CS/780

LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT D'UNAVEM III JUSQU'AU 31 MARS 1997

27 février 1997


Communiqué de Presse
CS/780


LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT D'UNAVEM III JUSQU'AU 31 MARS 1997

19970227

Le Conseil de sécurité, réuni sous la présidence de M. Njugura M. Mahugu (Kenya) pour examiner la situation en Angola (UNAVEM III), a adopté aujourd'hui la résolution 1098 (1997), aux termes de laquelle il proroge le mandat d'UNAVEM III pour une durée d'un mois, jusqu'au 31 mars 1997.

Le Conseil, se déclarant profondément préoccupé par le deuxième retard intervenu dans la formation du gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, du fait du non-respect par l'UNITA du calendrier établi par la Commission conjointe, dans le contexte du Protocole de Lusaka, et par le retard que continue de prendre la mise en oeuvre des éléments politiques et militaires restants du processus de paix, demande instamment au Gouvernement angolais, et en particulier à l'UNITA, de résoudre les questions militaires et les autres sujets restés en suspens et d'établir sans plus tarder le gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, et prie le Secrétaire général de lui présenter, d'ici au 20 mars 1997, un rapport sur la formation de ce gouvernement.

Le Conseil de sécurité se déclare prêt, dans l'éventualité où le rapport visé le justifierait, à envisager d'imposer des mesures, dont celles que mentionne expressément le paragraphe 26 de la résolution 864 (1993) du 15 septembre 1993. (Dans ce paragraphe, le Conseil de sécurité se disait prêt à envisager l'application de mesures supplémentaires en vertu de la Charte des Nations Unies, y compris, entre autres, de mesures commerciales contre l'UNITA et de restrictions sur les déplacements des personnels de l'UNITA).

Le Vice-Ministre sans portefeuille de l'Angola, le Général Higino Careiro est intervenu.

Les membres du Conseil suivants ont expliqué leur vote : Fédération de Russie, Japon, Royaume-Uni, Egypte, République de Corée, Portugal, Suède, Chili, Chine, Guinée-Bissau, Costa Rica, Etats-Unis, Kenya et France.

Les délégations suivantes ont fait une déclaration : Malawi, Mozambique, Cap Vert, Namibie, Lesotho, Afrique du Sud, Algérie, Brésil, Tunisie, Pays-Bas (au nom de l'Union européenne et des pays associés suivants : Bulgarie, Chypre, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Roumanie, ainsi que l'Islande et la Norvège), et Mali.

(à suivre - 1a)

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Le représentant de la Chine a remercié les délégations qui ont fait part leurs condoléances à l'occasion de la disparition de Deng Xiaoping.

Le Conseil de sécurité était saisi, pour l'examen de la question de l'Angola, d'un rapport du Secrétaire général.

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Texte du projet de résolution (S/1997/162)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant sa résolution 696 (1991) du 30 mai 1991 et toutes ses résolutions ultérieures sur la question,

Rappelant la déclaration faite par son Président le 30 janvier 1997 (S/PRST/1997/3),

Se déclarant à nouveau résolu à préserver l'unité et l'intégrité territoriale de l'Angola,

Réitérant l'importance qu'il attache à la mise en oeuvre intégrale par le Gouvernement angolais et l'União Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA) des "Acordos de Paz" (S/22609, annexe) et du Protocole de Lusaka (S/1994/1441, annexe), ainsi que de ses résolutions sur la question,

Profondément préoccupé par le deuxième retard intervenu dans la formation du gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, du fait du non-respect par l'UNITA du calendrier établi par la Commission conjointe, dans le contexte du Protocole de Lusaka,

Préoccupé également par le retard que continue de prendre la mise en oeuvre des éléments politiques et militaires restants du processus de paix, y compris la sélection des soldats de l'UNITA qui seront intégrés dans les Forces armées angolaises et la démobilisation,

Soulignant qu'il est indispensable que les parties, en particulier l'UNITA, prennent d'urgence des mesures décisives pour honorer leurs engagements de façon que la communauté internationale poursuive son action en faveur du processus de paix en Angola,

Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 7 février 1997 (S/1997/115),

1. Souscrit aux recommandations formulées dans le rapport du Secrétaire général en date du 7 février 1997;

2. Décide de proroger le mandat d'UNAVEM III jusqu'au 31 mars 1997;

3. Demande instamment au Gouvernement angolais, et en particulier à l'UNITA, de résoudre les questions militaires et les autres sujets restés en suspens et d'établir sans plus tarder le gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, et prie le Secrétaire général de lui présenter, d'ici au 20 mars 1997, un rapport sur la formation de ce gouvernement;

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4. Se déclare prêt, dans l'éventualité où le rapport visé au paragraphe 3 ci-dessus le justifierait, à envisager d'imposer des mesures, dont celles que mentionne expressément le paragraphe 26 de la résolution 864 (1993) du 15 septembre 1993;

5. Souligne que les bons offices, la médiation et les fonctions de vérification que le Représentant spécial du Secrétaire général exerce en étroite collaboration avec la Commission conjointe demeurent essentiels pour mener à bonne fin le processus de paix en Angola;

6. Décide de demeurer activement saisi de la question.

Rapport du Secrétaire général

Dans son rapport sur la Mission de vérification des Nations Unies en Angola (UNAVEM III) (S/1997/115), le Secrétaire général rend compte de l'évolution de la situation dans le pays depuis son dernier rapport daté du 2 décembre 1996 et présente des recommandations concernant le rôle que serait appelée à jouer l'ONU en Angola une fois que le mandat d'UNAVEM III viendrait à expiration le 28 février 1997. Il recommande notamment la prorogation de la Mission de deux mois ou d'un mois, selon que le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationales sera ou non constitué avant l'expiration du mandat en cours.

Le Secrétaire général constate que le processus de paix angolais a évolué de façon encourageante durant les derniers mois de 1996. Toutefois, souligne-t-il, de nouveaux retards et difficultés se sont produits peu après, en particulier au sujet du statut futur de M. Savimbi, ce qui a amené le Conseil de sécurité, dans une déclaration de son Président, adoptée le 30 janvier 1997 (S/PRST/1997/3), à exprimer sa vive préoccupation devant la situation en Angola. L'exécution des tâches militaires et politiques qu'il reste à accomplir a été une fois encore extrêmement lente et décevante, essentiellement en raison du manque de coopération de l'UNITA. Il estime que les tentatives faites pour subordonner à des liens ou à des conditions l'avancement du processus de paix ne seront pas appuyées par la communauté internationale et doivent être abandonnées immédiatement. La mise en oeuvre rapide et sans équivoque de tous les éléments non encore menés à bien du Protocole de Lusaka demande que soient accomplies des tâches cruciales telles que l'intégration des soldats de l'UNITA dans les FAA et la police nationale angolaise, la démobilisation et l'extension de l'administration de l'Etat dans l'ensemble du pays. Il est également impératif de régler rapidement la question du statut du Président de l'UNITA, tout en prenant d'autres mesures politiques en vue d'une réconciliation nationale authentique. Le Secrétaire général engage aussi instamment le Président de l'Angola et M. Savimbi à se rencontrer dès que possible dans le pays.

