En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6249

M. KOFI ANNAN RAPPELLE, À L'OCCASION D'UNE VISITE À LA BIBLIOTHÈQUE KENNEDY, LES MOTS PRONONCÉS PAR LE DÉFUNT PRÉSIDENT DANS SON DISCOURS D'INVESTITURE

3 septembre 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6249


M. KOFI ANNAN RAPPELLE, À L'OCCASION D'UNE VISITE À LA BIBLIOTHÈQUE KENNEDY, LES MOTS PRONONCÉS PAR LE DÉFUNT PRÉSIDENT DANS SON DISCOURS D'INVESTITURE

19970903 Le Secrétaire général souligne que nos ennemis sont l'indifférence et la conviction qu'il existe des mondes différents et que le nôtre est le seul qui doive nous importer

On trouvera ci-après le texte du discours prononcé par le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, lors d'une visite qu'il a faite le 6 juin, à Boston, à la Bibliothèque John Fitzgerald Kennedy :

Je suis très heureux de me trouver aujourd'hui avec vous dans cette magnifique bibliothèque, qui est un témoignage merveilleux de l'héritage laissé par le Président Kennedy. Vous pouvez être fiers d'accomplir cette noble tâche, qui est de faire comprendre aux jeunes et aux moins jeunes la signification de l'ère Kennedy.

Certains d'entre nous, j'en suis sûr, se souviennent de ces années. Nous souhaitons tous, parfois, que nos propres enfants aient aussi pu ressentir la force et l'optimisme de son message.

Je vous parle en tant qu'Africain, pour qui ses paroles revêtaient alors la même importance que pour les Américains : la promesse d'un ordre mondial fondé sur l'égalité au sein des États et entre eux.

Je me souviens du sentiment d'espoir et d'exaltation que j'ai éprouvé le jour où John Kennedy fut élu. J'étais alors en terminale au Malacaster College, dans le Minnesota.

Le jour de son investiture, je me souviens m'être dit que le Président Kennedy, en s'adressant à l'Amérique, parlait en fait au monde entier. Son courage, son assurance, sa jeunesse et son énergie nous ont tous conquis.

John Kennedy avait conscience des réalités de notre monde. Il avait combattu dans le Pacifique et beaucoup voyagé, faisant preuve de curiosité et d'intérêt pour le monde.

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C'est le même esprit qui guide l'action menée par l'Organisation des Nations Unies pour l'avènement d'un monde pacifique et plus prospère. En effet, la curiosité suscite l'intérêt, duquel découle le désir de vaincre l'oppression et la pauvreté dans le monde entier.

On me demande souvent quels sont mes objectifs en tant que Secrétaire général et d'ou vient ma détermination à vouloir réformer l'Organisation. Ma réponse est simple : nous vivons une période de changements et d'incertitudes. Pourtant, je reste convaincu du caractère durable de notre mission.

Nous considérons les objectifs que nous poursuivons, la paix, la justice, le développement et la sécurité humaine au sens le plus large, comme allant de soi. Point n'est besoin de les expliquer ou de les justifier.

Les vérités énoncées dans votre Déclaration d'indépendance, à savoir, notamment que tous les hommes naissent égaux et qu'ils jouissent de droits inaliénables, vont de soi elles aussi.

La Charte des Nations Unies parle de la lutte visant à préserver les générations futures du fléau de la guerre et proclame notre foi dans les droits fondamentaux de l'homme.

Nos objectifs sont les mêmes. Nos alliés sont la liberté et la prospérité; nos ennemis, la misère et la guerre.

John Kennedy l'avait compris. Pour lui, l'Organisation était l'expression et le vecteur des sentiments humains les plus nobles. Il souhaitait que l'on en fasse le véritable garant de la sécurité mondiale.

John Kennedy comprenait aussi que l'Organisation devait pouvoir évoluer et s'adapter en permanence afin de faire face à l'évolution de notre monde. C'est exactement ce que nous avons entrepris, par le biais de restructurations, de la rationalisation de certains départements et de la remise en question de notre politique sur le plan financier et du personnel.

Cette opération doit déboucher sur l'avènement d'une Organisation plus efficace et productive, prête à affronter le XXIe siècle et à répondre aux défis qu'il lui lancera.

