SG/SM/6291

LA BONNE GOUVERNANCE EST INDISPENSABLE AU DÉVELOPPEMENT, À LA PROSPÉRITÉ ET À LA PAIX, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL

30 juillet 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6291
DEV/2166


LA BONNE GOUVERNANCE EST INDISPENSABLE AU DÉVELOPPEMENT, À LA PROSPÉRITÉ ET À LA PAIX, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL

19970730 Le texte de la déclaration que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a prononcée le 28 juillet à la séance d'ouverture au Siège de l'Organisation de la Conférence internationale sur la gouvernance au service du développement durable et de l'équité est reproduit ci-après :

C'est pour moi un véritable plaisir et un privilège d'ouvrir cette première Conférence internationale sur la gouvernance, ici au Siège de l'Organisation des Nations Unies.

Il s'agit d'un événement majeur qui ouvrira de nouvelles perspectives importantes. Je félicite Gus Speth et ses collaborateurs du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et tous ceux qui sont les initiateurs de cette conférence et qui n'ont pas ménagé leurs efforts pour l'organiser.

Il m'est agréable de souhaiter la bienvenue aujourd'hui à un aussi grand nombre de participants, ministres et hauts fonctionnaires de plus de 153 États Membres de l'Organisation des Nations Unies ainsi qu'aux nombreux gouverneurs de provinces, maires de villes, responsables de collectivités locales et représentants de la société civile venus de tous les coins du monde.

Cette conférence mettra à profit une profusion de données d'expérience et de connaissances. Vos expériences sont multiples et variées. Nous, l'Organisation des Nations Unies et la communauté internationale, avons beaucoup à apprendre de vous. J'attends de cette conférence des précisions sur les mesures pratiques et concrètes que vous pouvez prendre, et auxquelles l'Organisation peut s'associer. De votre côté, en conversant entre vous, vous avez, je crois, beaucoup à apprendre les uns des autres.

Vous représentez le symbole et l'expression d'une vaste coalition de forces, nouvelle dans le monde et unie dans son désir de transformer la nature des relations entre les peuples et les gouvernements. Vous êtes les instruments du changement et d'une nouvelle forme de politique.

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Cette nouvelle politique passe par une redéfinition du rôle de l'État. L'État n'est pas un créateur de richesse, on le sait maintenant, c'est le facilitateur et le catalyseur du développement. Il a pour fonction essentielle de créer un environnement favorable à l'investissement et capable de créer l'abondance, un environnement propice au progrès et à la prospérité de chacun. Il permet alors à la société civile de se former, de s'exprimer et de faire participer les hommes et les femmes aux décisions qui touchent à leurs vies.

La bonne gouvernance et le développement durable sont indissociables.

Tel est l'enseignement que nous tirons de tous nos efforts et de toutes nos expériences, d'Afrique en Amérique latine en passant par l'Asie. Rien ne nous mettra sur le chemin de la prospérité, aucune somme d'argent, aucune oeuvre de bienfaisance, en l'absence de bonne gouvernance — de légalité, d'une administration prévisible, de pouvoir légitime et de règlements bien conçus.

Un nouveau consensus se dégage au sujet de la nature, du rôle et de la fonction des institutions officielles. À partir d'idéologies dépassées, nous évoluons vers un nouveau pragmatisme. Nos travaux, à l'Organisation des Nations Unies, reflètent cette évolution décisive.

Nous nous employons sans réserve à améliorer la gouvernance dans le monde. Les demandes d'assistance, dont le nombre a augmenté de façon exponentielle ces dernières années, confirment le fait, admis par les États Membres, que la bonne gouvernance est indispensable pour construire des sociétés pacifiques, prospères et démocratiques. Les États se tournent vers l'Organisation car, depuis la fin de la guerre froide, nous avons beaucoup étendu nos connaissances. Aujourd'hui, nos programmes portent presque tous sur les principaux éléments de ce qui, à notre sens, constitue une bonne gouvernance.

