Onzième session extraordinaire d’urgence,
1re & 2e séances, matin & après-midi
AG/12404

À l’Assemblée générale réunie en urgence, un cri quasi unanime se fait entendre en faveur de la cessation de l’agression russe en Ukraine

Les États Membres de l’Assemblée générale des Nations Unies, réunis aujourd’hui en une rare session extraordinaire d’urgence, ont condamné, dans une très large majorité, l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, réclamant un cessez-le-feu immédiat pour ouvrir la voie au dialogue et éviter le « pire ».  « Trop, c’est trop! » s’est écrié Secrétaire général de l’ONU, appelant les soldats russes à retourner dans leurs casernes et les dirigeants à s’orienter vers la paix. 

Les civils doivent être protégés.  Le droit international humanitaire et des droits de l’homme doivent être respectés, a exigé M. António Guterres à l’ouverture de la séance, après l’observation d’une minute de silence.  C’est hier que le Conseil de sécurité a décidé, par sa résolution 2623 (2022), de convoquer cette session d’urgence, la onzième du genre depuis 1950, pour examiner la situation en Ukraine.  Cette décision fait suite au veto opposé vendredi dernier par la Fédération de Russie à un projet de texte coparrainé par plus de 80 États Membres qui demanderait à la Russie de mettre un terme à l’agression et de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

L’Assemblée générale avec ses 193 États Membres représente « la conscience collective de l’humanité » et sa force tient à son autorité morale, a fait valoir son Président, M. Abdulla Shahid, pour qui c’est l’occasion de s’assurer que le leadership de l’ONU est « à la hauteur des attentes des populations que nous servons sur les questions liées à la paix et à la sécurité ».  M. Shahid a salué à cet égard, l’annonce faite par le Secrétaire général de l’ONU, selon laquelle 20 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence seront alloués à la crise humanitaire en Ukraine.  Cette annonce fait partie des mesures concrètes avancée par M. Guterres pour répondre aux besoins croissants à l’intérieur du pays et dans les pays voisins. 

D’après le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), un demi-million d’Ukrainiens ont d’ores et déjà fui le pays.  « Nous sommes confrontés à une tragédie pour l’Ukraine, mais aussi à une crise régionale majeure dont les implications sont potentiellement désastreuses pour nous tous », a averti le chef de l’ONU.  « L’aide humanitaire est essentielle.  Mais ce n’est pas une solution.  C’est un symptôme du conflit.  La seule solution, c’est la paix », a encore martelé M. Guterres. 

Frontalière de l’Ukraine, la Pologne, qui accueille ainsi 300 000 réfugiés ukrainiens, est confrontée à l’une des plus grandes crises humanitaires en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a affirmé le représentant polonais dont le pays assure la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Alors, « c’est le moment d’agir et d’aider l’Ukraine, qui paie en ce moment le prix ultime pour sa liberté mais aussi pour la liberté du monde », a plaidé le représentant ukrainien, avertissant que si la paix et la démocratie ne survivent pas en Ukraine, elles ne survivront pas dans le monde.  « Nous pouvons sauver l’Ukraine, l’ONU, la démocratie et ses valeurs », a-t-il encore espéré, appelant l’Assemblée générale à exiger de la Russie qu’elle cesse son agression contre un pays souverain et indépendant. 

Les actions de la Fédération de Russie font l’objet de « désinformation », s’est défendu son homologue russe, pour qui les causes profondes de la crise actuelle en Ukraine sont de son propre fait.  La Russie n’a « pas de plan d’occupation de l’Ukraine », a-t-il affirmé, et cette « opération militaire spéciale » a pour objectif principal de protéger les habitants des territoires de Donetsk et Louhansk, ce qui passe par « la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine ».  Pour le diplomate russe, l’argument selon lequel le Conseil de sécurité ne serait pas en mesure de trouver une solution viable à ce conflit est une tentative visant à « contourner » son pays. 

De fait, plusieurs intervenants ont interrogé la capacité du Conseil à bien exercer sa responsabilité principale en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, s’en remettant à l’Assemblée pour assumer son rôle.  Après l’échec du Conseil à cet égard, l’Assemblée générale a la responsabilité d’envoyer un message fort et uni sur la nécessité pour la Russie de cesser ses opérations militaires, de retirer ses troupes et d’opter pour un véritable dialogue, a renchéri l’Union européenne qui « continuera à apporter un soutien » politique, financier, humanitaire et logistique à l’Ukraine.  L’Ukraine devrait être un point de communication entre l’Est et l’Ouest et non un point de rivalité, a estimé pour sa part la Chine qui a dit soutenir les efforts en faveur d’un mécanisme de paix durable en Europe. 

En attendant, la menace nucléaire est un autre développement jugé « effrayant » par le Secrétaire général de l’ONU, qui a retenu l’attention des États Membres, à l’instar de la Slovénie qui a jugé « extrêmement inquiétant » le référendum constitutionnel tenu hier au Bélarus par lequel a été supprimé l’article 18 sur son statut non nucléaire.  En effet, plusieurs délégations, dont le Royaume-Uni, la Bulgarie ou l’Italie, ont dénoncé le rôle « complice » du Bélarus dans cette agression.

La session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale se poursuivra demain, mardi 1er mars, à partir de 10 heures.

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136)

Déclarations liminaires

Nous sommes tous gravement préoccupés par la détérioration rapide de la situation et l’action militaire en cours en Ukraine, a déclaré M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale des Nations Unies.  L’offensive militaire de la Fédération de Russie est une violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine et est incompatible avec la Charte des Nations Unies, a-t-il réitéré.

Le Président a ainsi renouvelé son appel à un cessez-le-feu immédiat.  Il a demandé que toutes les parties fassent preuve d’un maximum de retenue et souhaité un retour complet à la diplomatie et au dialogue.

La convocation de cette onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale, ancrée dans la Charte et mandatée par la résolution 377 A (V) intitulée « Unis pour la paix », doit permettre de s’assurer une fois encore que le leadership de l’ONU est à la hauteur des attentes des populations que nous servons sur les questions liées à la paix et à la sécurité.

« Il est impératif que nous agissions au nom des femmes, des enfants et des hommes pris entre deux feux.  Il est impératif que nous utilisions tous les canaux disponibles pour contenir la situation, désamorcer les tensions et rechercher une résolution pacifique, conformément au droit international et aux principes de la Charte des Nations Unies. »

M. Shahid a salué l’annonce faite par le Secrétaire général selon laquelle 20 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence seront alloués à la crise humanitaire en Ukraine.  Les conséquences humanitaires sur les populations civiles, en particulier les femmes, les enfants, les personnes âgées et les autres groupes vulnérables, seront dévastatrices, a-t-il averti, encourageant les États Membres à soutenir les initiatives humanitaires. 

Rappelons-nous que nous avons fondé l’ONU pour maintenir la paix et la sécurité internationales, a plaidé le Président.  « Hier, une rare fenêtre d’opportunité s’est ouverte au dialogue.  Profitons de cette occasion pour désamorcer la situation de manière significative et rapide. »

Pour M. Shahid, l’Assemblée générale avec ses 193 États Membres représente « la conscience collective de l’humanité » et sa force tient à son autorité morale.

« Faisons preuve de ce courage moral et utilisons le débat d’aujourd’hui non pas pour attiser la rhétorique de la guerre, mais pour donner une chance à la paix », a exhorté le Président.

« Les combats en Ukraine doivent cesser! » a lancé M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU.  Les combats font rage partout, sur terre, en mer, dans les airs, a déploré le Secrétaire général, avant de dresser un état de la situation sur le terrain, où les bombardements russes frappent les villes ukrainiennes jour et nuit.  La capitale, Kiev, est encerclée de toutes parts, et, face à la poursuite des attaques, ses trois millions d’habitants essaient de se mettre à l’abri; et des armes sont distribuées à la population pour participer à la défense du pays. 

D’après le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), un demi-million d’Ukrainiens ont fui le pays, a informé le Secrétaire général.  Bien que les frappes russes visent en grande partie les installations militaires ukrainiennes, des témoignages crédibles font état de lourds dégâts subis par des bâtiments résidentiels, des infrastructures civiles essentielles et d’autres cibles non militaires.

Cette escalade de la violence -qui entraîne la mort de civils, y compris d’enfants- est totalement inacceptable, a insisté M. Guterres.  « Trop, c’est trop! » a-t-il martelé, appelant les soldats à retourner dans leurs casernes et les dirigeants à s’orienter vers la paix.  Les civils doivent être protégés.  Le droit international humanitaire et des droits de l’homme doivent être respectés, a exigé M. Guterres.

« Nous sommes confrontés à une tragédie pour l’Ukraine, mais aussi à une crise régionale majeure dont les implications sont potentiellement désastreuses pour nous tous », a averti le chef de l’ONU.  Hier, les forces nucléaires russes ont été placées en état d’alerte, s’est alarmé M. Guterres, un « développement effrayant », car, pour lui, « la simple idée d’un conflit nucléaire est tout simplement inconcevable ».  En effet, « rien ne peut justifier l’utilisation d’armes nucléaires ».

En attendant, a dit le Secrétaire général, nous sommes confrontés à ce qui pourrait facilement devenir « la pire crise humanitaire et de réfugiés en Europe depuis des décennies ».  Le nombre de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur du pays se multiplie de minute en minute, a-t-il souligné, tout en saluant la générosité et la solidarité des pays voisins de l’Ukraine qui accueillent les personnes en quête de sécurité.  Ceux-ci auront besoin de tout notre soutien dans les jours et les semaines à venir, a-t-il prévenu, soulignant que les Nations Unies continueront de contribuer à ces efforts.

Poursuivant, le Secrétaire général a indiqué avoir assuré samedi le Président ukrainien, M. Volodymyr Zelenskyy, que l’ONU n’abandonnerait pas le peuple ukrainien et lui avoir fait part de sa détermination à renforcer l’aide humanitaire.  Avant même les événements de la semaine dernière, les Nations Unies fournissaient déjà une aide humanitaire à quelque trois millions de personnes des deux côtés de la ligne de contact, a rappelé M. Guterres.  Elles travaillent désormais 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour évaluer les besoins humanitaires et intensifier la fourniture d’une aide vitale à ceux qui ont désespérément besoin de protection et d’abri. 