Nous devons sans cesse faire face à des tâches nouvelles et ne pouvons baisser les bras. Les États Membres demandent à l'Organisation d'oeuvrer dans des domaines aussi divers que la paix et la sécurité, le développement, la démocratie, les droits de l'homme, l'aide humanitaire et l'assistance aux réfugiés, la protection de l'environnement et la politique en matière de population.

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Il faut nous donner les moyens de mener à bien ces tâches. C'est pourquoi il importe que les États Membres versent leurs quotes-parts intégralement et en temps voulu. Ces ressources nous permettront non seulement d'accomplir notre tâche, mais aussi de procéder aux réformes nécessaires pour être plus efficace.

En juillet, je présenterai l'ensemble de mon programme de réforme et demanderai ensuite aux États Membres de prendre les mesures qui leur incombent pour faire progresser cette entreprise essentielle. Ensemble, les États Membres et l'Organisation peuvent faire en sorte que cette réforme soit réelle et durable.

Comme le disait le Président Kennedy : améliorer la condition humaine n'incombe pas qu'à quelques-uns. C'est l'affaire de tous les pays, qu'ils agissent isolément, de concert ou au sein de l'ONU, puisque la peste, les dévastations de la guerre, la pollution, les cataclysmes naturels et la faim des enfants sont leurs ennemis communs.

Tel est le message que nous devons entendre aujourd'hui. C'est celui que j'ai porté en Afrique la semaine dernière, alors que tous les dirigeants africains étaient réunis au Zimbabwe pour veiller à ce que le vent nouveau qui souffle sur ce continent soit porteur de paix et de progrès.

L'Organisation des Nations Unies fera tout ce qui est en son pouvoir pour aider ces pays dans leur lutte.

Elle le fera parce que, j'en suis convaincu, nous vivons une époque pleine de promesses pour le monde entier.

Nous avons les moyens de réaliser nos plus nobles aspirations. Nous avons le savoir, la richesse, les outils et le talent. Notre tâche est d'entraîner le reste du monde à notre suite.

Je suis convaincu que ce qui était possible hier, dans des conditions bien pires et malgré les obstacles de loin plus difficiles à surmonter, l'est aussi aujourd'hui.

Aujourd'hui, notre ennemi est l'indifférence, et la conviction qu'il existe des mondes différents et que le nôtre est le seul qui doive nous importer.

Cette conception est erronée. Elle n'est qu'illusion. Il n'y a qu'un seul monde, qu'une seule humanité. Et la sécurité humaine — véritable, équitable et durable — est indivisible. Telle est notre réalité. Une réalité qui nous demande le meilleur de nous-mêmes pour atteindre les objectifs les plus nobles.

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On se souvient le plus souvent de John Kennedy comme d'un Président dont l'autorité était reconnue du monde entier. Mais, comme vous le savez, vous qui êtes ici réunis, il était un citoyen du monde et un exemple de courage bien avant son élection.

On m'a raconté l'histoire d'un groupe de combattants de la liberté africains, retranchés dans leur camp en plein désert durant une longue et brutale guerre d'indépendance, et qui écoutaient la radio à l'affût de nouvelles du monde extérieur.

Lorsqu'on annonça que Kennedy avait été élu Président des États-Unis, ils exultèrent.

J'affectionne particulièrement cette histoire car elle nous rappelle à tous que la liberté ne connaît pas de frontières, qu'il suffit qu'une voix s'élève et appelle à la liberté dans un pays pour redonner courage à ceux qui sont à l'autre bout du monde. John Kennedy fut ce messager en son temps, et nous essayons toujours de combler le vide qu'il a laissé.

Pour conclure, j'aimerais revenir au discours d'investiture du Président Kennedy et à sa vision des Nations Unies. Laissez-moi vous donner lecture de ces quelques mots, en espérant qu'ils seront porteurs d'espoir pour l'Organisation :

"À cette assemblée mondiale d'États souverains que sont les Nations Unies — notre dernier et meilleur espoir en une ère où les instruments de guerre ont dépassé de loin les instruments de paix — nous renouvelons notre serment de la soutenir, de l'empêcher de devenir uniquement un forum de l'invective, de renforcer le bouclier qu'elle représente pour les nouveaux venus et pour les faibles et d'élargir le domaine où son autorité doit s'exercer."

Puisse le rêve du Président Kennedy — notre rêve — devenir réalité.

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