Pour que les gouvernements s'acquittent de leur mission et soient tenus pour responsables de leurs actions, ils doivent s'appuyer sur des principes de droit et des institutions nationales efficaces. Les juristes de l'Organisation des Nations Unies aident les nations à établir des cadres juridiques transparents et rationnels et des appareils judiciaires équitables et fiables.

Les experts de la police de l'ONU, qui font souvent partie des opérations de maintien de la paix, dispensent aux forces de police une formation de base à l'action policière et les initient aux questions de droits de l'homme.

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Dans le domaine des droits de l'homme, nos opérations contribuent à renforcer les institutions nationales et non gouvernementales qui se consacrent à la promotion et à la protection de ces droits. Je suis à la fois heureux et fier de dire que les fonctionnaires qui s'occupent des questions de droits de l'homme sont plus nombreux sur le terrain qu'au Siège. Tous ces efforts mènent à un autre résultat important : ils contribuent à lutter contre la criminalité et la corruption qui prolifèrent partout où les lois et les institutions civiques sont faibles.

L'Organisation des Nations Unies a apporté une aide à la tenue des élections dans de multiples pays. Nous favorisons la pleine participation des femmes dans la vie politique, surtout au niveau décisionnel le plus élevé. L'appui à la démocratisation est devenu l'une de nos préoccupations majeures.

La bonne gouvernance est aussi une composante de notre action en faveur de la paix. Elle a une forte influence préventive. Elle donne aux sociétés des structures rationnelles de développement économique et social. Après les conflits, elle peut favoriser la réconciliation et ouvrir la voie à la consolidation de la paix.

La bonne gouvernance exige le consentement et la participation des gouvernés ainsi que la contribution permanente et sans réserve de tous les citoyens à l'avenir de leur nation.

Le mouvement vers une bonne gouvernance qui se produit dans le monde me remplit d'une profonde satisfaction. Sa réussite part d'une seule et simple proposition : la volonté du peuple.

C'est sur la volonté du peuple que doit reposer le pouvoir gouvernemental. C'est cette volonté qui est le fondement de la démocratie, le fondement de la bonne gouvernance.

La bonne gouvernance donnera à tous les citoyens, jeunes ou moins jeunes, hommes ou femmes, un intérêt réel et durable pour l'avenir de leur société — son avenir à la fois politique, économique et social. Cet intérêt étant présent dans les esprits et les coeurs, il n'y a pas de limite aux réalisations qui peuvent être celles des peuples de vos pays.

Si beaucoup d'entre vous sont réunis ici, en tant que maires et dirigeants locaux, c'est parce que vous voulez apporter des changements positifs et immédiats dans la vie de vos électeurs. Beaucoup d'entre vous ont été élus par des citoyens qui n'ont eu que rarement, si jamais, le pouvoir et le privilège d'être dirigés par un gouvernement représentatif.

- 4 - SG/SM/6291 DEV/2166 30 juillet 1997

Je vous salue pour votre courage et vos qualités de dirigeant. Vous montrez le chemin qui mène vers une ère nouvelle et efficace dans la conduite des affaires publiques.

Vous avez compris — et, plus important encore, vous avez prouvé — que la bonne gouvernance doit se construire à partir de la base.

Elle ne peut être imposée, ni par les autorités nationales, ni par les organisations internationales. Elle ne peut se créer d'un jour à l'autre, ni s'ancrer en une nuit. La bonne gouvernance est un accomplissement.

C'est le fruit d'un véritable dévouement, de qualités altruistes et d'une politique d'intégrité. Si on peut dire que toute politique est locale, on peut dire aussi que toute bonne politique commence par une bonne politique locale.

En rendant la bonne gouvernance plus proche de ceux qui vous ont élus, en montrant qu'il est possible de conduire les affaires publiques avec honnêteté et efficacité, vous donnez une nouvelle vie et un nouveau sens à la politique.

Permettez-moi de conclure en reprenant l'idée d'Edmund Burke : il suffit pour que le mal triomphe que les hommes de bonne volonté ne fassent rien.

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