Nous sommes pleinement engagés à rester et à apporter notre aide à toutes les personnes touchées par ce conflit meurtrier dans tout le pays, a assuré le Secrétaire général.  À cet égard, il a mis en avant trois actions concrètes de l’Organisation.  Tout d’abord, l’allocation de 20 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence pour soutenir les opérations d’urgence le long de la ligne de contact dans les « oblasts » de Donetsk et Louhansk, dans l’Est, et dans d’autres régions du pays.

Ensuite, M. Guterres a annoncé avoir désigné une personne en charge de la crise qui sera aidée par le Coordonnateur résident et l’équipe de pays de l’Ukraine.  Enfin, deux appels coordonnés d’urgence pour l’Ukraine et la région seront lancés pour répondre aux besoins humanitaires croissants à l’intérieur du pays en raison des déplacements internes des populations, ainsi qu’aux besoins des personnes traversant les frontières internationales pour chercher refuge dans les pays voisins.

Alors que nous intensifions nos efforts, a insisté le Secrétaire général, il est essentiel que la sûreté et la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé en Ukraine soient assurées, conformément au droit international, et que l’accès humanitaire aux populations vulnérables soit garanti.  À cet égard, il a appelé toutes les parties à respecter leurs obligations et à permettre la liberté de mouvement du personnel humanitaire et faciliter l’accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire.  Il a également exhorté la communauté internationale à se mobiliser pour soutenir les appels de fonds. 

« L’aide humanitaire est essentielle.  Mais ce n’est pas une solution.  C’est un symptôme du conflit.  La seule solution c’est la paix », a martelé M. Guterres.

L’attaque contre l’Ukraine est une attaque contre le droit international et la Charte des Nations Unies, a-t-il insisté, mettant en garde contre certaines conséquences possibles et terrifiantes d’une aggravation du conflit.  Le Secrétaire général a aussi évoqué les répercussions économiques de la crise qui auront un impact généralisé, appelant chaque État Membre à se montrer à la hauteur des principes de la Charte.

Les armes parlent maintenant, mais la voie du dialogue doit toujours rester ouverte, a—t-il plaidé.  Il n’est jamais trop tard pour s’engager dans des négociations de bonne foi et pour aborder toutes les questions pacifiquement.  Le Secrétaire général a espéré que les pourparlers directs qui ont lieu actuellement entre les délégations ukrainienne et russe produiront non seulement un cessez-le-feu immédiat, mais qu’ils ouvriront la voie à une solution diplomatique.

L’humanité ne peut pas se permettre de s’inscrire dans un état d’esprit tel que celui-là, a conclu M. Guterres.  Partout dans le monde, les gens manifestent et exigent la fin de cette guerre.  La population ukrainienne veut et mérite la paix, de même que la population russe.  « La paix, maintenant! » a-t-il encore demandé.  

Débat sur la question

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a déclaré que, pour la première fois depuis la création de l’ONU, il y avait une guerre au cœur de l’Europe.  Il a dénoncé l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, avec l’appui du Bélarus, la comparant à une autre attaque, « menée par un homme dans son bunker » avant d’ajouter: « Et nous savons ce qui est advenu de cet homme dans son bunker en 1945 ».  M. Kyslytsya s’est ensuite exprimé en russe pour lire les messages angoissés envoyés par un soldat russe à sa mère, avant de trouver la mort en Ukraine.  Il a ensuite appelé à imaginer l’ampleur de la tragédie qui se déroule en Ukraine et l’ampleur des pertes en vies humaines.  Pour illustrer les pertes russes, il a demandé à chaque délégué de l’Assemblée d’imaginer à leurs côtés 30 âmes de soldats russes tués.  Des centaines d’Ukrainiens ont aussi été tués.  « Imaginez ces morts à côté de vous. »

S’exprimant de nouveau en langue anglaise, le représentant a dressé un parallèle entre l’agression russe et le début de la Seconde Guerre mondiale.  La démarche de la Russie est très similaire à celle de ses mentors il y a 80 ans, a-t-il dit.  Il a ensuite souligné la difficulté d’évaluer les pertes en vies humaines, avant de mentionner la tenue en cours de pourparlers à la frontière du Bélarus.  Il a aussi estimé que les risques liés à la situation actuelle étaient encore décuplés par l’ordre donné par le Président Putin de mettre en alerte les forces de dissuasion nucléaires russes.  « Si Putin veut se suicider, il ne doit pas utiliser l’arme nucléaire mais faire ce qu’a fait cet homme à Berlin en 1945 », a poursuivi M. Kyslytsya.  Le représentant ukrainien a ensuite refusé la logique russe selon laquelle le Conseil de sécurité ne serait pas impartial vis-à-vis de la Russie.  Pour lui, « le seul coupable, c’est la Russie ».  Il a ensuite détaillé l’attaque de la Russie contre son pays, avec les tirs de missiles balistiques et des destructions d’infrastructures civiles.  La Russie cible des orphelinats, des ambulances, des bus remplis de civils, a-t-il accusé, ajoutant que 352 civils, dont 16 enfants, avaient été tués en Ukraine à ce jour.

L’Assemblée générale doit exiger de la Russie qu’elle cesse son agression contre l’Ukraine, un pays souverain et indépendant, et qu’elle retire ses troupes, a déclaré le représentant.  Il a aussi demandé que l’Assemblée condamne le rôle du Bélarus qui a facilité cette agression.  « C’est le moment d’agir et d’aider l’Ukraine, qui paie en ce moment le prix ultime pour sa liberté mais aussi pour la liberté du monde », a-t-il poursuivi, avertissant que si la paix et la démocratie ne survivent pas en Ukraine, elles ne survivront pas dans le monde.  « Nous pouvons sauver l’Ukraine, l’ONU, la démocratie et ses valeurs pour lesquelles les Ukrainiens se battent au prix de leur vie », a conclu le représentant. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a constaté que, ces derniers jours, la question de l’Ukraine dominait le champ de l’information et occupait une place centrale au Conseil de sécurité et aujourd’hui à l’Assemblée générale, ajoutant que les actions de la Fédération de Russie faisaient l’objet de « désinformation ».  Les causes profondes de la crise actuelle en Ukraine sont de son propre fait, a affirmé M. Nebenzia, qui a accusé les autorités de Kiev de n’avoir eu de cesse de saboter les accords de Minsk de 2015.  Ces accords demandent notamment un dialogue direct avec Donetsk et Louhansk, or Kiev n’a jamais accepté ce dialogue ni le statut spécial du Donbass, a-t-il précisé.  

Les provocations de l’Ukraine contre le Donbass se sont renforcées et, en février, les responsables de ces régions se sont tournées vers la Fédération de Russie pour demander de l’aide, a poursuivi M. Nebenzia, qui a ajouté que les autorités ukrainiennes avaient été armées ces derniers jours par une série d’États, ce qui a alimenté l’intensification des frappes aériennes et les diversions dans ces territoires ainsi que l’afflux de réfugiés en Russie.  Mais « nos collègues occidentaux ne veulent pas le voir ou en parler et semblent penser que les habitants du Donbass se bombardent eux-mêmes », a-t-il poursuivi.  « C’est comme si pour eux, ces quatre millions de personnes n’existaient pas », s’est indigné le représentant, avant d’assurer que la Fédération de Russie n’avait « pas de plan d’occupation de l’Ukraine » et que son « opération militaire spéciale » avait pour objectif principal de protéger les habitants de ces deux territoires, « ce qui passe par la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine ».  Le représentant a ensuite rappelé à l’Ukraine et à la communauté internationale les obligations des autorités de Kiev à l’égard des habitants du Donbass au regard du droit international.

Par ailleurs, l’Ukraine cherche également à intégrer l’OTAN et a des velléités territoriales, a poursuivi M. Nebenzia.  Il a expliqué que l’intervention russe se basait sur l’Article 55 de la Charte, et que la Fédération de Russie cherchait à éviter une guerre mondiale.  Au lieu d’appeler Kiev à respecter ses engagements, les Occidentaux accusent la Fédération de Russie de ne pas respecter les accords de Minsk, « alors même que la Russie n’en fait pas partie », a-t-il souligné.  Et en attendant, les Occidentaux « inondent l’Ukraine de matériel militaire et d’armes » et poussent les soldats ukrainiens à les utiliser le long de la ligne de contact notamment, a-t-il encore accusé.  

Revenant sur la promesse faite par les États-Unis en 1990 de ne pas étendre l’OTAN vers l’Est, le représentant russe a rappelé que, depuis le Sommet de Bucarest en 2008, il était question pourtant que l’Ukraine et la Géorgie en deviennent membres, une idée que les nationalistes antirusses qui ont pris le pouvoir par un « coup d’État anticonstitutionnel » à Kiev ne cessent de poursuivre.  Pour la Fédération de Russie, l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est une « ligne rouge », a mis à nouveau en garde le représentant.  Voilà pourquoi en 2021, la Fédération de Russie a proposé aux États-Unis et à l’OTAN des garanties de sécurité, demande qui est restée lettre morte, a regretté M. Nebenzia.

Alors que faire maintenant? s’est interrogé le représentant.  Pour M. Nebenzia, l’ONU doit rapprocher les points de vue des différents acteurs et agir selon la Charte.  « Toutefois, nos partenaires occidentaux ne souhaitent pas parler de ces questions calmement », a-t-il déploré.  Il a expliqué que la Fédération de Russie avait voté contre le projet de résolution présenté au Conseil de sécurité vendredi dernier, non à cause du projet lui-même « mais pour ce qu’il n’y avait pas ».  Si ce texte avait été équilibré, il aurait abordé les conditions de l’arrivée au pouvoir de « la junte ukrainienne », qui s’en est pris aux habitants du Donbass, celle-là même qui n’a pas respecté les accords de Minsk depuis, s’est-il indigné.  Comment oublier les mensonges des huit dernières années, les manifestants brûlés vifs à Odessa ou les snipers qui ont tiré sur des innocents au Donbass? a-t-il demandé.  Pour M. Nebenzia, toutes les enquêtes sur ces faits ont été enterrées.  Aujourd’hui, il faut une évaluation honnête des origines de la crise, a demandé M. Nebenzia, qui a cité la « carte blanche » donnée selon lui par les pays occidentaux aux autorités de Kiev ces huit dernières années.  Comment oublier l’arrivée d’armes occidentales utilisées contre le Donbass? a-t-il demandé.