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Le Secrétaire général juge capital que les députés de l'UNITA siègent sans tarder à l'Assemblée nationale et que soit ensuite constitué le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationales. Le Conseil de sécurité s'est fermement prononcé à ce sujet. Il souligne que c'est en dernier ressort aux Angolais eux-mêmes qu'incombe la responsabilité du rétablissement de la paix en Angola. Il est impératif que les parties, en particulier l'UNITA, prennent des mesures urgentes et décisives pour que la communauté internationale puisse continuer à jouer un rôle en Angola. Il recommande ainsi au Conseil de sécurité, au cas où le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationales serait constitué avant l'expiration du mandat d'UNAVEM III, le 28 février 1997, que ce mandat soit prorogé de deux mois, étant entendu que se poursuivrait la transition vers une mission d'observation. Le Secrétaire général rappelle à cet égard qu'aux termes de sa résolution 1087 (1996) du 11 décembre 1996, le Conseil de sécurité lui a demandé de continuer à faire des préparatifs en vue d'une présence des Nations Unies en Angola faisant suite à UNAVEM III. Il estime que la mise en oeuvre des dispositions du Protocole de Lusaka et la consolidation des gains réalisés jusqu'à présent dans le cadre du processus de paix nécessitent le maintien jusqu'à la fin de 1997 de cette présence des Nations Unies en Angola, étant entendu que les effectifs à prévoir seraient réduits.

La mission aura à exécuter des tâches militaires résiduelles, mais ses activités principales devraient être axées sur les questions politiques et les questions relatives à la police et aux droits de l'homme, les activités humanitaires et les programmes d'information. Elle devrait s'employer principalement à consolider la paix, à rétablir la confiance et à promouvoir la réconciliation nationale, en vue de créer un environnement propice à la stabilité à long terme dans le pays. Toutefois, si les députés de l'UNITA à l'Assemblée nationale et ses représentants désignés pour participer au Gouvernement d'unité et de réconciliation nationales n'arrivent pas à Luanda d'ici au 12 février, comme il est actuellement prévu, et si le nouveau gouvernement n'est pas constitué avant la fin de février, le Secrétaire général recommande au Conseil de ne proroger le mandat de l'UNAVEM que pour une période d'un mois, c'est-à-dire jusqu'au 31 mars 1997. Si le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationales n'a pas été constitué à cette date, le Conseil de sécurité voudra peut-être envisager des mesures appropriées pour remédier à cet état de choses.

Le Secrétaire général souligne que si l'Organisation a beaucoup fait au cours des deux dernières années pour assurer la sécurité en Angola, celle-ci demeure précaire. Pour cette raison, le rythme du retrait prévu des unités militaires des Nations Unies devrait tenir compte de la situation sur le terrain, y compris la constitution des FAA, la démobilisation, la fermeture des zones de cantonnement et l'extension de l'administration de l'Etat. Il fait part de son intention de tenir le Conseil de sécurité informé de tout fait nouveau qui pourrait influer sur le calendrier prévu pour la réduction de la composante militaire. En même temps, indique-t-il, il n'hésitera pas à recommander au Conseil toute accélération du processus de retrait qui pourrait se révéler possible, afin de permettre à l'UNAVEM d'achever sa tâche de la manière la plus économique.

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Alors que le rythme de la démobilisation des soldats de l'UNITA s'accélère et que les ex-combattants traversent la phase difficile de réinsertion dans la vie civile, il est capital que ce processus reçoive l'appui financier voulu, y compris de sources extérieures, insiste le Secrétaire général. Les principaux domaines concernés sont les vivres, l'assistance en matière de transport, les équipements nécessaires pour la réinstallation des familles, la formation professionnelle et les projets à impact rapide pour la réinsertion des ex-combattants. Le Secrétaire général lance un nouvel appel à la communauté internationale pour qu'elle apporte des contributions à ces programmes essentiels pour appuyer une paix durable en Angola. En même temps, il convient de ne pas oublier que le processus de paix angolais doit être considéré comme une entreprise à long terme, qui nécessite des éléments cruciaux de relèvement et de reconstruction après les conflits.

Déclaration

LE GENERAL HIGINO CARNEIRO, Vice-Ministre sans Portefeuille de l'Angola, a indiqué que les délibérations actuelles sur l'Angola arrive à un moment caractérisé par un accroissement relatif des tensions dans le monde et notamment en Afrique centrale. L'Angola, bien que n'étant pas une zone en guerre, doit recevoir une attention continue et toute particulière, non seulement parce qu'il s'agit de la plus importante opération de maintien de la paix des Nations Unies, mais aussi parce que la stabilisation définitive de son territoire transformera complètement la région de l'Afrique australe en un zone exempte de conflits, permettant à ses peuple de développer leur vaste potentiel économique et de consolider leur jeunes démocraties.

Le Vice-Ministre a rappelé que, depuis la résolution 976/95 du Conseil de sécurité établissant UNAVEM III, il semble clair que la voie vers la paix semble irréversible. Toutefois, la mise en oeuvre des accords de paix demeure très lente. Depuis la signature en 1994 du Protocole de Lusaka, l'Angola connaît sa plus longue période sans guerre. Le Général Carneiro a mentionné quelques unes des avancées faites depuis lors, dont l'adoption d'une loi d'amnistie, élément fondamental de la réconciliation nationale, la libération de prisonniers politiques, et civile, le maintien du cessez-le-feu. Par ailleurs, le processus de conclusion de la formation des Forces Armées Angolaises (FAA) a atteint sa phase finale.

