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Migrations: « le coeur brisé », le Secrétaire général appelle les gouvernements à « agir avec humanité, compassion et conformité » à leurs obligations internationales

La déclaration suivante a été faite aujourd’hui par M. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU:

Je suis horrifié et j’ai le coeur brisé par les dernières pertes en vies humaines parmi les réfugiés et les migrants en Méditerranée et en Europe.

Hier, on a appris la découverte sinistre des corps de plus de 70 personnes dans un camion abandonné près de la frontière autrichienne en Hongrie.  Les informations indiquent que de nombreuses victimes étaient des demandeurs d’asile syriens, y compris des enfants.

Plus tôt dans l’année, j’ai assisté aux opérations de recherche et de secours dans la Méditerranée.  Malgré les efforts concertés et louables de l’opération conjointe européenne, qui a sauvé des dizaines de milliers de vies, la Méditerranée reste un piège mortel pour les réfugiés et les migrants.

Ces tragédies à répétition soulignent le caractère impitoyable des passeurs et des trafiquants dont les activités criminelles s’étendent de la Mer d’Andaman aux autoroutes d’Europe en passant par la Méditerranée.  Elles soulignent aussi le désespoir des gens qui cherchent protection ou une nouvelle vie.

Une très grande majorité des personnes, qui se lancent dans ces voyages difficiles et dangereux, sont des réfugiés fuyant des endroits comme la Syrie, l’Iraq et l’Afghanistan.  Le droit international a consacré, et les États l’ont reconnu depuis longtemps, le droit des réfugiés à la protection et à l’asile.  Lorsqu’ils examinent les demandes d’asile, les États ne peuvent faire aucune distinction sur la base de la religion ou autre élément identitaire, ni forcer les gens à retourner là où, il y a pour eux, une crainte fondée de persécution et d’attaque.  Ce n’est pas seulement une question de droit international, c’est aussi notre devoir d’être humain.

Je salue les leaders et les communautés qui se sont placés à la hauteur de nos responsabilités et obligations communes.  Il faut faire beaucoup plus.  J’appelle tous les gouvernements concernés à offrir des réponses globales, à élargir les canaux juridiques et sécurisés pour la migration et à agir avec humanité, compassion et conformité à leurs obligations internationales. 

Gardons aussi ceci à l’esprit: le nombre élevé de réfugiés et de migrants n’est que le symptôme de problèmes plus profonds, comme les conflits interminables, les graves violations des droits de l’homme, les échecs patents de la gouvernance et les dures répressions.  La guerre en Syrie, par exemple, ne fait que se manifester aujourd’hui sur le bord des routes du cœur de l’Europe. 

En plus d’assumer ses responsabilités, la communauté internationale doit faire preuve d’une plus grande détermination à résoudre les conflits et autres problèmes qui ne laissent aux gens d’autres choix que la fuite.  Ne pas le faire aurait la conséquence inéluctable d’augmenter le nombre des déplacés qui a déjà atteint aujourd’hui les 40 000 par jour.

C’est une tragédie humaine qui exige une réponse politique, collective et déterminée.  C’est une crise de solidarité et pas une crise des chiffres. 

Je suis encouragé par le fait que ces questions seront appréhendées comme une priorité quand les dirigeants du monde se réuniront au Siège de l’ONU à New York, le mois prochain, pour l’ouverture de l’Assemblée générale.  Moi-même, j’organise le 30 septembre, une réunion spéciale sur ces préoccupations mondiales.

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