M. Nebenzia a également dénoncé les « mensonges » qui circulent en ce moment dans les médias et qui font passer les attaques contre le Donbass comme étant des attaques russes.  « Nous ne prenons pas des écoles et des hôpitaux pour cible », a-t-il affirmé, ajoutant que la centrale nucléaire de Tchernobyl, qui est contrôlée par les forces russes, restait gérée par des équipes ukrainiennes et ne posait donc pas de problème.  

Pour la Fédération de Russie, la responsabilité de cette crise repose sur « les autorités du Maïdan », et les Ukrainiens sont aussi sous la menace de « radicaux criminels » qui utilisent des armes contre leurs propres citoyens, « ce qui est documenté ».  Le représentant a également fait état du renforcement du néonazisme en Ukraine, en affirmant que ces groupes ont été armés par les autorités de Kiev ces derniers jours.  Le Président ukrainien, qui est parvenu au pouvoir « suite à un coup d’État en 2014 », a appelé à s’en prendre aux Russes sur l’ensemble du territoire, a assuré M. Nebenzia et ce, alors même que 16% de la population ukrainienne est d’origine russe.  Aujourd’hui, c’est une guerre d’information qui est menée contre la Fédération de Russie en Ukraine, a-t-il poursuivi, en citant notamment la capture d’écran présentée par le représentant ukrainien à l’Assemblée générale « qui fait partie des fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux ».  

Enfin, M. Nebenzia s’est indigné contre les insinuations selon lesquelles le Conseil de sécurité ne serait pas en mesure de trouver une solution viable à ce conflit, qualifiant cet argument de « tentative pour contourner la Russie ».  

M. BJÖRN OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a exprimé la solidarité et le soutien sans réserve de l’Union européenne (UE) à l’Ukraine et à son peuple, qui luttent courageusement contre une agression militaire « non provoquée et injustifiée » de la part de la Fédération de Russie.  La situation s’est considérablement aggravée, malgré des efforts diplomatiques inlassables, y compris au plus haut niveau, a-t-il déploré.  « La Russie a décidé de tourner le dos à la paix, à l’ordre international fondé sur des règles tel que défini entre autres dans la Charte des Nations Unies, à la diplomatie et à la communauté internationale. »  L’attaque militaire de la Russie contre l’Ukraine a déjà causé un nombre alarmant de morts, de blessés, de personnes déplacées et de réfugiés, a poursuivi le délégué.  S’il a condamné avec la plus grande fermeté l’invasion de l’Ukraine par les forces armées de la Russie, en violation de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, M. Skoog a condamné également l’implication du Bélarus dans cette agression.  « Nous appelons la Russie et le Bélarus à respecter leurs obligations internationales. »

« Nous sommes également alarmés par le relèvement du niveau d’alerte nucléaire par la Russie », a poursuivi le délégué européen.  L’UE appelle la Russie à désamorcer et à revenir immédiatement au niveau d’alerte précédent de son arsenal nucléaire et à éviter toute action qui pourrait compromettre la sûreté ou la sécurité des centrales nucléaires en Ukraine, un État non doté d’armes nucléaires dans le cadre de la Traité sur la non-prolifération (TNP).  L’UE exige de la Russie qu’elle cesse ses opérations militaires « immédiatement et sans condition » et qu’elle retire toutes ses forces et tous ses équipements militaires de l’ensemble du territoire ukrainien à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.  Elle appelle en outre la Russie à engager sérieusement le dialogue en vue d’une solution politique et diplomatique.  Selon M. Skoog, « il s'agit sans doute de la plus grande agression en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».  Elle fait suite, a-t-il rappelé, à une agression russe similaire contre ses voisins en 2008 et 2014.  « Nous soulignons notre ferme soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Géorgie et de la République de Moldova et suivons de près la situation dans la région. »

M. Skoog a fait valoir que l’Assemblée générale a la responsabilité de reconnaître immédiatement et efficacement les actions de la Russie et d’y répondre.  « Ne pas le faire érodera la confiance dans l’ordre mondial fondé sur des règles avec l’ONU en son centre et la Charte des Nations Unies elle-même », a-t-il mis en garde.  Cela enverrait le mauvais message aux auteurs d’une telle agression et aggraverait des risques similaires pour les autres États Membres de l’ONU dans la région et au-delà.

Évoquant une grave catastrophe humanitaire, M. Skoog a indiqué que l’UE et ses États membres fournissent une aide humanitaire d’urgence à la population ukrainienne et à la République de Moldova - vers laquelle plus de 56 000 Ukrainiens ont fui.  Nous appelons la Russie et les formations armées soutenues par la Russie à respecter le droit international, y compris le droit international humanitaire, a-t-il relayé.  Les civils et les infrastructures civiles doivent être protégés et l’accès humanitaire doit être sécurisé.  « Nous appelons la Russie et les formations armées soutenues par la Russie à permettre un accès humanitaire sûr et sans entrave et à mettre fin à leur campagne de désinformation et à leurs cyberattaques. » 

M. Skoog a rappelé le soutien indéfectible de l’UE à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues et appelé tous les membres de l’ONU à ne pas reconnaître les deux entités séparatistes autoproclamées.  L’UE a réagi rapidement et de manière décisive à la reconnaissance par la Russie des entités séparatistes autoproclamées de l’Ukraine et à l’invasion de l’Ukraine en adoptant des mesures restrictives.  Nous avons l’intention de prendre de telles mesures contre le Bélarus, a-t-il annoncé.

Nous sommes aujourd’hui à un moment crucial et historique, a insisté le délégué européen.  « Nous devons agir. »  Après l’échec du Conseil de sécurité la semaine dernière, l’Assemblée générale a la responsabilité d’envoyer un message fort et uni sur la nécessité pour la Russie de cesser ses opérations militaires, de retirer ses troupes et d’opter pour un véritable dialogue.  M. Skoog a appelé la Russie à éviter, en particulier, toute action mettant en danger la sûreté et la sécurité des installations ukrainiennes de déchets nucléaires et radioactifs.  De son côté, a-t-il assuré, l’UE continuera à apporter un soutien politique, financier, humanitaire et logistique à l’Ukraine.

Intervenant au nom des huit pays baltes et nordiques, M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark) a condamné le plus fermement possible « l’invasion » de l’Ukraine par la Russie, qu’il a qualifiée d’horrible tragédie et de violation grave de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de l’Ukraine.  « Aujourd’hui et jusqu’à ce que la paix soit rétablie en Ukraine, nous serons aux côtés de l’Ukraine », a assuré le représentant, avant de s’inquiéter des conséquences mondiales de cet acte.  Il a souligné que des sanctions avaient déjà été mises en œuvre pour saper les capacités du Président Putin de financer cette guerre avant d’exhorter chaque nation à voir comment elle peut aider l’Ukraine.  Il s’est dit scandalisé par les attaques aveugles contre les civils en exhortant la Russie à respecter le droit international humanitaire et les droits humains.  Afin que cette guerre insensée cesse, il a également exhorté la Russie à retirer toutes ses forces d’Ukraine et à revenir sur la voie de la raison. 

Le représentant a averti que chaque mort de civil et chaque crime de guerre serait enregistré et que tout serait mis en œuvre pour que leurs auteurs rendent des comptes.  Il a jugé inacceptable le veto opposé par la Fédération de Russie à la résolution du Conseil de sécurité appelant à la fin des hostilités en rappelant que la légitimité était dans le nombre.  C’est pourquoi il a souhaité que le projet de résolution qui doit être présenté à l’Assemblée générale fera avancer les choses.

« La Russie poursuit jour après jour son œuvre de destruction en Ukraine », a déclaré M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France).  La Russie conduit cette agression armée en violation des principes les plus fondamentaux de la Charte des Nations Unies que tous les membres de cette Assemblée sont dans l’obligation de respecter, a poursuivi le délégué.  « Elle abuse de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité en ayant opposé son veto, vendredi, à une résolution coparrainée par 82 États. »  Il a souligné la responsabilité historique que porte l’Assemblée générale aujourd’hui.  « Celle de relayer haut et fort la voix des citoyens qui, sur tous les continents et y compris en Russie, demandent l’arrêt immédiat de cette guerre et le retrait de l’armée russe du territoire ukrainien. »

Le délégué a indiqué que la France soutient les efforts en cours au sein de cette Assemblée pour préparer une résolution demandant à la Russie de mettre un terme à l’agression et de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  La France appelle tous les membres de cette Assemblée à voter pour ce texte parce que, au-delà de l’Ukraine, il s’agit de défendre la Charte et la raison d’être des Nations Unies, a poursuivi le délégué de la France.  « Soyons clairs: face à l’agression armée contre un peuple, face aux victimes civiles chaque jour plus nombreuses, face au flot de ceux contraints de tout quitter pour chercher un refuge, nul ne peut détourner le regard. »  Enfin, le délégué a estimé que « l’abstention n’est pas une option ».  S’abstenir c’est consentir à la loi du plus fort, a-t-il conclu.

Pour Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni), « les faits parlent d’eux-mêmes »: la Fédération de Russie a envahi l’Ukraine sans provocation, sans justification.  Elle a noté que les Ukrainiens se battent en ce moment pour leur pays et que les conséquences humanitaires sont déjà immenses.  Des nouveau-nés naissent dans des abris anti-bombes et des attaques indiscriminées visent des civils ukrainiens, dont sept millions sont aujourd’hui déplacés.  La réponse internationale face aux actions de la Fédération de Russie a été immédiate et ferme, a souligné la représentante, en exhortant la communauté internationale à s’élever pour garantir l’application du principe de responsabilité, à défaut de quoi l’ordre international fondé sur des règles serait en péril.  Le Royaume-Uni a également condamné le rôle joué par le Bélarus.  Son pays a fait part de son appui infaillible à l’Ukraine, a déclaré Mme Woodward avant d’appeler le Président Putin à mettre fin à cette « guerre insensée ».  Enfin, elle a demandé à tous les États Membres de parler d’une seule voix pour défendre la Charte des Nations Unies.