Le Général Carneiro a cependant émis des réserves sur le peu de transparence dont fait preuve l'UNITA. Il a souligné que l'existence d'une seule armée nationale et non-partisane est un soutien très important au processus de paix. Davantage de progrès auraient pu être accomplis si l'UNITA avait eu une attitude plus constructive. Les progrès actuels n'auraient pu être faits sans l'action entreprise par la communauté internationale et par le Conseil de sécurité, en particulier, qui a pris notamment des mesures coercitives contre l'UNITA dans sa résolution 864/93. Des pressions sur l'UNITA continuent d'être nécessaire en raison des retards excessifs dans

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l'application du Protocole de Lusaka, dus aux obstacles systématiques mis par l'UNITA. Les nouveaux éléments que l'UNITA essaye d'introduire, notamment en ce qui concerne sa participation au Gouvernement et au Parlement, sont contre l'esprit et la lettre du Protocole de Lusaka. Le Vice-Ministre a réitéré que la formation du Gouvernement et l'occupation de sièges au Parlement doivent être inconditionnelles. Un autre objectif important est l'étendue de l'administration centrale de l'Etat dans les zones occupées par l'UNITA.

L'Accord de paix ne peut plus attendre, sinon il deviendra un accord fragile. L'UNITA doit cesser de mettre de nouveaux obstacles et prouver sa bonne volonté. Ses manoeuvres dilatoires cherchent à bloquer le fonctionnement normal du pays, à mettre à l'épreuve la patience de la communauté internationale et à provoquer la renégociation du Protocole de Lusaka. La participation de l'UNITA à la société angolaise est fondamentale pour que la démocratie puisse fonctionner. Le Vice-Ministre a souhaité que l'UNITA coopère en ne rendant pas plus difficile la mise en oeuvre d'objectifs importants. Le Conseil de sécurité doit commencer à étudier le rôle futur des Nations Unies. Les tâches qui restent à accomplir requièrent l'assistance du personnel des Nations Unies et son encadrement. Certains domaines doivent recevoir la priorité tels que l'extension de l'administration de l'Etat, la formation des FAA et l'intégration de l'UNITA dans la police nationale, la démobilisation des anciens combattants, l'enlèvement des mines et autres explosifs.

Le Gouvernement angolais attend le début d'une mise en oeuvre globale et plus efficace du programme de réhabilitation et de réconciliation nationale. Le Général Carneiro a remercié tous ceux qui contribuent à la mise en oeuvre de ce programme et a soutenu le projet de résolution. Il a émis le souhait que ce dernier contribuera à accélérer la restauration de la paix en Angola.

Explications de vote

M. SERGUEI LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que son pays, qui est membre de la Troika, a fort à coeur le rétablissement de la paix en Angola. La Fédération de Russie n'épargnera aucun effort dans ce sens. La paix en Angola est bonne non seulement pour le peuple de ce pays et les peuples de la région mais elle témoigne aussi du succès des activités pacificatrices de l'Organisation des Nations Unies et de la communauté internationale. Le représentant a regretté que le processus de paix soit aussi laborieux. Il a également regretté le manque de collaboration de l'UNITA. Il faut absolument faire comprendre à l'UNITA qu'il faut continuer à assurer un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale. La Fédération de Russie appuie la proposition du Secrétaire général de proroger d'un mois le mandat d'UNAVEM III. Le représentant a espéré que ce délai permettra au gouvernement d'unité et de réconciliation national de se former et que l'UNITA respectera ses engagements. A l'issue de ce délai d'un mois, il faudra que le Conseil de sécurité évalue à nouveau la situation en Angola. La Fédération de Russie votera en faveur du projet de résolution.

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M. MASAKI KONISHI (Japon), tout en appuyant la prorogation du mandat d'UNAVEM III jusqu'au 31 mars prochain, a regretté profondément que les parties concernées n'aient pas réussi à mettre en place un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale. La délégation japonaise prie instamment l'UNITA, en particulier, de coopérer sans retard aux efforts déployés en vue de faire progresser le processus de paix. M. Konishi s'est déclaré profondément préoccupé par les questions relatives notamment au cantonnement, à la démobilisation et à la réintégration des soldats de l'UNITA aux forces armées angolaises. Il a souligné l'importance de garantir la sécurité du personnel engagé dans les activités humanitaires. Le processus de paix ne pourra être considéré comme un succès tant que ces questions ne sont pas réglées.

UNAVEM III et une présence de suivi anticipée ne pourront qu'assister les Angolais dans leurs efforts : elles ne pourront rester de façon indéfinie en Angola. Il est donc impératif que toutes les parties, notamment l'UNITA, fassent preuve d'un engagement en faveur du processus de paix en mettant en place sans tarder un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale. Lorsque cet objectif sera réalisé et la Mission de suivi mise en place, a estimé M. Konishi, son pays sera prêt à jouer un rôle important pour promouvoir la réconciliation sur l'ensemble du territoire. A cet égard, il appuie la recommandation du Secrétaire général de maintenir et de renforcer la Division des affaires politiques d'UNAVEM III, à mesure que la transition vers la Mission de suivi progresse. La délégation japonaise espère que cette Mission sera en mesure de sensibiliser la population en matière de consolidation de la paix, de promotion de la réconciliation nationale et du respect pour les droits de l'homme. M. Konishi a rappelé que son pays a contribué pour un montant de 1,4 million de dollars aux activités de déminage en Angola. Il a également versé une contribution d'un million de dollars au Haut Commissariat pour les réfugiés pour financer le retour et la réintégration des réfugiés angolais.

M. STEPHEN GOMERSALL (Royaume-Uni) s'est déclaré déçu de ce que la date de la formation d'un gouvernement d'unité nationale et de réconciliation n'ait pu être fixée en raison du manque de coopération de l'UNITA, et que de nombreuses autres questions se soient toujours pas résolues. Le Royaume-Uni exhorte les deux parties, et particulièrement l'UNITA, à mettre fin aux tergiversations et à cesser de poser des conditions qui créent un climat de défiance, à faire preuve de la flexibilité et de l'engagement qui sont maintenant essentiels pour terminer le travail. L'UNITA doit cesser de traîner les pieds et envoyer ses députés à l'Assemblée nationale ainsi que les membres qu'elle a nommés au futur gouvernement d'unité national et de réconciliation à Luanda. Le Gouvernement d'unité nationale et de réconciliation doit être mis en place à la fin de mars. Les aspects politiques et militaires restants du processus de paix, y compris la sélection et l'incorporation des soldats de l'UNITA dans les Forces armées angolaises,

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doivent être achevés. Une réunion doit également avoir lieu prochainement en Angola entre le Président Dos Santos et M. Jonas Savimbi, ce qui serait un signe visible de l'engagement des deux dirigeants à la poursuite du processus de paix. C'est pourquoi le Royaume-Uni est favorable à la prorogation du mandat d'UNAVEM III jusqu'au 30 mars 1997. Cependant, la communauté internationale doit surveiller la situation de près. Les parties doivent savoir que le Conseil de sécurité pourra prendre certaines mesures adéquates si le nouveau gouvernement n'a pas été constitué avant la fin du mois de mars. La Royaume-Uni appuie la recommandation d'envoyer une mission de suivi composée d'observateurs. Continuer d'assurer la présence de l'ONU est nécessaire pour consolider le processus de paix, mais son rôle devra être terminé à la fin de 1997. D'ici là, la communauté internationale doit centrer ses efforts sur l'aide qu'elle apportera au gouvernement pour la reconstruction.

