SG/SM/6164

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉCLARE À LA CONFÉRENCE DE GENÈVE QUE, S'IL EST BON D'APPORTER UNE ASSISTANCE HUMANITAIRE, IL FAUT S'ATTAQUER AUX RACINES DES CONFLITS

24 février 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6164
IHA/620


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉCLARE À LA CONFÉRENCE DE GENÈVE QUE, S'IL EST BON D'APPORTER UNE ASSISTANCE HUMANITAIRE, IL FAUT S'ATTAQUER AUX RACINES DES CONFLITS

19970224 On trouvera ci-après le texte du message adressé par le Secrétaire général Kofi Annan à la Conférence sur les secours humanitaires et la prévention des conflits meurtriers, organisée sous les auspices du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et de la Commission Carnegie, et prononcé en son nom à Genève, le 16 février, par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Yasushi Akashi :

Je suis heureux que le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Sadako Ogata, et la Commission Carnegie sur la prévention des conflits meurtriers aient organisé ce forum. Il vient à son heure et pourra avoir une grande influence sur les activités futures de l'ONU dans deux domaines essentiels de sa mission mondiale : la résolution des conflits et l'assistance humanitaire.

Les années 90 ont vu une recrudescence du nombre et de l'intensité des conflits internes. Nous avons assisté à des déplacements de population massifs, à des actes de violence généralisés et à la perte de nombreuses vies humaines, tandis que les sociétés et les économies touchées subissaient d'importants dommages. La solution idéale eût été de prévenir chacun de ces conflits. La prévention est de loin le meilleur des remèdes, pour les pays comme pour les individus. Malheureusement, ce remède a été inégalement appliqué.

Dans certains cas, la communauté internationale n'a pas prêté suffisamment attention aux signaux d'alerte immédiate, qui auraient permis de réagir à des phases antérieures à la crise plus faciles à gérer. La communauté internationale n'a pas su davantage prévenir l'éclatement des conflits, comme le montrent les exemples de la Somalie, de la Bosnie-Herzégovine, du Rwanda et plus récemment de la région des Grands Lacs. Nous devons nous souvenir également que même s'il est impossible de détourner un conflit, une action préventive demeure nécessaire pour en empêcher l'escalade et en exclure la reprise au cas où la diplomatie réussirait à y mettre fin.

- 2 - SG/SM/6164 IHA/620 24 février 1997

L'expérience a montré qu'après l'éclatement d'une crise, la communauté internationale peut intervenir rapidement pour soulager les souffrances des victimes civiles innocentes. L'Organisation des Nations Unies et ses associés à des fins humanitaires — donateurs, organisations non gouvernementales, communauté de la Croix-Rouge — ont collecté des milliards de dollars pour fournir des aliments à ceux qui avaient faim, des abris aux réfugiés et aux personnes déplacées dans leur propre pays, et prêter secours aux enfants, aux femmes et aux personnes âgées. Cela a été accompli en dépit des graves obstacles qui accompagnent souvent les conflits meurtriers : difficulté d'atteindre les populations dans le besoin, absence de sécurité du personnel de secours, et mépris des principes fondamentaux du droit humanitaire et des droits de l'homme.

S'il faut louer la communauté internationale de réagir rapidement à des situations d'urgence humanitaires complexes et vastes, de telles activités n'auraient pas été nécessaires si nous avions pu empêcher des menaces identifiables de se transformer en horribles réalités. La leçon est claire : l'action humanitaire ne doit pas être l'unique mesure sur laquelle la communauté internationale puisse s'accorder rapidement. Notre réaction doit également comporter des efforts politiques visant à désamorcer les conflits, à promouvoir la paix et la stabilité et à favoriser le développement économique et social.

Une approche globale qui permette de s'attaquer aux causes fondamentales d'un conflit dans toutes ses dimensions — politique, militaire, humanitaire, sur le plan du développement et des droits de l'homme — nous conduira à adopter des solutions à long terme. L'assistance humanitaire ne saurait suffire à elle seule. En fait, la fourniture d'une aide humanitaire peut, dans certains cas et malgré tous nos efforts, avoir des conséquences négatives inattendues. Cependant, la communauté internationale n'a pas encore relevé le défi qui consiste à matérialiser une vision aussi totale.

L'Organisation des Nations Unies, tous ceux qui se vouent aux secours humanitaires et nos partenaires de la société civile doivent toujours considérer d'un oeil la crise du moment et chercher à discerner de l'autre les menaces de l'avenir. Nous devons oeuvrer de concert pour analyser l'environnement complexe et changeant dans lequel l'assistance humanitaire est fournie et améliorer notre compréhension de l'impact que l'intervention humanitaire a sur un conflit en cours. Nous devons aussi mettre au point des politiques destinées à faciliter la transition de l'action opérationnelle à court terme à la prévention à plus long terme afin d'en finir avec le cycle de la violence et de la souffrance humaine. C'est alors seulement que nous serons en mesure d'ajuster les mécanismes nationaux, régionaux et internationaux pour réagir sur les plans politique et humanitaire aux conflits meurtriers.

- 3 - SG/SM/6164 IHA/620 24 février 1997

Ce forum a été réuni pour examiner ces problèmes et d'autres non moins importants. Parmi les participants figurent de nombreuses personnalités éminentes qui doivent une notoriété internationale à leurs contributions de caractère politique et humanitaire. J'ai la certitude que vos débats approfondis au cours des deux prochains jours permettront de dégager beaucoup d'idées et d'initiatives dont nous tirerons tous bénéfice. Je vous souhaite plein succès dans vos délibérations.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.