Les États Membres de l’ONU sont aujourd’hui rassemblés à l’Assemblée générale parce que le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure de préserver la paix et sécurité internationales, a noté M. KAHA IMNADZE (Géorgie).  Selon lui, l’utilisation de la force armée par un État Membre contre la souveraineté, l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre État Membre viole l’Article 2 4) de la Charte des Nations Unies et constitue un acte d’agression.  Après avoir condamné l’agression russe en Ukraine, M. Imnadze a rappelé que l’agression militaire à grande échelle de la Russie contre la Géorgie en 2008 aurait dû servir de signal d’alarme pour tous.  « Hélas, il n'a pas été possible d’empêcher un scénario similaire de se dérouler quelques années plus tard en Ukraine », a regretté le représentant avant de souligner que la guerre est dévastatrice pour ceux qui la vivent, et qu’elle se transmet « de génération en génération ».  Il a ajouté que les principes fondamentaux inscrits dans la Charte des Nations Unies, l’Acte final d’Helsinki, la Charte de Paris pour la nouvelle Europe et les engagements du Mémorandum de Budapest ne sont « ni négociables ni sujets à révision par un pays, quelle que soit sa taille et sa puissance ».   

L’acquisition de territoire par l’usage de la force ou la menace de le faire est illégale et inadmissible, a continué M. Imnadze.  Il faut demander à la Fédération de Russie de cesser immédiatement ses activités militaires et de retirer toutes ses forces et tous ses armements d’Ukraine.  Il a jugé indispensable d’autoriser l’accès immédiat à tous les mécanismes internationaux humanitaires et des droits de l’homme partout où cela est nécessaire sur l’ensemble du territoire ukrainien.  De plus, la Russie doit annuler les décisions relatives au statut des régions ukrainiennes de Donetsk et Louhansk et de la Crimée, et en faire de même en ce qui concerne les territoires occupés par la Russie en Géorgie.  Le représentant a exhorté tous les États à appuyer le projet de résolution présenté à l’Assemblée, « pour l’avenir de l’ordre fondé sur des règles ».  « Je vous demande de voter en faveur du projet proposé, de voter pour sauver les générations futures du fléau de la guerre, de voter pour l’ONU », a-t-il insisté avant de réitérer le soutien indéfectible de son pays à l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, y compris la Crimée et le Donbass, et aux droits de navigation de l’Ukraine dans ses eaux territoriales.

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne), Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a appelé à un cessez-le-feu immédiat en Ukraine pour permettre aux organisations humanitaires de fournir de l’aide.  La Pologne, qui accueille 300 000 réfugiés ukrainiens, est confrontée à l’une des plus grandes crises humanitaires en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a-t-il expliqué.  Les frontières polonaises restent ouvertes, nos missions diplomatiques aident ceux qui cherchent refuge en Pologne, a-t-il ajouté.  Les ressortissants de tous les pays qui ont souffert de l’agression russe, ou dont la vie est en danger, peuvent chercher refuge dans mon pays.  Sur les 125 nationalités fuyant l’Ukraine, 100 ont des passeports russes dont des étudiants, a précisé M. Szczerski.  

M. Szczerski a dénoncé la désinformation suggérant des pratiques discriminatoires à la frontière polono-ukrainienne, qui seraient fondées sur la race ou la religion.  C’est une grave insulte contre la Pologne, a accusé le représentant, ajoutant que le Gouvernement avait organisé des trains spéciaux pour les personnes âgées et les mères avec de jeunes enfants, ainsi que des convois avec des fournitures et de l’aide médicale.  

Le Gouvernement polonais a préparé 7 000 lits dans 20 hôpitaux pour les blessés et les malades, a poursuivi le représentant, qui a annoncé que les premiers bébés réfugiés ukrainiens étaient nés dans son pays.  La Pologne est prête à coopérer étroitement avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, le Comité international de la Croix-Rouge et toute autre organisation humanitaire afin d’alléger le fardeau des civils visés par l’agression russe, a encore indiqué le représentant, qui s’est dit « fier » de l’élan de volonté spontanée d’aider démontré par les individus, avec les familles polonaises qui ouvrent leurs maisons aux réfugiés, qui offrent des vêtements, de la nourriture et de l’hébergement.  Des milliers de voitures privées viennent de toute la Pologne pour récupérer ceux qui ont traversé la frontière.  Les Polonais font la queue pendant des heures pour donner du sang, a-t-il ajouté.  L’ampleur de l’aide offerte était si grande que le Gouvernement a ouvert un site web dédié pour « Aider l’Ukraine » où les volontaires peuvent s’inscrire et obtenir des conseils sur les personnes dans le besoin. 

Dans ce conflit, a annoncé M. Szczerski, la Pologne n’est peut-être pas une superpuissance géopolitique, mais elle entend être une superpuissance de la solidarité.  C’est ainsi que nous voulons changer la triste réalité pour le mieux, a-t-il ajouté.  La Pologne maintient ouverts son ambassade et ses consulats.  Le représentant a terminé en citant le romancier russe Fiodor Dostoïevski qui, dans Crime et châtiment, écrit que « quand quelqu’un, tout comme Raskolnikov, pense qu’il est exceptionnel et libre d’obligations morales, et se sent donc en droit de commettre un crime de meurtre, à la fin, il fait face à la punition du crime lui-même.  Parce que commettre un crime est déjà la plus grande punition.  Il n’y a pas de crime sans punition ».  

Pour M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche), ce que subit l’Ukraine ne nous autorise pas à rester silencieux.  En effet, a poursuivi le représentant, depuis le début de l’agression russe contre le territoire ukrainien, nous sommes témoins d’attaques, de souffrances humaines terribles et de décès.  En tant que principal responsable du maintien de la paix et de la sécurité, le Conseil de sécurité ne peut pas rester silencieux lorsque les principes fondamentaux de l’ordre international sont foulés au pied et réduits à néant par des chars.  De fait, la situation a été bloquée par l’application du droit de veto par un membre permanent et ce, malgré 81 États Membres qui se s’étaient portés coauteurs du projet de résolution présenté au Conseil.  

Si au XXIe siècle, le Conseil de sécurité est bloqué face à une situation qui constitue une violation flagrante du droit international, alors il est en droit de se demander si ce système permet encore de bien réguler nos relations internationales, a poursuivi le représentant. 

Pour M. Marschik, la réunion d’aujourd’hui reste toutefois positive car l’Assemblée générale est présente pour assumer son rôle lorsque le Conseil de sécurité ne s’acquitte pas de son mandat. 

Le représentant a exhorté l’ensemble des États Membres à voter en faveur du projet de résolution condamnant « l’agression russe » contre l’Ukraine et de montrer ainsi sa solidarité.  En votant « oui », nous démontrons que ces actes odieux et terrifiants ne sont pas tolérés par la communauté internationale et à l’Ukraine et aux Ukrainiens qu’ils ne sont pas seuls, a ajouté M. Marschik.  À ceux qui diront que c’est une question d’ordre régional, une question européenne, le représentant a rappelé que, dans un monde interconnecté, il n’existe qu’une seule région et que la question à l’ordre du jour a une portée internationale.

M. JAKUB KULHÁNEK (République tchèque) a demandé à la Russie de cesser immédiatement ses actions militaires et de retirer ses forces du territoire ukrainien.  Un membre permanent du Conseil mène une guerre contre un autre membre de l’ONU, a déploré le représentant, qui y a vu une violation manifeste de la Charte.  Il a accusé le Président Putin d’avoir rejeté les offres d’un règlement diplomatique pour lancer « une conquête sauvage », source de souffrances indicibles pour le peuple ukrainien.  « Je veux être très clair, la Russie et son peuple ne sont pas sous la menace de l’Ukraine ou de l’OTAN », a-t-il affirmé.  Il a apporté le soutien inébranlable de son pays à la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine, au sein de ses frontières internationalement reconnues, y compris la Crimée annexée illégalement.  « C’est pourquoi nous appuyons pleinement le projet de résolution » présenté par l’Ukraine, a-t-il conclu.

« Chaque vie perdue est une de trop; nos pensées sont avec les victimes et leurs familles », a déclaré Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) avant d’exprimer la solidarité de son pays avec le peuple ukrainien et ses autorités démocratiquement élues.  La Suisse a soutenu le projet de résolution au Conseil de sécurité visant à mettre fin aux hostilités et à rétablir le droit international, a-t-elle précisé, estimant que le blocage de cette résolution par le veto d’un membre permanent était contraire à l’Article 27 de la Charte.  La Fédération de Russie, en tant que partie au conflit, aurait dû s’abstenir de voter, a affirmé la représentante avant de dire le plein soutien de la Suisse au projet de résolution présenté par l’Ukraine à l’Assemblée générale et d’appeler tous les États Membres à faire de même.

La Suisse condamne fermement l’attaque de la Russie contre l’Ukraine.  Elle est également préoccupée par l’utilisation du territoire bélarussien pour mener cette opération militaire.  Les tentatives russes pour légitimer son action ne sont pas crédibles, a estimé la représentante, ajoutant qu’il n’y avait eu aucune provocation permettant de justifier une telle attaque.  Dès lors, la Suisse appelle la Russie, comme tous les États dotés d’armes nucléaires, à s’abstenir de toute menace d’utilisation de ces armes, voire de leur utilisation.  La Russie vient de se joindre à une déclaration des P5 qui réaffirmait qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée, ne doit jamais être menée, a rappelé la représentante, avant de réitérer le plein soutien de la Suisse à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.

« La Suisse est solidaire », elle s’est engagée à mobiliser des ressources supplémentaires pour répondre aux besoins humanitaires en Ukraine et dans la région, a poursuivi la représentante.  Conjointement avec ses partenaires européens, elle maintiendra sa longue tradition d’accueil pour les réfugiés et entend reprendre les sanctions de l’Union européenne contre la Russie, afin d’en renforcer l’impact.

Les États Membres de l’ONU sont rassemblés aujourd’hui à l’Assemblée générale parce que le Conseil de sécurité n’a pas été capable vendredi dernier de condamner les actions de la Fédération de Russie visant à envahir l’Ukraine, a fait remarquer Mme CAROLYN JANE WEATHERALL SCHWALGER (Nouvelle-Zélande).  « L’utilisation du droit de veto par la Russie, alors qu’elle est non seulement partie à ce conflit, mais qu’elle en est aussi la cause directe, est une honte », a scandé la représentante avant de rappeler que la Nouvelle-Zélande est opposée au droit de veto des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.  Son pays, a-t-elle précisé, a également étendu son interdiction de voyager aux membres clefs du Gouvernement bélarussien et il contribuera financièrement à la réponse humanitaire internationale, en examinant toutes les options disponibles pour soutenir une telle réponse.  En bref, Mme Schwalger a exhorté la Russie à agir conformément à ses obligations internationales; à cesser ses opérations militaires en Ukraine; à se retirer définitivement pour éviter une perte catastrophique et inutile de vies innocentes; à prendre toutes les mesures possibles pour protéger les civils conformément au droit international humanitaire; et enfin à revenir aux négociations diplomatiques comme voie de résolution de ce conflit.