M. NABIL ELARABY (Egypte), rappelant la déclaration faite le 31 janvier dernier, s'est déclaré préoccupé de voir que ce qui a été fait depuis n'est qu'une mise en oeuvre très partielle des demandes exprimées alors. L'UNITA doit montrer une véritable volonté politique et s'abstenir de ralentir le processus de paix. Le représentant a rappelé les différents succès des Nations Unies, notamment pour former les Angolais à l'enlèvement des mines et à la reconstruction de l'infrastructure du pays. Le représentant a réaffirmé son appui à la prorogation du mandat d'UNAVEM III, et à la recommandation de garder un Représentant spécial. Ce faisant, sa délégation appuie le projet de résolution.

M. PARK SOO GIL (République de Corée) a regretté que les progrès accomplis dans le processus de paix n'aient pas répondu aux attentes exprimées le 31 janvier dernier. Une fois de plus, on prolonge le mandat d'UNAVEM III sans que son mandat soit complètement réalisé en raison des mesures dilatoires des parties concernées. Il n'est pas possible d'accepter que les efforts et ressources investis se terminent sans succès. Le processus de paix est à un stade critique et il faut l'accélérer. Il faut envoyer un message ferme et sans équivoque aux parties. Aucun retard ne sera accepté. Le représentant a appuyé le projet de résolution, en indiquant clairement que des mesures plus fermes contre les responsables des retards dans le processus de paix devront être prises. La présence des Nations Unies, après UNAVEM III, doit être sérieusement étudiée. M. Park a rappelé que la responsabilité ultime pour la paix incombe aux parties angolaises. Il a souligné l'importance d'une mise en oeuvre des nombreuses tâches qui demeurent en vertu du Protocole de Lusaka. Il a souhaité pouvoir célébrer prochainement la création d'un Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale.

M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal) a déclaré que son pays estime que le processus de paix en Angola est en bonne voie malgré le manque de progrès dans certains secteurs. On ne peut pas parler de stagnation. Le cessez-le-feu est respecté, malgré quelques violations, et le Gouvernement de l'Angola et

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l'UNITA continuent leur dialogue par l'intermédiaire de la Commission conjointe. Les parties doivent cependant faire part clairement à la communauté internationale de leur volonté de respecter les accords auxquels ils ont souscrits librement. Ce n'est que dans ce contexte que pourra être envisagé une présence onusienne après la fin du mandat d'UNAVEM III. Le représentant a évoqué le retard sur le plan militaire et politique du processus de paix. Depuis la publication du rapport du Secrétaire général, aucun changement significatif n'est apparu concernant l'incorporation du personnel de l'UNITA dans les forces armées angolaises, le processus de démobilisation et l'élargissement de l'administration d'état dans le territoire de l'Angola.

Le représentant a déclaré que, malgré l'accord auquel est arrivée la Commission conjointe, l'UNITA n'a pas envoyé à Luanda, à la date du 12 février dernier, tous ses membres siégeant à l'Assemblée nationale et tous ceux qui doivent faire partie du gouvernement d'unité et de réconciliation nationale. L'UNITA doit en réalité, prouver qu'elle veut respecter la mise en oeuvre des accords de paix et du protocole de Lusaka, sans essayer d'établir de nouvelles conditions. M. Monteiro a déclaré, au sujet de la prorogation d'un mois du mandat de l'UNAVEM III demandée aujourd'hui, que la complexité du processus de paix en Angola demande une certaine flexibilité de la communauté internationale. Les Nations Unies, qui jouent un rôle crucial dans le processus de paix en Angola, doivent prolonger leur mandat. Le représentant a appuyé l'idée exprimée dans le rapport du Secrétaire général que le rythme du retrait des unités militaires doit être dicté par la situation sur le terrain. Cependant, il est capital que les accords de paix et le protocole de Lusaka soient mis en oeuvre dans le mois prochain.

M. PETER OSVALD (Suède) a exhorté les deux parties en Angola, et en particulier l'UNITA, à respecter tous les engagements qu'elles ont pris en vertu des Accords de paix. Notant que les Nations Unies ont joué un rôle essentiel dans le processus de paix en Angola, le représentant a estimé que l'Organisation a un rôle important à jouer en menant ce processus à son terme et en consolidant les résultats obtenus jusqu'à présent. Cependant, il importe de rappeler que l'ultime responsabilité de restaurer la paix incombe aux parties elles-mêmes, a souligné M. Osvald. Aujourd'hui, le Conseil de sécurité adresse un message clair à l'Angola. Le gouvernement d'unité nationale et de réconciliation doit être mis en place sans délai.

M. Osvald a invité la communauté internationale à continuer d'accroître son appui aux efforts de démobilisation et plus particulièrement à ceux qui visent à démobiliser et à réintégrer des enfants soldats. La Suède, a-t-il rappelé, contribue à l'UNAVEM III. Elle est d'avis que le retrait programmé des unités militaires des Nations Unies doit tenir compte de la prorogation pour une courte période du mandat de la Mission et de la situation sur le terrain. Etant donné, a poursuivi le représentant, que le gouvernement n'a pas encore été constitué, la Suède fait sienne la recommandation du Secrétaire général selon laquelle le mandat d'UNAVEM III doit être prolongé d'un mois. La Suède votera en faveur du projet de résolution dont est saisi aujourd'hui le Conseil.

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Mme CECILIA MACKENNA (Chili) a déclaré qu'il continue d'y avoir des retards dans la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka. Il faut résoudre les questions en suspens et notamment les questions d'ordre militaire. Le processus de paix en Angola fut long et difficile, mais il y a eu cependant quelques succès. Des nuages toutefois demeurent, notamment dans le règlement politique. Les parties doivent respecter leurs engagements et s'attacher à renforcer la paix, afin d'engager leur pays sur la voie du développement.

