Tous ces coups d'Etat depuis 1965 et dont nous récoltons aujourd'hui le fruit pourri ont été manipulés par certaines capitales occidentales pour leurs propres intérêts au détriment des peuples africains. Aujourd'hui, les manipulations étrangères se poursuivent toujours en Afrique. Nous encourageons l'Organisation des Nations Unies à s'attaquer résolument aux cinq maux qui gangrènent toujours l'Afrique. Ces problèmes existent, nous les connaissons; ne faisons pas d'eux des tabous; parlons-en au sein de ce prestigieux immeuble; parlons-en au Conseil de sécurité. Ce sera peut-être là le début d'une meilleure résolution des conflits en Afrique.

Il a estimé que l'ONU devrait aider la République contrafricaine où "les tenants de l'ordre ancien et leurs acolytes opportunistes utilisent la violence contre un gouvernement élu". Selon le Ministre, le même scénario se reproduit à l'échelle supérieure au Congo Brazzaville. L'Organisation devrait apporter un message clair aux Anjouanais pour leur signifier que l'intégrité et l'unité des Iles Comores ne sont pas négociables.

Le Ministre a lancé un appel pour l'adoption d'un mini-plan Marshall par l'ONU pour la réhabilitation et la reconstruction morale et physique du Rwanda, notant que ce plan avait été élaboré par l'Ambassadeur Sahnoun, Représentant spécial des Secrétaires généraux des Nations Unies et de l'OUA,

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à la demande du Gouvernement rwandais d'union nationale. Il par ailleurs lancé un vibrant appel à la communauté internationale pour qu'elle accorde une aide substantielle au Rwanda qui vient d'accueillir depuis novembre 1996, plus de 1 400 000 rapatriés, qui s'étaient réfugiés dans l'ex-Zaïre, en Tanzanie et au Burundi. Une des conséquence de leur retour est la famine qui s'installe dans quatre des provinces du Rwanda. Nous sollicitons une aide alimentaire d'urgence et une aide au développement dans tous les secteurs, notamment l'agriculture, la santé, l'éducation, le réinsertion socio-économique des rapatriés, l'aide aux rescapés du génocide, la justice et la réhabilitation des infrastructures de base. Le Ministre a affirmé que parmi les réfugiés rentrés au pays depuis février 1997, se sont infiltrés des fauteurs de troubles qui ont commencé à commettre des assassinats dans les populations civiles et les Autorités locales acquises à la réconciliation nationale.

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