Mme MARKOVA CONCEPCIÓN JARAMILLO (Panama), qui s’exprimait également au nom du Costa Rica et de la République dominicaine, en tant que pays membres de l’Alliance pour le développement en démocratie, a condamné le recours à la force et la violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  L’Alliance, a-t-elle indiqué, appuie l’appel du Secrétaire général de l’ONU à la cessation des hostilités, à la retenue et à la raison, et au respect du droit international humanitaire.  De même, la représentante a réaffirmé que tous les efforts devraient viser à permettre un accès rapide, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire à ceux qui en ont besoin en Ukraine, afin de protéger les civils, y compris le personnel humanitaire et les personnes en situation vulnérable, notamment les enfants.  La grave situation que représente le déplacement de milliers d’Ukrainiens à la recherche d’un refuge dans les pays voisins est un défi qui s’ajoute à la pandémie de COVID-19.  Pour finir, elle a plaidé en faveur du retour à la négociation et au dialogue diplomatique, et pour que la promotion de la paix et le respect du multilatéralisme soient au cœur des actions.

M. ZHANG JUN (Chine) a déclaré que la situation était très changeante et évolutive, avant d’appeler les parties à la retenue, afin d’éviter le pire.  Le représentant a invité à redoubler d’efforts pour trouver une solution pacifique à la crise.  Pour la Chine, l’Ukraine devrait être un point de communication entre l’Est et l’Ouest et non un point de rivalités.  M. Zhang a demandé aux deux parties de réunir des conditions propices pour résoudre le problème.  L’objectif est la paix régionale et la sécurité universelle, a-t-il rappelé. 

Appelant à faire baisser la tension, le représentant s’est prononcé contre les mesures qui pourraient au contraire les exacerber.  La Chine, qui appuie les efforts humanitaires, demande que la sécurité des civils soit garantie.  En tant que membre du Conseil de sécurité, la Chine s’acquitte de ses responsabilités.  Elle a demandé à respecter l’intégrité et la souveraineté de tous les pays ainsi que les principes de la Charte des Nations Unies.  La guerre froide est finie, a assuré le représentant, pour qui toute mentalité de guerre doit être abandonné.  Nous avons tout à perdre d’une guerre froide, a prévenu M. Zhang, pour qui la sécurité de tous les pays doit être garantie.  Le représentant a dit soutenir les efforts en faveur d’un mécanisme de paix durable en Europe. 

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a demandé à la Fédération de Russie de mettre immédiatement fin à ses actions militaires, de retirer sans condition ses forces et son matériel militaire de l’ensemble du territoire de l’Ukraine et de respecter pleinement l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine.  « L'utilisation de la force et de la coercition pour modifier les frontières n’a pas sa place au XXIe siècle », a martelé la représentante.  Les tensions et les conflits doivent être résolus exclusivement par le dialogue et la diplomatie.  De même, la Bulgarie condamne fermement l’implication du Bélarus dans cette agression, y compris le fait que ce pays ait permis que son territoire serve de point d’appui à l’agression russe.  « Nous ne pouvons pas rester sourds lorsqu’un acte d’agression est perpétré contre une nation souveraine et éprise de paix », a poursuivi Mme Stoeva.  « Aujourd’hui, c’est contre l’Ukraine; demain, ce pourrait être contre n’importe lequel d’entre nous », a-t-elle mis en garde. 

« Nous sommes réunis aujourd’hui dans des circonstances extraordinaires, des circonstances qui défient la raison mais qui sont malheureusement la réalité.  Et cette réalité, c’est que la Fédération de Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, exécute un acte d’agression contre l’Ukraine, membre fondateur de l’ONU. »  La Bulgarie condamne avec la plus grande fermeté cette agression militaire non provoquée et injustifiée, qui constitue une violation flagrante du droit international et des principes de la Charte, a poursuivi la représentante.  Selon elle, la Russie porte l’entière responsabilité de cette agression et de toutes les destructions et pertes de vies humaines, et ses dirigeants doivent en répondre.  La décision du Conseil de sécurité de renvoyer l’affaire à l’Assemblée générale en convoquant une session spéciale d’urgence démontre la volonté du Conseil de faire tout son possible pour remédier à cette situation. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a salué la convocation de cette Assemblée, laquelle doit faire entendre sa voix face à une telle menace à la paix.  Il a apporté le soutien de son pays à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, avant de condamner l’agression russe.  Le Bélarus, « complice de cette attaque », doit aussi être condamné, a dit le délégué, en mentionnant les sanctions prises par l’Union européenne contre la Russie et le Bélarus.  Il a demandé à la Russie de retirer ses troupes et souligné la nécessité d’un règlement pacifique d’une situation qui « hypothèque la nature même des relations internationales ».  Enfin, il a précisé l’aide de 1 million d’euros apportée par son pays à l’Ukraine et demandé un accès humanitaire sans entrave.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a estimé que l’heure était déterminante tant pour l’ONU que pour le monde.  Nous sommes témoins d’une escalade grave des tensions qui pourrait mettre en cause la sécurité dans le monde, a-t-il mis en garde, ajoutant qu’il était toutefois encore temps de l’éviter.  Le Brésil regrette que le Conseil de sécurité, dont il est membre, n’ait pas épuisé tous les outils à sa disposition pour parvenir à une solution pacifique à la crise en Ukraine.  Le représentant a insisté sur le fait que personne ne saurait remettre en cause le rôle principal du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix dans le monde, ni le rôle complémentaire de l’Assemblée générale.  L’heure est venue pour les organes principaux de l’ONU de coopérer afin de préserver le monde du fléau de la guerre, s’est-il exclamé, parce que « les événements actuels, s’ils ne sont pas endigués, pourraient avoir des conséquences graves pour le monde ».  

Le représentant est revenu sur le face à face entre la Fédération de Russie et l’OTAN au fil des ans, et le refus de prendre en compte les préoccupations de sécurité de la Fédération de Russie, tout en insistant sur le fait que cela ne saurait en aucun cas justifier les violations de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine.  Appelant à un cessez-le-feu immédiat, il a demandé à tous les acteurs de réévaluer le bien-fondé de l’envoi massif d’armes à l’Ukraine.  « Il nous faut des mesures constructives et non pas des mesures qui risquent de prolonger le conflit et d’aggraver la crise humanitaire », a-t-il dit.  Constatant que les besoins humanitaires sont immenses et que la perspective d’hostilités dans des zones peuplées sont alarmantes, le Brésil a exhorté les parties à tout faire pour protéger les civils et les infrastructures civiles, garantir la protection des réfugiés et des personnes déplacées et accorder un accès sans entrave aux acteurs humanitaires.  

M. Costa Filho a exprimé la solidarité du Brésil avec toutes les familles qui ont déjà perdu des proches dans ce conflit ainsi qu’à celles qui vivent dans la peur.  L’Assemblée générale a rarement été convoquée au titre de cette résolution « Unis pour la paix », a noté le représentant en soulignant l’attachement de la communauté internationale à une solution pacifique à la crise en Ukraine à travers la voie diplomatique et le respect des préoccupations légitimes des uns et des autres et du droit international.

M. Robert Keith Rae (Canada)a dénoncé la guerre d’agression « inacceptable et injustifiable » de la Fédération de Russie contre l’Ukraine et a estimé que la Russie cherchait à détruire la liberté d’un peuple et d’une nation souveraine.   Il a regretté que la Russie ait eu recours à un droit de vote qu’il a jugé illégitime pour s’opposer à l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité vendredi dernier.   

Le représentant a rappelé que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité s’étaient retrouvés en janvier dernier pour rappeler que le recours aux armes nucléaires ou à la menace du recours à l’arme nucléaire était inacceptable, et a prévenu que personne ne serait gagnant d’une telle confrontation.   M. Rae a estimé que l’adoption par l’Assemblée générale du projet de résolution présenté par l’Ukraine donnait la possibilité aux membres des Nations Unies de s’unir pour défendre un peuple libre et rejeter la logique diabolique qui consiste à dire que le plus puissant a raison.  Il s’en est aussi pris au Bélarus, estimant qu’il avait lui aussi violé la Charte des Nations Unies en permettant à la Russie de passer par son territoire pour envahir l’Ukraine.   

 Alors que les forces russes continuent de pilonner des villes ukrainiennes et forcent des centaines de milliers de civils à fuir dans un froid glacial, M. Rae a dénoncé des actes constitutifs de crimes de guerre au regard du droit international humanitaire.  Il a qualifié de « fantaisistes » les accusations de génocide proférées par la Fédération de Russie.  « Quelles que soient les doléances sur un mauvais traitement de la minorité russe dans le Donbass, elles ne constituent en aucun cas une justification de la guerre », a martelé le représentant.  Il a assuré que son pays mettrait tout en œuvre pour aider l’Ukraine à faire face à cette terrible épreuve et pour s’assurer que tous ceux qui sont à l’origine de cette agression aient à rendre des comptes.  Enfin, il a particulièrement rendu hommage aux milliers de Russes qui ont pris le risque de manifester contre cette agression.  « Écartez votre main du bouton nucléaire et saisissez la réalité de notre époque », a encore lancé le représentant à l’intention du Président russe. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de s’acquitter de sa principale responsabilité -le maintien de la paix et de la sécurité internationales- à cause du veto de la Fédération de Russie.  À l’Assemblée générale, tous les pays, même les petits pays, peuvent faire entendre leur voix, a-t-il souligné.  Pour sa part, Singapour défend ardemment le système multilatéral fondé sur des règles et son représentant a dénoncé l’invasion « non provoquée » de l’Ukraine par la Russie, une violation flagrante de la Charte des Nations Unies.  « Il s’agit d’une question de principe », a-t-il martelé, en expliquant que pour tous les petits États, dont le sien, c’est une question d’une importance fondamentale, voire existentielle parce qu’un ordre mondial où la force prévaut représenterait un danger énorme pour leur survie.  Le représentant a déploré l’opération militaire spéciale de la Fédération de Russie en Ukraine et s’est dit attristé par les pertes de vie humaines.  Il a demandé un accès sûr et sans entrave à l’assistance humanitaire en Ukraine ainsi que le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de tous les États.  Il a donc exhorté la Russie à retirer ses troupes de l’Ukraine et à s’engager sur la voie de la diplomatie.  « Singapour va voter pour cette résolution en faveur du droit international », a-t-il conclu.  