M. LIU ZHAOJI (Chine) a déclaré que son gouvernement est préoccupé par les retards dans la mise en oeuvre du processus de paix en Angola. Certains aspects des éléments militaire et politique sont encore dans une impasse. La solution incombe au peuple angolais lui même. Après des années de lutte, le travail est prêt à être mené à terme. A maintes reprises, la délégation chinoise a appelé les parties à faire preuve de bonne foi et à lever les obstacles par des négociations. L'UNAVEM III, depuis sa création, a beaucoup contribué à l'observation du Protocole de Lusaka. A cette étape critique du processus de paix, il faut d'urgence une assistance généreuse de la communauté internationale, y compris de l'ONU. Le succès est également tributaire des parties intéressées. La délégation chinoise espère que d'autres agents, dont les pays africains, continueront à jouer un rôle important dans le processus de paix en Angola. La Chine, quant à elle, continuera à y apporter sa contribution.

M. ALFREDO LOPES CABRAL (Guinée-Bissau) a indiqué que la fin du mandat d'UNAVEM III est l'occasion de faire un premier bilan. Il a admis qu'il y a eu beaucoup de retard dans la mise en place des structures prévues par le Protocole de Lusaka. Toutefois, une dynamique a été instaurée, et même si les progrès sont lents et parfois hésitants, ils continuent. Les obstacles majeurs ont été levés ou sont sur le point de l'être. Il faut promouvoir une culture de paix et de réconciliation nationale. C'est là tout le mérite de l'ONU et d'UNAVEM III. Jamais une opération de maintien de la paix de l'ONU n'aura autant mobilisé de ressources humaines et financières. Les résultats sont là pour attester du bien fondé d'UNAVEM III.

Le représentant a estimé que la création d'un Gouvernement d'unité et de réconciliation nationales constitue la pierre angulaire de l'édification de nouveaux rapports entre les parties. Il constitue un point de départ important pour les efforts nécessaires à prendre pour conforter les équilibres encore fragiles. La communauté internationale a le devoir de contribuer et de veiller à la concorde en Angola tout en créant les conditions d'une vie meilleure pour le peuple angolais. Il faut persévérer. L'aube de tous les espoirs est sur le point de naître. Il faut promouvoir une culture de paix, d'unité et de réconciliation nationale en Angola.

M. F. BERROCAL SOTO (Costa-Rica), appuyant le projet de résolution sur la prorogation d'UNAVEM III, a estimé que c'est un texte positif et équilibré.

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Il a regretté les retards dans la constitution du Gouvernement d'unité et de réconciliation nationales. Il faut créer immédiatement une culture démocratique et de paix en Angola, sur la base de prochaines élections démocratiques. C'est au peuple angolais qu'il incombe de décider. Le Gouvernement angolais doit rédiger les lois de bases et mettre en place les infrastructures adéquates pour que le peuple angolais puisse s'exprimer démocratiquement lors de prochaines élections.

M. WILLIAM RICHARDSON (Etats-Unis) a déclaré que sa délégation se félicite du rapport du Secrétaire général sur la situation en Angola. Il a regretté que les calendriers fixés et les mesures prises n'aient pas été respectés. Du fait du retard dans la mise en place du gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, le Conseil n'a prévu qu'une prorogation d'un mois du mandat d'UNAVEM III. Le représentant a déclaré que l'avenir du processus dépend de l'exécution des obligations des parties.

La délégation des Etats-Unis reste préoccupée par les difficultés causées notamment par l'UNITA. Il faudra envisager des mesures complémentaires ou différentes si le gouvernement d'unité et de réconciliation nationale n'est pas constitué. Il est temps que la paix remplace les espoirs déçus. Les Etats-Unis sont attachés à ce que l'Angola puisse avoir un avenir prospère. Le représentant a rappelé le rôle joué par la Troika dans le processus de paix. Il a aussi rappelé que son gouvernement a fourni une assistance humanitaire importante à l'Angola par le passé et continuera à le faire. Il a évoqué les dégâts terribles infligés au peuple angolais qui a droit à la paix et à la réconciliation. Il a déclaré que le peuple angolais doit se montrer à la hauteur des promesses qui ont été faites.

M. NJUGURA MAHUGU (Kenya) a rappelé que son pays a toujours affirmé qu'à l'expiration du mandat d'UNAVEM III, les Nations Unies devaient demeurer dans le pays sous une forme ou sous une autre. Il est donc important que le Secrétaire général, dans son rapport, ait vu la nécessité d'une telle présence et ait fait des recommandations concrètes en ce sens. Le représentant a regretté que malgré les nombreuses possibilités données aux parties de mettre en oeuvre les Accords de paix, elles n'aient pu assumer leurs obligations comme prévu. Il s'est déclaré préoccupé de cette perte de temps. Il a réaffirmé l'attachement de sa délégation à la mise en oeuvre des accords de paix par le Gouvernement angolais et par l'UNITA. Il a demandé à l'UNITA de coopérer avec le Gouvernement angolais pour mettre en oeuvre les dernières étapes du processus de paix, et notamment ses aspects militaires. Sa délégation soutient le projet de résolution.

M. HERVE LADSOUS (France), se prononçant en faveur de la prorogation du mandat d'UNAVEM III jusqu'au 31 mars 1997, a fait remarquer que l'UNITA porte, à titre principal, la responsabilité des multiples retards qui conduisent aujourd'hui le Conseil à proroger une nouvelle fois ce mandat. Tout en notant des progrès sur la voie de la paix, il a estimé que l'UNITA devrait produire

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les derniers efforts nécessaires pour se conformer aux engagements pris en vertu du Protocole de Lusaka. Cela concerne bien évidemment le volet militaire de l'accord mais également, et surtout, la constitution du gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, qui aurait dû être mis sur pied ce mois-ci. La constitution de ce gouvernement est en effet une étape cruciale pour le peuple angolais et l'aboutissement réel du processus de paix. Ce gouvernement doit maintenant être rapidement constitué. Il est également indispensable que les anciens belligérants fassent preuve d'une étroite coordination pour permettre au futur gouvernement angolais d'assurer son autorité sur l'ensemble du territoire. La délégation française souhaite enfin que la démobilisation des soldats qui ne seront pas incorporés dans les forces armées angolaises puissent être conduite promptement avec le soutien de la communauté internationale.