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay) a condamné l’invasion par la Fédération de Russie du territoire ukrainien.  Il est inacceptable que la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine ne soient pas respectées, a insisté le représentant, pour qui les principes et buts de la Charte des Nations Unies sont applicables à tous.  La reconnaissance des entités séparatistes de Donetsk et Louhansk par la Russie ainsi que le positionnement de forces militaires dans cette région faisant fi de frontières internationalement reconnues et la commission d’actes belliqueux sont une violation grave et injustifiable du droit international.

Pour finir, le représentant a exhorté les États Membres de l’ONU à condamner de tels actes et enjoint les parties concernées à régler leurs divergences de vues de façon diplomatique et pacifique.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) s’est inquiété de la situation en Ukraine, une situation qui s’est développée « simplement parce que quelqu’un a décidé de déterminer l’avenir de personnes éprises de paix dans un pays voisin ».  La réunion d’aujourd’hui n’est rien d’autre que la conséquence directe de l’abus du droit de veto par un membre permanent du Conseil de sécurité, s’est indigné le représentant, « mais la Fédération de Russie ne pourra pas faire taire la voix de la communauté internationale et se soustraire à sa responsabilité ».  Où est votre conscience, a-t-il demandé aux autorités russes, où sont vos principes moraux?

Dénonçant la violation flagrante du droit international par la Fédération de Russie et le Bélarus qui a facilité cette agression de l’Ukraine, le représentant a reproché à la Fédération de Russie d’utiliser la Charte des Nations Unies comme « une serviette à la fin d’un repas ».  Il a exprimé la solidarité de la Slovaquie avec le peuple ukrainien et a rejeté les discours du Président Putin pour justifier ses actes.  La Slovaquie est favorable aux sanctions les plus fortes contre la Fédération de Russie, a-t-il dit avant de saluer le courage des citoyens russes qui s’opposent à cette intervention militaire russe. 

La Slovaquie persiste à défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et demande le retrait des troupes russes de toute l’Ukraine, y compris de la Crimée, de Donetsk et de Louhansk, a dit le représentant.  Il s’est dit préoccupé par la dégradation de la situation humanitaire de l’Ukraine et a fait savoir que la Slovaquie accueillait les réfugiés ukrainiens « dans nos maisons, dans nos foyers ».  La Slovaquie a d’ores et déjà facilité la fourniture de services de base à ces réfugiés, a précisé avec fierté le représentant, qui a ajouté que l’ambassade de Slovaquie à Kiev fournissait des services aux citoyens de pays tiers qui vivent en Ukraine.  Il a conclu en apportant le soutien de son pays à la résolution qui sera présentée à l’Assemblée générale. 

M. PHILIPPE KRIDELKA (Belgique) a dit son soutien indéfectible au respect de la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues.  Il a déploré l’usage par la Russie de son droit de veto sur la résolution soumise au Conseil de sécurité vendredi dernier et parrainée par 81 États Membres, dont la Belgique.  La Belgique, avec ses partenaires européens et en étroite concertation avec ses alliés, a adopté un train de sanctions inédit, a-t-il expliqué. 

« Utiliser l’Article 51 de la Charte des Nations Unies et le droit à la légitime défense comme prétexte pour légitimer une attaque militaire, comme le font les autorités russes, est inacceptable », a poursuivi le représentant avant d’appeler la Russie à mettre fin immédiatement et sans condition à cette violation flagrante des principes fondamentaux du droit international et de la Charte des Nations Unies et à retirer toutes ses troupes et équipements militaires du territoire ukrainien.  Il a aussi appelé le Bélarus à cesser sa participation dans cette attaque avant de se joindre à l’appel répété de la communauté internationale et du Secrétaire général pour un retour à la table des négociations et la recherche d’une solution diplomatique.

Alors que le bilan humain de l’offensive russe ne cesse de s’alourdir, M. Kridelka a appelé les parties au plein respect du droit international humanitaire et des droits humains.  « Tout doit être mis en œuvre pour la protection des civils et la protection des enfants doit constituer une priorité absolue », a dit le représentant avant de juger indispensable que les parties garantissent un accès humanitaire sûr et sans entrave.  Le représentant de la Belgique a annoncé une aide humanitaire supplémentaire de trois millions d’euros sous la forme d’aide d’urgence à l’Ukraine.  « L’heure est au choix et l’abstention n’est pas un choix », a insisté le représentant, avant d’exhorter tous les membres de l’Assemblée générale à voter en faveur de la résolution qui sera proposée lors de la session, afin de préserver l’ordre international fondé sur des règles.

Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) a apporté son appui à la souveraineté, l’intégrité territoriale et la liberté démocratique de l’Ukraine.  La représentante a condamné l’agression non provoquée et injustifiée de la Fédération de Russie, seule responsable.  Elle a condamné le Bélarus d’avoir facilité cette attaque qui, au regard du droit international, est également un acte d’agression.  C’est une attaque portée contre la Charte des Nations Unies qui a été rédigée pour éviter une telle invasion militaire.  L’Assemblée générale doit agir pour renforcer un ordre fondé sur des règles, a-t-elle poursuivi.  « Nous ne voulons pas vivre dans un monde où la raison du plus fort est toujours la meilleure. »  Préoccupés par la crise qui a conduit à d’importants flux de réfugiés, les Pays-Bas ont octroyé 200 millions d’euros à l’aide humanitaire.  Selon la représentante, les auteurs de ces crimes devraient comprendre qu’ils sont suivis et que des éléments de preuve sont rassemblés pour qu’ils fassent l’objet de poursuites judiciaires, a-t-elle averti la représentante.  À ce sujet, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a déjà indiqué que la Cour pourrait être compétente et mener des enquêtes pour tout acte de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis en Ukraine depuis le 20 février 2014.  La représentante a appuyé en outre l’initiative du Conseil des droits de l’homme de créer un mandat mettant l’accent sur les enquêtes et le recueil de preuves.  Elle a conclu que la Russie doit retirer ses forces militaires et respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Elle doit reprendre la voie de la diplomatie. 

M. SATYENDRA PRASAD (Fidji), au nom du Forum des îles du Pacifique, a demandé à la Russie et à l’Ukraine de prendre toutes les mesures pour un retour au calme.  Il a estimé que les actions de la Russie violent la souveraineté de l’Ukraine et sont incompatibles avec la Charte.  Nous défendons un ordre international basé sur des règles, a dit le délégué, en soulignant son attachement à la paix et au droit.  Il a aussi proclamé sa foi dans la valeur de la vie humaine et la dignité, avant de demander un retour au dialogue dans le respect du multilatéralisme.  S’exprimant en sa capacité nationale, le délégué a rappelé que la Charte s’applique à tous et que les États en sont les gardiens.  « Nous devons le montrer par nos actions et la manière dont nous allons voter. »  La Charte s’applique à tous les Ukrainiens, a conclu le délégué, en demandant à la Russie de retirer ses forces.

Pour M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie), la situation en Ukraine est inquiétante et requiert toute notre détermination pour rétablir la paix.  La dernière attaque militaire contre ce pays est inacceptable: elle a mis en danger la vie du peuple ukrainien et menace la paix et la sécurité régionales et internationales.  En tant que nation pacifique, l’Indonésie appelle au rétablissement de la paix en Ukraine, et prie toutes les parties d’essayer de régler la situation par le dialogue et la diplomatie.  Par ailleurs, le représentant, relevant qu’un nombre relativement important d’Indonésiens vivent en Ukraine, a demandé aux parties de garantir le passage sûr des civils.  À cet égard, il a tenu à remercier tous ceux qui facilitent le processus d’évacuation des ressortissants de son pays.  Pour finir, il a estimé que les conflits et tensions ne sont dans l’intérêt de personne et encore moins lorsque le monde est encore aux prises des conséquences multiples de la pandémie de COVID-19, y compris économiques.  Les décisions, ici, à l’Assemblée générale, doivent être prises dans l’intérêt de l’humanité et c’est dans cet esprit que l’Indonésie souhaite contribuer de façon positive à un environnement propice au dialogue et à la diplomatie.  

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a souligné l’extraordinaire bravoure du peuple ukrainien face à l’agression russe, qui est une violation flagrante de la Charte.  Il a aussi marqué la solidarité de son pays avec tous ces Russes qui ont demandé la fin de la guerre et qui sont forcés de participer à un conflit armé illégal qu’ils n’ont pas choisi.  L’explication de la Russie selon laquelle elle met à un terme à un génocide et entreprend une « dénazification » de l’Ukraine est une offense faite aux innombrables victimes de génocide, en particulier les millions qui ont péri lors de l’Holocauste.  Cette Assemblée doit condamner l’attaque de la Russie contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans les termes les plus fermes, a poursuivi le délégué.  « Cette organisation n’a jamais eu à affronter une telle mise à l’épreuve du multilatéralisme. »

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) s’est dit préoccupé par les informations faisant état de victimes civiles, y compris d’enfants, en Ukraine.  Le représentant a condamné l’agression militaire non provoquée et injustifiée ordonnée par le Président Putin en violation de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  L’action de la Russie est inacceptable.  Il s’agit d’une violation grave du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il réitéré.  La Cour internationale de Justice (CIJ), où l’Ukraine a déjà engagé des procédures, devrait jouer un rôle clef, tandis que la Cour pénale internationale (CPI) suit de près la situation en Ukraine.  Le représentant a condamné l’implication du Bélarus dans cette agression et appelé ce pays à respecter ses obligations internationales.  Il a jugé « extrêmement inquiétant » le référendum constitutionnel tenu hier au Bélarus, par lequel a été supprimé l’article 18 sur son statut non nucléaire. 