La présente résolution prévoit, au cas où le gouvernement ne serait pas constitué dans les délais requis, que le Conseil pourra envisager d'imposer des mesures nouvelles contre l'UNITA, a fait observer M. Ladsous, qui émet l'espoir que le Conseil n'en arrivera pas à cette extrémité. Les Angolais méritent, après les épreuves qu'ils ont endurées, de bénéficier de ces changements qui leur permettront de jouir enfin d'une démocratie et d'un développement durable.

Déclarations

M. DAVID RUBADIRI (Malawi) s'est déclaré déçu de ce que ce jour qui devait être celui de la réalisation du mandat d'UNAVEM III, soit loin d'être un jour de réjouissances. Il a exprimé sa préoccupation devant le fait que l'UNITA a, encore une fois, retardé la formation du Gouvernement d'unité nationale et de réconciliation, contrairement à la lettre et à l'esprit du Protocole de Lusaka et en contradiction avec l'opinion publique internationale. Le Malawi est également préoccupé par le fait qu'un nouveau retard dans la mise en place d'un certain nombre d'aspects politiques et militaires du processus dans son ensemble constituerait un recul majeur du processus de paix. Les questions de sélection et d'incorporation des soldats de l'UNITA dans les forces armées, de même que la démobilisation générale, doivent être traitées avec plus de fermeté.

Le Malawi lance une fois de plus un appel à toutes les parties concernées, et particulièrement à l'UNITA, afin qu'elles déploient les efforts supplémentaires et mettent en oeuvre les actions nécessaires qui transformeraient en résultats pratiques les aspirations du peuple angolais et de tous ceux qui pensent que la paix et la processus de reconstruction et de développement en Angola ne peuvent être davantage retardés. La communauté internationale va continuer à jouer un rôle décisif dans la résolution de la situation en Angola. Elle ne peut en toute conscience abandonner ce pays maintenant. Le Malawi se félicite de la volonté du Conseil de sécurité de faire face à ce défi et appuie la prorogation du mandat d'UNAVEM III, ainsi que la mise en oeuvre des dispositions pertinentes de la résolution 864 (1993), si l'UNITA reste aussi intransigeante.

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M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a rappelé que lors du dernier Conseil de sécurité sur la question, son pays avait exprimé sa préoccupation quant à la lenteur caractérisant la mise en oeuvre des "Accords de Paix". Tout en appréciant l'évolution encourageante de la situation, le représentant a souhaité que des engagements plus profonds se transforment en actions concrètes, en particulier de la part de l'UNITA. Aujourd'hui, la mise en oeuvre des derniers aspects fondamentaux du Protocole de Lusaka, notamment l'incorporation des troupes de l'UNITA au sein des Forces armées angolaises, le processus de démobilisation et l'extension de l'administration d'Etat à tout le territoire, n'ont pas encore été achevés. Nous sommes constamment confrontés à de nouveaux éléments qui ont été introduits dans le but de retarder les mesures qui ont été approuvées. On ne peut admettre que ces retards continuent. Le représentant a approuvé les remarques contenues dans le rapport du Secrétaire général selon lesquelles toutes tentatives d'imposer des conditions à la poursuite du processus de paix doivent être rejetées par la communauté internationale.

Pour que le processus de paix en Angola fasse des progrès tangible, a ajouté le représentant, l'UNITA doit prendre des mesures urgentes et décisives afin de mettre en oeuvre tous les aspects du Protocole de Lusaka. les dirigeants de l'UNITA doivent faire en sorte que tous les députés de l'Assemblée Nationale ainsi que ceux qui doivent prendre part au Gouvernement d'unité nationale et de réconciliation retournent à Luanda. Nous estimons, a-t-il insisté, que le gouvernement angolais a déployé les efforts nécessaires au respect de ses obligations et a fait la preuve de la volonté politique indispensable à l'instauration d'un terrain d'entente avec l'UNITA. Les défis que constituent la réintégration des soldats démobilisés et le déminage seront mieux relevés dans un climat de stabilité et le soutien de la communauté internationale dans ce domaine est de la plus grande importance. L'instauration de la paix après les conflits est une condition nécessaire à la paix et à la sécurité durables. Le représentant a en outre exprimé son soutien à la proposition du Secrétaire général touchant au retrait progressif de l'UNAVEM et aux dispositions relatives à la période de transition. Il a également exprimé son soutien à la prorogation du mandat d'UNAVEM III.

M. JOSE LUIS BARBOSA LEAO MONTEIRO (Cap Vert) a déclaré que le gouvernement angolais et l'UNITA ont progressé dans leur quête de la paix. Les Nations Unies et la communauté internationale ont apporté la plus grande attention à la résolution de ce conflit. Nous sommes actuellement à un tournant décisif. Le représentant a noté que le cessez-le-feu continue d'être respecté dans son ensemble. Mais il reste des lenteurs dans d'autres domaines, notamment en ce qui concerne l'incorporation des troupes de l'UNITA dans les FAA et la police d'intervention rapide. Il a souhaité que les premiers succès en matière de reconstruction du pays soient consolidés.

Rappelant que la création d'un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale est une des clés de voûte du Protocole de Lusaka, le représentant a

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indiqué que le report de sa création est significatif. Il faut trouver la volonté politique pour poursuivre le chemin tracé. Il a émis le voeu que la scène angolaise connaisse des faits décisifs. Dans la phase nouvelle qui s'annonce pour UNAVEM III, les aspects humanitaires, notamment le secours et le relèvement, le cantonnement et la démobilisation, prendront un relief tout particulier. Des ressources seront nécessaires. L'effort international pour assister ces actions doit s'accentuer.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a estimé qu'en dépit de certains développements encourageants ces derniers mois, les inquiétudes concernant la création d'un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, la démobilisation et l'incorporation des troupes de l'UNITA dans les Forces Armées Angolaises (FAA), demeurent irrésolues, en raison principalement du manque de coopération de l'UNITA. Les retards causés par l'UNITA posent de sérieuses questions quant à son réel engagement à mettre en oeuvre l'esprit et la lettre du Protocole de Lusaka.

Le représentant a lancé un appel aux parties, en particulier à l'UNITA, pour qu'elles considèrent l'intérêt du peuple angolais. L'Angola a besoin de paix. L'Angola a besoin de développement. C'est la responsabilité principale de tous les dirigeants de l'Angola. C'est pourquoi, ils se doivent de former le gouvernement d'unité et de réconciliation nationale sans plus tarder. En cas d'échec, le Conseil de sécurité devra envisager les mesures appropriées, y compris l'imposition de sanctions, contre l'UNITA, conformément à ses résolutions pertinentes. Ce faisant, le représentant s'est déclaré en faveur de la prorogation d'un mois du mandat d'UNAVEM III.

M. PERCY M. MANGOAELA (Lesotho) a rappelé que le Conseil de sécurité était conscient de la lenteur de la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka, lorsqu'il a examiné le mandat d'UNAVEM III en décembre 1996, lenteur qui a eu pour effet de retarder le calendrier du processus de paix. Après avoir pris connaissance du rapport du Secrétaire général, le gouvernement du Lesotho a rappelé aux signataires du Protocole de Lusaka leur obligation envers le peuple angolais et la communauté internationale, et il a soutenu la prorogation du mandat d'UNAVEM III. Le Lesotho a encouragé toutes les parties à travailler ensemble pour mener à bien les tâches restantes et former sans plus tarder un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale. Le représentant a regretté une fois de plus la lenteur de la mise en oeuvre du processus de paix. Il a également exprimé les regrets de sa délégation du retard dans le retour des députés de l'UNITA à Luanda et dans la formation du gouvernement d'unité et de réconciliation nationale. Le non respect des délais met en péril le processus de paix. Il est regrettable que le Lesotho doive à nouveau demander au Conseil de s'assurer que l'UNITA respecte ses engagements, dans les temps impartis et sans conditions.

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Le représentant a déclaré que son pays soutient la prorogation du mandat d'UNAVEM III jusqu'au 31 mars 1997, à la condition que la situation en Angola soit réexaminée le 20 mars et que, en cas de retard, le Conseil considère la possibilité de prendre certaines mesures dans le cadre de sa résolution 864 (1993) qui oblige l'UNITA a respecter les délais qui lui ont été impartis par le Conseil. Le Lesotho regrette la lenteur de l'incorporation des troupes de l'UNITA dans les Forces armées angolaises (FAA). Le représentant a encouragé les parties à faire preuve d'une réelle volonté politique afin que le Protocole de Lusaka puisse être mis en oeuvre et que le gouvernement d'unité et de réconciliation nationale puisse être établi sans retard. Le Lesotho espère qu'une nouvelle ère de paix et de coopération dans la région de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC) pourra être établie.

M. K.J. JELE (Afrique du Sud) a déploré que l'inauguration du gouvernement d'unité et de réconciliation nationale n'ait pas eu lieu le 25 janvier 1997, comme cela avait été envisagé en décembre 1996, conformément au calendrier révisé de la Commission conjointe, parce que l'UNITA n'a pas envoyé ses députés et hauts fonctionnaires, en attendant le règlement de la question du statut spécial de son dirigeant, M. Savimbi. Le représentant a fait observer que des incidents violents sporadiques impliquant les deux parties ont encore lieu et que ces incidents pourraient mener à une escalade dans le conflit. Il est donc important que les parties respectent strictement le cessez-le-feu. Le démantèlement des quatre derniers centres de commandement de l'UNITA nécessite une attention urgente. Le représentant s'est cependant félicité que neuf généraux de l'UNITA aient été incorporés dans les FAA.

M. Jele s'est déclaré en accord avec les observations du rapport du Secrétaire général, selon lesquelles une présence continue mais réduite des Nations Unies en Angola jusqu'à la fin de 1997 est nécessaire pour achever la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka et pour consolider les gains réalisés dans le processus de paix. Il a estimé que davantage d'assistance est nécessaire pour promouvoir et soutenir la paix et la stabilité. Il a réitéré la demande de son Gouvernement que le Président Dos Santos et M. Savimbi se rencontrent le plus rapidement possible en Angola. Cela permettrait d'étudier la question du statut de M. Savimbi et d'autres questions importantes. Le représentant, appuyant la prorogation du mandat d'UNAVEM III jusqu'au 31 mars 1997, a lancé un appel au gouvernement angolais et à l'UNITA pour qu'ils accélèrent la création du gouvernement d'unité et de réconciliation nationale. Il a estimé qu'il est temps que le Conseil de sécurité envisage de mettre en oeuvre des mesures appropriées contre l'UNITA si cette dernière ne remplit pas ses engagements.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a regretté que les progrès encourageants dans la mise en oeuvre des aspects militaires des accords de Lusaka, au lieu d'ouvrir la voie à des avancées irréversibles dans le sens de la réconciliation nationale, connaissent malheureusement une certaine érosion,

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comme l'atteste le nombre sans cesse croissant de soldats de l'UNITA qui désertent les lieux de cantonnement. Ce phénomène inquiétant représente une source de préoccupation pour la communauté internationale et pour le peuple angolais qui aspire légitimement à vivre en paix et dans la stabilité et à consacrer son énergie au développement et à l'édification nationale.

Le représentant a estimé que les dirigeants de l'UNITA assument de manière incontestable, devant l'histoire, devant la communauté internationale, et devant le peuple angolais, la responsabilité du sabordage du processus de paix dans lequel la communauté des nations a investi des efforts considérables et pour lequel elle a consenti des sacrifices énormes. L'attitude obstructionniste de la direction de l'UNITA et ses atermoiements empêchent le processus de paix d'enregistrer de nouveaux progrès sur la voie de la réconciliation nationale pour la mise en place, notamment d'un gouvernement d'unité nationale et la conclusion d'un arrangement concernant le statut du Chef de l'UNITA, conformément aux accords de Lusaka. Le Conseil de sécurité ne doit pas permettre que le processus de paix devienne l'otage de manoeuvres dilatoires des dirigeants de l'UNITA. Il est clair que plus que de se limiter à envoyer un message politique aux dirigeants de l'UNITA, le Conseil doit prendre les mesures qui s'imposent pour les amener à adopter une attitude plus constructive et à honorer les engagements pris dans le cadre des accords de Lusaka. En ce moment crucial pour la paix en Angola, la communauté internationale et le Conseil de sécurité sont appelés à témoigner, d'une part, de leur solidarité avec le peuple angolais et d'adopter, d'autre part, une attitude de fermeté à l'égard de l'UNITA. C'est pourquoi, il faut donner une chance supplémentaire à la paix car il y va de l'avenir du peuple angolais et de la sécurité et de la paix du continent africain.

M. CELSO LUIZ NUNES AMORIM (Brésil), a rappelé que la tâche d'UNAVEM III aurait du être menée à bien avant la fin du mois de février, c'est à dire demain. Pourtant, certaines de ces tâches restent encore à accomplir. Le Gouvernement d'unité nationale et de réconciliation n'est pas encore formé, le rôle de M. Savimbi n'est pas encore clairement défini, certaines questions d'ordre militaire ne sont pas résolues. Les Nations Unies ne peuvent être tenues pour responsables de ces retards. La principale responsabilité pour la restauration de la paix en Angola incombe aux Angolais eux-même. L'UNITA doit prendre des mesures urgentes et décisives pour permettre l'achèvement du processus de paix.