M. Malovrh a appelé la Russie à s’engager de manière constructive en vue d’une solution politique et diplomatique et à procéder à l’arrêt immédiat, complet et inconditionnel de tous les combats et au retrait de toutes les forces russes du territoire ukrainien.  Il a aussi appelé la Russie à respecter pleinement le droit international humanitaire et à permettre un accès sûr et sans entrave à toutes les personnes dans le besoin.  La Slovénie a fait don d’une aide d’urgence ainsi que d’une contribution financière par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour aider l’Ukraine.  Notre pays est prêt à accueillir et à prendre en charge les réfugiés ukrainiens, a assuré le représentant.  La session extraordinaire d’urgence d’aujourd’hui est un moment crucial et historique pour agir et demander des comptes à la Russie et formuler des recommandations appropriées pour des mesures collectives qui rétabliront la paix et la sécurité.

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie) a déclaré que les images d’Ukraine évoquaient des souvenirs douloureux en Croatie, dont le visage hideux de l’agression et des chars errant dans les rues, violant la souveraineté et l’intégrité territoriale de son pays.  « Chers Ukrainiens, nous ressentons votre douleur, votre chagrin et votre colère.  Nous en avons fait l’expérience, tout comme nos voisins de Bosnie-Herzégovine et bien d’autres représentés dans la salle de l’Assemblée générale aujourd’hui », a ajouté M. Šimonović, avant de regretter la paralysie du Conseil de sécurité en raison du veto russe. 

Le représentant a expliqué que le Président croate, le Premier Ministre ainsi que le Parlement et le peuple de la Croatie avaient fermement condamné l’agression non provoquée contre l’Ukraine.  Au-delà du soutien au peuple ukrainien, il a jugé du devoir politique, moral et juridique de tous les pays d’exhorter les forces d’occupation russes à se retirer immédiatement d’Ukraine.  Il a précisé que l’avertissement du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) selon lequel, si des crimes atroces sont commis en Ukraine, ils seront poursuivis, doit être pris au sérieux.  En outre, il a appelé le Bélarus à cesser d’être complice de ce crime d’agression.

M. Šimonović a exhorté « tous les États Membres de l’ONU, grands et petits, européens et non européens, riches et pauvres, à s’unir et à parler d’une seule voix pour arrêter la guerre en Ukraine ».  Il a jugé urgent de protéger la population ukrainienne du fléau de la guerre et de voter pour la résolution présentée à l’Assemblée générale.  « En défendant ensemble le droit international et les principes fondamentaux, nous protégeons l’Ukraine et les Ukrainiens aujourd’hui, ainsi que nous-mêmes demain », a-t-il insisté. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a dénoncé l’acte d’agression injustifié et sans précédent commis contre l’Ukraine.  On ne peut accepter un changement de frontière par le moyen de la force et on ne peut tolérer de voir des villes bombardées, a dit le représentant, pour qui cette attaque constitue une violation de la Charte.  « Seul le peuple ukrainien peut décider de son propre destin », a-t-il affirmé, avant de dénoncer l’escalade de la Russie, qui a agité la menace d’un recours à l’arme nucléaire. 

Le représentant a apporté le soutien de son pays à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et exhorté la Russie à entendre la communauté internationale et à retirer ses troupes.  Il a souhaité l’ouverture de pourparlers avec comme point de départ les accords de Minsk et réclamé avec force une pause humanitaire en Ukraine.  S’agissant du projet de résolution, il a estimé que le choix est simple puisqu’il s’agit de choisir entre le bien et le mal.  Ne soyons pas cette génération qui a laissé un pays être attaqué sans réagir, a conclu le représentant, pour qui « nous ne sommes pas en 1914 ni en 1939 et nous avons le droit international ».

M. JIM KELLY (Irlande) a soutenu les efforts politiques pour éviter la catastrophe en Ukraine.  Le représentant a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie en violation de la Charte des Nations Unies.  Il a dénoncé le veto opposé par la Fédération de Russie au Conseil de sécurité pour justifier sa propre invasion d’un État Membre, tout en ajoutant que cela n’empêcherait pas la communauté internationale de la tenir responsable de la crise.  Il a demandé à l’Assemblée générale de réussir là au Conseil de sécurité a échoué. 

La responsabilité de cette agression incombe à ceux qui ont choisi la guerre, à savoir la Russie, dont la décision laissera une tache indélébile sur sa réputation, a affirmé le représentant.  M. Kelly a salué le courage du peuple russe qui s’exprime contre la guerre.  Il a condamné également la décision du Bélarus de quitter le régime de non-prolifération des armements nucléaires, y voyant une escalade dangereuse.  Cette guerre inflige de grandes souffrances au peuple d’Ukraine qui a fait montre d’un grand courage, a encore déclaré M. Kelly, qui a rappelé que l’Irlande avait offert 10 millions d’euros d’aide et était prête à faire plus. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a exprimé la solidarité de son pays avec le peuple de l’Ukraine et a affirmé que l’agression russe allait à l’encontre de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  C’est une violation du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il souligné, avant d’exhorter la Fédération de Russie à cesser cette agression, retirer ses forces et revenir sur la voie de la diplomatie.  Le Japon a annoncé des sanctions contre la Fédération de Russie le 27 février, a indiqué le représentant, et il soutient le retrait de certaines banques russes du système SWIFT.  Nous sommes à un carrefour pour faire respecter l’état de droit et les principes de la Charte, et la première chose à faire aujourd’hui par chaque État Membre, c’est de voter la résolution présentée, a conclu le représentant.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a demandé que les hostilités cessent immédiatement et que l’aide humanitaire de plus en plus nécessaire soit distribuée aux populations touchées, sans discrimination.  Il a indiqué que le Mexique et la France ont convoqué une session spéciale du Conseil de sécurité sur cette question et présenteront une résolution.  Il a dit l’importance des organisations régionales qui peuvent renforcer la confiance, comme l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ainsi que les espaces de négociation favorisant le dialogue entre les parties, tels que le Groupe de contact trilatéral et le format Normandie.  Le représentant a jugé urgent que la diplomatie reprenne ses droits sous l’égide de l’ONU et ses mécanismes de résolution pacifique des crises, y compris les bons offices du Secrétaire général.  Il a souligné la pertinence de la Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des différends internationaux, adoptée en 1982 par l’Assemblée générale.  Il appartient en effet à l’Assemblée de faire les recommandations pertinentes sur les mesures collectives nécessaires pour rétablir la paix et la sécurité internationales.  Des centaines de milliers de civils touchés par le conflit attendent que les États Membres agissent pour alléger leurs souffrances, a-t-il ajouté. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure, dans le cas du conflit en Ukraine, de s’acquitter de la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Il a soutenu la souveraineté de l’Ukraine.  Hier après-midi, a-t-il ajouté, le représentant de la Fédération de Russie a utilisé le veto en disant que le monde a besoin d’un équilibre des intérêts.  « Mais le Kenya n’est pas d’accord pour dire que seules les grandes puissances ont des intérêts. »  L’Assemblée générale doit prendre au sérieux le défi de la réforme du Conseil de sécurité, a exhorté le représentant demandant ce qu’un Conseil de sécurité réformé aurait fait pour le peuple ukrainien aujourd’hui.  Il a demandé d’accélérer la réforme du Conseil en y insérant le consensus d’Ezulwini.  Préoccupé par la situation humanitaire désastreuse en Ukraine, le représentant a condamné le traitement des étudiants africains qui se tiennent à l’arrière de la file d’attente lorsqu’ils montent dans les trains et les bus pour se mettre en sécurité.  À certains postes frontaliers, ils ont été traités de manière « raciste et indigne ».  Les preuves de traitement raciste contre les Africains et les personnes d’ascendance africaine sont largement disponibles et ont été confirmées par plusieurs États d’Afrique et des Caraïbes, a déploré le représentant. 

Pour M. FRANÇOIS JACKMAN (La Barbade), les événements en Ukraine ont brisé l’ordre international qui sous-tend les relations entre États.  Il s’est dit vivement préoccupé par les actions de la Russie qui violent la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Il a souligné l’importance de la Charte, en particulier pour les petits pays comme le sien.  Il a exhorté la Russie à renoncer à la force et à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Nous sommes convaincus qu’une solution diplomatique est la seule solution compatible avec la Charte, a conclu le représentant.

Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives) a demandé le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  En tant que petit État, les Maldives ont toujours refusé l’ingérence dans les affaires intérieures et la représentante a souligné leur attachement aux principes de la Charte comme la non-ingérence et l’égalité souveraine de tous les États.  Un petit État doit pouvoir compter sur le droit international pour se défendre en cas d’agression et sur la solidarité internationale, a fait valoir la représentante. 

Les Maldives sont préoccupées par les répercussions sur les civils du conflit en Ukraine et la représentante a demandé que les ressortissants de son pays qui y vivent puissent quitter le pays.  Elle a appelé à régler le différend par le dialogue et de manière pacifique avant d’encourager des mesures de confiance de la part de toutes les parties et d’inviter à davantage d’efforts diplomatiques.  La représentante a conclu en apportant son appui au projet de résolution qui sera présenté. 

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a déclaré que la Bolivie, par sa Constitution, rejette fermement toute forme d’agression et d’invasion.  Il a estimé que la Fédération de Russie, qui a pris la décision unilatérale d’attaquer l’Ukraine, n’était pas le seul pays responsable et a dénoncé la responsabilité des pays occidentaux qui menacent la sécurité internationale par le biais de l’OTAN et de sa logique expansionniste.  « L’OTAN est une menace à la sécurité internationale », a-t-il insisté, avant de rappeler le bombardement en 1999 de la Serbie par l’OTAN sans l’autorisation de l’ONU.  Il a souhaité que les négociations entamées aujourd’hui pourront se poursuivre de bonne foi et de façon constructive.  « Les préoccupations de toutes les parties concernées doivent être prises en compte », a-t-il insisté, avant d’exhorter toutes les parties à cesser les hostilités afin de protéger les civils et permettre un acheminement de l’aide humanitaire partout où cela est nécessaire. 

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a dénoncé l’escalade de la crise après l’ordre du Président russe de mettre en alerte ses armes nucléaires, parlant d’une action inutile qui nous rapproche de la possibilité de l’utilisation d’armes nucléaires.  Cette menace est une violation de la Charte des Nations Unies et du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ainsi qu’une atteinte à la vie de millions de civils innocents, a-t-il dénoncé.  Affirmant en outre que les opérations militaires de la Fédération de Russie en Ukraine ont déjà été à l’origine de graves violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, le représentant a estimé que les répercussions de ces abus se feraient sentir pendant longtemps.  La communauté internationale doit tenir un registre de toutes les violations du droit international commises par la Fédération de Russie, a-t-il conseillé.

M. Carazo a appelé à garantir un accès humanitaire en Ukraine et demandé au Président de l’Assemblée générale de nommer un envoyé spécial pour agir en tant que représentant de l’Assemblée en matière d’aide humanitaire à l’Ukraine et aux réfugiés ukrainiens, en appui au travail déjà effectué par les agences des Nations Unies.  Il a demandé l’évacuation sûre et ordonnée de l’Ukraine de toutes les personnes fuyant le conflit, y compris les ressortissants étrangers, les travailleurs et les étudiants.  Il a appelé la Fédération de Russie à mettre immédiatement fin à ses abus. 

Il faut appuyer le processus diplomatique en cours en vue d’une déclaration politique du conflit et d’un cessez-le-feu immédiat, a poursuivi le représentant, pour qui la Russie doit retirer rapidement ses troupes et ses groupes armés d’Ukraine et cesser toutes les activités militaires à son encontre.  Le Costa Rica votera en faveur de la résolution présentée car il rejette une vision du monde dans laquelle la force est utilisée pour atteindre des objectifs politiques, une vision du monde dans laquelle les armes et la guerre sont prioritaires et où l’on oublie le bien-être des individus et de la planète. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a rappelé que tous les États doivent éviter de recourir à la force.  C’est un principe fondamental de la Charte que tous les États doivent respecter, a insisté la déléguée.  Elle a condamné l’attaque russe et apporté le soutien de son pays à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Tous les pays souverains sont libres de décider de leur destin, a-t-elle poursuivi, en indiquant que l’attaque russe exige une réponse unifiée.  Toute menace contre la paix ne peut être tolérée.  « Nous ne pouvons rester passifs alors qu’une menace nucléaire pèse », a affirmé la déléguée.  Elle a rendu hommage au courage du peuple ukrainien et demandé la fin de toutes les attaques contre les civils.  Elle a mentionné la communauté grecque qui vit depuis des décennies à Marioupol et déploré la mort de certains de ses membres depuis le début des affrontements.  Enfin, la déléguée a mentionné les sanctions prises par l’Union européenne contre la Russie.  « Nous sommes entrés dans une nouvelle ère et ce chaos sera lourd de conséquences. »

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a rappelé la responsabilité première du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, avant de dénoncer l’invasion militaire de l’Ukraine par la Fédération de Russie comme une violation des principes de la Charte des Nations Unies.  L’Équateur a démontré sa vocation pacifique au fil du temps, a rappelé le représentant, parce que c’est l’un des fondements de sa politique étrangère.  Dans les négociations de paix, toutes les parties prenantes doivent s’engager à respecter le droit international en gardant à l’esprit ce que pourraient être les conséquences de leurs actes pour l’avenir, a-t-il souligné avant de mettre en exergue les conséquences humanitaires du conflit en Ukraine.  Il s’est rallié « au cri collectif » pour demander la cessation des hostilités en Ukraine et a appuyé l’initiative présentée au Conseil de sécurité par la France et le Mexique sur le volet humanitaire.  L’Équateur a lancé un plan d’urgence pour assurer la sécurité de ses ressortissants qui se trouvent en Ukraine, a indiqué le représentant en remerciant les pays qui leur ont offert refuge.  En conclusion, il a demandé aux États Membres de voter en faveur de la « résolution pour la paix ». 

M. JOSÉ MANUEL RODRÍGUEZ CUADROS (Pérou) a souligné l’obligation pour tous les États Membres de régler leurs différends de manière pacifique.  La Fédération de Russie, a-t-il dit, a non seulement violé la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine mais elle a aussi la grave responsabilité d’avoir détruit la paix.  Il a appelé les parties à respecter les Conventions de Genève et jugé indispensable de garantir l’acheminement d’une aide humanitaire neutre et indépendante et de protéger les infrastructures d’approvisionnement en eau, en gaz et en électricité.  L’Assemblée générale est sur le point d’adopter des décisions « décisives et historiques », sachant que chaque État a le droit de vivre dans la paix et la sécurité et d’être protégé. 

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a dit que sa délégation est coauteur de la résolution parce qu’elle est convaincue par les principes de la Charte des Nations Unies.  L’objectif est de protéger les générations futures des tragédies des deux premières guerres mondiales.  Le représentant a condamné l’agression militaire non justifiée de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  Il a condamné la violation flagrante par la Russie de la Charte des Nations Unies, du droit international et des droits de l’homme, et les actions militaires qui ont causé des pertes en vies humaines et gravement blessé d’autres.  M. Lam Padilla a demandé des efforts diplomatiques pour que la Russie cesse immédiatement son agression.  Il a appelé ce pays à honorer ses obligations en tant que membre du Conseil de sécurité car il a la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant s’est dit préoccupé par l’emploi disproportionné de missiles qui sont interdits sur le plan international et contraires aux normes qui s’appliquent à toutes les guerres et aux conflits.  Il a rappelé que toute attaque ou menace d’attaque contre les installations nucléaires sont contraires au droit international.  Il a terminé en disant qu’il est encore le temps de revenir à la table des négociations et au dialogue pour terminer ce conflit. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a rappelé le récent projet de résolution soumis par son pays et les États-Unis devant le Conseil de sécurité condamnant l’agression russe.  « Un pays a voté non, l’agresseur », a déploré le délégué, en faisant remarquer que plus de 80 pays ont parrainé ce texte.  Il a dit que cette réunion de l’Assemblée est la continuation de ces efforts et a rendu hommage au peuple ukrainien pour son courage.  « Les chars russes, dans l’histoire, n’ont jamais gagné », a déclaré le délégué, en rappelant que « l’URSS est bel et bien morte ».  Il a condamné le Bélarus pour avoir facilité cette attaque.  Il a mentionné les sanctions prises par son pays contre la Russie, dont la fermeture de l’espace aérien albanais à des aéronefs russes.  Le représentant a rappelé que tous les États Membres de l’ONU sont égaux en dépit de leur différence de taille et de puissance.  Enfin, le délégué a exhorté la Russie à se retirer de l’Ukraine et apporté le soutien de son pays à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a jugé curieux qu’en dépit des crises majeures auxquelles la communauté internationale doit faire face depuis des années et des échecs du Conseil de sécurité, il n’y ait jamais eu un tel engouement de la part des pays occidentaux de saisir l’Assemblée générale.  Les tiroirs de l’ONU regorgent d’exemples d’agression des pays occidentaux et de leurs actes d’ingérence, notamment en Syrie, sans oublier les blocus, mais à aucun moment avons-nous vu un tel enthousiasme pour une session extraordinaire de l’Assemblée générale.  Il a souligné l’importance de régler les différends par le dialogue et la diplomatie « aux quatre coins du monde » et a condamné la campagne orchestrée contre la Fédération de Russie et la désinformation pour empêcher ce pays d’exercer son droit naturel de défendre sa souveraineté et de protéger son peuple. 

Certains pays occidentaux sont allés jusqu’à bloquer des médias russes ces derniers jours.  Depuis « le coup d’État » de 2014 en Ukraine, ces pays ignorent les souffrances humaines dans le Donbass, jugeant plus important de faire miroiter à l’Ukraine une adhésion à l’OTAN.  Dénonçant « le paroxysme de l’hypocrisie politique », le représentant a reproché aux pays occidentaux de faire fi des préoccupations sécuritaires « légitimes » de la Fédération de Russie, n’hésitant pas à armer l’Ukraine alors que la partie russe fait preuve de retenue et soumet des propositions « constructives », ignorées naturellement.  Voilà qu’aujourd’hui, a conclu le représentant, les États-Unis et les autres pays occidentaux recourent encore une fois à des mesures unilatérales « illégales » qui ne font que jeter de l’huile sur le feu et affectent tous les peuples de la région.  Nous sommes devant une punition collective, a-t-il conclu.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a indiqué que le Premier Ministre indien Narendra Modi avait déclaré avec fermeté qu’il n’y avait pas d’autre voie que la diplomatie lors de ses récents entretiens avec les dirigeants de la Fédération de Russie et de l’Ukraine.  À cet égard, le représentant a salué l’annonce faite par les deux parties d’entamer des pourparlers directs et réaffirmé sa conviction que les divergences d’intérêts ne peuvent être surmontées que par un dialogue honnête, sincère et soutenu.

Face à l’aggravation de la situation humanitaire, le représentant a exhorté la communauté internationale à garantir un accès humanitaire libre et ininterrompu avant de préciser que le Gouvernement indien avait décidé de fournir des secours d’urgence, y compris les médicaments, à l’Ukraine.  Le représentant a aussi indiqué que son pays fait tout ce qu’il peut pour évacuer ses ressortissants bloqués en Ukraine.  « La sûreté et la sécurité des ressortissants indiens, y compris un grand nombre d’étudiants, restent notre priorité absolue », a-t-il ajouté, avant de préciser que la situation complexe et incertaine aux points de passage frontaliers avait un impact négatif sur la circulation des personnes.  Face à cette urgence humanitaire, le représentant a remercié tous les pays voisins qui ont ouvert leurs frontières et facilité l’évacuation des ressortissants indiens vers leur pays d’origine.  Il s’est dit prêt à aider les citoyens de pays en développement bloqués en Ukraine.

Pour M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili), le simple fait que ce soit la première fois depuis des décennies que cette Assemblée se réunit en session extraordinaire témoigne du caractère « exceptionnel » de la situation et de la frustration de la communauté internationale face à la paralysie du Conseil de sécurité.  Le représentant a dénoncé l’emploi de la force dans les relations internationales, expliquant par là le fait que son pays se soit porté coauteur de la résolution.  Il a condamné l’agression russe et demandé l’arrêt du conflit, le retrait des troupes d’occupation, la protection des civils, l’accès humanitaire et le respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Le représentant a aussi exhorté la Fédération de Russie à revenir sur sa décision de reconnaître l’indépendance des régions de Donetsk et de Louhansk.  Il a salué les pourparlers directs que les parties ont entamés, affirmant que l’Assemblée générale est prête à les accompagner dans leurs efforts pour faire prévaloir la paix et le droit international.

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