Le représentant, indiquant combien la communauté internationale avait investi en ressources en Angola ces deux dernières années, a déclaré qu'elle ne pouvait plus maintenir un tel niveau d'engagement plus longtemps. Toutefois, le Conseil de sécurité doit faire attention à ne pas mettre fin au mandat d'UNAVEM III avant que le processus de paix ne soit devenu irréversible. Estimant que la prorogation d'UNAVEM III pour un mois n'est pas la solution idéale, le représentant a cependant déclaré qu'au regard des circonstances actuelles, c'est une manière d'exercer une pression supplémentaire, en particulier sur l'UNITA, dont le manque de coopération cause des retards injustifiés dans le processus de paix.

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M. SLAHEDDINE ABDELLAH (Tunisie) a déclaré qu'il est urgent que les parties angolaises fassent preuve de la volonté politique nécessaire pour aller de l'avant et s'emploient, à travers le dialogue et la concertation, à surmonter les obstacles qui se dressent devant le règlement définitif du problème angolais. Une réunion entre le Président Dos Santos et le chef de l'UNITA serait d'une grande utilité pour examiner toutes les questions qui continuent d'être à l'origine des retards, y compris celle relative au statut futur de M. Savimbi. Il est primordial que l'UNITA honore sans plus tarder ses engagements, notamment celui de dépêcher à Luanda ses représentants aussi bien à l'Assemblée qu'au sein du futur gouvernement d'unité nationale. Elle doit tout autant coopérer pleinement en vue de faciliter l'extension de l'administration de l'Etat à tout le territoire angolais de manière à préserver l'unité du pays et à faire bénéficier l'ensemble de la population des services publics. Les procédures et mécanismes approuvés par la Commission conjointe le mois dernier, pour étendre l'administration de l'Etat à l'ensemble du territoire, doivent servir de base à cet effet. La délégation de Tunisie appuie la prorogation du mandat de l'UNAVEM III jusqu'au 31 mars 1997. Il revient maintenant à l'UNITA de se conformer, sans délais et sans conditions, à tous les accords qu'elle a conclus dans le cadre du Protocole de Lusaka, faute de quoi le Conseil de sécurité se trouverait amené à envisager les mesures que nécessiterait la situation. Par ailleurs, en saluant toutes les parties qui apportent leur contribution à l'oeuvre de reconstruction et de réhabilitation du pays, la Tunisie forme la voeu que cet engagement se renforce davantage pour permettre à l'Angola de retrouver le chemin de la paix, de la croissance et de la prospérité.

M. N.H. BIEGMAN (Pays-Bas) a déclaré, au nom de l'Union européenne, de la Bulgarie, de Chypre, de la République Tchèque, de l'Estonie, de la Hongrie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Pologne, de la Roumanie, de l'Islande et de la Norvège, que, bien que le processus de paix engagé en Angola ait progressé durant les derniers mois, celui-ci est loin d'être achevé. L'UNITA n'a pas encore prouvé son engagement total au Protocole de Lusaka. La lenteur de la mise en oeuvre de certains points cruciaux du processus de paix reste une source d'inquiétude. Le désarmement de la population civile et la situation des droits de l'homme en général demeurent insatisfaisant. L'Union européenne regrette que les représentants de l'UNITA membres de l'Assemblée nationale et ceux qui ont été désignés pour faire partie du gouvernement d'unité et de réconciliation nationale ne sont pas tous arrivés à Luanda à la date convenue du 12 février 1997. A cause du refus de l'UNITA de respecter le calendrier établi par la Commission conjointe dans le cadre du Protocole de Lusaka, le gouvernement d'unité et de réconciliation nationale n'a pu être formé avant l'expiration du mandat de UNAVEM III, le 28 de ce mois. L'Union européenne est fermement attachée à préserver l'esprit de Lusaka et à établir une paix durable en Angola.

Le représentant a rappelé que la responsabilité de la restauration de la paix en Angola reste du ressort du peuple angolais. Il est capital que les

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parties engagées dans le processus de paix, en particulier l'UNITA, respectent leurs engagements afin que la communauté internationale puisse continuer à appuyer le processus de paix. L'Union européenne appuie la décision du Conseil de sécurité de prolonger le mandat de l'UNAVEM d'un mois seulement et de considérer l'imposition de mesures appropriées au cas où le gouvernement d'unité et de réconciliation nationale n'aurait pas été formé d'ici le 31 mars 1997. L'Union européenne soutient l'idée formulée par le Secrétaire général selon laquelle le calendrier du retrait de la force des Nations Unies en Angola doit tenir compte de la situation sur le terrain. Le représentant a rappelé que l'Union européenne a fourni par le passé une aide humanitaire importante à l'Angola et continuera à le faire. L'Union européenne a également fourni une assistance au déminage et le représentant a appelé les parties, et particulièrement l'UNITA, à faire preuve de coopération dans ce domaine.

M. MOCTAR OUANE (Mali) a déclaré que, depuis la session d'octobre 1996, la situation en Angola a enregistré des progrès considérables qui autorisent à penser que le processus de paix dans ce pays se trouve à un tournant décisif. Il a souligné l'importance de cette présente session qui doit engager le processus de paix dans sa phase finale. Il est impératif que les efforts pour l'application pleine et entière du protocole de Lusaka aboutissent. Le Mali félicite le gouvernement angolais pour les efforts considérables déployés pour accomplir les obligations qui lui incombaient en vertu du Protocole de Lusaka. Le représentant a cependant regretté que l'UNITA n'ait pas toujours fait preuve de cette bonne disposition. Il a appelé l'UNITA à mettre en oeuvre prioritairement les obligations militaires qu'elle s'est engagée à appliquer depuis de nombreux mois déjà, notamment à l'occasion de la formation du gouvernement d'unité et de réconciliation nationale.

La délégation du Mali, au regard de la situation actuelle en Angola, se félicite de la prorogation du mandat d'UNAVEM III, qui reste le garant de la paix et de la stabilité. Elle soutient également le message ferme et clair adressé à l'UNITA, à travers la menace d'imposition de sanctions, pour convaincre ce mouvement d'adhérer plus avant au processus de paix. Seule cette attitude pourra aider le peuple angolais à réaliser son désir de paix et construire un avenir meilleur orienté vers le développement et la démocratie.

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